LE PRISME D'ORION

Par Aïon et Marc Vallée

Une brillante scientifique voit sa vie basculer lorsqu’elle se souvient d’une vie passée en Égypte. Elle quitte alors son laboratoire d’intelligence artificielle pour rejoindre une communauté qui pratique l’éveil de la conscience sur l’île de Chiloé, une cité Oasis au large du Chili. Là, elle découvre un monde fascinant où elle développe, entre autres, ses facultés de projection de la conscience en d’autres dimensions. Ses voyages vont l’amener de révélation en révélation jusqu’au mont Fitz Roy, un portail dimensionnel majeur situé en Argentine.

« Le défi semblait à la limite du possible, mais la nouvelle étape évolutive de l’humanité nécessitait cet apport vibratoire. La révélation du Prisme d’Orion ne pouvait se faire que de l’intérieur. Elle avait vécu plusieurs vies pour se préparer à cette phase finale du transfert des codes interdimensionnels au cœur même du grand prisme situé en terre d’Égypte. »

Un livre fascinant qui intègre la technologie des codes QR vous donnant accès à de magnifiques animations vidéo.

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions Ariane
• Date de sortie: 14 févr. 2024
• ISBN: 9782896266296

Aïon

Aïon est sonothérapeute, énergéticien, designer, musicien et channel. Il est passionné par les spiritualités du monde entier. Après une carrière dans le spectacle vivant, il se consacre depuis des années à l’enseignement sur l’éveil de l’âme et de la conscience. Sur son site (damiendiamand.wixsite.com), Aïon regroupe de nombreuses œuvres d’art-thérapie au travers de fractales énergétiques, de musiques dans différents styles et diverses fréquences, de canalisations des plans de lumière, etc.

Aperçu du livre

CHAPITRE UN

Zurich

Jade contempla l’écran transparent devant elle. Les chiffres et les graphiques qui s’affichaient indiquaient que tout était prêt. Elle se tourna vers son collègue et chef de Service, le docteur Keller, assis confortablement dans un fauteuil équipé d’un dispositif sophistiqué relié à son avant-bras. Le but était d’informer le système nerveux central avec le moins d’impact possible sur le corps. Le système permettait de guider par laser un signal émis depuis un implant de micropuces connecté au nerf radial. Au final, l’expérience visait à transmettre des données à un groupe de neurones situés du côté gauche du lobe frontal du cerveau. Cette zone avait été choisie pour augmenter la capacité de lecture des calculs complexes de certains traitements informatiques.

Jade et Keller se trouvaient tous deux dans un grand laboratoire situé au sous-sol d’un immeuble moderne de Zurich. Ce laboratoire était équipé des technologies les plus avancées en matière d’intelligence artificielle et de transhumanisme. Des ordinateurs puissants alliant la technologie 7G occupaient l’espace avec des appareils médicaux et des instruments scientifiques de pointe.

Jade était la directrice du Service de technologie de la Gene Enhance. Ses recherches avaient permis de coupler une séquence précise de codons d’ADN humain aux micropuces de systèmes informatiques. Cela avait permis de décupler leur capacité à gérer un flot toujours accru de données ainsi que l’interopérabilité des systèmes et la production des hologrammes de plus en plus utilisés dans les interfaces usagers. Les dernières avancées de ses recherches lui avaient conféré une notoriété internationale. D’ailleurs, Keller, craignant qu’elle soit sollicitée par d’autres compagnies, s’était assuré que son Service obtienne le financement adéquat et que son salaire soit à la hauteur.

Jade était surtout fascinée par la capacité de ses travaux à générer des avancées sur le plan médical. Par exemple, ses recherches avaient rendu possible la reproduction de membres artificiels, comme une main ou un pied, ayant un haut niveau de sensibilité et d’efficacité. Ses travaux en cours visaient à créer des interfaces entre les micropuces et les nerfs auditifs et optiques afin de guérir les gens souffrant de dégénérescence sur ce plan.

De plus, Jade avait découvert que les ordinateurs se servant de sa technologie Gene Enhance avaient une capacité particulière à s’interconnecter. Cela dépassait ce que la 7G permettait, sans les effets sanitaires et les impacts environnementaux de cette technologie. Depuis l’avènement de la 5G au début des années 2020, puis de la 6G, l’impact sur la santé semblait de plus en plus évident. Une nouvelle maladie du cerveau était apparue depuis quelques années affectant la glande pituitaire, et même si, toujours en 2033, les gouvernements ne reconnaissaient pas officiellement le lien avec tout cela, Jade savait qu’il y en avait un et que sa technologie était prometteuse pour éliminer les effets négatifs ou, du moins, les diminuer significativement.

