À propos de ce livre électronique
Saint-Maurice. Il choisit de s'installer à Montréal, au cœur même du quartier ouvrier où il a grandi. Là, il renoue avec sa sœur, Noémie, espérant tisser des liens familiaux serrés et donner un peu de stabilité à ses filles, Lucie et Jasmine.
Le jeune veuf n'est cependant pas au bout de ses peines. En plus de passer ses journées dans une manufacture de tabac pour un salaire de misère, il apprend par hasard que Noémie travaille comme tenancière de maison close. Pris au dépourvu et voulant éviter que ses enfants soient mêlés à ses histoires, il coupe abruptement les ponts avec elle.
Or, Lucie, qui a à peine quinze ans, est pleine d'admiration pour sa tante. Ignorant tout de son métier et de son passé, elle essaie de réparer les pots cassés et va à sa rencontre. Mais un terrible incendie bouleversera irrémédiablement la vie des Goyette... Jérémie saura-t-il surmonter sa rancœur et réunir à nouveau ceux qu'il aime ?
Lise Bergeron
Née à Authier-Nord, en Abitibi, à la fin des années 1940, Lise Bergeron est la troisième d'une famille de sept enfants. Dès le début de son enfance, les livres de Tintin et de Bob Morane l'accompagnent dans son cheminement littéraire. Madame Bergeron fait ses études en infirmerie à l'école Saint-François-d'Assise à Québec, puis retourne en Abitibi en 1968, plus précisément à Macamic, où elle travaille dans un sanatorium. Suite à son mariage l'année suivante, elle se retrouve à Labrieville, sur la Côte-Nord, pour ensuite déménager à Cap-Santé, dans le comté de Portneuf. Retraitée depuis 2007, elle partage maintenant ses temps libres entre la lecture, l'écriture et les voyages. Le Destin d'Éva est son premier roman, dont la l'ébauche initiale date du début des années 1990.
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Avis sur Le retour en ville
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Aperçu du livre
Le retour en ville - Lise Bergeron
De la même auteure
aux Éditions JCL
La rivière aux adieux
1. Le pardon, 2019
2. L’engagement, 2019
Pour l’amour de Marie, 2015
Le destin d’Éva, 2014
À vous tous, chers lecteurs et lectrices, du fond de mon cœur, je vous dédie ce roman. Vous êtes la motivation qui nourrit chacune de mes pages.
« Il faut toujours viser la lune, car même encas d’échec, on atterrit dans les étoiles ! »
Oscar Wilde
1
Charette, 1926
La lumière du jour avait cédé sa place au crépuscule. Le village se préparait pour un repos bien mérité après avoir enduré l’accablante chaleur de cette magnifique journée d’été. Un peu à contrecœur, les enfants délaissaient leurs jeux pour revenir à la maison, où les attendaient leurs parents pour la prière en famille. Ils avaient été prévenus que dès l’apparition de la brunante ils devaient rentrer, et tous obéissaient sans trop rechigner. L’école ayant fermé ses portes depuis quelques jours, ils avaient devant eux deux longs mois de vacances pour profiter de leur liberté.
Une cacophonie joyeuse s’empara de la rue Principale le temps que chacun regagne son foyer.
Assis sur la première marche de la galerie, Jérémie Goyette surveillait ses deux filles qui s’attardaient un peu plus loin en compagnie de leurs amis. Le cœur gros, il ressentait la peine que ses enfants n’arrivaient pas à dissimuler en faisant leurs adieux. Lucie, son aînée, acceptait très mal sa décision de déménager à Montréal. Par tous les moyens, passant des pleurs à la colère, même en utilisant la menace, sa grande avait tenté de le faire changer d’idée. À regret, il lui avait imposé son choix. Il ne pouvait pas faire autrement, sinon, il ne s’en sortirait jamais. Trop de souvenirs douloureux lui empoisonnaient l’existence. C’est ailleurs qu’il irait chercher l’apaisement, et peut-être, au fil du temps, redécouvrir le bonheur. Il se devait de le faire pour ses filles, les deux seules raisons de vivre qu’il lui restait.
