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La girafe au grand coeur
La girafe au grand coeur
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Livre électronique269 pages3 heures

La girafe au grand coeur

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À propos de ce livre électronique

"Cédric sillonne la vie comme s'il explorait des îles inconnues. Il lutte pour trouver sa place au sein d'une société qui redoute son hypersensibilité et sa surdité. Il aspire à ce que ses pas laissent des empreintes, alors il disperse ici et là les pages de son histoire, dans l'espoir d'alerter et d'éveiller les consciences. Laissez-vous guider par Cédric et embarquez avec lui pour découvrir pourquoi"
LangueFrançais
Date de sortie22 avr. 2024
ISBN9782322567362
La girafe au grand coeur
Auteur

Cédric Cannone

"Cédric sillonne la vie comme s'il explorait des îles inconnues. Il lutte pour trouver sa place au sein d'une société qui redoute son hypersensibilité et sa surdité. Il aspire à ce que ses pas laissent des empreintes, alors il disperse ici et là les pages de son histoire, dans l'espoir d'alerter et d'éveiller les consciences. Laissez-vous guider par Cédric et embarquez avec lui pour découvrir pourquoi"

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    Aperçu du livre

    La girafe au grand coeur - Cédric Cannone

    La genèse:

    J’ai longuement cherché un moyen de lever le voile sur ma vie. Les émotions que j’avais vécu étaient trop lourdes et j’avais déjà rempli un premier bocal de mon passé (cycle1). Je l’avais secrètement caché au plus profond de moi. Et je voulais l’oublier. Un second bocal était nécessaire, flambant neuf, prêt à être rempli de nouvelles émotions ; posé près de mon coeur, j’espérais qu’il m’aide à tourner la page. Les émotions qui le remplissaient étaient malheureusement plus sombres encore. Mon passé contaminait le nouveau bocal, comme s’ils étaient reliés. Et je craignais que le passé se répète et devienne une succession de wagons d’émotions négatives. Par chance j’avais mon livre dans lequel je pouvais vider ce trop-plein d’émotion pour me libérer l’esprit et apaiser mes pensées. Tel est l’objectif de ce livre. J’ai consigné dans ce bocal, des moments de mon histoire que je suis prêt à vous raconter aujourd’hui. Il était temps que je le vide car je commençais à étouffer.

    Ce deuxième cycle raconte la deuxième partie de ma vie. J’ai 20 ans, mon diplôme en poche et une nouvelle vie s’offre à moi. Désormais adulte, je veux m’affranchir de ma famille et du système scolaire que je considère comme responsable de mes malheurs. Je vais malheureusement me rendre compte que c’est la société qui est pire encore. Voici donc quelques épisodes choisis pour illustrer mon quotidien.

    Remerciements:

    Noémie Churlet, Patrick Belissen, Vivien Fontvieille et Mickaël Mannarino, je vous remercie infiniment d’avoir accepté que je mentionne vos parcours.

    Cécile, je te remercie chaleureusement pour tes paroles sincères. Merci de m’avoir accompagné pendant l’écriture de mes deux livres.

    Céline et Maïlie, mes remerciements sincères pour l’autorisation de l’utilisation de vos véritables prénoms dans mon livre.

    Code couleur du discours

    Afin que vous compreniez mieux les différences de langage, j’adopterai un code visuel tout au long du livre pour différencier les langues du discours :

    TEXTE de couleur verte = paroles en LSF (Langue des Signes Française)

    TEXTE en italique de couleur verte = pensées en LSF

    TEXTE de couleur bleue = paroles en Français oral

    TEXTE de couleur verte/bleue = mélange de LSF (signes) et de Français (oral)

    TEXTE entrecoupé de = les mots que je ne comprends pas quand une personne oralise en Français

    TEXTE en pseudo-phonétique = quand je m’exprime en Français oral – prononciation hasardeuse et maladroite. Je confondais systématiquement les sons /p/ et /b/ et le son /ʁ/ passait à la trappe.

    Ma compréhension de la parole des autres a toujours été imprécise. En effet, n’étant pas entendant, je devais focaliser mon regard sur tous les indices qui m’aidaient à comprendre. Je devais (et dois encore) faire des allers/retours visuels entre les lèvres de la personne qui parle et le sujet dont elle parle (par exemple: un livre sur la table derrière moi). Ces allers et venues font perdre beaucoup d’informations du message, d’où ma compréhension aléatoire et imprécise du français oral. Quand une personne oralise, je ne comprends pas tout, tout de suite, je comprends de manière décalée.

