Ernest (de) Gengenbach: Son oeuvre I

Par Christophe Stener

Ernest (de) GENGENBACH, séminariste défroqué, fut un fugace épigone du surréalisme avant d'écrire des ouvrages satanistes sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS, des ouvrages érotico-mystiques sous celui de Jean GENBACH et des autobiographies hagiographiques sous celui de Ernest (de) GENGENBACH.

Passant « de Satan à la Vierge Marie », selon ses termes, il alterna, toute sa vie, écrits sacrilèges et témoignages mariaux.

Fondateur d'une église gnostique de la Messe d'Or dont le précepte était « Au commencement était le sexe », il prétendit garder l'Algérie à la France et écrivit au pape Paul VI pour lui proposer de devenir le convertisseur de Simone de BEAUVOIR et de ses anciens « camarades de combat surréalistes ».

Ce premier volume de la bibliographie raisonnée de GENGENBACH, qui fait suite à sa biographie, présente son oeuvre publiée, ses inédits et sa correspondance.

Ses provocations firent scandale avant-guerre. Autoproclamé « Confesseur de son époque », il fréquenta toute l'intelligentsia française athée, occultiste mais aussi catholique de son époque.

Un auteur qui sent le soufre et l'eau bénite, à redécouvrir.

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 4 oct. 2022
• ISBN: 9782322470785

Christophe Stener

Christophe Stener, auteur de plusieurs livres d'histoire de l'art associant exégèse biblique et histoire générale, notamment sur le Livre d'Esther, DREYFUS et Judas Iscariot, enseigne à l'Université Catholique de l'Ouest.

Aperçu du livre

Image de couverture

Cette photographie d’Ernest GENGENBACH est reproduite dans Surréalisme et Christianisme (1938), une brochure éditée grâce au comte Claude d’ELBÉE, en religion Jean du Cœur de Jésus, qui fut, entre 1938 et 1958, Supérieur général de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, désignés également comme Picpuciens (son épouse Époux de Louise de Sèze, devint carmélite sous le nom de Claire-Marie du Cœur de Jésus) qui sollicita un mécène, « son ami, André SAUCOURT, un vrai saint laïque, celui-là, administrateur de l’Ouest-Eclair » l’actuel Ouest-France LED p.131 ».

Surprenant choix de photographie pour une brochure qui se veut édifiante mais GENGENBACH a toujours été assez fat. Portant beau, smoking et le cheveu gominé, l’auteur pose au dandy mondain plus qu’à l’homme de lettres pieux.

Durant sa période surréaliste, l’auteur avait affecté de porter des lunettes ou un lorgnon pour singer BRETON dans des photos de studio le montrant en robe de chambre d’intérieur de soie armé d’une énorme plume d’oie ¹.

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¹ AAAB https://www.andrebreton.fr/work/56600100867790

https://www.andrebreton.fr/work/56600101001949

Avertissement

Ce livre est le premier volume de L’œuvre de Ernest (de) GENGENBACH.

Le second volume présente un Dictionnaire d’Ernest (de) GENGENBACH, une table des personnages, une bibliographie, une analyse de la propriété intellectuelle de l’œuvre et la présentation du Fonds GENGENBACH de Saint-Dié des Vosges.

Cet ouvrage fait référence aux deux volumes du tome I consacrée à La Vie d’Ernest (de) GENGENBACH mais peut se lire séparément.

Remerciements

Nous tenons à remercier ici les libraires qui nous ont autorisé à reproduire gracieusement des manuscrits. Notre gratitude toute particulière à madame Catherine WIART, Directrice de la Médiathèque et monsieur Arthur DURAND en charge du Fonds GENGENBACH de Saint-Dié des Vosges, sans lesquels cet ouvrage n’aurait pas été possible pour leur accès aux très riches archives constituées grâce à l’initiative brillante d’Albert RONSIN, ancien conservateur et qui nous ont autorisé à reproduire certains manuscrits conservés à la médiathèque déodatienne.

