À propos de ce livre électronique
La trilogie enfin complète !
Une vouivre. Une femme capable de revêtir l'apparence d'un dragon. Voilà le fameux « fléau des sorcières » qui m'attend !
Je me lance donc corps et âme dans la maîtrise de mes pouvoirs tandis que Raphaël part à la recherche de la bête tant qu'elle dort encore. Car la venue au monde de nos jumeaux pourrait très bien la réveiller plus vite que prévu…
Le compte à rebours est lancé ! Si nous ne l'avons pas retrouvée dans sept mois, il nous faudra être prêts à l'accueillir comme il se doit !
Avec l'aide de Raphaël, mon loup-garou d'âme sœur, d'Esther, l'esprit fantasque, de Zéphyr l'ex-chasseur qui fera tout pour rallier les vampires à notre cause, et bien entendu de la meute au grand complet, nous ferons tout pour empêcher le réveil de ce monstre.
Les Gallagher sauront-ils vaincre une menace aussi puissante que peut l'être Aldara la vouivre ?
Amélie Carmin
Amélie CARMIN est née en 1988 à Lyon. Passionnée de fantastique, elle consacre tout son temps libre à l’écriture. Le pouvoir du Lien est son premier roman.
Lié à Le Pouvoir de la Vie
Titres dans cette série (3)
Le Pouvoir du Lien: Les Gallagher, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Pouvoir de la Vérité: Les Gallagher, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Pouvoir de la Vie: Les Gallagher, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Livres électroniques liés
Minuit vient avec l'aube : Le fléau des vampires Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'éveil de l'Ad'Wùis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAlyssa Garn : encore moi ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDévorance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationConfessions de chimères: Nouvelles fantastiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTomber amoureux du loup que je ne devrais pas aimer Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa vie en Orange: Pénitencier Surnaturel Scorchwood, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÊTRES MAUDITS. L'ORIGINE Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne Princesse pour un Loup: Des Lycans dans la Ville, #5 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes contes interdits - Le vilain petit canard Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le sort des elfes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChasseuse de l'ombre: Imperium Angeli Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDreamcatcher T3: La guerre du Sidhe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCapturé par le Roi Loup pour le mariage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIl sera mon fils: Roman fantasy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa forêt de l'Ombre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationConfrontation - Tome 4: La Revanche de Kira : Confrontations, Secrets et Chaos Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationWolves of magic: Fantasy adolescent Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThe crystal witch - Tome 1: L’éveil de la magie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLoup Garou: Traduction Française: Tenter le Destin, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHellion (French): Relentless (French), #7 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Tueuses Don des Fins Heureuses: Le Harem Inversé de la Tueuse, #5 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationInstinct Animal: Mutations Eclairs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTomber amoureuse de l’Alpha cruel qui m’a emprisonnée Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Magie noire magie blanche - Tome 3: Tome 3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSoraya Vamp 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe tourbillon de la vie: Pandémonium, tome 3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Baiser Bleu Cobalt: Une Romance Paranormale Dans l'Univers de la Sorcière Égarée: Les Vampires d'Emberbury Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIncandescence ( Les Liens Du Sang-Livre 4) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Paranormal, sciences occultes et surnaturel pour jeunes adultes pour vous
Vengeance Au Clair de Lune Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Compagne Rejetée du Roi Alpha Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Alpha Dangereux 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMes compagnons jumeaux Alpha Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Légende de la louve mystérieuse 1 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Rêveries: Saga fantasy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéclamer son compagnon tentateur Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5
Avis sur Le Pouvoir de la Vie
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Le Pouvoir de la Vie - Amélie Carmin
Précédemment
À 21 ans, Ninon Fontaine se prédestinait à devenir avocate. Enfin, ça, c’était avant de déménager dans les Vosges, de croiser la route de l’enthousiaste Esther et de l’aider à se venger de son tueur, et surtout de rencontrer Raphaël Gallagher, son âme sœur de loup-garou.
