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WarpZone Project (light novel): WarpZone
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Livre électronique499 pages5 heures

WarpZone Project (light novel): WarpZone

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À propos de ce livre électronique

Ce livre fait partie de l'univers étendu Olydriverse.

Synopsis : Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur notre monde. Ce dernier n'est qu'une façade, une immense pièce de théâtre dont vous êtes les acteurs malgré vous. Chacun de nous possède en lui un don surnaturel qui ne demande qu'à s'exprimer, mais dans ce passage de l'état de Dormant à Éveillé, serez-vous plutôt disposé à faire le bien ou le mal ? Votre destin vous conduira-t-il à rejoindre les rangs des super-héros ou des super-vilains ? C'est le dilemme auquel se trouve confronté le jeune Téo Modrick, étudiant dans la mégalopole d'Ether City.

LangueFrançais
ÉditeurFabien Fournier
Date de sortie1 sept. 2025
ISBN9791095780960
WarpZone Project (light novel): WarpZone

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    Aperçu du livre

    WarpZone Project (light novel) - Anne-Laure Jarnet

    Table des matières

    PRÉFACE

    CHAPITRE 1

    CHAPITRE 2

    CHAPITRE 3

    CHAPITRE 4

    CHAPITRE 5

    CHAPITRE 6

    CHAPITRE 7

    CHAPITRE 8

    CHAPITRE 9

    CHAPITRE 10

    CHAPITRE 11

    PARTIE 2

    CHAPITRE 12

    CHAPITRE 13

    CHAPITRE 14

    CHAPITRE 15

    CHAPITRE 16

    CHAPITRE 17

    CHAPITRE 18

    CHAPITRE 19

    CHAPITRE 20

    CHAPITRE 21

    CHAPITRE 22

    PARTIE 3

    CHAPITRE 23

    CHAPITRE 24

    CHAPITRE 25

    CHAPITRE 26

    CHAPITRE 27

    CHAPITRE 28

    CHAPITRE 29

    CHAPITRE 30

    CHAPITRE 31

    CHAPITRE 32

    CHAPITRE 33

    CHAPITRE 34

    CHAPITRE 35

    CHAPITRE 36

    CHAPITRE 37

    CHAPITRE 38

    L’auteure

    ––––––––

    Auteure et comédienne, Anne-Laure Jarnet incarne depuis 2008 le personnage de Gaea, l’un des rôles principaux de la web-série Noob (plus de 100 millions de visionnages à ce jour), ainsi qu’Eve Bones dans la web-série WarpZone.

    Coautrice de Noob et WarpZone, elle se lance dans l’écriture en scénarisant des sketchs sur sa chaîne YouTube « Le Blog de Gaea », puis en mettant en scène des spectacles à l’occasion des avant-premières de Noob au Grand Rex à Paris, au Palais Neptune de Toulon et lors de festivals comme Japan Expo. Depuis, elle contribue activement au développement de l’univers étendu et transmédia nommé : Olydriverse.

    Anne-Laure a écrit les light novels de WarpZone Project et scénarisé la bande dessinée Le Blog de Gaea (6 tomes à ce jour), illustrée par Philippe Cardona, ainsi que la bande dessinée WarpZone Apocalypse, illustrée par Lisa Di Martino, le tout mis en couleurs par Florence Torta.

    Elle a également écrit, documenté et supervisé la maquette du guide officiel de Noob, renfermant des milliers de photos et de nombreuses anecdotes sur le storytelling de la période dite des « saisons numérotées » de la web-série, le point de départ et le projet le plus fédérateur de notre aventure, ayant rendu tout le reste possible.

    Ayant suivi une formation juridique, elle travaille aujourd’hui au sein d’Olydri Studio en tant qu’associée, juriste, éditrice et responsable des relations publiques.