Table des matières

Image de couverture

Avertissement

Remerciements

Introduction

Œuvres publiées

Editions originales

Jean GENBACH

Jehan SYLVIUS

Rééditions françaises

Rééditions étrangères

Bibliographies existantes

Pseudonymes, noms de plume et avatars

Noms de plume

Jean GENBACH

Jehan SYLVIUS

GENGENBACH

Ernest de GENGENBACH

Avatars

Robert JOLIVET

Le Négre musicien

Frère Colomban de Jumièges

François de CACAMP / François le Cacan

Jean de LISPACH

Juan d’Estalric

Raimon de CORNET (1298-1350)

Olivier de SURANCES

Le Duc de Cabardès

Méthodologie

Terminologie

Rareté et cotation des ouvrages et manuscrits

Bibliographie raisonnée

1924

1925

Lettre à La Révolution Surréaliste

1926

Lettre à Pierre BÉARN

Lettre à un inconnu

Lettres à La Révolution Surréaliste n°8 du 1er décembre 1926

1927

Jean GENBACH, L’Abbé de l’abbaye, poèmes supernaturalistes

Contenu

Editions

Brochure promotionnelle

Analyse

Envois

Satan à Paris

Contenu

Couverture

Editions

Originale

Rééditions

Traductions

Envois

PERMETTEZ !

1928

Lettre à la Révolution Surréaliste n°11 du 15 mars 1928

Recherches sur la sexualité – Quatrième séance, 15 février 1928

1929

Jehan SYLVIUS, Messes noires. Satanistes et lucifériens. Choses vues, 1929

Contenu

Editions

Couverture

Prospectus

Diffusion

Analyse

Réédition

Promotion

Jehan SYLVIUS. Comment on force l’amour. Moyens infaillibles pour y parvenir.

Lettre à La Révolution Surréaliste n° 12 du 15 décembre 1929

1931

La Papesse du diable, roman de mystère, de magie et d'amour

Contenu

Editions

Rééditions

Traductions

Anglais

Italien

1934

Le satanisme au XXe siècle

Surréalisme et Christianisme

Dédicaces et envois

Manuscrit Surréalisme et Christianisme

Lettres à André BRETON c. 1938

« La communication avait été interrompue depuis plusieurs années

Lettre du moine thibétain

Satan en Espagne. Ebauche d’un scénario tableau.

Envoi à MAGRE

1945

Lettre à BERNANOS sur La bombe atomique et La fin du monde d’après l’Apocalypse

1946

Judas ou le vampire surréaliste. Scénario d’Ernest de GENGENBACH

Lettre à André BRETON

Lettre à André BRETON

Lettre à André Breton

Lettre à Maurice NADEAU du 18 juin 1946

Collage érotico-mystique

Lettre à André BRETON

1947

Un surréaliste à la Santé

Revue Arts

Lettres à Julien GRACQ

1948

Judas ou le Moine maudit

Des Ténèbres Sataniques à l’Étoile du Matin

Lettre d’un prêtre devenu marxiste

L’énigme du coquillage

De profundis clamavi

Lettre à Claude BOURDET

Réponse à l’enquête de Combat

1949

Judas ou le vampire surréaliste

Prospectus de souscription de 1930

Edition originale

Judas, vampire, surréaliste, GENGENBACH est tout cela

Editions

Originale

Rééditions

Envois

L'Expérience démoniaque racontée par frère Colomban de Jumièges

Editions

Originale

Rééditions

Le Pape d’Avignon

Espis, un nouveau Lourdes, Des Ténèbres Sataniques à L’Étoile du Matin

Editions

Originale

Réédition

Envois

La colombe de PICASSO n’est pas le St Esprit

1950

Des Ténèbres Sataniques à l’Étoile du Matin

Le pape d’Avignon

1951

Lettre à son grand-oncle Prosper VIARD

Lettre du 1er avril 1951

1952

Lettre à André BRETON

L’Adieu à Satan

Format

Contenu

Envois

A André BRETON

A Pierre POUJADE c. 1952

A une dame, 1975

1956

Lettre à une dame

Brûlons l’Inquisition

Correspondance avec Adrien DAX (1956-1962)

1958

La Quête mariale. De la Madone liégeoise à l’Ange musicien d’Alsace. Préface

Moine Troubadour – Magie et Mystique Amoureuse – Féérie Surréaliste

1960

Les derniers Croisés

Simone de Beauvoir

1961

Lettre à André BRETON, 26 décembre 1961

1962

Cantate funèbre. Vallée de Los Caidos

Les Affinités Spirituelles des Grands Mystiques du Soufisme Islamique et les Grands Mystiques du Catholicisme

1963

Les colombes de la Vierge

Texte adressé aux Editions de Littérature et d’Art

1964

La Prêtresse Surréaliste

Occitanie réveille-toi ! Montségur est-il le sanctuaire du Graal ?

