Père Noël, faut qu'on se parle
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À propos de ce livre électronique
Je ne crois plus en toi depuis belle lurette, mais là, il me faut un miracle ! Et comme le temps des fêtes est ma période préférée de l’année, je compte sur ta magie.
Tu vois, ce que je voudrais, c’est un cadeau spécial sous mon sapin. Juste assez grand, avec un regard à faire fondre et un cœur à la bonne place pour prendre soin du mien. L’homme parfait, quoi ! Un qui ne m’abandonnerait pas. Disons que plus les années filent, plus j’ai l’impression de tomber sur des clones du Grinch…
Oh ! Et mon amie Yasmine affirme que s’il pouvait ressembler à Ryan Gosling, ce serait un GROS plus.
PS : Pourrais-tu aussi t’arranger pour que ma mère ne juge pas tous mes choix de vie, s’il te plaît ? Je t’en serais éternellement reconnaissante.
Une de tes plus grandes fans,
Florie
Joanie Mailhot Poissant
Ses histoires commencent dans des cahiers Canada et ont comme thème principal : l’amour. Il n’aurait pu en être autrement pour cette adolescente un peu trop mélodramatique. Aujourd’hui, Joanie Mailhot Poissant est une enseignante de français qu’elle espère un peu délurée. Les mots sont et seront donc toujours au centre de sa vie. L’amour aussi.
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Aperçu du livre
Père Noël, faut qu'on se parle - Joanie Mailhot Poissant
Joanie Mailhot Poissant
Père Noël,
faut qu'on se parle
Logo: Éditions de MortagneCatalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Père Noël, faut qu’on se parle ! / Joanie Mailhot Poissant.
Noms : Mailhot Poissant, Joanie, auteur.
Collections : Lime et citron.
Description : Mention de collection : Collection Lime et citron
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20240011619 | Canadiana (livre numérique) 20240011627 | ISBN 9782897926519 | ISBN 9782897926526 (PDF) | ISBN 9782897926533 (EPUB)
Classification : LCC PS8626.A417447 P47 2024 | CDD C843/.6—dc23
Tous droits réservés
Les Éditions de Mortagne
© Ottawa 2024
Édition et direction littéraire : Valérie Gagné
Révision linguistique : Danielle Maire
Correction d’épreuves : Audrey Faille
Illustration de la couverture : Genevieve D’Astous
Graphisme intérieur et maquette de la couverture : Ateliers Prêt-Presse
Adaptation numérique : Studio C1C4
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque nationale de France
4e trimestre 2024
Logo: Financé par le gouvernement du CanadaGouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Logo: Association nationale des éditeurs de livresMembre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL)
À toutes les grands-mères qui font leurs recettes« par cœur » et « à peu près », rendant impossible leur exécution par une autre personne
Particulièrement, à ma mémère.
Prologue
Cher père Noel,
À l’école aujourd’hui, Judith m’a dit que t’existe pas et Rebecca a dit la même chose. Je commence a être moins sur moi aussi. Je pense que c’est la dernière lettre que je vais t’écrire.
Cette année, j’aimerais avoir une malette de crayons et un ipod rose.
Comme ses ma dernière lettre, je voulais te demander des souhaits pour plus tart.
Est-ce que tu pourais me trouvé un travaille que j’aime ? Maman veut que je sois médecin comme papa, mais moi je trouve ça dégueulasse le sang et les blessure.
J’aimerais sa avoir une belle maison et un amoureux pour toute la vie. Je veux qu’il soi beau, gentil et qu’il aime les chiens parce que je veux un chien. Si c’est un acteur populaire, ses encore mieu.
Je veux te dire merci pour tout les beaus cadeaus depuis que je suis petite. Mais ses peutêtre mes parents dans le fond.
Joyeux Noel !
Florie, 8 ans
PS Si t’existe, je m’excuse si je te fais de la peine en disant que non.
Premier Noël
It’s the Most Wonderful Time of the Year
Mère Nature est de mon bord. Elle a décidé de célébrer ma fin de session avec une belle tempête. Des tonnes de flocons dansent allégrement dans les airs et le vent glacial de décembre me fouette. Mes joues, seule partie de mon corps exposée au froid (merci à mon foulard surdimensionné et à ma grosse tuque !), commencent à figer. Je hâte donc le pas vers le café près de mon appartement, où j’ai décidé de passer la soirée. Après la fin de mes examens, un grand chocolat chaud s’impose !
