L’ISLE: Là où tout recommence
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À propos de ce livre électronique
Gaël a tout fait pour que John le remarque.
John, lui, ne s’attendait pas à céder.
Une histoire secrète, dissimulée à tous, surtout à Cybille, la sœur de John.
Mais quand leurs chemins se recroisent sur l’ISLE rien ne se passe comme prévu.
Un accident.
Un bâtiment.
Cinq prénoms affichés.
Et une série d’épreuves qui défient la logique…
Quelque chose ne tourne pas rond. Mais quoi ?
L’ISLE est un roman initiatique à la croisée du thriller psychologique, du récit d’amour queer et de la fable métaphysique. Il s’adresse à un public jeune adulte et adulte, en quête d’émotions fortes, de mystère et de récits à double lecture.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Sébastien Beirnaert écrit depuis l’enfance, mû par un besoin viscéral de traduire en mots ses émotions les plus intimes. À l’adolescence, l’écriture devient une échappatoire essentielle, une manière d’exister autrement, notamment à travers la poésie. Il y explore les élans d’un amour passionnel, une quête de vérité intérieure, et un cri face à l’injustice encore trop présente autour des questions LGBT+. Son univers littéraire s’attache aux grands passages de l’existence : de l’adolescence à l’âge adulte, de la vie à la mort, de l’innocence à un regard désenchanté mais lucide sur le monde. Adolescent dans les années 90, il puise dans ses souvenirs et ses blessures pour nourrir une œuvre résolument ancrée dans notre époque, convaincu que la soif d’absolu et de sens appartient profondément à la jeunesse.
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Avis sur L’ISLE
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Aperçu du livre
L’ISLE - Sébastien Beirnaert
Partie 1
Gaël
Chapitre 1
L’apparition
Deux semaines déjà que Gaël avait intégré ce lycée et il n’avait toujours pas réussi à se lier à quiconque. C’était son principal problème, ça l’avait toujours été. Il avait appris depuis longtemps à agir en solitaire, et ne s’approchait des autres que s’il y voyait un intérêt, et il devait être certain de trouver dans ses relations de la passion ou une symbiose intellectuelle ou encore une complicité sensuelle. Voilà pourquoi, en apercevant ce garçon à la sortie du lycée, il a été convaincu qu’il devait agir : pour lui, il incarnait le mec idéal.
Appuyé contre un poteau, le garçon fumait un joint, le regard lointain et penseur. Il devait être un peu plus âgé que lui, peut-être dix-neuf ou vingt ans. Sa moue l’a instantanément bouleversé parce que le garçon semblait hermétique à tout ce qu’il se passait autour de lui. Il l’a gardé fixement dans sa ligne de mire, a sorti son Universe38Y et a fait comme s’il consultait son WaitU. Discrètement, il a pris une photo du garçon, a agrandi l’image et a détaillé la moindre parcelle de son visage et de ses joues creuses sur lesquelles apparaissait l’ombre d’une barbe naissante, puis il a tout supprimé. Il ne voulait pas passer pour un de ces stalkers. Pourtant, il n’a pu s’empêcher de continuer à l’observer. C’était irrésistible.
Le garçon tenait délicatement la tige du joint. Il a tiré dessus par une aspiration profonde et concentrée, puis il a laissé échapper une longue traînée grise. Comme il faisait encore très chaud, il portait un polo bleu électrique dont les manches courtes laissaient apparaître des avant-bras puissants et encerclaient des biceps gonflés. Gaël a ensuite effleuré des yeux le flan légèrement creusé que le polo laissait négligemment apparaître lorsque le garçon relevait le poignet pour vérifier l’heure sur sa montre. Il pouvait sans mal imaginer le ventre strié d’abdominaux et le léger duvet de poils bruns qui devait descendre en une ligne fine du nombril jusqu’à l’embouchure du jean. Enfin, il a contourné les hanches, et a dessiné la cambrure du dos musclé et l’arrondi parfait de ses fesses.
Son excitation grandissait honteusement et commençait à se deviner. Gaël a plaqué son sac à dos devant le renflement de sa braguette, a redressé son buste, a bombé son torse et a serré ses poings. Ses pupilles se sont assombries. Ses lèvres se sont emplies d’un appétit charnel. Gaël n’était plus lui-même, il était devenu loup. Et cela le troublait autant que ça le galvanisait.