La magie noire

La magie sexuelle

Le Vatican et la France d’Outre-mer

Simone de BEAUVOIR

Chrétienté, réveille-toi !

Correspondance avec les Tourettois

1950-1968

Correspondance 1956 – 1976 d’Ernest (de) GENGENBACH avec divers correspondants

Correspondance entre Ernest (de) GENGENBACH et Mgr Émile GUERRY (1964-1969) conservée par le Centre National des Archives de l’Eglise de France (CNAEF)

Mgr Émile GUERRY

Biographie de Mgr Émile GUERRY

Chanoine Léon CRISTANI

Mgr KERKHOFS, le R.P. d’Elbée, le R.P. UZUREAU…

Introduction

Avertissement

1963

1964

1966

1969

Décès de Mgr Emile GUERRY 11 mars 1969

1966

Juan d’Estalric, VINTRAS et la Messe d’Or

Lettre à Éric LOSFELD

Lettre à madame André BRETON

1967

Lettre à Maurice NADEAU

Juan d’Estalric, VINTRAS et la Messe d’Or

Après la mort d’André BRETON

1972

Destinataire inconnu

Correspondance avec Giancarlo DALLESPEDALE et Mario RICHTER (1977-1978)

Correspondance de Giancarlo DALLESPALE avec diverses institutions françaises

Correspondance d’EG avec Giancarlo DALLESPALE (GD) et Mario RICHTER (MR)

1976

Lettre à Éric LOSFELD

1977-1978

Non daté / à reclasser / non consulté

Style

Influences littéraires

Poésie

GOETHE

J.K. HUYSMANS

Nationalisme

Occultisme

Table des illustrations

Bibliographie de Christophe STENER

Introduction

Cet ouvrage présente la totalité de l’œuvre littéraire publiée d’Ernest (de) GENGENBACH, celle publiée sous les pseudonymes de Jean GENBACH et Jehan SYLVIUS ainsi que sa correspondance et un grand nombre d’ouvrages restés inédits.

Il est fait de nombreuses références à sa biographie, objet du premier tome, pour resituer les ouvrages dans leur contexte biographique mais cet ouvrage peut se lire séparément.

Le second tome présente un dictionnaire de GENGENBACH analysant thématiquement son œuvre, les notices biographiques des personnalités citées par lui et une analyse détaillée du Fonds GENGENBACH avec de nombreux inédits largement cités.

La réédition par nos soins de certaines œuvres jamais rééditées, après celle des Messes noires, notamment L’Abbé de l’Abbaye, L’Adieu à Satan ainsi que par des études thématiques sur son scénario de film Le Moine et la Sirène, sur le rituel de La Messe d’Or, sur ses collages, sur sa relation avec André BRETON et sur son rapport avec le satanisme, le luciférianisme et l’occultisme poursuivra notre étude de cet auteur.

Jehan SYLVIUS, Messes noires, BoD, 2022, ISBN-10 : 2322450669

Œuvres publiées

Nous reproduisons les premières de couverture dans l’ordre chronologique de leur publication des éditions originales et des rééditions que nous étudions dans le corps de cet ouvrage.

Nous venons de publier la première réédition des Messes noires et l’article Le satanisme au XXe siècle, assortie d’une analyse, Nous nous proposons de rééditer L’Abbé de l’Abbaye, Adieu à Satan ainsi que l’inédit Rituel de la Messe d’Or.

Editions originales

Jean GENBACH

Jehan SYLVIUS

Ernest (de) GENGENBACH

Rééditions françaises

Rééditions étrangères

Bibliographies existantes

Notre ouvrage constitue la première bibliographie raisonnée d’Ernest (de) GENGENBACH.

Les bibliographies actuelles sont très parcellaires : BNF https://data.bnf.fr/fr/see_all_activities/12002263/page1

CARTERET Léopold, Le Trésor du bibliophile, P. Carteret 1924-1928

Pseudonymes, noms de plume et avatars

Toute sa vie, GENGENBACH usera de masques ; un nom d’écrivain surréaliste, par prudence certainement, des pseudonymes dissimulant son identité pour ses livres les plus scandaleux, l’emploi d’une particule nobiliaire inventée. Des avatars aussi, autant de doubles dont il fit des coryphées célébrant son hagiographie, exprimant ses sentiments les plus sincères, dialoguant avec lui-même par un procédé littéraire bien connu.

