100 Chroniques de guerre économique: 15 ans de veille et d'intelligence économique
Par Guy Gweth
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À propos de ce livre électronique
Ce livre prend le train en 2007 et rend compte des stratégies, tactiques et opérations, feutrées ou violentes, qui opposent ou rapprochent les forces en présence. États, entreprises, religieux, humanitaires, criminels... chacun tente de rafler et/ou de conserver un morceau du « gâteau africain » au détriment des concurrents, voire des populations locales, des normes internationales ou de l'éthique.
Les 100 chroniques publiées dans cet ouvrage ont été éditées et/ou diffusées dans plusieurs médias, dont Africa 24, Agence Ecofin, Investir au Cameroun, Financial Afrik, Ecodafrik, Forbes Afrique, Jeune Afrique, La Tribune Afrique, Le Point Afrique, Les Afriques, Radio France Internationale, L'Économiste, Industrie du Maroc, Africa Diligence, etc.
Guy Gweth
Ancien de l'École de guerre économique de Paris, où il a été enseignant, lauréat de l'Executive Doctorate in Public Affairs de Paris Dauphine-PSL, entre autres, Guy Gweth dirige le programme Business in Africa à CentraleSupélec et EMLyon Business School depuis 2012. Expert en intelligence stratégique, due diligence et affaires publiques, il préside le Centre Africain de Veille et d'Intelligence Économique (CAVIE).
En savoir plus sur Guy Gweth
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Avis sur 100 Chroniques de guerre économique
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Aperçu du livre
100 Chroniques de guerre économique - Guy Gweth
REMERCIEMENTS
Lorsqu'en 2007, j'ai commencé à rédiger des chroniques de veille et d'intelligence stratégique sur l'Afrique, le continent était souvent perçu comme un terrain vague économique, malgré une croissance de 5% en moyenne sur la décennie écoulée. Les affrontements économiques, bien que réels, étaient peu médiatisés et les lecteurs intéressés par ces sujets étaient encore peu nombreux.
À cette époque, les médias panafricains tels que nous les connaissons aujourd'hui étaient encore embryonnaires. Si Les Afriques
se distinguait déjà par une couverture approfondie des questions financières et une ouverture à l'intelligence économique, d'autres titres émettant en français comme CCTV Afrique
, Forbes Afrique
, Le Point Afrique
, Le Monde Afrique
ou La Tribune Afrique
n'existaient pas encore.
C'est dans ce contexte que j'ai trouvé ma place au sein de la rédaction des Afriques
, où j'ai pu développer et approfondir mon analyse de la guerre économique en Afrique. Les chroniques rassemblées dans cet ouvrage n'auraient jamais pu toucher un public aussi large sans l'ouverture d'esprit, le courage et le soutien exceptionnels de personnalités telles que Dominique Flaux (Les Afriques/Agence Ecofin / Investir au Cameroun).
Je tiens également à exprimer ma gratitude à Adama Wade (Financial Afrik), David Beylard (Africommodities), Thierry Téné (Afrique RSE), Paul Yange (Grioo), Serge Tchaha de regrettée mémoire (Forbes Afrique) et Hicham Rahioui (Industrie du Maroc), qui ont tous contribué à diffuser et à enrichir mes réflexions sur la guerre économique en Afrique.
Je remercie également tous les autres médias qui ont publié mes chroniques, ainsi que les nombreux lecteurs qui ont suivi et commenté mon travail au fil des années. Leurs encouragements et leurs critiques ont été une source de motivation constante.
Enfin, et surtout, je tiens à remercier ma famille, qui a dû supporter mes absences répétées, notamment les week-ends, lorsque j'étais absorbé par la rédaction de mes chroniques. Leur amour, leur patience et leur compréhension ont été un soutien inestimable. C'est à eux que je dédie ce recueil d’articles, qui est aussi un peu le leur.
Ce livre doit beaucoup à toutes ces personnes.
PREFACE¹
Guy Gweth aggrave son cas.
Non content d’avoir très récemment produit l’un des textes les plus éclairants sur la diplomatie économique en Afrique² , le fondateur du cabinet Knowdys récidive en commettant un ouvrage simplement immense consacré à la guerre économique sur le continent noir.
Au contraire des guerres classiques, les guerres économiques sont souvent peu médiatisées. Cela est dû au fait que les affrontements économiques sont par excellence le lieu du secret, de la ruse, du bluff, du mensonge, des promesses, des opérations de charme, de la diplomatie, mais également des menaces, des chantages, bref, de la violence pure. L’ouvrage de Guy Gweth met à jour et dissèque tout cela. Avec méthode et précision.
À travers 70 chroniques, toutes actualisées, qui sont organisées en 7 parties (économie et finance ; géopolitique et géoéconomie ; stratégies et oppositions ; matières premières ; influence et lobbying ; guerre par/de l’information ; intelligence économique et stratégique), Guy Gweth dresse un tableau complet de l’état de la guerre économique en Afrique, de ses perspectives ainsi que des actions pertinentes qu’il serait opportun d’entreprendre.
