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Jour nucléaire
Jour nucléaire
Jour nucléaire
Livre électronique288 pages4 heures

Jour nucléaire

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À propos de ce livre électronique

« Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre mondiale, mais je sais comment on fera la quatrième : avec des bâtons et des pierres. »
Albert Einstein

Comme le tritium, l’homme brillera-t-il un jour dans l’obscurité de la nuit ?
Le vitrage à côté de moi renvoie mon image, et il semblerait que je sois... un ange.
Les ingénieurs se trouvant sur le port de Pula s’aperçurent d’une défaillance du système de guidage.
À bien y regarder, je pencherais plutôt pour un faucon, non, un aigle royal, ils sont si majestueux !
Moi aussi je t’aime Eduardo, mon idiot de mari !
Avant de quitter pour de bon les terres du paradis, il dit simplement cela :
– Ami de la liberté, je reviendrai.
Il faut dire que construire le Crystal palace sur Hyde Park, c’est une idée des plus osées !
Quand le génie des habitants de la Terre croise le pire monstre qui sommeille en eux, quelle création cela nous donnera-t-il ?
C’est ce que je vous invite à découvrir tout au long de ces fables toujours plus haletantes et originales qui vous feront voyager au fur et à mesure de votre odyssée vers une réflexion qui, je n’en doute pas, sera acharnée, sur la réalité d’un passé inquiétant, sur un futur qui ne semble plus vraiment acquis à notre cause.
Plongez-vous encore et encore dans chacune d’elles, cela pourrait un jour vous sauver la vie !
Nous ne sommes acteurs que de notre existence, du temps de notre époque, et il serait bien qu’un jour nos descendants puissent se poser les bonnes questions, enfin si notre arrogance animale leur permet de découvrir les bonheurs et désagréments de la vie sur une planète si belle lorsque nous voulons bien la laisser en paix.
J’espère que vous en apprécierez la lecture, là, bien au chaud dans votre lit, là, bien au fond de votre fauteuil ou là, sur le transat de votre belle terrasse, car on ne sait jamais qui le destin laissera siéger en compagnie des scorpions, blattes et oursons d’eau...
William Mils

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie22 juin 2023
ISBN9782384546602
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    Aperçu du livre

    Jour nucléaire - William Mils

    Jeu de grands

    –Ah, non, Général Powel  ! Je refuse catégoriquement de vous le céder pour un prix aussi bas  !

    –Voyons, Colonel Imovich  ! Au contraire, ce paiement me semble tout à fait juste, voire généreux.

    –Votre demande est une insulte directe à notre grand dirigeant  : Vladimor Pouline  !

    –Allons, allons, comme vous y allez, mon cher Colonel  ! Vous, les Russes, vous ne pouvez jamais faire la part des choses, toujours à être poursuivis par le poids infernal de votre rouge passé.

    –Vous pouvez bien parler, Général. Votre pays n’est qu’un ramassis d’esclaves, prisonniers, vagabonds et meurtriers. Pas étonnant que votre nation sombre encore et encore dans la violence  !

    –Trêve de discours, Imovich. Me donnez-vous la place Rouge  ?

    –La place Rouge contre la route 66, je ne répondrai même pas à cela, tant la différence de prestige est grande.

    –Que voulez-vous en échange  ?

    –La statue de la Liberté  ! Échangeons un fleuron de notre pays contre l’un des vôtres. C’est bon pour vous  ?

    –Ahaha  ! Mais êtes-vous donc tous fous dans votre pays  ? Vous pensez vraiment que le peuple américain, dans sa grandeur insolente, ferait un échange aussi inégal  ? Pas aujourd’hui, Colonel, pas aujourd’hui.

    Vous l’aurez voulu, je relance et je récupère au passage le mont Rushmore.

    –Je ne savais pas que les vieilles pierres vous plaisaient tant, Colonel Imovich. Cela ne me dérange guère de voir partir ces têtes que je n’ai jamais vraiment aimées.

    –Powel, sous vos airs détachés, je vois bien que cette perte vous irrite au plus haut point. Ces pierres, comme vous le dites si bien, sont l’essence de votre maigre passé, une relique que votre électorat ne vous pardonnera pas d’avoir perdue.

