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Vivre une garde partagée: Une histoire d'engagement parental
Vivre une garde partagée: Une histoire d'engagement parental
Vivre une garde partagée: Une histoire d'engagement parental
Livre électronique475 pages5 heures

Vivre une garde partagée: Une histoire d'engagement parental

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À propos de ce livre électronique

Cet ouvrage se veut une illustration de la diversité des situations et de la complexité des enjeux sous-jacents de même qu’un éclairage pour éviter certains pièges. La popularité grandissante de la garde partagée peut aussi comporter des risques. Celui, pour les parents qui se séparent, de faire de la garde partagée un automatisme nous apparaît bien réel de même que la tendance à opter pour cette modalité de garde sans toujours bien évaluer les exigences qui y sont rattachées. Les mises en garde éclairant ce parcours sont proposées dans un objectif préventif tout en respectant la réflexion et le sens critique.
Il s’agit d’un livre s’adressant à la fois au grand public et aux professionnels et traitant de la garde partagée/résidence alternée dans ses aspects théoriques et pratiques et sous différents angles de son évolution, ici et ailleurs, depuis 1989.
Par delà les frontières, un constat se dégage à savoir que la garde partagée, quelles que soient ses appellations et ses modalités, hier comme aujourd’hui, demeure d’abord et avant tout une affaire de cœur !
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2012
ISBN9782897210090
Vivre une garde partagée: Une histoire d'engagement parental
Auteur

Claudette Guilmaine

Claudette Guilmaine est travailleuse sociale (Baccalauréat à l’Université de Sherbrooke; Maîtrise à l’Université Laval) et médiatrice familiale accréditée. Elle a débuté sa carrière au Centre des Services Sociaux de l’Estrie où elle s’est impliquée, pendant plusieurs années, dans les domaines scolaire, hospitalier, familial et juridique dont l’expertise à la cour supérieure et la protection de la jeunesse. Sa pratique privée comprend la médiation familiale depuis 1989, de même que l’adoption internationale, la consultation et la thérapie. De plus, elle est superviseure, conférencière et enseigne à l’Université de Sherbrooke.

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    Aperçu du livre

    Vivre une garde partagée - Claudette Guilmaine

    Amomis.comTitre

    Version ePub réalisée par :

    Amomis.comAuteurTitre

    Les Éditions du CRAM

    1030 Cherrier, bureau 205,

    Montréal, Qc. H2L 1H9

    514 598-8547

    www.editionscram.com

    Les Éditions du CHU Sainte-Justine

    3175, chemin de la Côte-Sainte-Catherine

    Montréal, Qc. H3T 1C5

    514 345-4671

    www.editions-chu-sainte-justine.org

    Conception graphique

    Alain Cournoyer

    Photo de la couverture

    Vetta stock photo

    II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l'autorisation de la maison d'édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d'auteur.

    Dépôt légal — 1er trimestre 2011

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Copyright © Les Éditions du CRAM inc.

    Les Éditions du CRAM reconnaissent l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise de son Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition (PADIÉ) pour ses activités d'édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.

    Image 02

    Distribution au Canada : Diffusion : Prologue

    Distribution en Europe : CEDIF/Daudin (France) ;

    Caravelle S.A. (Belgique) ; Servidis (Suisse)

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Guilmaine, Claudette, 1949-

    Vivre une garde partagée, une histoire d'engagement parental

    Publ. en collab. avec Éditions du CHU Sainte-Justine.

    Comprend des réf. bibliogr.

    ISBN PDF 978-2-923705-68-2

    ISBN EPUB 978-2-89721-009-0 

    1. Garde conjointe des enfants. 2. Rôle parental partagé (Divorce). 3. Parents et enfants. I. Titre.

    HQ759.915.G84 2009          306.85'6          C2009-941824-X

    À Claire, ma mère

    À « mes grands » Mathieu et Ève-Marie

    qui ont contribué à nouveau à la réalisation de ce projet,

    cette fois avec leur regard et leur expérience de parents.

    Au moment de ma rupture avec leur père, leur amour a

    soutenu et guidé mon désir de partager et leurs réflexions

    déjà empreintes de sagesse et de sensibilité ont éclairé le

    chemin alors mal balisé de la garde partagée.

