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Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).
Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).
Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).
Livre électronique535 pages6 heures

Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).

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À propos de ce livre électronique

Les conditions d'étude et d'enseignement en France se détériorent depuis de très nombreuses années. Les réformes fondamentales, de nombreuses fois repoussées depuis 1968, ont conduit ce pays à produire des élèves qui se retrouvent dans les profondeurs des classements internationaux qui jugent du niveau de langue et de mathématiques. D'ailleurs, si 13% des élèves de lycée n'auront jamais le bac, 60% de ceux qui l'on n'ont pas le niveau culturel et intellectuel nécessaire pour se débrouiller dans l'enseignement supérieur. Aussi, cette nouvelle réforme a pour but de remédier à cela en prenant le problème dans une optique méthodologique. Ainsi, puisque les élèves n'arrivent plus a maîtriser un grand nombre de matières, il se contenteront d'un socle commun beaucoup plus restreint. Dans cet ordre d'idée, les exercices habituels dans le supérieur étant la dissertation et l'explication de document, on demandera aux gens de s'exercer dans cette otique dès le début de la classe de seconde et de les maîtriser parfaitement à la fin de la terminale. Aussi, je vous engage, dès à présent, à monter la haute marche qui sépare le collège du lycée, à laisser de côté la synthèse et la réponse courte pour vous tourner vers la réflexion originale, la construction d'une pensée autonome fondée, bien sûr, sur l'observation et la compréhension de faits issus de documents, mais aussi la logique, le raisonnement, la raison.

LangueFrançais
Date de sortie10 juin 2024
ISBN9798227407351
Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).

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    Aperçu du livre

    Histoire, Géographie, Enseignement Moral et Civique. Classe de Seconde - Laurent Sueur

    Classe de Seconde: Nouveaux Programmes (2019).

    Livre de l’Elève.

    Les conditions d’étude et d’enseignement en France se détériorent depuis de très nombreuses années. Les réformes fondamentales, de nombreuses fois repoussées depuis 1968, ont conduit ce pays à produire des élèves qui se retrouvent dans les profondeurs des classements internationaux qui jugent du niveau de langue et de mathématiques. D’ailleurs, si 13% des élèves de lycée n’auront jamais le bac, 60% de ceux qui l’on n’ont pas le niveau culturel et intellectuel nécessaire pour se débrouiller dans l’enseignement supérieur. Aussi, cette nouvelle réforme a pour but de remédier à cela en prenant le problème dans une optique méthodologique. Ainsi, puisque les élèves n’arrivent plus a maîtriser un grand nombre de matières, il se contenteront d’un socle commun beaucoup plus restreint. Dans cet ordre d’idée, les exercices habituels dans le supérieur étant la dissertation et l’explication de document, on demandera aux gens de s’exercer dans cette otique dès le début de la classe de seconde et de les maîtriser parfaitement à la fin de la terminale. Aussi, je vous engage, dès à présent, à monter la haute marche qui sépare le collège du lycée, à laisser de côté la synthèse et la réponse courte pour vous tourner vers la réflexion originale, la construction d’une pensée autonome fondée, bien sûr, sur l’observation et la compréhension de faits issus de documents, mais aussi la logique, le raisonnement, la raison.

    Pour vous permettre d’atteindre cet objectif, j’ai découpé le programme en 24 séquences de 4 heures, soit 3 heures pour lire et apprendre les leçons et une heure pour réaliser l’exercice de réflexion, ce qui permet, à peu près, de suivre le rythme de l’Éducation Nationales. Vous allez me demander maintenant pourquoi lire ce livre alors que vous disposez déjà d’un manuel. La réponse est d’une grande évidence: tous vos  manuels, aussi bien faits soient-ils, ne sont que des recueils de documents que le professeur a du mal à mettre en perspective et que vous n’arrivez pas plus que lui à utiliser. Je ne suis pas un grand amateur de cours magistral mais ce que je vous propose ici est bien de cette nature, ce qui est très logique lorsque l’on passe de l’oral à l’écrit. Par ailleurs, je tiens à préciser que ce que vous allez lire est d’une importance capitale pour votre future vie de «locataire» de cette planète, ce qui m’amène à dire aux mauvais élèves de troisième qu’il est de leur intérêt de bien apprendre et de comprendre ce qui est dit, même et surtout s’ils ne sont pas en seconde cette année. Dans cet ordre d’idée, les adultes qui n’ont pas une culture suffisante trouveront les éléments qui leur manquent pour comprendre ce monde désordonné et essayer ainsi d’agir pour le rendre bien meilleur. Bien sûr, en histoire, ils ne trouveront rien sur la période contemporaine, mais il y a tellement de sources d’information faciles à comprendre qu’ils découvriront bien, sur l’étagère d’un libraire, un petit livre qui leur permettra de combler cette lacune. Ils se méfieront tout de même des opinions des auteurs qui cherchent à peindre la réalité avec des couleurs qui n’existent pas. De toute manière, mon livre vous aidera tous à distinguer la vérité de son ombre distordue. 