Mes pieds s’enfoncent dans la neige des trottoirs non nettoyés de la ville, ralentissant ma cadence. Mais ça ne me dérange pas. J’aime ce tapis blanc qui me met dans l’ambiance juste à temps pour les fêtes. Un Noël vert, voire gris, c’est d’une tristesse sans nom !
J’entre dans mon endroit de prédilection. Le café se situe à deux coins de rue de chez moi. Dès que j’y ai mis les pieds la première fois, j’ai été charmée par le foyer double-face au milieu de la grande pièce, les lumières tamisées et l’ambiance chaleureuse. J’en ai aussitôt fait mon refuge pour étudier, lire ou juste boire le plus parfait des cafés ou le meilleur des chocolats chauds concoctés par Martin, le barista de la place. Il est devenu un confident au fil de mes visites. Chaque fois qu’on se voit, on en profite pour potiner sur nos vies, et un peu aussi sur celles des autres.
Quand je franchis le seuil de la porte, la chanson It’s the Most Wonderful Time of the Year résonne dans les haut-parleurs, traduisant parfaitement mes pensées en ce moment. Noël et moi, c’est une histoire d’amour qui dure depuis toujours.
Toute mon enfance, j’ai passé mes vacances hivernales dans la grande maison de campagne parfaitement décorée de mes grands-parents paternels, Paul et Céleste. Elle embaumait le sapin naturel, les biscuits aux brisures de chocolat et les montagnes de crêpes que je pouvais manger matin, midi et soir. Notre rituel, à mes grands-parents et moi, c’était de faire le sapin ensemble. Et ils me laissaient toujours placer les plus belles décorations. Mon grand-père faisait jouer de vieux classiques de Noël et ma grand-mère préparait du chocolat chaud, qu’on buvait une fois notre œuvre accomplie. Je pouvais passer des heures à regarder les lumières clignoter. Et le soir, alors qu’il faisait nuit, mon grand-père m’emmenait glisser sur la grande côte derrière la maison.
Bref, cet amour, que dis-je, cette folie de Noël, je la dois à mes grands-parents. Et je ne l’ai jamais perdue.
Chaque année, je mets de la musique de Noël dans le tapis bien avant le premier décembre. Entendre le son des clochettes m’émeut presque. Mon sapin ? Il trône dans mon salon bien après le jour de l’An, parce qu’il crée l’ambiance parfaite de fin de soirée. Mon record, c’est de l’avoir gardé jusqu’en avril une fois. Il ne faut surtout pas me lâcher lousse dans un magasin de décorations de Noël. Des plans pour que je dépense l’entièreté de mon budget en guirlandes, centre de table (je manque de tables pour utiliser tous ceux que je possède déjà) et boules à neige (j’en ai une quarantaine, mais ce n’est toujours pas suffisant !). Et je capote sur l’odeur d’une tourtière. Une vraie, bien sûr. Ne m’insultez pas avec votre pâté à la viande hachée !
Il va sans dire que j’affectionne aussi tous les films de Noël. Les drôles, les touchants, les larmoyants et même les plus clichés. J’ai longtemps rêvé d’être l’héroïne de l’un d’eux. Moi aussi, je veux retourner dans mon village natal parsemé de fausse neige pour découvrir que mon ancien amoureux, avec qui j’ai évidemment une histoire non réglée, est encore plus sexy qu’avant ! Et je veux l’embrasser à la fin sous une averse féérique de flocons.
Je soupire de contentement et me dirige vers le comptoir où Martin me salue chaleureusement. Comme il n’y a pas de client en ligne, j’en profite pour l’interroger. La dernière fois qu’on s’est vus, il m’a confié avec émotion prévoir demander son chum en mariage à Noël. Non, mais quelle bonne idée ! Allô le romantisme ! Je ne me peux plus d’avoir tous les détails. Avant même de passer ma commande, je m’empresse de lui demander :
— Pis ??? As-tu la bague ?
— Ouiii ! Elle est tellement belle ! Veux-tu la voir ? me propose-t-il, complice.
— Ben là, tellement !
Il sort son téléphone et me montre une photo d’un anneau simple en bois dans lequel il a fait graver « Juste toi et moi ». Je fonds. Son chum est menuisier. Et ses parents n’ont jamais accepté son homosexualité. Je sais que par cette gravure, Martin veut lui signifier que l’important, c’est leur amour.
— C’est parfait ! que je déclare, la main sur le cœur. Vas-tu être capable de lui faire ta demande sans pleurer ?
— Heille, je ne le sais pas ! rigole-t-il, en rangeant son téléphone. Il va falloir que je me pratique, c’est sûr !