    « La garde partagée, c'est ce qui peut nous arriver de

    mieux dans le pire », disait Mathieu, alors âgé de 9 ans.

    Et Ève-Marie qui venait d'atteindre ses 7 ans, « l'âge de

    la raison », me confiait : « Toi, tu es triste parce que tu as

    perdu papa, mais nous, on n'a perdu ni l'un ni l'autre ».

    Et j'ajoute, après toutes ces années, à Lilianne,

    Éloïse et Nathaniel, « mes petits »,

    avec tout mon amour de mamie

    Table des matières

    Préface

    Avant-propos

    Introduction

    Chapitre 1 : La garde partagée, qu'est-ce que c'est ?

    Définitions et particularités d'ici et d'ailleurs

    Avantages

    Avantages ou inconvénients ?

    Inconvénients

    Chapitre 2 : Le jugement du roi Salomon… avec ou sans médiation

    Les enseignements de Salomon

    La médiation

    Les mises en garde

    La protection des enfants

    La garde partagée pour mettre fin à la lutte ?

    Mettre fin à la lutte pour entreprendre la garde partagée

    Pistes de solution

    Chapitre 3 : Préalables à la garde partagée pour en faire un heureux compromis

    Des conditions gagnantes

    Se faire confiance et se respecter comme parents

    Faire équipe pour le bien de l'enfant

    Choisir des lieux de résidence suffisamment rapprochés et un horaire de présence adapté aux besoins de l'enfant

    Faire des concessions, mais jamais au détriment de l'enfant

    Être capable de se parler, du moins en ce qui concerne l'enfant

    Reconnaître et accepter les différences entre les parents

    Faire confiance à l'enfant dans la mesure de ses capacités

    Savoir se remettre en question et réviser le plan parental régulièrement

    Chapitre 4 : Le bien-être des tout-petits

    La question et la controverse

    Un tableau personnalisé au lieu d'une peinture par numéros

    De l'autre côté de la lorgnette

    Attachement, développement et autres considérants

    Un exemple d'aujourd'hui

    Chapitre 5 : Eux l'ont vécue il y a 20 ans… Qu'en était-il alors ?

    Jean-Pierre, la garde bien fondée

    René, une garde bien en main

    Nicole, le lien à départager

    Jocelyn, une garde pour soi

    Micheline, la garde sur ses gardes

    Suzanne, la double garde partagée

    Denis, la bourse ou la garde

    Hélène, une conviction partagée

    D'hier à aujourd'hui

    Chapitre 6 : Pourquoi l'ont-ils choisie et pourquoi l'apprécient-ils ?

    Importance de la relation entre parents et enfants

    Mieux-être des enfants

    Partage du rôle parental

    Considérations financières

    Avantages pratiques

    Pourquoi les parents apprécient-ils la garde partagée ?

    Chapitre 7 : Les dessous du partage au quotidien

    Chapitre 8 : Questions, réponses et questions sans réponses

    Chapitre 9 : Boîte à outils pour la mise en place de la garde partagée

    Les précisions préalables

    Le contrat de garde partagée

    Le calendrier des séquences de garde

    Le cahier parental

    La communication

    Chapitre 10 : Autres façons de simplifier la garde partagée

    Les clés

    Les valises ou non ?

    Le réseau social et le transport

    Le programme de vie et les règles parentales

    Les finances

    Chapitre 11 : Test d'auto-évaluation pour les aspirants à la garde partagée

    Chapitre 12 : Après cent cinquante-six fois : « Bonne semaine mes chéris ! »

    De mon point de vue de mère

    Du point de vue des jeunes

    Du point de vue du père

    Chapitre 13 : Garde partagée et famille recomposée

    Les mythes

    Les questions embarrassantes

    L'histoire d'Émile et de Fannie

    Chapitre 14 : Garde partagée et homoparentalité

    L'homoparentalité en 1989

    L'éloquente histoire de Christiane et de Maurice

    Et les enfants de ces familles…

    Chapitre 15 : Avec encore plus de recul…

    Mathieu, Ève-Marie, Marcel et moi

    Le témoignage de Marguerite

    Le témoignage d'Isabelle

    Le témoignage de François

    Jacques et sa vie en auto

    Deux parents, deux villes, deux visions : l'histoire de Luc et de son fils Marc-Antoine

    Denise et la fierté partagée

    Sylvain et la joie de la paternité

    Marisol et l'amour en double

    Chapitre 16 : Mosaïque d'avis professionnels

    Sans conclure… trop rapidement

    Quand ça va bien, ça va bien !