    –L’électorat  ? Il ira là où je lui dicterai d’aller, un point c’est tout.

    –Général, vous devriez faire attention. Vos paroles ressemblent de plus en plus aux nôtres. Un changement de camp vous plairait-il  ?

    –Ne doutez jamais de la force écrasante de notre démocratie, Imovich. Vous risqueriez de perdre la partie sans vous en rendre compte.

    D’ailleurs votre avancée n’est pas la bienvenue. Je vous prends votre gisement de gaz, ainsi que votre porte d’or, cela calmera peut-être votre arrogance naturelle.

    –Vous, les États-Unis, ressentez le besoin de contrôler les autres peuples, de leur dicter votre façon de faire, de vivre. Mais que cela est grotesque  ! Regardez bien devant vous, mon ami, voyez notre noble grandeur et apprenez de nous, sinon…

    –Sinon quoi, Colonel  ?

    –Sinon vous ne verrez peut-être plus le soleil se lever.

    –Je dois bien l’avouer, les Russes savent à merveille utiliser les canaux de la diplomatie  !

    –Je veux le Capitole, où je marcherai sur Hawaï.

    –Encore et toujours des menaces, cela ne rime à rien de gonfler les muscles. Je suis l’Amérique et vous, vous devriez savoir que la température n’est pas clémente pour un Russe natif de Sibérie.

    –Pendant que vous paradiez inutilement, Général, j’ai racheté Boeing et Pepsico. C’est à vous.

    –À qui croyez-vous faire peur, Colonel Imovich  ? Pas à moi, en tout cas. Vous avez récupéré Pepsi, il me reste Coca-Cola et Boeing  ? Sachez qu’un avion ne sert à rien s’il tombe…

    –On m’a demandé de rester courtois, Américain de mes deux  ! Tout général que vous êtes, tout acte hostile envers notre nouvelle flotte sera vu comme un acte de guerre.

    –Voilà des mots fort désobligeants, surtout dans la bouche d’un colonel de la soi-disant grande armée de Russie.

    –Voici pour vous, pour vous apprendre à vous tenir.

    –Soyez maudit, Powel. Ce coup est à la limite du règlement  !

    –Oui, tout à fait. À la limite, mais c’est tout.

    –Ne vous faites pas prier, Imovich. Cédez-moi vos parts de chez Gazprom, Sistema et Kamaz, vous verrez bien comment nous transformons des entreprises à la dérive en joyaux boursiers.

    –Général, je veux Intel et Amazon… Immédiatement.

    –Impossible et je vous contre par une entrée en force dans le capital de Rosoboronexport, ça vous apprendra à trop tarder.

    –Vous pouvez bien rentrer en force là où vous le voulez, mais une chose est certaine, vous n’en ressortirez pas sans dommage.

    –Vous perdez du terrain, Colonel, je ne donne pas cher de votre peau de militaire si vous revenez bredouille dans votre mère patrie.

    –Au pire, venez chez moi, j’ai besoin d’un jardinier.

    –Ah  ! La chance tourne en ma faveur comme vous pouvez le voir, je choisis donc Chevron et Facebook.

    –Mais quel mauvais choix tactique  ! Le pétrole, vous en avez déjà et largement en plus, sans parler de cette épine de Facebook que vous venez de vous infliger.

    –Comment cela  ?

    –Vous, les tordus de la répression de toutes les libertés, dites-moi comment vous allez faire pour museler un groupe qui ne vit que pour le bavardage  ?

    –Comme d’habitude, Général. Comme d’habitude.

    –Je me disais aussi, rien ne change vraiment chez vous.

    –Si, Walt Disney  ! Vous serez bientôt fort surpris de voir défiler votre souris sous les dignes couleurs de notre sainte patrie.

    –N’avons-nous pas les mêmes couleurs  ?

    –Nos couleurs sont la bravoure et la gloire éternelle à la mémoire de notre peuple, rien à voir avec votre drapeau couvert des étoiles d’Hollywood.

    –Ne soyez pas médisant, Colonel. Vous imaginez bien que nous connaissons l’existence de votre compte Neflix  !

