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Le piège d'Alep
Le piège d'Alep
Le piège d'Alep
Livre électronique257 pages3 heures

Le piège d'Alep

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À propos de ce livre électronique

Juin 1941, la guerre s’étend en Afrique. Des peuples jusque-là épargnés sont rattrapés par le conflit. Au Levant les Français libres aidés par les troupes Britanniques attaquent les Français de Vichy. Cette guerre fratricide va entrainer des compatriotes dans une lutte à mort qui laissera longtemps des traces. C’est dans cette guerre improbable que le lieutenant de vaisseau Olivier Serrat est envoyé pour remplir une mission primordiale qui, si elle réussit, peut donner un avantage certain aux alliers. Une fois de plus ses qualités humaines et son sens de l’improvisation vont être mis à rude épreuve. Il luttera et souffrira dans sa chair, allant chercher au fond de lui les ressources nécessaires à la réussite. Il ne le sait pas, mais "Le Piège d’Alep" va se refermer.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1958 à Sens, Thierry de Ret grandit dans un petit village de l’Yonne. Tour à tour; éducateur sportif, responsable d’un service groupe chez un tour-opérateur, directeur d’agence de voyages et d’un office de tourisme. Il voyage, découvre et partage ses coups de cœur. Il se passionne pour l’histoire, en particulier la période 1929-1960. Moment de bouleversement, d’effondrement des empires et de réorganisation du monde.
LangueFrançais
Éditeur5 sens éditions
Date de sortie12 mai 2025
ISBN9782889497522
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    Aperçu du livre

    Le piège d'Alep - Thierry de Ret

    Couverture pour Le piège d'Alep réalisée par Thierry de Ret

    Thierry de Ret

    Le piège d’Alep

    10 juin 1941

    – Coucou, ma chérie, regarde-moi.

    Adeline se retourne et je profite de son grand sourire pour déclencher l’obturateur.

    – Si elle n’est pas floue, ce sera une magnifique photo, avec toi au premier plan et derrière les ruines du château de Kilchurn qui se reflètent dans les eaux du loch. Ce sera une photo parfaitement composée, un modèle du genre, j’ai suivi toutes les règles du guide Kodak. Une œuvre d’art, tu verras.

    – T’en as pas marre de regarder tout ce qui nous entoure à travers ton appareil ? Lève les yeux, respire, admire, profite, me reprend Adeline.

    – Les paysages sont magnifiques, mais ils sont encore plus beaux quand tu es au premier plan, je veux garder ces souvenirs. On retourne à l’hôtel, il est presque cinq heures et ici le temps fraîchit vite.

    Main dans la main, nous retournons en direction du village d’Awe. Le chemin longe son magnifique loch, qui s’étire sur une quarantaine de kilomètres. Un beau soleil éclaire la nature pelée et sauvage qui nous entoure. Il n’y a pas un brin de vent, les eaux limpides du loch reflètent comme dans un miroir le paysage environnant. C’est sauvage et tellement beau. Avec mon Adeline, nous profitons pleinement des deux semaines de permission qui nous ont été accordées. Nous respirons à pleins poumons, nous oublions la guerre. Notre monde recèle des merveilles, pourquoi tout gâcher avec tant de destructions et de malheurs ? Tout en marchant, nous parlons de ce qui est le centre de nos préoccupations, notre mariage qui se fera dès notre retour à Wokingham. La cérémonie est prévue pour le 21. Marie et Roger Baïlleul sont en pleins préparatifs. Dès que nous le pouvons, nous téléphonons au service français de l’hôpital, dont Roger est le médecin chef pour faire le point avec eux. Le prêtre a été trouvé, l’église est réservée, Marie a déniché une robe de mariée pour Adeline, le repas est organisé et nous avons écrit aux quelques amis que nous avons en Angleterre pour les inviter. Nous ne devrions pas être bien nombreux, peut-être une vingtaine, tout va dépendre des permissions des uns et des autres. À la fin de la semaine quand nous serons de nouveau dans notre petite maison, que nous partageons avec les Baïlleul, nous devrions avoir leurs réponses et nous saurons s’ils peuvent venir, tout est sur de bons rails.