    Ni noir ni blanc

    Composer avec l'imparfait, mais tendre vers le mieux

    L'enfant au cœur du projet parental

    Remerciements

    Bibliographie

    Ressources

    Annexes

    I - L'orange

    II - Attitudes de parents séparés qui nuisent aux enfants

    III - Quelques exemples de partage du temps assortis de commentaires

    IV - Pour vous parents qui traversez une séparation… Des conseils à la douzaine

    V - Réévaluation de vos buts en tant que parents

    VI - Les parents sont responsables de la vie familiale. Attitudes parentales préventives (Michèle Lambin)

    VII - Schéma-synthèse des relations entre les facteurs qui ont une influence sur l'adaptation de l'enfant au divorce (Francine Cyr et Geneviève Carobene)

    VIII - Partage du temps et des responsabilités parentales : dimensions à explorer avec les parents

    IX - « Deux Noëls, deux fêtes, deux chambres… », par Geneviève Proulx

    Préface

    Beaucoup de connaissances ont été accumulées ces trois dernières décennies concernant les effets de la rupture parentale sur les enfants ainsi que les facteurs qui influencent leur adaptation.

    Toutefois, en ce qui a trait à la garde partagée¹, peu d'écrits existent en français pour renseigner les parents et les professionnels sur cette rupture, les effets de ce mode de garde sur la relation de chaque parent avec l'enfant ainsi que le développement global de l'enfant.

    En ce début de siècle, l'auteur a mis à profit son expertise, son expérience professionnelle et personnelle pour faire une synthèse des principaux écrits contemporains et des pratiques sur ce sujet brûlant d'actualité qui soulève les passions et les débats. Ce document décrit avec lucidité les atouts et les écueils de la garde partagée ; il donne aussi l'heure juste en faisant un rappel des conclusions des diverses recherches et des tendances observables sur le terrain.

    Qu'est-ce que la garde partagée ? Quelles sont les conditions de sa mise en place ? Quels en sont les avantages et les exigences ? Quelle est la distinction entre garde partagée et coparentalité ? Comment les enfants s'y adaptent-ils ? Quel bilan en font les parents et les enfants après le passage du temps et des années ? Les préjugés sont-ils encore aussi coriaces qu'on le prétend ? Quel rôle joue le médiateur ? Un enfant peut-il avoir deux figures d'attachement ? Comment favoriser la mise en œuvre de la garde partagée pour en faire un heureux compromis ?

    Cet ouvrage répond à un besoin réel d'information sur cette modalité de garde qui gagne en popularité tant au Québec que dans le monde. Nul doute qu'il sera un outil précieux pour les parents qui envisagent la séparation ou une révision du partage de leurs responsabilités parentales et s'interrogent sur le meilleur modèle de garde à offrir à leurs enfants. Il saura aussi répondre à cette nécessité d'accumuler des données de la part des professionnels tant du monde juridique que psychosocial.

    Il s'agit d'un travail colossal intégrant le point de vue de parents et d'enfants que Claudette Guilmaine a retracés, pour certains vingt ans après les avoir interviewés. En sus, un résumé de points de vue de médiateurs de divers pays de l'espace francophone, du Brésil et, indirectement, du Chili et de l'Italie, vient enrichir la réflexion et élargir le cadre de référence.

    Nous souhaitons donc témoigner notre profonde gratitude à notre collègue travailleuse sociale pour ce livre qui comble le besoin de savoir et de comprendre des parents afin qu'ils puissent ainsi mieux agir et réagir lors d'une rupture.

    Le livre provoque également la réflexion pour faire en sorte, comme le disait si bien l'auteure, que « les enfants demeurent au cœur du projet parental et que le souci sincère de leur bien-être guide les parents par-delà les méandres des émotions post-rupture et de la réorganisation familiale ».

