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Symboles et archétypes
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Livre électronique668 pages8 heures

Symboles et archétypes

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À propos de ce livre électronique

Ce livre décrit environ 80 remèdes homéopathiques à travers leurs symptômes de pathogénésie, de cas répertoriés dans la littérature homéopathique, à la lumière de la psychologie de Jung.
A la fin de l'ouvrage on trouve un exposé plus théorique qui expose la vision que l'on peut tirer de la matière médicale en suivant des notions jungiennes.
LangueFrançais
Date de sortie4 juin 2024
ISBN9782322513093
Symboles et archétypes
Auteur

bernard long

Bernard Long, médecin homéopathe. Elève de la faculté de médecine de Montpellier, héritière de la tradition hippocratique et berceau du vitalisme montpelliérain, il fut attiré naturellement par l'homéopathie. Un cheminement personnel au travers des civilisations antiques et orientales ainsi que de l'univers jungien l'a profondément influencé.

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    Aperçu du livre

    Symboles et archétypes - bernard long

    TABLE des MATIERES

    AVANT-PROPOS

    REMERCIEMENTS

    AVERTISSEMENT

    GENERALITES

    MATIERE MEDICALE

    Chapitre 1 Le chaos

    Chapitre 2 La symbiose

    Chapitre 3 La séparation

    Chapitre 4 La structuration

    Chapitre 5 Persona et ombre

    Chapitre 6 Animus et anima

    Chapitre 7 Le roi et la reine

    Chapitre 8 Conjonction – dans le bain

    Chapitre 9 Construire - l’inflation du moi

    construire – amasser – dominer

    séduire - plaire

    faire partie – empathie

    Chapitre 10 La justice – la loi

    Chapitre 11 La révolte

    Chapitre 12 La confrontation - le combat

    peur – résistance – protection

    se battre

    Chapitre 13 La mort - nigredo

    Chapitre 14 L’éveil à l’inconscient

    Chapitre 15 La purification et l’intégration L’individuation – sagesse et compassion

    REFLEXIONS sur l’HOMEOPATHIE

    La maladie

    Causalité et synchronicité

    Signes et symboles

    Le rêve en pratique homéopathique

    Homéopathie et mandala

    Similimum, globalité, interdépendance et vacuité

    GLOSSAIRE de DEFINITIONS

    INDEX GENERAL

    BILIOGRAPHIE GENERALE

    AVANT-PROPOS

    Les travaux de Matière Médicale de Samuel Hahnemann n'ont cessé d'inspirer ses successeurs et de donner naissance à un très grand nombre de commentaires, de mises au point, et de présentations originales. Les résultats bruts issus des expérimentations étaient difficilement exploitables sans une présentation logique et il y avait là une nécessité à laquelle ont tenté de répondre les praticiens dès les premières publications. aucune présentation ne s'étant montrée complètement satisfaisante, on peut imaginer la somme de travaux qui s'est ainsi accumulée pendant deux siècles.

    Si la publication des données expérimentales posait le problème d'une présentation qui en permettait une facile utilisation par les praticiens, la même question se présentait pour la définition des états morbides qui, excluant toute spéculation, devait, elle aussi, s'appuyer sur la symptomatologie recueillie par l'anamnèse, l'interrogatoire et l'examen du patient tant du point de vue somatique que psychologique. un interrogatoire et un examen soigneux du patient permettaient là aussi de rassembler un abondant bouquet de symptômes. C'est ainsi, par exemple, qu'à propos du phosphore, les expérimentations conduites par Hahnemann et publiées en 1839 dans les Chronischen Krankheiten comportaient 1915 symptômes touchant aussi bien la sphère mentale et psychologique que les différents organes somatiques. Parmi ces 1915 symptômes, Hahnemann en avait observé 1169 sur lui même, les autres lui avaient été fournis par dix expérimentateurs. En 1878, quarante ans plus tard, dans « l'Encyclopaedia of Pure Materia Medica » de T.F. Allen, le chapitre de « Phosphorus » comportait 3920 symptômes issus des observations de 232 personnes…

    Un tel foisonnement de la symptomatologie ne pouvait manquer de poser des problèmes de classement pour une présentation logique et assimilable par le praticien. Des dictionnaires et des encyclopédies virent ainsi le jour, des formulations analytiques, synthétiques, cliniques, des répertoires, des monographies, chacune répondant à un besoin particulier ou à une optique particulière des praticiens, un répertoire de symptômes ne répondant évidemment pas au même besoin qu'une étude synthétique.

    Chaque nouvelle formulation constitue en outre une création originale de son auteur, liée à sa sensibilité, à sa culture et à l'intelligence qu'il a de son sujet. Chaque auteur apporte sa compréhension d'un sujet aux innombrables facettes et d'une richesse telle que sa diversité n'a jamais été complètement élucidée. Car l'homœopathie, malgré ses deux siècles d'existence, malgré une diffusion mondiale, malgré l'intelligence de ses chercheurs n'a pu encore livrer tous ses secrets.

    Un des secrets que s'acharnent à percer tous ses praticiens a pour nom individualisation. La symptomatologie clinique d'un patient traduit la souffrance d'un individu et non d'une catégorie d'individus : telle est la caractéristique majeure de la doctrine homœopathique, médecine de l'individu et non d'une catégorie d'individus. De la même façon la symptomatologie expérimentale mise en évidence par l'essai d'un drogue sur des hommes sains individualise un agent thérapeutique et non pas une classe plus ou moins fournie de médicaments. Chaque médicament, ainsi conçu, est un personnage unique parmi tous les autres. C'est dire à quel point il reste nécessaire de mettre en évidence les caractéristiques du patient et du médicament, ce qui permet ensuite de découvrir des points de similitude ou d'opposition.

