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Conflits célestes
Conflits célestes
Conflits célestes
Livre électronique289 pages3 heures

Conflits célestes

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À propos de ce livre électronique

Les tensions entre les dieux s’exacerbent dangereusement. En apprenant les terribles secrets que dissimule son frère Kakuv, Thurdea comprend qu’elle doit réagir pour protéger ses semblables de sa perfidie.

Tandis que Christina découvre enfin sa véritable place dans l’Univers, l’immortelle Sgahkio augmente considérablement sa puissance, dans le but d’anéantir celle qui lui a tourné le dos. Jusqu’où ira-t-elle pour parvenir à ses fins?

Comme autrefois, le continent Viarota se retrouve plongé dans un affrontement opposant Sylfar aux autres royaumes. L’issue de cette seconde guerre continentale sera-t-elle différente de la première?
LangueFrançais
Date de sortie28 févr. 2019
ISBN9782898030178
Conflits célestes
Auteur

Justin Lemire

Justin Lemire est l’auteur de la trilogie à succès L’ennemie de Sylfar (2018) et du roman Dévoria: Le Druide de la Vallée (2020), tous deux parus chez ADA. Étudiant en littérature au niveau universitaire et titulaire d’un DEC en arts et lettres, le jeune écrivain a commencé à rédiger ses premiers écrits à l’âge de 13 ans. Une passion pour les mondes fantastiques est alors née et n’a cessé d’évoluer. Objectif Trésor: Le cheval de Troie est son cinquième roman.

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    Aperçu du livre

    Conflits célestes - Justin Lemire

    Chapitre 1

    SECRETS BIEN GARDÉS

    Dans la dimension des dieux du Haut-Monde, au Conclave Divin, tous venaient d’être surpris par une déclaration inattendue et retenaient leur souffle, guettant la réaction de Faedera, la dirigeante du lieu de justice. Celle-ci semblait songeuse — ou peut-être méditait-elle tout simplement. Seule en plein centre du cercle que formait le Conclave, Faedera demeurait immobile, ses cheveux brun doré soulevés de temps à autre par une légère brise surnaturelle. Ses yeux fixaient le vide tandis qu’elle réfléchissait profondément au dilemme auquel elle faisait face.

    Le dieu-lynx Kakuv, qui se tenait debout devant la chaise de l’accusateur, venait formellement d’accuser des créatures mortelles de s’être accaparées de pouvoirs magiques réservés aux dieux. Certes, de nombreux mortels possédaient des pouvoirs magiques, là n’était pas la question. Ce qui contrariait Kakuv, c’était que la puissance de ces personnes ait atteint celle de certaines divinités.

    Cette acquisition de pouvoirs était évidemment un Acte Interdit. Les Actes Interdits étaient l’ensemble de toutes les infractions qui ne devaient pas être commises, que ce soit par les dieux ou les mortels. Évidemment, les humains ne connaissaient pas l’existence de ces lois, puisque pour la plupart, elles ne les concernaient pas. En effet, parmi les Actes Interdits, on comptait la procréation divine, l’influence sur autrui par des méthodes magiques… Et ce n’était là qu’une infime portion de la loi céleste.

    S’approprier la puissance de dieux était un Acte Interdit que ne devaient pas commettre les mortels. Qui plus est, il y avait fort à parier que ceux qui avaient franchi cette limite s’étaient acoquinés avec une divinité pour réussir un tel coup d’éclat. Seuls, minces étaient les chances qu’ils y soient parvenus. Il y avait donc un second Acte Interdit qui avait été commis. C’était impardonnable.

    Kakuv, décidé à faire payer tous les coupables reliés à cette affaire, demandait une compensation judiciaire. Une sentence. De préférence, il votait pour l’exécution, mais il se doutait bien que l’assemblée ne la lui accorderait pas.

    — As-tu des preuves de ce que tu avances, Kakuv ? souffla finalement Faedera.

    Un sentiment de révolte envahit aussitôt la divinité interpellée. Faedera osait-elle vraiment croire qu’il lui mentait ?

    — Des preuves ? éclata le plus puissant des dieux. C’est bien la première fois que tu en réclames !

    La déesse-biche Faedera savait que Kakuv avait raison, mais elle demeura sur sa position. Dans un cas aussi important que celui-ci, elle ne voulait pas prononcer d’accusations à partir de rumeurs.

    — Généralement, je me contente de témoins ; toutefois, je puis t’assurer qu’aucune surprise dans l’assemblée n’était feinte, affirma la déesse-biche.