    Lorraine Filion t.s.

    Médiatrice familiale

    Chef du Service de médiation et expertise

    Centre Jeunesse de Montréal

    Présidente de l'Association internationale francophone des intervenants auprès des familles séparées (AIFI)

    Avant-propos

    Les ruptures conjugales sont une réalité de plus en plus présente dans toutes les sociétés modernes et la traversée de ce passage douloureux a des conséquences immenses sur l'harmonie future et le bien-être des uns et des autres.

    Le présent ouvrage s'adresse aux parents désireux de poursuivre leur engagement parental auprès de leurs enfants après une séparation ou un divorce. Il s'adresse aussi aux professionnels des milieux sociaux et juridiques ainsi qu'aux intervenants qui sont amenés à accompagner ou à conseiller des parents qui envisagent une rupture ou l'ont vécue.

    Il se propose d'être un guide et une source de réflexion pour toute personne qui désire connaître davantage cette forme de coparentalité, que ce soit par intérêt personnel ou professionnel. Il est riche de témoignages de pères et de mères qui, pour la plupart, expérimentent la garde partagée depuis plusieurs années. Les tableaux qui s'en dégagent sont variés et des plus intéressants, puisqu'ils enrichissent notre conception de ce type de garde d'un éventail de possibilités d'application et de mises en garde préventives. Est-il nécessaire de préciser que les exemples n'ont pas pour but de généraliser, mais plutôt d'illustrer certains aspects à l'aide d'une véritable histoire vécue ?

    Ce livre est en fait une nouvelle édition entièrement revue, corrigée et augmentée d'un ouvrage paru en 1989, qui avait pour point de départ une recherche exploratoire menée dans le cadre de l'obtention d'une maîtrise en service social à l'Université Laval de Québec. J'avais alors puisé dans mon expérience à la fois personnelle et professionnelle. Fascinée par le contenu des entretiens réalisés avec les parents interviewés, j'avais eu envie d'en faire profiter le plus de gens possible. Le fait d'avoir moi-même vécu une séparation et la garde partagée de mes enfants pendant plus de huit ans, ajouté à ma pratique professionnelle de travailleuse sociale et de médiatrice familiale auprès de parents séparés et de leurs enfants, ont été et demeurent de précieux atouts.

    La présente édition permet de jeter un nouveau regard sur toutes les expériences parentales qu'il m'a été donné de partager depuis plus de 20 ans et de mettre cette richesse au service des lecteurs qui, peu importe où ils se trouvent dans le monde et quelle que soit la terminologie, cherchent des pistes de réponse à la question de la continuité parentale au-delà de la rupture conjugale.

    Elle permet d'éclairer le chemin parcouru depuis 1989 et de mettre par écrit les réponses aux questions les plus fréquentes que les parents m'ont adressées à ce sujet ou que j'ai partagées avec d'autres médiateurs.

    Ma pratique m'a gardée active au cœur de cette mouvance sociale des couples et des familles. J'ai eu la chance d'accompagner de nombreux parents dans les tournants et parfois les tourments de leur vie. Dans l'intervention auprès des parents, il ne faut jamais perdre de vue les enfants et l'impact des choix des adultes sur leur vie. Qu'en disent vraiment les parents qui vivent la garde partagée ou qu'en pensent-ils maintenant avec le recul ? Quelle est actuellement la perception des jeunes adultes qui ont vécu cette expérience lorsqu'ils étaient enfants ou adolescents ?

    Certains récits de garde partagée m'ont laissée perplexe quant à savoir si cette formule était pour eux un « heureux compromis », comme cela apparaissait en sous-titre sur la page couverture de l'édition de 1989, ou une malheureuse solution pour sortir de l'impasse de « Qui aura la garde de l'enfant ? ». C'est pourquoi j'ai notamment enrichi le chapitre sur les préalables à la garde partagée et j'y ai joint des exemples de « conditions gagnantes » et également de « conditions risquées » pour mieux guider parents et intervenants dans leur réflexion et leur choix. Nous tenterons de tirer des leçons de la décision du sage roi Salomon…

    Exception faite de mon histoire personnelle et de quelques personnes m'ayant autorisée à les identifier, j'ai modifié les noms, par souci de confidentialité, sans toutefois altérer les récits².