    Chaque praticien, selon son génie se trouve confronté à ces problèmes. Il doit percevoir les signaux que lui envoie son patient pour les mettre en parallèle avec ceux qui ont été définis par l'expérimentation des drogues et tenir compte de l'expérience acquise par les nombreux praticiens qui ont exprimé dans leurs publications la manière dont ils avaient intégré les données de la Matière Médicale, à la lumière de leur culture et de leur sensibilité propre. Ils aident à la compréhension de la doctrine, évitant les pièges tendus par une recherche de facilité à travers des conceptions qui n'ont pas de place dans la formulation des règles d'application énoncées par Hahnemann. Car, pour rester une médecine expérimentale, il semble évident que l'homœopathie doit continuer à s'appuyer sur les résultats expérimentaux obtenus par ses chercheurs, et non pas tenter, par des voies détournées, de se laisser guider par des spéculations qui relèvent plus de l'imaginaire que d'une logique rationnelle et scientifique.

    Le docteur Bernard Long a su s'appuyer sur les principes qui constituent la réalité et la pérennité de la doctrine homœopathique. Il ne s'est par pour autant départi d'une originalité qui agrémente la lecture de son travail. Dans un domaine qui invite le praticien à découvrir l'essentiel du patient et l'essentiel des agents thérapeutiques, il n'hésite pas à définir clairement les composantes de son élixir, faisant à plusieurs reprises, comme par un défi, référence à l'Oudjat égyptien, qui était considéré comme une puissante amulette protectrice : puisse-t-elle le protéger, lui et son œuvre dont nous attendons la suite.

    Jacques Baur

    Préface écrite en 2002 par Jacques Baur pour une e-book

    intitulé « Phosphorus en images » édité par

    www.cyeditions.com. Avec l’aimable autorisation de sa famille.

    Cet ouvrage présente une interprétation originale de la dynamique à l’œuvre dans la thérapeutique homéopathique. Non pas qu’il détermine le mode d’action du remède homéopathique, mais plutôt qu’il inclut ce mode d’action dans une pensée à la fois jungienne et alchimique d’une part et une pensée que je qualifierais de nagarjunienne par la prise en compte de l’interdépendance universelle, source de la notion de vacuité.

    En effet, Bernard Long a étudié à la fois l’œuvre de C.G. Jung, il s’est intéressé aux écrits alchimiques et à la philosophie bouddhiste de la vacuité. Il exerce par ailleurs l’homéopathie hahnemannienne depuis de nombreuses années. On pourrait considérer cet ouvrage comme une synthèse de ces différents chemins d’approche du réel au service de l’art homéopathique.

    Si l’homéopathie fait partie des médecines empiriques, il n’en reste pas moins qu’elle prend en compte la dimension individuelle du vivant immergé dans l’interdépendance universelle des causes et conditions multiples et infinies dont l’actuelle physique quantique tente d’explorer les arcanes.

    Nous trouvons ici, un ouvrage de synthèse d’un auteur en quête d’un réel qui, pour être inaccessible, n’en reste pas moins approchable et dans lequel s’inscrit à coup sûr la dynamique homéopathique qui cherche à rassembler les causes et conditions autant que faire se peut tant elles sont infinies. Un ouvrage qui ouvre des perspectives pour ceux qui voudraient ne pas se contenter des dogmes.

    Dominique Maistre

    REMERCIEMENTS

    Je remercie tous ceux qui m’on guidé et inspiré sur mon chemin : Samuel Hahnemann, C. G. Jung, Michel Conan Meriadec, Georges Demangeat, Madeleine Bastide, Jacques Baur, François Daumas, André Mandin, Pierre Trigano.

    Je remercie mes proches et amis qui m’ont aidé et supporté : ma famille, ma femme Dominique Maistre, Ariane Callot, Jean Pierre Robert, François Simon et d’autres encore.

    Je remercie Sylvie Verschoote pour l’aquarelle de la couverture.

    Je remercie également Rebecca Bicais Baur et les éditions Bärenreiter.

    AVERTISSEMENT

    La lecture de la matière médicale qui suit peut surprendre. Ceux qui sont familiers avec l’homéopathie, risquent de ne pas reconnaître la démarche habituelle qui prévaut à la description des remèdes. Cette manière de présenter les remèdes est sous-tendue par une réflexion théorique qu’il est utile de consulter (à partir de la page 318) pour en apprécier la logique. Certes elle suit au plus près les pathogénésies classiques et les cas réussis de la littérature, mais elle est exposée au travers d’un prisme particulier, décrit dans les pages de « Réflexions sur l’homéopathie ».

    GENERALITES

    Ce livre décrit environ 80 remèdes homéopathiques, à travers leurs symptômes de pathogénésie, de cas répertoriés dans la littérature homéopathique, à la lumière de la psychologie analytique de Jung. Ces remèdes sont présentés selon une séquence qui part de la naissance, de la petite enfance, la structuration de l’individu, sa confrontation à l’autre, ses amours, son combat, sa mort, son évolution. Ils sont tous organisés selon un schéma quaternaire, sous forme d’homéographe, de mandala, avec un thème central et 4 thèmes secondaires périphériques (voir en fin de livre le chapitre Homéopathie et mandala qui justifie ce choix).

    A la fin du livre on trouve un exposé plus théorique qui expose la vision que l’on peut tirer de la matière médicale au travers de notions souvent jungiennes.

    Ce travail fait largement référence au livre de « Psychologie du transfert¹» et aux ouvrages de base de C. G. Jung. Il reprend et complète de façon plus élaborée des articles parus sur le site de l’Espace francophone jungien², édités sous le titre : C.G. Jung : rêve, alchimie, homéopathie.

