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Guerrière - Première mission
Guerrière - Première mission
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Livre électronique290 pages3 heuresGuerrière

Guerrière - Première mission

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À propos de ce livre électronique

NOM :
Stella Séguin
MÉTIER :
Ange guerrière dédiée à la protection des humains
OBJECTIF :
Créer une brigade d’élite
PREMIÈRE MISSION :
Démanteler un réseau qui exploite clandestinement des immigrants

Confrontée à la terrible perte d’un être cher, Stella fait tout en son pouvoir pour protéger ceux qu’elle aime et contrer les manigances d’une ange sournoise et manipulatrice. Y parviendra-t-elle sans mettre en péril la réussite de sa mission ? Rien n’est moins sûr quand le mal rôde...
LangueFrançais
ÉditeurÉditions de Mortagne
Date de sortie31 juil. 2024
ISBN9782897926267
Guerrière - Première mission
Auteur

Priska Poirier

Détentrice d’un baccalauréat en enseignement et d’un certificat en intervention psychosociale, Priska Poirier axe depuis toujours ses projets sur la jeunesse. Ambassadrice de la lecture, elle visite de nombreuses écoles chaque année à la rencontre de dizaines de milliers d’élèves. Ses séries Le royaume de Lénacie, Seconde Terre et Les Éternels ont conquis le cœur des lecteurs et lectrices. Par le biais de ses livres et de ses conférences, l’autrice réussit avec brio à partager et à transmettre sa passion!

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    Aperçu du livre

    Guerrière - Première mission - Priska Poirier

    Prologue

    Depuis que l’humanité existe, les mondes des Éternels et des Démons s’affrontent. L’un souhaite protéger les humains et se nourrir de leurs émotions positives, l’autre aspire à leur nuire pour s’abreuver de leur désespoir. Dans les deux cas, les humains sont au centre de leur existence et leur donnent force et pouvoirs.

    Les sociétés des Éternels et des Démons sont complexes, avec des règles, des compétences et des limites qui leur sont propres. Ayant des objectifs opposés, les affrontements sont nombreux, et les deux camps gagnent et perdent à tour de rôle depuis des milliers d’années. Ainsi est né, du côté des éternels, le métier d’ange guerrier. Depuis, des êtres d’exception sont choisis pour leurs capacités et la qualité de leurs dons afin de recevoir une longue formation physique, mentale et technologique qui leur permet de combattre plus efficacement leurs ennemis.

    C’est la route qu’a suivie celle qu’on appelle la grande Angéla, ainsi que ses coéquipiers Émile et Éloi. Ensemble, ils ont tenu les démons en respect près de quatre cents ans. Puis, le groupe s’est séparé lorsque Émile, amoureux de la belle Maggie, a décidé de devenir à moitié humain pour permettre à son fils, Raphaël, de voir le jour. Angéla a pris la même décision et s’est affaiblie pour que sa fille, Stella, puisse naître. Pendant quatorze ans, ils ont vécu cachés chacun de leur côté. Le chef démon Albert n’a toutefois pas renoncé à sa vengeance, et Émile, puis Éloi sont morts dans des circonstances suspectes.

    Ensuite, ç’a été au tour d’Angéla d’être assassinée sous les yeux de sa fille de douze ans. Jules, un exceptionnel ange gardien d’éternels, a recueilli l’adolescente et l’a emmenée à l’Académie de l’Envolée, l’école des éternels, où elle a choisi d’entamer sa formation d’apprentie aux côtés de ses nouveaux amis, Raphaël, Emmanuelle et Victoria.

    Au fil des ans et des stages, ils sont devenus plus forts, développant leurs qualités de cœur et leurs dons. Leur dernier stage les a obligés à combattre côte à côte des démons, et c’est sans surprise que Stella et Raphaël ont décidé de suivre la voie de leurs parents en s’inscrivant à la formation d’ange guerrier.

    Chapitre 1

    Le tintement caractéristique de la réception d’un message résonna sur la commode. Stella referma son livre et le déposa sur sa table de chevet.

    « Pourvu que ce ne soit pas encore une mauvaise nouvelle ! »

    Elle était d’une nature plutôt positive, mais, dernièrement, elle trouvait préoccupante l’accumulation d’événements menaçants qui secouaient le monde humain et se répercutaient sur celui des éternels.