La mort prématurée de sa femme, un an plus tôt, avait plongé Jérémie dans un profond désarroi. Un bête accident lui avait ravi celle qu’il aimait tant. Sa douce Cécile s’était noyée dans la Petite rivière Yamachiche lors d’un pique-nique en famille. Pendant qu’il se reposait béatement sur l’herbe fraîche, elle se permettait un agréable moment de détente, les pieds dans l’eau. Bien averties de ne pas trop s’éloigner, Lucie et sa petite sœur étaient parties se promener en bordure de la forêt. Lorsque Jérémie avait ouvert les yeux quelques minutes plus tard, son épouse n’était plus là. Il s’était dit que Cécile avait dû profiter du moment pour faire une marche le long de la rivière. Après avoir examiné les alentours, il avait aperçu son chapeau de paille qui flottait sur l’eau. Incrédule, il avait hurlé son nom sans obtenir de réponse. Pris de panique, même s’il n’était pas très bon nageur, Jérémie avait plongé dans la rivière. Au risque d’y laisser sa vie, il avait tout tenté pour la retrouver. Épuisé, le malheureux avait été secouru par deux pêcheurs qui s’adonnaient paisiblement à leur sport favori sur l’autre rive. Le rescapé n’avait pas aussitôt repris son souffle que, déjà, il se préparait à replonger. Ses sauveteurs avaient dû utiliser la force pour l’en empêcher.
Jérémie avait retrouvé un semblant de calme en apercevant ses deux filles qui se tenaient par la main. Toutes tremblantes, elles le fixaient d’un air affolé. Sans hésitation, il leur avait ouvert les bras, mais seule Jasmine, la benjamine, s’y était réfugiée. En sanglotant, elle avait murmuré :
— Elle est où, maman ? Pourquoi elle n’est pas là ?
Incapable de lui expliquer, Jérémie avait appuyé la tête de l’enfant sur son épaule tout en lui caressant tendrement la joue. La réponse était venue de Lucie qui, âgée de quatorze ans, réalisait l’ampleur du drame.
— Maman est morte… elle s’est noyée…
Le regard inondé de désespoir, elle s’était enfuie en courant vers la maison située quelques arpents plus loin. Pendant des jours, l’adolescente était demeurée enfermée dans un profond silence. Ce n’est que plus tard, après que le corps de sa mère fut retrouvé, qu’elle avait enfin fait sauter les digues qui emprisonnaient son chagrin.
Tous ces souvenirs trottaient dans la tête de Jérémie pendant qu’il surveillait ses enfants et leurs amis. L’écho de leurs voix imprégnées de tristesse et de promesses de toutes sortes, curieusement, lui parvenait comme enveloppé d’espoir. Lucie et Jasmine connaîtraient un meilleur avenir à Montréal, où elles pourraient fréquenter de grandes écoles tenues par des religieuses. N’ayant reçu lui-même que très peu d’instruction, tout juste ce qu’il lui fallait pour écrire un texte bourré de fautes, il s’était juré que sa progéniture, peu importait le sexe, aurait droit au savoir. Une fois installé en ville, il pourrait aussi requérir l’aide de sa sœur Noémie qui vivait tout près, dans le quartier Hochelaga. Il ne savait pas trop où elle travaillait. Tout ce qu’elle lui avait dit, c’était qu’elle gagnait sa vie dans un restaurant. Elle ne parlait jamais de son emploi. Connaissant sa grande générosité, il se disait qu’elle aurait sûrement quelques heures à leur consacrer, à ses filles et lui.
Né dans la grande ville, Jérémie avait grandi dans cet environnement jusqu’aux jours pénibles de l’après-guerre. Marié et père d’une fillette, il avait choisi de s’établir dans un village à la campagne afin d’offrir à sa famille une meilleure qualité de vie. Sept ans plus tard, le décès inattendu de sa femme était venu bouleverser leur existence et tout remettre en question.
