Perle et Dragon: Lara

Par Anita Valantin

À la suite de Perle et Dragon – Les Origines, où les sombres origines des héros les ont conduits à affronter le redoutable Sorcier Lugran, Lara dévoile l’étendue de ses pouvoirs magiques. Désormais garante de l’équilibre fragile de la planète Hélios, elle peut compter sur le soutien indéfectible de son chevalier Elegran, des magiciens et des Dragons. Mais un nouveau duel s’annonce, plus périlleux encore. Face à la magnifique et dangereuse Orphelle, à son propre frère, sorcier pervers et diabolique, ainsi qu’à leur réseau machiavélique, Lara devra livrer une bataille acharnée. Parviendra-t-elle à déjouer leurs plans funestes et à préserver Hélios ?

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Anita Valantin a cultivé une sensibilité unique à travers des parcours variés dans la comptabilité, le handicap et la sophrologie. L’écriture, qu’elle adopte comme acte de résilience après une épreuve marquante, devient son espace d’expression et de création. Explorant des univers poétiques et fantastiques, elle donne vie à des personnages à la fois sombres et lumineux, reflets de son imaginaire riche et introspectif.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 2 avr. 2025
• ISBN: 9791042261672

Aperçu du livre

Lara

Bien cachée dans son repaire, Lara laissait voguer son esprit. Elle avait réussi tous les exercices que les Magiciennes lui avaient donnés pour se renforcer.

C’était son moment de repos dans le château vide. Heureusement, celui-ci était invisible pour les marcheurs qui se seraient perdus dans la forêt. Elle savait désormais comment faire aussi pour rester invisible… vraiment invisible. Elle avait compris cela en s’exerçant à changer de forme.

Lovée dans son petit recoin, elle regardait sa vie comme un déroulé de beaucoup d’aventures, à commencer par le décès brutal de ses parents. Il avait fallu dépasser les larmes, dépasser les moments de tendresse dans leurs bras, les bons moments à rire autour de la table, la gentillesse des parents de ses parents qui étaient venus leur rendre visite, puis leur départ pour les Plaines du Grand Repos.

L’arrivée de Bianca l’avait entraînée, à onze ans passés, dans des aventures surprenantes, effrayantes pour certaines, terrorisantes aussi. Bianca qui l’avait soignée après l’attaque des oiseaux féroces, certainement envoyés pour l’éliminer, selon ce qu’elle lui avait dit plus tard…

Mais pourquoi ?

Elle avait commencé à comprendre que le monde n’était pas forcément doux et bienveillant. Il y avait des tueurs, des brigands assoiffés de sang, d’alcool et capables du pire. Ces expériences l’avaient grandie, assez peu physiquement : sa croissance se déroulait normalement. Mais sa curiosité s’était exacerbée, son esprit s’était affermi dans des choix qui semblaient surprendre les adultes. La plasticité de sa pensée affirmait déjà quelle pourrait être l’étendue de ses capacités. Elle voulait tout savoir, tout comprendre… Elle avait accepté de regarder le monde tel qu’il était : des personnes de tous les genres, certains avec qui elle s’entendrait bien, d’aucuns beaucoup moins, d’autres qu’elle fuirait au plus loin. Les personnes dangereuses, celles qui étaient nocives, existaient dans le même monde qu’elle. Elle devait accepter qu’il en soit ainsi, accepter de les combattre. Ce qu’elle ne savait pas encore, c’était comment les combattre.

Si parfois, elle faisait semblant de ne pas écouter, ou si elle laissait tout le monde parler, juste en étant là, présente, mais silencieuse, comme absente, elle avait bien entendu les Aigles Géants et les Magiciens dire des choses importantes la concernant.

Elle devait être celle qui restaurerait l’harmonie sur Hélios, celle qui serait la garante de la paix.

Comment fait-on cela quand on est encore une petite fille ?

D’un château à l’autre…

Après les derniers remerciements, les ultimes salutations, la troupe des magiciens avait repris sereinement le chemin du château, laissant les autres, Loup, Ver-Dragon, Maîtres-Magiciens de la Cité de Maât… revenir à leur destin.

Le combat avait été rude, mais rapide. Bianca et Erendal s’étaient surpassés. Tous s’étaient surpassés ! L’issue du combat avait été leur victoire à tous. Hélas, si telle avait été l’issue, c’était au prix de la paix de l’esprit d’Elegran, dont le corps avait servi de réceptacle au Sorcier. On pouvait comprendre que le jeune homme ait du mal à s’éloigner mentalement de ces évènements d’une grande cruauté.

