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Iconographie du péché originel verset par verset: 382 illustrations
Iconographie du péché originel verset par verset: 382 illustrations
Iconographie du péché originel verset par verset: 382 illustrations
Livre électronique663 pages3 heures

Iconographie du péché originel verset par verset: 382 illustrations

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À propos de ce livre électronique

Le dogme du péché originel est un des piliers de la foi chrétienne. C'est parce que l'Homme est pécheur qu'il doit être racheté par la Grâce divine, grâce rendue possible par le sacrifice rédempteur de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
L'art chrétien est doctrinaire, selon la formule d'Emile MALLE. Cet ouvrage, à travers 382 illustrations, suit le récit de la Genèse, verset par verset, pour montrer comment les artistes ont retranscrit en images les enseignements des églises chrétiennes, comment l'art se fit propagandiste mais, aussi, comment il évolua depuis l'art paléochrétien et médiéval, sorte de catéchèse en images, et ce dès la Renaissance, à une représentation de la Tentation comme une peinture de genre érotique qui prépare les transgressions ,parfois sacrilèges, de l'art moderne et de la publicité.
Le commentaire des images est éclairé par l'exégèse biblique, la théologie et la dogmatique pour expliquer les choix faits par les artistes pour, par exemple, figurer le serpent avec le visage d'Eve ou montrer la création de la femme de la côte ou du côté de l'homme.
LangueFrançais
Date de sortie11 déc. 2023
ISBN9782322493258
Iconographie du péché originel verset par verset: 382 illustrations
Auteur

Christophe Stener

Christophe Stener, auteur de plusieurs livres d'histoire de l'art associant exégèse biblique et histoire générale, notamment sur le Livre d'Esther, DREYFUS et Judas Iscariot, enseigne à l'Université Catholique de l'Ouest.

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    Aperçu du livre

    Iconographie du péché originel verset par verset - Christophe Stener

    Table des matières

    Table des matières

    Introduction

    Commentaire doctrinal, non esthétique

    Composition

    Symboles, Codes, et Stéréotypes

    Montrer, ou non, Dieu

    Références

    La chute des anges rebelles

    Genèse I

    La création de l’univers

    1,21 Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux, et tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon.

    Création de l’Homme

    1.26 Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! »

    1,26a Faisons l’homme à notre ressemblance

    1,26b « et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! »

    1,27 Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa.

    1,27a Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa

    1,27b Mâle et femelle il le(s) créa

    1,28a Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-là.

    1,28b Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! »

    1,29 Dieu dit : « Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence ; ce sera votre nourriture.

    Genèse II

    Bonheur d’Adam et Eve au paradis

    2,7 Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant.

    2,8a Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient

    2,8b « Il y plaça l’homme qu’il avait formé »

    2,9 Le SEIGNEUR Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.

    2,10-14 Les fleuves du Paradis

    2,15 Le SEIGNEUR Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder.

    L’interdit fait à Adam

    2.16-17 Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l’homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, 2.17 mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »

    2,18 Le SEIGNEUR Dieu dit : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée. »

    2,19 Le SEIGNEUR Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu’il amena à l’homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l’homme avait pour nom « être vivant » ;

    2,20a L’homme désigna par leur nom tout bétail, tout oiseau du ciel et toute bête des champs

    2,20b mais pour lui-même, l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée.

    2,21-22 La création de la femme

    2,23-24 Le mariage d’Adam et Eve

    2.25 Tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, sans se faire mutuellement honte.

    Genèse III

    3,1 Or le serpent était la plus astucieuse de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Dieu avait faites. Il dit à la femme : « Vraiment ! Dieu vous a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin… » 2 La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, 3 mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas afin de ne pas mourir. » 4 Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez pas, 5 mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux possédant la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. »

    3,6 La manducation du fruit défendu

    3,7 Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils surent qu’ils étaient nus. Ils surent qu’ils étaient nus. Ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des pagnes.