    En terminant, vous trouverez également dans cet ouvrage quelques avis professionnels prouvant que le concept de garde partagée a non seulement traversé l'océan, mais qu'il continue d'évoluer en prenant les couleurs de chaque pays.

    Introduction

    Mon livre aurait pu porter le titre de « Parents pour la vie » puisque c'est l'esprit qui l'habite au-delà des modalités de partage du temps et des responsabilités entre les parents. J'ai souvent dit en boutade que le nombre de jours de l'enfant avec chaque parent relève du domaine de la quincaillerie alors que le plus important, le cœur du projet, c'est l'amour des parents pour leurs enfants et la qualité de la relation avec eux.

    Bien que j'aie expérimenté ce type de garde pendant de nombreuses années, je n'ai jamais été et ne suis toujours pas une inconditionnelle de cet arrangement et je ne voudrais pas contribuer à en faire un modèle idéal ou une panacée, surtout à cette époque où il s'impose presque comme une norme.

    Par ailleurs, je le considère encore aujourd'hui comme une solution très intéressante qui s'offre parallèlement à la résidence principale avec un parent. C'est la seule manière que les parents ont trouvée, après une séparation, de maintenir ou d'établir un engagement égal ou très semblable auprès de leurs enfants, dans une situation qui évite à ces derniers de devoir choisir et perdre un parent. Le partage de la garde n'est toutefois pas garant de la qualité de l'investissement.

    Le parent qui opte pour cette formule se doit d'être aussi responsable que s'il assumait seul le bien-être des enfants tout en étant capable de partager sans crainte majeure cette responsabilité avec l'autre parent, en alternance.

    J'approfondirai d'ailleurs cette notion, principalement dans les premiers chapitres et lorsque nous aborderons les préalables ou conditions gagnantes pour réussir une garde partagée. Les bémols qui seront alors apportés se veulent préventifs et non dissuasifs.

    La garde partagée comporte ses avantages, ses restrictions, ses pertes, ses exigences et ses inconvénients, comme la garde unique. Il est intéressant de connaître les uns et les autres afin de faire un choix éclairé, d'éviter certains écueils ou de dédramatiser quelques difficultés inhérentes à cette modalité.

    Bien que cette façon de réorganiser la famille après une séparation soit de plus en plus répandue et qu'il existe un peu plus d'écrits vulgarisés sur le sujet, nombre de parents et de professionnels ignorent à qui s'adresser quand ils se questionnent sur des aspects plus spécifiques ou sur le bilan fait par des médiateurs familiaux et des intervenants sociaux et juridiques après toutes ces années d'expérimentation.

    Je ne prétends pas que ce texte renferme toutes les réponses ni qu'il constitue une recension systématique des écrits. Mes synthèses se colorent d'impressions cliniques et de commentaires d'autres professionnels et c'est de cette expérience dont j'ai voulu faire profiter le lecteur. Lorsque j'ai opté pour la garde partagée, j'aurais aimé avoir accès aux témoignages d'autres parents. En somme, c'est le désir d'apporter ce que je n'ai pas trouvé et de le mettre à la disposition des lecteurs qui m'a amenée à écrire mon premier livre et à le mettre à jour aujourd'hui en y intégrant quelques « regards croisés », comme le disent les médiateurs français³.

    Je crois au caractère unique de chaque histoire, mais aussi à la trame universelle des sentiments humains. Nous sommes faits de la même fibre. Chacun peut puiser dans la vie des autres matière à se reconnaître et se rassurer. Tant de parents m'ont confié : « Cela me fait du bien de savoir que d'autres vivent les mêmes choses. Jusque-là, je m'étais cru anormal ! » Anormal et souvent coupable. Prendre conscience que d'autres ressentent la colère, la tristesse, le ressentiment, nous donne le droit de les ressentir et, du même coup, libère une énergie qui, de manière paradoxale, provoque fréquemment de bons changements. Je souhaite que ce livre soit un moyen pour le lecteur de se situer, d'identifier ses besoins et ses attentes, de bien distinguer les besoins de son enfant et de trouver sa ou ses propres réponses au-delà des différences culturelles. Comme le chante joliment Francis Cabrel (auteur-compositeur français) : « Nous sommes tous des hommes pareils ».

