Un monde de rêve

Par Philippe Aubert de Molay

Ni très originale ni très insolite, l'idée pour sauver les êtres humains des catastrophes écologiques à répétition à venir, c'est de transférer l'humanité dans un univers virtuel gigantesque et plein de centres commerciaux, le Second monde. Situation plutôt convenue là aussi, un scientifique va tomber amoureux d'une dissidente. Entre gravité et dérision, une nouvelle tragique et envoûtante.

Scénariste de bande dessinée et de jeu vidéo (sous la griffe de Greg Newman et pour des univers comme Night Watch, Renaissance, Popeye, Zorro, Noeland, Blake & Mortimer, Pinocchio, Jenny Everywhere), l'auteur écrit également des nouvelles et a reçu le prix international Hemingway 2015. Il a publié chez Hispaniola Littératures les recueils Sapin président, Petit traité de sorcellerie et d'écologie radicale de combat. Ainsi que Douleur fantôme.

Photographies de couverture par Lucas Aubert.
HISPANIOLA LITTERATURES collection 1 nouvelle

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 7 juil. 2021
• ISBN: 9782322384112

Philippe Aubert de Molay

Scénariste de bande dessinée et de jeu vidéo (sous la signature de Greg Newman pour des univers comme Night Watch, Renaissance, Zorro, Noeland, Les Gardiens de la pierre, Blake & Mortimer, Jenny Everywhere), l'auteur écrit aussi des nouvelles et a reçu le prix international Hemingway 2015. Petit traité de sorcellerie et d'écologie radicale de combat rassemble des récits musclés du registre des littératures de l'imaginaire.

Aperçu du livre

Il trouverait toujours un amour

ou une haine pour l’enchaîner.

René Barjavel,

Le voyageur imprudent.

Sommaire

Un monde de rêve I.

Un monde de rêve II.

Un monde de rêve I.

Comme si qui que ce soit comprenait quoi que ce soit à l’amour.

Ce nouveau travail me semble du grand n’importe quoi. Etudier « de l’intérieur » la « définition africaine de l’amour ». Répondre à la question psychosociale : C’est comment aimer en Afrique ? Puis écrire un mémoire circonstancié sur le sujet. Afin de pouvoir modéliser et archiver dans le Second monde cette façon particulière d’aimer. Définition africaine. De l’amour. J’ai dit oui, j’accepte cette mission, je vais rêver pour vous rapporter les informations voulues, j’écrirai le rapport, vous saurez tout de : comment aime un africain. Et j’ai pensé, je le ferai car j’ai besoin d’argent, unique et suffisante raison pour me livrer à cet espionnage. L’argent. L’argent toujours.

Au départ, comme la plupart des futurs rêveurs professionnels, je suis tombé malade. Troubles respiratoires majeurs, ralentissement conséquent du rythme cardiaque, instauration d’un fonctionnement minimal de l’organisme, beaucoup dormir, suractivité nocturne du cortex préfrontal dorso latéral. Puis l’ensemble de mes activités physiques ont diminuées de soixante pour cent en moins d’un mois, avec pénibilité motricielle, sédentarité d’origine pathologique. Résultat : banale maladie de Rimbaud comme on dit populairement.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Pour certains, c’est Parkinson ou Alzheimer qui leur tombe dessus, pour moi c’est Rimbaud. Ces malades dont je fais partie, on nous surnomme les dormeurs du val d’après le titre du poème d’Arthur Rimbaud bien sûr. Quand on m’a diagnostiqué, j’avais vingt ans depuis une semaine. Choc. Alors rêver. Faire de cette mystérieuse maladie du rêve, permettant « d’explorer autrement le monde », un métier. Durant les neuf années suivantes, j’ai suivi la formation universitaire conduisant au (prestigieux) diplôme de médecin onirologue, spécialité viaticumiste ¹ .

J’exerce en service hospitalier depuis deux ans. J’enchaîne les petites missions classiques : transfert de séquences mémorielles de base dans le Second monde lors d’un début d’atteinte neurologique dû au vieillissement. Je fais pas mal de récupérating de souvenirs perdus dans l’inconscient de mes patients, lesquels regrettent de ne plus les posséder, ces souvenirs, pour être encore un peu heureux (ou toujours aussi malheureux). Je plonge et je remonte à la surface