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Au Nom du Saint-Esprit, je vous dis ...
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Au Nom du Saint-Esprit, je vous dis ...
Livre électronique355 pages4 heures

Au Nom du Saint-Esprit, je vous dis ...

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À propos de ce livre électronique

Suite à trois visions, chacune ayant eu lieu de nuit à la même heure, Emmanuel se sentit instigué à partir dans la montagne pour une retraite d'une semaine. Il y resta finalement quinze jours et en revint instruit sur sa mission en ce bas monde.

Il suivit donc humblement le chemin indiqué par Dieu, lequel l'amena à communiquer de grands messages à l'humanité. Ce qui ne manqua pas de déranger les religieux ainsi que nombre de Chefs d'État de la planète. Ces derniers en vinrent donc à ourdir un plan machiavélique.
LangueFrançais
ÉditeurBooks on Demand
Date de sortie15 mai 2023
ISBN9782322564323
Au Nom du Saint-Esprit, je vous dis ...
Auteur

François de Calielli

Je me consacre à l'écriture depuis 2002 après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon coeur. Ce qui m'a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

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    Aperçu du livre

    Au Nom du Saint-Esprit, je vous dis ... - François de Calielli

    Du même auteur

    Romans

    Au nom du Saint-Esprit, je vous dis …

    L'Arche des Temps Nouveaux

    Folie de l'Homme ou Dessein de Dieu

    Le Tiraillement

    L'enfant bonheur

    Suis-moi (tomes 1 et 2)

    L'inflexible loi du destin (tomes 1 et 2)

    À la croisée des destins

    L'Univers de Kûrhasm (tomes 1 et 2)

    Le chevalier de la Lumière

    Quand le doigt de Dieu ...

    La légende de Thâram (tomes 1 et 2)

    Henri-Louis de Vazéac

    Il la regarda et...

    Essais

    La destinée de l'homme ...

    L'islam tisse sa trame en Occident

    Poésies

    Murmures de mon âme

    Envolée métaphysique

    Scénario de film

    Magnesia

    Je me consacre à l'écriture depuis 2002, après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

    ISBN : 9-782322-041749

    Tous droits de reproduction, de traduction

    et d'adaptation réservés pour tous pays

    Site internet : www.atypical-autoedition.com

    Table des Matières

    Livre I

    L'initiation

    Chapitre 1

    Le détachement

    Chapitre 2

    L’appel

    Chapitre 3

    La préparation

    Chapitre 4

    La consécration

    Chapitre 5

    La transition

    Livre II

    La mission universelle

    Chapitre 6

    L’asile idéal

    Les messages

    Chapitre 7

    Le message au monde

    Chapitre 8

    Le message aux gouvernements

    Chapitre 9

    Le message aux religieux

    Chapitre 10

    Le message à l'humanité

    Chapitre 11

    La réflexion

    Chapitre 12

    Les commandements du Père

    Livre III

    La mission Glorieuse

    Chapitre 13

    La retraite

    Chapitre 14

    L'enlèvement

    Chapitre 15

    Le complot

    Chapitre 16

    La Volonté du Père

    Chapitre 17

    La sentence

    Chapitre 18

    Le sacrifice

    Épilogue

    Livre I

    L'initiation

    Chapitre 1

    Le détachement

    -1-

    Assis sur un rocher, Emmanuel contemplait les subtiles arabesques que les lueurs lactescentes de l'aube peignaient sur la voûte céleste. La myriade scintillante semblait s'enfoncer dans cette insondable profondeur comme dans une sombre mer de brume. Il admirait cette beauté simple que nul sage, érudit ou génie, n'aurait su imaginer, réalisant aussi que ses sens objectifs et sa pauvre intelligence humaine ne permettaient l'accès qu'à un monde illusoire ; une falsification de la vérité qui rendait toute authenticité, ici-bas, bien superficielle. Ces considérations métaphysiques, ou pour l'éphémère de la réalité terrestre, l'étonnèrent, vu qu'il n'avait jamais eu, jusqu'alors, de prédilection pour la spéculation mystique. Quoique son tempérament idéaliste l'incitait, parfois, à des envolées romantiques, à convoiter un bonheur édénique. Il ignorait toutefois la particularité de la personnalité en son âme, un être doté de magnifiques attributs et en attente d'expression, que son ego s'évertuait à voiler. Celui-ci ne pourrait empêcher, en outre, cette nature de sortir de sa subtile chrysalide. Pour l'heure, sa raison dissuadait une telle émergence, le poussant, donc, à relativiser ces divagations spirituelles.