Depuis, elle vit au sein d’une meute de loups avec des êtres qu’elle avait imaginés sanguinaires toute sa vie. Elle n’aurait pas pu être plus loin du compte !
Alors que Ninon commence tout juste à développer ses pouvoirs de sorcière, les Gallagher font face à l’arrivée de Neven et ses frères, des fils de Lune et des ennemis dont elle a hérité de ses ancêtres. Les fils de Lune, capables de contrôler les loups, mettent tout en œuvre pour se débarrasser de Ninon et Zéphyr, l’ex-chasseur. Ce dernier, après une mise en scène l’accusant d’avoir poignardé Marianne, fuit le Village pour trouver de l’aide auprès du nid de vampires qui avait aidé sa mère, quinze ans plus tôt, à exterminer son propre clan de chasseurs.
Pour vaincre Neven, Ninon est épaulée par Brunehilde, son ancêtre, qui lui montre dans ses rêves comment maîtriser ses pouvoirs, et surtout ce qui a conduit à l’extinction des sorcières : Aldara, un être redoutable réveillé par la magie de ses ancêtres. Elle était si puissante que les sorcières n’avaient trouvé qu’une solution pour la rendormir : pratiquer un sortilège qui enfermerait toute leur magie dans la descendance de Brunehilde. Cette magie resterait dormante jusqu’au jour où elle serait en mesure de détruire Aldara, et Aldara serait réveillée par le retour de la magie des sorcières.
Au cours d’un ultime combat, où les vampires viennent porter secours aux loups, Ninon tue Neven en lui volant sa vie.
Après cela, Ninon fait vœu de ne plus se servir de ses pouvoirs pour ne pas risquer de réveiller Aldara.
Mais Ninon découvre au cours d’un dernier souvenir de Brunehilde qu’Aldara se révèle être une vouivre : une femme capable de prendre l’apparence d’un dragon et de brider la magie des sorcières.
Et elle est sur le point de se réveiller pour tuer la dernière sorcière et ses descendants.
1. Ninon
C’était le petit matin, l’été avait cédé la place à l’automne et les fleurs de la clairière s’étaient fanées depuis longtemps. Dehors, une brume épaisse enveloppait la montagne.
J’étais dans ma chambre, dans les bras de l’amour de ma vie, et tout aurait dû être parfait pour la naissance de nos jumeaux. Mais rien ne l’était…
Je geignis, un mélange complexe entre la douleur et la frayeur.
C’était trop tôt !
Mes pleurs redoublèrent.
— Ça va aller, a chroí, murmura Raphaël tout contre mon oreille.
Il caressa ma nuque. Mais rien de ce qu’il pouvait faire n’arrangerait la situation.
— Ninon, intervint Maïwenn avec fermeté, il faut que tu te détendes, l’heure n’est plus aux doutes. Tes bébés arrivent et si tu veux qu’ils vivent, il va falloir pousser.
Sa chevelure couleur d’automne tombait sur son visage et elle écarta une mèche qui obstruait son regard farouche, bien décidée à ce que rien ne s’immisce entre nous deux.
— Mais…
Une contraction me coupa la respiration.
— Je sais, dit-elle avec plus de douceur.
Ses prunelles noisette étaient toujours plongées dans les miennes, bleu sombre, et une tendresse et une compréhension infinie y brillaient. Mais surtout, elle poussait vers mon âme sa volonté de fer. Je m’y accrochai tel un naufragé à une bouée de sauvetage pour retrouver la raison.
— C’est ça, approuva Julie dans un soupir de soulagement.
Elle était debout devant moi, prête à récupérer les bébés.
— Maintenant, quand tu vas sentir la prochaine contraction, je veux que tu pousses de toutes tes forces.
Je fermai les yeux et une nouvelle larme roula sur ma joue. Raphaël se pencha pour l’embrasser. Son amour enveloppait mon âme.
Mais sa joie ?
Tout comme moi, elle était ternie par ce qui nous attendait.