— Je suis certaine que ça va être magique !
Un client se met en ligne derrière moi, coupant malheureusement court à notre conversation.
— La même chose que d’habitude ? me suggère Martin par souci d’efficacité.
— Non, je vais prendre un grand chocolat chaud aujourd’hui. Tempête oblige !
— Ah ! Oui… maudite tempête ! maugrée Martin en se dirigeant vers les tasses.
— Bon ! Un autre qui hait l’hiver !
— Il fait froid, c’est plein de merde blanche partout… Je ne vois pas pourquoi on aimerait ça.
— Pour le ski, la raquette, le patin…
J’apprécie tellement la saison froide que je me fais un devoir de défendre cette malaimée chaque fois que j’en ai l’occasion. En voyant la grimace de Martin pendant qu’il fait couler mon nectar précieux, je comprends que je dois changer de tactique. De toute évidence, je ne le prends pas du bon bord.
— Pour rester à la maison, ton amoureux et toi collés sous une doudou ? que je tente, le sourire charmeur.
— Mouin, abdique-t-il à moitié. En fait, l’hiver, c’est le fun… juste si tu n’as pas à sortir. Moi, en tout cas, je serais bien content si c’était l’été toute l’année.
— Pas d’accord du tout !
Il sort une bonbonne de crème fouettée et me jette un regard pour savoir si j’en veux. Ça va de soi ! Un chocolat chaud sans crème fouettée, c’est comme un gâteau sans glaçage : il manque la meilleure partie. Je hoche la tête, sans lâcher le morceau :
— À Noël, il faut de la neige !
— À une seule condition : en janvier, le père Noël doit nous envoyer ses lutins pour tout déneiger ! Là, j’embarque !
Je pouffe de rire. Je ne pense pas qu’on va arriver à un terrain d’entente. L’été semble avoir soudoyé la majorité de la population avec ses terrasses, ses plages et ses tenues légères.
Je souhaite une bonne soirée à mon ami et me dirige vers un gros fauteuil près d’une fenêtre. J’enlève mon attirail d’accessoires hivernaux et secoue mes cheveux auburn qui m’arrivent aux épaules pour leur donner un peu de corps, même si je sais que c’est peine perdue après autant de temps sous une tuque. Je m’installe confortablement et sors ma lecture pour la soirée : Harry Potter. Le quatrième tome, pour être exacte. C’est une tradition. Chaque année, à l’approche de Noël, j’en relis un. Ce sont mes grands-parents qui m’avaient offert le premier tome. Pour moi, ce monde magique est donc empreint de réconfort. Ce n’est pas pour rien que les pages de mon exemplaire sont retroussées et un peu gondolées. Il a du vécu !
Je porte la tasse à ma bouche et sursaute lorsque le liquide chaud me brûle les lèvres. Au passage, je renverse un peu de chocolat chaud sur la table devant moi et me hâte de la nettoyer avec la seule serviette en papier que j’ai à ma disposition. Visiblement, ce ne sera pas suffisant. Je vais en demander d’autres à Martin, qui rigole de ma maladresse.
Je retourne à ma place et, au moment où je commence à essuyer mon dégât, mon regard croise celui de mon voisin de table. Il me sourit. Je lui retourne un sourire gêné. Il a sûrement été témoin de ma bévue.
Je me rassois, un peu gênée, et décide de laisser tiédir ma boisson. J’ouvre mon livre à la dernière page lue, bien décidée à plonger dans la lecture de la première épreuve du Tournoi des trois sorciers. Toutefois, je n’arrive pas à me concentrer comme je le voudrais. Malgré les frasques de mon personnage préféré, je sens un regard sur moi. Quand je lève les yeux, j’ai à peine le temps de croiser le regard de mon voisin de table avant qu’il retourne piocher sur son ordinateur. Malgré la gêne, je me permets de l’observer furtivement. Il est vêtu d’un gros chandail de laine, du genre qu’une blonde s’approprie un dimanche matin pour être confortable. Il est rasé de près, mais ses cheveux sont en broussaille. Des lunettes rondes au motif d’écailles lui donnent un look d’intello qui lui confère un certain charme.
Puis, je me fais prendre à mon tour. L’inconnu lève les yeux vers moi, puis les dirige vers mon livre.
— C’est mon préféré, dit-il en pointant ma lecture.
Comme il touche une corde sensible, j’oublie rapidement le malaise qui s’apprêtait à me gagner.
— Ah oui ? Pourquoi ? que je le questionne, intriguée.
— À cause de la fin. Pour la première fois, tout ne finit pas bien.