    Histoire:

    Le but du programme d’histoire du lycée reprend, en fait, le rôle de l’histoire dans la formation de l’individu adulte conscient de ses responsabilités sociales. Il y a un minimum de connaissances historiques à maîtriser pour pouvoir comprendre le désordre du monde d’aujourd’hui afin d’agir consciemment, délibérément, et créer une société plus civilisée. On ne minimisera donc surtout pas le rôle moral de cette discipline.

    En seconde, on se rappellera des choses apprises entre la sixième et la quatrième. On veut ici  vous montrer les grandes étapes de la formation du monde moderne en insistant surtout sur l’Europe. Ne soyez pas abusés par cette vision partielle de l’histoire du monde et retenez que l’Asie, dominée par l’impérieuse Chine, depuis les premiers instants de l’aventure humaine, n’a jamais cessé de guider l’homme et de le mener sur des chemins parfois pavés de meilleures intentions. De même, si, d’une manière très académique et démodée, on a respecté le découpage chronologique hérité du 19ème siècle (histoire ancienne, médiévale, moderne et contemporaine), le lecteur se rendra vite compte qu’on ne change pas radicalement de sujet d’étude: l’homme à travers les âges!

    Les grandes étapes de la formation du monde moderne.

    Thème 1: Le monde méditerranéen: empreintes de l’Antiquité et du

    Moyen Âge.

    ––––––––

    Séquence 1: La Grèce antique.

    ––––––––

    Leçon 1: L’aube de l’Europe: la Grèce archaïque.

    A- Des conditions de vie difficiles.

    La Grèce d’Aujourd’hui ressemble-t-elle à celle d’hier? Avec l’évolution du climat, du régime des précipitations et des centaines d’années d’occupation du sol, il faut vraiment se garder de regarder ce passé avec les lunettes déformantes de notre époque. De toute  manière, pour se donner une idée de la relation entre l’homme et le milieu naturel à cette époque, nous disposons d’une source sûre: Les travaux et les jours d’Hésiode.

    Dans la partie sèche de la Grèce d’alors (Péloponnèse, Eubée, Béotie, Crète, îles du sud et d’Asie mineure), l’absence de pluies conséquentes (plus de 1 cm) durant l’été (de fin mai à début septembre) implique que l’agriculture ne peut pas donner beaucoup de nourriture. En effet, la période de culture est réduite, et cela d’autant plus qu’à l’époque il y a un véritable hiver. Dès lors, les paysans sont obligés de se dépêcher. Le blé, plante peu exigeante en fertilisant et en eau, est semé tôt pour pouvoir être récolté tôt. Hésiode laboure d’ailleurs beaucoup sa terre, très certainement pour permettre à l’eau de pluie de moins raviner, de rester dans le sol, de pénétrer en profondeur et de mener une culture de blé, chaque année, sans trop de difficultés.

    N’imaginez pas que l’on cultive grand chose dans les champs à cette époque. Les Grecs mangeaient certainement ce que l’on nomme des légumes, mais ce sont des «herbes» qu’ils allaient cueillir dans la garrigue et les bosquets. L’autre plante cultivée était la vigne qui est une plante persistante assez frileuse (plus subtropicale que méditerranéenne). Afin de produire des grappes avec des grains assez gros, ils enlevaient très certainement toutes les mauvaises herbes pour qu’il n’y ait pas de compétition pour l’alimentation en eau. Fin août, début septembre, ils ramassaient les grappes pour faire des raisins secs. Une toute petite partie de la récolte était destinée à la confection de vin. Quant à l’olivier, un arbre qui est vraiment originaire du bassin méditerranéen, cultivé ou laissé sauvage, il fournissait ses fruits pour produire principalement de l’huile. Les Grecs faisaient aussi un peu d’élevage de chèvres (pour confectionner du fromage) et de moutons (pour leur laine surtout). Les vaches servaient à engendrer avant tout des bœufs utilisés pour labourer la terre ainsi que pour le transport des personnes et des marchandises. Bien sûr, il leur arrivait de manger de la viande (de chevreaux et de génisses).

