Marceline: L'éveil
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À propos de ce livre électronique
Cet accident, suspect aux conséquences funestes, va plonger l’héroïne dans une quête périlleuse sans précédent : celle de sauver la vie de vieilles femmes, incluant celle de sa grand-mère Elvira, d’une organisation criminelle.
Aidée par Alba, son amie téméraire, Andy, son premier amour et son grand-père Novak, Marceline devra apprendre à maîtriser son nouveau don afin de faire tomber l’homme qui orchestre cette machination diabolique.
Une course contre la montre s’amorce, car il ne reste que quelques jours avant l’inévitable.
Un plan improvisé et une volonté d’acier leur permettront-ils de sauver Elvira d’une mort certaine ?
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Aperçu du livre
Marceline - Sandrine Dionne-Gougeon
Sandrine Dionne-Gougeon
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.
Distributeur : Distribulivre
www.distribulivre.com
Tél. : 1-450-887-2182
Télécopieur : 1-450-915-2224
© Les Éditions de l’Apothéose
Lanoraie (Québec) J0K 1E0
Canada
apotheose@bell.net
www.leseditionsdelapotheose.com
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2023
ISBN EPUB : 978-2-89775-972-8
Imprimé au Canada
Chat contourPour Colette, où que tu sois.
Merci à
Mon mari Jean-Pierre
Mon amie Joelle Rivard, écrivaine
Mes amies du club de lecture Barnicks, books & Brownies
Fabrice G.
ValMo illustratrice.
Accident
Je n’arrive pas à y croire. Je me débrouille bien sur un vélo habituellement. Comment est-ce possible alors que je sois étendue sur la chaussée, entre deux voitures, à attendre l’ambulance ? Je n’ai rien vu venir. J’essaie de me rejouer la scène, mais rien. Je ne vois pas ce qui a causé l’accident. Tout ce que je sais, c’est que ma cheville droite fait un mal de chien, que j’ai un début de migraine et que mon index gauche n’est définitivement pas dans le bon angle. Beaucoup de monde s’agite autour de moi. Des gens que je ne connais pas me disent de ne pas bouger. Un homme tient ma tête entre ses mains pour que mon cou ne remue pas. Pourquoi toute cette agitation ? Je ne suis tout de même pas sur la mince ligne entre la vie et la mort. Je suis consciente, je peux parler.
— Monsieur, est-ce qu’il y a d’autres blessés ?
— Je t’en prie, ne bouge pas.
— Je ne bouge pas. Répondez-moi s’il vous plaît. Vous savez que je vais l’apprendre tôt ou tard.
— Il y a une fille là-bas qui est tombée de son scooter.
— Elle va bien, monsieur ?
— Elle est inconsciente.
— Elle est inconsciente ou elle est… Est-ce qu’elle est en vie ? Elle n’est pas morte, n’est-ce pas ?
— Je n’en sais rien.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
— J’étais juste derrière toi en voiture lorsque ça s’est passé. Par chance, je n’allais pas vite. La fille au scooter n’a pas freiné à l’arrêt et une voiture l’a percutée. Toi, tu n’as pas eu le temps de freiner et tu as heurté l’arrière de la voiture qui l’a frappée. Tu as fait un petit vol plané par-dessus la valise jusqu’à l’avant. Le conducteur de la voiture ne semble pas blessé, mais je crois qu’il a subi un grand choc nerveux. Il tremble et il vomit. Écoute ! L’ambulance arrive enfin.
— Merci monsieur.
On m’installe un collet cervical et on me dépose délicatement sur une civière. On prend mes signes vitaux. Mon cœur bat vite. Je n’arrête pas de penser à cette fille et je n’arrive pas à contrôler les larmes qui coulent sans arrêt de mes yeux.
— Ne t’en fais pas, me dit l’ambulancière, pour me rassurer. La police a appelé tes parents. Ils vont nous rejoindre à l’hôpital. Je sais que tu souffres. Le médecin de garde va rapidement te donner quelque chose pour te soulager lorsqu’il aura terminé d’évaluer ton état. Pour l’instant, je ne peux que mettre de la glace sur ta cheville et ton doigt.
— Merci. Et la fille ?
— Tu la connais ?
— Non, je ne crois pas. En fait, je ne sais pas, peut-être. Elle est vivante ?
— Tant que le médecin ne l’aura pas évaluée, nous ne pouvons pas nous prononcer. Ce que je peux te dire en revanche, c’est que ses blessures sont plus graves que les tiennes.
