LE PRINCE ET LE PRÉDATEUR PARTIE I 1/25 F22 -3..2..11..1..2..4+ IS0600
Les tuyaux se suivent et ne se ressemblent pas. À la rédaction de News of the World, le standard est pris d’assaut, surtout les week-ends, lorsque les pubs ne désemplissent pas. « Ça sonnait toutes les deux minutes, avec quelqu’un au bout du fil qui annonçait : “Je viens de m’envoyer en l’air avec un joueur de foot, pour 50 briques je balance tout” », se souvient Paul McMullan, ancien pilier du tabloïd londonien. « Ou bien : “Les flics font tourner un bordel au-dessus du commissariat, donnez-moi 5 briques et je vous raconte.” Ou encore : “Je suis gigolo et je viens de me taper un prêtre. Filez-moi 10 briques et une caméra et j’y retourne.” »
À la fin des années 2000, ce n’est pas tant un journal qu’une usine à scandales olé-olé. News of the World compte à l’époque cinq millions de lecteurs, trente reporters prêts à tout pour un scoop, et une superstar : Mazher « Maz » Mahmood. Mieux connu sous le surnom du « Fake Sheikh » (le « faux sheik »), il se déguise pour prendre les personnalités la main dans le sac. « Durant ma carrière, mon travail a déclenché plus de 250 poursuites judiciaires, y compris dans des affaires de pédophilie, de trafic d’êtres humains, de drogue, de prostitution, a-t-il raconté en 2011. Un médecin m’a même embauché comme tueur à gages pour descendre son ex, il a fini en prison pour tentative de meurtre. » Cette année-là, News of the World a déjà mis la clé sous la porte. Mazher Mahmood, quant à lui, sera condamné à quinze mois de prison pour falsification de preuves dans une affaire de stupéfiants compromettant une pop star britannique.
Mais en décembre 2010, la star de la presse people a le vent en poupe. Le Faux Sheikh est alors le 45 homme le plus puissant de Grande-Bretagne, d’après le classement du magazine tandis que le prince Charles arrive en 69 position. Fin novembre ou décembre 2010, le tuyau qui va semer la zizanie chez les Windsor parvient à Mahmood en personne : le prince Andrew, duc d’York – connu dans les tabloïds sous les sobriquets d’« Andy le queutard » (« ») ou de « Sa Royale Lourdeur » (« ») en raison de ses liaisons à la chaîne et de ses plaisanteries douteuses – s’est offert une virée de quatre jours à New York, en toute discrétion. « La famille royale était la poule aux œufs d’or pour nous, vu que ses membres n’arrêtaient pas de coucher à droite et à gauche et de demander le divorce, se remémore Paul McMullan. Un tuyau sur le prince Andrew ? Les gens[qu’on peut traduire approximativement comme “Coucherie Magazine”]. »
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