    Sa chute dans les bas-fonds de la société avait été l'événement précurseur d'un rejet du système et, par conséquent, d'une fuite de la civilisation.

    -2-

    Emmanuel avait éprouvé le vif désir de s'isoler pour réfléchir, conscient que cette méditation sur la platitude de sa vie, voire sur l'absence de perspective de son avenir n'ouvrirait point la porte secrètement espérée. Il craignait, même, que cette initiative n'exhumât, de la profondeur de son subconscient, les phases noires de son passé et ne révélât une inexorable condamnation à cette petitesse. Une sorte de punition divine !

    Par un sentier pierreux, il était parvenu jusqu'à ce sommet. Un endroit où il aimait se baigner d'harmonie, s'enivrer des multiples effluves, s'émerveiller de mille beautés : extravagances chromatiques, délicieux galbes, frêles et délicates essences de la nature. La perfection de la Création l'émouvait, une magnificence que l'homme n'aurait su créer, mais qu'il s'employait égoïstement à ternir. Emmanuel pressentait qu'une substance vibratoire insufflait l'Univers, animant toutes choses … de l'infime à l'infini. Un ange guidait-il cette contemplation et s'efforçait-il de l'éveiller dans la perspective d'un dessein ? Ainsi, à son insu, son regard s'affinait, son hypersensibilité s'exacerbait et sa vraie personnalité s'imposait peu à peu. Aujourd'hui, cette dernière tendait à reléguer l'homme social et, désormais, apparent.

    Il lui vint soudain l'envie de s'endormir au sein d'une lumière pareille à un soleil au zénith. Était-ce le signe que sa nature cachée prenait le dessus ? Tiraillé par ses deux moi, et inconscient de la métamorphose en cours, il s'empressa de critiquer cette élucubration recelant, pourtant, une magnifique espérance.

    Le chemin grimpant, la montagne, la floraison intérieure étaient-ils les prémices d'une nouvelle existence, les signes annonciateurs d'une marche vers un destin en marge de ce monde ? Il appréhendait l'exigence de ce chemin que son ange s'apprêtait à lui faire suivre, tel un aveugle n'ayant que sa pauvre intuition pour guide. Influencée par l'ego, celle-ci lui soufflerait assurément une route par laquelle il marcherait vers un faux destin. Il espérait que son sage guide palliait son manque de discernement spirituel et qu'il ferait taire, le moment venu, la voix de son moi raisonnable. Ce dernier s'escrimait, en effet, à susciter sa méfiance envers un imaginaire enclin à l’excentricité et aux idéaux fantasques. En vérité, sa nature profonde demeurait dans l'expectative de l'événement propre à lui permettre de passer la première porte d'une œuvre sublime. Cette journée d'isolement préfigurait, en final, la nécessité d'un détachement de ce monde. C'était aussi le présage d'une montée vers un sommet qu'il faut apprendre à gravir à la force de l'esprit.

    Le jour s'était levé, immuable rituel de l'aurore au crépuscule, et un timide rayonnement s'éployait sur la nature, la nuançant superbement. Il avait l'impression d'être un ciron que les éléments pouvaient décider de balayer à la manière d'un fétu de paille. Son regard se perdit au loin jusqu'à la ligne d'horizon qu'un peintre semblait avoir tracée sur l'étendue céruléenne. Il s'imagina fulgurant vers l'empyrée des Cieux, tel un esprit, et contemplant l'infini depuis cette haute cime. Une aspiration à la simplicité et à l'éternité qui le rendait perplexe. Nourrissait-il aussi le désir inconscient d'abréger l'inanité de cette existence ? Parallèlement, il se sentait l'objet d'une impression étrange, celle d'un autre grandissant en lui. Il eut soudain la fugitive vision d'un être à la beauté séraphique et auréolé de soleil.

