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Objectif Hergé: « Tintin, voilà des années que je lis tes aventures »
Objectif Hergé: « Tintin, voilà des années que je lis tes aventures »
Objectif Hergé: « Tintin, voilà des années que je lis tes aventures »
Livre électronique195 pages2 heures

Objectif Hergé: « Tintin, voilà des années que je lis tes aventures »

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À propos de ce livre électronique

Tout commence en 1930 dans la violence de la révolution bolchevique au pays des Soviets. Tout se boucle en 1986 dans l’univers huppé de l’art contemporain. Entre la lutte des classes et la polémique esthétique, la saga de Tintin est une quête du bien dans la violence de l’histoire du XXe siècle. De la Terre à la Lune, entre mer, désert et cimes, flanqué du socratique Milou puis de l’ivrogne au grand cœur Haddock, le petit Don Quichotte qui aime les livres affronte tous les bandits du monde. Environ 12 000 vignettes en noir et blanc puis en couleurs : culminant dans le silence de la ligne claire, la saga de Tintin est une aventure esthétique et humaine. Cet essai ludique y revient au prisme de son imaginaire social qui en fait une oeuvre universelle jusque dans la relation parodique.
LangueFrançais
Date de sortie16 sept. 2021
ISBN9782760644571
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    Aperçu du livre

    Objectif Hergé - Michel Porret

    Michel Porret

    OBJECTIF HERGÉ

    «Tintin, voilà des années

    que je lis tes aventures»

    Champ libre

    Les Presses de l’Université de Montréal

    DU MÊME AUTEUR

    Le sang des lilas. Une mère mélancolique égorge ses quatre enfants en mai 1885 à Genève, Genève, Georg, 2019.

    Sur la ligne de mire. Le présent crénelé, Genève, Georg, 2019.

    L’ombre du Diable. Michée Chauderon, dernière sorcière exécutée à Genève, Genève, Georg, 2019 (2009).

    Dictionnaire critique de l’utopie au temps des Lumières (av. B. Baczko et F. Rosset), Genève, Georg, 2016.

    Les corps meurtris. Investigations judiciaires et expertises médico-légales au XVIIIe siècle (av. F. Brandli), Rennes, PUR, 2014.

    La chaîne du pénal. Crimes et châtiments dans la République de Genève sous l’Ancien Régime (av. M. Cicchini, V. Fontana, L. Maugué, S. Vernhes Rappaz), Genève, Georg, 2010.

    Sur la scène du crime. Pratique pénale, enquête et expertises judiciaires à Genève (XVIIIe-XIXe siècle), Montréal, PUM, 2008.

    Beccaria. Le droit de punir, Paris, Michalon, 2003 (en italien: 2013, Milan; en espagnol: 2017, Buenos Aires).

    L’homme aux pensées nocturnes. Pierre Frémont, libraire et explicateur de rêves à Genève au siècle des Lumières, Genève, Métropolis, 2001.

    Montesquieu. Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (1734), Genève, Droz, 2000.

    Le crime et ses circonstances. De l’esprit de l’arbitraire au siècle des Lumières selon les réquisitoires des procureurs généraux de Genève, Genève, Droz, 1995 (prix Montesquieu 1995).

    Voir le blogue de Michel Porret sur: https://blogs.letemps.ch/michel-porret/

    «Tintin, voilà des années que je lis tes aventures»: citation tirée des Cigares du pharaon (15, 4, d).

    Éditeur conseil: Benoît Melançon

    Mise en pages: Yolande Martel

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Objectif Hergé: «Tintin, voilà des années que je lis tes aventures.» / Michel Porret.

    Noms: Porret, Michel, auteur.

    Collections: Champ libre (Presses de l’Université de Montréal)

    Description: Mention de collection: Champ libre | Comprend des références bibliographiques.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210052481 | Canadiana (livre numérique) 2021005249X | ISBN 9782760644557 | ISBN 9782760644564 (PDF) | ISBN 9782760644571 (EPUB)

    Vedettes-matière: RVM: Tintin (Personnage fictif) | RVM: Hergé, 1907-1983—Personnages. | RVM: Hergé, 1907-1983—Critique et interprétation. | RVM: Hergé, 1907-1983. Aventures de Tintin.