    Table des matières

    CYCLE 2

    1.Entretiens et préjugés

    2. « Les mains sur les yeux »:

    3. Dans les commerces et administrations:

    4. Triangle de vie:

    5. Les deux familles paradoxales

    6. Confrontation au milieu professionnel:

    7. Célébration de la naissance de mon premier enfant

    8. Abandon de l’objet stigmatisant

    9.L’épanouissement d’une CODA

    10.La main qui écarte

    11.Un monde parallèle

    12.Histoire, culture et identité sourde: la grande injustice

    13.La girafe se découvre

    14.l’injustice de la justice

    15.Recherche cible en priorité

    16.La société utilise les enfants comme interprète (de 2010 à 2020)

    17.Mon espoir envolé

    18.Aurélien, je suis ton frère?

    19.Mes idées pour arranger les choses avec mes enfants (de 2008 à 2014)

    20.Un apprentissage raté

    21.Moitié girafe, moitié Sisyphe

    22.Évolution de la société de 1980 à 2020

    23.« Accessibilité » – et chez les autres, ça se passe comment?

    24.Journaux télévisés traduits en France

    25.Disponibilité des interprètes de terrain

    26.Les sourds manifestent leur colère, leurs mains bouillent de frustration

    27.C’est grâce aux révolutions que les choses changent …

    Mai 1968:

    Mariage pour tous:

    Affaire Jacqueline Sauvage:

    Les gilets jaunes:

    28.Les compliments qui mettent mal à l’aise

    29.Trois pièces manquantes, aux puzzles de ma vie

    30.Petite sensibilisation et solution pour le milieu médical

    31.Mes mains sous l’infini

    32.Être l’unique sourd au sein de l’équipe de l’IRYD – relations entre professionnels

    33.Comparaison de 3 révélations:

    1-Une consultation médicale respectée:

    2-Un livre qui se lit lui-même:

    3-Archives non confidentielles:

    34.Des collègues négligents envers moi:

    - Séjour ski

    - Week-end au zoo de Beauval:

    35.Communication en LSF = respect des personnes sourdes:

    36.La fin de l’IRYD

    37.La boule de la girafe

    38.Un sourd isolé aux funérailles

    39.Du concret qui fait froid dans le dos

    40.La proposition faite à ma belle-soeur:

    41.La préparation de mon ultime lettre:

    42.Le témoignage de la girafe:

    43.Ce que j’aimerais qu’on retienne de mes deux livres:

    CYCLE 2

    De 20 ans à 43 ans

    1.Entretiens et préjugés

    J’étais bachelier depuis deux mois quand j’envoyai un message à mon ami Peter pour savoir s’il avait trouvé facilement du travail. Il me répondit, qu’en effet, les propositions pleuvaient et que tout le monde avait trouvé un CDI, y compris les deux qui avaient échoué à l’examen. Je l’informai que, pour ma part, je ne m’étais pas encore plongé dans les candidatures. J’avais préféré attendre des nouvelles de mes anciens camarades pour vraiment m’y mettre. Son message me rassura, et me donna un peu d’espoir. Le professeur de logistique avait donc dit vrai. Selon lui, 95% des jeunes diplômés trouvaient un CDI, rarement des CDD.

    J’avais désormais les connaissances, le diplôme, un peu d’expérience et choisi la bonne filière. Tous les voyants étaient au vert pour que je propose ma candidature. Je me suis donc appliqué à rédiger mes premières lettres de motivation que j’ai envoyé un peu partout. J’étais impatient d’avoir les premiers retours ; j’étais plutôt confiant. Je m’attendais même à recevoir plein de réponses positives ; cependant je reçus quarante-sept refus et seulement trois convocations à des entretiens. Ce fut la douche froide. Mais je ne me démontai pas car je savais que j’étais capable de convaincre. Je l’avais brillamment prouvé lors de l’oral au BAC – par l’intermédiaire de l’interprète. J’avais aussi été fier de m’exprimer dans ma langue. Malheureusement, les interprètes professionnels étaient rares dans ma ville. Il y en avait bien un, mais son planning était complet. Restaient les interfaces de communication, mais je n’en voulais pas.

    Je décidai alors de passer le premier entretien seul. Il me suffisait de parler lentement et de me concentrer sur les lèvres de mon interlocuteur pour lui faire une réponse adaptée. Je devais tout faire pour éviter les stéréotypes propres aux sourds. Le jour-J, j’étais très stressé. L’entretien fut bref – moins de vingt minutes – et les interrogations du recruteur tournaient essentiellement autour de la communication et donc, du handicap. Aucune question sur mes compétences ni sur le poste à pourvoir. Voilà ce qui l’inquiétait :

    - ma communication avec l’équipe

    - usage du téléphone pour contacter les clients, les fournisseurs ou pour les réclamations