    8 Or ils entendirent la voix du SEIGNEUR Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour. L’homme et la femme se cachèrent devant le SEIGNEUR Dieu au milieu des arbres du jardin. 9 Le SEIGNEUR Dieu appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? » 10 Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur car j’étais nu, et je me suis caché. » . 267

    C’est la femme !

    3,12 L’homme répondit : « La femme que tu as mise auprès de moi, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé.

    Colère d’Adam

    Repentir d’Eve

    C’est le serpent

    Châtiment divin

    Le châtiment du serpent

    3,14 Tu marcheras sur ton ventre…

    3,15 Celle-ci te meurtrira à la tête…

    3,15 Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci te meurtrira à la tête et toi, tu la meurtriras au talon. »

    3,14 Le SEIGNEUR Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tous les bestiaux et toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie

    Châtiment de la femme

    3,16 Il dit à la femme : « Je ferai qu’enceinte, tu sois dans de grandes souffrances ; c’est péniblement que tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera.

    Châtiment d’Adam

    3,17 Il dit à Adam : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais formellement prescrit de ne pas manger, le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie.

    Bénévolence de Dieu

    3,21 Le SEIGNEUR Dieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau dont il les revêtit.

    3,22 Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous qu’il ne tende pas la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en manger et vivre à jamais ! »

    3,23 Le SEIGNEUR Dieu l’expulsa du jardin d’Eden pour cultiver le sol d’où il avait été pris.

    Expulsion

    Travail d’Adam, maternité d’Eve hors du paradis

    Repentance d’Eve

    Repentance d’Adam

    Repentance d’Adam et Eve

    3,24 Ayant chassé l’homme, il posta les chérubins à l’orient du jardin d’Eden avec la flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie.

    Genèse IV

    Meurtre d’Abel par Caïn

    Adam et Eve damnés ?

    Genèse V

    Age d’Adam et Eve

    Mort d’Adam

    L’arbre des vices

    Table des noms

    Table des illustrations

    Bibliographie

    Sommaire général de l’ouvrage

    Illustration de couverture

    Le peintre et graveur GOLTZIUS (1558-1617), nom latinisé de Hendri(c)k GOLTZ, allégorise dans ce tableau ¹ daté de 1616, achevé un an avant sa mort, le péché originel comme un péché de chair.

    Le couple est mollement allongé. Eve, présentant son dos et son fessier à Adam, et au spectateur, offre à Adam la pomme déjà entamée par elle ; son coude pèse presque sur le sexe d’Adam. Le bouc aux cornes sataniques, regarde avec concupiscence la chèvre qui joue l’innocente en broutant quelques herbes, une métaphore de la prostituée qui perd les jeunes gens selon le peintre et écrivain hollandais Karel van Mander I (1548 - 1606). La main droite d’Adam presse une figue, fruit du figuier qui viendra cacher leur honte (Gen. 3,7), mais aussi fruit symbolisant la fécondité selon la symbolique chrétienne, symbole d’abondance, promesse de rédemption car Adam, qui n’a pas encore mangé le fruit défendu, est encore digne de la promesse édénique tandis qu’Eve a déjà perdu la pureté originelle. Le chat, animal symbolisant le désir sexuel, est témoin de la Faute ; faussement indifférent, comme celui de la gravure de DÜRER de 1504, le chat, juge silencieux, regarde le spectateur et l’interpelle sur ses propres turpitudes. Le serpent a figure humaine, celle d’Eve car, selon saint Paul : « c’est par Eve que le péché est entré dans le monde » (1 Tim. 14). Au loin, on aperçoit un éléphant qui s’éloigne ; l’éléphant, animal qui, selon le Physiologos (II-IVe siècles), incarne la tempérance, la chasteté ainsi que le Christ, représente ici, par son éloignement, la séparation de l’Homme d’avec Dieu par la Faute de sa Transgression.