Keller avait réussi à la convaincre de l’assister dans ses travaux. Après le succès de Jade dans l’intégration de gènes aux micropuces, l’équipe de Keller avait eu l’idée de tester le potentiel de ces puces «augmentées» à influencer le champ magnétique de certains blocs de neurones, et ainsi d’accroître leur capacité cognitive. C’était un niveau encore jamais atteint de couplage entre neurones et micropuces. Cela suivait parfaitement les lignes officielles de la direction visant à créer des surhumains par la technologie. Les étapes initiales avaient été développées en secret, mais maintenant Keller avait besoin de Jade pour la phase finale. Ses chercheurs n’arrivaient pas à mettre en phase le champ des cellules ciblées avec les instructions des puces. L’induction n’était pas au point.

Après avoir bien analysé les résultats, Jade perçut que l’arc de jonction, c’est-à-dire une forme d’harmonique entre les éléments, n’était pas en place. Cette «harmonique», comme elle l’appelait, était encore un peu mystérieuse pour elle, mais s’avérait essentielle au couplage. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait découvert, mais qui s’était plutôt révélé à elle. Jade s’était aperçue qu’il lui arrivait de plus en plus souvent, surtout lors de concentrations très focalisées, de rentrer dans un état de présence différent et qu’alors des idées émergeaient en son esprit. Il y avait ici un processus à la fois très similaire, mais différent, de la séquence normale des pensées. C’est comme si l’idée ne découlait pas de sa réflexion habituelle, mais qu’elle était reçue. Elle ressentait de plus en plus la nuance. C’est ainsi que le choix des séquences d’ADN les plus propices à créer une harmonique de fonctionnement avec la dernière génération de micropuces lui était venu. Dans la recherche de Keller, il n’y avait pas de compréhension indiquant qu’une harmonique était même possible. Le but était de forcer le champ d’un groupe de neurones à accepter la commande des micropuces. Et Keller avait fait bien attention de ne pas lui préciser la portée souhaitée des commandes, car il savait qu’elle ne participerait pas à son projet.

Keller faisait partie d’une équipe restreinte de chercheurs triés sur le volet par la compagnie TransEnhance, une filiale d’un géant de la technologie spécialisée dans le développement de l’intelligence artificielle et l’augmentation humaine. Il voulait faire bonne figure devant des patrons exigeants qui ne semblaient pas avoir beaucoup de scrupules face à l’implication morale de leur recherche. Keller suivait les ordres.

Pleine de bonne volonté, mais encore trop naïve quant aux buts réels de Keller, Jade guida au début les chercheurs vers cette quête de l’harmonique. Ceux-ci comprirent la logique et avancèrent selon les directives de Jade. Après quelques semaines passées à mieux focaliser leurs recherches, ils arrivèrent à un résultat qui satisfaisait Keller. C’est ainsi que ce dernier fut le premier à le tester.

–Vous êtes certain de vouloir faire ça? lui demanda-t-elle. Nous n’avons pas encore trouvé l’induction optimale. Je ne comprends pas encore pourquoi ce n’est pas atteint cette fois.

–Nous sommes suffisamment près. Si cela réussit selon nos prévisions, ma capacité cognitive sera considérablement augmentée. Vous êtes consciente que c’est là une étape nécessaire pour avancer vers la nouvelle génération de puces nanométriques. Vous le savez, c’est vraiment une opportunité unique. En outre, je ne souhaite pas qu’un autre fasse cette expérience. Je veux la vivre moi-même.

Keller avait un sourire confiant sur les lèvres. Cet homme grand et mince avait des cheveux châtains et des yeux bleu foncé. Âgé de cinquante ans, il en paraissait dix de moins. Là encore, la technologie l’avait bien servi.

–Cependant, d’autres tests sont nécessaires pour atteindre l’induction harmonique. Vous ne saisissez pas la dynamique impliquée. D’autres recherches s’avéreront nécessaires.

C’est alors, en regardant Keller, que Jade comprit qu’il ne cherchait pas vraiment à créer cette harmonique, ce couplage optimal avec les facultés d’une personne, mais simplement le transfert d’une commande. Augmenter la capacité cognitive ou celle plus précise d’un calcul complexe n’était qu’un aspect recherché par Keller, une façade en fait. L’instruction reçue de la direction était de tester jusqu’où il était possible d’influencer l’autonomie décisionnelle des gens. L’assistance de Jade avait permis que l’induction soit suffisamment cohérente pour satisfaire les besoins du moment. Son équipe comprenait maintenant le principe actif. De toute façon, Keller se rendit compte que Jade n’irait pas plus loin, qu’elle ne l’aiderait pas davantage.

Elle avait voulu servir son groupe, mais elle était maintenant amèrement déçue et très inquiète. Elle ne saisissait pas le but de Keller, mais elle pressentait qu’une manipulation dangereuse était en cours.