2. Ninon
Six mois plus tôt
Je me réveillai la gorge en feu, paniquée. Les bras de Raphaël m’entouraient fermement. Un bruit terrifiant résonnait dans toute notre chambre et je m’arrêtai de crier lorsque je compris qu’il provenait de moi. Enfin, les paroles rassurantes murmurées à mon oreille me parvinrent.
Mes pleurs devinrent hystériques tandis que mon rêve me revenait en tête et que je me rappelais ce qui m’avait mise dans cet état. J’articulai péniblement la raison de mon angoisse à Raphaël :
— Aldara… C’est… C’est…
— Quoi ? s’alarma Raphaël alors que je n’arrivais pas à prononcer l’impensable.
— C’est une vouivre !
Ses gestes, sa main qui caressait mon dos, ses lèvres qui tentaient de m’apaiser en chuchotant des mots doux à mon oreille… tout en lui se figea.
— Qu’est-ce que tu viens de dire ? souffla-t-il.
Mes pleurs s’amplifièrent et je ne pus rien ajouter de plus, mon corps secoué par des soubresauts que j’étais incapable de calmer.
L’image d’Aldara, la femme responsable de l’extinction des sorcières, prenant la forme d’une vouivre plus grande qu’un troll était gravée dans ma tête. La simple idée qu’elle puisse vouloir me tuer me gelait de frayeur.
D’ailleurs, ma terreur avait glacé le Lien d’une telle façon qu’il s’était comme figé dans le temps.
— A chroí, parle-moi, me supplia Raphaël.
Je fermai les yeux d’impuissance. Je comprenais mieux pourquoi mon ancêtre, Brunehilde, s’était sentie insignifiante face à Aldara. Je revoyais sa gueule pleine de crocs acérés, son souffle de feu, ses écailles d’argent et ses ailes de cuir… Tout en elle me paralysait.
Les mains de Raphaël caressaient mon dos avec tendresse. J’aurais dû ressentir la douce chaleur qui venait avec le toucher de mon âme sœur, mais la terreur m’avait tellement gelée qu’elle m’avait même volé cette chaleur-là.
Je rouvris les yeux. Les traits de Raphaël étaient tirés par l’angoisse, et comme à chaque fois dans ces cas-là, sa cicatrice ressortait. C’était le souvenir indélébile de sa rencontre avec des chasseurs alors qu’il n’était qu’un louveteau. Elle partait de sous son œil droit et allait jusqu’à sa gorge.
Je posai ma tête contre son torse strié de cicatrices fines et inspirai profondément son odeur dans l’espoir de me calmer, de trouver en moi la force de lui expliquer ce dont j’avais été témoin.
— Tu as fait un autre rêve ? m’encouragea Raphaël en me sentant moins agitée.
J’acquiesçai sans pouvoir retenir un nouveau gémissement. J’avais cette affreuse impression que raconter ce rêve à voix haute le rendrait plus réel.
Comme si ce n’était pas déjà le cas…
— Le soir où Brunehilde s’est confrontée à Neven, commençai-je en prenant mon courage à deux mains, elle l’a suivi avec sa cousine, Annaïg.
Ma voix n’était plus qu’un murmure tandis que je revivais ce cauchemar. Celui où Neven, le frère de cœur de Brunehilde, lui avait avoué avoir trahi les sorcières. Le fils de Lune était rongé par une haine si terrible qu’il avait guidé Aldara de clan en clan.
— Il a rejoint plusieurs de ses frères ainsi qu’une femme, et ensemble, ils sont partis à la rencontre d’un village de sorcières. La femme, c’était Aldara, et elle s’est transformée en… en… en…
J’en perdais mes mots et un frisson me saisit. Ce n’était pas possible que ma vie soit un tel enfer !
Raphaël me caressa de nouveau le dos avec tendresse.
— En vouivre ? souffla-t-il.
— Oui, gémis-je. Brunehilde l’a appelée comme ça, mais elle avait tout d’un dragon. La taille, les écailles, les crocs… le feu… Je n’avais jamais vu un monstre pareil.