    Chargée d’érotisme, l’œuvre de GOLTZIUS reste moralisante. Conforme à la doctrine augustinienne, elle enseigne que le péché originel fut le mauvais usage, par orgueil, fait par l’Homme de sa liberté mais, aussi, une concupiscence charnelle, celle qui fit céder Adam à la séduction d’Eve, d’où l’ambiguïté de l’œuvre car, formellement, l’artiste nous offre du péché une image fort séduisante du moment de la Chute, de l’instant où bascula l’humanité dans le péché.

    Figure 1 GOLTZIUS 1616


    ¹ National Gallery, Washington https://www.nga.gov/collection/art-object-page.95659.html

    Introduction

    Cet ouvrage est le premier volume du tome consacré à l’iconographie du péché originel qu’il présente verset par verset ; le second tome regroupe des études thématiques (imagerie du serpent ; le Christ, nouvel Adam…) et des monographies consacrées à des artistes et œuvres majeures. Notre analyse des images synthétise des commentaires de la glose chrétienne et juive sur le récit biblique, ainsi que des écrits apocryphes, qui éclairent l’intention de l’artiste et le sens religieux de l’enseignement de l’œuvre, gloses présentées dans les tomes III, IV et V de notre étude du péché originel qui devrait comporter, au final, douze tomes, selon le sommaire présenté en annexe au présent volume.

    Un art de la doctrine

    « Le moyen âge eut la passion de l’ordre. Il organisa l’art comme il avait organisé le dogme, le savoir humain, la cité. La représentation des sujets sacrés fut alors une science qui eut ses principes, et qui ne fut jamais abandonné à la fantaisie individuelle » Émile MÂLE ²

    Émile MÂLE dit vrai en écrivant que « l’art médiéval est une écriture sacrée ³» mais tout l’art chrétien est « un art de doctrine » selon sa formule. Ainsi commentant La Vierge des palefreniers (1606) de CARAVAGE, il écrit de l’art religieux de la Contre-Réforme : « On voit que l’Eglise, au commencement du XVIIe siècle, avait repris la direction de l’art. Voilà un exemple de cet art de doctrine, dominé par la pensée catholique, qui apparaît après le concile de Trente. Si intéressantes que les études consacrées jusqu’à présent au dessin, à la couleur, aux traditions d’école des artistes de la fin du XVIe et du commencement du XVIIe siècle, on avouera que, pour les comprendre pleinement, il est nécessaire de descendre plus avant et de pénétrer jusqu’à la pensée qu’ils furent chargés d’exprimer. ⁴» Ainsi La Vierge des palefreniers ne peut se comprendre sans connaître la controverse sur le verset 3,15 dit « protévangile » dont l’interprétation théologique opposa Catholiques romains et Chrétiens réformés, que nous étudions au fond dans le tome III au titre des Quaestiones disputatae.

    Détournements profanes

    L’interprétation sexuelle du péché originel par AUGUSTIN, les vastes commentaires sur la sexualité avant et/ou après la faute du premier couple, l’endoctrinement de la bénédiction par Dieu de l’union de la femme et de l’homme comme fondement du mariage chrétien, la nudité des protagonistes avant leur faute tout cela charge le récit d’érotisme. De la représentation scripturaire du couple nu puis découvrant la pudeur à la scène de genre d’un couple nu enlacé, mangeant des pomme dans un verger, il n’y a qu’un pas que l’art de la Renaissance franchit, ouvrant la voie à un détournement du récit du péché originel à des fins profanes, à une hypersexualisation de l’épisode par l’art moderne, la littérature, le cinéma, la publicité, toutes digressions au mieux agnostiques, au pire sacrilèges que la sécularisation des sociétés et une vulgate psychanalytique du péché originel cf. t. VIII ont banalisé. Nous ne traitons dans ce tome que de l’art religieux, présentant les détournements profanes dans le tome XI.

    Etat de la recherche

    Si la littérature exégétique, théologique et dogmatique sur le Péché originel est immense, deux fois millénaire, l’analyse de sa représentation par l’art religieux n’est matière qu’à quelques chapitres dans les présentations générales de l’art chrétien par les auteurs de référence - Emile MÂLE, Louis BRÉHIER, Louis RÉAU, François BOESPFLUG, Jérôme BASCHET, tous cités dans le présent ouvrage, offrent des perspectives essentielles mais, le plus souvent, consacrées au seul art médiéval.

