La prophétie du désert - Tome 1
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après une mission humanitaire en Arménie, son pays d’origine, Magali Artinian Poulain se consacre à l’écriture, explorant le lien entre l’autisme et des signes d’un dessein céleste mystérieux. Timide de nature, l’écriture est pour elle un moyen d’exprimer ses pensées et de laisser libre cours à son imagination.
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Avis sur La prophétie du désert - Tome 1
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Aperçu du livre
La prophétie du désert - Tome 1 - Magali Artinian Poulain
I
Dans une contrée lointaine, au cœur des dunes de sable chaud, dans un royaume appelé Vahevounis, se dresse un palais d’or, de lumières et de multitudes de pierres précieuses. Sur cette terre où l’on célèbre chaque printemps la danse des éléphants, où l’on offre une fleur de lotus pour déclarer son amour et où les airs d’éternité sont des mirages, une nouvelle ère est sur le point d’éclore. Dans une odeur fleurie et sucrée, au milieu des incantations et de jeunes vierges jouant du sistre, les cris d’un nourrisson que l’on met au monde retentissent. La vie se lève. Le sorcier observe le soleil couchant, attendant que les cieux lui indiquent le moment d’agir. C’est alors que le ciel s’obscurcit, les étoiles apparaissent en formant une ligne droite qui se reflète dans l’eau du fleuve, elles montrent le chemin vers la plus grande fleur de lotus. À cet instant, la naissance de l’enfant se grave dans l’univers, marquant à jamais cette heure et cette date, créant sa place dans le monde céleste et terrien, doucement, commence à se dessiner son destin. Le sorcier plonge sa main dans l’eau du Nil, saisit la fleur de lotus indiquée par les Dieux et fait couler sur le front du nouveau-né quelques gouttes de lait de cette fleur. Le ciel s’éclaircit à nouveau, le soleil reprend sa place en bas de l’horizon avec splendeur dans une douce lumière rose orangé, persistant à ne pas s’effacer, comme si lui aussi ne voulait rien rater du spectacle. Divya, déesse vivante, princesse céleste, lui accorde sa bénédiction par un baiser sacré qu’elle pose sur une de ses petites joues. L’enfant ouvre les yeux et sourit. De vieilles femmes toutes de blanc vêtues crient « Le Roi est né ! » À cette nouvelle, les paons font la roue et s’inclinent. Les lions et les tigres rugissent. Les oiseaux chantent. Les hommes et les femmes s’agenouillent. Le soleil accroît ses rayons pour les rendre plus ardents encore, au risque de rendre aveugle celui qui oserait lever la tête devant la naissance de l’enfant. Des fleurs jaillissent au milieu du désert. Les éléphants lèvent leur trompe en y faisant jaillir du vin. Les colosses d’argent lèvent le bras en signe d’allégeance. Les dieux eux-mêmes s’abaissent pour regarder la scène du haut des cieux. Le monde accueille son nouveau roi.
C’est ainsi, avec splendeur et majesté, que cette naissance providentielle vient mettre fin à vingt-six années de règne sur un royaume qui ne connaissait aucun héritier mâle. Le peuple s’en retrouve soulagé et satisfait, leur nouveau guide est né. Un guide qu’ils pourront suivre, aimer et chérir comme un père, comme un dieu, comme un fils prodige.