    PRÉFACE

    - Par MATHIEU ZECCHINI -

    ––––––––

    « C’est pour quand la suite de WarpZone ? »

    Je pense qu’il s’agit de la question qui revient le plus souvent en convention ces dernières années ! Que ce soit sur le stand ou en conférence, je vous garantis que nous n’échappons jamais à cette interrogation, et ceci, quel que soit le salon ! Nous en venons même à l’anticiper en abordant ce thème, mais malgré ça, cette sollicitation revient encore et toujours...

    Pourtant il faut être honnête, chez Olydri nous sommes principalement connus et demandés pour Noob. WarpZone est arrivé bien plus tard et n’a bénéficié que d’une saison en 2012-2013. Cela fait presque 8 ans mine de rien !

    De plus, nous nous aventurions dans quelque chose de totalement nouveau et différent de Noob... Nous voulions avant tout faire ça pour nous amuser et essayer quelque chose d’autre. Pour le succès, nous nous disions que nous verrions plus tard ce que ça aller donner.

    Fabien a toujours voulu essayer de nouvelles choses en fonction de ce qui le passionne. Le thème des super-héros en fait partie. De plus, nous avons dans l’équipe de nombreux fans de comics comme Tenshirock, Bartémulius, Précieux ou encore Heimdäl. Si vous les réunissez, c’est la garantie de discussions et débats engagés sans fin !

    Ces dernières années, les films et séries de super-héros ont clairement le vent en poupe. Je me souviens notamment de cette soirée au TGS Springbreak 2012 où nous étions allés voir Avengers au cinéma avec les membres de l’équipe présents. L’idée de WarpZone voguait déjà dans l’esprit créatif de Fabien et Anne-Laure. Cet univers a même eu deux ancêtres que sont Fungli-flash (2007) et Phoenix (2008), des films amateurs que nous avons sortis à l’époque de Lost Levels. Mais je pense que c’est clairement Avengers qui a été l’électrochoc ayant lancé la production de la série ! Preuve en est, le blockbuster est sorti en avril 2012 et la série a commencé à la fin de cette même année, peu après un voyage des auteurs à New York. La découverte d’un tel film, les discussions qui ont suivi dans l’équipe et les idées qui avaient déjà germé ont été le cocktail déclencheur ! Attention je ne compare pas WarpZone à Avengers, il y a qu’à voir la scène d’introduction de la série... Avec mon chapeau Angry Bird et la chemise manga gentiment prêtés par Fabien, on est loin des costumes de Marvel ou DC !

    Bref ! Comme on dit de nos jours, la « hype » montait autour de ce projet dans l’équipe. Et quand j’ai su que j’allais incarner Téo Modrick, le rôle principal, ce fut une véritable surprise et pas mal de pression. Je ne le cache pas, je ne suis clairement pas le plus à l’aise devant la caméra dans l’équipe, et devoir assurer ce rôle était un véritable défi. Devoir surmonter cela m’a aidé à avoir un peu plus d’assurance. Loin d’être brillant, mon jeu d’acteur m’a permis d’avoir une nouvelle expérience avec plus de recul, et m’a apporté plus d’assurance pour la suite, notamment avec la trilogie Noob.

    Et puis bon, après avoir chanté « le lion est mort ce soir » avec le visage en sang dans une université pour un tournage, on est paré à tout...

    Là où j’ai rencontré le plus de difficultés, c’est dans les scènes où il y avait du combat. À la base, c’est quelque chose avec lequel je n’ai jamais été à l’aise... Je n’avais aucune notion dans ce domaine et je dois avouer que j’ai eu du mal à m’en sortir. Mais, depuis peu, je me suis lancé dans les arts martiaux en rejoignant Howard (Saralzar et Earthquake dans Noob, également costumiers de la série) au club de Qwan Ki Do de Toulon. Je n’ai, certes, qu’un an de pratique, mais je me sens déjà beaucoup plus à l’aise ! Je n’ai plus qu’à continuer sur cette voie pour revenir fin prêt à en découdre avec mes ennemis pour la suite de la série !