Dès qu’ils seraient installés dans leur nouveau logis, il chercherait un bon emploi. Ça ne serait probablement pas trop difficile d’en trouver un, l’économie fonctionnait très bien depuis un certain nombre d’années. La vente de sa maison lui procurerait un coussin financier, le temps qu’il organise leur nouveau chez-eux. L’appartement qu’il avait loué sur la rue Ontario était entièrement meublé. L’ancienne occupante étant décédée sans aucun héritier, le propriétaire des lieux avait conservé tout l’ameublement. Un peu radin, il avait profité de la situation pour augmenter le prix de son loyer. Pour Jérémie, c’était quand même une aubaine. Ça lui évitait ainsi les frais supplémentaires que lui aurait coûtés le transport de son propre mobilier déjà usé jusqu’à la corde. La petite famille n’emporterait avec elle que les souvenirs, les vêtements et les objets personnels.
Voyant que ses filles prolongeaient les adieux, le père de famille décida d’y mettre fin. Tous devaient se lever tôt le lendemain, car le départ était prévu à six heures précises. Son voisin lui avait gentiment offert de les conduire jusqu’à la gare. Ils ne devaient pas être en retard, car le train ne les attendrait pas. Jérémie écrasa son mégot de cigarette sous son pied et se redressa d’un bond. Grand et mince, les cheveux noirs parsemés de fils gris, le jeune veuf était un bel homme à la fin de la trentaine. Son regard sombre aux reflets mordorés dégageait en permanence une légère ombre de mélancolie. Ouvrier de profession, habile dans tous les travaux manuels, il n’avait jamais chômé. En plus de son emploi de commis à l’épicerie, il offrait ses services pour différentes besognes qui lui rapportaient un supplément monétaire appréciable. Il était aimé et respecté dans tout le village. Son départ en chagrinait plusieurs qui auraient bien aimé le voir changer d’avis, mais Jérémie était demeuré inflexible.
— Allez, les filles, il est temps de rentrer ! cria-t-il en direction du petit groupe d’enfants qui, en entendant son appel, avaient cessé leur bavardage.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui avec au fond des yeux une ombre de ressentiment. C’était lui, le gros méchant qui se préparait à leur enlever leurs amies !
N’en faisant aucun cas, le père de Jasmine et de Lucie réitéra sa demande, avec un peu plus d’autorité cette fois :
— Rentrez tout de suite ! Il est assez tard !
Jasmine obéit immédiatement à la sommation. En courant, elle traversa la rue pour rejoindre son père. Âgée d’à peine six ans, la gamine présentait encore les traits de la petite enfance. Les joues rondes, les bras et les cuisses potelés, les cheveux blonds coiffés en boudins, elle ressemblait à un angelot. Lorsqu’elle posait sur lui son candide regard bleu, tellement semblable à celui de sa mère, Jérémie sentait sa gorge se nouer de nostalgie. Malgré tous les efforts qu’il s’imposerait pour se construire un nouvel avenir, sa fille allait constamment lui rappeler sa douce Cécile. Un jour, par contre, la douleur disparaîtrait pour céder la place aux bons souvenirs.
Gentiment, il caressa la tête de la fillette lorsqu’elle passa près de lui.
— Va mettre ta jaquette ! Je vais te raconter une histoire quand tu seras prête…
— Vous racontez toujours la même ! Je veux que ce soit Lucie !
— D’accord ! On va lui demander, mais dépêche-toi, il ne faut pas vous coucher trop tard.