L’ouvrage rencontrera l’intérêt d’un large public.
Au premier plan figure la jeunesse africaine. Elle trouvera dans ce livre les clés de lecture de son présent qui lui donneront les meilleurs moyens de forger efficacement son avenir. Car la première des conditions du succès de l’action émancipatrice de la jeunesse africaine réside indiscutablement dans son information et sa prise de conscience de l’état de guerre (économique, scientifique, technologique, militaire, culturel, sociétal…) de plus en plus exacerbée dans lequel se meuvent les différents blocs d’États-nations. De ce point de vue, l’ouvrage de Guy Gweth devrait être le livre de chevet de chaque jeune (et moins jeune) Africain.
Un deuxième public important de l’ouvrage de Guy Gweth est celui des dirigeants politiques africains. À commencer par ceux qui sont au pouvoir et qui ont la charge extrêmement lourde et délicate de conduire les destinées de l’Afrique à travers les nombreux méandres et pièges, naturels ou provoqués par des acteurs éminemment stratèges. Les chefs d’État et de gouvernement, les gouvernements et leurs conseillers sont des destinataires centraux de l’ouvrage, d’autant plus qu’au-delà d’un panorama exhaustif de l’état de la guerre économique en Afrique, l’ouvrage de Guy Gweth propose plusieurs voies de réponses concrètes et pertinentes. Les dirigeants politiques africains qui ne sont pas actuellement au pouvoir mais qui aspirent à y accéder sont également destinataires de cet ouvrage, autant, sinon peut-être même davantage que les dirigeants politiques au pouvoir. En effet, ces dirigeants politiques qui ne sont pas encore au pouvoir auront toute la latitude et tout le temps de prendre appui sur l’ouvrage pour bâtir ou affiner leurs stratégies de guerre économique.
Les décideurs économiques africains sont un troisième public qui trouvera dans cet ouvrage les éléments de diagnostics et les recommandations leur permettant de faire face aux menaces et d’exploiter les ressorts de la veille et de l’intelligence économiques et stratégiques.
Un quatrième public de l’ouvrage de Guy Gweth est celui de la haute administration africaine (magistrature, armée, police, santé, douane…) qui a la redoutable et complexe charge de veiller à la consolidation de l’état de droit, à la sécurité des biens et des personnes, à la sûreté et à la préservation des intérêts économiques de l’Afrique. Ce public trouvera dans l’ouvrage de Guy Gweth des éléments précieux pour renforcer ses connaissances et s’armer cognitivement et intellectuellement en vue de mieux faire face à sa mission.
Enfin, au-delà des Africains eux-mêmes, l’ouvrage constitue une mine d’informations pour un cinquième public, les acteurs étrangers intéressés par l’Afrique, aussi bien les États (grands ou petits ; vieilles puissances ou pays émergents) que les investisseurs privés.
Selon les experts du cabinet Knowdys, 60% des pays non africains dans le monde auraient une stratégie africaine assumée au 1er mars 2015. Ce chiffre devrait dépasser les 80% d’ici 2020.
Coca-Cola, Nestlé, L’Oréal, Carrefour, China Telecom, Bank of America, PwC, Rio Tinto, Glencore-Xtrata, etc. : de plus en plus nombreuses sont les entreprises multinationales qui ont désormais inscrit l’Afrique au cœur de leur agenda stratégique. Selon toutes les projections, cette attractivité de l’Afrique pour le reste du monde ira crescendo dans les prochaines années.
C’est dire que l’ouvrage de Guy Gweth arrive à son heure. L’auteur nous a habitués à être un précurseur. Ne le freinons surtout pas !
Et plongeons-nous au plus vite dans la lecture d’un texte passionnant, informatif et riche. Et méditons particulièrement la conclusion de l’ouvrage.
Ababacar Mbengue
HEC PhD, Agrégé en Sciences de gestion
¹ Préface de 2015 in 70 Chroniques de guerre économique
² Maroc-Afrique, ils ont trahi le Roi, BOD, 2015
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
PREFACE
INTRODUCTION
PREAMBULE
FONDEMENTS ET ENJEUX DE LA GUERRE ÉCONOMIQUE AFRICAINE
ACTEURS ET STRATÉGIES DE L'INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE
COMPETITIVITE ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
GÉOPOLITIQUE ET GÉOÉCONOMIE DU CONTINENT AFRICAIN
STRATÉGIES ET TACTIQUES DE GUERRE ÉCONOMIQUE
DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE ET NOUVEL ORDRE MONDIAL
MATIÈRES PREMIÈRES : ENJEUX STRATÉGIQUES ET EXPLOITATION
FINANCE, INVESTISSEMENT ET DÉVELOPPEMENT
INFLUENCE, LOBBYING ET GUERRE PSYCHOLOGIQUE
GUERRE DE L'INFORMATION, CYBERSÉCURITÉ ET INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE APPLIQUÉE
CONCLUSION
INTRODUCTION
"La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante." Cette citation de Mao Tsé-Toung, qui a longtemps résonné dans les couloirs du pouvoir, trouve une résonance particulière dans le champ économique africain contemporain. La guerre économique, version moderne et sophistiquée de l'affrontement pour la puissance, se déroule désormais sur le continent africain avec une intensité croissante. États, entreprises, organisations internationales, institutions financières, médias, groupes religieux, organisations criminelles et même associations humanitaires sont autant d'acteurs engagés dans cette lutte pour l'influence, les ressources et les parts de marché.