    Des herbes du champ tout proche, il se fit une couche de fortune. Puis il plongea au fond de sa mémoire, une visite du passé dont il ignorait le but.

    -3-

    « C'était l'époque d'une existence heureuse, ses affaires l'amenant à voyager dans le monde et lui rapportant beaucoup d'argent. Profitant des nombreux plaisirs que permet l'aisance financière, Emmanuel ne réalisait guère le danger de cette superficialité qui le tirait peu à peu vers les ténèbres. Sous l'empire de son volumineux ego, il privilégiait les valeurs matérielles et délaissait celles d'ordre spirituel. Il se vantait, souvent, de ne devoir sa réussite qu’à sa pugnacité et à un travail acharné, ses origines extrêmement modestes l'ayant induit à se lancer très tôt dans la vie active. Celles-ci l'avaient forcé à quitter l'école après la troisième et à s'élever à l'aide de cours du soir. S'il n’avait pas été simple d'étudier en travaillant, ses efforts s'étaient avérés, ensuite, très payants. Aussi claironnait-il, à l'occasion, que son exemple mériterait un livre qui aiderait les personnes défavorisées à sortir de leur condition. Son enfance difficile l'avait rendu réceptif à la souffrance d'autrui et plutôt rétif à un système, selon lui, anthropophage. À cause de ses discours provocateurs, il s'attirait parfois l'inimitié de certains et, surtout, des nantis. D'un tempérament passionné et direct, il n'employait guère de circonlocutions. En fait, un être très différent se cachait derrière l'homme social. Celui-ci se servait de l'arrogance comme d'une cuirasse. Le monde des affaires l'aguerrissait à la perfidie humaine, le contraignant aussi à se protéger contre les prédateurs. Il veillait néanmoins à ne pas se laisser mithridatiser contre le mauvais et prenait garde, malgré son inclination pour les superfluités, à ne pas noircir son âme par des entreprises malsaines. Se remémorant les personnes dans le besoin, et auxquelles il avait spontanément tendu la main, il regrettait de n'avoir pas plus fait pour les autres, voire de n'avoir pas embrassé une grande cause. Il lui restait l'amère impression d'avoir relégué son être vrai et de végéter entre deux eaux. Cette réussite qui avait représenté sa fierté lui paraissait à présent bien étriquée. Quant à cet ancien besoin de réalisation financière, il avait été un exutoire à l'angoisse existentielle.

    Ses amours lui revinrent à la pensée, nombreux et éphémères, sa stérilité l'ayant dissuadé à se lancer dans une vie de couple. Il lui avait fallu dépasser cette condamnation divine, se trouver une autre manière de vivre pour ne pas en vouloir aux femmes de la terre entière et, donc, préférer l'instabilité amoureuse à la désillusion. Lors de l'aveu de son mal à ses compagnes, la laideur de l'égoïsme humain l'avait quelquefois fortement giflé. Si cela l'avait aidé à se préserver contre de stupides a priori, des jugements étroits, il ne s'était pas nourri le cœur d'amers ressentis ni complu dans la vengeance pour laver la frustration ; car ses parents lui avaient inculqué, entre autres valeurs, le respect d'autrui. D'ailleurs, ses déceptions avaient eu pour conséquence de forger son mental et de l'éduquer à la tolérance tout en encourageant ses premiers élans de compassion à l'égard d’une nature humaine prisonnière de ses bas instincts. Il s'était enfin résolu à prendre positivement son sort d'amoureux errant, puis convaincu qu'une vie rangée l'aurait astreint à une existence sans attrait. N'étant pas un adepte du hasard, il présumait que cette incapacité correspondait à une nécessité. Fussent-elles passagères, ses relations n'avaient jamais été vraiment futiles, puisqu'il s'était toujours efforcé de donner de l'amour. Il avait découvert son besoin d'aimer l'Autre ainsi qu'une propension au don de lui-même, laquelle l'avait souvent rendu perplexe. Cette absence de contraintes était-elle donc orchestrée dans un but encore occulte ?