    –Laissez mes hobbies en dehors de cela, cela ne rime à rien, c’est entre vous et moi que ça se passe.

    –Fort bien. De plus je viens de recevoir un appel m’indiquant que vos mines de cuivre et de tungstène battaient dorénavant pavillon américain  !

    –N’importe quoi, aucun drapeau américain ne sera toléré à l’intérieur de notre grande Russie, plutôt mourir que de voir cela un jour.

    –Et l’ambassade, Colonel  ? N’en a-t-elle pas un magnifique, flottant librement sur ce territoire qui sera certainement un jour à nous  ?

    –Même pour les généraux, les rêves se font la nuit. Oui, même pour vous, Powel  !

    –Nous ne sommes pas une nation de rêveurs, nous sommes une nation de créateurs, de savoir et de liberté.

    –Je prends donc la liberté de capturer le Golden Gate Bridge, Intel et Amazon. Comme c’était libre, vous comprenez…

    –Je suis las de parler avec le représentant d’un pays dont le PIB est plus faible qu’un pays comme l’Allemagne ou le Brésil  ! Donnez-moi ce que je vous demande et rentrez chez vous faire dresseur d’ours, comme le fait si bien votre président.

    –Et la Tsar Bomba, Général  ? La Tsar Bomba de mon président, vous savez ce qu’elle vous dit  ? Alors restez dans votre blanche maison qui vous sied si bien  : la niche du chien.

    –Ah, ça y est  ! Voilà enfin la menace de la force atomique. Je vous félicite, Colonel, d’avoir tenu si longtemps avant de me la proposer.

    –Je ne rigole plus, Général Powel, rendez-nous nos propriétés ou soyez à jamais le témoin de la destruction de l’Amérique.

    –Vos vieilles bombes crasseuses et rouillées ne toucheront jamais nos plaines ni nos lacs, c’est une promesse devant Dieu, Colonel.

    –Vous passerez donc un bonjour de ma part à votre Dieu fantoche. Un peuple qui croit en n’importe quoi est un peuple d’idiots.

    –Un peuple qui croit en Staline est un peuple de quoi  ? À votre avis, Général  ?

    –Un peuple incroyable.

    –Non, un peuple de consanguins.

    –Eh bien, voyons ce qu’il restera de votre peuple de fanatiques de la gâchette dans cinq, quatre, trois, deux, un… Envoi de la bombe n° 1 sur le Texas  !

    –Attendez, attendez et… Je vous contre avec le déploiement de notre bouclier antimissile et je prends le lac Baïkal, cela devrait vous apprendre la politesse.

    –Envoi des bombes n° 2 et 3 sur l’Indiana et la Géorgie. La force, il n’y a que ça de vrai contre des traîtres à la patrie tels que vous.

    –Je commence à ne plus vraiment m’amuser, Colonel Imovich. Jouons donc avec vos stupides règles et voyons qui de nous deux a le titre de nation suprême.

    –Soit, Général.

    –Je prends le musée de l’Ermitage en compensation, puis je vous fais cadeau de quatre beaux missiles « made in America » directement dans votre face de Russkof  ! Et je déclenche encore une fois le bouclier par sûreté.

    –Trop tard pour l’Indiana, plus que trente secondes et votre État deviendra une boule de feu. Parfait pour vos grillades du dimanche  !

    –Dieu, sauve-nous  !

    –Dieu, sauve-nous, Dieu, sauve-nous… Vous n’avez que ça à la bouche, mon cher Général. Un peu de fierté, voyons  !

    –Hop  ! Bye bye l’Indiana, et je relance un coup, manière d’envoyer le Nevada, la Californie, l’Utah et l’Arizona le rejoindre en direction de Jésus-Christ.

    –N’oubliez pas ce que nous avons en Europe, très très proche de vous.

    –Quoi, comme vos quatre pauvres petits missiles  ? Attendez voir… Ils sont tombés en… Sibérie, bravo, vous avez fait peur aux ours  !

    –Et là alors, cela vous convient, Colonel  ?

    –Vous n’oseriez tout de même pas  ?