    Pour l’instant, comme le dit si bien Adeline, nous sommes en prélune de miel. Partis de Cardiff le 1er juin, nous sommes remontés en train, le long de la côte ouest de l’Angleterre pour arriver deux jours plus tard à Glasgow, et depuis nous faisons des sauts de puces de village en village pour découvrir l’Écosse, ses châteaux, sa lande, ses lochs et ses whiskys. Ici l’ambiance est bien différente du sud de l’Angleterre. Cette terre semble loin du conflit, elle est comme inviolée : pas de barrage, pas de casemate, pas de ruine fumante. Demain nous pousserons jusqu’à Oban, puis ce sera le retour sur Glasgow pour une dernière nuit écossaise, avant notre départ pour le sud de l’Angleterre. Dès lundi, Adeline reprendra son poste à l’hôpital dans le service de notre cher Professeur Baïlleul et moi j’attendrai mon affectation pour ma prochaine mission. Mais bon, on n’en est pas encore là.

    Après avoir contourné la pointe nord du loch, nous arrivons au pied de Lochawe Village. Il a été bâti à flanc de coteau, la montée est courte mais raide. Il est comme tous les villages et villes écossais que nous avons traversés. Les maisons sont faites de pierres d’un gris plus ou moins sombre, elles sont massives avec de petites ouvertures qui laissent entrer peu de lumière. Cela donne une atmosphère lourde, mais j’aime cette ambiance, tout droit sortie d’un livre des sœurs Brontë. Le matin, quand la brume n’est pas encore totalement dissipée, c’est féerique, envoutant, inquiétant. On s’attend à voir surgir des monstres, des dragons, des fantômes… Malgré ce paysage austère, les Écossais sont extraordinairement accueillants et chaleureux. Ils vous abordent facilement et au pub vous invitent volontiers à partager une pinte avec eux. Ce contraste ne cesse de m’étonner. Quand nous arrivons en vue du Drovers Hotel, j’ai un mauvais pressentiment. Une voiture verte de l’armée anglaise, avec un fanion des FFL au mâtereau de l’aile avant gauche, est garée devant la porte. Adeline me serre la main plus fort.

    – C’est pour toi tu penses ?

    – Je ne sais pas, peut-être, peut-être pas.

    – Oui, mais que viendrait faire une voiture avec un drapeau FFL dans ce coin perdu. Ils savent que tu es là ?

    – Bien sûr, quand nous avons quitté Achallader, j’ai téléphoné pour dire où nous partions, comme le Service me l’a demandé. Vu le nombre d’hôtels dans le coin, je suis facile à retrouver.

    Adeline ne dit plus rien, je vois son visage se refermer.

    Dès que nous franchissons la porte de l’établissement, j’aperçois une jeune sergente du corps féminin des FFL. Assise au petit guéridon du hall, elle boit un thé. À mon entrée elle se redresse, réajuste sa veste, s’avance droit sur nous et salue réglementairement.

    – Bonjour, êtes-vous le lieutenant de Vaisseau Olivier Serrat ?

    – Oui, c’est bien moi.

    – J’ai un pli à vous remettre, je suis désolée, je ne suis pas une porteuse de bonnes nouvelles, me dit-elle en sortant une enveloppe de sa poche.

    Je regarde l’enveloppe blanche où rien n’est écrit. Je regarde Adeline qui m’a pris le bras et ne prononce aucun mot. Je déchire l’enveloppe, elle contient deux pages. La première manuscrite n’a rien d’officiel, elle est de Pierre Morvan.

    Mon cher Olivier,

    Je suis vraiment désolé de t’imposer ça, mais tu dois me rejoindre au plus tôt et annuler tes vacances. Je sais que c’est un gros sacrifice pour toi et Adeline qui étiez si heureux de pouvoir vous échapper. La sergente Louise Leroy qui t’apporte ce message est à ta disposition pour te ramener jusqu’à moi. Elle a aussi ordre d’aller jusqu’à Wokingham pour y déposer Adeline. Je suis au regret de t’apprendre qu’il faut remettre votre mariage à plus tard, mais nous n’avons pas d’autre solution que de te rappeler d’urgence. Je profite de ce message pour vous remercier de m’avoir invité, je suis triste de gâcher votre bonheur, j’espère que vous me pardonnerez.