    Son engagement politique passé avait confirmé sa fibre idéaliste et révélé qu'il n'aurait pu, en aucun cas, y faire carrière, sa nature foncièrement indépendante ne le prédisposant pas à se satisfaire d'un statut de militant. Néanmoins, son appartenance à un important parti l'avait confronté à l'obligation de lutter contre le démantèlement de ses convictions. Bien souvent, il avait retenu son envie d'envoyer paître les instances dirigeantes, alors qu'elles l'invitaient à s'impliquer davantage. En dépit de ses efforts, son rejet de l'ordre établi et d'un langage contraire à ses idées s'était consolidé. Ce passage avait été, cependant, le déclencheur d'un processus ainsi que le point d'orgue d'une réflexion évolutive. Le réalisme politique avait aiguisé son idéalisme et réveillé son penchant humaniste. En définitive, il nourrissait une chimère qui était en total décalage avec l'existant. Si cette tendance utopique l'avait tourmenté, il s'était refusé à culpabiliser à cause de sa grande différence avec le commun des mortels. Sa prédisposition pour les causes universelles se heurtait, toutefois, à son manque de charisme. De toute façon, il n'avait jamais recherché les honneurs ou la gloire dans ses implications.

    Il n'avait plus vraiment souvenance de ses premiers pas dans l'écriture, une réflexion idéaliste consécutive à son expérience politique. Il lui revenait ses soirées consacrées à chercher une voie nouvelle pour ce monde, comme poussé vers un destin étrange. Cela avait été un travail de bénédictin que de mettre au point un modèle politique que d'aucuns auraient qualifié d'irréaliste. Aussi s'était-il résolu à ranger ce concept inédit au fond d'un tiroir et, par ce geste, à jeter ce dernier aux oubliettes. Ce détachement, après quatre années de concentration, avait semblé tenir lieu d'initiation à l'abnégation. Il n'avait pas souffert ensuite de ce temps perdu, vu qu'il y avait été éclairé sur son goût pour les réalisations à l'échelle de la planète. Il ignorait toujours que les velléités d'évasion de cette époque avaient marqué le début d'une marche en marge de la société.

    Le cénobitisme ou le sacerdoce n'ayant jamais eu sa préférence, il n'interprétait pas ce bref isolement dans la montagne comme l'appel à l'un ou à l'autre. De quel accomplissement son âme insignifiante pourrait-elle, d'ailleurs, se rendre capable ? Quoique nullement athée, il posait un regard peu conciliant sur les religions, en général, voyant en elles des systèmes peu soucieux d'éveiller véritablement l'humanité à sa mission sur terre. Il estimait que l'Église romaine, pour ne citer qu'elle, ne louait qu'en paroles le Seigneur Jésus-Christ et ne s'avérait en rien un saint exemple. Selon lui, le Christ n'avait pu chercher à inspirer la division religieuse, s'étant sacrifié pour sauver l'humanité en son entier et ayant exhorté, de son vivant, à l'unité et à l'Amour.

    La dégradation progressive de ses finances avait été une période difficile de son existence. Il s'était laissé glisser, las d'essayer de redresser la situation. Sa nature fataliste l'avait finalement induit à accepter ce dénuement, l'analyse de l’origine de cette dégringolade l'ayant convaincu qu'elle correspondait indubitablement à un destin. Sa vie ne l'avait-elle pas placé, à de nombreuses reprises, face à l'imprévisibilité des événements ? Cette soumission ne l'avait jamais fait sombrer dans la dépression, fût-elle parfois anxiogène. Il avait plutôt fait de sa nouvelle condition un terrain d'adaptation, une voie pour se libérer de sa vie passée comme d'un lourd fardeau et s'efforcer de trouver du bonheur dans cette humilité ».