    Cette propriété foncière agricole, l’oikos, était le fondement territorial de la société. Le paysan y construisait son humble demeure; il y restait toute la journée en compagnie de ses chiens, surtout l’été, pour veiller à ce qu’on ne lui vole pas une partie de sa récolte, de sa nourriture. Si par malheur il venait à lui en manquer, il ne lui restait plus qu’à parcourir les fonds de vallée pour trouver des figuiers et donc des figues, à demander de l’aide à ses voisins, à prier les dieux...

    B- La société grecque au 8ème siècle avant J. C.

    Au 8ème siècle avant J. C., le panthéon grec est d’ailleurs déjà constitué. Il est dominé par la stature altière de Zeus, celui qui règle les conflits entre les autres dieux, une sorte de roi de l’Olympe qu’Hésiode considère aussi comme le roi des mortels. C’est une religion polythéiste dont la fonction première est d’expliquer un univers totalement mystérieux. Dans cet ordre d’idée, le début de La théogonie décrit, en l’expliquant presque, l’agencement de l’univers. Ainsi, au début des temps, il y avait Chaos et Terre. De Chaos naquit Nuit sombre, de Nuit sombre naquit Jour. Terre enfanta Ciel étoilé, Haute montagne, Mer stérile et Océan. Toute religion essaie de comprendre l’univers pour déterminer la place de l’homme, justifier sa présence et trouver un sens à son existence. La prière et l’offrande cherchent alors à se concilier les forces obscures de l’univers, à changer la direction de sa course folle, à apaiser ainsi le lancinant tourment qui fonde l’espèce humaine: l’ignorance. Quant aux jeux religieux, les jeux olympiques étant les plus célèbres, ils visent à rendre plus civilisé le règlement des conflits. Il vaut mieux gagner une course de char, prouver que l’on est le plus fort, plutôt que de verser le sang d’un autre Grec, d’un voisin en somme. D’ailleurs, quelques siècles après, durant les jeux olympiques, les guerres entre Grecs seront interdites.

    Cette société archaïque est donc profondément rurale. Certains voudraient faire des propriétaires fonciers, des aristocrates. Quant on connaît la terre grecque, sa sécheresse, ses faibles rendements, on les nommera plutôt paysans! Bien sûr, ils disposent de bœufs, des quelques serviteurs et esclaves mais ce ne sont pas des riches. Quoi qu’il en soit, il y a déjà une grande inégalité entre les gens. Ainsi, au niveau même de la maisonnée, l’homme possède, la femme obéit, les enfants subissent. Dans cette société pauvre, le patrimoine foncier (qui produit la nourriture et permet la survie), sa possession, sa gestion et sa transmission modèlent les comportements humains. La femme du paysan doit garantir que l’héritier de la terre est bien le sien, elle est donc recluse et aucun homme, même pas un dieu, ne devrait porter les yeux dessus. Hésiode se méfie d’ailleurs d’elles, surtout de celles qui cancanent et font des histoires. S’il reconnaît une certaine beauté à certaines déesses, il sait que c’est une femme, la «redoutable Styx divinité odieuse aux immortel», qui fait jaillir l’eau froide de sa demeure montagnarde, liquide qui empoisonne les dieux parjures, leur coupe le souffle et les éloigne de l’Olympe pendant 10 ans! La fille grecque, de toute manière, devient dangereuse lorsqu’elle devient femme car elle peut enfanter plus que la terre ne peut supporter. Le spectre de la surpopulation hante les esprits des hommes.

    Pour limiter les naissances, Hésiode conseille aux hommes de ce marier tard, à 30 ans, âge auquel ils ont d’ailleurs déjà hérité du lopin de terre de leur père. Il ne cesse de suggérer qu’il ne faut faire qu’un seul fils par couple. Ce sera d’ailleurs plus simple pour l’héritage (il a été lui même en conflit pendant de nombreuses années à sujet car il avait un frère). Si par malheur le couple fait trop d’enfants, seul le fils aîné restera sur la propriété agricole; on cherchera à marier les filles  avec les fils de voisins influents; les garçons seront amenés à aller chercher un oikos dans des endroits plus propices: en Sicile, au 8ème siècle avant J. C. L’émigration est le lot commun des pays pauvres et surpeuplés.

    C- L’organisation politique.

    A la tête de ce monde, pour régler avant tout les conflits de voisinage, on trouve alors un roi. Dans l’Iliade et l’Odyssée, on parle surtout de monarchies, mais on voit également apparaître un nouveau type d’organisation politique: la Polis, la cité-État.