    Toute mon amitié à Adeline.

    Pierre Morvan

    L’autre page est un ordre de mission, annulant ma permission et me demandant de me mettre le plus rapidement possible sous les ordres du capitaine Pierre Morvan qui m’attend à l’aérodrome de Tempsford.

    – Ma chérie, ce n’est pas une bonne nouvelle.

    – Plus de vacances ?

    – Oui.

    – Plus de mariage ?

    – Pour l’instant c’est annulé, ou plutôt reporté ?

    – Tu pars où ?

    – Je ne sais pas. Le courrier est de Pierre, il m’attend à l’aérodrome de Tempsford. C’est où cet aérodrome, Sergente Leroy ?

    La jeune sergente, visiblement gênée, ne me regarde pas et fixe le sol, mais elle n’y est pour rien la pauvre.

    – C’est au nord de Londres, à l’ouest de Cambridge.

    – On fait comment sergente ? On part maintenant ?

    – Non, je propose de partir demain matin à sept heures. Nous avons un avion à notre disposition qui nous attend à la base du Coastal Command de Kimelford. Il nous transportera jusqu’à Tempsford, on devrait y arriver pour midi. De là, je prendrai une voiture pour reconduire Mademoiselle Garinod à Wokingham.

    – Bien, demain départ à sept heures et ce soir vous dînerez avec nous, ne restez pas seule.

    – J’ai peur de gâcher votre soirée. Le capitaine Morvan m’a expliqué votre projet de mariage et la longue séparation que vous avez eue lors de votre dernière mission. Je suis triste pour vous et tellement désolée.

    – La soirée est déjà gâchée, ça ne peut pas être pire, ne vous en faites pas. Si un avion nous attend pour nous ramener au plus vite, c’est que ce doit être important. Ce n’est pas de votre faute.

    Je me tourne vers Adeline, elle me regarde tristement. Pour essayer de la détendre, je tente maladroitement de la réconforter.

    – Tu n’as jamais volé ma chérie, tu vas voir c’est extraordinaire.

    – Et tu crois qu’un baptême de l’air suffira à me consoler ?

    – Non, bien sûr. C’est quoi comme avion, sergente ?

    – Un Lysander.

    – Je connais, j’ai voyagé avec en Afrique. C’est bruyant, mais il y a de grands hublots pour profiter de la vue.

    11 juin

    Assis derrière le pilote et la Sergente Leroy, nous regardons depuis presque trois heures le paysage qui défile sous les ailes du Lysander. Le ciel est d’un bleu limpide, aucun nuage. Par prudence, nous volons à une centaine de mètres d’altitude. Tous les détails de la campagne anglaise sont bien visibles. J’ai remis ma tenue blanche de cérémonie, c’est le seul uniforme que j’ai dans mes bagages.

    La soirée d’hier a été bien triste, Adeline boudait, la sergente Leroy culpabilisait et moi j’essayais d’animer la conversation.

    Une fois seuls dans notre chambre, nous avons eu une longue conversation. Pour nous consoler, nous avons comparé notre vie à celle de ceux qui sont séparés depuis déjà une année et ne se reverront qu’à la fin de la guerre. Ils auront changé, auront vécu une vie différente loin l’un de l’autre ; arriveront-ils à se retrouver, à s’aimer de nouveau ? Nous au moins, nous serons ensemble dès la fin de ma mission. Même si ces moments de bonheur sont courts, ils existent.

    Adeline est blottie dans mes bras, de temps en temps, elle m’embrasse tristement dans le cou. C’est bientôt la fin de notre escapade, mais ce n’est pas la fin dont nous rêvions. La parenthèse était merveilleuse, mais trop courte, bien trop courte.