    Jung et l’homéopathie

    On peut se poser la question de l’opportunité d’un travail sur l’homéopathie en lien avec l’œuvre de C.G. Jung. En fait Jung ne s’est pas intéressé spécialement à l’homéopathie. C’est un disciple, Edward C. Whitmont, qui a exploré le premier de façon magistrale l’apport considérable que la psychologie analytique et les thèmes jungiens pouvaient apporter à l’homéopathie. En réalité il n’existe pas de récit concernant « Jung et l’homéopathie », mais il existe une histoire de Whitmont en homéopathie. Cela dit (comme d’ailleurs Whitmont l’a montré), il n’est pas inopportun de considérer certains aspects de l’homéopathie sous un éclairage jungien. La psychologie des profondeurs et l’homéopathie tirent leurs racines de l’histoire des connaissances ancestrales (Hippocrate, alchimie, vitalisme..) ; par certains aspects elles rentrent en résonnance avec les aspects d’un monde scientifique moderne en évolution (travaux de Pauli).

    Whitmont a fait le lien avec l’approbation de Jung entre la psychologie analytique et l‘homéopathie. Edward Whitmont, est né en 1912. Ayant hésité entre la musique et la médecine, il termina ses études à la Faculté de médecine de Vienne en 1936. Il se spécialisa en psychologie, ne supportant ni le sang ni la dissection, étudiant Adler et Jung. Militant socialiste, en 1938 il fuit les Nazis en émigrant aux USA ; ses deux parents sont morts à Auschwitz. Il se forma en homéopathie à New York avec Elizabeth Wright Hubbard dans les années 1940 et collabora avec le Dr. Maesimund Panos dans les années 50. Il enseigna l’homéopathie aux Etats Unis de 1947 à 1951. Il avait d’abord abordé à Vienne l’anthroposophie, avait étudié Steiner (auprès de Karl König) et l’alchimie. Il approfondit sa formation auprès du Dr. Esther Harding et l’analyste jungien Gustav Richard Heyer à Berlin. Heyer avait été membre du Parti National-socialiste et Jung ne devait plus rien entreprendre avec lui, quoique Whitmont eût essayé sans succès de les rapprocher. Il rencontra Jung en Suisse et eut une correspondance épistolaire avec lui. A propos de Jung et de l’homéopathie, on peut citer Dana Ullman qui demanda à Whitmont si Jung avait connaissance de l’homéopathie. En fait la réponse fut que Jung n’avait pas un grand intérêt pour le domaine du corps mais qu’il avait encouragé Whitmont à poursuivre son étude de l’homéopathie… A cela on peut répondre que non seulement Jung était médecin de formation mais aussi que sa notion de synchronicité et d’archétype qui souligne le rôle concomitant du physique et du psychique n’était peut-être pas aussi éloignée de l’homéopathie qu’il le prétendit ce jour là, mais qu’il ne connaissait pas l’homéopathie et qu’il répondit de façon polie à Whitmont pout éluder une question qui n’avait pas d‘importance à ses yeux. Dans une de ses lettres il écrivit un jour qu’il ne commettrait pas la bêtise habituelle de considérer tout ce qu’il ne pouvait expliquer comme une imposture.

    A partir de 1948, Whitmont exerça en tant que psychothérapeute, avec le soutien de l’homéopathie, qu’il utilisait lorsqu’il pensait avoir trouvé une image similaire à la problématique du patient, à mi-chemin entre substance et psyché, comme un pont archétypal suspendu, une synchronicité entre l’esprit et son inscription somatique : « L’esprit est un épiphénomène du corps et le corps est un épiphénomène de l’esprit. Nous sommes des esprit-corps. Le corps est la face visible de l’âme et l’âme est la vie du corps… ». Il eut un cabinet de psychologue à New York, fonda le Jung-Training – Center et y enseigna. Il est l’auteur de nombreuses publications. Il est mort en 1998 à 85 ans à Sherman dans le Connecticut.

    Des auteurs (surtout anglo-saxons) ont continué dans la même voie. Dans un passé plus ou moins récent, plusieurs médecins homéopathes ont cité Jung dans leurs écrits. Les auteurs anglo-saxons sont pour la plupart des psychothérapeutes, particulièrement Jane Cicchetti.

    Whitmont a insisté sur la synchronicité qui peut exister entre le psychisme et la matière, une sorte de champ chargé de sens qui traverse deux mondes parallèles, un cône archétypal capable d’engendrer quand il « constelle » des phénomènes de synchronie vraisemblablement fréquents en homéopathie. Nous sommes alors dans le domaine de la non-causalité.

    Whitmont a décrit de nombreux remèdes à travers sa vision jungienne. La recherche du « sens » du remède n’était pas courante à son époque où l’on étudiait la plupart du temps la matière médicale comme un écheveau d’où dépassaient quelques traits caractéristiques.

    But de ce travail

    Ce travail n’a pas pour but de trouver des raccourcis particuliers pour trouver plus facilement les remèdes homéopathiques. Il n’exclut en aucune façon le travail traditionnel de l’homéopathe, le long apprentissage de la théorie et de la matière médicale de cette médecine.

    Ce livre a un parti pris : celui d’étudier des remèdes homéopathiques qui ont une pathogénésie et qui ont pu à travers le temps être suffisamment utilisés et vérifiés par des cas guéris, ce qui ne constitue pas une preuve au sens expérimental du terme, mais qui, par le faisceau de probabilités qu’ils apportent, leur confère une certaine fiabilité. Ils ont été étudiés au travers de leur pathogénésie, de cas personnels et publiés dignes d’intérêt, tout ceci à la lumière de correspondances synchronistiques entre la substance et les symptômes homéopathiques.

    L’ouvrage n’a pas le dessein de se présenter comme un livre sur la psychothérapie. Certes, il peut exister des ponts entre la médecine homéopathique et la psychothérapie, on a souvent remarqué qu’un traitement pouvait délier un nœud chez un patient qui suit conjointement une thérapie. Toutefois c’est un livre d’homéopathie. Je ne prétends pas être psychothérapeute. J’espère pouvoir montrer quelques aspects nouveaux de remèdes dits classiques. Aucun tableau n’est définitif et ne prétend être une vérité incontestable.