L'Afrique, malgré l'attractivité et l'effervescence médiatique dont elle fait l'objet depuis quelques années, reste méconnue d'une grande partie des investisseurs. L'image qu'ils en ont est souvent faite de clichés tenaces, peuplée de représentations de conflits, de famines, de terrorisme et de pandémies. Ces images, bien que parfois justifiées par des réalités locales, occultent la diversité et le potentiel du continent. Elles détournent de nombreux investisseurs potentiels, laissant le champ libre à ceux qui sont prêts à naviguer dans les eaux troubles de la guerre économique.
Pour ces acteurs avertis, l'Afrique est perçue comme un terrain de jeu où tous les coups sont permis, un espace de non-droit où la corruption et les pratiques opaques sont monnaie courante. Cette vision, bien que caricaturale, reflète une réalité complexe où les intérêts économiques se mêlent aux enjeux politiques et sociaux. Les transactions sont menées comme de véritables batailles, où la loi du plus fort prévaut.
Rédigés sur une période de 18 ans (2007 - 2025) et publiés dans divers médias internationaux de renom, tels que « Agence Ecofin », « Financial Afrik », « Forbes Afrique », « Investir en Afrique », « Jeune Afrique », « Le Point Afrique » et bien d'autres, les 100 chroniques présentées dans cet ouvrage sont regroupés en 10 parties thématiques mises à jour au regard de la précédente édition. Elles offrent un éclairage précieux sur les stratégies, les tactiques et les opérations, souvent discrètes, parfois violentes, qui caractérisent la guerre économique en Afrique.
La première partie de cet ouvrage pose les fondements de la guerre économique en Afrique. Elle explore les concepts clés, les acteurs en présence et les enjeux spécifiques du continent. Elle met en lumière les dynamiques de pouvoir et les rapports de force anciens et nouveaux qui façonnent l'économie africaine à travers les alliances et oppositions des parties prenantes.
La deuxième partie se concentre sur l'intelligence économique, outil essentiel de la guerre économique. Elle examine les acteurs et les stratégies de l'intelligence économique en Afrique, ainsi que son rôle dans la compétitivité des entreprises et des États.
La troisième partie aborde les enjeux de la compétitivité et du développement économique en Afrique. Elle analyse les défis auxquels le continent est confronté et les stratégies à mettre en œuvre pour assurer un développement durable et inclusif.
La quatrième partie est consacrée à la géopolitique et à la géoéconomie de l'Afrique. Elle examine les stratégies des puissances mondiales sur le continent, les crises émergentes et les enjeux liés à la gestion des ressources naturelles.
La cinquième partie explore les stratégies et les tactiques de la guerre économique en Afrique. Elle met en lumière les différentes formes de guerre économique, les outils utilisés et les impacts sur les acteurs locaux.
La sixième partie traite de la diplomatie économique et des relations internationales de l'Afrique. Elle analyse les défis de la diplomatie économique africaine, les alliances stratégiques et les enjeux liés au nouvel ordre mondial.
La septième partie se penche sur les matières premières, enjeu stratégique majeur pour l'Afrique. Elle examine les défis liés à l'exploitation des ressources naturelles, les conflits potentiels et les stratégies pour une gestion durable.
La huitième partie explore les liens entre finance, investissement et développement en Afrique. Elle analyse les différentes formes de financement, les risques associés et les stratégies pour un développement économique inclusif.
La neuvième partie se concentre sur l'influence, le lobbying et la guerre psychologique en Afrique. Elle examine les outils utilisés pour influencer les opinions et les comportements, ainsi que les stratégies de lobbying mises en œuvre par les différents acteurs.
La dixième partie aborde les enjeux de la guerre de l'information, de la cybersécurité et de l'intelligence économique appliquée. Elle met en lumière les menaces liées à la cybercriminalité, les stratégies de protection et les applications concrètes de l'intelligence économique dans différents domaines.