Sa réponse m’amuse parce que je pense exactement la même chose.
— Une chance que je l’ai déjà lu, sinon tu viendrais de me donner un gros indice.
— J’avais supposé, vu l’état du livre, rigole-t-il.
— Ouais, Harry Potter, c’est un de mes plus vieux amours.
— Il est chanceux, alors.
Il me tire un sourire, mais je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard. J’ai soudainement envie de remettre mon long foulard pour me dissimuler derrière. Je n’ai jamais été douée pour la drague.
De toute façon, ce n’en était pas, semble-t-il, parce qu’il retourne à son clavier et notre conversation s’arrête là. Voilà pourquoi je suis célibataire. Mes compétences en séduction sont complètement nulles. C’est l’histoire de ma vie ! Après tout, j’ai le béguin depuis deux ans pour Benjamin, un beau musicien dans mon bac, mais je me contente de lui sourire béatement et de bafouiller lors de nos quelques conversations…
Pour chasser ces idées, je vais me chercher un biscotti aux pistaches que je tremperai dans mon doux nectar. Ça me rappelle que ma grand-mère gardait toujours en réserve une boîte de biscuits Oreo pour les jours plus gris, durant ma jeunesse. Quand j’étais triste, elle la sortait et nous les enchaînions l’un après l’autre en les trempant dans le lait avec sa technique spéciale : celle d’insérer une fourchette dans la crème du centre pour ne pas se salir les doigts. C’est une tradition que j’ai gardée, bien sûr.
De retour à ma place, je remarque que mon voisin de table est dans une grande conversation téléphonique.
— Je sais, Frank, mais ce n’est pas parce que ça se passe à Noël que c’est obligé d’être cliché et prévisible !… Oui, je sais que ça se veut un film d’amour, mais… OK, OK… Oui, oui, dit-il en soupirant, je t’écris une belle fin et je t’envoie ça dès que j’ai terminé.
Il salue son interlocuteur et raccroche. Je lui envoie un petit sourire navré et il comprend que j’ai tout entendu, malgré moi.
— Désolé ! me lance-t-il. J’ai parlé fort, hein ?
— Ce n’est pas grave.
La politesse aurait voulu que je retourne à ma lecture, mais c’est plus fort que moi. Même si cette conversation ne me regardait pas, elle m’intrigue. En me mordant les lèvres de peur de me montrer indiscrète, je lui demande :
— T’écris un film de Noël ?
— J’essaie, oui.
— Wow, c’est génial ! que je souffle, impressionnée.
— Tu trouves ?
— Oui ! Je suis LA plus grande fan de films de Noël.
Il affiche un air amusé.
— Ça doit être le père Noël qui t’envoie, alors. Je dois refaire la fin, qui ne plaît pas au producteur. Est-ce que… tu voudrais m’aider ? Enfin, je ne veux pas te déranger, ajoute-t-il en désignant mon livre.
Je cache mon enthousiasme démesuré en balayant l’air de la main.
— C’est correct. Je l’ai déjà lu, que je lui réponds, à la blague.
— Je m’appelle Lambert, en passant.
— Florie.
On s’étire pour se serrer la main et une drôle de chaleur se répand au creux de mon ventre. Je ne sens étrangement pas de gêne entre nous. Tout est fluide et sympathique, comme si on se connaissait déjà. Il me rejoint à ma table.
— Donc, c’est quoi, le problème avec la fin ? que je commence sans perdre de temps.
— Elle manque d’émotion, ç’a l’air… Déjà, je voulais que les protagonistes ne terminent pas ensemble…
— Pourquoi ?
Je n’arrive pas à retenir une moue sceptique. C’est comme s’il proposait d’habiller le père Noël en bleu. Ça ne fait aucun sens.
— Je voulais quelque chose d’original un peu, explique-t-il. Surprendre les gens.
— C’est Noël ! On écoute les mêmes chansons depuis toujours, on mange les mêmes plats… C’est LE moment de l’année où les traditions sont importantes. Tu ne peux pas gâcher ça avec un film triste !
— C’est ce qu’on m’a expliqué, oui. En même temps, ça peut quand même être beau, deux personnes qui s’aiment, mais qui décident qu’elles ne sont pas faites pour être ensemble, non ?
Mon air bête et mes sourcils relevés semblent faire leur effet, parce que Lambert abdique :
— Bon. Ce n’est peut-être pas la fin idéale pour un film de Noël, j’en conviens. Mais qu’est-ce que tu voudrais ? Une scène comme celle des pancartes dans Love Actually, je suppose ?