    Il faut insister sur le fait que dégager des tableaux caractéristiques des remèdes, « archétypaux » n’est pas une fin en soi. En aucun cas elle ne peut être la point de départ d’une recherche de remède. Seule la connaissance des matières médicales, le choix de symptômes homéopathiques rares, particuliers et caractéristiques du patient peuvent guider le thérapeute. La confrontation avec une image archétypale du remède sélectionné n’est qu’une confirmation possible du caractère judicieux de ce choix.

    Hahnemann a écrit³ :

    « L’unique vocation du médecin, et le plus important, est de rendre la santé aux personnes malades ; c'est ce qu'on appelle guérir.. Le plus bel idéal de la guérison consiste à rétablir la santé d'une manière prompte, douce et durable, à supprimer et détruire la maladie tout entière, par la voie la plus courte, la plus sûre et la moins nuisible, en procédant d'après des raisonnements faciles à comprendre ».


    ¹ Jung C.G. - Psychologie du transfert - Paris : Albin Michel ; 1980.

    ² Avec Ariane Callot et Ephème sur le site de J.P Robert.

    ³ Organon - 6e édit. – trad. Roy - §§ 1 et 2.

    MATIERE MEDICALE

    SYMBOLES et ARCHETYPES

    CHAPITRE 1

    LE CHAOS

    « Avant la mer, la terre, et tout ce qui recouvre, le ciel, à travers l’orbe tout entier, le visage de la nature était un : on l’appelait Chaos, masse informe, indistincte, rien qu’un poids inerte ramassé en un même point, les germes en discorde de choses mal liées..⁴ »

    La vie sur terre est vraisemblablement issue d’un chaos dont nous gardons enfoui le souvenir inconscient. Il précède la naissance ou bien explose au milieu de notre traversée sur cette planète.

    Ainsi en est-il de nous tous. Nous sommes issus d’un magma où nous errons un temps, avant d’apparaître sous la forme que nous occupons, après de nombreuses causes et conditions et d’innombrables étapes.

    Il existe des remèdes homéopathiques qui peuvent illustrer l’idée de chaos.

    Remèdes envisagés :

    hydrogenium

    mercurius solubilis et deux remèdes marins :

    iodium et

    spongia tosta

    HYDROGENIUM

    Chaotique

    Il est difficile d’imaginer comment s’est formé l’univers. Si l’on admet un Big Bang, il semble que l’univers fût extrêmement chaud, puis qu’il se refroidit, ce qui permit aux éléments qui constituent la matière de faire leur apparition : les quarks assemblés ont formé protons et neutrons, puis des atomes. Au départ il s‘agissait essentiellement d’hélium et d’hydrogène, les éléments les plus répandus de l’univers.

    L’hydrogène est l’élément le plus abondant de l’univers. En conséquence, il s’agit d’un élément absolument fondamental quant à notre constitution, d’autant plus qu’il est une pierre essentielle à la formation des substances organiques.

    L’hydrogène est un gaz moléculaire de formule H2, le dihydrogène ; c’est un gaz invisible et inodore.

    L’homéopathie doit à Jeremy Sherr une excellente pathogénésie réalisée en 1990.

    Chaos

    Hydrogenium est un remède qui semble encore imprégné du chaos d’où il provient. Il semble avoir du mal à trouver des racines sur une planète qui lui semble étrange. Il n’arrive pas à atterrir et demeure encore dans un univers limbique, encore surpris par le fait d’habiter un corps. L’espace et le temps ne semblent pas bien imprégner ses facultés sensorielles, il les traverse comme s’il n’avait pas encore bien assimilé les perceptions que nous imposent nos sens pour évaluer et donner une certaine approche de notre environnement. Il se sent coupé des autres. Quant à son esprit, il vagabonde et vacille.

    1- Espace temps et repères

    Hydrogenium manque de repères. Tout semble plus léger et plus clair, avec une sensation d'espace et un sentiment d'être hors de la réalité. Le sujet a l’impression que son échelle du temps a changé, qu’il a perdu les limites du temps et que son rythme s’est ralenti. Il perd la notion du temps, du passé, du futur, les jours ne font plus qu’un. Il n’a plus la notion des dates et confond les jours de la semaine. Il est perdu dans l’espace, dans une sorte d’irréalité, une autre dimension.

    2 - Incarnation

    Le sujet hydrogenium a un problème majeur d’incarnation. Non seulement il a l’impression d’être séparé du monde, que tout est étrange et irréel, mais il a le sentiment d'avoir été ailleurs et que le retour dans son corps est un choc. Il se sent bizarre, comme s’il était à peine dans son corps, que son corps fonctionnait en mode automatique mais qu’il n’était pas vraiment présent. Lors de la pathogénésie un prover a ressenti que son lien avec le monde physique était très lâche, comme si son âme était séparée de son corps, avec une impression que c’était un peu comme mourir, ce qui n’était pas désagréable. Tout cela peut évoquer une NDE. L’image du corps est déformée. Hydrogenium a la sensation d'être plus grand, plus fort, ou, au contraire, plus petit. Une femme peut avoir la sensation d’être enceinte. Il a parfois des poils sur le visage, des selles qui ont une odeur de poisson, ce qui témoigne éventuellement d’une difficile incarnation humaine ; s’agit-il d’une hésitation avec une incarnation animale ? La libido est hésitante, entre un caractère faible ou un érotisme fort, avec parfois une hésitation quant au sexe. Son désir de chocolat pourrait désigner un élan vital et libidinal.

    3 - Les autres

    Il va sans dire que dans les conditions où se trouve hydrogenium, la relation à l’environnement et à l’autre n’est pas optimale. Le sujet qui se sent mal incarné, perdu dans ses repères spatiotemporels a du mal à relationner avec son milieu. Il a le désir d’être seul, de s’isoler, voudrait que l’entourage le laisse tranquille. Il n’aime pas être touché, ne se sent pas à sa place, il est détaché, avec un sentiment d’éloignement et de séparation par rapport aux choses. Lorsqu’il voit son conjoint, c’est comme s’il regardait quelqu’un d’autre. Il est indifférent, abattu, apathique. Il se sent coupé de ses amis. Hydrogenium peut avoir une tendance paranoïde, pensant que personne ne l'aime, se sentant trahi et se méfiant des autres.