    En parlant de suite, on en revient à la question du début. Ce n’est clairement pas l’envie qui nous manque ni les idées. Au contraire, cette suite, cela fait des années que nous y pensons ! Le principal obstacle à sa réalisation a été le temps... Eh oui ! Contrairement à Tempo, nous ne le maitrisons pas ! Et nous n’avons pas été aidés par la trilogie Noob pour nous libérer du temps.

    Tous les ans, nous nous disons que cette année sera la bonne ! Et puis, finalement non... Mais j’ai bon espoir qu’avec ce light novel, la bande dessinée et la sortie des derniers Avengers, nous repartions sur les bases qui nous ont poussés et motivés à lancer cette série. D’autant que la fin de la première saison est très frustrante et nous, comme les fans, n’avons qu’une envie : connaître la suite !

    Pour cela je ne m’inquiète pas, car le scénario est entre de très bonnes mains et prend, comme Noob, une dimension transmédia. Anne-Laure s’occupe de mettre en avant la licence à travers le monde de l’édition avec ce light novel, qui je n’en doute pas, sera génial, et une future bande dessinée qui promet tout autant. Fabien, de son côté, a déjà bien réfléchi à la suite de la web-série intitulée WarpZone Rebirth (après tant d’années cela ne pouvait être qu’une renaissance) avec plein de nouveaux personnages et de nouvelles intrigues, qui, je l’espère, seront à la hauteur des nombreuses années d’attente de la communauté et mettront fin à cette question si récurrente : « C’est pour quand la suite de WarpZone ? ».

    En tout cas, je me tiens prêt et disponible pour la suite de cette aventure où l’on m’a prédit (pour rigoler) un pouvoir qui me permettrait de propulser du fromage par le nez. Cheestos est un nom de super-héros tout trouvé pour ça !

    Mathieu Zecchini

    Alias Téo Modrick dans WarpZone et Ystos dans Noob

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    PARTIE 1

    CHAPITRE 1

    - Un réveil héroïquement banal -

    ––––––––

    Lorsque vous achetez votre place de cinéma à vingt euros ou que vous commandez les dernières nouveautés sur votre site de vente en ligne aux frais de port gratuits, vous êtes-vous déjà demandé d’où provient cet attrait pour les mondes de l’imaginaire ?

    Depuis la nuit des temps, les mythes et légendes alimentent notre inconscient collectif, abreuvent nos espoirs et nourrissent nos plus grandes peurs. Si certains les utilisent encore pour tenter de contrôler et de maîtriser les foules, ils ont pour beaucoup été oubliés. Relégués au rang de folklore par notre culture empreinte d’un rationalisme cartésien, ils sont devenus de simples objets de divertissement pour les esprits en mal d’évasion. La transmission de ces fables s’opère toujours, mais la forme a somme toute changé depuis l’invention de l’imprimerie entre le cinéma, les séries, les jeux vidéo, les films d’animation, les comics, bandes dessinées, ou autres mangas. De nouvelles œuvres de fiction voient continuellement le jour, car notre intérêt pour le fantastique ou le spirituel, selon notre degré de croyance, n’a cessé de croître au fil des siècles, en témoigne cette phrase de Malraux : « Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas ». À moins que ce soit Mylène Farmer qui disait que « l’an 2000 sera spirituel » ?

    Bref, tout ceci nous fascine, car nous espérons tous que derrière notre quotidien rasoir et oppressant se cache une réalité beaucoup plus exaltante. Nous aspirons tous consciemment ou inconsciemment à une vie au destin exceptionnel, à réveiller ce pouvoir qui sommeille en nous, celui qui fera de nous un individu à part, un être... supérieur.

    ***

    Lorsque le réveil de son portable retentit, il sut dès les premières notes qu’il ne s’agissait pas d’un appel de la jolie Léa, habitant ses rêves depuis la rentrée universitaire. Être arraché des bras de Morphée à six heures n’est déjà pas chose agréable, mais quand l'alarme ressemble à une bestiole qu’on serait en train de noyer, c’est proche de la torture auditive. Chaque jour, il maudissait son choix pour la sonnerie Murloc[1] et se disait qu’il fallait absolument en changer, ce qu’il oubliait systématiquement dans les minutes qui suivaient.

