La ROUTE CRAMOISIE ET L'OR DES NAZIS
Par Gilles Parent
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À propos de ce livre électronique
Pour réaliser un rêve, Alex achète un célèbre avion de combat de ce banquier gentilhomme. Il doit ramener l’appareil au Québec par l’ancienne voie aérienne connue sous le nom de « la route cramoisie ». Il filmera son odyssée avec une caméra d’action, alors que Ying tournera les séquences au sol, tout en étant amoureux d’une irrésistible Écossaise au service du banquier. Sa mission se déroule au milieu d’une vie de château, où surviennent des évènements bizarres aboutissant à un meurtre étonnant.
Depuis Montréal, Ariane contrôle le cheminement du reportage axé sur le périple de la route cramoisie, qui prend tragiquement la forme d’une estafette chargée de deux cents lingots d’or à l’insu d’Alex. Et ce, pendant que Ying doit survivre à une poursuite funeste dans les voûtes de whisky où gît le cadavre du banquier. Alertée par Ariane, la GRC planifie au mieux pour intercepter Dorothy, l’insaisissable « femme en or » et mettre fin au trafic d’or nazi qui finance le terrorisme, le néonazisme...
Gilles Parent
Gilles Parent a oeuvré près de 30 ans dans le milieu de la production télévisuelle, particulièrement à titre de scénariste et aussi à titre de recherchiste et réalisateur. Il a siégé plusieurs années sur le comité canadien de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques dont il est membre. Il est aussi membre de la Société Civile des Auteurs Multimédia. Passionné à la fois pour l’Histoire, les Arts et les grands espaces sauvages, il a fréquenté aussi bien les musées et les cathédrales, que les sommets des Alpes et de l’Himalaya. Fumée d’opium est son dixième roman. Il dirige la collection.
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Avis sur La ROUTE CRAMOISIE ET L'OR DES NAZIS
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Aperçu du livre
La ROUTE CRAMOISIE ET L'OR DES NAZIS - Gilles Parent
En hommage posthume à
Frédéric Dard (1921-2000)
Auteur remarquable et inoubliable.
1
L’Airbus 320, sans escale de Montréal à Genève, venait de se poser à l’aéroport Cointrin. Le temps était splendide et durant la lente descente du gros porteur, tous les passagers du côté droit de l’appareil avaient pu admirer le massif du Mont-Blanc et les contreforts des hautes montagnes, loin, de l’autre côté du Léman. Dorothy Lumpybud avait fait le voyage en classe affaires comme de coutume. Trente minutes avant l’atterrissage elle s’était appliquée aux retouches de son maquillage, de sa coiffure, de son corsage, de son pipi, ce qui consuma une quinzaine de minutes. De retour à son fauteuil, elle envoyait rapidement et discrètement un message (ce qui est interdit même en classe affaires) à son unique associé, sir Konspeck, un riche banquier écossais, avec qui elle avait rendez-vous. Dès que l’avion fut en arrêt complet, elle ouvrit à nouveau son téléphone. Sir Konspeck lui confirmait qu’elle était attendue par son chauffeur coutumier. Les bavardages téléphoniques et les messages inutiles, tout comme les interdits, n’étaient pas dans leurs habitudes. Le chauffeur délégué n’étant lui-même pas très fort en gueule, il se contenta de souhaiter la bienvenue à Dorothy et de porter l’unique malle de la riche femme d’affaires. Une heure et trente-cinq minutes plus tard, par les autoroutes A1 et A5, la limousine entrait sur la vaste propriété secondaire de sir Konspeck, en bordure du lac de Neuchâtel. La « femme en or », comme l’avait surnommée sir Konspeck, était accueillie par le personnel de la maison, bien dressé, impeccable, « à la suisse ». Elle désirait d’abord se refaire une beauté et changer de vêtements avant même de rencontrer son très cher associé. D’aucuns n’étaient surpris de son attitude singulière : elle était riche, prétentieuse, dominatrice et commandant partout où elle séjournait. Elle ne présentait aucune inhibition, embarras, ou honte du fait de sa corpulence impressionnante ; au contraire, elle savait parfaitement mettre en valeur ses formes généreuses. Son sourire, son regard et sa démarche faisaient vite oublier son comportement hautain. En somme, selon les circonstances et les individus présents, elle pouvait être fort agréable ou péniblement déplaisante, ce que d’ordinaire elle évitait.
