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Fables de l'ère numérique: Saison 3
Fables de l'ère numérique: Saison 3
Fables de l'ère numérique: Saison 3
Livre électronique77 pages49 minutes

Fables de l'ère numérique: Saison 3

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À propos de ce livre électronique

Des fables pour questionner la perte de l’innocence face à la croyance d’un numérique salvateur, la surveillance de masse indissociable des pratiques numériques, le recul des libertés ainsi que la perte de sens liée à la fuite en avant vers le tout numérique. Inspirés de la réalité techno-économique, de l'augmentation de l'emprise et du totalitarisme numériques, ces textes mettent en lumière le pouvoir que confère les technologies du numérique à ceux qui les imposent et qui les contrôlent. Illustrés par le dessinateur-philosophe Pecub, ils révèlent de nouvelles manières de vivre et de faire société au travers de la soumission généralisée aux services issus de l'informatique, de l'intelligence artificielle et de la robotisation des activités.


À PROPOS DE L'AUTEURE

Solange Ghernaouti est professeure de l’Université de Lausanne, experte internationale en cybersécurité, directrice de recherche en gestion des risques, associée fondatrice Heptagone Digital Risk & Security, présidente de la Fondation SGH - Institut de recherche Cybermonde, membre de l’Académie suisse des sciences techniques, Chevalier de la Légion d’honneur, Médaille d’or du Progrès (Paris 2022).

LangueFrançais
ÉditeurIsca
Date de sortie8 févr. 2023
ISBN9782940723645
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    Fables de l'ère numérique - Solange Ghernaouti

    Solange Ghernaouti

    Fables de

    l’ère numérique

    Saison 3

    © 2022, Solange Ghernaouti.

    Reproduction et traduction, même partielles, interdites.

    Tous droits réservés pour tous les pays.

    ISBN 9782940723645

    Au commencement était la fable…

    Moi, Jahia 8 ans, pucée

    Dans mon village, tout le monde a la peau noire – ou presque.

    Les blouses blanches comme on les appelle, sont des blancs.

    Dans mon village, tout le monde est jeune.

    Les vieux sont morts.

    Le virus les a tués.

    Le virus a été plus fort que mes parents.

    Mes parents sont allés retrouver leurs ancêtres au paradis des ancêtres.

    Maintenant, c’est moi l’ancêtre.

    Moi, je suis moi et ma puce.

    Je ne suis pas seule.

    Un jour, les blouses blanches m’ont demandé avec un grand sourire si j’aime manger du riz ?

    Moi, j’ai répondu OUI.

    Les blouses blanches ont dit, tu vois ce grain de riz, il est spécial.

    Il va aller sous ta peau, dans ton bras.

    Il sera avec toi pour toujours.

    Il te protégera du méchant virus et des autres.

    Il est spécial. Il dit silencieusement qui tu es et où tu es.

    Regarde dans le ciel ces oiseaux de métal, ce sont des drones.

    Tu vois là-bas, ces chiens d’aciers, ce sont des robots.

    Ton gentil grain de riz, est drôlement fort, il parle avec eux.

    Ces blouses blanches sont parties, d’autres sont arrivées.

    Les autres n’avaient pas de blouses, mais des Tshirts.

    Des Tshirts avec des lettres et des mots comme Foundation ou Institute.

    Ils ont parlé du grain de riz, ils l’appelaient LA PUCE.

    Ils avaient l’air contents.

    Ils parlaient de milliardaires, d’argent qui échappent au fisc, de projets qui assurent leur enrichissement.

    Personne ne comprenait ce qu’ils racontaient mais on aimait bien qu’ils viennent.

    Avec La Puce on avait à manger.

    Avec La Puce, on était en sécurité.

    Des fois, c’était bizarre, on avait l’impression de comprendre leurs mots mais ça n’avait pas de sens. Ils parlaient de gamin-cobaye, d’état faible, de pauvreté, de guerre, d’un marché mondial.

    Les sons « Ko » « rup » et « ssion » les faisaient beaucoup rire.

    Un jour, ils sont partis.

    Ils ont laissé les oiseaux drones et les chiens robots.

    Et moi.

    Moi, qui suis de moins en moins moi.

    Moi, qu’on appelle maintenant la puce.

    Moi, qui est leur puce, je me souviens de ma mère.

    Elle me disait « un rire bienveillant peut cacher un cœur noirci de méchanceté ».

    technoCivilisation, l’âge de déraison

    C’était il y a longtemps, c’était en 2020, à l’époque où les humains n’étaient pas encore pucés.

    Ils étaient libres mais ne le savaient pas.

    C’était à l’époque où ils auraient pu inverser le cours des choses. Où ils auraient dû.

    La réification de l’humain était en marche.

    Ils n’ont pas cru qu’elle irait aussi loin.

    Ils ont laissé faire.

    Ils ont fermé les yeux.

    Certains par ignorance.

    D’autres par naïveté.

    Certains par faiblesse.

    D’autres par nécessité.

    Certains par paresse.

    D’autres par neutralité.

    Beaucoup par avidité.

    Ce furent ces derniers, les pourvoyeurs de technologies numériques, les véritables fossoyeurs des libertés, ceux qui ont tué la liberté.

    Ils ont commencé par tuer la vie privée, puis la liberté d’expression.

    Ils ont instauré le règne de la transparence totale des êtres, des sentiments, des comportements, des déplacements, des intentions.

    Ils ont inventé de nouvelles formes de socialisation, en tissant une toile invisible qui enferme les personnes qui s’imaginent jouer à un jeu de rôle, le rôle de leur vie, toujours en se mettant en scène, souvent en se mettant à nu.

    J’étais enfant, je me souviens, c’était nouveau, il régnait dans cet espace immatériel un faux sentiment de liberté et de protection, c’était grisant.

    Tante Agathe qui questionnait ces nouvelles pratiques, passait pour une espèce de rabat-joie voire de paranoïaque aux yeux de ceux qui ne savaient pas que le jeu était truqué, que le jeu

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