Sa proie face à lui, il savait que l’affaire serait délicate. Il n’avait que quelques pas à faire pour capturer ce garçon, mais il devait agir avec souplesse et discrétion, ne pas se faire remarquer ni de lui ni des autres lycéens, car le moindre faux pas ferait qu’il prendrait peur et qu’il lui échapperait définitivement. Mais Gaël avait une qualité qui allait être son meilleur atout. Il passait inaperçu. Sans bruit, il s’approcherait de lui et ajusterait son tir tout en restant invisible, dégainerait pile au bon moment, toucherait sa cible, et personne n’aurait le temps de voir le coup partir. La partie paraissait simple, mais elle devait être jouée en maestro, et Gaël était un maestro. Pour s’en convaincre, il a répété trois fois à haute voix « Je suis un maestro », avant de mettre à exécution son plan. Mais au moment d’amorcer son avancée, une grande blonde s’est pointée devant le garçon et l’a alpagué. Ils se sont adressé quelques mots et sont partis ensemble. Gaël avait perdu de son assurance et redevenait un garçon timide et effacé. Mais secoué par son instinct de chasseur, il a endossé son sac, a allongé ses pas et les a suivis à distance. Ils ont fini par tourner au coin d’une rue commerçante bondée. La foule les a absorbés. Gaël ne les voyait plus.
Chapitre 2
La fille
Qui était cette fille qui s’était interposée entre lui et le garçon ? Gaël n’avait pas remarqué le signe d’une émotion ou d’une attirance l’un envers l’autre. Ils ne s’étaient pas embrassé ni même fait la bise et ils avaient marché côte à côte, sans se tenir la main.
Il y a réfléchi toute la nuit. Il a essayé de se remémorer le corps du garçon (ses yeux, sa bouche, son torse, ses bras, ses hanches, ses fesses) et a tenté d’imaginer sa voix. Il a prié aussi pour qu’il soit gay. Mais il s’est désespéré. Ces mecs-là n’étaient jamais gays. Ils étaient hétéros, et ce garçon était le plus hétéro des hétéros. Il en a été dévasté. Il s’est endormi sur cette idée et n’a fait aucun rêve.
Le lendemain, il avait retrouvé sa vigueur. Au saut du lit, il a esquissé sa stratégie et a envisagé toutes les hypothèses, toutes les options. Pourtant, sa conclusion restait chaque fois la même : il devait rechercher cette fille pour retrouver le garçon.
Qui pouvait-elle bien être ? Si elle n’était pas sa copine, tout était encore possible. Il ne la connaissait pas, mais au moins il était certain de la retrouver au lycée. Dans la journée, il devait donc parcourir l’ensemble des couloirs, tourner autour de la machine à café, ou traîner à proximité des toilettes des filles, quitte à passer pour un gros dégueulasse.
Après la douche, il a sélectionné un parfum fruité, mais léger. Il a assemblé un slim fit noir, un boxer bleu ciel et une chemise blanche ajustée. Il a vérifié l’état de ses chaussettes à rayures bleu marine et blanches. Enfin, il a sculpté ses mèches brunes avec une cire mate. Il a chaussé ses Stan Smith, a attrapé son Eastpak, a checké sa tenue dans un miroir. Il s’est trouvé beau, il s’est trouvé désirable, il s’est senti conquérant. Et il a répété à voix basse jusqu’au lycée : « Je suis beau, je suis désirable, je suis conquérant. »
À la pause de 10 heures, il a fini par retrouver dans le hall cette fille qui discutait avec un garçon aux cheveux roux. Il est resté plusieurs minutes sans rien faire, intimidé par le regard de la fille dans lequel il percevait une profondeur surprenante, pas une profondeur pleine, mais une profondeur lointaine, un puits sans fond dans lequel il semblait dangereux de se perdre. Ça l’a refroidi. Il a commencé à rebrousser chemin, mais la sonnerie annonçant la fin de la pause a retenti. Le garçon roux est parti de son côté et la fille a récupéré son sac. Il était si lourd qu’il traînait à terre. Dans un premier temps, son pied a été pris dans l’une des lanières, mais elle s’est rattrapée in extremis. La lanière s’est ensuite emmêlée au second pied et la fille s’est étalée de tout son long devant Gaël. Son cri strident a résonné dans le hall et a attiré l’attention des autres élèves. Elle a levé la tête. Ses longs cheveux blonds ramenés sur sa figure donnaient la drôle d’impression qu’elle n’avait plus de face. Gaël a laissé échapper son rire cristallin qui a explosé contre les murs du lycée. Ce rire ne cessait plus et secouait son corps entier. Il envahissait tous ses pores, le faisait pleurer de joie. La fille, toujours à terre, s’est recoiffée à la va-vite, ce qui a décuplé les sursauts hilares de Gaël. Elle l’a observé, ébaubie, puis s’est laissé contaminer par la crise joyeuse de Gaël. Terrassée par les éclats de rire douloureux et jouissifs, elle n’arrivait plus à se relever. Il l’a finalement aidée. Une fois sur ses deux jambes, elle s’est époussetée, a ramassé dans la précipitation les affaires tombées de son sac et l’a salué furtivement. Puis elle est repartie, s’est retournée une première fois, puis une seconde, et juste avant de disparaître, elle lui a fait un énorme sourire.