    Classification: LCC PN6790.B44 T569 2021 | CDD 741.5/9493—dc23

    Dépôt légal: 3e trimestre 2021

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021

    www.pum.umontreal.ca

    ABRÉVIATION DES TITRES

    DES ALBUMS DE TINTIN*

    7 boules Les 7 boules de cristal

    Affaire L’Affaire Tournesol

    Alph-art Tintin et l’Alph-art

    Amérique Tintin en Amérique

    Bijoux Les Bijoux de la Castafiore

    Cigares Les Cigares du Pharaon

    Coke Coke en stock

    Congo Tintin au Congo

    Crabe Le Crabe aux pinces d’or

    Étoile L’Étoile mystérieuse

    Île L’Île Noire

    Lotus Le Lotus bleu

    Objectif Objectif Lune

    Oreille L’Oreille cassée

    Or noir Tintin au pays de l’or noir

    Picaros Tintin et les Picaros

    Sceptre Le Sceptre d’Ottokar

    Secret Le Secret de La Licorne

    Soviet Tintin au pays des Soviets

    Sur la Lune On a marché sur la Lune

    Temple Le Temple du Soleil

    Tibet Tintin au Tibet

    Trésor Le Trésor de Rackham le Rouge

    Vol 714 Vol 714 pour Sydney

    * Dans ce livre, on ajoutera l’abréviation NB pour indiquer qu’il s’agit de la version en noir et blanc.

    Voir également en annexe le tableau chronologique des 24 albums parus de 1930 à 1986.

    PRÉLUDE

    «Papa, Tintin entend-il Milou quand il lui parle?»

    Arsène, printemps 2020.

    «On a souvent remarqué que les albums d’Hergé demandent à être relus1.»

    Les aventures de Tintin: environ 1620 planches colorées dans la version définitive, soit près de 12 000 vignettes. Comme l’index illustré du XXe siècle, la saga se déploie de la Terre à la Lune2. Tout commence en 1930, dans la violence de l’histoire politique au paradis des Soviets3. Tout se boucle en 1986, par un album inachevé, dans l’univers huppé des collectionneurs et des faussaires d’art contemporain (Alph-art). Entre la lutte des classes et la controverse esthétique: un monde complet.

    Prépublications feuilletonesques dans la presse «enfantine» (Le Petit Vingtième, Le Journal Tintin, Cœurs Vaillants), deux ères chromatiques, traductions, produits dérivés (jouets, jeux, vêtements, publicité et films), contrefaçons et pastiches, inflation herméneutique: l’ampleur culturelle des aventures de l’intrépide Tintin, qu’escorte l’ange gardien Milou, réverbère l’histoire du court XXe siècle, cet «âge des extrêmes», tel que le qualifie l’historien marxiste Eric Hobsbawm4.

    Tintin est contemporain de l’époque de la guerre totale, du colonialisme, de la ségrégation, du narcotrafic, des révolutions, de l’impérialisme, du totalitarisme, du fascisme, du régime concentrationnaire, des rivalités pétrolières, de la guerre froide et même de la traite des êtres humains. Plusieurs albums en témoignent, notamment Tintin au pays des Soviets, Tintin au Congo, Tintin en Amérique, Les Cigares du Pharaon, Le Lotus bleu, L’Oreille cassée, Le Sceptre d’Ottokar, Le Crabe aux pinces d’or, mais aussi L’Étoile mystérieuse, Tintin au pays de l’or noir, L’Affaire Tournesol, Coke en stock et Tintin et les Picaros.

    Entre conflits hégémoniques, coups d’État, «grande menace» atomique et révolutions d’opérette, Tintin évolue sans vieillir dans le chaos mondial du XXe siècle. Le crime (mais aussi la folie) en constitue une page substantielle5. En eurythmie face au tintamarre planétaire, le reporter juvénile figure peut-être le pacifisme et le conservatisme humaniste de l’ancien scout catholique Hergé.