    - ma participation aux réunions professionnelles

    - ma sécurité en cas d’alarme …

    Ses craintes étaient uniquement axées sur le pratico-pratique. Je fus dégoûté par son attitude. Je me forçai d’apporter des réponses positives à toutes ses inquiétudes, en lui expliquant notamment qu’il existait des outils comme les interprètes ou les nouvelles technologies. Mais notre échange était complétement déséquilibré. Il me bombardait de questions qui n’avaient aucun lien avec la logistique. J’étais constamment obligé de lui prouver que j’étais tout autant employable qu’un entendant lambda. Parfois, il grimaçait comme pour montrer qu’il n’était pas convaincu. Ou alors je n’étais pas suffisamment intelligible. Il avait toujours le dernier mot et il était clair qu’il ne voulait pas de moi : « Oui, mais comment faire ? … Tu es appareillé ? tu peux entendre, tu peux comprendre ? ». Je ne faisais pas le poids face à lui et j’étais à court d’arguments. Il prenait un soin particulier à tous les démonter les uns après les autres. Mes compétences n’avaient aucun intérêt. C’était bien dommage qu’il se focalise sur ma surdité, car j’étais prêt à lui prouver combien je pouvais être un bon élément. J’avais l’habitude de m’adapter à toutes les situations, mais il ne m’en aura pas laissé la chance.

    Pour le second entretien, je crus bon de demander à ma mère de m’accompagner. J’avais besoin qu’elle m’aide à convaincre le directeur. Juste avant, je lui avais clairement expliqué combien il était important que je mette en valeur mes compétences professionnelles. Je décidai alors de lui faire confiance, même si je savais que je n’entendrai pas leur discussion. Une fois dans le bureau, nous nous positionnâmes en triangle – de telle sorte que je puisse avoir tout le monde dans mon champ visuel. Mais quand le directeur me posait une question et que je ne la comprenais pas, ma mère lui faisait directement la réponse. Je ne comprenais donc ni la question, ni la réponse. Si ma mère tentait de me reformuler les dires du directeur, et que je ne comprenais toujours pas – cela renvoyait une mauvaise image de moi et je sentais qu’il me regardait étrangement. Je ne pus presque pas m’exprimer. Ma mère monopolisait la parole et j’assistais, impuissant, à ces échanges improbables. Son débit de parole était bien plus rapide qu’à la maison, comme pour me perdre ; elle avait réussi. J’étais complément noyé. Sans grande surprise, je ne fus pas retenu.

    A la sortie de l’entretien je lui demandai de reprendre les points qui n’avaient pas fonctionnés. Selon elle, c’était un problème de communication et de relations professionnelles difficiles à mettre en place. Puis elle tourna les talons et je la vis s’éloigner sans plus d’explications. C’était encore et toujours le même refrain. J’avais l’impression de me retrouver au collège après les réunions parents/professeurs - quand elle me faisait des micro-résumés. Ou bien quand mes professeurs faisaient des mini-debriefings de mes bilans de stage.

    J’ai finalement compris pourquoi j’avais reçu quarante-sept retours négatifs. En effet, sur mon CV, j’avais joué la carte de l’honnêteté en mentionnant : « école des sourds ». Cette ligne était visiblement rédhibitoire pour une embauche. Et les recruteurs ne cherchaient même pas à savoir si j’étais compétent ou non.

    Quelques mois plus tard, ma mère me proposa un job en intérim comme préparateur de commande dans l’entreprise où elle travaillait. Partant du principe que c’était mieux que rien, j’acceptai. Lors de la signature du contrat, le patron ne me demanda rien. Ma mère avait tout préparé en amont avec son collègue – il ne me restait plus qu’à signer et basta. Je trouvai triste de ne pas avoir pu me « vendre », de ne pas avoir eu un réel entretien. Même ce moment m’a été enlevé.

    2. « Les mains sur les yeux »:

    Entre 1999 à 2004 j’ai fait mes premiers pas dans le monde des adultes sans jamais avoir été initié aux règles de la vie quotidienne et en société. Si la vie dans le monde des entendants était devenue mon quotidien, eux voyaient rarement des sourds et me considéraient comme un être étrange qu’il était préférable d’éviter. Les efforts d’adaptabilité m’incombaient toujours. A chaque fois que quelqu’un s’adressait à moi, je mimais que je n’entendais pas et qu’on pouvait passer par l’écrit. Cela les faisait fuir.

    Un soir où j’avais besoin de ne plus penser aux difficultés que je venais de vivre, je décidai de passer un bon moment en boîte de nuit. Les vibrations produites par les enceintes me procuraient une agréable sensation. Je commandai un verre, et observai la foule joyeuse qui dansait, les amis, les amourettes d’un soir, les couples, les enterrements de vie de jeune fille … c’était une belle tranche de vie rythmée par les lumières des stroboscopes. Tout le monde souriait ; sauf moi. J’étais seul, au milieu de tous ces gens – entendants. Soudain, une personne demanda l’autorisation de s’assoir à côté de moi. Elle avait peut-être envie de bavarder. Elle s’était rapprochée pour me parler dans l’oreille. Je l’écartai pour lui mimer que je n’entendais pas. Avec le bruit fort de la musique elle crut que j’avais mal entendu, et répéta en criant. Je pris alors mon téléphone portable pour lui écrire la note suivante : « pardon, je suis sourd. On peut écrire si tu souhaites ». Surprise et coincée par ma réponse, elle m’abandonna pour rejoindre d’autres inconnus. Si j’avais été entendant, cette personne serait très certainement restée.