    –Déclenchement du système d’attaque européen  !

    Et ça nous fait, eh bien, pas moins de quatre-vingts jolies têtes qui viennent embrasser, non pas les ours, mais Lénine en personne.

    –J’engage le bouclier de protection moscovite. Il est comme notre nation, infranchissable.

    –Dites ça au quartier Kitaï-gorod qui vient de se faire vaporiser  !

    –La guerre totale, c’est donc là votre souhait  ? Eh bien voici que votre vœu est exaucé.

    Envoi des missiles « RS-28 Sarmat », un pour chaque état encore debout, Satan vous saluera bientôt  !

    –Cela ne servira à rien, Colonel, c’en est fini de vous. Plus assez de cartes dans votre jeu, plus assez de missiles, de bombes.

    –Attendez, attendez, attendez et… C’est vrai, j’ai perdu  !

    –Bon, Ludovic, on est à huit parties gagnées pour moi et sept pour toi. On en refait une  ?

    –Non, ça va, j’en ai assez de ce jeu-là, d’autant plus que tu finis toujours par vouloir tout détruire, c’est énervant.

    –Et tu fais quoi, toi, Alex  ?

    –Je me défends, c’est tout.

    –Mouais, eh bien jouons alors à prendre les richesses de l’Afrique. C’est l’opus n° 2 que je viens de me payer. Tu verras, les graphismes sont tout bonnement époustouflants.

    –Ça me va, d’autant plus que j’avais adoré les scènes de répressions du peuple dans le n° 1.

    –Tiens, maman amène le goûter. Mangeons un bout avant de tout conquérir  !

    –Bonne idée et après ça je deviendrai, à 12 ans, le premier empereur de l’Afrique…

    Fin

    L’ange de la trinité n° 82

    –Oh, quelle belle sieste je viens de faire  ! Merveilleux.

    –Vrouuuum  ! Crac-crac-crac  !

    –Mais d’où vient ce bruit assourdissant  ? Et puis où suis-je  ?

    Allez, Brian, va me chercher ce palan. Il va être l’heure de charger.

    –Eh  ! Vous, venez me voir. Dans quel endroit sommes-nous  ?

    –Quelle impolitesse  ! Le gars passe devant moi, comme ça, sans même me regarder. C’est moche.

    –Brian, dès que tu as fini de la fixer, retrouve-moi dans la salle de réunion, nous avons un briefing avec le colonel Paul Tibbets.

    –Et voilà que le malotru remet ça  ! Si tu continues, mon p’tit gars, je vais en référer à tes supérieurs. Tu vas avoir chaud aux fesses, c’est moi qui te le dis.

    –Ahhh  ! Mais fais attention, veux-tu  ? À force de me balloter de droite à gauche, je vais vraiment finir pas tomber à terre.

    –Louis, Milton, venez m’aider. Ce truc pèse littéralement le poids d’un éléphant.

    –C’est ma pause. Prends plutôt Cameron, il aime soulever de la fonte les week-ends, cela devrait lui convenir.

    –D’accord, mais ne traîne pas trop, je risque d’avoir besoin de bras en plus.

    –OK, OK  !

    –Bon, je comprends un peu mieux la situation. Le vitrage à côté de moi renvoie mon image et il semblerait que je sois un… ange. Comment je le sais  ? Eh bien je le sais, c’est tout. Et puis vous en connaissez beaucoup des personnes avec des ailes blanches dans le dos  ?

    Je me regarde sous toute les coutures et apparemment je serais une espèce de porte-clefs, possiblement en bois, avec un anneau d’attache en métal à l’une de mes extrémités. Charmant comme résurrection… L’anneau est attaché à une goupille métallique, lui-même se tenant sur un engin de forme aérodynamique.

    –Monsieur, Monsieur  ? Milton, c’est ça  ? Venez, s’il vous plaît  !