L’enfant obéit promptement. À la suite du décès de sa mère, Jasmine avait vécu une période difficile. Les premiers jours, elle pleurait continuellement en demandant sa maman. Ses nuits étaient peuplées de cauchemars et elle refusait de s’alimenter. Accablé par la disparition cruelle de son épouse, incapable de s’occuper de l’enfant, Jérémie avait sollicité l’aide de la voisine. La jeune femme, qui avait aussi été l’amie proche de Cécile, avait recueilli la petite chez elle, le temps que les choses se replacent. Par la suite, c’était Lucie qui avait repris le rôle de la mère auprès de sa cadette. Refermée sur son chagrin, l’aînée répétait tous les gestes de la disparue. Elle s’était même mise à fredonner ses mélodies préférées. Sa grande fille souffrait, et Jérémie ne savait pas comment l’aider. Elle refusait toutes ses approches en lui signifiant d’une voix sèche que tout allait bien. C’est vrai qu’il aurait dû être plus présent pour elle, mais il avait cru qu’elle préférait vivre sa peine toute seule. Il n’avait pas fait beaucoup d’efforts non plus pour tenter un rapprochement. Il espérait que leur départ pour Montréal arrangerait les choses, au moins en partie. Lucie traversait la difficile période de l’adolescence, ce qui compliquait davantage leurs relations. Un léger malaise s’était installé entre eux. La pétulante gamine qui lui sautait au cou pour des riens n’existait plus.
Elle aurait tellement besoin de sa mère…, songeait-il en observant sa fille qui avançait vers lui.
Longiligne, presque maigre, Lucie était une singulière combinaison de ses deux parents. Les cheveux noirs de son père et les traits délicats de sa mère donnaient à son visage une étonnante beauté. Ses membres graciles et son teint de porcelaine pouvaient laisser supposer qu’il s’agissait d’une personne fragile, mais c’était tout le contraire. La jeune fille était forte et persévérante. Jamais elle ne laissait une tâche inachevée et, surtout, bâclée. Jérémie s’était promis qu’une fois installé à Montréal, il l’enverrait terminer ses études dans un couvent tenu par des religieuses. Loin de lui l’idée qu’elle prenne le voile. Son but était en réalité que Lucie reçoive une instruction digne de son talent. En même temps, elle côtoierait d’autres jeunes filles avec lesquelles elle pourrait nouer des amitiés. Lui ne connaissait rien aux mystères d’une adolescente. Il choisirait une école assez près de leur appartement afin de lui épargner le pensionnat. Jérémie ne voulait pas séparer les deux sœurs, elles avaient besoin l’une de l’autre.
Lorsque Lucie arriva devant lui et qu’elle le dévisagea pendant quelques secondes, il remarqua ses yeux rougis. Il y décela un mélange de peine et de colère, voilé par un chatoiement de défi. Sans prononcer un mot, elle monta en courant les marches de la galerie, puis dans un geste rageur, claqua la porte derrière elle.
— Ouf ! murmura le père, nullement surpris par le comportement de son aînée. Le voyage risque d’être ardu !
* * *
Les prémices de l’aube enveloppaient l’horizon d’une douce lueur rosée. Le chœur matinal des oiseaux éloignait peu à peu le silence de la nuit. Le joyeux concert réveilla Jérémie qui avait dormi tout habillé sur le vieux divan du salon. Courbaturé, il prit le temps de s’étirer un peu avant de se lever. Son attention se porta soudain sur le vieux crucifix qui surplombait la porte d’entrée. Cet objet le suivait depuis son enfance, et il avait failli l’oublier ! Que de souvenirs il lui rappelait ! Le plus triste se rapportait au décès de sa mère alors qu’il n’avait que cinq ans. Les hurlements de la malheureuse l’avaient tenu éveillé une partie de la nuit. Son père l’avait enfermé dans la chambre qu’il partageait avec sa petite sœur, âgée d’un an à peine. Il lui avait interdit de sortir, lui disant qu’il risquait une sévère punition s’il désobéissait. Au petit matin, il était venu le chercher afin qu’il voie sa maman une dernière fois. Elle était immobile et toute pâle. Sur le drap, il y avait un crucifix, et à ses côtés sur le lit, un bébé au visage bleuté. Cette image était restée gravée dans la mémoire du garçonnet. Par la suite, le Christ en croix avait disparu. L’homme endeuillé accusait le fils de Dieu de ne pas avoir fait son devoir en laissant mourir son épouse ainsi que son enfant nouveau-né.