    Tout à l’inverse, il peut être envahi par un sentiment d’amour universel, avec une grande compassion.

    4 - Idéation

    Quant aux facultés intellectuelles d’hydrogenium, elles sont d’un côté émoussées et d’un autre exaltées.

    Hydrogenium manque de concentration, en écrivant, au travail, pendant des examens où il se trouve confus. Il ne trouve pas les mots en parlant car sa pensée va trop vite par rapport à l’élocution. Il perd le fil de sa pensée, comme si sa pensée était parsemée de lacunes. Il fait des erreurs en écrivant, confondant des lettres ou des mots entiers ; là encore son écriture est en retard par rapport à sa pensée. Il oublie ce qu’il doit faire, il est indécis. Il perd les choses et ne peut se rappeler où elles se trouvent. Il confond la droite et la gauche, ce qui est consécutif à son manque de repères.

    Mais à l’inverse, il peut ressentir un surcroît d’énergie, avec une puissance qu’on pourrait qualifier de surhumaine. Sa mémoire devient décuplée. Il est pris d’une sorte de délire mystique, pensant converser avec le divin, se mettant à théoriser, à philosopher, tourné vers des sujets ésotériques ou religieux. Il lui semble voir de l'énergie se déplacer dans l'air. Les couleurs deviennent vives et tout semble beau. Tout lui semble clair, il est à la limite de l’illumination et de la folie.

    CONCLUSION

    Hydrogenium est perdu dans un chaos sans repère. Au-delà de l’espace et du temps, il peine à s’incarner.

    IODUM

    Le démiurge

    L’iode existe à l’état de composé organique dans les eaux de mer ; il se concentre avec le brome dans les fucus, les varechs et dans les éponges. On le trouve dans la glande thyroïde de l’homme et dans le foie de certains poissons, tels que les morues.

    L’iode a été trouvé par Courtois en 1811.

    C’est un corps solide, cristallisé en prismes, gris noir, d’un éclat métallique.. il fond en donnant une vapeur violette. Son odeur est désagréable. Il donne une solution aqueuse colloïdale jaune et se dissout mieux dans l’alcool (teinture d’iode).

    Le mot « iode » est formé à partir du grec ancien ἰοειδής, iôèïdes (« de couleur violette ») en raison de la coloration violette que le diiode (forme simple de l'iode) prend en s'évaporant.

    L’iode, le violet sort de la mer, du noun égyptien. Le noun est l’océan primordial, père des dieux. La mer est la παμμήτηρ (mère universelle), la matrice de toutes les créatures⁵.

    Son corps est de couleur bleue ou verte. Il soutient de ses bras levés en l'air les dieux qui émergent de lui, en particulier le dieu Ré et sa barque solaire.

    Si nous écoutons le mot « iode », nous entendons le son qui rappelle la lettre iod

    hébraïque Yod, mais aussi le hiéroglyphe , qui représente le calame avec lequel les scribes écrivaient sur les papyrus. Il y aurait peut-être un lien (si l’on opère une analogie phonétique) entre le iod et l’écriture, la parole.

    Selon Saint Jean – 1 -5 :

    « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut... Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire.. ».

    Il est écrit dans la théologie égyptienne de Memphis que le cœur ib et la langue ns ont le pouvoir sur tous les autres membres. Le cœur est l’organe du concept ; le dieu y conçoit la création et la langue crée l’univers en prononçant le nom des êtres et des choses.

    Au sortir de l’océan primordial l’iode se trouve lié de façon associative à la parole.

    Dans la philosophie indienne le 5e chakra est vishuddha ; Il réside dans le cou, plus précisément dans le larynx. Ici se trouve le siège de la parole et donc le centre spirituel. C'est le centre violet de l'éther blanc qui est assis sur l'éléphant blanc. Le vishuddha est à la fois la région lunaire et la porte de la grande libération, par laquelle l'homme quitte le monde de l'erreur et les couples de contraires⁶. Lorsque nous revêtons notre savoir avec des mots, nous sommes dans la région du vishuddha, ou le centre de la gorge⁷ . Il est traditionnellement de couleur violette ou bleue.

    Iodum, moteur unique d’un monde

    1 – Mouvement – action

    Incontestablement iodum est très actif, il est même souvent hyperactif. Il est précipité, allant de place en place, affairé. On peut le qualifier d’agité.

    Il fait partie des sujets qui entreprennent dans leur première moitié de vie, il doit agir, il doit construire, à la différence du sujet plus âgé qui devrait se pencher davantage sur son être et sur le sens de son existence.

    Cette nervosité le rend impatient, comme si une sourde angoisse le poussait à agir. Le voici, souffrant parfois de palpitations, anticipant les évènements, vérifiant les choses, impulsif et travailleur. Il lui faut être occupé, ce qui améliore son état.

    Cette agitation lui fait aimer le voyage, car il ne tient pas en place. Elle peut également le rendre colérique, impulsif, et lui prêter un caractère qui n’est pas toujours des plus agréables.

    2 – Parole

    Iodum déborde d’énergie. Il peut montrer une gaieté marquée, voire même outrancière. Il est extrêmement loquace car la parole suit son agitation et son hyperactivité. Il semble beaucoup parler mais pas forcément communiquer.

    Curieusement, cet être qui sort de l’océan primordial, le noun égyptien, va donner naissance au soleil, Ré dont le nom est formé de deux hiéroglyphes phonogrammes : le bras de l’action et la bouche de la parole .

