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Obsessions
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Livre électronique271 pages3 heures

Obsessions

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À propos de ce livre électronique

On peut dire de Clément Vertigaux qu’il est un homme heureux, et ce depuis bientôt vingt ans maintenant. On pourrait même précisément dater ce bonheur à sa rencontre avec Anna. Ils étaient alors lycéens. Pourtant, voilà plusieurs mois qu’une pensée l’angoisse : celle de ne jamais avoir d’enfant.Par ses obsessions, un homme va détruire sa vie et celle de ceux qui l’entourent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Gérant d’une agence de communication à Toulouse, Michaël Pino est un passionné de littérature depuis l’enfance. Depuis plus de dix ans, ce jeune entrepreneur écrit des romans de littérature blanche où les rapports humains, psychologiques et sociaux, sont au centre de l’action.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie10 mai 2025
ISBN9782386259005
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    Aperçu du livre

    Obsessions - Michael Pino

    Obsessions

    de Michaël Pino

    Le temps d’un roman

    Collection «Roman»

    www.temps-roman.com

    Aux êtres, aux livres et aux lieux qui m’ont construit et m’ont permis, plus tard, d’écrire des romans : ma famille, mes amis, mon enfance dans le lotissement Lamartine, l’école de la République.

    Quand j’ai imaginé un roman autour du thème de l’obsession, il m’est apparu comme indispensable d’avoir une adéquation du fond et de la forme. Le sujet s’y prêtait parfaitement.

    J’ai donc travaillé autour de plusieurs leitmotivs, qui comme l’obsession, reviendraient sans cesse. J’y ai ajouté la couleur rouge, celle qui obsède et qui s’adosse à la colère et au sang. Il lui fallait son opposé : le vert, la couleur complémentaire, synonyme d’apaisement et d’attirance.

    La figure du cercle s’est imposée naturellement pour son mouvement continu qui jamais ne finit. Et puis un chiffre : le 7 (et ses multiples), puisqu’il est lié à la transcendance qui fait que tout être dépend d’un principe extérieur. Enfin, l’obsession passait forcément par le regard, celui de Clément et d’Anna.

    Et puis, je me suis amusé à ajouter d’autres petits symboles et références que vous découvrirez peut-être...

    Michaël Pino, janvier 2021 - octobre 2022

    PARTIE 1

    Les volets ouverts

    Chapitre 1.

    On peut dire de Clément Vertigaux qu’il est un homme heureux, et ce depuis bientôt vingt ans maintenant. On pourrait même précisément dater ce bonheur à sa rencontre avec Anna. Ils étaient alors lycéens. Pourtant, voilà plusieurs mois qu’une pensée l’angoisse : celle de ne jamais avoir d’enfant.

    En ce samedi après-midi, après avoir parfaitement entretenu ses plates-bandes et ses massifs, Clément s’est installé dans sa chaise longue, au milieu du gazon vert et bien taillé, à droite de l’oranger du Mexique vêtu de fleurs blanches et odorantes en cette saison. Il contemple la façade arrière de sa maison. Il repense au projet de vie qu’il s’est figuré avec sa femme Anna, sept ans auparavant : acquérir un bien puis faire des enfants. Des désirs ordinaires pour des gens de leur âge.

    En ce qui concerne la première étape, les Vertigaux n’ont rencontré aucune difficulté puisque le couple disposait d’une belle épargne et d’un travail stable dans la fonction publique. Ils se sont facilité la tâche en évitant de souscrire un prêt long ou pesant sur leurs revenus. Pour atteindre cet objectif, deux solutions s’offraient à eux : acheter un modeste appartement en centre-ville ou acquérir une maison plus spacieuse, mais à la campagne. D’un commun accord, les Vertigaux ont décidé de s’éloigner de l’hypercentre après avoir ressenti un véritable coup de cœur pour la demeure qu’ils occupent actuellement.