    Elle se tourna finalement vers l’accusateur. Son visage demeurait impassible, en dépit du crime que dénonçait Kakuv. Elle se faisait un devoir de ne pas dévoiler ses émotions, encore plus particulièrement celle qui l’assaillait présentement : la surprise. Elle venait tout juste de faire l’affront de mentir à la cour : une personne était bel et bien au courant de cet Acte Interdit qui avait été commis… Ce que craignait Faedera, c’était que cette divinité soit la responsable de cette transgression des lois célestes. Pourtant, il lui semblait impossible qu’une personne aussi responsable qu’elle ait pu…

    — Des preuves, je t’en fournirai, gronda Kakuv. J’exige cependant du Conclave Divin la permission d’agir à ma guise dans cette affaire.

    Faedera demeura silencieuse. Elle ignorait ce qu’il convenait de faire avec une telle requête, car il lui était impossible d’être impartiale, connaissant le caractère explosif de Kakuv.

    La déesse-biche choisit de se retourner et de taper une fois de ses mains, signalant qu’il était temps pour les juges et elle d’aller s’enfermer dans une pièce adjacente pour discuter du présent cas. Après chaque demande d’un accusateur, c’était procédure courante — bien que ce Conclave soit rarement sollicité — qu’elle s’entretienne avec plusieurs divinités neutres pour aboutir à une solution équitable pour toutes les parties. Toutefois, Faedera sentait cette fois qu’elle aurait vraiment besoin de l’aide de ses confrères pour en arriver à une décision.

    Les dieux qui se tenaient à l’autre extrémité du Conclave quittèrent la salle et obliquèrent vers une porte, laquelle débouchait sur une salle que seuls les membres du conseil pouvaient utiliser. Les dieux accusateurs, accusés ou spectateurs, ne pouvaient y avoir accès. Faedera, qui était un peu plus éloignée de la pièce que le jury, y parvint quelques secondes plus tard, prête à débattre avec lui.

    Faire appel au Conclave Divin nécessitait de très bonnes raisons ; Kakuv avait les siennes. Selon ses dires, trois créatures magiques avaient enfreint la loi divine. Non pas que des mortels s’appropriant des pouvoirs célestes le choquaient réellement ; Kakuv voulait en fait s’approprier le droit d’intervenir dans le monde des humains pour imposer ses propres lois. Par le fait même, il pourrait aussi solliciter la fidélité de nombreux disciples et accroître sa propre importance en cet Univers. Peu à peu, les autres dieux verraient l’influence qu’il obtiendrait et décideraient de se rallier à sa cause. Au fil des échelons de ce plan, il finirait par devenir le chef incontesté des dieux du Haut-Monde.

    Pour le moment, toutefois, la divinité courroucée conservait sur son visage un air maussade. Kakuv pouvait en effet déjà prévoir ce que serait la décision rendue : il ne connaissait que trop bien Faedera. En attendant que la cour finisse de délibérer, le dieu-lynx décida d’inspecter visuellement ses semblables. Peut-être trouverait-il sur le visage un quelconque signe d’inquiétude ? Il n’avait rien à perdre.

    Son regard se promena sur toute l’assemblée. Quelques divinités avaient un air inquiet ; d’autres, perplexe. Il vit Tritalia, la déesse-féline, se passer nerveusement la main dans les cheveux ; Hial, le dieu-vautour, se gratter le nez ; Thurdea, la déesse-hirondelle, examiner elle aussi les dieux présents ; Ilto, le dieu-singe, se balancer sur ses jambes. Néanmoins, nul ne semblait se sentir coupable — à première vue, fallait-il préciser. Kakuv se résigna à abandonner cette tentative.

    Son esprit vogua vers de bien sombres pensées. Au cours des derniers siècles, le dieu-lynx Kakuv avait minutieusement préparé le plan qui devait mener à son omnipotence. Au point où il en était rendu, soit de trouver un motif pour causer une discorde au sein des dieux, quelques options s’offraient à lui. De préférence, il aurait aimé qu’un dieu soit châtié par le Conclave, séparant ainsi l’ubiquité divine en deux factions. Certains d’entre eux se révolteraient contre le jugement prononcé, alors que d’autres l’approuveraient. C’était mince, mais suffisant pour déclencher le conflit qu’il désirait. En revanche, si le Conclave lui refusait sa requête, Kakuv connaissait quelques sorts qui pourraient, éventuellement, lui permettre de reprendre son plan là où il le laisserait, grâce à certaines relations qu’il conservait secrètes.