    Mais cette parole, sa voix va bientôt perdre de sa force et il va s’enrouer, elle va se briser. Lui qui clamait, qui chantait, perd son timbre fort, sous l’effet d’une épidémie ou par surmenage. Son esprit aiguisé perd aussi de son acuité et faire place à une lenteur, une difficulté à penser, à comprendre et à se remémorer.

    3 – Chaleur - alimentation

    Iodum est un calorifère.

    C’est un grand remède glandulaire, en particulier de la thyroïde. Le plus souvent la thyroïde de iodum s’emballe, provoquant une hyperthyroïdie, mais l’hypothyroïdie n’est pas exclue. C’est une remède de goitre, avec une glande hypertrophiée, indurée et une sensation de serrement du cou chez un sujet qui craint la chaleur et qui se couvre peu, tant sa sensation de chaleur est marquée, souvent incommodante.

    Le pancréas est également impliqué, avec une inflammation, voire même une transformation maligne.

    Iodum a faim très faim malgré un amaigrissement. Il ne supporte pas le jeûne. Il garde en tout cas une silhouette svelte ; parfois son appétit est capricieux, ou même il peut être diminué.

    4 – Démiurge unique – il se débrouille seul

    Ce sujet hyperactif, cette énergie surgie de l’océan primordial, cette force ardente, n’a besoin de personne, comme un démiurge qui ignore l’interdépendance : il est indépendant. Il existe seul et par lui-même seul, c’est MOI. Sa force directement issue d’un chaos est certes violette, spirituelle, mais il n’a que faire d’un contemplation sur la vacuité dont il provient, seul son élan vital affairé lui importe.

    Il ne supporte pas bien les autres, n’apprécie pas qu’on le touche, qu’on le regarde. La présence d’étrangers l’insupporte. Il n’a souvent pas envie de parler, ni qu’on lui parle. Il est de mauvaise humeur, irritable et peut même se montrer dévastateur, ce qui peut aller jusqu’à une pulsion meurtrière (il rêve de tuer avec un couteau).

    CONCLUSION

    Iodum a chaud au sortir de son océan primordial. Il est action et parole et n’a besoin de personne dans son agitation fébrile.

    SPONGIA TOSTA

    De l’air !

    Spongia tosta est l’éponge de mer grillée.

    Les éponges sont des animaux qui vivent sur un support.

    On utilise en homéopathie une poudre fine brun foncé ou noirâtre obtenue à partir d’animaux du genre euspongia principalement euspongia officinalis L. (= Spongia officinalis L.).

    Hahnemann⁸ :

    « On coupe l’éponge en morceaux d’un médiocre volume, on les met dans un brûloir à café, et on le grille sur des charbons ardents, en tournant toujours, jusqu’à ce qu’ils aient acquis une couleur brune, et qu’ils se laissent réduire en poudre san beaucoup de peine.. ».

    Une éponge sédentaire

    qui rêve d’espaces et de grand air

    Spongia tosta est fixée dans l’eau sur un support et elle est torréfiée, calcinée.

    Son sort est celui d’une éponge absorbante, sédentaire, immobilisée et celui d’une asphyxiée par calcination.

    Toutefois elle est sédentaire mais pas totalement immobile car, ne possédant pas de système respiratoire externe, elle compense par une sorte de respiration interne par la circulation d’eau qui la perfuse. Elle se nourrit de la mer en filtrant l’eau.

    Sa fixation ne la rend pas autonome et c’est là sans doute une problématique importante de spongia, elle se rêve autonome, elle qui est capable d’absorber l’environnement souffre de son immobilisme. Quant à la calcination qui est la réduction de l’objet en poudre, par la privation de l’humidité qui lie et unit ses parties ensemble⁹, elle entraine, comme chez carbo vegetabilis le thème de l’air et de la respiration.

    Le rôle de l’air est bien connu depuis des siècles : souffle de vie en Egypte, du pneuma (πνευμα) en Grèce, prâna, souffles en orient..

    En Grèce, Anaximène pensait que l'air était l’essence de toute chose et qu’il constituait la substance première. Hippocrate, dans le traité de la Maladie sacrée, considère l’air responsable des convulsions. Le fait est que l’on a prêté à l’air un rôle principalement moteur, le vecteur du mouvement et de la mobilité. Le principe du mouvement est purâna : le souffle vivant, le tout puissant rythme de l’univers, dans lequel les mondes naissent et passent comme l’inspiration et l’expiration dans le corps humain¹⁰.

    Selon la description tibétaine du bardo du moment de la mort, le signe extérieur de la quatrième dissolution, celle de l’agrégat du souffle grossier est le fait de l’incapacité d’exécuter des actions physiques, comme se déplacer ; le souffle se dirige alors vers le cœur et la respiration s’arrête¹¹. Outre la fonction mobilisatrice mécanique de l’air et du souffle, sa fonction dans le tantra est de faciliter le mouvement de l’esprit et de transporter l’esprit vers différents objets (comme le cheval et son cavalier). La capacité de l’esprit à se mouvoir est due à la fonction du souffle¹². Il existe un lien très étroit entre le souffle et le mental, qui est utilisé particulièrement dans le pranayama.

    1 – L’air – le chant - la toux

    Le tableau le plus connu de spongia tosta est celui d’un patient qui tousse.

    Cette toux est spasmodique, sèche, rauque. Elle est aboyante. Elle est aggravée dans une pièce chaude mais améliorée par des boissons chaudes. Elle a parfois une tonalité particulière qui est comparée au bruit que fait une scie dans une planche de pin. Spongia un remède de croup ou de faux croup qui survient aux alentours de minuit, une peu comme aconit.

    C’est également un remède d’asthme nerveux, de laryngite avec enrouement, une voix rauque, une grande sécheresse du larynx qui est sensible au toucher.

    2 – Le cœur

    Le cœur est un organe cible de spongia. Il est très étroitement lié à la respiration, de même que l’éponge « respire » par la circulation filtrante et oxygénante qui l’infuse, cette respiration va infuser le sang et toute le système cardiovasculaire. C’est un remède d’endocardite, de dyspnée cardiaque, de cardiomégalie avec insuffisance valvulaire.