Noms de plume

Jean GENBACH

C’est son nom surréaliste celui avec lequel il signe en 1925 sa lettre à La Révolution Surréaliste. Une prudence pour cacher ses démarches à sa famille. C’est sous ce nom que BRETON le désigne et qu’il publiera ses deux premier livre L’Abbé de l’Abbaye (1927) et Satan à Paris (1927) avant de prendre son indépendance en rompant, officiellement, avec le Surréalisme. On le trouve encore sous cet alias référencé dans des ouvrages ou des sites sur le Surréalisme.

Jehan SYLVIUS

Son pseudo pour ses ouvrages satanistes : Messes noires (1929), Comment on force l’amour (1929), La papesse du diable (1931),

GENGENBACH

Son vrai nom avec lequel il signe Surréalisme et Christianisme (1938).

Ernest de GENGENBACH

Est le nom qu‘il affectera après-guerre signant tous ses ouvrages ainsi, sauf les rééditions de ses ouvrages satanistes, toujours caché sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS ;

Avatars

GENGENBACH met en scène dans son œuvre littéraire des nombreux personnages qui sont autant d’avatars, de masques, de prête-noms, de faire-valoir. Comme il surchargeait les visages de ses collages de loups, ces noms à clé, assez évidentes si l’on connait sa vie, peuplent ses affabulations.

Robert JOLIVET

Dans L’Abbé de l’Abbaye, ce personnage historique, un abbé bénédictin du Mont-Saint-Michel félon, dénoncé en 1420 pour avoir abandonné sa communauté bénédictine dont il était le Prieur pour se rallier aux Anglais qui faisaient le siège du monastère, dénoncé comme « le chien couchant des Anglais ».

Le Négre musicien

Incarnation de Satan, tentateur faisant chuter le jeune séminariste mais aussi double de GENGENBACH dans L’Abbé de l’Abbaye, Satan à Paris, L’Expérience démoniaque T II Nègre musicien

Frère Colomban de Jumièges

Nom dérivé du nom du séminaire où il fit ses études, « Saint Colomban de Luxeuil », du nom du saint ² et de celui de l’abbaye de « Jumièges » ³ qui suivit la règle de saint Colomban avant d’adopter celle, moins austère, de saint Benoit.

François de CACAMP / François le Cacan

Un prêtre marxiste défroqué dans L’Expérience Démoniaque, un courrier à BRETON LJD 14 octobre 1946 et une lettre du 6 avril 1964 CNAEF 72 PP 49 n°54 à Mgr GUERRY, cf. également La réponse à l’enquête de Combat (1948).

Jean de LISPACH

Dans son scénario de film Le moine et la sirène.

Juan d’Estalric

De Vintras et la messe d’Or T II. Association de Juan, forme espagnole de « Jean », et « Estalric » un pseudo littéraire employé par Lydie BASTIEN.

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² Colomban de Luxeuil https://fr.wikipedia.org/wiki/Colomban_de_Luxeuil

³ Abbaye de Jumièges https://parcours-europeens-rouen.fr/labbaye-de-jumieges/

Raimon de CORNET (1298-1350)

Ce poète troubadour toulousain, un temps franciscain, qui dénonça la papauté d’Avignon traitée de Babylone et le pape d’Antéchrist, voyant dans l’Apocalypse l’annonce de la fin imminente des temps, fut menacé du bûcher. ⁴ GENGENBACH en fit le sujet de son projet de pièce de théâtre pour Jean VILAR et un ses précurseurs en dénonciation de la trahison de l’église romaine. GENGENBACH qualifia BRETON de pape d’Avignon par ironique révérence peu appréciée du destinataire.

Olivier de SURANCES

Du nom de la commune de naissance de l’auteur de Gruey-lès-Surance(s) ; employé dans un projet de livre FEG 504, 507/4 qui était une suite autobiographique à Adieu à Satan, projet inachevé évoqué dans une correspondance avec Giancarlo DALLESPEDALE du 30 mai 1977 LEG-GD 31.