    Stella se leva, attrapa son cellulaire, le déverrouilla à l’aide de son empreinte digitale et, d’un coup de pouce, fit apparaître les messages de Raphaël.

    Raphaël

    J’espère que tu passes une belle journée, ma chérie !

    Ici, ma mission est plus compliquée que prévu, mais je suis certain d’obtenir des résultats satisfaisants sous peu.

    Je pense à toi !

    Stella relut les textos une deuxième fois en souriant de bonheur. Ses petits mots avaient le don de la réconforter et de la faire se sentir importante. Elle avait mis des années avant d’assumer ses sentiments pour son meilleur ami et bien davantage encore avant d’accepter d’être sa fiancée. Sa plus grande crainte avait été que leur amour soit un obstacle à son travail et à la mission qu’elle s’était donnée. Raphaël avait su la convaincre qu’au contraire, elle serait plus forte et plus compétente en ayant accès à cette magnifique émotion qu’ils partageaient.

    Il avait suivi sa formation d’ange guerrier en même temps qu’elle. Ensemble, ils avaient fracassé, les uns après les autres, des records d’efficacité et de puissance. Elle savait que les yeux de l’organisation étaient tournés vers eux, qu’on attendait qu’ils vieillissent et qu’ils gagnent en expérience. Les « vieux » souhaitaient voir ce que les « jeunes » allaient devenir. Stella soupira. Elle avait, elle-même, tellement hâte de faire ses preuves !

    Une alarme stridente la sortit de ses réflexions romantiques. Elle se précipita dans le corridor pour constater que des lumières rouges et bleues clignotaient en alternance.

    « Des démons ! Comment nous ont-ils trouvés ? »

    — Je ne peux pas croire qu’ils sont assez stupides pour attaquer une académie d’anges, marmonna-t-elle, la mâchoire serrée.

    Stella retourna à toute vitesse dans sa chambre, ouvrit le troisième tiroir de sa commode et s’empara de son parapluie protecteur et des nouveaux stylos que lui avait vendus son amie Victoria. Elle courut ensuite à toutes jambes vers la cage d’escalier avec l’idée de le descendre jusqu’à ce qu’elle repère l’étage où circulaient les êtres démoniaques. En tant qu’ange guerrière, il était de son devoir de protéger les éternels.

    Elle mit la main sur la rampe et son regard se dirigea vers les niveaux supérieurs.

    « Les démons ne volent pas. Personne ne s’attend à ce qu’ils arrivent par le toit. Et si c’était leur plan ? »

    Plutôt que de dévaler les marches, elle les monta le plus vite qu’elle put. Ce faisant, elle accrochait chacun des stylos à la ceinture de son jeans pour les avoir à sa portée. Elle souhaitait qu’ils soient aussi efficaces que dans le laboratoire de son amie, où elle les avait testés.

    Tout en gravissant les étages, Stella se questionnait. Que faisaient des démons ici ? L’Académie était l’un des lieux les mieux gardés du monde des éternels. S’ils l’attaquaient, c’était soit qu’ils n’avaient aucune idée de ce qu’ils affrontaient, soit, au contraire, qu’ils étaient incroyablement préparés, et alors, les dommages pourraient être terribles. Son niveau de stress grimpa instantanément à cette pensée et ses doigts serrèrent la rampe avec plus de vigueur.

    Parvenue à l’accès au toit, Stella projeta ses sens de l’autre côté. Elle ne repéra aucun être maléfique, mais demeura tout de même prudente. Elle ouvrit la porte d’une main et son parapluie en même temps de l’autre. Aussitôt, un rayon bleu démoniaque percuta son bouclier.

    Même si elle avait suivi son instinct et pris des précautions, Stella fut étonnée par cette attaque directe. En temps normal, un grimpeur ou un hélicoptère aurait été vite repéré. Elle attrapa son stylo noir et tendit le bras à l’extérieur du parapluie, mais à l’intérieur de l’aura de protection. Elle pointa l’arme vers l’ennemi et appuya sur le bouton pressoir. Une série de petites balles de plomb traitées au concentré de bienveillance jaillirent. Aucune ne blesserait un humain, mais chacune avait la capacité de faire hurler de douleur un démon tout en l’affaiblissant considérablement. Seul le silence répondit à son attaque.