    Elle n’est en définitive que le pendant d’une construction grandiose puisqu’avant d’être scindé en deux, il s’agissait d’un tout, d’une seule et même demeure bourgeoise monumentale. Haute de plus de seize mètres, parée d’une interminable façade en briques foraines rouges, de corniches gracieuses, d’innombrables fenêtres et de lourdes portes en bois, elle s’imposait au village, comme elle impressionnait les passants. Il y avait un puits et un pigeonnier et des arbres centenaires dans le jardin aux allures de parc qui s’étendait à l’Ouest, en direction du bureau de poste. Si l’ensemble était superbe, le coût d’entretien n’était pas en reste. Et comme les propriétaires n’habitaient pas les lieux (une simple résidence de vacances), ils avaient préféré diviser leur demeure en deux maisons mitoyennes de tailles inégales et d’en vendre une partie, la plus petite. Ainsi naquirent le numéro 7 et le 7 bis de l’impasse du couchant.

    Les Vertigaux étaient tous deux dans leur vingt-septième année quand ils paraphèrent l’acte de vente. Les propriétaires avaient choisi de conserver le numéro 7, l’aile droite qui comprenait aussi le garage, le puits, le pigeonnier et surtout l’immense jardin arboré de plusieurs hectares. De leur côté, Anna et Clément étaient satisfaits de leur achat, ravis de posséder, si jeunes, une jolie petite maison bourgeoise en échange de mensualités raisonnables et d’un crédit qui n’excédait pas les douze années. La première étape de leur plan de vie était donc acquise.

    Bien que le couple s’attèle depuis de longs mois à la seconde étape, et comme l’enfant se fait désirer, Clément Vertigaux se dit que puisqu’ils ont bien amorti le crédit, c’est sans doute le moment pour eux d’investir dans une maison spacieuse, celle de leurs rêves, là où naîtront bientôt leurs enfants et là où ils vieilliront ensemble. Il en a distraitement parlé à Anna, un soir. Mais l’idée s’est évaporée dans le vin et sous les draps. Ces derniers temps, le projet refait surface avec force et de façon cyclique.

    Étendu dans sa chaise longue, les mains derrière la nuque, ses grandes jambes musclées dépliées devant lui, Clément Vertigaux songe, à nouveau, à leur future maison parce qu’il faut passer à autre chose, stopper l’obsession croissante qui le gagne de ne pas avoir d’enfant.

    Pourtant, il n’a pas grand-chose à redire de la sienne, si ce n’est une surface habitable et un jardin modeste. Depuis sept ans, il s’enthousiasme devant l’architecture du bâtiment. Et il s’étonne d’en être encore si agréablement surpris. À chaque fois, de façon presque inexplicable, il redécouvre quelque chose sur sa façade ou celle des voisins. Il déniche un charme nouveau, un détail, ou bien alors, il contemple ce qu’il connait déjà, comme ces trois strates de briques qui débordent de la devanture. Une corniche, en somme, qui différencie harmonieusement les étages de l’édifice. Il trouve cela élégant et raffiné, Vertigaux. Il se plait aussi à observer ces ouvertures, rondes comme un œil, situées au niveau des combles. Il aime cette demeure dans son entièreté : sa partie et celle des voisins. Si la façade s’allonge sur quarante-trois mètres, Clément, lui, ne peut prétendre qu’aux seize premiers, car, à compter de cet endroit, une barrière en bois, haute d’un mètre, vient scarifier le jardin. Elle en marque la limite. Des bornes rouges de géomètre, bien ancrées dans le gazon, au ras du sol, sont là pour le lui rappeler inlassablement. Le jardin des Vertigaux, c’est un petit espace vert de moins de cent quatre-vingts mètres carrés.

    Parce qu’il aime tant profiter de l’extérieur (planter, couper, ordonner, embellir, faire des grillades ou simplement se prélasser), Clément Vertigaux peut à loisir s’émerveiller du vaste et splendide jardin d’à côté. Il lui arrive de s’y promener à l’occasion (même si Anna lui défend de le faire). « Quelle importance puisqu’il n’y a personne ! »

    Et c’est bien pour toutes ces raisons, le cachet de cette demeure inhabitée et son jardin fleuri et ombragé tel un parc, que Clément Vertigaux conçoit comme une évidence que son nouveau projet, sa future maison, celle de toute une vie, se trouve devant ses yeux. La solution pour tenir à distance son angoisse de ne pas devenir père se trouve donc là, à portée de main, tout à côté.

    Chapitre 2.

    7 heures. Le réveil s’illumine de bleu. Anna ouvre les yeux, tend la main et appuie sur le bouton rond. Le silence refait surface.