    Après maintes délibérations, les membres quittèrent finalement la petite pièce adjacente et repénétrèrent dans la cour de justice divine, allant se positionner sur le côté opposé aux spectateurs. La déesse principale, Faedera, se positionna pour sa part en plein centre du Conclave, soit à son emplacement initial. Elle applaudit deux petits coups, faisant taire les discussions qui s’étaient instaurées entre certaines divinités qui s’inquiétaient des retombées de cette réunion judiciaire.

    — Le Conclave prend en considération non seulement la gravité du geste qui aurait été commis, mais il spécule également au sujet de la colère de l’accusateur, souleva Faedera. La violence qui l’habite pourrait l’amener à des gestes inutiles et des délits plus graves encore que celui contre lequel il proteste.

    Kakuv se garda d’exploser. Autrement, il n’aurait fait que donner raison à la cour.

    — Voici donc la décision qui a été rendue : dans les limites du respect de tout un chacun, et sans user de violence, quelle qu’elle soit, Kakuv, dieu-lynx, membre du Haut-Monde, a la permission de s’immiscer dans une enquête sur ce qu’il dénonce. Quelconque dérogation à ce jugement du Conclave Divin entraînera automatiquement la mise à mort de l’accusateur.

    Kakuv s’insurgea aussitôt. De forte carrure, il eut l’air menaçant, tandis que son visage encadré d’une courte chevelure châtaine se teintait de rouge. Faedera crut également discerner que les poings de Kakuv s’étaient refermés, ses muscles se gonflant sous le coup de la colère.

    — Et si, au cours de mon enquête, j’apporte au Conclave des preuves de ce que j’avance, ne put-il s’empêcher de répliquer, acceptera-t-il de réviser sa position au sujet des créatures fautives d’un Acte Interdit ?

    — Nous verrons cela en temps et lieu, Kakuv. Pour l’instant…

    Elle inclina sa tête vers le haut.

    — En ce jour, en ce lieu, je clos le Conclave Divin, qui a répondu au besoin de justice.

    L’endroit perdit de sa luminosité et les dieux, un à un, le quittèrent pour retourner à leurs activités quotidiennes, officialisant la fin de toute possibilité de justice divine pour Kakuv. Il lui faudrait trouver un autre moyen pour exécuter ses sombres plans.

    • • •

    Presque immédiatement après la fermeture du Conclave, Faedera se dirigea vers le territoire de la divinité qui l’intriguait le plus. La seule personne de l’assemblée céleste, autre que Kakuv, à savoir ce qui se tramait dans les mondes humains. Celle, aussi, qui l’avait amenée à être impartiale pour la première fois depuis qu’elle occupait ce poste.

    La déesse-biche venait tout juste de pénétrer dans la forêt enchantée de Thurdea qu’un bruissement d’ailes faisait planer la déesse-hirondelle jusqu’à elle. Le petit oiseau teinté de turquoise se transforma en une magnifique femme dès l’instant où il toucha le sol. Le vent provoqué par l’arrivée de la déesse fit brièvement ciller sa visiteuse.

    — Faedera, salua-t-elle.

    — Thurdea, s’inclina la déesse-biche.

    La déesse tout de turquoise vêtue eut un sourire en coin. Faedera, bien qu’intelligente et juste, était prévisible.

    — Je m’attendais à ce que tu viennes, avoua Thurdea.

    Faedera croisa ses bras sur sa poitrine. Elle n’avait pas l’air particulièrement contente.

    — Tu dois donc savoir pour quelle raison je suis ici.

    — En effet.

    Thurdea prit le temps de peser ses mots avant de les laisser échapper. Elle devait demeurer prudente.

    — Tout ce que je peux te dire, c’est que notre frère a bel et bien raison. En partie, du moins.

    — Selon toi, j’aurais donc dû lui permettre de châtier les coupables ?

    — Évidemment pas. C’est grâce à moi qu’ils ont pu accomplir un tel geste.

    Faedera demeura paralysée sous la surprise. Thurdea, une déesse qu’elle avait toujours considérée comme étant exemplaire, enfreindre les lois ? Cela ne lui ressemblait pas…

    — Pourquoi as-tu donc agi à l’encontre de nos principes ? De nos lois ? demanda finalement la déesse, d’une voix teintée d’incompréhension.

    Thurdea expira longuement.