Cet ouvrage, fruit d’actions de veille et d'analyse, offre une contribution majeure à la compréhension de la guerre économique en Afrique. Il constitue un outil essentiel pour les chercheurs, les décideurs, les investisseurs et tous ceux qui s'intéressent aux enjeux économiques, politiques et sociaux du continent africain.
PREAMBULE
En préambule à cette édition de "100 Chroniques de Guerre Économique", il est essentiel de rappeler le contexte qui a vu naître cet ouvrage et qui demeure toujours d'actualité. Depuis le début des années 2000, l'Afrique a connu une croissance économique soutenue, suscitant un intérêt croissant de la part des acteurs économiques mondiaux. Cette dynamique a entraîné une compétition exacerbée pour l'accès aux ressources, aux marchés et aux opportunités du continent.
La guerre économique en Afrique, concept central de cet ouvrage, se manifeste à travers des stratégies, des tactiques et des opérations parfois feutrées, parfois violentes, qui opposent ou rapprochent les États, les entreprises, les organisations religieuses, humanitaires, criminelles, etc. Chacun de ces acteurs tente de défendre ses intérêts et d'accroître son influence sur le continent, souvent au détriment des populations locales, des normes internationales ou de l'éthique.
Les 100 chroniques rassemblées dans cet ouvrage témoignent de cette réalité complexe et multiforme. Elles offrent un éclairage précieux sur les enjeux économiques, politiques et sociaux de l'Afrique contemporaine, en mettant en lumière les stratégies et les actions des différents acteurs en présence. Ces chroniques, issues de sources médiatiques variées et reconnues, permettent de mieux comprendre les dynamiques à l'œuvre sur le continent africain et les défis auxquels il est confronté.
Cette édition enrichie de 30 nouvelles chroniques vient compléter et actualiser l'ouvrage initial, offrant une perspective encore plus large et approfondie sur la guerre économique en Afrique. Les nouvelles chroniques abordent des thèmes variés, tels que l'impact de la crise ukrainienne sur la compétitivité de l'Afrique, les enjeux liés à l'intelligence artificielle, ou encore les nouvelles formes de criminalité économique.
Nous sommes convaincus que cet ouvrage constitue un outil indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique et à son développement économique. Il offre une analyse rigoureuse et accessible des enjeux de la guerre économique sur le continent, et permet de mieux comprendre les défis et les opportunités qui se présentent pour l'Afrique dans les années à venir.
En espérant que cette nouvelle édition de 100 Chroniques de Guerre Économique
contribuera à éclairer les enjeux de la guerre économique en Afrique et à susciter une réflexion approfondie sur les stratégies à mettre en œuvre pour un développement économique durable et équitable pour tous.
01
FONDEMENTS ET ENJEUX DE LA GUERRE
ÉCONOMIQUE AFRICAINE
cette partie pose les bases de la compréhension de la guerre économique en Afrique. Elle explore les concepts clés tels que le "triptyque hard , smart et soft power ", la culture stratégique africaine et la notion de l'Afrique comme champ de bataille économique. Les chroniques regroupées ici mettent également le doigt sur des cas spécifiques de guerre économique intra-africaine, comme le conflit entre le Rwanda et la RDC, ainsi que l’incroyable guerre économique menée par l'Alliance des États du Sahel contre les anciennes puissances coloniales.
L'Afrique à l'heure de la puissance :
le triptyque hard, smart et soft power
³
L'Afrique est à un tournant de son histoire. Longtemps perçue comme un continent fragile et dépendant, elle aspire désormais à jouer un rôle majeur sur la scène internationale. Pour y parvenir, elle doit impérativement maîtriser les outils de la puissance, qu'ils soient durs (hard power), intelligents (smart power) ou doux (soft power).
Dans le cadre de la Consultation nationale #Puissance237⁴, nous avons mis en lumière la nécessité pour le Cameroun, et par extension pour l'Afrique, de développer une stratégie de puissance régionale. Il ne s'agit pas seulement de renforcer des économies ou des armées nationales, mais aussi de promouvoir leurs cultures, valeurs et idées.
Le hard power y est vu comme la capacité d'un pays à influencer les autres par la force militaire, économique ou technologique. L'Afrique doit investir dans ces domaines pour assurer sa sécurité et défendre ses intérêts. Mais la puissance ne se limite pas à la force brute.
Le soft power y est appréhendé comme la capacité à influencer par l'attractivité culturelle, les valeurs et les idées. L'Afrique possède un immense potentiel de soft power, avec sa richesse culturelle, sa solidarité et son dynamisme démographique.
Le smart power y est conçu comme la combinaison intelligente du hard power et du soft power. C'est en combinant ces deux approches que l'Afrique pourra maximiser son influence et faire entendre sa voix dans le concert des nations.
La presse, quant à elle, joue un rôle essentiel dans cette stratégie de puissance. Elle doit être libre, professionnelle et consciente de son rôle de quatrième pouvoir. Une presse de qualité est indispensable pour informer les citoyens, stimuler le débat public et renforcer la démocratie.