C’est avec allégresse que l’aurore se lève sur une nouvelle dynastie, dans un royaume dont l’étendue semble sans limite. Un monde où des lions ailés habitent sur les nuages, protecteurs des portes du royaume des dieux. Un monde dans lequel les océans sont mauves, où les sirènes jaillissent des eaux et dans lequel se trouvent des îles où tout est fait d’or. À des milliers de lieux du désert, il existe des forêts magiques où les animaux parlent et où les fées chantent le soir venu. Un univers où il existe, des montagnes enneigées toute l’année où les pierres ont des vertus guérisseuses. Dans le désert, derrière les dunes de sable, se tiennent des nomades qui jouent de leurs instruments des mélodies qui peuvent vous extraire, par vos larmes, toute la peine qui règne dans votre cœur et votre âme. Ils les récupèrent dans des éprouvettes dont ils se servent par la suite. Au contact d’une seule goutte sur le sable surgit une oasis. Un royaume sans borne où l’harmonie règne, où les dieux sont vénérés par les hommes et où la magie est admirée et respectée. Voilà ce qui attend le nouveau roi dont le rôle sera de protéger ces terres et ses merveilles, l’allégeance fait aux dieux, ces coutumes sacrées et ces sublimes et mystérieuses créatures. Un prêtre vient saisir l’enfant et le présente à une statue en or où deux gros diamants sont agencés à la place des yeux, il s’agit là de la statue de Hepthosis, dieu de la création, père de tous les dieux qu’il conçut dans un souffle, tout ce qui existe émane de sa force et de son pouvoir. Le roi observe son fils avec fierté et satisfaction. La reine, un peu en arrière, observe la scène avec une émotion qu’elle tente de contenir au mieux, les yeux luisants, unique signe de faiblesse qu’elle montre depuis des années. Elle attendait ce moment depuis toujours, donner naissance à l’héritier du trône, mais ce qu’elle désirait secrètement par-dessus tout était d’avoir un enfant qu’elle pourrait chérir, un être qui pourrait enfin lui rendre son amour.
La naissance royale vient mettre fin aux inquiétudes du peuple, mais également à des rumeurs de malédiction qui s’abattaient sur la reine. Une reine dont le cœur a été noirci par la jalousie et le ressentiment, comme une morsure dont le venin s’est propagé dans ses veines au point de la rendre aussi sèche que du blé séché au soleil. Un fossile noir à la place du cœur. La Reine Anat, guerrière redoutable venue de la région du fleuve Euphrate, d’un royaume appelé Nayiri, est l’unique fille d’une famille de grande noblesse qui comptait déjà six fils. Elle est impétueuse, méfiante, irascible et d’une beauté sévère. Elle est également de nature très fière depuis toujours par la position et le pouvoir que sa famille détenait dans la société avant qu’elle devienne reine, hautaine même se sachant intouchable, se sentant invulnérable, admirée et convoitée de tous, habituée à être au centre de l’attention et à en retirer une grande satisfaction. Elle a une allure impériale, une posture impeccable, de longs cheveux noir ébène, un corps athlétique à la peau hâlée, une peau ornée en permanence d’un bijou en or, en haut de son bras droit, dont son père lui a fait cadeau lorsqu’il dut lui dire adieu avant son départ pour accomplir sa destinée de reine. Sous de grands sourcils noirs épais se tiennent des petits yeux marron qui révèlent leur cruauté et plus loin une bouche fine qui ne semble jamais capable de sourire. Elle défend sa place ainsi que celle de son époux avec fougue et dévotion. Toujours le regard dur et la peur au ventre que l’on cherche à la détrôner, surtout depuis que les maîtresses du roi se multiplient de plus en plus avec les années, chose qui la blesse profondément, qui assombrit son cœur, mais qu’elle doit accepter, ce qu’elle fait avec la mâchoire serrée, gardant la tête haute, digne, les poings fermés, une tristesse dans le regard et une incompréhension, celle de ne s’expliquer pourquoi son mari ne lui accorde pas toute l’attention dont elle était accoutumée depuis toujours ainsi que l’égard qu’elle mérite.
À chaque nouvelle infidélité, une petite flamme se consumait davantage dans ses yeux jusqu’à finir par s’éteindre complètement, laissant place au néant. Une déchirure, un supplice du cœur, la douleur d’une reine qu’elle ne peut se permettre de montrer, un brasier de désolation qui la consumait au point qu’il ne reste plus qu’un amas de cendres aujourd’hui et qu’elle ne ressente plus aucune pitié pour quoi que ce soit.