    Chapitre 1

    La garde partagée,

    qu'est-ce que c'est ?

    « Définir, c'est limiter. »

    Oscar Wilde

    Définitions et particularités d'ici et d'ailleurs

    Au Canada , la loi fédérale de 1985 sur le divorce ouvrait la possibilité d'attribuer la garde aux deux parents et confirmait le fait que les parents continuent d'exercer conjointement l'autorité parentale après une séparation ou un divorce.

    Encore aujourd'hui, l'esprit de la loi favorise le maintien et la reconnaissance de la responsabilité et des devoirs des deux parents envers l'enfant. Feu l'honorable juge Mayrand⁴ parlait de cette responsabilité conjointe des parents comme d'un rééquilibrage de l'autorité parentale n'impliquant pas le déplacement physique de l'enfant entre les domiciles des parents. En droit civil québécois, l'autorité parentale est confiée aux deux parents et leur séparation ou leur divorce ne vient pas interférer avec ce pouvoir de prendre ensemble les décisions importantes concernant l'éducation, la santé, la surveillance, l'entretien et le bien-être de l'enfant.

    Si l'on ajoute au partage des décisions le partage du temps, qui tend vers l'égalité, et l'alternance de résidence de l'enfant avec chaque parent se dessine une modalité dite de garde partagée ou de résidence alternée. Au Québec, l'appellation « garde partagée » est encore la formulation la plus répandue pour identifier la résidence en alternance de l'enfant chez chacun de ses parents. À l'instar de Me Michel Tétrault⁵, je crois que les termes de « garde » et de « garde partagée » sont appelés à disparaître, car ils seraient en soi sources de conflits. La loi de 1989 sur les enfants (Children Act 1989), en Angleterre et au pays de Galles, et la loi écossaise de 1995 sur les enfants (Children Scotland Act 1995), en Écosse, ont d'ailleurs remplacé le terme « garde » par celui de « responsabilité parentale ». Il en est de même en Australie avec l'amendement à la loi sur la famille concernant la responsabilité parentale partagée (Family Law Amendment - Shared Parental Responsibility Act 2006). La terminologie varie un peu d'un pays à l'autre mais les réalités se recoupent. À titre d'exemples, aux États-Unis, on retrouve les appellations « joint custody » et « shared-parenting » ; au Royaume Uni l'appellation « co-parental responsibility » ; celle de « custodia compartida » en Amérique du Sud (« guarda compartilhada », au Brésil) ; alors qu'en Belgique tout comme en France et en Suisse ce sont surtout les expressions « hébergement alterné » ou « résidence alternée (paritaire ou non) » qui ont cours, en complément de « l'autorité parentale conjointe ». ⁶ Ce partage du temps entre les parents doit nécessairement être associé au partage des responsabilités parentales. Qu'entend-on par parentalité? Des chercheurs la définissent comme étant « l'ensemble du processus permettant aux adultes d'exercer leur rôle parental c'est-à-dire de répondre aux besoins des enfants sur les plans physique, affectif et psychologique⁷. »

    C'est pourquoi le concept de coparentalité est si important. Il réfère quant à lui à la coordination, l'implication, le soutien et la coopération entre le père et la mère, en ce qui a trait aux décisions et à la prise en charge de tout ce qui concerne l'enfant et ses différents besoins, et ce autant pendant la vie commune qu'après la rupture. La coparentalité est donc un aspect central de la vie familiale selon plusieurs chercheurs⁸ et, chez les parents séparés, un idéal à soutenir pour l'enfant⁹. C'est également, comme certains auteurs le soutiennent, un levier potentiel pour l'amélioration du fonctionnement familial et, par conséquent, pour le bien-être de l'enfant.