Ce n’est que des années après le décès de son père qu’il avait retrouvé le crucifix dans le grenier, enfoui sous une pile de vieux journaux.
Jérémie était croyant et pratiquant, mais sans excès. Il mettait en doute l’autorité de certains religieux qui, comme lui, étaient de simples êtres humains, mais qui abusaient de leur pouvoir au nom du Créateur. Par contre, il admettait l’existence des miracles, car c’en était vraiment un qui lui avait évité d’être envoyé au front. Le 24 mai 1917, lors de la manifestation anticonscription qui se déroulait au square Victoria à Montréal, il avait été blessé à une jambe. Une vilaine fracture lui avait permis d’être rejeté temporairement par l’armée. Par la suite, sa blessure s’était infectée, ce qui avait retardé la guérison de plusieurs mois, empêchant ainsi son enrôlement. Réapprendre à marcher sans boiter lui avait demandé de grands efforts, mais c’était grâce à cet accident qu’il avait pu rester auprès de sa famille jusqu’à la fin de la guerre.
Après avoir étouffé un profond bâillement, Jérémie quitta sans regret l’inconfort du fauteuil sur lequel il avait passé la nuit. Une fois debout, il alla décrocher le crucifix et souffla dessus pour enlever la poussière.
— Qu’est-ce que vous faites, papa ? demanda une toute petite voix ensommeillée.
Dans la semi-obscurité de l’aurore, sa benjamine lui fit penser à un chérubin avec ses longs cheveux blonds emmêlés qui flottaient sur ses délicates épaules. Ému par la beauté de son enfant, Jérémie lui sourit avant de lui répondre :
— J’emmène Jésus avec nous autres pour qu’il nous protège.
— Pour qu’il nous protège de quoi ?
Surpris par la question inattendue de sa fille, Jérémie bredouilla la première réponse qui lui vint à l’esprit :
— Pour… pour qu’il nous protège contre les maladies…
— Il y a des maladies à Montréal ? insista Jasmine.
Jérémie savait que s’il ne mettait pas un frein tout de suite à la conversation, elle s’éterniserait. Gentiment mais fermement, il lui dit :
— Il y a des maladies partout, mais ne t’inquiète pas avec ça ! Va vite te préparer et réveille ta sœur, sinon nous allons manquer notre train. Pendant que vous vous habillerez, je vais vous faire à déjeuner. Allez, dépêche-toi !
Après le départ de la fillette, Jérémie ouvrit sa valise et, sur le tas de vêtements entassés pêle-mêle, il déposa le crucifix.
— Lucie ne veut pas se lever ! cria Jasmine depuis la chambre des filles.
Jérémie ressentit un amalgame de lassitude et de colère. Il serra les poings en même temps que sa respiration s’accélérait. Lucie défiait encore une fois son autorité. Il aimait sa fille de tout son cœur, mais son entêtement à contester toutes ses décisions écorchait de plus en plus sa patience. Il ne savait plus comment la prendre et ça l’attristait de devoir continuellement lui imposer ses propres choix. L’adolescente n’avait pas encore accepté la mort de sa mère, et parfois, Jérémie avait l’impression qu’elle le tenait responsable de ce qui était arrivé. Dès qu’il tentait un rapprochement, elle se refermait davantage. Tout ce qu’il souhaitait désormais était que Lucie se trouve de nouveaux amis à Montréal et que, éloignée de tout ce qui lui rappelait sa chère disparue, elle recommence à être heureuse.
En soupirant, Jérémie se dirigea vers la chambre, anticipant le conflit qu’il devrait gérer.