    Anna se lève toujours la première. Clément, lui, se tourne, grogne et enfonce sa tête dans l’oreiller. Il n’est pas très matinal, Vertigaux.

    Anna se dirige vers les toilettes sur la pointe des pieds, la vessie pleine d’un darjeeling qui s’est écoulé en elle, la veille au soir, au fil des pages de l’Adversaire.

    Puis, elle se rend à la salle de bain. On ne l’entend pas. Elle est délicate, gracieuse, féline. Elle s’observe dans le miroir quelques secondes. Autour d’elle, tout est parfaitement calme et apaisé, le village comme la maison. Elle nettoie son visage pur et blanc avec de l’eau micellaire. Puis, elle applique un sérum anti-âge, déjà. Elle est prévoyante. Pendant que la crème s’introduit à travers les pores de sa peau lisse, Anna brosse sa chevelure raide, châtain aux reflets cuivrés. Puis elle ajuste parfaitement sa frange. Elle repousse ensuite son carré derrière ses oreilles (une manie héritée de l’enfance dont on trouve trace sur une photo de maternelle), et l’ovale de son visage lui apparait entièrement. Puis Anna se saisit du mascara et le porte à ses cils. Son regard fragile et nu prend soudain une allure volontaire et séduisante. Elle n’ajoutera aucun autre artifice sur sa peau. Un souffle de parfum parachèvera sa toilette. Puis elle se tourne. Sur la chaise, derrière elle, reposent les vêtements qu’elle a ordonnés la veille. Ainsi, Anna n’entrera pas dans la chambre, ne fouillera pas dans le dressing et ne gênera donc pas son mari. Elle passe sa robe verte parsemée de pois blancs. Une large bande de tissu ceinture sa taille fine.

    Anna aime la mode. Chaque mois (ou presque) elle se rend dans la grande ville, à plus de trente kilomètres de chez elle, et pousse immanquablement la porte de sa boutique préférée qui relève plus de l’atelier que du magasin d’habits tel qu’on a l’habitude de le voir dans un centre commercial. L’enseigne est située dans une petite rue-couloir, venteuse, humide et sombre le plus souvent parce qu’abritée de part et d’autre d’appartements aux minuscules balcons en fer forgé. La devanture de l’échoppe est sculptée dans le bois. La propriétaire, une vieille dame au chignon serré et à la posture droite, l’a fait repeindre d’une nuance vert-de-gris distinguée et mélancolique à la fois.

    L’unique vendeuse, âgée seulement d’une vingtaine d’années, aime passer du temps avec Anna. C’est un réel plaisir de s’occuper d’elle, car tout ici se marie parfaitement à l’apparence très fifties d’Anna. C’est du moins ce que lui répète la jeune femme aux joues délicatement colorées de rose. Et cela tombe bien puisque c’est la marque de fabrique des Années Cinquante.

    Derrière la devanture, les mannequins s’exposent à la vue des passantes. Ce sont là les plus belles robes. L’une se distingue par sa forme en trapèze, bleu nuit, col rond et hanches cintrées, l’autre par son tissu en tweed, manches trois quarts, vertes et rouges à carreaux, ornée de trois gros boutons crème à l’avant. Plus loin, discrète dans un coin, l’élégance parade dans une robe sombre, ouverte en forme de goutte d’eau au niveau de la poitrine, qu’une pression clôture au niveau du col.

    Les Années Cinquante, ce sont aussi des chapeaux, des jupes ou des chemisiers. L’espace réduit foisonne. On y trouve de petits à-côtés raffinés comme des rubans, des gants ou des bandeaux. Anna en possède un, vert sapin qu’elle porte à l’occasion au-dessus de sa frange.

    7 h 25. Anna prépare un thé dans la cuisine. Elle le choisit, selon son humeur, parmi les différentes boites cylindriques échelonnées sur une étagère. Elle ouvre, elle hume, elle ferme les yeux. Le thé représente pour elle une passion qui s’est installée avec le temps, tout comme s’est affiné son palais : du thé noir au thé blanc. Elle se sert dans une boutique qui ne propose que des feuilles de grande qualité importées du Japon, de Chine, d’Afrique ou du Népal. Aujourd’hui, ce sera un oolong de Dharamsala.