La reine, qui n’avait pas eu d’autre enfant après Divya, priait les divinités tous les jours, suppliant Aithrana, déesse de la fécondité et de la maternité, de lui venir en aide pour lui donner un fils. Elle éprouvait de la tendresse uniquement pour sa fille si particulière, une fille divine qu’elle n’est pas autorisée à toucher et qui n’est malheureusement pas en mesure de lui rendre son amour de manière ordinaire, enfermée dans un mutisme immuable. Anat est une femme et une mère délaissée, qui n’avait que son amertume et l’espoir d’avoir un fils pour sécher ses larmes.
Quand elle apprenait qu’une des maîtresses du roi était enceinte, Anat, jalouse et exaspérée, faisait venir sur le champ la malheureuse. Avec une rare fureur et les yeux injectés de sang, avec la rage au ventre et une envie de massacre, elle saisissait son long sabre tout en s’avançant vers la future victime qui criait et implorait à l’aide, ce qui ne faisait qu’attiser davantage la folie meurtrière de la souveraine puis, avec toute sa violence et sa hargne, elle l’exécutait en lui tranchant la tête. Elle restait là, recouverte de sang, pendant plusieurs minutes, les yeux fixés sur la tête gisante au sol de cette femme qui avait eu l’audace d’avoir ce qu’elle ne possédait pas. Immobile, avec une respiration forte et saccadée, tout en gardant le sabre à la main dont les gouttes de sang venaient s’échouer sur le sol blanc ivoire, maintenant taché d’une marre de désillusions de ces deux vies dont le dernier souffle est parti trop tôt. Les domestiques qui avaient assistés à la scène, demeuraient statiques jusqu’au départ de la souveraine, paralysés de terreur et certains allant même jusqu’à vomir à la vue du corps. Elle quittait la scène du crime comme une harpie laisse ses restes après avoir massacré et mangé sa proie. Il arrivait même qu’elle reparte avec le cœur de sa victime à des fins occultes. Il restait maintenant aux esclaves de nettoyer la scène du crime et de se débarrasser du corps en le balançant aux crocodiles.
Dans le plus grand secret, la reine buvait des potions que le magicien lui fabriquait. Par désespoir, elle prenait même part à des rites invoquant les ténèbres et accomplissant toutes sortes de sacrifices avec une sorcière qui utilise la magie noire. Jusqu’au jour où les prières du couple royal furent enfin exaucées.
Quand elle observe les étoiles du haut de son balcon, Anat repense à sa jeunesse heureuse où elle jouait à l’épée avec ses frères, où son père qui la gâtait tant, la prenait dans ses bras et l’embrassait avant de s’endormir, où elle faisait la fierté quotidienne de sa famille par ses exploits, comme cette fois où elle revint de la chasse avec la tête d’un lion que personne n’arrivait à capturer et qui ne cessait de dévorer des paysans depuis plusieurs mois. Elle repense à cette petite fille qui a été enterrée quelque part dans ce désert, au même endroit que son cœur.
*
Dans le palais, tout le monde s’agite afin de préparer le festin pour fêter l’arrivée du futur roi de l’empire. Les effluves de nourriture provenant des cuisines ainsi que celles de précieux parfums à la rose et d’encens émanent dans tout le palais, créant un véritable trouble des sens. Des musiciens jouent partout dans l’édifice, de toutes sortes d’instruments, aussi bien magiques que mythiques. Un homme à la longue barbe rousse joue du kamâncha qui produit à la place des notes, un chant de femme qui semble être celui d’un ange, un chant d’une provenance céleste, fascinant et sublime.
Les domestiques se hâtent de toutes parts, dont un qui est assigné à sustenter le pélican de la grande salle en lui envoyant des poissons qu’il gobe dans son grand bec.