    Les monarchies grecques sont de petits États indépendants qui abritent quelques centaines d’habitants. C’est vraisemblablement le propriétaire foncier le plus riche qui est le roi. En Crète, la monarchie laisse place à la polis. Le démos (le peuple composé uniquement d’hommes) se réunit dans un lieu particulier appelé l’Agora. Pour faire quoi? Discuter, à n’en point douter. Décident-ils d’entreprendre des actions en commun? De faire la guerre? De rédiger des lois? Très certainement! On ne sait cependant pas s’ils élisent un chef, s’ils choisissent les prêtres et les généraux. Quoi qu’il en soit, cette organisation politique conduit à une certaines organisation territoriale. La «capitale», une sorte de gros bourg fortifié, abrite les fonctions politiques et religieuses et protège les habitants en temps de guerre; la campagne, autour, produit la nourriture de toute la population.

    Leçon 2: L’établissement de la démocratie.

    A- Athènes et la démocratie.

    Ce genre d’organisation, au fil des années, entraîna une autre organisation de l’armée. Pour défendre les terres et les gens, il fallait beaucoup d’hommes assez jeunes et non pas quelques cavaliers. Les Athéniens, et d’autre Grecs, instituèrent alors, vers le 6ème siècle avant J. C., la phalange hoplitique. Il est vrai que plus il y a de guerriers, plus on a de chances de gagner. L’hoplite est un fantassin armé d’un bouclier et d’une arme tranchante (tenu par la main droite). Il combat en groupe (la phalange) en respectant une disposition particulière: il reste en ligne et avance avec les autres. Son grand bouclier, tenu par l'avant-bras gauche, le protège ainsi que le côté droit de son voisin de gauche. Égaux dans la bataille qui vise à protéger la terre de leurs pères et la leur, les soldats ne peuvent pas imaginer ne pas être égaux politiquement puisqu’ils participent tous, suivant la même règle, et avec la même énergie, au premier devoir de l’État: le maintien de l’ordre.

    Certains magistrats de l’époque (des politiciens ou fonctionnaires si l’on veux), raconte Aristote dans La constitution d’Athènes, sont tirés au sort, ce qui révèle bien cette égalité puisque n’importe quel citoyen peut être choisi, pour exercer des charges publiques importantes. Les «onze juges des flagrants délits» sont choisis ainsi et peuvent mettre à morts les voleurs pris en flagrant délit.

    L’institution principale de cette démocratie est l’Ecclésia. C’est l’assemblée de la totalité des citoyens. Pour être citoyen athénien, depuis une loi de Périclès (451 avant J. C.), il faut être un garçon de 20 ans ayant effectuée son service militaire et civique (l’éphébie), dont le père est citoyen athénien et la mère fille de citoyen athénien. Peu de gens sont donc citoyens: les femmes, les étrangers vivant à Athènes et les esclaves sont exclus du débat politique. Cette assemblée vote toutes les lois à main levée. Il faut environ 6000 citoyens présents pour rendre la loi valide. Tout citoyen peut prendre la parole et demander une modification du projet de loi mais le conseil de la Boulê, pour éviter des débats interminables, recueille les idées et projets de lois de citoyens bien avant les débats. Ce conseil de 500 membres est composé de citoyens volontaires, âgés de plus de 30 ans, choisis par tirage au sort; il est en fonction pendant un an. Les 6000 juges qui forment le tribunal de l’Héliée sont aussi des citoyens, âgés de plus de 30 ans, choisis par tirage au sort; ils officient pendant un an. La procédure la plus originale de cette démocratie est la procédure de l’ostracisme. En effet, une fois par an, l’Ecclésia se réunissait pour éliminer les politiciens les plus virulents, ceux qui, de part leur richesse, pouvaient tendre vers le pouvoir personnel (comme Mégaclès ou Aristide par exemple). Les citoyens marquait alors le nom de celui qui était suspecté de vouloir devenir dictateur sur un tesson de poterie ou une coquille d’huître. Si un nom était inscrit 6000 fois, l’homme avait dix jours pour quitter le territoire de la cité. Il ne perdait pas ses biens mais il n’avait pas le droit de revenir à Athènes avant dix ans. Plutôt que la peine de mort sans fondement, on préférait l’éloignement prolongé, ce qui est à la fois plus humain et plus prudent. 

    B- Sparte et la gérontocratie.