Ils devraient marcher plusieurs jours. C’était le moment pour eux d’avoir des échanges peut-être plus personnels, peut-être d’élaborer des projets…

Le ciel était clair. Les soleils montaient dans le ciel et s’épanouissaient, caressant la nature de ses rayons, laissant aux voyageurs des sensations gaies et légères. Les oiseaux, petits passereaux, les faucons et éperviers, si rapides et invisibles, qui n’avaient plus à surveiller le château dans la Montagne, allaient et venaient, pépiant, sifflant, à tout va. C’était une symphonie pleine de joie, un salut aux soleils et aux marcheurs.

Tout à coup, il y eut un silence, interrompant la fantaisie joyeuse des oiseaux, qui s’envolèrent à tire-d’aile.

Une sorte d’immense distorsion parcourut l’air, un brassage, comme un courant puissant dont le vent lui-même ne pouvait être responsable. Ils s’arrêtèrent brusquement, inquiets, prêts à reprendre leurs armes.

Stupéfaits devant l’ombre qui couvrait soudain la lumière, ils levèrent la tête : les Dragons noirs étaient apparus dans le ciel, encadrés par les Aigles géants. Comme les marcheurs avaient abordé une prairie, l’étrange et imposant escadron se posa, effrayant Hermès, le cheval d’Erendal. Quelques caresses, quelques douces paroles l’apaisèrent et après l’avoir installé plus loin dans la forêt, le jeune homme revint auprès de ses compagnons.

La pensée d’un des Dragons jaillit. Ses écailles brillaient comme des armures étincelantes. Gigantesque et majestueux, il paraissait fort heureusement en paix. Un semblant de crainte était apparu dans l’esprit d’Elegran, qui s’adoucit à la pensée émise par le Dragon :

— Nous sommes en paix et souhaitons échanger avec vous en toute sérénité et harmonie. Je suis Drakaina et voici mes frères Fafnir et Ladon. Nous vous saluons, fiers combattants et magiciens ! Nous sommes venus vous remercier de votre action. Votre intervention nous a délivrés du Sorcier Lugran. Aussi, nous venons nous mettre à votre disposition… Mettre les cieux à votre portée. Les Aigles ici présents, même géants, ne peuvent vous transporter, comme nous pourrions le faire.

Quant à nous, vous nous avez évité une mort certaine sous la baguette du Sorcier, dans des combats sans respect pour nos souhaits de quiétude et notre vie. Nous vous sommes redevables. Lorsque vous aurez besoin de voyager rapidement, vous pourrez faire appel à nous. Ce sera un honneur pour nous de vous transporter. Un simple appel mental à l’un de nous trois, et nous serons au plus vite auprès de vous.

Je suis, moi, Drakaina, actuellement la dernière femelle de ma race. Je souhaite rechercher par tous les moyens, sur Hélios, un compagnon avec qui perpétuer notre race, de façon à ce qu’elle ne s’éteigne pas. Ce qui est arrivé à cause du Sorcier Lugran ne doit pas se reproduire : nous avons été ses esclaves, contraints de lui obéir. Seule sa mort pouvait nous délivrer. C’est pourquoi notre reconnaissance est infinie.

Nous avons longuement échangé avec Grimondan, chargé de s’occuper de notre quiétude. Il a conclu comme nous que notre bien-être résidait dans le ciel et nous a laissés libres de venir vous informer et vous remercier.

Nous sommes des êtres affranchis grâce à vous. Notre base restera dans les montagnes du Nord, mais nous voyagerons par-delà les Terres connues.

— Avez-vous déjà volé plus loin que nos côtes ? demanda Erendal.

— Nous avons compris que vos bateaux ne peuvent circuler en pleine mer. Nos cousins Dragons des Océans gênent très involontairement leur circulation. Nos amis les Aigles Géants n’ont pas la force nécessaire de rester longtemps dans les airs. Nous sommes actuellement les êtres volants les plus grands qui existent dans l’espace connu d’Hélios. Alors, nous explorerons au-delà des montagnes du Nord depuis le château, ce que nous n’avons pas encore fait. Il sera notre point de confluence. Tel sera notre but désormais, ainsi que d’être attentifs à vos demandes.

— Alors, un immense remerciement à vous pour cette proposition inattendue. Nous vous souhaitons une exploration qui puisse vous apporter de bonnes nouvelles, reprit Bianca. Il serait certainement profitable pour nous que vous nous teniez informés de vos découvertes.