    Ces pathologies influent profondément sur le moral. Spongia s’inquiète et devient anxieux. Il a peur de mort, de l’avenir, il souffre de palpitations, il suffoque. La nuit il se réveille en sursaut, apeuré et suffocant.

    3 – La gaieté - la tristesse

    Spongia n’est pas décompensé d’emblée, car il existe aussi un spongia sthénique, voire compensée à l’excès. C’est un sujet qui sa plaît à chanter, comme s’il voulait développer sa cage thoracique et emplir l’environnement de sa vitalité vocale. Spongia me rappelle le cas d’une vieille fille tousseuse chronique et musicienne dont le plus grand plaisir était de vocaliser dans un concert de rires et de logorrhée.

    Effectivement, spongia alterne entre la tristesse, l’angoisse et la gaieté et l’entrain. L’angoisse qui le poussait à s’agiter de place en place disparait et le sujet devient enjoué, prompt à plaisanter et à chanter. Spongia adore chanter, ce qui peut d’ailleurs aggraver ses problèmes respiratoires, de même que le fait de parler fort peut aussi lui nuire.

    4 – L’activité - les indurations et l’immobilité

    Spongia déteste l’immobilité. Certes il est par définition sédentaire, mais il veut à tout prix sortir de cet état statique. Il rêve d’espaces et de mobilité. Il s’agite, se hâte et ne cesse de changer de place, au point de paraître hardi parfois (Marc Brunson).

    Mais sa nature revient au galop et il s’indure. Spongia a des problèmes glandulaires. Les glandes augment de volume et se durcissent. C’est une grand remède de la thyroïde qui s’hypertrophie, formant un goître. Dans le cas d’une hyperthyroïdie il y aura évidemment des troubles du rythme cardiaque avec palpitation et une exophtalmie caractéristique. Les ganglions cervicaux sont aussi atteints, les testicules peuvent s’hypertrophier, donner une orchite.

    Cette tendance à l’induration physique se répercute dans le caractère. Le sujet enjoué devient moins mobile. Le mouvement l’aggrave. Il est alors angoissé, contrariant et irritable.

    CONCLUSION

    Spongia tosta cherche l’air et l’espace. Son immobilité lui pèse et il voudrait parcourir bravement et gaiement la vie.

    MERCURIUS SOLUBILIS

    Sans limites

    Le Mercure est un métal liquide à la température ordinaire. Il fut employé depuis le 10° siècle en onguent contre les maladies de la peau et les affections parasitaires, depuis le 15° siècle sous forme de composés mercuriels pour traiter le mal de Naples (la syphilis). Le mercure, hydrargyrum est l’argent liquide (ύδορ et αργορος).

    Le mercure homéopathique – mercurius solubilis.

    Hahnemann a cherché une forme mercurielle plus apte à se dissoudre dans l'estomac, plus facilement assimilable et donc plus énergétique et plus douce. En 1788, il décrit la préparation du mercure soluble (mercurius solubilis Hahnemanni ou mercurius oxydalatus niger)¹³.

    La première figure du Rosarium Philosophorum représente la fontaine mercurielle¹⁴.

    On voit que la fontaine, soutenus par des pattes de lion, a trois robinets. Sur l'inscription est écrit : "Un est le Mercure minéral, le Mercure végétal et le Mercure animal¹⁵.

    La fontaine pourrait illustrer le jaillissement de l’inconscient dans la sphère du conscient. Jung signale un conte de Grimm¹⁶, « l’Esprit dans la bouteille »¹⁷, où un esprit, le Mercure tout-puissant est enfermé dans une bouteille, au pied d’un chêne¹⁸. Bien évidemment, le Mercure tout-puissant ne correspond pas au mercure métallique ordinaire, mais il en est une expression ; il contient son essence et peut représenter une image symbolique objectivée de son archétype. Le mercure représente la projection de l’inconscient¹⁹. Hermès a des ailes, il est un dieu aérien, c’est une esprit, une énergie subtile, psychique et éthérée. Mercure pénètre, s’allie aux autres métaux. Mercure est mobile, liquide, voire volatile, sublimable, air, gaz, esprit ou âme. Le caractère liquide de Mercure en fait un dissolvant, une sorte de fluide porteur d’inconscient.

    « L’Esprit Mercure » désigne l’inconscient. La bouteille est close « hermétiquement ». Jung remarque que l’esprit est enfermé dans le verre transparent d’une bouteille²⁰. En fait il est « figé » comme l’eau prise en glace. L’esprit est libre fondamentalement, mais le soi se fige dans une conscience limitée par ses sens et ses névroses. Il ne demande qu’à se libérer.

    Mercure est le mouvement du νους créé et incréé, le serpent qui se mord la queue, qui se projette grossièrement dans le mercure métallique ordinaire. Mercure est un être protéiforme, changeant et trompeur. Il passe pour être double.²¹ On voit sur la première figure du Rosarium les deux dragons, serpents, au faîte de l’image. Il est hermaphrodite, féminin et masculin. Il est époux et épouse, vieillard et enfant, terrestre et divin.²² Mais il est aussi Un, trinité, l’alpha et l’omega²³. On dit de Mercure : « la mère l’a mis au monde, et elle est elle même engendré par lui ». Il est l’Ouroboros, celui qui « engrosse, engendre, met au monde, se dévore et se tue lui-même ».²⁴ Autant dire l’aspect œdipien de sa problématique. Mercure est à la fois la prima materia et l’ultima materia, c’est-àdire, le chaos originel, le début, le milieu et la fin de l’œuvre²⁵.

    Mercurius n’a pas de limites…

    L’Esprit Mercure représente pour Jung une sorte de génie, comparable à celui qui se trouve enfermé dans une bouteille comme on le trouve dans les contes. Ce génie ne demande qu’à être libéré comme le mercure alchimique. Il est un processus expansif, un principe volatil.