    Toujours pas de réponse. Eh bien c’est compris, les anges tels que moi ne semblent pas pouvoir communiquer avec de simples mortels. Ça va être amusant…

    Je ne me rappelle plus ma vie avant mon réveil. La seule chose dont je suis sûr, c’est que, par le passé, de mon vivant, j’étais bien un être humain, un homme. Comment un ange de bois le saurait  ? Question des plus simples. Je réfléchis, je m’interroge, je me questionne, je cherche la discussion avec les autres humains et non avec un cafard ou le Beagle couché au fond du hangar. Malgré cette affirmation, je ne ressens aucun regret d’être pendu là, sans autre pouvoir que de contempler les humains s’affairer à des tâches toujours plus ardues. Ah, j’entends le bruit des rangers qui frappent le sol. Enfin ils reviennent, je commençais à m’ennuyer. Le palan qui maintenait mon habitat en l’air vint le déposer sur un charriot de métal solide sur ordre du capitaine William S. Parsons. Les hommes se mettent autour de moi, ils attendent quelque chose, mais je ne sais pas encore ce que c’est. Ah  ! Eh bien bravo, Milton. Espèce d’imbécile, je vais te maudire dix fois. Il fallait bien que ça arrive, le gars s’est permis de me toucher avec ses doigts crasseux, sans se préoccuper un seul instant de mon bien-être. Mais cela n’est pas le pire, l’effronté me repose sur la carcasse de métal, la tête face à l’acier. Merci pour la vue… Je ne peux plus voir ce qu’il se passe, mais je reconnais le bruit d’un camion se dirigeant vers nous. Le son se rapproche de plus en plus, l’odeur d’essence aussi. J’ai l’impression que les soldats veulent m’attacher à l’arrière, je sens le chariot se balancer légèrement de droite à gauche. Eh  ! Un gars vient de me percuter violemment, cela me contrarie de ne pas pouvoir lui rendre la pareille, mais je lui pardonne, car dans sa maladresse, son impact m’a permis de me retrouver dans une position plus favorable.

    Effectivement, nous étions dorénavant accrochés à un GMC CCKW 352, en partance pour une destination inconnue. Les hommes sont tous montés dans la caisse en bois à l’arrière de la cabine de pilotage.

    Ceux-ci rigolent bruyamment, sortant des blagues de mauvais goût plus vite qu’une mitrailleuse Tompson ne peut tirer en rafale.

    Le véhicule s’arrête à une centaine de mètres de notre point de départ et je me retrouve nez à nez avec un gigantesque avion B-29 Superfortress. Me voici donc devant l’un des plus gros bombardiers de sa génération, brillant de mille feux, les ailes majestueuses, mais pas aussi belles que les miennes.

    Louis, Milton, Cameron et d’autres types s’affairent consciencieusement à charger l’engin dans la soute de l’avion.

    Pour moi, c’est une première, un peu comme une visite guidée. J’écoute ceux qui travaillent, apprenant par la même occasion le jargon aéronautique.

    C’est ainsi que je j’apprends que le 21 juillet 1945 un ordre venant de très haut, du président Harry S. Truman lui-même, a lancé l’opération. J’entends parler du projet Manhattan, de sa concrétisation finale et cela ne me dit rien qui vaille.

    Mon fidèle destrier se nomme « Little boy ». Drôle de nom pour celui qui doit apporter la paix dans le pays qu’ils nomment « Japon ». Le vent au-dehors me fait virevolter sans peine. Impossible de lui résister, forcément, je ne suis qu’un petit ange de bois.

    En me déplaçant au gré des bourrasques, je m’aperçois alors qu’une inscription se trouve sous le cockpit de l’avion.

    Je bouge tellement qu’il m’est difficile de déchiffrer les lettres peintes en noir sur la carlingue.

    Le vent tout à coup s’apaise, me laissant le temps d’y voir plus clair. « Enola Gay », voici ce qui se trouve là-bas, mais je ne sais pas ce que cela signifie. Sûrement un nom de code. Mon avion appartiendrait au 509e escadron de bombardement et serait issu d’une série spéciale, fortement modifiée, avec réunion des deux soutes de largage.

    –En faisant cela, embarquer avec aisance ne fut pas un problème pour mon acolyte Little boy et moi.

    –L’identification est-elle toujours celle de remplacement  ?