    Les ouvrages sur le péché originel se satisfont souvent d’une image de couverture et encore très souvent l’une des plus connues, de DÜRER, CRANACH, en particulier.

    Il n’existe, en langue française, à notre connaissance, qu’une thèse sur notre sujet celle (2003) de Lise WAJEMAN en Littérature et civilisation comparées 2003 qui ne porte que sur le XVIe siècle.

    L’immense iconographie pieuse de la chute de l’Homme semble une mine encore inexploitée.

    Ainsi que l’écrit François BOESPFLUG : « C’est typique : au cours du siècle qui s’est vu qualifier de « siècle de l’image », les plus grands théologiens catholiques, même s’ils ont été finalement nombreux à deviner tout l’intérêt qu’il y aurait à le faire, ont peu travaillé sur les enjeux profonds de l’histoire concrète des principaux sujets de l’art chrétien ⁵ ».

    Ainsi, selon François BOESPFLUG, dans l’immense œuvre de Karl RAHNER, un seul texte Die Theologie des Bildes (1938) ⁶ traite de l’imagerie sacrée : « Pour Rahner, le symbole joue un rôle essentiel en théologie. … Comment représenter Dieu dans le langage ? Nous n’avons pas mille et une manières pour parler de Dieu : analogie, signe, icône, métaphore, ou symbole. … L’analogie est la voie classique pour parler de Dieu. Pour le signe, Saint AUGUSTIN a développé toute une pensée très intéressante. L’icône a encore une autre signification en théologie, surtout développée picturalement dans l’Église orthodoxe. La métaphore est plutôt contemporaine comme réflexion et reprise dans différents travaux, dont ceux de Paul RICOEUR. Il reste le symbole. … A la différence du signe, le symbole ne réfère pas à quelque chose. Il a la référence en lui-même. … RAHNER (emploie) plutôt en allemand le terme Realsymbol qui pour lui emprunte le double terme : réel et symbole. Il voulait dire par cette concaténation que le symbole n’est pas un lien mental ou arbitraire comme le signe, mais un lien réellement existant. … (ainsi) « toute la théologie, et aussi dans son être même est une théologie du symbole » .. Dans la théologie rahnerienne, un symbole a quatre aspects. Le symbole est : - analogique ; - sacramentel : le symbole est efficace, il opère ce qu’il signifie, et nous avons ici un lien avec le langage performatif … ; - auto-perfectionnant … ; - manifestation dans la pensée : le symbole arrive à l’homme dans la pensée, des sons, signes, et du texte. ⁷» Ainsi « une image, par sa nature, demande à être vue et est donc d'emblée un objet conçu pour la transcendance ».

    Puisse notre ouvrage, malgré ses limites et ses imperfections, susciter un travail de recherche sur l’iconographie du péché originel.

    Champ de l’étude

    Champ biblique

    Si le récit du péché originel est relaté au chapitre III de la Genèse, il ne peut être étudié que mis en perspective avec le chapitre I, celui de la création selon le rédacteur dit Elohiste ainsi qu’avec le chapitre II, le second récit de la création, celui-là par le rédacteur dit Yahviste, cf. tome I, Introduction à la Genèse. L’interprétation religieuse de la chute est éclairée par les épisodes ultérieurs notamment le meurtre d’Abel par Caïn, la naissance de Seth, le Déluge et la Tour de Babel que nous évoquerons au détour des commentaires théologiques introduisant les divers épisodes de Genèse I à V ici étudiés.

    La chute des anges rebelles relatée par Isaïe et l’Apocalypse, parce qu’elle figure en entrée de nombreux ouvrages médiévaux selon la doctrine chrétienne, mais aussi dans certaines gloses judaïques, pour publier que le serpent fut l’émissaire de Lucifer-Satan venu tenter l’Homme, ouvre également notre étude de l’iconographie du péché originel.