Raphaël prit mon visage dans ses mains chaudes. Cette fois, la douce chaleur s’infusa en moi, même si elle ne put m’apaiser. Je fermai de nouveau les yeux, tétanisée par ce qui m’attendait.
— Ninon, regarde-moi, souffla Raphaël. Rappelle-toi le sortilège qu’a jeté Brunehilde, jamais ta magie ne se serait réveillée si tu n’étais pas capable de terrasser Aldara.
Ma lèvre trembla.
— Elle a dû le louper, jamais je ne serai assez puissante pour me défendre contre ça… Je ne maîtrise pas assez bien mes pouvoirs…
— Tu as encore du temps. Neven était certain qu’elle dormait toujours.
Ma main se posa sur mon ventre, et je compris que non, j’avais très peu de temps.
— Sept mois tout au plus, c’est tout ce qu’il me reste avant que la prochaine sorcière ne vienne au monde et risque de réveiller définitivement Aldara… Brunehilde l’a dit elle-même, c’est la naissance des descendantes de Rozenn qui réveillera la vouivre… Soit ce sera moi en pratiquant la magie, soit ce sera la naissance d’autres sorcières.
De nouvelles larmes roulèrent sur mes joues et Raphaël les essuya tendrement.
— J’ai été idiote de vouloir arrêter de pratiquer la magie, gémis-je, bientôt ça n’aura plus aucune importance. Ce n’est pas moi qui vais réveiller Aldara, ce sont…
La main de Raphaël se posa sur mon ventre qu’il caressa avec douceur et je pris mon courage à deux mains pour finir le fond de ma pensée.
— Nos jumeaux en venant au monde, soufflai-je.
Le geste de Raphaël se suspendit et son regard chercha le mien tandis que sa surprise éclatait dans mon cœur.
— Comment ? murmura-t-il.
— Avant de partir, Valentin m’a assuré que j’attendais des jumeaux. Je voulais te le dire hier, mais nous n’avons pas été seuls de la journée…
Avec deux mi-sorciers ou mi-sorcières en route, Aldara allait forcément se réveiller !
Raphaël se baissa pour poser son oreille sur mon ventre, ses deux mains en coupe sur mon abdomen encore plat. Je retins mon souffle pour faire le moins de bruit possible.
— Je ne saurais dire s’il a raison, finit-il par dire, mais l’ouïe d’un vampire est beaucoup plus fine que celle d’un loup. S’il t’a assuré que nous allions avoir des jumeaux, c’est que nous allons avoir des jumeaux.
Il embrassa mon ventre, un sourire triste sur les lèvres, et son dilemme résonna contre mon cœur. Le même que le mien : la joie d’attendre nos bébés se battant en duel avec la peur de les voir naître en pleine guerre contre un monstre mythique.
Je n’avais plus le choix.
— Je vais passer ces prochains mois à maîtriser mes pouvoirs, dis-je, certaine que c’était la seule chose à faire. Et quand nos enfants viendront au monde, alors je serai prête pour affronter cette vouivre !
L’anxiété de Raphaël fit trembler mon âme et pourtant, il n’y avait aucun doute dans son cœur. Pour lui, je serais de taille à tenir tête à cette bête.
Je me rallongeai contre lui, blottie dans ses bras. Le clair de lune filtrait à travers la fenêtre ouverte et je profitai de son halo pour tracer distraitement les cicatrices qui striaient son torse.
— Et qui sait, souffla-t-il, peut-être que nous n’aurons que des fils ?
Je relevai mon regard vers le sien que je savais vert émeraude.
— Pourquoi tu dis ça ?
Sa main passa dans mes cheveux noir corbeau tandis que j’écoutais les battements de son cœur, calmes et réguliers.
— Parce que les sorciers n’existent pas.
Vraiment ?
Je réfléchis à tous les souvenirs que j’avais eus de Brunehilde et… je n’avais effectivement jamais vu un seul sorcier.
— Tu es sûr ?
— Certain.
Je sentis son hésitation, et j’attendis patiemment qu’il continue.
— Tous nos fils seront des loups-garous… immortels… et toutes nos filles des sorcières…
Il prit une inspiration. Une vague froide inonda le Lien et mon cœur.