    –Oui, mon Colonel. Il porte toujours le chiffre 82 et son marquage de queue est bien le « R » appartenant au 6e escadron de bombardement. Chacun des hommes présents prend son courage à deux mains, hissant le plus justement possible la pièce de métal.

    –Sa forme ressemble à une canette de soda… non, une capsule… non, un médicament  ! C’est ça, une gélule. Nous allons soigner la population japonaise avec cela  ?

    Après diverses vérifications, la soute se ferme, les gars retournent au hangar, me laissant seul à l’intérieur.

    Dorénavant il n’y a que les cris du vent sur la carcasse qui me tiennent compagnie, sans oublier les aller-retour incessants des gardes autour du zingue.

    Je regrette un peu de ne pouvoir dormir. La nuit est tombée, seuls les relais des soldats bercent mon existence de bois. Je m’ennuie ferme.

    Des camions se rapprochent de l’appareil, il se passe quelque chose, pourtant il n’est pas 1 h du matin.

    De grands projecteurs sont alors allumés autour de la carlingue, me permettant d’y voir comme en plein jour. La porte de l’avion s’ouvre et j’y vois entrer les douze hommes formant l’équipage.

    Je reconnais le colonel Tibbets, pilote en chef de l’Enola gay, le capitaine William S. Parsons, ainsi que le major Thomas Ferebee.

    – Au-dehors, il y a plus de monde qu’à l’accoutumée. Les flashs des appareils photo illuminent le cockpit brutalement, le rendant à l’ombre aussi rapidement qu’ils l’en avaient arraché.

    –Il est 2 h 40, les gars. Il est temps pour nous de rentrer dans l’Histoire. Préparez-vous au décollage, nous partons voler.

    Il y eut un cri d’encouragement ou de satisfaction, je ne sais pas vraiment, mais l’atmosphère devint tout à coup moins pesante.

    Les moteurs tournaient à plein régime, Tibbets fit un signe en direction de l’extérieur, afin que tous s’écartent un peu plus, puis les salua de la main.

    C’est parti  ! Les moteurs Wright hurlent leur fureur dans un déluge de chevaux qui propulse l’aéronef en avant.

    La piste, elle aussi, est éclairée par des projecteurs, de sorte que personne ne rate son décollage dantesque.

    L’avion prend de l’angle, puis s’élève dans le ciel, mettant le cap vers la ville d’Hiroshima, laissant l’île de Tinian s’enfoncer dans la noirceur de la nuit.

    À la suite, deux autres B-29 le suivent de près, celui du major Charles Sweeney, nommé « The great artist », dont le travail fut celui de la prise de mesure, mais aussi celui du capitaine Georges Marquardt, qui n’a, quant à lui, aucun nom, mais dont le devoir est de capturer les instants fatidiques de ce qui va se passer sur les terres nippones.

    Au total, six avions de type B-29, participent à cette mission, qui rentrera dans les annales de l’humanité.

    Paul Tibbets, le commandant de bord, place son B-29 à une altitude d’environ trente-deux mille pieds, suffisamment loin pour ne pas trop attirer l’attention de la défense japonaise.

    Le vol se passe sans problème, mais plus nous approchons de notre objectif, plus les hommes ont la mâchoire crispée.

    Le capitaine William Sterling Parsons se place près de moi, trifouillant un moment l’objet. Il signale à tous son bon travail en disant  :

    –Armement OK  !

    Je n’ai pu voir la manipulation qu’il a effectuée, mais j’imagine que celle-ci lui était réservée, en tant que chef de la mission.

    –Eh  ! Sous-Lieutenant Jeppson, nous sommes à trente minutes de notre objectif, c’est à vous.

    –Bien pris, mon Colonel. Je m’en charge, j’espère que votre mère nous portera chance  !

    –C’est bien dans cette optique que son nom a été peint sur l’avion  !

    Je vois donc le sous-lieutenant Morris Richard Jeppson retirer trois bouchons d’armement de couleur verte, pour les remplacer par trois autres de couleur rouge.

    Le capitaine Parsons et le sous-lieutenant Jeppson rendent compte à tout l’équipage de la bonne mise en œuvre de Little boy L11.

    À un moment donné, j’aperçois l’avion du capitaine

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