Étendue à plat ventre sur son lit, les couvertures relevées par-dessus la tête, Lucie attendait son père. Son cœur cognait dans sa poitrine. L’adolescente connaissait déjà l’issue de leur conversation, mais elle voulait le confronter, lui faire mal. En réalité, ça lui était égal de partir pour Montréal. Là-bas, elle ne serait pas plus malheureuse qu’elle l’était ici. Le vide qu’elle ressentait depuis le départ de sa mère se creusait de plus en plus chaque jour. Son père ne pensait qu’à son propre malheur. Ce n’était qu’un égoïste qui se fichait de sa peine à elle. Après le drame, quand elle avait eu tant besoin de sa présence rassurante pour la consoler, il s’était replié sur lui-même. Durant des semaines, tous les matins, il quittait la maison pour se rendre à la rivière. Souvent, il ne rentrait qu’à l’heure du midi et, sans même toucher au repas qu’elle avait préparé, il s’enfermait dans sa chambre. Jamais Lucie n’avait autant ressenti la douleur de la solitude. Si sa petite sœur avait été là, son chagrin aurait été plus facile à supporter, mais sans même lui demander son avis, son père avait laissé la voisine l’emmener. Malgré ses protestations, il n’avait pas voulu céder.
— Ta sœur va être mieux ailleurs, le temps que je me remette d’aplomb, lui avait-il signifié.
D’une voix tremblante, elle lui avait répondu :
— Et moi, vous pensez que je n’ai pas de peine ! Maman est morte, et en plus vous m’enlevez ma petite sœur !
Elle avait espéré que son père la prendrait dans ses bras pour la consoler, mais il avait simplement ajouté :
— Tu es une grande fille. Jasmine, elle, n’est qu’une gamine.
Pendant un instant, il avait hésité, puis il était reparti se cloîtrer dans sa chambre. C’était à partir de ce moment-là qu’elle s’était juré de vivre son chagrin toute seule. Elle n’avait besoin de personne, peu lui importait l’endroit où elle demeurerait. Sa seule consolation dans cette vie injuste était la présence de sa cadette. Avec l’innocence de son âge, Jasmine ne réalisait pas ce que la mort voulait dire. L’explication des adultes lui suffisait. Sa maman était au ciel avec les anges, et un jour, elle irait la rejoindre.
Quant à Lucie, la perte de sa mère avait creusé un gouffre profond dans son être, car l’adolescente en connaissait la finalité. Pour accepter l’inacceptable, elle avait dû trouver un coupable. Ce jour-là, c’était son père qui avait insisté pour aller pique-niquer au bord de la rivière. Sa mère aurait préféré se reposer à la maison, mais pour ne pas déplaire à son mari, elle avait finalement accepté.
Jamais elle ne le lui pardonnerait…
Même si elle l’anticipait, le coup frappé sur la porte la fit sursauter. Avant même qu’elle ne réponde, son père ouvrit, puis passa la tête par l’entrebâillement :
— Dépêche-toi, sinon nous allons être en retard !
Lucie fit comme si elle n’avait rien entendu. Jérémie exhala un long soupir d’impatience. Avant de dire quoi que ce soit, il prit une profonde respiration. Il allait commencer par la douceur, et si ça ne fonctionnait pas, il aviserait.
— Lève-toi, ma grande ! Nous n’avons plus de temps à perdre. Ça ne donne rien de t’entêter, nous prenons tous le train pour Montréal ce matin !
L’adolescente demeura la tête enfouie sous le drap.
Énervé, son père entra dans la pièce et la menaça :
— Si tu ne te lèves pas immédiatement, je te sors du lit moi-même et tu vas prendre le train en jaquette !
L’adolescente n’avait pas l’intention de céder. Elle connaissait son père, il ne mettait jamais ses menaces à exécution. Quand il verrait qu’elle n’avait pas l’intention d’obéir, il la supplierait, et c’est ce qu’elle voulait. C’était la façon qu’elle avait trouvée pour qu’il se rende compte de son existence.
Un bref moment de silence s’écoula avant que Jérémie ne réagisse. Contrairement à ce que s’était imaginé sa fille, d’un geste brusque il tira sur les couvertures. Lucie laissa échapper un cri de surprise en tentant de les rabattre sur elle.