    Plus d’une fois, présence fugace dans le théâtre des péripéties de Tintin, Hergé en consigne la véracité comme le fait un journaliste à l’affût du bon scoop. Bloc-notes à la main, entouré d’enfants émus dont Quick et Flupke, il assiste au départ ferroviaire du reporter «pour l’Afrique» (Congo, 1, 1, a)6. Revêtu d’un uniforme de parade, il voit la brutale capture policière de Tintin dans la galerie fleurie des fêtes du palais de Klow, là où la diva Bianca Castafiore enchante le roi Muskar XII et la cour avec l’air du Faust de Charles Gounod (Sceptre, 38, 4). Parmi la foule massée devant la grille monumentale du parc du manoir de Moulinsart dont les vitres éclatent mystérieusement («GLING, BLING, CLING»), Hergé écrit sur un calepin ce qu’il voit et ce qu’il entend (Affaire, 13, 3). Il atteste ce qu’il crée. D’obédience hitchcockienne, le caméo hergéen rappelle le projet même de la bande dessinée.

    «Sapristi! comment faire pour… Ah! la radio… Capitaine, la radio… Là, à côté de vous» (Affaire, 32, 1, b): Tintin est un grand usager de «machines à transmettre» (T.S.F., téléphone, magnétophone, radio). Hergé sait montrer ce qui s’énonce au loin, dépêche, information burlesque ou dramatique, S.O.S., voire message télépathique que Mik Ezdanitoff propage avec le «transmetteur de pensée» (Vol 714, 45, 1-2)7.

    En outre, l’aventure décline la puissance mécanique. Automobile, jeep, train, avion, hydravion, bateau (cargo, paquebot, yacht, croiseur militaire, navire polaire, sambouk, boutre, hors-bord, canot de sauvetage8), camion, motocyclette, fusée, chars d’assaut et lunaire, submersible, voire OVNI: la vitesse et la mobilité – double condition de la modernité – escortent la saga, comme au cinéma ou dans toute bonne bande dessinée d’aventures9.

    L’audace du globe-trotteur impressionne lorsque, scaphandrier, il brave les squales au fond de l’océan pour retrouver l’improbable trésor d’un pirate tué en combat singulier au XVIIe siècle. Son sang-froid lui permet de sillonner le désert du Proche-Orient, d’avancer en s’agrippant à l’échelon mobile sur le fuselage d’une fusée dans l’espace sidéral, mais aussi, en costume spatial, de pénétrer une grotte lunaire où il découvre de la glace. Ou encore, après un rêve prémonitoire, d’escalader les cimes neigeuses du Népal pour sauver l’ami Tchang captif au Tibet du yéti (paternel ou maternel10). Tourné vers le bien, souvent à la recherche d’un objet dérobé ou d’une personne enlevée (Tryphon Tournesol), Tintin est la figure héroïque qui relativise bien heureusement les sanglots victimaires d’aujourd’hui.

    Les Cigares du Pharaon (1934) fonde la mythologie de Tintin lui-même. Il y rejoint les héros éternels de l’enfance petite et grande, notamment Babar, Mowgli, Peter Pan, Alice, Bécassine, le Club des Cinq, Bob Morane, Sherlock Holmes, Tarzan et, plus près de nous, Harry Potter11. Coiffé d’un cheich, captif du redoutable cheik Patrash Pasha qui l’accuse d’empoisonner les «nobles hommes du désert» avec du savon de Marseille, le reporter devient légendaire quand l’esclave noir du souverain brandit un album des Aventures de Tintin En Amérique dans la version en noir et blanc de 1934 (Cigares, 31, 3, b), On a marché sur la Lune dans la version en couleurs de 1955 (Cigares, 15, 4, d)12. Sous sa tente accueillante, le pieux prince des dunes exulte: «Voilà des années que je lis tes aventures. Regarde!… Aussi, trois fois béni soit le jour de notre rencontre!»