    Champ historique

    Nous analysons l’ensemble de l’iconographie religieuse du péché originel depuis l’art paléochrétien jusqu’à l’art contemporain. L’étude de l’iconographie profane, celle du détournement des symboliques, en particulier sexuelles de la consommation du fruit défendu est traitée dans le tome XI de cet ouvrage mais nous montrons dans ce tome comment les artistes de la Renaissance ont ouvert la voie à une érotisation des images.

    Art religieux versus art libertin

    Art religieux certes, mais on verra combien que sous (dé)couvert de la nudité obligée car scripturaire du premier couple avant la Faute, même s’il existe des exemples de couples habillés, voire rhabillés par pudeur par des repeints comme L’expulsion (1423) de MASACCIO, la Tentation devient dès la Renaissance matière à des œuvres si érotisantes qu’elles en sont libertines, au sens à la fois d’esprit fort, de libre penseur et d’esprit porté sur la sensualité, œuvres peu édifiantes visant à exciter les sens du spectateur. Les détournements du motif ne datent pas de l’époque moderne ou, à tout le moins, ils ont été préparés par BALDUNG, CRANACH, CABANEL et bien d’autres.


    ² MÂLE Émile, L’art religieux du XIIIe siècle en France : étude sur l’iconographie du moyen âge, Réed. Hachette Livre BNF Gallica, Ed. 1868, p.1,

    ³ Ibidem, p.4

    ⁴ MÂLE Emile. La signification d'un tableau du Caravage. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 47, 1930. pp. 1-6. DOI : https://doi.org/10.3406/mefr.1930.7198www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1930_num_47_1_7198

    ⁵ BOESPFLUG François, L’histoire de Dieu dans l’art. Revue Lumière et vie. http://lumiere-et-vie.fr/numeros/LV_283_pages_5-17.pdf

    ⁶ RAHNER Karl, Theologie der religiösen Bedeutung des Bildes (1983)

    ⁷ KUYPERS Willem, Théorie du Symbole chez Karl RAHNER, https://www.academia.edu/42659900/Th%C3%A9orie_du_Symbole_chez_Karl_Rahner

    Commentaire doctrinal, non esthétique

    Le lecteur ne trouvera ici aucun jugement sur les qualités esthétiques de l’œuvre analysées. Certes le génie d’un DÜRER fait de sa gravure de 1504 du couple dans la splendeur de la ressemblance à Dieu un tournant dans l’imagerie du péché originel mais les plus naïves représentations, celles des peintures murales de Chapelle St-Gonery de la fin du XVe siècle à Plougrescant ou la fresque copte de l’église d’Abreha wa-Atsbeha des X-XIe siècles, pour ne citer qu’elles, sont, s’agissant de l’histoire de l’art du péché originel, tout à fait passionnantes à étudier.

    Ce champ immense d’étude oblige à des choix, choix d’œuvres d’abord puisque la Chute est avec la Vie du Christ l’un des plus représentés de l’art religieux chrétien, choix de méthode également. Notre propos n’est pas de commenter les œuvres au regard de leurs qualités esthétiques, de les resituer dans un mouvement artistique, de les éclairer par la biographie de l’artiste, mais d’en indiquer le sens religieux, d’expliquer en quoi chaque œuvre est un parti pris doctrinal, participe de l’enseignement du dogme, en un mot d’interpréter l’œuvre au regard des Écritures, à travers leur exégèse et leur dogmatisation. Nous donnons ici, pour chaque image, les points de repère principaux de cette lecture biblique des représentations du péché originel, justifiant et développant ces perspectives dans notre ouvrage consacré à Exégèse, dogmatique et théologie du péché originel auquel nous faisons de nombreux renvois mais permettant une lecture autonome de ce tome de notre recherche sur le péché originel.

    Choix des œuvres

    On trouvera peu d’œuvres hébraïques dans cet ouvrage compte tenu de l’aniconisme juif mais le lecteur trouvera de

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