    — La seule chose que tu as besoin de savoir, c’est que j’ai agi ainsi afin de sauver les mondes de la cupidité de certaines personnes. Je ne peux te dévoiler mes autres secrets sans risquer de tout perdre, et il est impératif que nul ne vienne contrecarrer mes plans, car l’Univers en serait alors bouleversé.

    La déesse-biche eut l’air outrée.

    — Tu me crois donc indigne de ta confiance ? s’insurgea-t-elle. Moi, la dirigeante du Conclave Divin ? Je suis celle en qui tout le monde devrait avoir confiance, afin d’assurer une justice sans équivoque !

    — Je ne mets aucunement en doute tes valeurs, Faedera. Tu es en effet l’une des plus dignes de confiance que l’on peut retrouver de nos jours en ce monde. Toutefois, notre frère aura tôt fait de fouiller dans l’esprit de tous les dieux à leur insu afin de trouver un coupable, lorsqu’il aura compris qu’il ne peut te rapporter de preuves du monde des humains. Qu’il comprenne que je suis responsable de l’Acte Interdit qu’il a dénoncé aujourd’hui est peu important. C’est sur mes autres secrets qu’il ne doit pas mettre la main.

    Faedera mit ses mains sur ses hanches.

    — Ne crains-tu donc pas qu’il perce tes pensées ? raisonna-t-elle.

    Thurdea eut un sourire confiant.

    — S’il tente la moindre incursion magique contre moi, il le regrettera amèrement, je peux te le garantir.

    — Tu sembles oublier qu’il est le plus puissant des dieux…

    — J’ai d’autres secrets que ceux pour lesquels tu me rends visite aujourd’hui, assura la déesse-hirondelle avec un sourire amusé. Je possède une puissance suffisamment grande pour les protéger et résister à Kakuv.

    La dirigeante du Conclave eut un air intéressé.

    — Ah oui ? fit-elle avec curiosité.

    Thurdea éclata de rire.

    — Retourne chez toi, sinon tu attireras trop l’attention sur moi, lui conseilla-t-elle. Et surtout, ne répète jamais ce que tu sais à qui que ce soit. C’est primordial pour la sûreté de tout l’Univers. Tu ne voudrais pas être responsable de sa disparition, n’est-ce pas ?

    La déesse-biche eut, l’espace d’un instant, un air horrifié à l’idée que tout ce qu’elle connaissait puisse disparaître par sa faute. Elle ignorait à quel point Thurdea était impliquée, mais son interlocutrice semblait suffisamment sérieuse pour lui faire confiance.

    — Ne t’en fais pas, lui dit Faedera avant de faire volte-face.

    La déesse prit sa forme de biche et quitta le territoire de Thurdea. À peine eut-elle quitté la forêt qu’arriva une nouvelle demande de rencontre. La déesse-hirondelle entendait toujours lorsque quelqu’un prononçait son nom à l’entrée de son domaine, dans le Rond des Dieux, et c’est à elle que revenait la décision d’ouvrir le passage ou non.

    — Décidément, il ne sert à rien de posséder un territoire éloigné des autres…, soupira la déesse.

    Elle laissa passer la déesse-féline Tritalia sur le sentier menant à son sanctuaire paisible.

    — Que me vaut le plaisir de ta visite, Tritalia ? la salua Thurdea en tentant de conserver un ton neutre malgré sa hâte de retourner voltiger dans les hauteurs incroyables de sa forêt.

    Tritalia s’avança vers l’autre femme. Sous sa forme humaine, la déesse-féline était légèrement plus petite que la déesse-hirondelle et très différente d’elle. À chaque fois que Thurdea la voyait, elle ne pouvait s’empêcher de penser à Sgahkio.

    Encadrés d’une chevelure rousse qui se plaisait parfois à friser, ses yeux étaient d’un vert profond tirant sur le bleu. C’était là les deux seules similarités qu’elle avait avec Sgahkio, mais Thurdea avait été profondément marquée par le passage de cette immortelle dans sa vie, au point de la voir un peu partout.

    Tritalia, désirant briser le court silence qu’elle avait instauré en observant la forêt, s’expliqua :

    — Je désirais m’entretenir d’un sujet délicat et tu es celle en qui j’ai le plus confiance.

    Un sourire amusé flotta sur les lèvres de la déesse vêtue de turquoise.

    — Je t’écoute, ma chère.

    — Bien que Kakuv n’ait prononcé ses accusations qu’aujourd’hui, le bruit court depuis bien longtemps que nous devrions porter une attention accrue sur les humains. Certains vont même jusqu’à dire, ajouta-t-elle en baissant la voix, que nous devrions établir notre emprise sur eux, les soumettre.