    -4-

    Au sortir de son introspection, Emmanuel contempla nonchalamment le ciel d'un bleu profond peint de frêles cirrus, telles de vaporeuses nuées. Dans l'astérisme de ces derniers, il se mit à rêvasser, à imaginer un visage et une paire d'yeux. S'appesantissant sur cette vision, il eut l'impression qu'un regard bienveillant l'observait. Inquiet de ce charme qui l'envoûtait, il ferma et rouvrit les yeux à plusieurs reprises. Il ne vit plus que des filaments cotonneux, évanouissement d'une illusion qui lui serra curieusement le cœur. Le soleil daignant étendre son immarcescible gloire, il en profita pour lézarder un moment. Il se cherchait, sans doute, une raison d'exister, inconsciemment torturé par l'angoisse de son inutilité. Au fond, cette existence précaire ne le frustrait pas vraiment. Il avait même découvert, grâce à elle, une autre vérité que le matérialisme. À l'époque de sa belle réussite financière, il aurait sûrement analysé cette déchéance comme un coup du sort ; il s'en serait fait aussi un motif de développement de sa combativité. Tout cela avait-il été savamment orchestré, comme il n'en gardait pas vraiment les stigmates ? Ce drastique dépouillement lui apparaissait même bénéfique au plan spirituel.

    Il considérait donc avec détachement la période faste et légère de son passé. Qu'un ange pût être à l'origine de cette conjoncture le réconfortait. Car, fort d'une belle sagesse, celui-ci ne le laisserait pas chancir dans la bourbe et il n’aurait pas, non plus, l'idée saugrenue de l'abandonner à son piètre entendement. Attendait-on de lui une démonstration de sa prédisposition intérieure, autrement que par la voie lunaire ? Cette sage entité n'ignorait guère son statut de néophyte en matière d'esprit ni que son idéalisme et son côté fantasque ne l'avaient enclin, jusqu'ici, qu'à de piètres élucubrations, qu'à des envolées pauvrement mystiques. Aussi, à l'heure de prendre un nouveau chemin, son cœur enténébré ne serait-il en mesure de recevoir qu'une substance altérée. Cette période était-elle une sorte de purgatoire propre à le débarrasser des miasmes de sa vie passée ? Son courage le tirerait-il hors de ces ténèbres et lui ouvrirait-il la porte de la terre promise ? Il réalisait finalement qu'il appréhendait l'avenir, voire de n'être qu'une chose stérile sans destin ni soutien d'aucune sorte et contraint de se suffire de chimères. Ses peureuses interrogations lui faisaient supputer le travail indispensable propre à permettre l'émergence de sa personnalité enfouie.

    Son déclin financier l'ayant déjà induit à se départir d'une vie superficielle, et corrompue par les joies de la chair, fallait-il qu'il sublimât encore l'instinct charnel ? L'inappétence sexuelle à laquelle il s'était trouvé astreint au fur et à mesure de la décadence de ses affaires ne suffisait-elle pas ? La perfection de ce chemin sous l'égide de l'ascétisme représentait alors une bénédiction et confirmait l'existence d'un ordonnancement subtil. D'un tempérament plutôt rebelle, il s'étonnait toutefois de sa docile acceptation de cette adversité, de cette vacuité existentielle même. Il n'avait pas conscience d'être préparé à une autre vie dont il ne saurait guère ouvrir la porte de lui-même.

    Ses déductions hétéroclites et ses questionnements métaphysiques l'avaient tranquillement mené jusqu’à l'heure où le soleil paraît sombrer au fond d'un océan céleste. Il observa le paysage, qui disparaissait progressivement derrière la sombre brume, tout en imaginant la multitude invisible que la nuit faisait s'éveiller. Cours inextinguible d'une vie qui court à l'infini au sein du Tout universel. Il contempla aussi le vide avec le fol désir d'y planer, telle une entité immatérielle. Passant pour un misanthrope dans le village, du moins le croyait-il, nul n'en viendrait à s'inquiéter de sa disparition. L'obscurité s'épaississait et le vent glacial giflait maintenant son visage. Il descendit donc d'un pas gaillard de la montagne.