    Mercurius désire la relation pure et sans limite, car rien ne peut lui donner forme ni le contenir, comme le vif argent. Lorsqu’on prend du mercure dans la main, on voit que rien ne peut l’arrêter. Il file, roule et court sur le sol, il amalgame les métaux. Il est insaisissable. Il pénètre et s’immisce sans que rien ne l’arrête. Il ne connaît de limites ni vis à vis de la maladie et de la mort, ni des hommes, ni des lois, ni des dieux, ni de l'argent, de l'amour et de la parole. Pour pallier cet état, Mercure va inventer, imposer les outils nécessaires aux relations : la médecine, les sciences pour contourner la mort et la limite humaine, la loi en devenant lui même la limite, l'argent, le commerce, la parole libératrice, la poésie, l'amour d'égal à égal. S'il n'y arrive pas il se révoltera, volera l'argent, renoncera à la parole, renversera les rois et les dieux, refusera l'amour, tuera. Il aura la tentation de devenir une sorte d’homme nietzschéen. Dans toutes ses relations, quelles soient sociales, environnementales, artistiques, amoureuses, verbales, il ne supporte aucune contrainte. S'il n'y arrive pas il deviendra un tyran, un bandit et un révolutionnaire.

    1 - Mercurius en errance…

    Le mercure est insaisissable. On connaît cette caractéristique du métal. Il est mobile et s’amalgame aux autres métaux. Il est le principe volatil par excellence. Mercurius ne trouve le repos nulle part. Il a une pulsion irrésistible à voyager au loin. Il veut s’échapper, il fugue. Il marche de long en large, il est agité, l’inquiétude le pousse et le presse. Rimbaud, « l’homme aux semelles de vent » (comme Hermès), fut aussi un principe volatil, au delà de toutes les limites, de toutes les attentes, de tous les génies. Le poète Rimbaud, qui n’avait pas connu la loi du père, qui n’avait connu que la loi arbitraire de la « veuve Rimbaud », semble bien incarner la nature profonde de mercurius.

    Chez mercurius, les limites du corps ne sont pas déterminées. La peau de mercurius est perméable. Sa transpiration est abondante et n'apporte aucun soulagement ; elle est surtout nocturne, fétide, profuse et huileuse ; elle tache le linge en jaune. La peau démange la nuit, avec une aggravation à la chaleur du lit. Elle est le lieu d’éruptions diverses, d’abcès profonds qui saignent, brûlants, indurés sur les bords, purulents, gonflés. Les ganglions gonflent, dans toutes les aires ganglionnaires (scrofules) dès qu’il prend froid, par temps humide. Il a de grosses amygdales ulcérées, couvertes de fausses membranes, suppurantes et les glandes salivaires enflammées, avec une salivation visqueuse et profuse. C’est un remède d’abcès, de suppuration, avec une atteinte générale du tissu lymphatique et des défenses immunitaires. Son pus est épais, jaune verdâtre et fétide. Les limites sont également dépassées au niveau intestinal, avec des débâcles diarrhéiques, de la dysenterie, des selles sanglantes, visqueuses, verdâtres.

    Mercurius est anxieux et change de place de façon agitée... Son agitation persiste toute la nuit ; elle débute le soir et dure jusqu’au matin. Il tremble, avec une grande frayeur à la moindre surprise, tremble de tout son corps, est comme paralysé, secoué par les frissons, avec une faiblesse des genoux.

    Décompensé, le sujet mercurius devient ralenti, s’immobilise. Il garde le silence et reste au lit.

    2 - Mercurius n’a pas de lois…

    Mercurius semble avoir été mal aimé. Il n’a pas été guidé et souvent semble avoir manqué d’amour, il a la sensation d’avoir été abandonné. Il a certainement eu de l’amour, mais pas l’amour juste et rassurant qui aurait pu l’aider à évoluer calmement et harmonieusement. Il n’a pas bénéficié d’une autorité capable de le guider, que ce fût de la part d’un père ou d’un substitut paternel. Il est à la recherche de cette autorité quitte à la provoquer de mille façons, au risque de la délinquance. On se trouve alors devant le génie de la bouteille prêt à exploser hors de son flacon, tellement il y est à l’étroit et qu’il s’y sent limité. Nous sommes devant un tableau proche de la dangereuse libération du mercure alchimique. C’est le cas d’un grand nombre d’enfants qui ont manqué d’amour de la part du milieu familial, qui sont nés dans un milieu difficile, défavorisé, violent ou problématique. Cet état peut survenir à la suite de discorde entre parents, d’orphelinat, de manque de normes. Cette absence d’amour, de repères conduit à un manque d’estime de soi, à un manque de garde-fous, avec une tendance à l’échec, avec une propension à agir de façon désordonnée, toujours au bord du défi vis-à-vis de soi-même et de l’autre.

    Mercurius ne supporte pas l’interdit. Un symptôme du remède interpelle : « Il disait des inepties : regarde, voici que tu écrases une mouche dans ta main, alors que tu me l'as interdit (ce qui n'était pas vrai) ». Mercurius ne supporte pas l'interdiction, la contrainte des hommes, car il ne peut la comprendre tant elle semble arbitraire. Il ne connaît pas la loi du père et va inconsciemment chercher une issue comme une mouche folle dans un bocal, qui se heurte à des murs qu’elle ne voit ni ne peut comprendre, folle d’être limitée alors qu’elle ne voit aucune limite. « Quelle est cette loi qui m'interdit de tuer les mouches, alors que toi, tu les tues ! ».

    Mercurius est irritable. Il est très mécontent de lui et de sa situation, il est susceptible et coléreux, querelleur avec tout le monde, veut partout avoir raison, cherche querelle. Il est bagarreur, prompt à la dispute. Il est de mauvaise humeur pendant toute la journée, mécontent de lui-même, il n’a nulle envie de parler ni

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