    Thurdea croisa ses bras et adopta un air désintéressé.

    — Et toi, qu’en penses-tu ?

    Tritalia dodelina de la tête.

    — Au début, je trouvais cette idée horripilante, mais je me demande désormais si je ne devrais pas suivre le mouvement qui s’installe graduellement au sein des dieux.

    — Les décisions que nous devrons tous prendre sous peu seront éprouvantes, concéda Thurdea. Toutefois, ce n’est pas à moi de les prendre pour toi.

    La déesse-féline baissa la tête, misérable.

    — Je comprends, accepta-t-elle. Mais toi, que feras-tu ?

    — Je ferai de mon mieux pour éviter un carnage dans les mondes terrestres, tu le sais bien.

    La déesse Tritalia eut un vague soubresaut des épaules et détourna la tête, pensant à tous les propos violents qu’elle avait interceptés entre certaines divinités.

    — Si, comme je le pense, les dieux se déchaînent, je crains qu’ils ne soient difficiles à contenir.

    — En effet, soupira la déesse-hirondelle. J’aurai au moins la chance de compter sur de précieux alliés… Puis-je espérer que tu te joignes à nous ?

    Un sourire éclata sur le visage de la déesse mal-assurée.

    — Ma conscience en serait certainement apaisée. Ce sera une joie de défendre les créatures mortelles et leur monde à vos côtés.

    Thurdea sourit devant le courage naïf de la jeune déesse.

    — Allez, va, maintenant. Surveille bien tes arrières.

    La déesse Tritalia la salua de la tête, redevint chatte, puis quitta silencieusement la forêt. Ravie d’être enfin seule, Thurdea reprit son apparence d’hirondelle et déploya ses ailes, sous le regard assassin d’une femme fort bien dissimulée magiquement.

    — C’est plutôt toi qui devrais désormais surveiller tes arrières, Thurdea, siffla Sgahkio entre ses dents tout juste avant de disparaître.

    Chapitre 2

    UN RÉVEIL BRUTAL

    La forêt qui les surplombait était d’une magnificence incroyable. Presque exclusivement composé de séquoias géants, le décor était partiellement éclairé par le soleil, dont les rayons étaient filtrés par le feuillage vert pâle. L’herbe, de la même teinte que les feuilles des arbres, courait sur le sol entre les séquoias, desquels on ne pouvait apercevoir le sommet. Ils étaient composés d’une écorce robuste, quoi que partiellement manquante sur ceux d’entre eux qui avaient été victimes des rongeurs et volatiles. Une faible brise faisait agiter les feuilles ainsi que les petits arbustes qui tentaient de se frayer un chemin entre les arbres, ce qui rendait la circulation plus difficile à certains endroits de la forêt.

    Alwin cligna des yeux et aperçut cet environnement naturel. Au départ, il n’en tint pas vraiment compte, préférant plutôt se concentrer sur la maîtrise de ses sens. Il commença par tourner la tête légèrement, puis, inconsciemment, bougea ses bras et jambes. Il grimaça en sentant une douleur atroce entre ses côtes. Il patienta quelques minutes, certain que la sensation désagréable finirait par se dissiper.

    Lorsque la douleur fut sinon disparue, tolérable, le Kodéyia prit un certain temps à se remémorer les évènements passés, puisqu’il avait été empoisonné par une puissante toxine. Il fouilla dans sa mémoire et paniqua en constatant qu’il ne se souvenait de rien ! Le noir absolu !

    Désespéré et découragé, il laissa passer quelques minutes avant de finalement parvenir à se remémorer certaines choses, à savoir qu’il avait quitté Viarota après avoir contacté un Visionnaire et tenté d’aider un royaume. Selon ses souvenirs, Alexa et lui s’étaient rendus en pleine forêt, tout juste avant de subir un choc le plongeant dans l’inconscience.

    Il tourna la tête et vit qu’Alexa était à quelques pas de lui, assise sur le sol, les mains liées dans le dos à un arbre. Ce ne fut qu’à cet instant qu’il réalisa qu’il était lui aussi entravé par des cordes et qu’il se trouvait au pied du même arbre que l’adolescente. Ressentant aussitôt le besoin de chercher ses geôliers, il pivota rapidement la tête à de multiples reprises, observant les environs.

    Près d’eux, il n’y avait pas grand-chose, sinon quelques arbres. Un peu plus loin, en

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