    « Bizarre ! N’ai-je atteint personne ? Comment est-ce possible ? »

    Le rayon bleu se déplaça, lui indiquant que son ennemi changeait de position. Toujours protégée par son parapluie, elle remit le stylo noir dans la poche arrière de son jeans et attrapa le vert. En l’activant, elle produirait une onde de vibration inaudible pour les humains, mais atroce pour les oreilles d’un démon.

    « Trois… deux… un… Go ! »

    À nouveau, aucun cri ne lui parvint. La nervosité la gagnait. Les inventions de Victoria étaient-elles défectueuses ? Si oui, ses ennemis devaient être sur le point de s’en apercevoir.

    « Je dois savoir combien ils sont pour pouvoir me défendre ! »

    Elle pianota un code sur le petit cadran du manche de son parapluie. Aussitôt, celui-ci devint transparent. Stella regarda anxieusement de chaque côté. Le toit de l’Académie était désert. Elle leva alors les yeux et le vit.

    « Un drone !! C’est un drone qui m’attaque ! »

    Elle comprit qu’aucune de ses armes angéliques ne lui serait utile contre cet engin de métal et de plastique. Elle devait vite penser à autre chose ! Heureusement, depuis quelques années, elle ne portait que des chandails adaptés pour le vol. Elle serra donc son médaillon dans sa main et lui transmit une dose d’énergie angélique. Aussitôt, ses grandes ailes noires et blanches se déployèrent dans son dos et elle devint transparente. Toutefois, le rayon qui continuait à percuter son parapluie indiquait son emplacement. Il lui fallait donc le lâcher et s’enfuir sans être touchée au cours de cette délicate opération.

    « J’ai besoin d’une diversion ! »

    Elle n’eut pas le temps de bouger qu’un missile de la taille d’une banane fut lancé sur la cage d’escalier derrière elle. Stella fut projetée avec force vers l’avant et atterrit durement sur le toit, se râpant les mains et le menton au passage. Son aile gauche lui arracha un gémissement, mais il était hors de question de s’en préoccuper pour l’instant. C’était sa seule chance d’agir. Mâchoires crispées, elle se remit debout et s’envola dans le même mouvement.

    Elle s’éleva de quelques mètres tout en cherchant comment détruire l’appareil. Il était impératif qu’elle agisse avant qu’il ne disparaisse ou ne cause de plus gros dégâts encore. Elle n’avait rien pour obstruer la caméra.

    « Les hélices ! »

    En battant plus vite des ailes, Stella maintint sa position et ramena à elle un de ses pieds. Avant de monter au-dessus de l’engin, elle retira son espadrille. Elle visa de son mieux et la lança avec vigueur… droit dans les pales.

    Le drone entama une descente rapide et vrilla jusqu’à la lisière du toit en brisant irrémédiablement deux de ses pales. Bon débarras ! Stella ne perdit pas de temps. Elle s’empressa de voler autour de l’immeuble de vingt-trois étages pour tenter d’évaluer les dommages et le nombre de démons attaquants. Elle ne vit rien d’alarmant. Bizarre… Pouvaient-ils être tous à l’intérieur ?

    « Impossible ! Ils ne survivraient pas à la charge d’émotions positives que renferme l’Académie. »

    Soudain, une formidable explosion retentit au sommet de l’édifice.

    « Le drone ! » comprit-elle pendant que l’horreur des conséquences possibles se frayait un chemin dans son esprit.

    Stella contourna l’immeuble à grands coups d’ailes et constata qu’un coin avait été soufflé sur deux étages. Pourvu qu’aucun ange n’ait été blessé ou tué ! Elle remonta à toute vitesse et fut rapidement encadrée par deux enseignants ainsi que par Jules, son mentor.

    — Es-tu correcte ? lui lança-t-il.

    — Oui, oui… que des égratignures. Et toi ? Que se passe-t-il au juste ?

    — Je vais bien. Personne d’autre que toi n’a été touché. Il semblerait qu’il n’y ait aucun ennemi sur place. J’ignore ce que ça veut dire pour l’instant. Notre priorité doit être de cacher la disparition du coin de l’immeuble à la vue des humains avant qu’ils aient l’idée de nous envoyer des secours.