Elle est morte. Je le sens. Ce matin, du sang circulait dans son corps, de l’air entrait dans ses poumons, des pensées étaient formées dans son cerveau et maintenant, tout ça n’existe plus. Cette personne, en disparaissant, laisse un trou béant dans la vie de ses proches. C’est si soudain, si rapide. Je sais que je ne suis pas à l’origine de l’accident, mais je sens les derniers instants de cette fille liés à moi d’une manière que je n’arrive pas à m’expliquer.
Nous arrivons à l’hôpital et rapidement un médecin vient m’examiner. On m’installe aussi dans une machine qui scanne mon cerveau et une autre qui prend des radiographies de tout mon corps. Semblerait que rien ne soit cassé. On remet mon index à sa place et on l’installe dans un drôle de bandage rigide que je devrai porter quelques jours. J’ai une légère commotion, mais grâce à mon casque, le pire a pu être évité. Mon cou n’a rien de grave et ma cheville présente une entorse de grade 2. Rien de trop méchant. Je suis incroyablement chanceuse. On m’enlève le collet et on m’installe un intraveineux avec un antidouleur. Je ne resterai pas longtemps à l’hôpital, mais pour l’instant, on me dit que je dois relaxer, que j’ai eu un grand choc nerveux en plus de tout le reste.
Ma mère arrive enfin. Je suis dans une grande salle commune avec plein de gens malades autour de moi. La femme à ma droite se fera enlever l’appendice dans quelques minutes. Elle souffre énormément malgré les analgésiques et ses plaintes de douleurs exacerbent mes propres émotions.
Maman a les yeux rouges. Je crois qu’elle a pleuré. Elle a pourtant un sang-froid incroyable en raison de sa double spécialisation. Elle est urgentologue et s’occupe aussi des gens aux soins intensifs. Elle fait de la médecine interne. Je ne sais pas exactement ce que c’est, mais des gens accidentés, elle en a vu beaucoup.
— Marceline, mon poussin, je suis là.
— Maman…
Je n’arrive pas à en dire plus. Toutes les larmes que je retenais se mettent à sortir de manière désordonnée. Je hoquette, hyperventile, tremble et morve même un peu.
— Du calme, du calme.
Elle me caresse les cheveux doucement, ce qui a pour effet d’augmenter mes pleurs. Avec elle à mes côtés, je ne cesse de penser aux parents de la fille au scooter qui n’ont pas la chance de prendre leur fille dans leurs bras. Ils ne peuvent pas la réconforter, car elle n’existe plus. Et eux, qui est-ce qui va les consoler ? J’ai tellement de peine pour eux. C’est au-delà de l’empathie.
Après m’être calmée un peu, j’arrive enfin à faire une phrase complète avant de me remettre à pleurer de plus belle.
— Elle est morte.
— Je sais mon poussin, les policiers me l’ont dit.
Je pleure encore et encore et finis par m’endormir, épuisée, à moins que quelqu’un ait mis quelque chose dans mon soluté à mon insu, car j’empêchais tout le monde de dormir.
Je suis restée à l’hôpital plus longtemps que prévu à cause de mon état psychologique. Pendant plusieurs jours, je n’arrivais pas à dire un mot sans pleurer. Je suis habituellement émotive, mais jamais à ce point. Quelque chose de différent m’arrive. Je crois que c’est parce que c’est la première fois que j’ai conscience qu’une personne de mon âge meurt. Et c’est beaucoup plus réel que dans les films. On ne meurt pas à quinze ans. On a la vie devant nous. On commence à peine notre existence.
Enfin, j’ai mon congé de l’hôpital. Je suis ravie de retrouver ma chambre et le confort de mon lit. Je me déplace en béquilles, mais ne souffre pas trop. Je suis contente que nous soyons en juillet. Ainsi je ne suis pas l’attraction principale de l’école. La bête de foire en béquilles, impliquée dans un accident mortel. Sujet inépuisable.
Je passe du temps seulement avec ma meilleure amie qui débarque tous les matins à 7 h 30 avant d’aller travailler. Elle est monitrice dans un camp de jour. En fait, nous étions monitrices ensemble, mais à cause de l’accident, j’ai dû démissionner. C’est dommage, car j’avais remarqué dans un autre groupe un moniteur qui me plaisait bien. Tant pis. Ce ne sera pas cet été que je vais avoir mon premier amoureux.