Quel monde se mettrait maintenant en place? Avait-elle eu raison de participer à une telle expérience? Elle rentra chez elle et serra fort Lucas, son conjoint, qui venait d’arriver lui aussi.

Lucas était journaliste d’enquête. Toujours très dédié à son travail, il avait rencontré Jade lors d’une soirée de présentation d’une nouvelle génération de micropuces créées par la TransEnhance. Cela faisait plusieurs années qu’il enquêtait sur cette entreprise et ses ramifications. Il avait eu l’occasion déjà de poser quelques questions à Jade, et l’attrait fut immédiat. Cette dernière avait apprécié ses questions démontrant une maîtrise du sujet, et lui, ses réponses honnêtes sans chercher à camoufler quoi que ce soit.

Il faut dire que ses yeux verts savaient briller d’une intelligence vive et curieuse et que sa silhouette élancée et son charme discret ne laissaient personne indifférent. Encore célibataire à 38 ans, elle consacrait tout son temps à son travail.

–Mais qu’est-ce qui se passe, ma chérie?

–La journée s’est mal terminée. Comme tu le sais, Keller m’a invitée à l’assister dans ses recherches. Nous avons fait de belles avancées sans toutefois atteindre l’objectif que je souhaitais. Je me suis aperçue que les buts de Keller différaient des miens. En fait, il n’a pas été honnête. Je suis très déçue. Depuis dix ans, je me consacre corps et âme à ces recherches pour réaliser en fin de compte que j’ai été manipulée. Je ne retournerai pas dans ce laboratoire.

–Je t’avais déjà informée que mes dossiers indiquaient qu’il y avait anguille sous roche concernant cette compagnie, mais tu doutais de mes conclusions.

–J’étais convaincue que nous étions sur la bonne voie. J’ai été bernée par l’image projetée par la TransEnhance. Au moins, dans le domaine de la médecine nous avons accompli de belles choses.

–Peux-tu m’expliquer à nouveau cette notion d’arc de jonction, cette harmonique qui semble tant te fasciner.

–C’est encore mystérieux. À la base, notre recherche portait sur l’immense capacité de stockage d’information de l’ADN dans le but de l’utiliser pour augmenter la vitesse des processeurs. C’est en travaillant sur le couplage entre ces éléments que nous nous sommes aperçus qu’il ne s’agissait pas seulement de joindre physiquement des molécules soi-disant naturelles et artificielles, mais de mettre en phase aussi leur champ magnétique. Il semble y avoir une forme d’intelligence dans le champ lui-même. La mise en phase, par la création de cette harmonique, permet à l’information de circuler. C’était donc un élément essentiel qui parfois nécessite de nombreux essais avant de réussir. Avec Keller, nos essais n’étaient pas encore au point, mais il avait compris qu’il pouvait tout de même forcer un résultat.

–Cela me rappelle un article que j’ai lu sur le champ de cohérence du cerveau. Il semble que celui-ci peut demeurer fonctionnel dans certaines circonstances malgré une ablation d’une partie du cerveau.

–C’est comme si l’intelligence n’était pas issue du cerveau lui-même.

En prononçant ces paroles, Jade ressentit un frisson parcourir son corps. Que venait-elle de dire? Puis, progressivement, elle perçut autour d’elle ce qui semblait être la présence d’un vaste champ d’information. Prenant un moment pour bien assimiler son ressenti, elle en comprit l’implication. Elle partagea cela avec Lucas en prononçant lentement chaque mot.

–En fait, l’intelligence, ou plutôt la conscience, n’est pas dans le cerveau ni un produit du cerveau. Celui-ci n’est en réalité qu’une interface vers un champ d’information beaucoup plus vaste. L’harmonique que j’ai perçue doit sûrement être en lien avec ce champ.

–Wouah!

–Je comprends maintenant un article que j’ai lu sur le champ de fluctuations quantiques. Au début, des physiciens comme Paul Dirac et d’autres considéraient que ces fluctuations étaient aléatoires. Toutefois, contrairement à ces conclusions, l’article affirmait que ces fluctuations étaient cohérentes. Concrètement, il s’agit d’un va-et-vient entre la matière vibrant sur le plan éthérique et le plan physique, le plan physique n’étant qu’une condensation d’un état vibratoire plus élevé. C’est sur le plan éthérique que tous les champs se parlent, qu’existent toutes les interconnexions entre systèmes, individus et formes de conscience. L’article citait à la fin la Resonance Science Fondation. Je comprends maintenant où cela nous mène.

–Et...?

–Nos dictionnaires vont devenir obsolètes. L’information est partout disponible.

–Mais est-ce à dire que non seulement les connaissances du passé sont accessibles par ce champ, mais aussi toute information?

–Intuitivement, je dirais que c’est toute information, et ce, au moment où nous en avons besoin.

–Génial!

–Ce