    Le jeune Téo Modrick savait qu’il ne pouvait compter sur une tierce personne pour le sortir de son matelas douillet, mais depuis quelques années maintenant, il avait acquis seul une autodiscipline l'aidant à se lever le matin.

    Assis sur le rebord du lit, il attrapa sa lecture de la veille négligemment laissée sur son duvet, la referma et la posa sur sa table de nuit. Il s’agissait du tome vingt-cinq de Tempo, un comics sur un super-héros capable de moduler le temps. À cet instant précis, Téo aurait donné sa collection de mangas préférée au premier venu, si cela avait pu lui permettre de ralentir le défilement des secondes, pour profiter de quelques minutes supplémentaires au chaud sous la couette. Faisant appel à sa résilience naturelle, il se redressa et se dirigea vers la salle de bain. Tout était chronométré et ritualisé. Au sortir de la douche, il savait qu’il disposait d’un délai de dix minutes pour s’habiller.

    Le choix vestimentaire était relativement sommaire dans la mesure où son placard était essentiellement composé de t-shirts, jeans et baskets. Il enfila le même pantalon que la veille et son haut bleu floqué d’un grand « S » rouge sur fond jaune, le logo d’un de ses super-héros préférés. Jaugeant son reflet dans le miroir, il se tenait bien droit et s’essaya à des poses héroïques, bombant le torse et contractant tous ses muscles. Il voulait voir si les cinq tractions de la veille avaient fait leur petit effet.

    Malheureusement, son physique maigrelet ne se prêtait guère à la gonflette et bien que doté de larges épaules, ses soi-disant biceps et abdos étaient pour tout dire, absents de son anatomie, avec ou sans l’épaisseur de son t-shirt. Résigné, il emprunta l’escalier pour se rendre dans la cuisine.

    ––––––––

    Une image contenant croquis, dessin, art, illustration Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

    ––––––––

    L’appartement en duplex qu’il occupait n’était certes pas des plus modernes, mais avait pour avantages d’être plutôt bien agencé et de bonne facture.

    Tandis qu’il patientait les yeux dans le vague, devant la bouilloire qui sifflait de plus en plus fort à mesure que l’eau frémissait, son regard se fixa sur l’un des clichés aimantés sur la porte du frigo. Celui-ci le représentait enfant, soufflant la bougie de son gâteau d’anniversaire, entouré de son père et de sa mère.

    Chaque fois qu’il retombait sur une photo du passé, il s’efforçait de repenser à ce moment de sa vie où ses parents étaient toujours près de lui. De temps en temps, ses souvenirs étaient confus et s’emmêlaient au point que son cerveau devait forcément recomposer certains d’entre eux à partir des bribes de sa mémoire. Mais ce n’était pas grave. Même si leur véracité était discutable, ce qui comptait par-dessus tout était de ne pas les oublier. Se souvenir d’eux était une manière de les maintenir en vie.

    La vibration de son téléphone situé dans la poche arrière de son jean le sortit de sa réflexion. Il s’agissait d’un nouveau SMS de Tom dans leur conversation groupée avec Édouard.

    — Téo, prends ta Nintendo DS si tu veux tester le dernier Mario en multijoueurs après les cours. 

    Téo remit le portable dans son pantalon et saisit la bouilloire pour remplir sa tasse de thé.

    Dommage, il avait laissé l’eau s'échauffer trop longtemps au point qu’elle s’était complètement évaporée et il était en retard de huit minutes sur son planning.

    Il attrapa un paquet de gâteaux lorsque son téléphone vibra une seconde fois, puis une troisième dans la foulée.

    — Je vous rappelle que jouer à Mario revient à financer les Illuminati et le complot judéo-maçonnique, sermonna Édouard.