    En un rien de temps, tous les éternels avec un médaillon de vol aidèrent à tendre d’immenses toiles vertes de construction autour des étages supérieurs, comme si l’édifice était en réparation. La façon dont le directeur avait réussi à fournir ces bâches si vite était un mystère pour Stella.

    Une fois le tout en place, elle rejoignit les anges guerriers réunis d’urgence dans la grande bibliothèque. Tout en écoutant d’une oreille les commentaires de ses collègues, elle observait les lieux. Rien n’avait changé depuis son entrée officielle à l’Académie, près de trente-cinq ans plus tôt, même pas elle, qui avait toujours l’apparence d’une adolescente. Sous ses pieds, un gigantesque tapis rouge vin cachait en partie le parquet de bois sombre. Les murs étaient chargés de livres du sol au plafond, à l’exception d’un espace réservé à un long meuble ouvragé. Au milieu des rayons, quelques bibelots et objets précieux étaient exposés. Ses yeux glissèrent sur les gros fauteuils confortables qui trônaient ici et là et les quelques bureaux de travail dispersés dans la pièce. Combien de soirées et de périodes d’études y avait-elle passées avec son fiancé et ses meilleures amies Emmanuelle et Victoria ?

    Pendant un instant, elle avait craint que tout ça n'ait été détruit… Ouf ! Monsieur Menzies arriva à ce moment. Bien qu’il semblât avoisiner les quarante-cinq ans, le directeur de l’Académie en avait plus de quatre cents. Habillé de son habituel kilt écossais, il prit la parole.

    — Cette attaque est la dernière en date d’une série d’événements aussi inquiétants les uns que les autres. J’espère sincèrement me tromper, mais je ne peux éliminer l’hypothèse que nous avons été trahis par l’un des nôtres.

    Des exclamations catastrophées fusèrent.

    — C’est impossible !

    — Ben voyons !

    — Pas un ange guerrier toujours ?

    — Qui ?

    Le directeur leva les mains pour les calmer.

    — Croyez-moi, toutes les ressources nécessaires sont déployées pour le découvrir ! Nous aurons assurément des réponses bientôt.

    Alors que les conversations, les suggestions et les idées jaillissaient, Stella était sous le choc. Tout au long de sa formation d’ange guerrier, elle avait appris que contrairement à ce qu’elle croyait, une hiérarchie existait dans le monde des éternels. De plus, tous les anges n’étaient pas parfaits et dénués de défauts, comme la littérature humaine le laissait souvent penser. Au contraire, les ambitions, les doutes et les épreuves teintaient leurs jugements, leurs réactions et leurs décisions. Toutefois, tous les éternels avaient une mission commune et chacun travaillait au mieux de ses capacités pour tendre vers le même but : rendre le monde meilleur en le débarrassant des démons ou, du moins, en limitant les impacts de leurs actions.

    Comment un éternel pouvait-il trahir les siens ?

    Jules pénétra dans la bibliothèque avec un drôle d’appareil entre les mains. Il fit placer tous ses compatriotes à la queue leu leu près des rangées consacrées aux civilisations disparues. Un à la fois, ils avançaient avec confiance devant lui. Pour chacun, Jules posait alors une main sur le front et l’appareil sur la nuque. Dès qu’une aura jaune entourait l’ange, celui-ci pouvait reprendre sa place près du directeur.

    « Il cherche un contrôleur démoniaque », comprit Stella, qui avait déjà eu affaire à un enseignant qui en portait un.

    Lorsque ce fut son tour, elle s’avança, le cœur battant. Elle savait bien que les risques qu’un démon ait réussi à lui en installer un sans qu’elle s’en aperçoive étaient infimes, mais ils n’étaient pas inexistants. Après tout, elle n’aurait pas été la première éternelle à tomber dans un piège démoniaque.

    Jules lui sourit gentiment et l’encouragea à le rejoindre d’un mouvement du menton. L’éternel à la peau sombre était comme un père pour Stella, et ses années de formation pour devenir une ange guerrière avaient renforcé leur lien. Il posa sa grande main sur son front, et elle sentit le métal froid s’appuyer sur sa nuque.

    — Respire, lui chuchota son mentor.