— Pourquoi tu ne veux pas venir à Montréal avec moi et papa ?
Jasmine se tenait dans l’embrasure de la porte, sa poupée pressée sur la poitrine. Les efforts qu’elle s’imposait pour ne pas pleurer faisaient trembler sa voix. Lucie en eut le cœur tout chaviré. Avant cet instant, elle n’avait jamais réalisé qu’en défiant son père, elle blesserait sa cadette. Repentante, elle lui fit signe d’approcher.
— Viens m’aider à faire ma valise, sinon nous allons manquer le train !
Provocante, elle ajouta :
— Et papa ne sera pas content du tout !
La gamine s’élança vers son aînée qui lui ouvrit les bras tout en effleurant son front d’un léger baiser. Soulagé par la tournure des événements, Jérémie s’empressa d’aller préparer le déjeuner et de voir aux derniers préparatifs.
* * *
Le convoi avait quitté la gare depuis deux heures. Jasmine dormait profondément, la tête appuyée sur les genoux de Jérémie. L’émerveillement de son premier voyage en train l’avait tenue éveillée jusqu’au moment où sa nuit écourtée s’était fait sentir. Après que sa sœur se fut endormie, Lucie avait quitté la banquette qu’elle partageait avec sa famille pour aller s’installer un peu plus loin. Depuis l’altercation du matin avec son père, elle ne lui avait pas adressé la parole. Un malaise composé de tristesse et de ressentiment l’empêchait de profiter de la beauté du moment.
Depuis qu’elle était toute petite, elle rêvait de prendre le train qui traversait le village chaque jour en faisant un bruit infernal. Souvent, avec ses amis, ils allaient voir l’énorme machine entrer en gare. Le contrôleur, un souriant monsieur à la peau noire, leur envoyait la main gentiment. Une fois, accompagnée de ses parents, elle avait attendu fébrilement l’arrivée d’une passagère. Sa tante Noémie, la sœur de son père, était venue passer quelque temps parmi eux. C’était durant son séjour à la maison que Jasmine était venue au monde. Pendant longtemps, Lucie avait cru que c’était sa tante qui avait transporté le nourrisson dans ses bagages… Plus tard, lorsqu’elle avait fêté ses douze ans, sa mère lui avait expliqué d’où venaient les bébés. Parfois, durant les vacances d’été, son père l’emmenait pêcher à la rivière. Un jour, il avait dû la porter sur son dos pour le retour à la maison. Bêtement, elle avait glissé sur une pierre et s’était foulé la cheville. Pendant deux semaines, elle avait dû marcher avec des béquilles qu’il avait lui-même fabriquées pour elle.
Lucie égrainait dans sa tête un chapelet de souvenirs, comme si le fait de quitter le village où elle avait grandi allait les dissoudre dans l’oubli. L’émotion lui comprimait la gorge. La réminiscence du beau visage de sa mère penchée sur elle pour lui souhaiter une bonne nuit fut de trop. Malgré tous les efforts qu’elle faisait pour les retenir, les larmes franchirent la digue qu’elle avait érigée.
Après le départ de Lucie, Jérémie installa Jasmine sur la banquette en face de lui. Afin qu’elle soit plus confortable, il roula sa veste en boule pour lui appuyer la tête. Ému, il contempla le visage de son enfant qui, abandonnée dans son sommeil, lui paraissait si fragile.
Pendant qu’elle dormirait, il en profiterait pour se dégourdir les jambes en faisant quelques pas dans l’allée. Par la même occasion, il irait jeter un coup d’œil à son aînée, histoire de s’assurer que tout allait bien.
Il venait tout juste de quitter son siège lorsqu’il entendit :
— Vous pouvez vous éloigner sans inquiétude. Je vais surveiller votre fille durant votre absence, si vous me le permettez.