Un autre serviteur est, quant à lui, asservi à la tâche de couper et de retirer tous les pépins des pastèques pour la famille royale et les invités. Certains autres placent une couronne ornée de pierres précieuses sur la tête des paons à l’entrée de la salle principale. Un grand oiseau au pelage bleu indigo et vert émeraude à la queue rouge vole à travers les pièces, c’est Athyro, l’oiseau d’Amset le magicien. Dans le harem, dont le sol est recouvert de pétales de roses blanches, toutes les femmes, dotées d’une couronne de fleurs sur le crâne, dansent, jouent de la musique et boivent à outrance. Il y a même une femme venue des fins fonds des océans aux cheveux violets volumineux, à la peau orange et aux iris jaunes, une étrange créature que le roi a rapportée d’une de ses expéditions.
Conforme à la tradition qui veut qu’à chaque célébration tout le monde projette de la poudre colorée en l’air afin de demander l’approbation des Dieux, les serviteurs en lancent démesurément aux quatre coins du palais, dans la ville chacun en envoie sur son voisin avec plaisir et bonne humeur et bientôt tout le royaume baigne dans un océan de couleurs et d’euphorie. Imbibé de tant de couleurs, chaque être ressemble à un personnage d’un autre monde, pas une personne en est exemptée, pas même le roi, ce qui offre une vision parfaitement féérique et démesurée. Les couleurs dansent dans l’atmosphère, se mélangent, voilent les lieux, habillent les corps, teignent les cheveux, décorent les visages et rehaussent les cœurs. Soudain, un gigantesque arc-en-ciel apparaît bien nettement dans le ciel sans nuage, c’est alors que des cris de joie se font entendre partout dans le royaume, car les Dieux viennent de donner leur consentement à cette célébration, ce qui veut dire que les festivités ont également commencé au royaume céleste. À cette nouvelle, chacun se remet à festoyer de plus belle.
Dans la salle principale, les flammes impressionnantes des cracheurs de feu atteignent une hauteur de trois mètres, elles étourdissent et frappent de toute leur chaleur les visages. Des danseuses provenant des quatre coins du royaume s’exécutent au son de la musique. Un homme qui joue de la flûte fait danser les fleurs bercées par sa douce mélodie. Avec virtuosité et souplesse époustouflante, des acrobates accomplissent des prouesses dans les airs. Des faiseurs d’étoiles font surgir leur précieux trésor de leurs larges manches au bon vouloir des invités, venant décorer le plafond et illuminant la pièce comme une constellation. Les tigres de Divya rugissent. De longs cris aigus et modulés sont poussés par des femmes venues d’un continent où le sol est aride et où le soleil ne meurt jamais. Une fontaine de vin coule à flots au milieu de la pièce, ainsi qu’une petite fontaine d’eau-de-vie aux parfums de fruits, dont un prêtre éméché est déjà étendu à ses côtés. L’euphorie se répand partout, sur tous les visages, dans tous les cœurs. Ivre de l’extase générale, tout le monde se met à danser, à rire ou à crier, il en va de même dans la ville où le peuple s’est arrêté de travailler pour fêter l’évènement et où l’hilarité se propage dans les rues. Toutes les épices, les arômes, les saveurs, les senteurs de différentes victuailles importées des différentes régions du monde, tout se mélange dans le luxe et l’opulence. Certains ont l’impression de devenir fou, de baigner dans un songe et c’est avec légèreté et grâce, qu’ils basculent dans une douce folie à la vue de tout ce que le monde n’a jamais créé de plus beau et de fantastique, qui se retrouve à profusion ici, devant eux, à ce banquet aux airs divins.
Le roi, assis sur son trône, saisit une coupe en or et incrustée de rubis, remplie d’alcool à base de miel et de fleurs de paradis. Il se lève en brandissant la coupe en direction des cieux :
Au cours de la célébration, seule une personne ne se réjouit pas, c’est Divya, qui demeure calme et silencieuse. Assise dans le fond de la pièce, près d’un de ses tigres. Elle observe les centaines de personnes présentes ainsi que son père qui danse autour de ses maîtresses, pendant que sa mère dîne à la table avec les dames de la cour, lasse. N’appréciant pas la foule, elle quitte discrètement la salle accompagnée de son animal.
