Les Cahiers de Science & Vie

Demain, toujours humains?

Si vous croisez un jour l’artiste catalan Neil Harbisson dans une galerie d’art, nul doute que vous ne penserez pas de suite à le regarder dans les yeux. Votre attention sera accaparée par l’étrange tige recourbée qui semble sortir de l’arrière de son crâne et vient se terminer devant son front. En raison d’une déficience des pigments de la rétine, ce trentenaire est incapable de distinguer les couleurs. L’antenne reliée à son crâne contourne ce handicap en traduisant les couleurs détectées en vibrations de diverses intensités… ce qui lui permet de les percevoir comme des sons. De cette façon, l’artiste « entend » les couleurs qui se trouvent face à lui. Sa perception est même plus étendue que la simple vision humaine, car son capteur détecte aussi les infrarouges et les ultra-violets hors d’atteinte de notre perception.

On peut considérer cette prouesse comme anecdotique, et largement perfectible, mais elle ouvre la porte à un vieux rêve de notre espèce : l’acquisition de nouvelles capacités en vue d’améliorer, voire de dépasser la dont les capacités physiques sont décuplées par la technologie, en passant par Icare et ses ailes, le désir de s’affranchir des limites du corps traverse le temps et les mythologies. Et l’idée d’utiliser les sciences et les techniques pour faire de ces fantasmes une réalité n’est guère plus récente. En 1627, dans son ouvrage , le philosophe Francis Bacon imagine déjà une société dans laquelle la science offre la possibilité de prolonger la vie, rendre la jeunesse, retarder le vieillissement, guérir les maladies réputées incurables, amoindrir la douleur, augmenter la force et l’activité… Et Bacon envisage aussi que le progrès permettra de transformer la stature ou les traits, d’améliorer les capacités cérébrales, de transplanter une espèce dans une autre, voire d’en fabriquer de nouvelles ! Les philosophes des Lumières du XVIII siècle seront animés du même enthousiasme : Jean-Jacques Rousseau théorise la perfectibilité de l’être humain, tandis que Nicolas de Condorcet considère que le « ».

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