    Le pilote parle dans son micro, l’avion vire sur la droite, au loin une longue piste bétonnée apparait. Il a repris un peu d’altitude afin de se présenter avec le bon angle, le sol se rapproche, les roues touchent le sol, nous roulons en direction des hangars. J’embrasse Adeline, je lui dis des mots doux, la serre dans mes bras, nous sommes arrivés à Tempsford.

    Des mécaniciens viennent aussitôt nous aider à ouvrir la verrière et à descendre. Pierre est là, les bras ballants, engoncé dans son uniforme de capitaine d’infanterie. Il s’approche me serre la main et embrasse Adeline.

    – J’espère que vous me pardonnerez. Mais nous avons un énorme problème à résoudre et Passy souhaite que ce soit Olivier et personne d’autre qui prenne en charge une mission urgente et de très très grande importance.

    – J’espère bien que c’est très important, Pierre. En fait je n’en doute pas, je connais votre tact. Je sais que vous n’avez pas rappelé Olivier pour rien, lui répond Adeline avant que je puisse prononcer le moindre mot.

    – Merci de comprendre, Adeline, aujourd’hui je n’ai pas le beau rôle. La sergente Leroy est partie chercher une voiture et va vous reconduire chez vous dès que vous vous serez dit au revoir. Désolé de vous presser, mais les minutes sont comptées.

    Avec Adeline, nous nous écartons de quelques mètres, autour de nous c’est une ruche. Des avions démarrent leurs moteurs, des hommes s’interpellent, des véhicules nous frôlent, d’autres klaxonnent. Pas très romantique tout ça. Je fixe ses jolis yeux en amande, si expressifs. Elle me regarde tristement, je tente de lui sourire. On se serre dans les bras. Son visage est contre ma poitrine. On se parle à l’oreille. Elle me dit d’être prudent, de ne pas prendre de risques inutiles, de revenir, qu’elle m’attend. Je lui promets tout, lui dit que je l’aime, qu’on se rattrapera quand tout ce cirque sera terminé. Une voiture approche avec la sergente Leroy au volant. Elle charge les bagages d’Adeline et se réinstalle aussitôt, prête à partir, s’en doute pour nous faire comprendre que le temps presse. Nous nous embrassons longuement. J’accompagne mon Adeline jusqu’à la voiture, elle fait une bise à Pierre, lui parle un court instant à l’oreille et s’installe sur le siège à gauche du conducteur. Je l’embrasse une dernière fois, ferme la portière, la sergente démarre.

    Adeline est partie.

    Je me tourne vers Pierre.

    – Ne dis rien Pierre, et ne fais pas cette tête de chien battu, je sais que ce n’est pas ta décision. Maintenant si tu m’expliquais.

    – D’accord, suis-moi, on m’a prêté un bureau.

    Nous marchons quelques minutes avant d’arriver à un bâtiment tout en longueur. Pierre m’interroge sur notre voyage, sur ce que nous avons vu, sur ce que nous avons aimé, alors que moi, je n’ai qu’une hâte, tourner la page, oublier l’Écosse et ces belles vacances. Je veux me concentrer sur ce qu’on va me demander, penser à autre chose avant que la tristesse ne m’accable.

    Aux murs sont épinglées plusieurs cartes. Est-ce mon objectif ? Sur le bureau deux plateaux avec sandwichs, gâteaux et fruits ont été déposés.

    – Installe-toi Olivier et mange ce dont tu as envie. C’est notre déjeuner, je vais t’expliquer. Je suis en charge depuis le 20 mai dernier de préparer une mission au Levant. Tu sais que les états du Levant, composés de la Syrie et du Liban, ont été attaqués par les forces anglaises et françaises libres depuis maintenant trois jours.

    – Oui j’ai lu ça, les Français libres se battent contre les Français de Vichy. Je n’aurais jamais cru qu’une telle chose puisse arriver.

    Pierre se lève et se rapproche d’une carte qui englobe toute la partie orientale de la Méditerranée. Tout en m’expliquant, il me montre sur la carte les lieux qu’il cite.