Jérémie se tourna vers l’arrière, d’où provenait la voix. Une femme assise sur la banquette deux rangées plus loin le fixait gentiment. Elle était vêtue sobrement d’un tailleur gris et d’une blouse blanche à frisons. Elle portait un étrange petit chapeau marine avec sur le côté une broche en forme de serpent. Son regard quasiment aussi bleu que son couvre-chef brillait derrière le verre de ses lunettes. Devant l’air surpris de son vis-à-vis, elle sourit, puis se présenta :
— Je m’appelle Émilia Roussin.
En même temps, elle se redressa, puis s’avança vers lui. Avec assurance, elle lui tendit la main, que Jérémie serra poliment.
— Jérémie Goyette…
Ne trouvant rien à rajouter, un peu intimidé, il se racla la gorge. Devant son malaise, l’étrangère s’expliqua :
— J’ai vu que votre petite fille s’était endormie. Je me suis dit que vous aimeriez vous détendre un peu. C’est pourquoi je vous ai fait cette proposition…
Elle laissa sa phrase en suspens avant de clarifier :
— Vous êtes bien le papa de cette charmante fillette ?
— J’espère que oui, répondit Jérémie en retrouvant son sens de l’humour.
À l’unisson, ils éclatèrent de rire. Leur court moment d’hilarité achevé, ils se fixèrent quelques secondes, les yeux dans les yeux. Jérémie ressentit un étrange malaise qui accéléra son rythme cardiaque. Embarrassé, il détourna le regard.
— Je… je vous remercie de votre gentillesse, mais je vais rester auprès de ma fille au cas où elle se réveillerait. Elle serait très inquiète si je n’étais pas là.
— C’est comme vous voulez, le rassura la dame. Ne vous gênez pas si vous changez d’idée. À quel endroit est-ce que vous allez ?
— Je me rends jusqu’à Montréal, et vous ?
— Moi aussi, répondit Émilia. Il reste au moins une heure avant d’arriver. Je vous réitère mon offre, au cas où vous auriez besoin d’aller aux toilettes.
Jérémie sentit son visage s’empourprer. Cette femme faisait preuve d’un sans-gêne incroyable. Mal à l’aise, il bafouilla :
— Mon autre fille est assise un peu plus loin. Elle viendra surveiller sa sœur si jamais je devais m’éloigner.
La belle inconnue le gratifia d’un sourire qui lui fit prendre conscience qu’il était encore un homme. De plus en plus embarrassé, Jérémie regagna sa banquette après lui avoir marmonné un simple merci du bout des lèvres. Un tourbillon d’émotions s’abattit sur lui. Pour la première fois depuis la mort de son épouse, il ressentait un besoin d’amour autre que celui qu’il partageait avec ses enfants. Bouleversé face à cette évidence, Jérémie éprouvait une étrange sensation faite de honte et de plaisir. Cette élégante jeune étrangère avait réveillé ses sens qui dormaient depuis le jour où Cécile s’était noyée. Ne pouvant lutter contre son imagination, il baissa les paupières et donna libre cours à la folle du logis. Une brèche venait de s’ouvrir dans son tourment. Son deuil n’occupait plus toute la place. Pendant les minutes qui suivirent, Jérémie réalisa enfin que la vie était plus forte que la mort. Son choix de tout vendre et de retourner à Montréal était le bon. C’était la meilleure décision qu’il avait prise depuis son veuvage. Tout laisser derrière n’avait pas été si difficile, car pour le bonheur de ses filles, il se devait d’être heureux lui-même. Et pour ce faire, il allait changer radicalement sa façon de vivre. Les années pendant lesquelles il avait résidé à Charette, cet agréable petit village de campagne, ne lui avaient apporté que de la joie, sauf la dernière. Son retour dans la grande ville lui donnait l’impression de revenir à la maison après un très long voyage. L’appartement qu’il avait loué était situé dans le quartier de son enfance, où il était né, où il avait grandi et où il avait rencontré celle qui allait devenir la mère de ses enfants. Perdu dans ses souvenirs, épuisé par une nuit trop brève, il