La veille et l'intelligence économique sont également des outils indispensables. Elles permettent d'anticiper les changements, d'identifier les menaces et les opportunités, et de prendre les décisions éclairées.
La construction d'une stratégie de puissance ne se fait pas sans obstacles. Il peut y avoir des résistances au changement, des intérêts particuliers à défendre, des difficultés à mettre en œuvre les politiques publiques. Mais avec une volonté politique forte, une vision claire et une approche inclusive, l'Afrique peut surmonter ces défis et prendre sa place dans le monde.
La Consultation nationale #Puissance237 est une étape importante dans cette direction. Elle vise à impliquer toutes les parties prenantes, du secteur privé à la société civile, dans la construction d'une stratégie de puissance pour le Cameroun.
³ Paru le 11 mars 2024 dans le Bulletin d’information du CAVIE
⁴ Projet visant à doter le Cameroun d’une stratégie de puissance régionale.
La culture stratégique africaine
⁵
Il n’est quasiment plus de secteur d’activité professionnelle où le terme « stratégie » n’est utilisé sous des formes et des prétextes divers et variés. Une telle inflation sémantique, source de confusion, mérite qu’on s’y attarde d’entrée de jeu, car à l’origine, la stratégie est un terme du langage militaire.
Définitions et extensions du mot « stratégie »
Issue du grec stratos qui signifie « armée », et ageîn qui veut dire « conduire », la stratégie est un art qui vise à coordonner l’action de l’ensemble des forces de la nation (militaires, politiques, financières... etc.) en vue de mener une guerre au sens militaire ou de gérer une crise majeure.
Par extension, la stratégie désigne l’élaboration d’une politique définie en fonction de ses forces et de ses faiblesses, compte tenu des menaces et des opportunités dans des domaines autres que celui de la défense au sens militaire du terme.
On peut alors parler de stratégie politique ou économique, de stratégie de communication ou de développement. Ses déclinaisons s’articulent autour de trois niveaux : la phase stratégique proprement dite au sommet, la phase tactique au niveau intermédiaire et la phase opérationnelle sur le terrain.
L’absence de référence à la stratégie africaine
Avec près de 60 % de l’élite dirigeante (dans la tranche des 45-65 ans) formée en Europe et aux États-Unis, les décideurs africains semblent avoir oublié qu’il existe une pensée stratégique africaine millénaire. Cette ignorance, voire ce déni de culture stratégique propre au contexte africain, expliquent au moins pour partie la tragédie afro-kafkaïenne du héros de Cheikh Hamidou Kane [1] dans l’aventure ambiguë de la mondialisation.
Nos investigations auprès de 30 écoles supérieures africaines (universités, écoles de commerce et centres de formation militaire confondus) parmi les plus populaires chez les 20-25 ans montraient, fin novembre 2009, une absence complète de référence à la stratégie africaine dans les programmes éducatifs. Après Carl von Clausewitz, c’est Sun Tzu [2] qui fait une timide entrée dans les conférences depuis bientôt 10 ans !
Et pourtant en 1620, le Roi Kuba - Sa Majesté Shamba Balongombo - se fit sculpter pour la postérité, l’Awélé (jeu de stratégie africaine) pour attester de la sacralité [3]. En 2010, ce sont les jeux d’échecs et de go qui meublent les salons des décideurs africains. Heureusement, dans certaines contrées comme en RDC où il est appelé Kisolo ya mungu « Jeu de Dieu », l’Awélé reste pratiqué lors de soirées festives comme le nouvel an cyngalais ou lors de veillées mortuaires pour défier les ombres de la mort.
Ce qu’il y a de plus remarquable dans l’Awélé, c’est le caractère cyclique [4] de la circulation des graines. Il y a 12 cases à jouer comme il y a 12 mois dans l’année. L’échange de richesses, de potentiel, est généré par le passage régulier des graines, d’un camp à l’autre.
Ce principe fondamental diffère de l’approche occidentale dominante qui oppose presque toujours deux camps avec pour objectif de se détruire comme on le voit au jeu d’échecs...
Ainsi Luttwak considère-t-il que la guerre mène à la paix quand elle permet la victoire totale d’un camp sur l’autre, ou « par suite d’épuisement complet des combattants ou parce que les objectifs respectifs dont l’incompatibilité a donné lieu à la guerre se sont transformés sous l’effet de la guerre elle-même. » [5].
En revanche, l’approche africaine s’accommode, à bien des égards, de la conception asiatique de Sun Tzu selon laquelle, « notre invincibilité dépend de nous, la vulnérabilité de l’ennemi, de lui. » [6] Le joueur d’Awélé sème pour récolter, nourrissant l’adversaire tout en l’absorbant. « L’accumulation d’un potentiel de graines, initialement en partage, a pour effet de restreindre la part de l’autre, dont la marge de manœuvre s’amenuise jusqu’à ce qu’il soit acculé à subir les décisions du même. » [7] La finesse tactique réside dans les freins et accélérations des gains et des prises.