    Les jambes lasses, il arriva à Saint-Chânon, charmant village des Alpes où il résidait. S'y étant arrêté pour une brève villégiature – d'aucuns diraient par hasard –, il était revenu s'y réfugier, comme subtilement instigué, quand sa vie avait basculé. Cet endroit respirait l'harmonie avec ses chalets aux balcons fleuris, ses rues étroites, ses odeurs campagnardes, ses délicieux matins invariablement rythmés par les chants mélodieux des oiseaux, ses soirs baignés par de fraîches et riches exhalaisons. Il avait l'impression d'y vivre en dehors du monde et de s'y être retiré pour une préparation psychologique. Se murant dans le silence du lever au coucher, il se moquait de l'opinion des autochtones à son égard. Nul ne sachant d'où il venait et ce qu'il faisait là, les commères raillaient sûrement, voire émettaient les pires suppositions. Outre cette attitude, par laquelle il empêchait l'immixtion d'autrui dans son jardin secret, il saluait avec un sourire affable les personnes qu'il croisait dans la rue ou dans les commerces. Sous les coups de boutoir du malheur, il avait envoyé son extravagance au rebut. Une première transformation dont il commençait à pressentir l'importance.

    Après ces deux heures de marche, il retrouva avec plaisir son coquet studio. Le maire du village l'avait fait construire pour son fils qui avait préféré les vapeurs asphyxiantes et le hourvari de la capitale. Il comprenait cette fuite, voire cette peur de vieillir avant l'heure et le cœur vide d'espoir. Il pensait, quant à lui, que la cacophonie du monde faisait éprouver, un jour, l'envie de méditer dans une tranquille thébaïde.

    Heureusement, cette existence banale, et apparemment dénuée d'intérêt, ne le rendait guère amer. L'écriture le tirait du présent. Ces pérégrinations dans le labyrinthe de l'imaginaire servaient d'exutoire à l'ennui dans lequel le sempiternel rituel, du matin au soir, l'aurait fait tomber sinon. Quoiqu'il avait le sentiment de ne pas écrire ce qu'il portait au fond de lui. Cette occupation évitait néanmoins les stériles ressassements, la déréliction, préservant aussi sa raison d'un irréversible étiolement. Peu lui importait de s'entraver dans les filets de ses rêves et d’être le jouet de ses fantasmes. Que n'emplissaient-ils son cœur de magie et ne magnifiaient-ils son existence par un destin sans pareil. N'imaginant pas qu'il lui serait donné désormais d'aimer une femme, il formait également le vœu qu'un amour d'une autre sorte vînt à lui.

    Avant que le sommeil ne l'emportât vers de doux songes, il repensa à sa journée dans la montagne. Parti pour y réfléchir, discerner le sens de cette molle existence, il s'était retrouvé, entre élucubrations et contemplations, face à son passé. Il découvrait soudain qu'il ne s'était pas agi d'une simple introspection par le biais d’un rappel de son vécu. Sa petite intuition lui suggérait que cette journée dans les hauteurs avait correspondu à un premier travail sur lui-même, en vue d'une prise de conscience ultérieure. Était-ce le message d'une marche ascensionnelle et cette chute au plus bas représentait-elle, en final, un passage vers une grande destinée, mais d'une grandeur nullement terrestre ? « La porte cherra par ma main à condition que tu t'engages avec confiance dans le sens que je t'indiquerai », lui souffla une voix dans sa tête. Testait-on ainsi son aptitude spirituelle ? Cet avènement le réconforta et le perturba à la fois. Il craignait, en effet, de décevoir involontairement cette attente occulte, son âme n'ayant probablement jamais été confrontée à ce type d'expérience. L'homme charnel et apparent n'avait pas, non plus, une haute opinion de cette dernière. La fatigue calma l'effervescence de son mental et il la laissa emporter son esprit vers l'univers des rêves.

    -5-

    Se réveillant en sursaut, Emmanuel aperçut une lumière blafarde face à lui. L'esprit ensommeillé, il posa un regard craintif sur cette chose statique en suspension entre le plafond et son lit. Une paire d'yeux s'y dessina jusqu'à devenir bien distincte, une nouvelle manifestation qui eut pour résultat, bizarrement, d'apaiser sa peur.

    - Emmanuel, le sablier est tourné.

    Le conseil donné, l'apparition lumineuse s'évanouit. Il jeta un œil machinal sur le réveil digital qui affichait minuit et une minute. Après cette singulière mise en scène, il ne lui fut pas simple de trouver à nouveau le sommeil.

    L'appréhension d'une nouvelle vision l'avait

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