    Toutes les cités-États grecques ne sont pas des démocraties. Sparte, par exemple, a une assemblée de citoyens qui a peu de pouvoir. D’ailleurs Sparte est un monde bien singulier. En effet, c’est une société plus militaire, une société sur la défensive en somme. Ainsi, la formation militaire des garçons ne commence pas à 18 ans mais à 7; elle ne dure pas 2 ans mais 14! Ce petit garçon, fils de citoyen spartiate et de fille de citoyen spartiate, vit à la dure pendant 14 ans.  Il a le crâne rasé et ne reçoit qu'un manteau par an, il marche pieds nus et est autorisé à dormir sur une paillasse de roseaux. Il vit avec les garçons de son âge et ne fréquente pas tellement ses parents. Les filles suivent aussi cette logique guerrière. Elle subissent un entraînement sportif conséquent, ce qui a l’avantage de produire des mères propres à engendrer des enfants vigoureux ainsi que des guerrières que l’on enverra se battre si tous les hommes meurent. Mais ce sont tout de même des filles, alors on leur enseigne la musique et la danse afin qu’elles puissent participer aux fêtes religieuses.

    L’Assemblée des Égaux est composée de l’ensemble des citoyens spartiates. Elle n’a pas l’initiative des lois, elle ne discute pas de la pertinence des textes, elle ne peut pas proposer de modifications; elle approuve ou non les lois et les décisions des politiciens (les éphores) par acclamation. Les membre de la Gérousie peuvent ne pas suivre leurs décisions si le résultat du vote ne leur plaît pas. C’est donc la Gérousie, l’assemblée des anciens, qui a la réalité du pouvoir politique. Elle est composée de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, élus à vie par acclamation à l'Assemblée des Égaux, après acte de candidature; les deux rois participent à la cérémonie. Choisis selon leur compétences militaires, les gérontes appartiennent principalement aux familles les plus riches de Sparte. Ils ont l’initiative des lois et mettent en forme les textes qui seront soumis à l’acclamation de l’assemblée. Ils gèrent toutes les affaires de politique intérieure. Ils ne rendent de comptes à personne et constituent le tribunal qui juge les crimes, prononce la perte des droits civiques, condamne à mort. Ils peuvent même juger les rois (les éphores font alors partie du tribunal).

    C- Une vie en commun très difficile.

    Ce monde Grec est donc composé d’une multitude de micro-États qui n’ont pas grand-chose en commun. Certes, ils parlent presque la même langue et vénèrent les mêmes dieux, mais ils ne veulent pas véritablement aller dans la même direction. Ils passent d’ailleurs leur temps à se battre les uns contre les autres pour des motifs que l’histoire fait semblant d’oublier. Dans un monde surpeuplé, voler la terre de son voisin est un moyen sûr de survivre; le réduire en esclavage signe alors la mort d’un ennemi voleur de blé en mème temps qu’il garantit que cette terre si convoitée continuera à produire.

    Ce monde grec est véritablement un univers de prédation. On le voit d’ailleurs à travers l’histoire de la ligue de Délos, une alliance militaire des cités grecques contre leur ennemi commun: la Perse. Cette histoire révèle l’impossibilité des Grecs à vivre ensemble. En effet, dès le début, de nombreuses cités contestent le rôle d’Athènes qui semble utiliser l’argent de la ligue pour élargir ses possessions. En 440 avant J. C. La révolte de Samos éclate.  Samos cité alliée d'Athènes réclame la propriété de Priène dominée alors par Milet, cité qui est également membre de la ligue. Milet se tourne vers Athènes pour tenter une médiation qui est refusée par Samos. Périclès l’athénien intervient avec une grosse flotte, renverse le gouvernement oligarchique de Samos et laisse une garnison athénienne sur place. Soutenus par un satrape (gouverneur) Perse, les oligarques de Samos reprennent le pouvoir chez eux et livrent la garnison athénienne aux ennemis supposés des Grecs: les Perses! Par la suite, les langues les plus acérées accusèrent même les Athéniens de continuer à voler l’argent de la ligue pour embellir leur ville et construire le Parthénon.

    Il y eut tout de même quelques réalisations qui tentèrent d’apaiser les relations conflictuelles des Grecs entre eux. Ainsi, la construction de sanctuaires panhelléniques comme celui de Delphes relève de la bonne volonté et d’un certain désir de vivre ensemble. Cependant, dans ce sanctuaire, les donateurs étaient regroupés en amphictyonies, c’est-à-dire en associations de cités: à l’époque on collaborait un peu mais chacun évoluait dans son monde. Dans le même ordre d’idée, les jeux olympiques visaient à pacifier le monde grec. Une trêve d'un mois était proclamée, par des hérauts qui parcouraient toute la Grèce, dans le but d'assurer la sécurité des athlètes et des visiteurs qui se rendaient aux jeux. Pendant un mois il n’y avait donc pas de guerres entre cités; si cela devait leur sembler une éternité, cela ne produisit pas pour autant un sentiment d’appartenance au même monde, à la même nation; cela ne les fit pas marcher dans la même direction.