— Oh oui ! C’est tellement beau ! que je m’exclame, sous le charme.
— Je le savais ! Toutes les filles capotent sur cette scène-là parce qu’un gars fait une déclaration d’amour silencieuse à une femme sur fond de musique triste. Mais cette femme-là, c’est celle de son meilleur ami ! Allô le malaise ! En plus, le gars, il finit tout seul au bout du compte.
Il marque un point, mais je ne me laisse pas faire pour autant.
— OK, mais il y a d’autres excellentes scènes dans ce film. Par exemple, quand Hugh Grant passe de maison en maison pour trouver la fille qu’il aime… Tu ne peux pas dire que ce n’est pas romantique !!
— Il doit avoir le double de son âge !
— Bon. Peut-être que Love Actually n’est pas un bon exemple. Mais… tiens ! Dans The Holiday ! Quand Cameron Diaz réussit enfin à pleurer au moment où elle réalise qu’elle aime Jude Law… Ou dans Miracle on 34th Street, quand la petite fille se lève à la fin et se rend compte que le père Noël lui a accordé son dernier souhait : une famille. Ou dans Home Alone 2, quand la mère de Kevin le retrouve devant le sapin géant de Time Square… Je veux dire ! En veux-tu, des belles émotions ? En voilà plein !
Il me toise, l’air amusé.
— Tu les as vraiment tous écoutés, hein ?
— Coupable.
— Je pourrais aussi prendre exemple sur Die Hard tant qu’à y être. Après tout, Bruce Willis est prêt à mourir pour sauver les collègues de sa femme. Ça prend aux tripes, ça aussi.
J’éclate de rire devant son sourire espiègle.
— Pourquoi pas ?! La voilà, ta fin : le couple se retrouve devant un sapin de Noël géant après que le gars ait vaincu une attaque terroriste. Il fait une déclaration d’amour à la femme avec des pancartes, mais cette fois, elle lui retourne son amour parce qu’elle réalise qu’elle l’aime alors qu’elle pleure pour la première fois. La fille est enceinte, alors ils vont former une famille. Ah ! Pis tout ça sous une tempête de neige, bien sûr !
Tout au long de ma tirade, Lambert affiche un air perplexe, avant de s’esclaffer, m’entraînant avec lui.
— Je pense bien qu’on l’a trouvée ! se rend-il.
— On ne peut pas faire mieux.
Le temps ralentit, nous isolant, Lambert et moi, dans une bulle. Mon chocolat chaud repose devant moi, mais je n’en ai plus besoin pour me réchauffer. On échange ainsi pendant près d’une heure. Notre conversation est animée. Son côté passionné ressort et je m’emballe à mon tour. Certaines idées valent la peine d’être élaborées, d’autres sont jetées immédiatement aux oubliettes. On pourrait presque refaire le monde… des comédies romantiques de Noël. Puis, Lambert regarde l’heure sur son téléphone et le temps reprend son rythme effréné.
— Je dois y aller.
Je suis déçue. J’aurais eu envie que la discussion se prolonge.
— Mais merci, Florie.
— Ça m’a fait plaisir.
Il met son manteau dans un geste maladroit. Ça ajoute à son charme. Puis, je le regarde se diriger vers la porte. Soudain, il fait volteface. A-t-il changé d’idée ? Veut-il que ce moment s’éternise, lui aussi ? Je le questionne du regard lorsqu’il revient vers moi. Après quelques secondes d’hésitation, il s’explique :
— Mes gants ! J’ai oublié mes gants !
Il se penche sur la chaise en avant de sa table, les récupère et me fait un sourire avant de retourner dans la tempête.
Il disparaît rapidement sous les flocons.
L’enfant au tambour
La farine est étalée un peu partout. Sur le comptoir, sur mon tablier et probablement dans mes cheveux. Je suis en pleine production de tartes au sucre, sur fond – bien entendu ! – d’airs de Noël. Yasmine, ma coloc et amie, est censée m’aider, mais elle me regarde plutôt faire en me tendant parfois un ingrédient. Chaque fois que je cuisine avec elle, c’est la même chose. Elle prétend vouloir me donner un coup de main, mais tout ce qu’elle veut réellement, c’est manger ce que je prépare au fur et à mesure. Mais bon. Considérant que sa mère nous fournit en couscous, tajines et baklavas à longueur d’année, je ne rechigne pas trop.
J’ai rencontré Yasmine au début de mon bac en communication. C’est le genre de personne qui attire le regard quand elle entre dans une pièce. Avec sa