    Puis, elle grille du pain pour son mari. Une attention quotidienne qui ne traduit que son amour. En aucun cas, il ne s’agit d’une quelconque soumission. Anna est une femme de caractère, libre et moderne.

    Quelques minutes plus tard, Clément la rejoint. En pyjama ou en caleçon selon la saison. En caleçon donc en ce mois de juin. Il embrasse Anna dans le cou, sent son parfum discret. Il saisit une large tranche de pain de campagne, étale le beurre qu’il rehausse d’une épaisse couche de confiture. Il veille à ce que rien ne déborde. Puis, comme chaque jour, il insère une dosette dans la machine, appuie sur le bouton rond et regarde s’écouler le filet de café.

    Ce matin-là, Clément Vertigaux reste debout plutôt qu’assis, serrant sa tasse brûlante entre ses gros doigts. Le corps incliné, l’épaule adossée à la fenêtre, il entrevoit une partie du vaste jardin d’à côté. La glycine violet pâle s’allonge contre la façade de briques rouges des voisins pour s’arrêter juste avant la barrière en bois qui sépare les deux propriétés. Au pied de cette plante aux grappes spectaculaires s’épanouit un parterre multicolore composé d’ancolies, de capucines et de giroflées. Plus loin, Clément aperçoit les bougainvilliers flamboyants qui, pour s’élancer vers le ciel, se sont greffés au grillage qui clôt la parcelle par l’arrière, mais que l’on ne distingue plus désormais parce que des végétaux de toutes espèces, cadencés et ordonnés sur une centaine de mètres de longueur, l’ont recouvert. Et c’est encore bien plus beau que cela. Il le sait, Vertigaux. C’est un paradis qui se niche en ces terres. Depuis sa place, il ne le voit pas, mais il peut l’imaginer sans effort puisqu’il s’y est déjà rendu à maintes reprises.

    Clément se tourne. Il détaille le visage de sa femme. Lui ressemblera-t-elle ? S’ils ont une fille, lui ressemblera-t-elle ? Il aimerait qu’il en soit ainsi. 

    La tasse est vide. Il la dépose dans l’évier et monte s’habiller. Un jean ou un pantalon chino, une chemise ou un polo à col rond. Une noix de gel l’aide à discipliner ses cheveux rebelles. Sa coupe prend forme. Une raie sur le côté et du volume sur le dessus. Mais, rien à faire, il y a toujours une mèche récalcitrante qui retombe devant ses yeux.

    8 h 15, les Vertigaux s’embrassent sur le perron, devant la porte d’entrée, en haut des marches face à l’immense façade qui unit les deux maisons. Clément appellera Anna à 13 h 30.

    Chapitre 3.

    Durant le trajet qui le mène à son lieu de travail, à mesure que défilent les champs de colza, de maïs, de blé ou de tournesol selon une rotation annuelle, Clément Vertigaux repense à sa maison, à son jardin, et il se dit qu’ils ont eu raison d’acheter à la campagne. La vie y est plus saine et l’immobilier beaucoup plus abordable depuis la hausse spectaculaire des prix dans les années deux mille. Sur le bord des chemins, au long des routes étroites et bosselées, des chevaux paissent. À son passage vrombissant, l’un d’eux relève la tête. Clément le regarde puis détourne son attention vers les vallons agricoles, à l’arrière-plan.

    On a eu de la chance.

    Cette maison à vendre alors qu’ils commençaient à peine à chercher avait été plus qu’une aubaine. Sans vouloir tomber dans la superstition, on aurait pu croire que tout avait été décidé à l’avance. Elle leur tendait les bras. Dans la voiture, au sortir de la visite, les Vertigaux avaient arrêté leur choix dans un enthousiasme partagé. Une évidence. C’est vrai qu’ils n’auraient pas trouvé plus à leur goût en respectant le budget qu’ils s’étaient fixés. À ce moment-là. Il y a sept ans.