Le Duc de Cabardès

Du La Tourette-Cabardès, commune de résidence de GENGENBACH entre 1953 et 1968. Intervient dans Le rituel de la Messe d’Or ainsi que dans le projet de fiction autobiographique précité, Olivier de Surances est amoureux, victime aussi, d’une satanique Duchesse de Cabardès, récit où GENGENBACH s’incarne aussi dans un « prêtre olivétain » et dans un « prêtre surréaliste », une sorte de polymorphisme littéraire où l’auteur est tous les personnages à la fois.

Méthodologie

Nous nous sommes efforcés de recenser l’ensemble des écrits connus, œuvres publiées, inédits et correspondances de GENGENBACH, que nous présentons ici par ordre chronologique, pour en faciliter la compréhension par la lecture parallèle de sa vie (Tome I) qui éclaire la production littéraire et parce que sa correspondance ainsi que ses œuvres restées inédites témoignent assez par la production littéraire simultanée d’œuvres anticléricales, sataniques, blasphématoires et d’œuvre édifiantes, des chutes et rechutes successives de GENGENBACH « de Satan à la Vierge Marie ».

La correspondance de GENGENBACH qui nous est conservée date d’après-guerre. Il est probable que celle antérieure a été détruite avec d’autres archives quand GENGENBACH partant au régiment en 1939 a remis un lot de papiers personnels à sa mère qui, de peur d’être inquiétée par la police française ou allemande, l’a mise prudemment au feu. GENGENBACH inventera que son appartement a été pillé on ne sait trop par qui.

Cette correspondance d’environ deux cents lettres est, au regard de la période de trois décennies, 1945-1979, assez peu abondante pour un homme de lettres. La part littéraire et de considérations artistiques en est faible rapportée à celle où l’auteur quémande des soutiens financiers, expose dans de longues missives ses malheurs dans une forme de harcèlement épistolaire de prélats. GENGENBACH « est prodigue de son encre » selon la formule du Père Prieur DOLLE mais c’est pour un chantage à la conversion et à la relapse. Le couple GENGENBACH vécut après-guerre des subsides extorqués à l’Eglise, l’auteur n’obtenant aucun contrat d’édition pour des projets d’ouvrages édifiants, renonçant, un temps, à diverses rééditions de ses œuvres sacrilèges jusqu’à celles par Éric LOSFELD. Rappelons que GENGENBACH n’eut aucun emploi sur toute cette période, à l’exception de quelque mois seulement dans l’immédiat après-guerre) et qu’il avait ruiné son épouse par l’édition à compte d’auteur d’Espis, un nouveau Lourdes ?

Sa correspondance avec Mgr GUERRY, archevêque de Cambrai, est une acmé de cette littérature victimaire. Il épuise la patience du prélat l’assaillant de lettres logorrhéiques, jusqu’à une par jour, alternant gémissements dignes de Job, imprécations lucifériennes, promesses tartuffiâtes de repentir, émaillées de quelques accents de sincérité, ne perdant jamais sa morgue, sa suffisance, se victimisant, rendant l’église responsable de sa déchéance « financière, vestimentaire, alimentaire ».

GENGENBACH qui aimait dilapider l’argent de ses vieilles égéries, était fort vain de son physique et, gros mangeur sinon bon bec, détestait rien tant que la faim et honnissait la maladie.

Nous citons dans ce tome, en annexe, des correspondances entières qui éclairent la vie de l’auteur, permettent de documenter ses omissions, ses demi-mensonges, ses pures affabulations car, jusqu’à l’extrême ultime fin, durant les derniers jours de son agonie, il se réinventera, ajoutant quelques traits à son apologie. GENGENBACH n’a jamais écrit de romans de pure fiction, il n’a cessé de parler de lui, persuadé qu’il était LE sujet le plus intéressant, sans grande considération pour le travail stylistique, usant ad nauseam parfois des mêmes formules « s.o.s. » « érotico-mystique » « Eternel féminin » « clochard intellectuel » … une monnaie de mots qu’il finit par user à force de les employer alternativement comme les « trente deniers de Judas » et l’obole pour accéder au Ciel.