    Leçon 3: La fin de la démocratie.

    A- Les origines de la guerre du Péloponnèse.

    Les athéniens pensaient-ils imposer leur régime politique et leur culture au reste des cités grecques? On pourrait le penser quand on regarde l’ensemble de la dynamique d’expansion de ce micro-État. En effet, depuis les premiers temps des guerres médiques il y a une certaine dynamique expansionniste qui dépasse le cadre habituel du lotissement des bouches supplémentaires dans des endroits accueillants mais non peuplés du bassin méditerranéen. L’histoire de la ligue de Corinthe révèle d’ailleurs cette vision expansionniste. Fondée en 478 avant J. C., l'hégémonie d'Athènes s’exprime immédiatement et est encouragée par la passivité des cités alliées qui, plutôt que de s'investir directement dans la défense de l'alliance, préfèrent payer un impôt pour qu’Athènes construisent une flotte puissante, y mette ses guerriers qui iront se battre et se faire tuer pour la sécurité de tous les Grecs. Le sacrifice appelle tout de même une compensation territoriale conséquente. Certaines cités mécontentes cherchent à quitter la ligue, ce que les Athéniens n’acceptent pas: ils ont tellement besoin de leur argent! Les Spartiates, à la tête de la Ligue du Péloponnèse et poussés par les citoyens de Corinthe, se voient dans l’obligation de s’attaquer directement aux Athéniens en 431 avant J. C. La stratégie des Spartiates est simple: envahir l’Attique (les terres appartiennent aux Athéniens), dévaster les terres cultivées et donc contraindre les Athéniens à sortir de leurs murs pour se battre sur terre et non en mer (les membre de la ligue du Péloponnèse ne peuvent pas rivaliser avec la flotte gigantesque des Athéniens). S’ensuit une série  impressionnante d’invasions, de rapines, de batailles navales, d’attaques plus au moins directes, de trahisons, de nouvelles alliances et de massacres (de populations civiles comme à Hysiai en 417 avant J. C. et à Mélos l’année suivante). Au début du 4ème avant J. C. Athènes, Sparte et toutes les autres cités grecques sont exsangues. Tellement de citoyens furent tués, blessés ou réduit en esclavage que plus aucune organisation politique ne fonctionne. Ainsi, les désordres politiques qui s’ensuivent font de puissances étrangères (comme la Perse d’ailleurs) les nouveaux gendarmes de la péninsule balkanique et de l’est du bassin méditerranéen.

    B- La monarchie macédonienne conquérante.

    Au nord, la Macédoine est en embuscade. C’est une monarchie depuis le début du 8ème siècle avant J. C. Elle n’est pas inconnue des Grecs du sud: les Athéniens y achètent leur bois pour construire leurs navires, par exemple. C’est sous Philippe II que la Macédoine entre véritablement dans l’histoire grecque. En guerre contre les peuples du nord, conscient du danger Perse, Philippe II estime que la Grèce doit être unifiée sous la direction de la Macédoine afin de mieux résister à ces derniers. Les Athéniens, voulant garder leur indépendance, s’allient aux Thébains pour ralentir le processus de domination macédonienne, mais ils sont battus par Philippe II, en 338 avant J. C., à la bataille de Chéronée. Les cités grecques acceptent alors de faire partie d’une alliance militaire, La Ligue de Corinthe, dirigée par Philippe, qui prévoit de libérer les cités grecques d'Asie Mineure.

    Son successeur, son fils Alexandre, est immédiatement confronté à une révolte des cités grecques. Moins conciliant et patient que son père, il soumet les Thébains et détruit leur ville. Il sécurise ensuite la frontière septentrionale du monde grecque avant de commencer la conquête de l’Asie mineure. Son armée semble alors invincible; l’empire perse tombe et le roi du petit royaume de Macédoine, chef de la Ligue de Corinthe, devient vite le maître d’un territoire gigantesque qui comprend l’Égypte et l’ouest de l’Asie. Son esprit est bien loin de celui du Grec du sud qui considère que la vallée qui jouxte sa propriété fait déjà partie d’un monde étranger qu’il devra combattre. Lui, c’est un homme des grands espaces géographiques, son regard, hypnotisé par l’envergure de la course du soleil, cherche les limites du monde: ne voudrait-il pas savoir où le soleil se lève? Après avoir vaincu le roi du Penjab, il s’avance vers la vallée de l’Indus lorsque son armée refuse de continuer plus loin. Il meurt à Babylone en 323 avant J. C. sans avoir eu le temps d’organiser son empire, surtout la péninsule balkanique; il meurt en regardant vers l’est; avait-il déjà oublié la Méditerranée?