    — Il n’est pas maçon, il est plombier, ironisa Tom.

    Téo esquissa un sourire tout en prenant sa veste et son sac à dos. Si Tom était un accro des jeux vidéo, Édouard lui, passait beaucoup trop de temps sur internet à consulter et à lire des articles sur les thèses complotistes. Depuis le temps, ils se connaissaient bien tous les trois et avaient accepté les défauts respectifs de chacun. À l’inverse de Téo, d’un naturel timide et réservé, Tom était expansif et prompt à la rigolade. Édouard, lui, était plutôt du genre nerveux et méfiant.

    — Pas de souci pour la DS, répondit Téo avec un smiley clin d’œil, tout en finissant d’enfiler sa veste.

    — Tu crois que si on connecte nos deux consoles, on risque d’être absorbés par le jeu et emprisonnés par les Koopa[2] et Bowser[3] qui seraient en réalité des reptiliens envoyés par la CIA ? s’amusa Tom.

    — C’est ça, marrez-vous ! rétorqua Édouard. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus ! Je quitte la conversation, cette communication n’est pas sécurisée.

    Téo finit d’engloutir son dernier biscuit tout en se dirigeant dans le salon pour récupérer sa Nintendo DS posée à côté de la télévision. Sur son passage, il manqua de renverser l’une des figurines ornant l’étagère où était entreposée sa collection de DVD.

    En se penchant, il fut pris d’un mal de tête, accompagné d’une sensation de bourdonnement dans les oreilles. Tout était confus et nébuleux. Il entendit un mélange de voix chaotiques formant un brouhaha indéchiffrable. Sa vision se voila et des fourmillements parcoururent ses membres. Il patienta quelques instants à genoux, le temps que les symptômes se dissipent.

    C’était la troisième fois en un mois que ce type d’épisode se produisait. Cela avait commencé avec des troubles visuels et auditifs au beau milieu d’un magasin. Il avait dû s’allonger par terre au rayon bandes dessinées. Là, il savait que c’était passager et qu’il ne fallait pas céder à la panique. Selon son médecin, ces malaises étaient dus à des crises d’hypoglycémie. Lui penchait plus pour une grande fatigue liée à des problèmes de sommeil. Chaque matin depuis trois semaines, il se réveillait épuisé avec la sensation de ne pas avoir dormi suffisamment, comme si son cerveau courait les quatre-cents mètres pendant la nuit. Cela commençait à devenir préoccupant, mais pour l’heure, il y avait plus inquiétant encore, être en retard à un cours de Madame Buvard, sa prof de sport.

    ***

    Un claquement sec suivi d’un coup de sifflet se fit entendre et résonna dans le gymnase. Téo venait de se prendre le ballon de volley en plein visage. Cela n’avait rien d’étonnant étant donné son piètre niveau dans cette discipline, mais cette fois-ci, le choc le sortit de sa léthargie, car il somnolait littéralement sur place. Sonné, il tituba et tomba en arrière sur les fesses.

    — Mais sers-toi d’tes paluches, Modrick ! T’as vu jouer ça où que la contre-attaque d’un smash se fait avec la trogne ?! J’sais bien que t’as pas grand-chose dans le ciboulot, mais c’est pas comme ça qu’on réceptionne le ballon ! s’égosilla Madame Buvard.

    Munie de ses trois sifflets autour du cou, au cas où l’un d’eux viendrait à faire défaut, elle s’avança sur le terrain. Elle s’époumonait tout en faisant de grands gestes que personne sur l’aire de jeu ne parvenait à comprendre. Du haut de son mètre cinquante-quatre, baskets fluorescentes aux pieds et survêtement rose saumoné en velours qui épousait ses formes généreuses, on avait du mal à imaginer que dans sa jeunesse, elle avait pu s’illustrer dans des compétitions de volley-ball à haut niveau. Elle en parlait pourtant régulièrement, mais cela laissait les élèves quelque peu dubitatifs. Ce qui était sûr en revanche, c’est qu’il fallait à tout prix éviter de la contrarier, car elle avait un fort caractère et des châtiments dissuasifs. 