— … mortelles, m’acheva-t-il.
Ma poitrine se comprima et mes yeux me brûlèrent alors que je comprenais enfin ce que je n’avais pas vu venir jusque-là… Si nous avions des filles, non seulement elles vieilliraient plus vite que nous, mais comme si ce destin n’était pas assez cruel, leurs venues au monde réveilleraient le fléau des sorcières… Enfin, si je ne l’avais pas fait avant.
— Non…
Ma voix était éraillée, et ce que j’avais cru chuchoter s’était mué en un râle digne d’une bête à l’agonie.
— Je… je pensais que nos enfants seraient mi-loup mi-sorcière…
Ça m’avait paru si évident…
Il secoua la tête.
— Ma mère m’a assuré que les sorcières nées d’une telle union ont toujours trouvé une âme sœur immortelle, murmura-t-il. Si nous avons des filles, elles ne resteront pas mortelles toute leur vie, la Lune veille sur nous.
— Il a quoi ? s’exclama une voix dans mon dos.
Je fis un bond avant de me retourner brusquement pour découvrir Esther, assise sur la coiffeuse, les jambes se balançant à travers le tabouret juste en dessous.
— Esther ! pestai-je, le cœur battant la chamade.
Raphaël pouffa et se rallongea contre mon dos tandis que je fusillai l’esprit de mon regard bleu sombre.
— Qu’est-ce que tu fais dans notre chambre ?
Le Lien vibra sous l’hilarité de Raphaël qui rabattit la couverture par-dessus nos corps. J’en attrapai le bord pour la tirer jusqu’à ma poitrine, agacée qu’elle nous ait épiés.
C’était pourtant simple, c’était le seul endroit où elle avait interdiction de venir la nuit !
— Euuuh… Tu veux la vérité ou tu préfères un mensonge ? releva-t-elle.
— Esther… l’avertis-je, contrariée.
Ce n’était vraiment pas le moment.
— Je passe vous voir de temps en temps, avoua-t-elle en haussant les épaules.
Mais je rêvais, ou elle ne voyait pas où était le problème ? Je réprimai un grognement exaspéré.
— Et je t’ai entendue crier… Tout ce que je dirai pour ma défense, c’est que c’était bien trop intéressant pour que je vous coupe ! Mais là…
Elle croisa les bras et gonfla les joues, vexée.
— Je ne pouvais pas me taire ! C’est scandaleux ! Ça fait un mois que je tiens ma langue au prix de grands sacrifices, et lui, il dit à Maïwenn que tu es enceinte !
Je soupirai pour évacuer la pression et me rallongeai en ajustant la couverture plus confortablement.
— Esther… Tu es infernale…
— Je prends ça pour un compliment ! Merci ! chantonna-t-elle en m’adressant un sourire lumineux. Plus sérieusement, c’est quand que tu le grondes ? Il faut que j’aille chercher le pop-corn ?
Pfff…
— Elle dit que tu mérites que je me fâche, annonçai-je tranquillement.
— Mmm ? marmonna Raphaël. Et c’est ce que tu veux faire ?
Ses bras m’entourèrent et il m’attira à lui pour embrasser ma nuque tendrement.
— Un peu, oui ! approuva Esther, revêche.
— Non… Je suis trop soulagée pour t’en vouloir de l’avoir annoncé à ta mère avant les trois mois.
— Soulagée de quoi ? releva Esther, perplexe.
— Que Maïwenn ait assuré que si nous avions des filles, elles auraient une chance de devenir immortelles.
— Oh… Ça ?
Mais oui, « ça » ! Quoi d’autre ?
Mon regard excédé se tourna vers Raphaël pour trouver du soutien. Esther pouvait être tellement à côté de la plaque parfois !
Il me renvoya un léger pétillement contre mon cœur, mais le Lien ne vibra pas. Je me retournai dans ses bras pour mieux le voir et remarquai le sourire triste qui ornait son beau visage. Mes doigts effleurèrent la commissure de ses lèvres.