Gaël l’a traquée toute la journée pour se donner la possibilité de la recroiser et ils se sont fait signe de loin deux ou trois fois durant les intercours. Ils ont fini par échanger quelques mots, ont parlé des options qu’ils avaient choisies pour cette année, des matières qu’ils préféraient et celles qui au contraire les ennuyaient. Bref, les sujets classiques qui permettent à deux lycéens de briser facilement la glace.
Elle s’appelait Cybille. Gaël a tout de suite pensé au mot « sibyllin » et en a recherché la définition sur Google : « Qui est mystérieux ou obscur, dont le sens est difficile à comprendre. » Elle s’est esclaffée. Elle lui a répondu qu’il n’y avait aucun mystère en elle, et qu’elle était parfaitement transparente. Elle semblait sincère. Ils se sont rendus ensuite au CDI et ils ont passé l’après-midi à réviser ensemble. Après les cours, Gaël a attendu Cybille avec l’espoir qu’elle rejoindrait, comme elle l’avait fait la veille, le garçon mystérieux. Mais ce soir-là, elle n’avait pas réapparu et le garçon n’était pas revenu l’attendre devant le lycée.
Le jour suivant, ils ont déjeuné ensemble au self, puis se sont donné rendez-vous pour le lendemain puis tous les autres jours de la semaine. Il n’a pas revu le garçon, mais il a appris qu’il était son frère : John. Il n’avait pas de copine, enfin pas qu’elle sache, même si, au grand désespoir de Gaël, elle le soupçonnait de sortir avec une connasse de son boulot, en tout cas, c’est comme cela qu’elle avait présenté les choses. Il n’a pas insisté, de peur qu’elle finisse par lui dérouler la liste complète des conquêtes de son frère. Le vendredi suivant, ils ne se sont pas lâchés de la journée, profitant de toutes les pauses pour se rejoindre. Et il a fini par lui demander ce qu’elle avait prévu pour le week-end. Elle a tout simplement répondu « rien », puis elle lui a proposé de passer son samedi après-midi chez elle. Il a accepté.
Chapitre 3
Chez Cybille
Il s’est présenté devant sa maison le lendemain en début d’après-midi, et bien que durant tout le trajet il ait espéré que John soit présent, une fois devant la porte d’entrée, il ne savait plus s’il devait sonner ou appeler Cybille pour qu’elle vienne le chercher. Car, s’il sonnait et que c’était lui qui l’accueillait, que ferait-il ? Il est resté un long moment devant la grande façade blanche. Il espérait que Cybille ouvrirait l’une des fenêtres, qu’elle l’apercevrait et qu’elle descendrait l’accueillir. Sa présence dans ce quartier cossu paraissait en effet incongrue. On était loin de son HLM. Une vieille dame, fatiguée, mais digne, l’a dévisagé gravement. Un monsieur, coiffé d’un chapeau de chasse et d’un tweed élégant et qui baladait son chien, a dodeliné de la tête en le voyant. Gaël ne voulait pas que l’on croie qu’il était mal intentionné et a envoyé un « je suis là » sur WaitU à Cybille. Elle s’est pointée en moins d’une minute et s’est jetée dans ses bras. Gêné par une telle effusion, Gaël s’est extirpé de son emprise.
— Oh pardon, je suis désolée, s’est-elle excusée. Je suis parfois un peu trop exaltée comme dirait mon père. Mais entre, ne fais pas le timide.