    Stella emplit ses poumons d’air en tentant de se détendre. Puis, une lumière l’entoura. Toutefois, contrairement à ses compatriotes, elle n’était pas jaune, mais blanche. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Le souffle coupé, elle remarqua avec inquiétude le silence soudain autour d’elle. Son cœur se serra et ses paumes devinrent moites.

    — Est-ce que ça signifie que j’ai un contrôleur ? parvint-elle à murmurer pendant que l’image du mollet déchiqueté de son enseignant à qui on l’avait retiré de force lui revenait en mémoire.

    — Non, la rassura Jules. Au contraire. Ça veut dire que même si un démon le souhaitait, il n’arriverait pas à t’en poser un.

    Elle reçut une vague d’encouragements d’un ange tout près et les conversations reprirent. Elle s’éloigna, très consciente des regards qui la suivaient.

    « Encore une autre bizarrerie ! songea-t-elle, dépitée, même si la nouvelle était positive. Je ne pourrais pas être comme tout le monde de temps en temps ?! »

    Lorsqu’il fut établi que personne ne portait d’objet démoniaque, les suggestions recommencèrent.

    — Il faut déménager l’Académie ! lança finalement un ange guerrier.

    — Je dois avouer que ce serait peut-être plus prudent, admit monsieur Patenaude, l’enseignant d’histoire. Si nos ennemis rassemblent leurs forces et reviennent, nous ne pourrons pas protéger les humains.

    Stella constata que plusieurs hochaient la tête. Monsieur Menzies passait la main dans sa barbe, signe qu’il réfléchissait. Tout ça lui sembla soudain excessif. Elle prit la parole.

    — Un habitant de n’importe quelle région sur Terre peut avoir les coordonnées exactes du Parlement canadien. La Maison-Blanche n’a jamais changé de place, pas plus que le palais de l’Élysée, le Kremlin ou Big Ben. Pourtant, si on exclut la Seconde Guerre mondiale, aucun d’eux n’a jamais été attaqué de front. Pourquoi ? L’enjeu est trop grand. Si on ramène ça à notre situation, les démons veulent encore plus que nous que nos existences demeurent secrètes. Même s’ils connaissent maintenant l’adresse de l’Académie, il est impossible pour eux de mesurer avec exactitude les conséquences d’une attaque de grande envergure. Je suis persuadée que jamais ils ne s’y risqueraient !

    — Et comment expliques-tu aujourd’hui dans ce cas ? la questionna madame Matsuo, son ancienne enseignante d’initiation au monde angélique.

    — Un coup d’essai, rétorqua Stella. On peut bien sûr s’attendre à ce qu’ils continuent à nous espionner, à entrer par infraction ou à tenter de nous nuire. Toutefois, déménager pour si peu est démesuré. Choisir un endroit semblable à celui-ci et y créer la même protection exigeraient beaucoup trop d’énergie et de temps. Renforçons plutôt nos défenses et poursuivons notre travail en traquant nos ennemis…

    Bien que Stella eût confiance en son analyse de la situation, elle eut l’impression que les anges guerriers la rejetaient d’un coup d’ailes après l’avoir considérée un gros quatre secondes. Ce n’était pas la première fois au cours des quinze dernières années qu’une telle chose se produisait. Tant que durait sa formation, elle avait cru que c’était parce qu’elle n’avait pas encore le titre d’ange guerrière que son opinion était si peu écoutée, mais depuis son obtention, rien n’avait changé.

    C’était frustrant, mais le fait est qu’elle était bien jeune. La plupart des anges guerriers présents et des enseignants de l’Académie avaient plus de trois cents ans. Elle n’en avait que trente-quatre.

    « En plus d’avoir l’apparence d’une adolescente, on me traite comme telle. Pfff ! »

    Elle avait raison. Plusieurs éternels étaient déjà adultes lorsqu’ils s’étaient transformés en ange. Les autres décidaient presque toujours de vieillir pour des questions pratiques : être pris au sérieux par les humains, conduire une voiture, avoir davantage de masse musculaire.

    Pour sa part, Stella avait vu les choses différemment. Elle avait observé que, dans la société, deux catégories de personnes pouvaient passer inaperçues sans difficulté dans plusieurs situations : les enfants et les vieillards. Elle s’était donc persuadée qu’elle effectuerait un travail plus efficace en gardant l’apparence d’une adolescente. Tant

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