    — Debout l’avorton ! Tu crois p’t-être que c’est le moment d’roupiller ? Tu m’feras quinze tours de terrain et dix pompes ! Et qu’ça saute ! Ça t’apprendra à faire la nouba la veille de mes cours !

    — Oui, madame Buvard, acquiesça Téo, l’air contrit. Il savait qu’il n’était pas en état de plaider sa cause et dans ces conditions, mieux valait faire profil bas.

    Il parvint à se relever sans trop de difficulté et entama sa punition par de petites foulées.

    — Allez, les bigorneaux, on reprend ! lança-t-elle aux autres étudiants. Et vous connaissez ma devise, « Un esprit bourrin dans un corps bourrin ! ». Parce qu’ici, que ce soit bien clair, on vous demande pas de faire tourner la centrifugeuse à méninges. Faut juste que ça transpire. Si vous voulez mon palmarès, va falloir en gagner des concours de t-shirts mouillés !

    D’un coup, Téo eut une image mentale de madame Buvard et associa son nom à ce qui venait d’être dit. Pris d’un haut-le-cœur, il manqua de percuter l’un des poteaux servant à tendre le filet. Manifestement, il n’était pas le seul à avoir l’imagination débordante, au vu des regards horrifiés et hébétés de ses camarades restés sur le terrain.

    Le coup de grâce de la matinée fut le moment où il dut enchaîner les dix pompes avec en plus de son poids, celui de madame Buvard assise sur son dos devant les yeux médusés et compatissants des autres élèves, terrifiés à la pensée de devoir subir le même sort.

    Lorsque cette séance de torture fut enfin terminée et qu’il eut rangé tous les ballons éparpillés dans le gymnase dans le placard prévu à cet effet, il regagna les vestiaires d’un pas traînant.

    Quelle idée avait-il eu de choisir STAPS​[4] comme orientation post-baccalauréat ? Hormis la gymnastique, aucune discipline sportive imposée depuis la rentrée n’était à l’avantage de son poids plume. Même au rugby, le prof n’avait rien trouvé de mieux que de le placer en première ligne. Heureusement pour lui, la première année de licence était plus théorique que pratique. C’était pourtant son troisième choix sur sa liste des filières universitaires potentielles, mais le tirage au sort en avait décidé autrement.

    Seule lueur venant éclaircir ce tableau noir, la présence dans sa promotion d’une certaine Léa Smile, dont les charmes ne le laissaient pas indifférent.

    Songeur et toujours le cerveau dans le brouillard, il ouvrit la porte du vestiaire et se dirigea à l’endroit où il avait posé ses affaires. Mince. Son sac avait disparu. Il se pencha pour vérifier sous le banc et autour de lui. Rien ici non plus. Au moment où il redressa la tête pour balayer la pièce du regard, son esprit se fissura. Il était dans le vestiaire des filles.

    CHAPITRE 2

    - Fair-play -

    ––––––––

    Une bouffée d’adrénaline le submergea et les battements de son cœur s’accélérèrent. Il resta figé pendant quelques secondes lui paraissant des heures, la sueur perlant sur son front. Il était comme pétrifié, et n’osait esquisser le moindre mouvement.

    Autour de lui, aucune des jeunes filles ne semblait avoir remarqué sa présence, comme s’il était invisible. En sous-vêtements pour la plupart, elles discutaient des cours, de l’émission télévisée de la veille, de préoccupations chiffonnières et riaient à gorge déployée. La situation était extrêmement gênante pour Téo, d’autant que certaines d’entre elles partageaient avec lui les bancs de la faculté. Son embarras se devinait à ses joues rosies et ses yeux affolés tentant de fixer ses pieds.