    – Exact, le Levant étant un protectorat français, les vichystes y sont. Tu sais aussi que les Anglais ont été chassés de Grèce et de Crète par les Allemands. Par contre, tu ne sais certainement pas que le 1er avril, Rachid Ali al-Gillani, Premier ministre d’Irak qui est pro-Allemand, souhaitant chasser les Anglais de son pays, a demandé le soutien de l’Allemagne, qui s’est empressée de le lui donner. Les Allemands, afin de soutenir Rachid Ali, ont demandé à Vichy de disposer, entre autres, d’aérodrome en Syrie. Vichy a malheureusement accepté cette demande. Ce qui implique que les positions anglaises en Palestine et en Égypte sont menacées par la possibilité que les Allemands envahissent la Palestine par le Levant et surtout par l’Irak. S’ils y parvenaient, ils se rapprocheraient dangereusement du canal de Suez et auraient un accès direct aux puits de pétrole irakiens. Heureusement, les Anglais ont attaqué les forces soutenant Rachid Ali, l’ont fait fuir d’Irak et y ont réinstallé un gouvernement pro-Britannique. Mais l’aviation allemande maintient son implantation en Syrie, en particulier à Alep. C’est la raison de l’attaque franco-anglaise de dimanche, car on craint un débarquement allemand sur la côte syrienne.

    – D’accord, mais tu dis préparer cette mission depuis le 20 mai. On s’est vu à Cardiff il y a deux semaines. Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé quand je suis revenu du Portugal et d’ailleurs qu’attends-tu de moi ?

    – J’y viens. Cette mission à l’origine, n’était pas prévue pour toi. À l’aéroport d’Alep, les Allemands ont dépêché essentiellement du personnel pour la maintenance de leurs avions. Il y a aussi un groupe d’officiers techniciens chargé de planifier l’aide à Rachid Ali et l’attaque de la Palestine. Parmi les membres de cet état-major, il y a le colonel Manfred Rebmann.

    – Connais pas.

    Tout en l’écoutant attentivement, je me goinfre de saucisses, de chicken pies et de cakes, le petit déjeuner écossais de l’hôtel étant maintenant bien loin.

    – C’est un ingénieur, membre de l’organisation Todt. Tu sais ce qu’est cette organisation ?

    – Je crois, c’est eux qui gèrent les grands travaux du Reich.

    – Exact, Rebmann doit superviser les installations que les Allemands vont construire pour leur campagne contre la Palestine et l’Égypte.

    – Vous voulez leurs plans ?

    – Ce ne sera peut-être pas nécessaire si nos troupes l’emportent au Levant. Ce qui nous intéresse, c’est ce que Manfred Rebmann a dans la tête. Fritz Todt n’est pas que le patron de l’organisation qui porte son nom, c’est aussi le ministre allemand de l’armement et des munitions. Avant d’être muté à Alep, le Doktor Rebmann faisait partie d’un groupe d’ingénieurs, de savants et d’architectes, le groupe Rüdersdorf, du nom du château où ils se réunissent régulièrement dans la banlieue de Berlin. Ce groupe est chargé d’étudier la faisabilité d’amélioration et d’innovation en matière d’armement. Bref il travaillait encore récemment sur l’avenir de l’armement allemand. Le capturer, c’est connaitre les futures armes de nos ennemis.

    – Ma mission serait de te ramener un savant d’Alep, si je comprends bien.

    – Je vois que tu n’as pas perdu ton sens de l’humour.

    – Ne t’inquiète pas, je comprends pourquoi cette mission est importante. Mais tu disais que cette mission n’était pas pour moi.

    – En effet, nous avons mis sur pied un groupe de dix hommes chargés d’aller jusqu’à Alep pour kidnapper Rebmann, la mission a été baptisée « Opération Lancelot ». Ils sont partis en avion vendredi dernier le six juin, rapidement nous n’avons plus eu de nouvelles. Le lendemain, des morceaux de leur avion ont été repêchés au large du Portugal.

    – Ils ont été abattus ?

    – Non, on pense plus à une panne, aucun survivant n’a été retrouvé. Cette mission est tellement importante qu’on a constitué en urgence un nouveau groupe, mais nous ne sommes pas riches en hommes comme tu le sais. Il fallait un chef capable de

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