La résistance aux programmes informatiques occidentaux
Disqualifier la pensée stratégique africaine au motif qu’elle est orale, c’est la sempiternelle excuse des théoriciens qui ne comprennent que le langage de l’écrit, le moyen le plus sûr d’échapper à l’éclairage absolument original des peuples premiers subsahariens dans le champ de la stratégie.
En Afrique noire, les grands stratèges d’Awélé restent les Anciens, ces êtres forgés dans le moule des traditions ancestrales et relativement préservés de l’influence extérieure alors qu’ils sont ouverts au monde. Les langues étrangères leur sont certes inconnues. Pourtant leur incroyable capacité à donner et à prendre, ainsi que leur redoutable esprit mathématique [8] continuent de résister aux programmes informatiques occidentaux [9].
D’après Jean Retchitzki qui a mené une étude sur les processus intellectuels et cognitifs des joueurs d’Awélé en Côte d’Ivoire, « aucun livre développant les stratégies et les tactiques n’a été diffusé en Afrique. L’absence de pédagogie organisée rend d’autant plus stupéfiante la capacité de certains joueurs à atteindre un niveau d’expertise qui témoigne de capacités cognitives et intellectuelles étonnantes... » [10]
En somme, il y a dans l’Awélé comme dans certains contes, proverbes et rites initiatiques africains, de redoutables principes de stratégie et d’éthique qui, s’ils étaient structurés et appliqués, permettraient à l’Afrique de décoller à la manière des Dragons asiatiques ; d’autant que dans sa conception traditionnelle, le village africain préfigurait le village planétaire des temps modernes.
[1] Cheikh Hamidou Kane. L’aventure ambiguë, Julliard -10/18, Paris, 2003.
[2] Sun Tzu. L’art de la guerre, Flammarion, Paris, 1999.
[3] Pascal Reysset et François Pingaud. Awélé, le jeu des semailles africaines, Chiron, Saint Quentin-en-Yvelines, 1993.
[4] Bikoro Engonga. Cosmologie Bantou, Revue Muntu n°6, Présence africaine, Paris, 1987.
[5] Edward Luttwak. Le paradoxe de la stratégie, Odile Jacob, Paris, 1989.
[6] Pierre Fayard. Comprendre et appliquer Sun Tzu, Dunod, Paris, 2004.
[7] Idem.
[8] Michel Mizoni. Les jeux stratégiques camerounais et leurs aspects mathématiques, Annales de la Faculté du Cameroun, n°5, Yaoundé, 1971.
[9] André Deledicq et Assia Popova, Wari et Solo. Le jeu de calculs africain, Cedic, Paris, 1987.
[10] Jean Retschitzki. Stratégie des joueurs de l’Awélé, L’ Harmattan, Paris, 1993.
⁵ Paru le 10 février 2010 in Grioo.
L'Afrique, un champ de bataille
économique où l'intelligence est
l'arme absolue
L'Afrique, continent aux mille promesses, est aussi un champ de bataille économique où les acteurs rivalisent pour le contrôle de ses ressources et de ses marchés. Multinationales, États, organisations, tous sont engagés dans une guerre larvée où l'intelligence économique (IE) est l'arme ultime.
Dans un environnement concurrentiel mondialisé, les entreprises africaines sont confrontées à des défis majeurs : concurrence accrue, pressions sur les prix, mutations technologiques, etc. L'IE leur permet de mieux comprendre les dynamiques du marché, d'anticiper les mouvements de la concurrence, de détecter les opportunités et de se protéger contre les menaces. Elle est un enjeu de survie pour elles.
L'IE est également un outil puissant pour les États africains. Elle leur permet de mieux gérer leurs ressources naturelles, de renforcer leur compétitivité, d'attirer les investisseurs, de développer des industries stratégiques et de peser sur la scène internationale. Elle est un levier essentiel de développement économique et de souveraineté.
La guerre économique en Afrique se manifeste de différentes manières. L'accaparement des ressources naturelles est une pratique courante, où les acteurs étrangers cherchent à contrôler les matières premières (minerais, pétrole, gaz, etc.) dont l'Afrique regorge, souvent au détriment des populations locales et de l'environnement.
La concurrence déloyale est également un problème majeur, avec certaines entreprises étrangères qui utilisent des pratiques illégales (corruption, dumping, etc.) pour évincer les entreprises africaines et s'emparer de leurs marchés. L'espionnage industriel est une autre forme de guerre économique, où les entreprises et les États cherchent à obtenir des informations confidentielles sur les technologies, les stratégies et les marchés de leurs concurrents.