    Un autre jour, dans un bar, accoudé au comptoir, j’étais cet homme, seul, qui s’ennuyait, un verre de bière à la main, quand quelqu’un s’approcha. Il s’assit à côté de moi et voulut engager la conversation. Je fis signe au barman pour qu’il m’apporte un crayon et un bloc-notes. J’informai mon voisin de tabouret que j’étais sourd mais ouvert à la discussion … par écrit. Mais il prit peur. Il s’excusa, tout penaud et s’en alla.

    Ma mère m’avait raconté une histoire similaire qu’elle avait vécu. Elle était partie une semaine à Cambridge, en Angleterre, pour suivre une formation sur des nouvelles technologies. Un soir après une journée de cours, elle avait ressenti le besoin de s’aérer prendre un verre. C’était à un moment de sa vie où elle se posait beaucoup de questions ; elle aussi avait ses propres soucis. Elle était plongée dans ses pensées quand un homme (qui parlait français) lui demanda s’il pouvait s’assoir à côté d’elle. Elle accepta et il se mirent à discuter de la pluie, du beau temps pendant un long moment. Elle s’était sentie plus légère d’avoir pu se livrer ainsi à un inconnu qu’elle ne reverrait plus jamais. Cette rencontre l’avait sûrement aidée à voir plus clair. Quand elle rentra en France, sa décision était prise, elle demanda le divorce. Cet inconnu avait accepté de l’écouter à un moment où elle en avait besoin, il avait également su lui donner de bons conseils pour que Hervé accepte le divorce à l’amiable.

    Moi aussi des personnes m’abordent, mais elles repartent aussitôt. Ma surdité est un obstacle effrayant. Pourtant, ces personnes pourraient m’être d’un grand secours à moi aussi. Mais je n’ai jamais eu cette chance de partager des moments avec des inconnus, ils me fuient tous.

    3. Dans les commerces et administrations:

    Ma surdité rend mon quotidien infernal. La moindre démarche administrative, achat basique dans un commerce ou évènement inattendu devient vite le parcours du combattant. Les entendants font rarement preuve de patience et manquent souvent d’empathie.

    A la Gare:

    Un jour, je me suis présenté à la gare pour prendre un titre de transport. Quand je me suis présenté au guichet, j’ai mimé instinctivement « rectangle » et « écrire » pour demander une feuille et un crayon. Et comme la guichetière ne comprenait pas, je reformulai en amplifiant mes gestes :

    - Oreille rien – rectangle écrire

    Agacée de ne toujours pas comprendre, elle se mit à me singer en feignant une atrophie des mains. Elle avait sûrement mis de la voix, car les autres clients qui faisaient la queue aux guichets voisins se retournèrent. Ils commençaient à parler en douce et à rire. Enervée, elle s’adressa à sa collègue de gauche pour lui demander de l’aide. Il était clair qu’elle avait totalement perdu le contrôle d’elle-même. Voyant que la situation devenait grotesque, je me penchai par-dessus le comptoir pour attraper un papier et un crayon ; et lui mis sous les yeux pour lui faire comprendre combien ma demande était simple. Je déteste agir ainsi, je trouve que c’est intrusif, mais elle ne m’en donnait pas le choix. Elle me regarda d’un air hébété sans savoir quoi répondre. Pourquoi tant d’agitation alors que la bonne vieille méthode du papier/ crayon fonctionne à merveille. Tant que les entendants ne s’initieront pas à la langue des signes, il reste l’outil indispensable pour communiquer simplement. Là, en plus, j’aspirais à un peu de respect de sa part.

    Grace aux outils que je lui empruntai, je pus lui écrire ma demande précise. Mais comme ça n’allait pas comme elle voulait, elle demanda au client suivant de s’avancer. Et s’occupa de lui. J’étais le client casse-pieds, qui lui faisait perdre son temps. Gentiment, je me permis d’écarter le monsieur en posant ma main sur son épaule et en faisant « non » de la tête. Il ne fit pas de difficulté et recula. Mais la guichetière se mit en colère. Je fus obligé de lui dire, d’une voix sèche et autoritaire :

    - Moi d’abord. Après, lui.

    - Non ! laissez le client !

    Je me lançai alors dans une grande série de mimes pour lui faire comprendre que j’étais en train de lui formuler ma demande – par écrit – et qu’elle devait patienter. J’étais un client au même titre que lui :

    - Écrire

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