Il est entré en premier et a entendu Cybille qui refermait la porte à clé. Le hall était froid et impersonnel. À gauche se trouvait une petite porte qui devait conduire à une cave. Des marches en marbre menaient à une porte en chêne et un escalier montait vers l’étage. Ils ont pris l’escalier.
Lorsque Cybille a ouvert la porte de sa chambre, une bouffée de patchouli a déferlé sur Gaël. Il faisait chaud et, sans aucun doute, l’air vicié démontrait qu’elle n’aérait pas suffisamment la pièce. Elle l’a de nouveau laissé passer en premier et une fois de plus a verrouillé la porte. Gaël avait dû laisser paraître une pointe d’inquiétude, car elle a tout de suite justifié cette prudence excessive.
— Oh, ne t’inquiète pas. Je fais toujours ça quand je suis toute seule à la maison, ça me rassure.
Les murs de la chambre détonnaient par rapport à ce qu’il avait pu percevoir de la maison, avec sa façade propre et son jardin fleuri. Un vieux papier peint, rose et ponctué de fées, et qui datait probablement de l’enfance de son occupante, était partiellement déchiré. Quelques posters de chevaux et de l’acteur Igor Bakovitch, punaisés au mur de façon anarchique, témoignaient d’une époque révolue, mais pas encore totalement oubliée. Le bureau était recouvert de feuilles de cours, de classeurs et de manuels scolaires. Un MacBook était posé sur le lit dont la couette tombait à moitié à terre, et une collection éparse de chaussettes, de pantalons et de chemisiers parachevait ce décor post-apocalyptique. L’inspection de Gaël avait probablement fini par gêner Cybille, car elle s’était mise à ramasser les fringues pour les jeter dans la salle de bain attenante. Elle avait grossièrement rabattu la couette sur le matelas, avait rassemblé ses papiers en plusieurs piles et ouvert la fenêtre qui donnait sur un arbre d’où piaillait une escadrille de moineaux.
— Excuse-moi pour le bazar. Je me suis totalement laissé dépasser par les révisions du bac blanc. Pas toi ?
Gaël a hoché la tête n’osant pas lui dire qu’il étudiait si régulièrement ses cours qu’il n’avait pas besoin de réviser pour réussir ses examens blancs.
— Et puis ne fais pas attention à la déco, elle est en transition.
Il a éclaté de rire, ce qui lui a permis par la même occasion de se sortir de l’embarras dans lequel il se trouvait. Pendant que Cybille continuait à mettre un peu d’ordre, il a porté son attention sur la photo encadrée d’un garçon posée sur la table de nuit. Il devait avoir quatorze ans, paraissait très doux, avait des yeux bleus perçants. Il l’a trouvé mignon.
— C’est qui ? a-t-il demandé.
Cybille a cessé son ménage. Il lui a désigné le cadre.
— Lui ? s’est-elle exclamée. Oh, c’est Axel.
— C’est ton copain ?
Elle s’est subitement rembrunie.
— C’est une vieille histoire. Je préfère ne pas en parler.
Elle a attrapé le cadre et l’a remisé dans le tiroir de la table de chevet. Gaël avait le sentiment d’avoir réveillé des souvenirs douloureux. Il a préféré ne pas insister. Elle s’est assise à côté de lui sur le lit. Ils n’ont plus prononcé un mot. À vrai dire, il regrettait d’être venu. Cette fille le mettait très mal à l’aise et il n’arrivait pas à définir quelles étaient ses attentes. Elle ne cessait plus de le reluquer. Elle semblait tellement heureuse de sa présence qu’il n’a pas eu le courage de se lever. Puis il s’est souvenu qu’il était séquestré ici, alors plutôt que de paniquer, il est resté calmement avec elle, partageant son silence, jusqu’à ce que Cybille le brise en l’invitant d’une voix chantante et enjouée :
— Tu veux boire quelque chose ?
Il a bondi sur cette occasion d’échapper à sa ravisseuse et à l’atmosphère pesante de la chambre.
— Je veux bien, oui.
— Super. On descend à la cuisine ?
Elle a dansé d’un pas léger jusqu’à la porte, mais au moment où elle a tourné la clé, Gaël a été rattrapé par son angoisse.
— Ça ne va pas déranger ?
Il craignait la présence du frère de Cybille. Il n’était pas encore prêt à faire sa connaissance.
— Non, comme je te l’ai dit, je suis toute seule. Mes parents sont partis pour la