Les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes, visant les infrastructures critiques, les entreprises et les administrations pour voler des données, perturber les activités ou extorquer de l'argent. Enfin, la manipulation de l'information est une arme puissante, avec la désinformation, les fausses nouvelles et les campagnes de dénigrement utilisées pour influencer l'opinion publique, déstabiliser les gouvernements ou nuire à l'image de certains acteurs.
L'Afrique est un continent riche en potentiel, mais aussi exposé aux convoitises. L'IE est un outil indispensable pour permettre aux entreprises et aux États africains de tirer leur épingle du jeu dans cette compétition mondiale
Le continent présente un terrain de jeu complexe pour l'IE. L'accès à l'information est souvent difficile, les réseaux d'influence sont opaques et la culture de la confidentialité est forte. Dans ce contexte, le renseignement humain, la connaissance du terrain et la capacité à décrypter les signaux faibles sont essentiels.
Le Centre africain de veille et d'intelligence économique (CAVIE) est un acteur clé de l'IE en Afrique. Il forme les professionnels, sensibilise les décideurs et promeut les meilleures pratiques.
L'IE est une discipline en constante évolution. Elle doit s'adapter aux nouvelles technologies, aux mutations économiques et aux enjeux géopolitiques. La formation, la veille et l'échange de bonnes pratiques sont indispensables pour rester à la pointe.
Rwanda-RDC : une guerre économique
intra-africaine aux enjeux
internationaux
⁶
La République Démocratique du Congo (RDC) est depuis longtemps le théâtre de conflits complexes, où les enjeux économiques et géopolitiques se mêlent étroitement. Parmi les acteurs régionaux, le Rwanda joue un rôle central dans cette dynamique, notamment à travers son soutien à des groupes armés opérant dans l'est de la RDC.
Cette situation, souvent qualifiée de « guerre économique », met en lumière les enjeux stratégiques liés aux matières premières, les acteurs bénéficiaires locaux et internationaux, ainsi que les victimes collatérales de ces conflits.
Les enjeux des matières premières
L'est de la RDC, en particulier la région du Nord-Kivu, est riche en ressources naturelles, notamment en minerais essentiels pour les technologies modernes. Le coltan, l'or, l'étain et le tungstène sont parmi les matières premières les plus convoitées. Ces ressources sont cruciales pour l'industrie électronique et les technologies de pointe, attirant ainsi l'intérêt de nombreux acteurs internationaux. Le contrôle de ces ressources est devenu un enjeu majeur, qui alimente les conflits armés et les tensions régionales.
Le Rwanda, voisin immédiat de la RDC, est souvent accusé de tirer profit de cette situation en soutenant des groupes armés comme le Mouvement du 23 Mars (M23). Ces groupes, en contrôlant des zones riches en minerais, facilitent l'exploitation et l'exportation illégales des ressources naturelles. Les revenus générés par ces activités illicites sont ensuite réinvestis dans l'économie rwandaise, contribuant à son développement tout en affaiblissant la RDC.
Les heureux bénéficiaires
Selon les investigations du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE), les bénéficiaires de cette guerre économique sont multiples et se situent à différents niveaux. Au niveau local, les groupes armés comme le M23 tirent profit de l'exploitation des minerais, finançant ainsi leurs opérations militaires et enrichissant leurs leaders. Ces groupes sont souvent soutenus par des réseaux de contrebande et de corruption qui facilitent l'exportation des minerais vers les marchés internationaux.
Au niveau régional, le Rwanda est pointé du doigt pour son rôle dans ces dynamiques. Le pays est accusé de fournir un soutien logistique et militaire aux groupes armés, en échange d'un accès privilégié aux ressources naturelles de la RDC. Ce soutien permet au Rwanda de renforcer son économie et de consolider son influence dans la région.
À l'échelle internationale, des entreprises multinationales et des États occidentaux sont également impliqués. Les minerais extraits illégalement en RDC alimentent les chaînes d'approvisionnement mondiales, notamment dans les secteurs de l'électronique et de la technologie. Ces acteurs internationaux, en fermant les yeux sur l'origine des minerais, contribuent indirectement au financement des conflits et à la déstabilisation de la région.
Les victimes du conflit
Les premières victimes de cette guerre économique sont les populations civiles de l'est de la RDC. Les affrontements entre les groupes armés et les forces gouvernementales ont entraîné des déplacements massifs de populations, des violences et des violations des droits de l'homme. Les civils sont souvent pris entre deux feux, subissant les exactions des groupes armés et les opérations militaires des forces régulières.
Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables. Les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre, laissant des séquelles profondes sur les victimes et leurs communautés. De plus, l'exploitation minière illégale a des impacts environnementaux dévastateurs, détruisant les écosystèmes et polluant les ressources en eau, affectant ainsi la santé et les moyens de subsistance des populations locales.