— Nous n’y manquerons pas, répondit Drakaina. Nous vous souhaitons chance et bonheur sur les chemins que vous choisirez !

— Que les Soleils et les Sœurs-Lunes vous accompagnent de leur lumière ! conclut Bianca.

Dans un tourbillon éblouissant, les Dragons prirent leur envol, suivis par les Aigles Géants, laissant passer après le barattage de leurs ailes gigantesques un souffle qui s’apaisa, ramenant bientôt un silence étonné.

— Quelle rencontre surprenante ! murmura Martin. Nous pouvons être heureux que ces Dragons aient retrouvé la liberté. S’ils sont aussi prompts à nous aider qu’ils le disent, nous aurons là des alliés précieux… encombrants, mais précieux !

Nous ne pourrions les garder comme Dragons de compagnie, au regard de leur taille ! Nous serions plus aisément leurs humains de compagnie, vu la nôtre !

Tous se mirent à rire. La détente était de retour, avec ce mot d’humour de Martin le Magicien.

— Nous sommes tous impressionnés ! ajouta Erendal. S’ils ont été des ennemis convaincants sous l’influence de Lugran, il faut souhaiter désormais qu’ils le soient tout autant en tant qu’alliés potentiels. Mais espérons que nous n’aurons pas à faire appel à eux avant longtemps. Ce combat a été rude, et un temps d’apaisement et de repos sera nécessaire avant de se lancer dans d’autres projets, dit-il en prenant discrètement la main de Bianca pour quelques courts instants.

Celle-ci répondit à l’impulsion de cette main et lui renvoya un sourire.

— En effet, il nous faut déjà retrouver le château de nos amis et Lara, qui doit nous attendre avec fébrilité. Cette petite fille n’a, depuis que je la connais, jamais été une grande adepte de la patience. Il lui fallait bouger tout le temps pour rompre avec le silence. Mais il est probable que ce soit un effet de sa surprenante capacité d’apprentissage. Chaque nouvel évènement était l’occasion pour elle de questionner et de trouver des réponses.

— Peut-être aussi a-t-elle pris exemple sur toi ? se moqua gentiment Erendal.

— C’est possible, j’avoue ! Il n’y a que la méditation et la course qui me redonnent la paix de l’esprit et du corps ! Mais marchons ! Faute de méditer ou de courir, je me plierai à votre vitesse… Je ne ferai pas non plus appel à Drakaina aujourd’hui !

Hermès, qu’Erendal tenait à la longe après l’avoir récupéré dans la forêt, avançait sereinement, lorsque celui-ci hennit, effrayé à nouveau.

Sur le chemin, une ombre était apparue, une ombre et une odeur qu’Hermès avait tout de suite repérées : un Loup !

— Sois en paix, Hermès, dit Moshten, car c’était lui, je me transforme en chat… Là, tu supportes mieux ?

Hermès se calma instantanément.

— Décidément, ce cheval ne comprend pas tout ! dit Moshten. Je suis le même, mais il ne supporte vraiment pas ma forme Loup. Je ne pourrai, par contre, vous accompagner longtemps sous cette forme : un chat n’a pas une longue portée de pattes et ne sait pas voler !

— Moshten, nous te pensions revenu auprès des tiens ! s’exclama Bianca.

— J’y étais, et puis je m’ennuyais déjà de nos aventures ! En fait, je voulais faire connaissance avec la jeune Lara ! Alors, autant vous accompagner jusqu’au château. Les miens vont bien et sont en paix. Je suis donc libre de faire le chemin avec vous tous !

— Alors, sois le bienvenu, déclara Mara, mais peut-être devras-tu trouver une forme plus adaptée ?

— Ou me faire transporter ? dit Moshten en lorgnant la selle large d’Hermès.

— Tu es sûr de vouloir essayer ? demanda Erendal, inquiet. Notre ami Hermès pourrait faire un écart…

— Aucun problème, je suis léger ! Au besoin, je saute de là-haut… Si tu veux bien m’aider à m’installer, Erendal ? Voilà, c’est parfait, dit Moshten, satisfait.

La selle améliorée des fontes était plutôt large et offrait avec la couverture un coussin royal pour un Maître Loup déguisé en chat !

Ce chemin se révélait plein de surprises pour le petit groupe.

Pris entre rires et bavardages, la journée trouva sa fin, alors qu’ils s’installaient dans un bosquet pour la nuit. Hermès, apaisé près d’un bouquet d’arbres, hors de la vue de Moshten, reprit sa forme Loup.