Dorothy Lumpybud s’était hissée à la tête d’un réseau de trafic d’or, dont ses propres réserves, modestes au début et d’origines suspectes, l’avaient lancée sur la piste de l’or des nazis. C’est durant un bref passage au Brésil qu’elle entra en contact avec le petit-fils d’un officier nazi qui avait fui l’Allemagne pour l’Argentine. Le grand-père nazi en question, décédé depuis belle lurette à un âge canonique, avait légué une quantité de lingots d’or du Troisième Reich à son fils unique né d’une mère brésilienne. Ce dernier, ayant des relations peu recommandables avec quelques bandits qui avaient leurs tuyaux de blanchiment, dilapida la moitié de la planque d’or en extravagances de toutes sortes : orgies de luxe, bagnoles de luxe, et autres luxes. Il avait perdu énormément, cela allait de soi, en traitant et pataugeant dans un tel milieu de crapules et d’escrocs. Il mourut dans un accident de voiture en compagnie de son épouse, qui menait une vie semblable à la sienne, en poule de luxe. Monica qu’elle s’appelait ; elle mourut quelques jours plus tard des suites de l’accident. Leur fils unique, adepte de l’idéologie politique du nazisme comme son grand-père l’était, faisait partie d’un groupe actif de néonazis. Il voulait que l’or qui lui restait, et bien planqué, serve à la cause. Mais ce jeune homme, âgé d’une trentaine d’années, né en Argentine et portant le nom de Manuel Sanchez (il faisait tout à la main et debout), avait besoin de blanchir la fortune de façon garantie, et sans risque, pour enfin supporter monétairement certains objectifs coûteux de son groupe, dont les grands dirigeants étaient en Europe.
La chance lui sourit quand il croisa Dorothy Lumpybud ; un croisement qui ne s’était pas produit par hasard ! Elle était à Rio pour seulement vingt-quatre heures — c’était un samedi —, et le lendemain elle prendrait l’avion qui la ramènerait à Montréal. Le directeur d’une banque privée à Asuncion au Paraguay l’avait accompagnée à Rio après lui avoir gentiment blanchi une petite quantité d’or qu’elle avait apporté dans ses valises depuis Montréal. Tout s’était bien déroulé. Mais, à son insu, un officier de la douane au Paraguay, membre du groupe de néonazis de Manuel, avait repéré le précieux métal et avait laissé passer l’affaire, néanmoins en faisant suivre les déplacements de la gentille dame. Fort de ses résultats, il contacta Manuel Sanchez pour lui refiler la possibilité des services de la bonne dame à l’allure insoupçonnable.
C’est donc dans le chic bar de l’hôtel Copacabana Palace de Rio que Manuel poussa son audace vers Dorothy au moment où le directeur de la banque privée faisait ses salutations, et qu’il souhaitait bon voyage de retour à sa nouvelle cliente. À partir de là, Dorothy était rapidement sortie de sa modestie de simple intermédiaire. En partie grâce à Manuel, et aussi au directeur de la banque privée à Asuncion. Depuis, elle opérait sur une échelle élevée. Notamment en ayant mis la main sur des quantités importantes d’or qui étaient restées bien à l’abri ici et là, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale de 1939 à 1945. Madame Lumpybud résidait officiellement à Montréal et était citoyenne du Canada. Elle avait maintenant une propriété au Paraguay, en banlieue d’Asuncion, et plus récemment elle avait acheté une résidence luxueuse dans le chic quartier Mayfair, à Londres, en Angleterre. Ailleurs, dépendant de la durée de ses séjours, elle s’accommodait de louer une maison et les services selon ses besoins. Elle évitait les hôtels dans la mesure du possible.
D’importantes réserves d’or du Troisième Reich étaient restées entre les mains d’un petit groupe de nazis qui avaient réussi à gagner l’Argentine en sous-marin, évitant d’être attrapés par les alliés à la fin de la guerre en 1945. Une demi-douzaine d’entre eux avaient travaillé à Berlin, à la Reichbank, d’où ils effectuaient les transferts d’or vers les banques intéressées en pays neutres. Ils étaient tous SS, évidemment ! Sitôt qu’ils furent discrètement installés en Argentine (parmi eux le grand-père de Manuel Sanchez), ils établirent des endroits secrets où ils stockèrent leur butin dans ce splendide pays d’Amérique du Sud. Ces planques, bourrées d’or volé durant la guerre à des individus, des familles, des banques, et aussi en saisissant les réserves entières des pays envahis, les avaient rendus très riches. Mais, au fil du temps, plusieurs de ces cachettes avaient disparu avec leurs contenus… Le Brésil, pays voisin, devint un lieu privilégié pour le camouflage du précieux métal pendant plusieurs décennies ; durant lesquelles les magouilles, les trahisons, la corruption, le banditisme avaient vite fait partie du trafic.
Le Paraguay, voisin pauvre, était alors devenu la meilleure et la plus discrète plaque tournante de ces stocks d’or. Ainsi, à la suite de sa rencontre avec Manuel Sanchez, madame Lumpybud mit sur pied son organisation criminelle et entra dans l’arène du trafic de l’or des nazis. Elle acheta une des plus belles propriétés en banlieue d’Asuncion, capitale du Paraguay, qui lui servait à la fois de quartier général pour le contrôle de son trafic et aussi de résidence cossue pour les nombreuses réceptions qu’elle offrait à l’establishment d’Asuncion. Plus discrètement, elle y recevait les chefs de groupes du néonazisme d’Argentine et du Brésil. Ils la respectaient autant qu’ils la craignaient. Elle ne tarda pas à repérer et éliminer radicalement ceux qui lui barraient la route avec l’assentiment et l’aide de ces extrémistes idéologiques. Ses plannings étaient audacieux et diaboliquement efficaces, de sorte qu’en moins de deux ans, elle était devenue « une femme en or » bien vue dans les milieux mondains. Elle était même philanthrope à l’occasion. Notamment par le soutien en totalité de trois foyers d’accueil pour les itinérants de la capitale ; aussi, elle