Le précédent et les risques d'escalade
La situation en RDC et le rôle du Rwanda soulèvent des préoccupations quant à la stabilité régionale. Le soutien présumé du Rwanda aux groupes armés en RDC pourrait créer un précédent dangereux, incitant d'autres pays de la région à adopter des stratégies similaires pour accéder aux ressources naturelles de leurs voisins. Cette dynamique pourrait conduire à une escalade des conflits et à une déstabilisation accrue de toute la région des Grands Lacs.
De plus, les tensions entre la RDC et le Rwanda pourraient dégénérer en un conflit régional impliquant d'autres pays de la région. Les accusations réciproques et les ingérences dans les affaires internes des États voisins risquent de fragiliser les efforts de coopération régionale et de paix, déjà mis à mal par des décennies de conflits.
Conclusion
La guerre économique menée par le Rwanda en RDC illustre les enjeux complexes liés aux ressources naturelles et aux dynamiques géopolitiques en Afrique. Les matières premières, les acteurs bénéficiaires et les victimes de ces conflits sont autant de facettes d'une réalité où les intérêts économiques priment souvent sur les considérations humanitaires et environnementales. Pour éviter une escalade des tensions et promouvoir une paix durable, il est crucial que la communauté internationale s'engage activement dans la résolution de ces conflits et dans la promotion d'une exploitation responsable et équitable des ressources naturelles.
⁶ Paru le 25 janvier 2025 dans le Bulletin du CAVIE.
Alliance des États du Sahel et guerre
économique en Afrique
⁷
L’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, constitue une initiative majeure dans le paysage géopolitique et économique de l’Afrique. Créée en réponse aux défis sécuritaires et économiques communs, cette alliance vise à renforcer la coopération entre ses membres pour améliorer leur compétitivité et faire face aux menaces économiques et sécuritaires. Cet article explore les implications de l’AES sur la compétitivité régionale et la dynamique de la guerre économique en Afrique.
Contexte et genèse de l’alliance des États du Sahel
L’AES a été officiellement lancée le 16 septembre 2023, en réponse aux défis sécuritaires et économiques persistants dans la région du Sahel. Les trois pays membres, dirigés par des régimes militaires, ont décidé de mutualiser leurs forces pour lutter contre les groupes djihadistes et améliorer leur intégration économique. Cette initiative intervient après des années de conflits et d’instabilité politique, exacerbés par des coups d’État et des tensions avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Objectifs et ambitions de l’AES
L’AES se fixe plusieurs objectifs clés. En matière de sécurité et de défense, l’alliance vise à renforcer la coopération militaire pour lutter contre le terrorisme et les groupes armés. Les exercices militaires conjoints et le partage de renseignements sont au cœur de cette stratégie. Sur le plan économique, l’AES ambitionne de promouvoir les échanges économiques et commerciaux entre les trois pays, avec l’objectif de créer une union économique et monétaire, incluant l’introduction d’une monnaie commune appelée « Sahel ». Enfin, l’alliance prévoit d’améliorer les infrastructures pour faciliter le commerce et les échanges, avec des projets d’interconnexion des systèmes douaniers et de réduction des délais de franchise des conteneurs.
Défis et réalités économiques
Malgré ses ambitions, l’AES fait face à plusieurs défis. Les trois pays restent dépendants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). La création d’une monnaie commune nécessitera des efforts considérables et du temps. De plus, les régimes militaires au pouvoir dans les trois pays font face à des critiques internationales et à des sanctions, ce qui complique leur accès aux financements et aux partenariats internationaux. Enfin, la persistance des groupes djihadistes et des conflits armés représente un obstacle majeur à la stabilité et au développement économique de la région.
Impact sur la compétitivité régionale
L’AES pourrait avoir un impact significatif sur la compétitivité régionale. La coopération économique et l’amélioration des infrastructures pourraient stimuler la production agricole et industrielle, rendant les trois pays plus compétitifs sur les marchés régionaux et internationaux. Une région plus stable et intégrée pourrait attirer davantage d’investissements étrangers, essentiels pour le développement économique. De plus, l’harmonisation des politiques douanières et la facilitation des échanges commerciaux pourraient réduire les coûts de transaction, rendant les entreprises locales plus compétitives.
Dynamique de la guerre économique en Afrique
L’AES s’inscrit dans un contexte de guerre économique en Afrique, où les pays et les blocs régionaux cherchent à renforcer leur position sur la scène continentale et internationale. La création de l’AES pourrait renforcer la position des pays membres en mutualisant leurs ressources et en coordonnant leurs actions, leur permettant de mieux résister aux pressions économiques externes et de négocier de meilleures conditions avec les partenaires internationaux. Cependant, le départ des trois pays de la CEDEAO affaiblit cette organisation régionale, qui a longtemps joué un rôle clé dans la résolution des conflits et l’intégration économique en