    C- Les Romains pacificateurs.

    La Grèce continentale est toujours constellée de cités-États qui n’arrivent toujours pas à construire un monde balkanique pacifié. Certaines de ces cités demandent alors l’aide de ces Romains si bien organisés et efficaces. Les premières cités à faire appel à eux sont celles de l’Adriatique, dans le but de lutter contre les pirates. La reprise de la politique d’expansion en Grèce de la part de la Macédoine, sous Philippe V, donne lieu à une nouvelle intervention romaine. On ne peut pas encore parler de conquête mais la Macédoine devient tout de même une sorte de protectorat. Les cités agitées du sud de la Grèce sont toujours libres mais elles sont de plus en plus surveillée par une nation qui n’aime pas du tout le désordre.

    Les rois macédoniens et leurs alliés trouvant la tutelle de Rome trop pesante se mesurent à Rome plusieurs fois, mais en 168 avant J. C., grâce à la victoire de Pydna, les Romains conquièrent la Macédoine et en profitent pour accentuer leur présence en Grèce. Les populations locales ont beau se révolter (en 148 avant J. C. en Macédoine, en 146 avant J. C. dans le Péloponnèse) les Romains ne veulent plus laisser aux Grecs la liberté de s’administrer totalement eux-mêmes car ils savent qu’ils en sont incapables. Ils pillent alors Corinthe en 146 avant J. C. afin de calmer les velléités d’indépendance des citoyens de la ville et imposent un protectorat à tous les Grecs. En 133 avant J. C., le protectorat est élargi aux îles de la mer Égée. En 88 avant J. C. les Athéniens osent se révolter contre la domination romaine: ils sont alors écrasés par Sylla. Il fallut attendre Auguste en 27 avant J. C. pour que la Grèce soit organisée administrativement et devienne un province romaine. Les Romains laissèrent l’administration locale aux Grecs, Athènes conserva son agora par exemple, les politiciens grecs continuèrent à parler de choses sans beaucoup d’importance, le peuple continua à voter, mais c’est Rome qui se mit à décider pour eux sur les questions importantes: l’ordre dans la paix, la paix romaine bien sûr!

    ––––––––

    Exercice de réflexion:

    Comment peut-on justifier l’existence de la démocratie à travers ce texte? (15 lignes).

    Serment des éphèbes athéniens, milieu du 4ème siècle avant J.C., stèle épigraphique.

    Ceci est le serment que les éphèbes doivent jurer. Je ne laisserai pas la honte souiller mon bouclier et le reste de la compagnie qui sont sacrés pour moi; je n’abandonnerai pas le guerrier qui combat juste à côté de moi, et cela quel que soit l’endroit où je me trouverai dans la bataille. Je protégerai toutes les choses sacrées et celles que les dieux destinent à l’usage des hommes. Je laisserai, à la prochaine génération, la patrie, dans une condition non pas inférieure mais supérieure à ce qu’elle était avant. Je le ferai seul et aussi avec l’aide des autres. Jour après jour, j’écouterai ceux qui sont autorisés à agir grâce à leur raisonnement solide; en outre, j’écouterai toujours les lois qui ont été établies, et qui le seront dans le futur, par des esprits solides. Si quelqu’un venait à vouloir les détruire, seul, ou avec l’aide des autres, je l’empêcherais. J’honorerai les choses sacrées des ancêtres. Les témoins de ce serment sont les dieux (suivent les noms de certains dieux), les limites de la patrie et aussi le blé, l’orge, les vignes, les oliviers et les figuiers.