— Quoi ?
— Je pensais que tu l’apprendrais plus tard, et pas dans de telles circonstances… J’imaginais que ce jour-là nous en ririons tous les deux…
— Quoi ? répétai-je, ne comprenant pas où il voulait en venir.
— Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je ne vais pas aimer ce qu’il va dire… grommela Esther.
— Je n’ai rien dit à ma mère, ni à personne. Toute la meute a senti que tu étais enceinte dès le premier jour.
— Comment ! s’égosilla Esther.
Je me figeai alors que l’information faisait le tour de mon cerveau.
— Espèce de petit… Mais c’est de la triche ! râlai-je.
Le Lien vibra légèrement et il y eut un long silence pendant lequel je reposai ma tête contre son torse.
— Comment ça, j’ai tenu ma langue pour rien ! continua Esther sur le même ton.
Elle se mit à faire les cent pas dans la chambre tout en pestant contre Charlie et les autres loups.
— Ce traître ! Il aurait pu me mettre dans la confidence ! fulmina-t-elle.
Je fis abstraction du reste de ses paroles.
— Ça veut dire que tu le savais avant moi ? soufflai-je.
— J’ai attendu que tu le comprennes, et ta joie quand ça a été le cas… Je ne voulais pas te gâcher la surprise. Ça valait le coup de patienter. Je m’en souviendrai jusqu’à la fin des temps.
— Tu parles ! Quelle excuse bidon ! grommela l’esprit.
Je poussai un long soupir, partagée entre l’envie d’être blasée par la situation, et contente qu’il m’ait permis de vivre ce moment parfait où je lui avais « appris » la bonne nouvelle.
— Tu pourras toujours l’annoncer à ta mère et à Zeph, dit-il avec un petit sourire espiègle.
— Tu parles d’un lot de consolation ! rouspéta Esther. J’ai dû faire attention à ce que je disais pendant un mois ! Un mois ! Et vous étiez tous au courant !
— Moi qui imaginais qu’il n’y avait que nous deux qui savions, murmurai-je. Et Esther, bien sûr !
— Bien sûr… approuva Raphaël, en jetant un regard vers l’espace où il croyait qu’elle était.
— Je suis de l’autre côté ! le rabroua Esther.
Elle semblait vraiment lui en vouloir.
Parfois, nous étions naïves… Quand j’y pense, j’avais même pris la peine de faire ma première échographie dans un hôpital humain au lieu de demander à Julie, la médecin de meute. D’ailleurs, l’obstétricien était complètement passé à côté d’une information capitale : il n’y avait pas un, mais deux bébés.
— À défaut, c’est moi qui t’ai appris qu’ils étaient deux, me consolai-je.
Une douce chaleur m’enveloppa alors que je sentais sa joie revenir.
— Oui.
— Et ta mère a assuré que si nous attendions des filles, elles deviendraient immortelles à leur tour ?
— Oui.
Je poussai un long soupir, mon esprit enfin calmé.
— Bon… Ça pourrait être pire…
— Oui, bah si toi ça te convient, moi je vais aller remonter les bretelles de Charlie ! s’agaça Esther.
Sans préambule, elle sauta à travers le mur.
Mes yeux s’arrondirent.
— Elle est partie régler ses comptes avec Charlie… dis-je, éberluée.
Raphaël pouffa et, quand l’esprit de notre ami nous renvoya une frayeur soudaine — le réveil en fanfare sans aucun doute — suivie d’une stupéfaction sans nom, il éclata franchement de rire. Je le lorgnai, amusée.
— Tu as de la chance de ne pas la voir, parce que sinon c’est à toi qu’elle aurait réclamé vengeance.
— Je sais, approuva-t-il avec un sourire de loup.
Je tournai et retournai les possibilités dans ma tête le reste de la nuit. Raphaël caressait doucement mon bras, mon ventre, lui aussi absorbé par ses pensées.