Avant la naissance de son petit frère, Divya était la fille unique du couple royal. Elle est née au cours de la dixième année du règne de son père. Divya, aimée des dieux et redoutée des hommes. Envoyée sur terre par des puissances astrales qui n’ont toujours pas levé le voile obscur sur leur dessein pour ce personnage énigmatique. Elle suscite les curiosités et effraie. Attendrit et fascine. Elle intrigue le monde depuis sa naissance, l’univers tout entier suit et observe son histoire depuis qu’elle a ouvert les yeux pour la première fois. Dès sa plus tendre enfance, la princesse s’exprimait uniquement par des sons. Elle sentait et léchait les objets avant de les utiliser ainsi que les aliments avant de les manger, c’était sa façon à elle de les découvrir et de les posséder. Il arrivait, avec sa tête légèrement penchée, que son regard semble partir au loin dans le vide, ne prêtant plus du tout attention à ce qu’il se passait autour d’elle, cela pendant plusieurs minutes. Comme si elle s’extrayait de ce monde provisoirement, que son esprit partait à plusieurs années-lumière du lieu où elle se trouvait. Puis, soudainement, redressait la tête et reportait son regard sur l’action qui se menait. Son père comprit vite qu’il avait engendré là un être sacré dont il était incapable d’en mesurer la portée.
C’est alors tout naturellement que l’on baptisa la petite princesse « Divya », ce qui veut dire divine, car c’est à l’âge de 5 ans que l’on attribue des prénoms aux enfants, afin de les nommer selon leur nature et ceux à quoi il semble aspirer.
Il arrivait que la petite fille se prenne à danser, des danses furieuses, comme une transe, faisant voler ses longs cheveux noirs bouclés dans l’air, retombants sur son visage aux traits doux et laissant apparaître ses grands yeux couleur noisette regorgeant de malice. Puis, de sa bouche généreuse, laissait découvrir un sourire merveilleux qui ne la rendait que plus belle encore et dont le rire faisait écho dans tout le palais, apportant de la joie à tous ceux qui l’entendait. Par espièglerie et bien qu’elle possédât une salle débordante de jouets venus des quatre coins du royaume, elle aimait jouer avec les nouvelles inventions des savants du palais, au risque de les casser ainsi que s’amuser dans les cuisines à démanteler et projeter la nourriture au sol des plats que les servantes avaient préparés et qui étaient prêts à être envoyés au roi à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit selon son bon vouloir. Mais personne ne la réprimandait, par peur de la fureur du roi et des dieux. Nul n’est autorisé à poser la main sur elle, jamais, sous quelconque condition que ce soit, la considérant comme divine, nul être terrestre ne pouvait être en mesure de toucher cet être extraterrestre, cet être céleste, excepté bien évidemment son père qui était considéré comme le favori des dieux, au détriment de sa mère qui en était exemptée. De ce fait, la reine Anat observa grandir sa petite fille Divya sans avoir jamais aucun contact physique avec elle, une vraie torture pour une mère dont le cœur est un océan d’amertume et de larmes.
Suite à des crises de nerfs de nombreuses fois répétées pendant lesquelles la jeune enfant portait les mains à ses oreilles en hurlant, l’on demanda au magicien du palais de trouver un moyen de soulager ses maux. Il découvrit que ses crises se déroulaient à chaque fois que plusieurs personnes parlaient simultanément dans différents endroits du palais. Durant les festins où toute la cour était présente, il arrivait même que ses oreilles se mettent à saigner. Il se saisit alors d’un bout de papyrus et l’enchanta avec quelques formules magiques, puis le glissa derrière une des oreilles de la petite. Elle en sembla soulagée. Divya, solitaire de nature, passait la plupart de son temps seule à jouer dans les jardins du palais, se joignant parfois au troupeau de tigres qui la respectait et la considérait comme une des leurs.
Aujourd’hui, la petite