Alba est une amie fantastique. Nous nous connaissons depuis la garderie. Elle passe à la maison tous les matins en allant au camp, mais aussi tous les soirs en y revenant. Elle vient me voir, mais elle vient aussi voir grand-maman Elvira. Elvira, c’est elle qui a pris soin de nous quand nous rentrions de l’école primaire et même du secondaire. Elle nous a fait faire nos devoirs et nous a préparé nos repas jusqu’à tout récemment.
Le mois dernier, elle est soudainement entrée dans un très profond coma. Sans signe avant-coureur, juste comme ça. Un soir, elle s’est couchée et ne s’est pas réveillée, sans pour autant être décédée. Son corps vit encore. Son cœur bat de manière très régulière et on voit qu’il y a de l’activité dans son cerveau de grand-mère.
Ma maman médecin a contourné quelques règlements pour garder sa mère à la maison. Grand-papa Novak reste à son chevet la majorité du temps, car de manière imprévisible, grand-maman peut se mettre à hurler pour qu’on lui vienne en aide et retombe aussi soudainement dans son profond sommeil. Personne n’y comprend rien. Novak prend des notes, car Elvira prononce aussi à l’occasion des mots qu’il prend pour des indices. Des indications afin de l’aider à revenir parmi nous. Il dit qu’il lui arrive de lui parler en rêve. Jamais aux mêmes heures. Quelques fois pendant la sieste d’après-midi, quelques fois pendant la nuit. Il s’est même mis à faire des siestes l’avant-midi pour augmenter ses chances de lui parler. Est-il en train de sombrer dans la folie tant il désespère de retrouver son Elvira chérie ? Quarante-cinq ans de mariage, ce n’est pas négligeable.
Ma mère s’occupe du corps de mamie de manière très méthodique. Tous les jours, elle vérifie de multiples constantes, teste divers réflexes, s’assure qu’il y a tout ce dont elle a besoin dans son soluté tandis que papi masse, frictionne et active tous ses membres. Tout le monde parle beaucoup à grand-mère tout en gardant un œil sur le moral de son mari.
Alba et moi parlons avec Novakool, comme l’appelle mon amie, de l’avancée de ses recherches. Il lit tout ce qu’il trouve sur le coma. Il a récemment fait le rapprochement entre le cas de sa femme et celui de quatre autres femmes du même âge. Il tente d’en savoir plus, mais les informations sont peu nombreuses et difficiles à obtenir. Je crois qu’il va aller visiter les familles de ces femmes dans les prochains jours.
La semaine prochaine, j’aurai mon premier traitement de physiothérapie pour ma cheville. Ça va occuper un peu de mon temps, car je commence à tourner en rond. Je dois travailler fort pour occuper mon esprit. J’essaie de passer le temps du mieux que je peux, car dès que j’arrête, les images de l’accident me reviennent en tête et je repense encore et encore à Frankie, la fille qui a perdu la vie. J’ai lu son nom dans le journal. Il y avait aussi des photos de l’accident. On y voyait son corps couché sur la chaussée, entouré de ruban jaune pour que personne ne s’approche d’elle. Pourquoi les journalistes ont-ils choisi une photo aussi macabre ? Une photo de classe aurait pu faire autant l’affaire, non ? Elle avait les cheveux blonds courts et des tatouages sur les bras. Plusieurs. C’est peu habituel d’en avoir autant à notre âge. Si je demande à ma mère la permission de me faire tatouer, je doute fort de l’obtenir. Quel genre de parents avait Frankie ? Et quel genre de fille était-elle ? Je pense à elle très souvent, mais je n’en parle à personne sauf à Elvira. Je ne sais pas si je l’emmerde avec mes histoires, mais ça me fait du bien d’en parler à quelqu’un.
Alba m’a dit ce matin que le gars que je trouvais mignon ne m’aurait pas plu finalement. Il paraît qu’il a déjà embrassé trois des dix monitrices et l’été ne fait que commencer. La bisbille rôde. Alba aura de bons potins à me raconter si ça continue comme ça.
Exorcisme
Je suis un peu nerveuse pour la première séance de physiothérapie. Je ne sais pas à quoi m’attendre et comme ma cheville est encore assez douloureuse, j’ai un peu peur que la douleur augmente à la suite du traitement. Grand-papa Novak vient me reconduire et me dit qu’il va aller se promener en attendant la fin de mon rendez-vous. Il a vu une boutique d’objets usagés près d’ici. Il va aller y jeter un coup d’œil. Il est toujours à la recherche de vieilles radios. Il récupère les pièces encore utiles pour bidouiller et rafistoler celles qui encombrent déjà le sous-sol. Il occupe son temps comme on dit.