J’avais beau chercher, je ne voyais qu’une seule solution. J’allais protéger nos enfants, et pour ça il fallait que je devienne bien plus puissante ! Quitte à réveiller Aldara en m’entraînant comme une acharnée.
— Voilà, ça c’est la bonne mentalité, murmura Raphaël.
Je serrai sa main contre mon cœur pour toute réponse.
— Dès que tout le monde sera debout, continua-t-il, nous verrons avec mes parents s’ils ont des informations sur les vouivres. Nous n’allons pas attendre bien gentiment qu’elle se réveille.
Son ton était empli d’une certitude sans faille.
— Nous allons la traquer et si nous le pouvons, poursuivit-il, nous la tuerons avant même qu’elle ouvre un œil.
Après lui avoir assuré que j’allais bien et qu’il pouvait partir chasser l’esprit tranquille, Raphaël rejoignit Liam et Maggie, nos enfants de cœur, qui l’attendaient dehors avec impatience.
Je fermai les yeux, le petit matin chassant mes craintes, et me rendormis.
Mais pas avant de penser à Neven. Lui qui avait juré vouloir voir ma tête quand j’apprendrais qui était Aldara…
Ma réaction devait être à la hauteur de ses espérances…
3. Brunehilde
Treizième siècle après Jésus-Christ, Armorique
Brunehilde et Annaïg avaient été les témoins impuissantes du massacre de leurs sœurs. Dans un silence lourd, elles étaient retournées chez elles, rejouant encore et encore la transformation de la vouivre. Brunehilde se revoyait essayer de l’immobiliser sans même réussir à la freiner, elle revoyait ses sœurs être incapables de se lier aux éléments.
Cette abomination les rendait aussi inoffensives que des chatons !
— J’ai bien réfléchi, dit enfin Brunehilde alors qu’elle approchait de sa demeure, nous allons recourir à un sortilège.
Cette déclaration lui coûtait beaucoup, elle qui avait interdit à ses sœurs l’usage des sortilèges parce qu’ils requéraient le sacrifice de l’une d’entre elles…
Malheureusement, elle ne voyait pas d’autre solution. Elles uniraient leurs pouvoirs et il ne faisait aucun doute qu’elles seraient assez puissantes pour anéantir la bête.
Son ventre se noua et la nausée lui serra la gorge.
Annaïg, qui s’était arrêtée de marcher sous le choc de la nouvelle, la rattrapa et lui saisit le bras pour la forcer à se retourner. Brunehilde fit face à sa cousine, la personne la plus proche d’elle, et elle sentit ses yeux la piquer tandis qu’elle observait la détermination dans le regard de la belle blonde. La Gardienne n’avait pas besoin qu’Annaïg parle pour savoir ce qu’elle avait en tête.
Elles avaient vécu tant de choses ensemble… Sans Annaïg, elle ne serait jamais devenue la femme qu’elle était.
Annaïg lui sourit avec douceur.
— Tu as Rozenn à protéger, elle a besoin de toi. Ne fais pas cette tête, c’est mon devoir et ma fierté de mourir en vous sauvant toutes.
Brunehilde retint ses larmes avec difficulté tandis que le sourire d’Annaïg s’élargissait.
— Pour une fois, ce sera moi la femme de la situation ! dit-elle dans une vaine tentative d’alléger l’humeur de sa cousine.
Brunehilde hocha la tête à contrecœur, elle aurait dû se douter qu’Annaïg ferait ce choix…
— Dans ce cas, à notre retour, nous convoquerons nos sœurs et en attendant leur arrivée, je mettrai au point le sortilège.
Son regard se perdit sur la plaine si familière.
— J’aurais tellement voulu que tout cela finisse autrement.
— Comme nous toutes, ma sœur… Comme nous toutes…
Brunehilde soupira et reprit le chemin jusqu’à sa demeure. Il lui faudrait bannir les loups de ses terres. Cette pensée lui fendilla un peu plus l’âme, mais savoir que Bredig, une louve, veillait sur sa fille, lui arrachait des frissons d’horreur. Elle ne pouvait plus faire confiance à aucun loup-garou. Pas tant qu’elle n’aurait pas réglé leur compte aux fils de Lune qui les envoûtaient.