— Voilà, vous pouvez dormir en paix, je veille, dit-il en bâillant et s’étirant. Vous savez que je ne dors que d’un œil. Que votre nuit soit paisible !

Il y eut encore deux jours de marche et deux nuits passées sous la douceur mouvante des sœurs-lunes.

Le temps était calme, la compagnie joyeuse. Ils goûtaient avec plaisir la paix de l’esprit revenue. Même Elegran paraissait plus serein à être en si charmante compagnie. Mara et Calara s’étaient rapprochées de lui et l’instruisaient sur les plantes qu’ils rencontraient. Leur élève paraissait très intéressé par ces découvertes.

Bianca constatait avec soulagement ce regain de détente chez le jeune homme. Il faudrait beaucoup de temps pour qu’il trouve une place apaisée. Ils devraient tous l’accompagner avec l’attention qu’il méritait, en espérant que ses blessures se referment un jour.

Lors de leur rencontre dans la montagne, Bianca avait été troublée par le jeune homme. Sa ressemblance avec Erendal l’avait déstabilisée. Elegran, quant à lui, avait ressenti le charme de la jeune fille et son intérêt pour lui, sans réaliser que cette curiosité particulière était motivée par la similitude avec celui qui était en réalité son cousin.

Ensuite, utilisé par Lugran pour reprendre vie, il était devenu son objet, sans réussir à s’en extraire.

Elegran avait bien sûr pris conscience du lien très puissant qui existait entre elle et Erendal. Mais la raison n’est pas toujours en accord avec le cœur. Le jeune homme avait vécu comme une infamie de servir de réceptacle à Lugran, lorsque celui-ci avait dit vouloir épouser Bianca !

Cette ultime trahison de son aïeul continuait à miner son âme, malgré l’assurance que Lugran ne reviendrait plus. Ce qu’il lui avait fait vivre semblait avoir laissé des traces indélébiles. Bianca et Erendal espéraient qu’il arriverait à dépasser ces tristes évènements encore proches.

Le terrain changeait. Ils avaient traversé à nouveau des plaines, des collines et des ruisseaux, tous ces paysages que Bianca avait laissés derrière elle, sans y être vraiment attentive, dans sa course vers les Montagnes du Nord. Si lors de ce premier voyage, ils avaient tous été tendus vers le combat qui aurait lieu, c’était la détente qui guidait maintenant leur chemin. La détente et le plaisir de se retrouver dans des paysages verdoyants, riches de promesses pour l’automne.

Après ces jours de marche, ils arrivaient maintenant à la forêt qui cachait aux voyageurs le château des Magiciens.

À un détour, Erendal, Elegran et Moshten découvrirent le château inconnu.

— Ce n’est tout de même pas ici ? questionna Erendal, interloqué.

— Je ne vous crois pas ! ajouta Elegran, cela n’est pas un château ! C’est une ruine… Comment pouvez-vous habiter ici ? ajouta-t-il en voyant les mines épanouies et rieuses des Magiciens.

— Eh bien, vous allez voir que c’est bien notre merveilleux château. D’ailleurs, regardez qui vient nous accueillir !

La porte à l’apparence délabrée s’était ouverte avec fracas sur une petite fille, pimpante et souriante, habillée en cavalière. Elle se jeta dans les bras de Bianca :

— Enfin, te voilà… vous voilà, tous ! Je vous ai attendus. J’ai tellement envoyé d’énergie vers vous ! Je craignais que vous n’arriviez pas à vaincre ce démon !

— Doucement, doucement, Lara ! Nous sommes revenus en bon état, et avec une mission accomplie. Puis-je te présenter nos amis ?

— Eh bien, je connais déjà Erendal, dit-elle, sûre d’elle, à la grande surprise de celui-ci. Oui, je te connais, j’ai vu la statue à l’orée du bois maudit. Je te salue Épée du Dragon, tu es déjà une légende ! Et tu es l’ami de Bianca, fit-elle, malicieuse, alors forcément le mien !

Et puis, je vois un jeune homme qui te ressemble beaucoup.

— Alors, laisse-moi te présenter mon petit-cousin Elegran, dit Erendal.