J’entre dans un grand bâtiment qui me fait penser à un vieux centre communautaire. C’est laid et trop climatisé. Je suis contente d’avoir apporté une veste. Je me présente à la réception et la réceptionniste, une femme entre deux âges, me remet un questionnaire à remplir. Assise bien droite sur ma chaise en plastique, j’attends qu’on vienne me chercher. Un grand brun athlétique d’environ dix-sept ans se plante devant moi et me dévisage assez longtemps pour que je ressente un malaise. Il finit par se ressaisir et me tend la main pour m’aider à me lever. Je clopine maladroitement derrière lui jusqu’à l’endroit où auront lieu mes soins. C’est une salle exiguë, sans personnalité ni chaleur.
Il m’aide à m’asseoir sur le bord d’une table qu’on utilise généralement pour les massages. Finalement, il me tend officiellement la main et se présente.
— Je suis Anderson, mais tout le monde m’appelle Andy. Mon père est le physio en chef. Je suis son assistant.
— Je suis Marceline, mais tu le sais déjà. Tu peux m’appeler Marcy. C’est plus court.
Au même instant, son père, un homme de bonne stature, au regard doux, entre dans la pièce et me dévisage à son tour. J’ai peut-être du dentifrice autour de la bouche ?
— Excusez-moi… Pouvez-vous me dire pourquoi vous me regardez comme ça tous les deux ? C’est un peu gênant, vous savez.
— Oh ! Pardon ! Je suis vraiment désolé. C’est juste que… Tu nous fais penser à quelqu’un. Je m’appelle Clyde et, avec mon fils, on va s’occuper de ta cheville.
Anderson commence par enlever délicatement ma chaussure pour examiner mon pied et ma cheville. Il reste encore beaucoup de zones violacées et c’est encore bien enflé. Il frotte ses mains l’une contre l’autre, relève les manches de sa veste et applique ses mains chaudes doucement contre ma cheville. Je me crispe, anticipant la douleur, mais elle ne vient pas. À mon grand étonnement, le contact de ses mains me procure plutôt un soulagement. Pendant qu’il commence à faire bouger lentement mon pied, son père passe en revue le questionnaire que j’ai rempli quelques minutes plus tôt. Comme je n’ai aucun antécédent de trauma ni aucune maladie organique ou métabolique, le questionnaire prend vite la direction du fond du tiroir.
Je regarde les gestes lents et précis qu’exécutent les mains puissantes d’Anderson lorsque mes yeux remontent tranquillement vers ses avant-bras.
— Oh !
— Qu’y a-t-il ? Je t’ai fait mal ?
— Oh non ! C’est juste que la fille impliquée dans le même accident que moi avait des tatouages similaires aux tiens.
Il retire brusquement ses mains de ma cheville, comme si ma peau l’avait brûlé.
— Mes tatouages ?
Je ne comprends pas ce qui se passe. Son père me dévisage encore plus que tantôt. Je suis très mal à l’aise. Je voudrais m’en aller.
— Est-ce qu’on a terminé ? Je peux retourner à la maison ?
Clyde se racle la gorge, visiblement troublé.
— Non, pas encore. Il nous reste à faire les exercices.
Il s’approche de moi et met ses mains sur mes épaules. Tout à coup, je me sens libérée d’un énorme poids. Une grande partie de la peur, de la tristesse et de la colère que je ressentais depuis l’accident vient de partir. Je me sens si soulagée qu’un grand hoquet de surprise et d’apaisement sort de ma bouche. Je ne sais pas ce qui vient de se passer, mais je me sens très seule tout à coup.
Je demande à Anderson de me redonner ma chaussure. Je veux rentrer à la maison. Ils me laissent partir même si le soin n’est pas terminé. En quittant, je me demande si je viendrai à mon prochain rendez-vous. J’ai deux jours pour y penser.
Grand-papa m’attend dans la voiture. Il me regarde comme si j’avais quelque chose de changé.
— Tu as meilleure mine, Marcy. As-tu moins mal ?
— Je n’en sais rien. C’était trop bizarre.
— Des choses bizarres, il y en a beaucoup trop ces temps-ci. J’ai rendez-vous demain chez une de ces femmes qui est aussi dans le coma comme mon Elvira. Sa sœur, qui s’occupe d’elle, va me recevoir.
— Tu crois vraiment qu’il y a