    On cherche toujours la justification d’un régime politique, c’est-à-dire l’organisation des rapports entre les individus afin de les rendre plus pacifiques, de permettre la naissance d’une certaine aisance matérielle et d’une volonté commune d’avancer dans la même direction. Ici le texte est d’une grande clarté. La société athénienne est dominée par des homme jeunes qui s’organisent ensemble pour défendre leur territoire. Ce ne sont peut-être pas des lumières (savent-ils seulement lire et écrire?) mais ils sont pour le moins d’accord pour se soutenir les uns les autres dans les moments difficiles. Le texte ne leur demande pas de s’apprécier mais de se protéger pour que, lors de la bataille, il y ait le moins de morts possible. Ayant les mêmes obligations et devoirs, il est inconcevable que l’un d’entre eux soit supérieur. D’ailleurs, leur but étant le même, conserver et améliorer l’état de la terre de leurs ancêtres, leur organisation politique doit refléter la vision qu’ils sont tous obligés de partager. Quoi qu’il en soit, ces démocrates admettent un principe supérieur à leur égalité sociale et politique: la parole des personnes avisées à l’origine des lois intelligentes. Leur démocratie n’est donc pas un égalitarisme absolu qui mettrait sur le même niveau tous les jugements. En effet, c’est la force de la raison qui doit s’imposer à tous. Ils devraient dès lors être conduits à croire que toutes les opinions ne se valent pas et que l’homme n’a d’autre solution que de choisir entre le bien et le bien, la raison et la raison, la sagesse et la sagesse. La démocratie n’admettrait donc que le choix entre de subtiles nuances. Quand on regarde l’histoire d’Athènes, on est convaincu qu’ils n’ont jamais compris cela! On peut dire et jurer ce que l’on veut, encore faut-il comprendre ce que l’on dit, y adhérer pleinement et le mettre en œuvre par la suite.

    Séquence 2: Rome.

    Leçon 1: Auguste et la paix romaine.

    A- Dictature, principat et empire.

    L’Auguste de la prima porta.

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/eb/Statue-Augustus.jpg/800px-Statue-Augustus.jpg

    La nature du pouvoir à Rome est tellement différente. Ce n’est pas du peuple que vient le devoir de régler les différends entre les hommes mais d’un héros qui s’est illustré sur le champ de bataille et qui tend à se rapprocher des dieux car sa fonction est identique: pacifier le monde connu et l’ordonner de telle manière qu’il entre en résonance avec les forces de l’univers. Ce pouvoir est profondément mystique.

    Auguste habillé en grand pontife (grand prêtre).

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3f/Augusto_di_via_labicana_01.JPG/260px-Augusto_di_via_labicana_01.jpg

    Le premier empereur de Rome prend d’ailleurs comme prénom le tire d’auguste, un pouvoir mystérieux et religieux qui augmente (augere) la valeur morale de ses propos et décisions. Fils adoptif de Jules César, il se relie avec son devancier divinisé en se faisant appeler «fils du divin César». Il devient aussi princeps. Ce terme sert à l'origine à désigner le plus ancien ou le plus distingué des sénateurs. Lors de la période républicaine ce titre est devenu un titre honorifique donné à ceux qui ont bien servi l’État. Cette attribut conféré par le Sénat fait de lui le premier citoyen romain, le premier des serviteurs de l’État et de l’Empire. Cependant, il reste profondément imperator, cela veut dire qu’il est toujours général mais un général supérieur aux autres: il a le droit d'utiliser la couronne civique en chêne comme ornement au-dessus de la porte de sa maison et les lauriers comme symbole. Il refuse toutefois de se considérer comme un roi: il ne portera jamais de sceptre, de diadème ou de toge pourpre (vous le remarquez d’ailleurs sur la sublime statue le figurant en général). Le Prince (certains nomment ce régime le principat) a pour principale fonction de pacifier l’Empire naissant. C’est ce qu’il fait en Espagne et en Gaule. Il organise d’ailleurs les provinces du sud de la Gaule. A son retour de campagne, le Sénat reconnaissant décide de construire un monument à la Paix Auguste. En 9 avant J. C., l’autel est consacré. Tout Romain est désormais conscient de la nature même du pouvoir politique et de la mission de Rome: faire régner la paix sur Terre.

    Autel de la Paix.

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    B- La société romaine impériale.

    La société romaine, comme la société grecque avant elle, est profondément inégalitaire. Ainsi, on oppose très fortement l’homme libre à l’esclave. Les hommes libres se distinguent suivant leur relation avec la citoyenneté romaine. Dans un empire aussi grand, il existe des citoyens de plein droit originaires du Latium (région de la ville de Rome) mais également des hommes vivant dans des endroits moins romanisés. Ainsi, on trouve des citoyens latins qui ont moins de droits que les citoyens romains, mais aussi des déditices (hommes libres appartenant à une tribu vaincue ou révoltée contre Rome), des pérégrins (hommes libres qui sont citoyens uniquement dans leur communauté), des barbares (qui ne sont pas citoyens dans la totalité de l’empire). L’élite des citoyens romains se distingue également suivant son degré de visibilité sociale. On trouve en haut, les plus célèbres, les nobles, ceux qui possèdent un ancêtre ayant exercé la charge de consul. Il y a également les patriciens, les sénateurs, les membres de la classe équestre, les décurions, les plébéiens.

    Changer de classe sociale, pour un homme, n’est pas une chose totalement impossible.

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