Terminologie

L.A.S. : Lettre Autographe Signée

Ms : manuscrit

s.l.n.d. : sans lieu ni date

Tapuscrit : texte original tapé à la machine à écrire

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⁴ Raimon de CORNET (1298-1350) grammairien, poète, troubadour, très critique du pape d’Avignon traité d’Antéchrist et de l’Eglise romaine qualifiée de Babylone. Sources :

https://www.wikipoemes.com/poemes/raimon-de-cornet/biographie-index.phphttps://sourcebooks.fordham.edu/source/14ccornet.asp

Rareté et cotation des ouvrages et

manuscrits

Le désintérêt de la recherche académique surréaliste pour GENGENBACH considéré, avec raison, comme un adepte insincère, opportuniste, ayant peu apporté littérairement au mouvement et ayant, rejeté par le mouvement, déblatéré contre l’athéisme marxisant de BRETON et consorts, ainsi que le peu de qualité stylistique intrinsèque de ses ouvrages dont l’intérêt principal est la mise en scène complaisante par l’auteur de ses dilemmes spirituels au service d’une carrière toute bâtie sur l’alternance du scandale satanique et des conversions, l’ignorance par l’histoire littéraire générale, rendent la cotation des éditions originales de l’auteur, de ses inédits et de ses manuscrits, sans commune mesure avec celle des personnalités dont il fait un bouquet d’anecdotes dans ses écrits.

Peu lu en son temps, complétement oublié après 1950, ayant eu une nouvelle mais éphémère brillance à la fin des années 1960 grâce à Éric LOSFELD, ses ouvrages originaux sont devenus rares. Ceux édités à compte d’auteur le furent en peu d’exemplaires, certains partirent en nombre au pilon comme Espis, un nouveau Lourdes ? les ouvrages publiés sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS le furent sur du très mauvais papier et pour un public pas vraiment bibliophile.

Dieu merci, deodat (Dieu a donné), grâce à Albert RONSIN, la médiathèque déodatienne de Saint-Dié-des-Vosges conserve un Fonds GENGENBACH très riche d’inédits et de correspondances, fond auquel il faut ajouter une passionnante et vaste correspondance avec Mgr GUERRY conservée par le Centre National des Archives des Evêques de France, celle essentielle conservée par Giancarlo DALLESPEDALE reversée au Fonds déodatien, quelques correspondances et envois reçus par André BRETON conservés par l’AAAB (Association Atelier André BRETON) et la Bibliothèque, qui ne sont malheureusement pas en accès libre ni aisé, et de reproduction payante d’où leur absence de notre ouvrage, des correspondances privées que nous présentons ici grâce à l’amabilité de leurs détenteurs, particuliers ou libraires.

Pour l’intérêt des chercheurs et des bibliophiles, nous présentons ici un classement de la rareté relative des seules éditions originales, cotation établie à partir de notre recherche systématique des livres passés en salle des vente ou offerts par des libraires. Cette cotation n’a évidemment qu’une valeur relative. Nous avons dû constituer, pour le bénéfice de la complétude de cet ouvrage, une collection complète de toutes les éditions originales que nous tenons à disposition de tous chercheurs souhaitant prolonger, approfondir, corriger le travail ici engagé de réhabilitation, non pas de l’homme GENGENBACH, mais de sa place dans l’histoire littéraire française.

La cotation se lit ainsi * rarissime, ** rare, *** modérément rare, aucun ouvrage n’étant **** abondant.

L’Abbé de l’Abbaye **

Messes noires *

La Papesse du Diable *

Comment on force l’amour * (un seul exemplaire ?)

Judas, le Vampire Surréaliste **

L’Expérience Démoniaque ***

Adieu à Satan **

Espis, nouveau Lourdes *

Surréalisme et Christianisme *

Bibliographie raisonnée

Présentée par ordre chronologique.

1924

GENGENBACH réfugiée chez madame Catherine HÉRISÉ engagea la rédaction d’une pièce de théâtre autobiographique sur les amours malheureuses d’un ex séminariste, œuvre probablement seulement ébauchée, dont le manuscrit initial est perdu, mais qu’il reprendra tout sa vie pour aboutir au Moine et la Sirène dont l’état final, un palimpseste, est conservé à Saint-Dié.

1925

Lettre à La Révolution Surréaliste

La première œuvre littéraire publiée de GENGENBACH est sa lettre à La Révolution Surréaliste adressée le 10 juillet 1925 reproduite, partiellement, dans le N°5 du 15 octobre 1925 p. 1 et 2, sous le titre Une lettre (reprise partielle de la lettre) ⁵ LRS n°5

1926

Lettre à Pierre BÉARN

En 1926, GENGENBACH connait une crise mystique que nous croyons