    Soudain, il reconnut la douce voix mélodieuse de Léa provenant de la salle des douches à côté. Son esprit commençait à vagabonder dangereusement lorsque le son se rapprocha. De panique, il se faufila discrètement jusqu’à la sortie, longeant le banc et les porte-manteaux à la démarche d’un crabe, en prenant bien soin de rester dos aux étudiantes et le visage face au mur.

    Une fois à l’extérieur du vestiaire, il put reprendre sa respiration. Sans s’en rendre compte, il avait passé tout ce temps en apnée.

    Au bout du couloir, un regard insistant attira son attention. Il s’agissait de Tom, bouche bée et yeux écarquillés derrière ses lunettes de vue. Affichant un air médusé, le jeune homme trapu et rondouillard s’avança vers Téo à grandes enjambées.

    — J’ai pas rêvé ? T’étais bien dans le vestiaire des filles ?!

    — Chut ! Parle moins fort ! Je me suis trompé de porte.

    — Mais bien sûr ! T’es un petit malin ! poursuivit Tom en chuchotant, tout en lui donnant des coups de coude.

    — Arrête ! Je te dis que je ne l’ai pas fait exprès.

    — À d’autres ! Viens, faut que tu me racontes tout en détail ! lui intima son camarade en désignant la sortie.

    Ils quittèrent le bâtiment à pas soutenus en direction de l’entrée nord du campus.

    ***

    Après s’être acheté un sandwich au snack, ils avaient pour habitude de déjeuner dans le parc près de l’université, à la pause de midi. Assis sur un banc et consoles en mains, ils s’affrontaient à toutes sortes de jeux vidéo, mais neuf fois sur dix, Tom en ressortait victorieux.

    — Téo, arrête de faire ton cachottier ! Tu es en train d’enfreindre la règle n°2 du pacte de l’amitié : pas de mensonge entre nous !

    — Mais puisque je te dis que je n’ai pas regardé de quelle couleur étaient les dessous de Nancy ! J’étais déjà suffisamment angoissé à l’idée de passer pour un pervers !

    — Tiens, évite un peu cette carapace ! lança Tom tout en pianotant sur sa Nintendo DS avec une grande dextérité. Tu oublies la règle n°4 qui stipule qu’on doit être solidaires. Tu dois partager ton expérience. Toute information est cruciale en matière de gent féminine. On doit se serrer les coudes.

    Le projectile percuta le kart de Téo, et envoya Toad​[5] dans le décor pixelisé. Avec un tour de retard, il ne pouvait plus revenir dans la course. Le véhicule de Tom avec Yoshi​[6] au volant franchit héroïquement la ligne d’arrivée en première position pour la quatrième fois consécutive.

    — Si tu faisais preuve de solidarité, tu me laisserais gagner une fois de temps en temps.

    — N’essaye pas de changer de sujet, objecta Tom. Tu sais très bien que ce serait déloyal de ma part de te donner de faux espoirs. La victoire, ça se mérite !

    Tom posa sa console sur le banc et fouilla dans son sac à dos à la recherche du nouveau jeu de combat encore sous blister dont il venait de faire l’acquisition.

    — Ce matin, j’ai profité de ma dispense en sport pour passer au magasin récupérer Mortal Fighting IV. Tu veux tester ?

    — Pourquoi pas, opina Téo. C’est le troisième que t’achètes cette semaine. T’as pas peur que tes parents te reprochent de dilapider toutes tes économies ? s’enquit-il prudemment.

    — T’inquiète ! Quand on aime, on ne compte pas. Et puis, il faut voir ça comme un investissement. D’ici une trentaine d’années, ces monuments numériques seront devenus super rares et rapporteront une petite fortune sur le marché du rétrogaming.

    Tom enclencha la nouvelle disquette en prenant bien soin de ranger la précédente dans son étui et redémarra sa console.

    — Tu t’imagines devoir te séparer d’un jeu vidéo de ta collection ? l'interrogea naïvement Téo.