    Si la chronologie interne de la saga est niée par la mention de l’exploit lunaire postérieur au cas des cigares du Pharaon, le mythe s’accomplit pour forger l’intemporalité universelle de l’aventure. L’autoréférence fictionnelle des aventures de Tintin dans un épisode singulier de celles-ci met fin au principe de linéarité de l’épopée dont – rappelle Hergé en illustrant l’œuvre dans l’œuvre – la lecture peut s’amorcer par un épisode ou un autre, indépendamment de l’ordre chronologique de la publication, au gré de l’humeur du lecteur, au fil de ses désirs d’aventure, selon la flânerie dans la bibliothèque.

    L’existence fictive de Tintin est un fait tangible: il suffit de considérer les 230 millions d’albums de ses aventures publiés en 100 langues et dialectes. La réception planétaire de la saga est spectaculaire. Issu de la littérature «exotique», populaire et éducative née dans le Journal des voyages et les Voyages extraordinaires de Jules Verne lus par Hergé, incarnant la mystique de l’aventurier moderne, «surenfant» qui brave l’autorité d’adultes criminels, Tintin reste l’icône juvénile la plus achevée des mythologies actuelles13.

    Vingt-quatre albums: la série culte est devenue l’objet d’une borgésienne littérature analytique, descriptive, érudite14. Cette exégèse doit beaucoup au beau livre précurseur, paru en 1983, de Benoît Peeters Le monde d’Hergé (Casterman), après Le monde de Tintin en 1959 du pamphlétaire droitiste Pol Vandromme (Gallimard)15. Sources, variantes, thèmes, structures: l’épais «dossier Tintin» recèle notamment 312 patronymes de personnages identifiés (dont Dupond et Dupont; les frères G. et Maxime Loiseau; Milou; le débonnaire gorille Ranko et le yéti bienveillant) 16. S’y ajoutent les personnages secondaires anonymes imaginés par Hergé, cet artiste généreusement biographié17. Même sous la forme d’une bande dessinée semi-réaliste, très bien documentée, plutôt sensible: Les aventures d’Hergé18.

    L’épopée planétaire de Tintin nourrit les dispositifs cinématographiques propres aux longs métrages naturels avec des acteurs19. Concis catalogue filmique: Tintin et le mystère de la Toison d’or (1960, réalisé par Jean-Jacques Vierne, scénario André Barret et Remo Forlani; Tournai, Casterman, 1962); Les Oranges bleues (1964, par Philippe Condroyer; Tournai, Casterman, 1965). S’y ajoutent de plus nombreux films d’animation, courts et longs métrages: Le Crabe aux pinces d’or (1947) avec des poupées, par la réalisatrice Claude Misonne; Le Sceptre d’Ottokar (1957), L’Oreille cassée (1957), Tintin et le Temple du Soleil (1964), Tintin et le lac aux requins (1972). Voilà cinq films d’animation dont les deux derniers sont aussi édités en albums. En 2011, qu’apporte vraiment Steven Spielberg avec le blockbuster 3D d’animation électronique (computer animation) The Adventures of Tintin: The Secret of the Unicorn? Pas grand-chose, à vrai dire.

    Aux Aventures de Tintin d’après Hergé réalisées en 7 séries (102 épisodes de 5 minutes) pour Belvision par Ray Goossens (1959-1964), avec la narration de Jean Nohain, s’ajoutent les 39 épisodes des Aventures de Tintin (20, 24 ou 40 minutes, Elipse, Nelvana, 1991) conçus par Stéphane Bernasconi. Avec son générique culte (digest de la plupart des épisodes), l’ambitieuse série franco-belgo-canadienne d’animation en couleurs modernise 21 albums de la série (sauf Soviets, Congo et Alph-art). L’aficionado guette impatiemment le caméo de Hergé qui anime chaque épisode.

    À Genève comme ailleurs en Europe, dans l’ombre graphique de Magritte, l’espiègle version théâtrale des Bijoux de la Castafiore (2001, 2011) du dramaturge Dominique Catton attire les foules de 7 à 77 ans, en soirée et en matinée. De plus, en 2001 à Anvers, Le Temple du Soleil (Kuifje, de Zonnetempel) de Seth Gaaikema et Frank van Laecke, musique de Dirk Brossé, inscrit l’univers de Hergé dans le répertoire néerlandais de la comédie musicale, avant l’adaptation en français

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