4. Raphaël
Maggie était tapie dans les fourrés, Liam à quelques mètres d’elle. La louvette pistait la trace d’un cerf depuis notre départ et elle l’avait enfin trouvé. Il était majestueux avec ses bois à multiples cors. Il releva la tête et ses oreilles frémirent. Le Lien se tendit, ma fille prête à lancer l’assaut. C’était sa proie et la fierté de Liam rayonnait. C’était la première fois qu’elle menait la chasse seule.
Un sourire de loup s’étira sur ma gueule et retroussa mes babines. Elle avait pris énormément d’assurance ces derniers mois, mais Neven et ses frères avaient si bien manipulé notre meute que j’avais eu peur que tous ses efforts soient renvoyés à la case départ.
Ce n’était pas le cas, elle était bien plus forte que cela.
Rapide comme l’éclair, je suivis son pelage châtain alors qu’elle se jetait sur son repas toutes griffes dehors. Le cerf la sentit venir et fit un bond en avant. La petite ne parvint pas à l’intercepter et déjà il détalait à travers les arbres. La surprise de Maggie éclata dans le Lien, elle était tellement sûre d’avoir été assez discrète. La stupéfaction fut vite remplacée par son allégresse à la perspective d’une course poursuite.
Nous étions des prédateurs et il ne pouvait rien y avoir de plus exaltant que de partir à la poursuite de sa proie.
Liam sauta par-dessus le buisson qui le cachait, juste après sa sœur, et les louveteaux disparurent derrière les arbres. Je les suivis à petites foulées sur le sol moussu.
Maggie rattrapa sans difficulté la bête, un cerf ne faisait pas le poids face à un loup-garou, même jeune. Elle lui rentra dedans en le frappant de son flanc pour le déséquilibrer. Il tenta un bond de côté, mais cette fois la petite était prête. Elle referma ses crocs acérés sur la patte avant de sa proie et tira de toutes ses forces pour le forcer à s’étaler par terre. Elle évita un coup de bois et, sans perdre de temps, lui sauta à la gorge. Lorsque j’arrivai à leur niveau, le cerf était mort et Liam avait déjà repris apparence humaine.
— C’était génial ! s’exclama-t-il, excité comme une puce.
Il faisait de grands gestes et son regard brillait de fierté.
— T’as trop assuré, Maggie !
Sa sœur se transforma, un large sourire sur son visage barbouillé de sang. Elle se tourna vers sa proie et apprécia la bête majestueuse qu’elle avait chassée. Ses prunelles noisette vinrent chercher mon approbation et je grondai tout en m’allongeant au sol. Sa joie irradia le Lien avant qu’elle ne reprenne forme animale pour se repaître de sa prise. Liam suivit son exemple et je les regardai faire avec adoration. Laure et Victor seraient si fiers d’eux…
Les enfants étaient partis pour le QG pendant que je me douchais, et en sortant de la salle de bain je retrouvai Ninon toujours endormie dans notre lit.
Elle était tellement belle que mon souffle se coupa l’espace d’un instant. Ses longs cheveux noirs étaient étalés sur l’oreiller, sa respiration paisible. Sa peau était aussi pâle que les draps et son petit nez retroussé s’était froncé sous l’effet de son rêve.
Comment autant de puissance pouvait-elle sommeiller dans un si petit corps ?
Mes mains tremblèrent et je les refermai en poing. La déesse se moquait de nous, pourquoi mettre sur notre chemin un monstre si redoutable ? N’avions-nous pas le droit d’aspirer au bonheur sans le gagner au prix de grandes batailles ?
Je grondai d’impuissance et Ninon remua en sentant mon agitation. Déesse, que je voudrais l’empêcher d’affronter cette vouivre.
Je pris une profonde inspiration pour calmer mes craintes, et vins m’asseoir à ses côtés. Ses longs cils noirs frémirent sur ses joues et un baiser sur son front finit de la réveiller. Je me perdis dans