    — Jamais de la vie, sauf peut-être E.T. sur Atari.

    — Il est toujours au fond de ton jardin ?

    — Ouais, je l’ai enterré sous les chrysanthèmes.

    Le menu d’affichage des personnages jouables apparut sur leurs écrans. 

    — Je prends Pailleman, et toi ? demanda Tom sur un ton faussement détaché.

    Otakuboy a vraiment l’air stylé.

    Le combat s’engagea sur une frappe de Pailleman suivie d’un combo d’une rapidité et d’une violence incroyable. Otakuboy tenta de parer les coups et de se téléporter plus loin pour échapper aux assauts de son adversaire, mais Tom avait déjà anticipé et préparait une attaque à distance. Téo appuyait sur tous les boutons dans l’espoir de déclencher un pouvoir spécial.

    Alors qu’il ne lui restait plus que quelques points de vie et que Pailleman s’apprêtait à l'achever, il parvint à lancer sa furie, mais Tom, en grand habitué des jeux de combat, riposta et enchaîna les combinaisons jusqu’au K.O.

    — Et bim ! Comment je t’ai défoncé ! s’écria Tom qui avait bien du mal à cacher sa joie et l’excitation accompagnant chacune de ses victoires.

    Le deuxième puis le troisième round se terminèrent de la même manière que le premier.

    — Je m’incline... T’es vraiment trop fort pour moi aux jeux vidéo, admit Téo en soupirant.

    — Si tu passais plus de temps à t’entraîner qu’à réviser, tu aurais peut-être une chance de rivaliser. Fais comme moi, travaille un peu moins à la fac et bosse davantage tes classiques, et tu auras de bien meilleurs résultats !

    — C’est une question de point de vue... répondit brièvement Téo pour ne pas vexer son ami aux conseils peu avisés.

    Il connaissait son opinion assez tranchée en la matière et son manque de recul vis-à-vis de la place à accorder dans sa vie au divertissement numérique. Il était préférable d’écourter la conversation plutôt que de le laisser polémiquer sur le sujet toute l’après-midi.

    — Bon, c’est pas tout ça, mais je dois préparer mon exposé, lança Téo en se redressant.

    — Voilà, c’est exactement ce que je disais ! Tu ne progresseras jamais avec une attitude pareille ! s’exclama Tom en lui emboîtant le pas.

    Les deux acolytes reprirent le chemin de l’université.

    — Mais au fait, on est bien le 15 aujourd’hui ? hésita Tom.

    — Oui. Pourquoi ?

    — Demain c’est la sortie du dernier Zelda !

    — Et dire que je n’ai même pas encore terminé celui sur la Switch. Faudra que tu m’expliques comment tu as fait pour le finir aussi vite, poursuivit Téo d’un ton résigné.

    Au-delà du temps qu’il consacrait à ses jeux vidéo, Tom était doté de capacités hors normes dans le domaine. Sa dextérité aurait pu faire de lui un joueur professionnel, mais sa flemme ajoutée à son côté pantouflard avait eu raison de son ambition. Âgé de la trentaine, toute carrière en tant que pro-gamer ​[7]n’était, pour ainsi dire, plus à l’ordre du jour.

    Soudain, une explosion retentit, interrompant leur discussion. Ils tournèrent la tête de concert en direction de l’individu qui venait littéralement d’atterrir devant eux.

    Accroupi sur le sol, genou et main à terre, il semblait avoir amorti sa chute et être indemne.

    Lorsque la fumée se dissipa, elle révéla pour seules traces de la violence de la collision des fissures dans l’asphalte. Vêtu d’une cravate et d’un veston noirs enserrant un chemisier blanc, et d’un pantalon de costard assorti, l’élégance de cet homme et son calme contrastaient avec le surréalisme de la situation. Au moment où il releva la tête, Téo, ébahi, reconnut le personnage principal de l’un de ses comics préférés et se dit que ce cosplay était sacrément réussi.

    Tom, quant à lui, était

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