— Je te salue, Elegran, je vous salue tous les deux, fit-elle, pliant le genou. Je n’avais pas encore eu l’honneur de connaître Erendal et sa famille. Voilà qui est fait ! Bienvenue chez vous, Maître et Maîtresses magiciennes ! Heureuse de vous revoir ! J’ai tenté quelques opérations magiques dans le château. Vous en jugerez par vous-mêmes ! Mais auriez-vous ramené un chat étrange de votre voyage ? dit-elle, en voyant Moshten sauter avec grâce de la selle d’Hermès.

— Eh bien, jeune fille, si vous laissez Hermès retrouver son écurie, vous verrez que je ne suis pas un chat, bien que j’apprécie cette apparence…

Hermès éloigné, Moshten reprit sa forme Loup, pour la plus grande joie de Lara, qui applaudit et le salua :

— Alors, Loup ou Chat, vous êtes le bienvenu, puisque vous êtes Magicien et Ami de Magiciens !

Elle s’écarta pour les laisser entrer dans le château.

Oriane, Martin et leurs filles entrèrent, avec un regard légèrement inquiet… suivis par Erendal, Elegran, Moshten et Bianca.

Un éclat de rire général, des exclamations de surprise et des applaudissements jaillirent.

Le château était devenu un jardin exotique : des fleurs ruisselaient sur les murs, abondaient dans des vases gigantesques.

Des statues aux effigies des Magiciens trônaient, d’une ressemblance étonnante, vêtus de costumes d’apparat d’un siècle lointain, les dames apprêtées de hautes coiffures qui avantageaient leurs visages et mettaient leurs grands yeux en valeur. Les applaudissements et les cris de joie eurent du mal à s’apaiser, tant la surprise était grande.

— Avec toutes mes excuses ! dit Lara, il fallait que j’occupe mes mains et ma tête, sinon, je serais venue vous retrouver dans les montagnes !

— Ne t’excuse surtout pas, dit Oriane, tu as fait des progrès gigantesques depuis que nous sommes partis ! Bravo, Lara, vraiment, c’est une magnifique surprise !

— Eh bien, je comprends mieux que Bianca se soit arrêtée pour te sauver des griffes d’un rapace ! dit Erendal. Tu es vraiment une magicienne extraordinaire, malgré ton jeune âge !

— Je ne l’étais pas, lorsqu’elle s’est arrêtée pour me sauver ! J’étais une petite fille sale et pleurnicheuse. C’est Bianca qui m’a appris beaucoup et ensuite ses amis Magiciens et Magiciennes ! Alors, si vous voulez accéder à votre château, je remets tout en place…

Tous protestèrent, trouvant le cadre exotique parfaitement convenable au retour des propriétaires…

Le plus surpris semblait Elegran. Interloqué, il regardait Lara, qui du haut de ses onze ans, expliquait comment elle avait mis en place ce jardin merveilleux. Lorsqu’il découvrit une fontaine au milieu du salon et des colibris dans un arbuste fleuri, il se tourna vers elle, admiratif :

— J’aimerais apprendre à faire ça ! Crois-tu que tu pourrais m’instruire ?

— Volontiers, si mes Maîtres veulent bien… ?

— Je pense que tu es en passe d’avoir plus de compétences que nous en magie ! répondit Oriane, toujours rieuse. Tu es une perle, au même titre que ta mère adoptive ! Mais Elegran devra commencer par le début. Jusqu’à présent, nul ne s’est occupé de son apprentissage. T’en sens-tu capable ?

— Pourquoi pas, je suis très flattée de ta demande, Elegran. Si Bianca veut bien ?

— Oui, je pense que tu peux… tu as une magie fantasque et amusante. Cela me paraît un bon début pour Elegran ! Pourquoi pas ?

En fait, Bianca pensait que c’était là la meilleure chose pour aider le jeune homme à sortir de sa tristesse. L’enthousiasme de Lara ne pourrait qu’effacer les cauchemars et les idées sombres du jeune homme.

— Elegran, te voilà nommé officiellement élève de cette jeune fille !

Maître et élève

Lorsque tous, le lendemain, après une nuit reposante et prolongée, nécessaire après les évènements qu’ils avaient vécus, se retrouvèrent, ce fut pour constater qu’Elegran et Lara avaient débuté leur travail depuis un bon moment.

Lara, patiente et posée, avait expliqué à Elegran, l’origine de la magie.

— Mais toi, Elegran, tu es magicien. Tu l’ignores, mais tu l’es forcément ! En étant le cousin d’Erendal, tu as eu de la magie dans ton histoire et dans tes gènes.

— Oui, par mes arrière-grands-parents, mais ça c’est une histoire que j’aimerais bien