    Depuis, les ambitions de Clément Vertigaux ont évolué. Il n’avait pas prévu de se pencher sur cette question maintenant, car il pensait, il y a presque un an en arrière, qu’il serait père et qu’il aurait donc bien d’autres choses à faire. Mais puisque l’enfant ne se décidait pas à venir, et pour éloigner cette pensée, il était temps, pour lui, de passer à autre chose. Pourquoi ne pas imaginer plus grand ? Pourquoi ne pas acheter un vaste terrain pour y construire une maison d’envergure qui satisfera aux trente ans à venir ? Clément Vertigaux n’y gagnerait rien sur le plan esthétique, puisque ses goûts penchaient vers l’ancien, mais en matière de confort, grâce aux technologies modernes, il n’y aurait pas d’équivalents. Ou bien alors, pourquoi ne pas investir dans une vieille demeure en piteux état pour une somme modique ? Il paierait des ouvriers pour tout réhabiliter, ce qui lui permettrait de mêler avec élégance l’ancien et le moderne. Oui, pourquoi pas ?

    Autour de lui, les habitations se font plus denses, les parcelles plus étriquées, plus proches aussi depuis quelques minutes. Les voitures ralentissent. Clément Vertigaux remonte sa vitre et enclenche la climatisation. Trop tard, les odeurs de gasoil se sont introduites dans l’habitacle rutilant.

    Pour notre enfant, ce serait mieux une maison plus spacieuse. Elle aura une grande chambre pour elle seule avec une bibliothèque, des poufs, des étoiles au plafond et des murs gris clair pailletés.

    Il la voit déjà la chambre de sa petite fille.

    Nous profiterons d’un immense jardin. Elle pourra courir et s’épanouir. Je lui construirai une cabane dans laquelle on s’inventera des histoires. On coupera des roses pour sa mère et on lui offrira un bouquet chaque samedi midi.

    Bon sang, il aimerait ça.

    Rien ne presse, c’est vrai. Anna n’est pas encore enceinte. Mais le temps passe vite et l’on pourrait rater une bonne affaire. Il faut s’y atteler dès maintenant.

    La solution serait simple pourtant si cette fichue maison était à vendre ! Clément râle en tapotant du bout des doigts le haut du volant.

    Aussitôt, la recherche d’un autre bien renaît dans son esprit.

    Soyons pragmatiques. Quel style souhaiterais-tu ? De l’ancien, avec du cachet ! Quel secteur ? Ce village nous convient tout à fait, mais ça limite beaucoup le choix, alors disons quelque part dans un rayon de dix kilomètres. Quelle surface ? Bien plus grand, bien sûr. Quitte à changer, autant que cela se ressente. Quel type de jardin ? Trouvera-t-on plus beau que celui d’à côté ? La question ne se pose pas !

    Il regrette d’imaginer qu’il pourrait s’agir d’une autre maison que celle des voisins. Elle est magnifique. Il n’y a rien à redire. C’est celle-là qu’il lui faut ! Il ne pense pas qu’à lui et à son plaisir de jardiner. Il n’est pas égoïste, Vertigaux. Il considère aussi sa femme. Elle qui adore la décoration et l’aménagement d’intérieur, elle serait servie. Et puis, bien sûr, il y a sa petite fille qu’il attend avec impatience.

    Laisse tomber cette idée ! Elle n’est pas à vendre. Et ce serait beaucoup trop cher…

    … Mais pourquoi ne pas tenter le coup ? Cette maison serait parfaite ! Elle n’est pas à vendre d’accord, mais, enfin, il n’y a personne depuis sept ans ! Elle se détériore chaque jour et puis elle a peut-être perdu de sa valeur, qui sait ? Elle n’est sans doute pas aussi chère que tu l’imagines. Comment les propriétaires pourraient-ils refuser la vente ? Mets-toi à leur place deux minutes Clément ! Même en faisant une offre inférieure à leurs attentes, ils étudieront la proposition de près. Et il n’y a aucune raison pour qu’ils la rejettent puisqu’ils n’en font rien de cette maison ! Elle n’est pour eux qu’une source d’ennuis et de dépenses. Tout le monde a besoin d’argent. C’est sur ce point qu’il faut agir. Là que le bât blesse.

    Décidément, il doit en reparler à Anna. Et cette fois-ci, ils examineront le projet avec sérieux. Pour l’occasion, il préparera un bon repas et choisira un vin de qualité à la cave, car nous sommes jeudi et le jeudi elle rentre tard du lycée. Anna assure un cours jusqu’à 18 h. Si l’on ajoute à cela le temps de parcourir les trente-quatre

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