    Concrètement, le partage du temps peut varier de séquences égales en séquences un tiers/deux tiers¹⁰, sans que chacune n'excède habituellement deux semaines (la séquence la plus rapprochée étant quotidienne soit quelques heures pour chaque parent auprès de l'enfant dans la même journée ou l'alternance jour/soir)¹¹. Pour maximiser le temps de présence du parent auprès de l'enfant, le plan parental se doit de tenir compte de la disponibilité réelle de chaque parent. L'idée maîtresse est le maintien du lien et de l'engagement des parents dans le quotidien de l'enfant.

    Ce type d'arrangement post-rupture est de plus en plus populaire. Selon Statistique Canada (2005), 30 % des couples divorcés y ont maintenant recours contre 10 % il y a dix ans. Au Québec, le pourcentage est plus élevé que partout ailleurs au Canada et la garde partagée y est aussi plus durable. Selon les chercheuses de l'ELNEJ, déjà en 2000, plus du tiers des enfants (37 %) dont les parents étaient divorcés avaient fait l'objet d'une garde partagée¹². De plus, comme le précisent les auteures, ces statistiques ne portent que sur les parents divorcés et ne comptabilisent pas les parents séparés après avoir cohabité, alors que le Québec est aussi « champion des unions de fait ». Il faut également noter que les statistiques ne tiennent pas compte non plus de tous les divorces de parents d'enfants mineurs, étant donné que les ententes à l'amiable auxquelles parviennent les parents avant de divorcer ne figurent pas toujours dans les documents liés au divorce.

    Il semble également que la garde partagée soit la formule qui répond le mieux aux aspirations des enfants, car ils peuvent ainsi maintenir un contact avec leurs deux parents¹³. La satisfaction des enfants semble conditionnelle au fait d'avoir une place bien à eux et au sentiment d'appartenir à une famille dont les membres réalisent des activités ensemble¹⁴. Francine Cyr, psychologue, chercheuse et médiatrice, apporte toutefois la nuance suivante, à savoir que la garde partagée peut être éprouvante pour trois types d'enfants :

    ceux qui s'adaptent difficilement aux changements ;

    ceux qui entretiennent une relation conflictuelle avec l'un de leurs parents¹⁵ ;

    et ceux qui sont pris à témoins dans les conflits conjugaux¹⁶.

    Étant donné que le nombre de ruptures augmente¹⁷, de plus en plus d'enfants sont touchés par la séparation de leurs parents¹⁸. Comme ces ruptures surviennent plus tôt dans la vie des couples, de plus en plus de jeunes enfants vivent cette expérience : le groupe des zéro à cinq ans constituerait ainsi celui où le divorce des parents est le plus répandu en Amérique du Nord¹⁹. La mentalité et la tradition ont longtemps favorisé la garde de la mère, surtout pour les jeunes enfants. Certaines questions demeurent aujourd'hui en suspens quant aux impacts de l'alternance de résidence pour les tout-petits, à la capacité de chaque parent de répondre aux besoins spécifiques de l'enfant et à celle de certains enfants à s'adapter aux transitions fréquentes. Nous aborderons quelques pistes de réponses au chapitre 4.

    Par ailleurs, avec les années, nous avons assisté à des décisions surprenantes des tribunaux qui ont ordonné la garde partagée pour mettre fin à des conflits alors qu'un seul parent souhaitait adopter la modalité de garde partagée. Certains cas recensés par la jurisprudence canadienne font mention de jugements de garde partagée alors que ni l'un ni l'autre des parents ne demandaient cette formule de garde. D'autres situations, dans lesquelles apparaissaient des symptômes liés au syndrome d'aliénation parentale, ont parfois aussi donné lieu à des gardes partagées imposées dans le but de rééquilibrer le pouvoir entre les parents, d'éviter l'aggravation du conflit de loyauté vécu par l'enfant et de ne pas le priver de la présence de l'un ou l'autre parent²⁰. Nous reviendrons sur quelques exemples, que certains dénoncent comme des dérives, en abordant « le jugement du roi Salomon » au chapitre suivant.

    Bien que cette modalité soit de plus en plus fréquente, nous sommes toutefois loin d'une présomption officielle favorisant l'application de la garde partagée, comme dans plusieurs États américains. Dans ces législations, ce sont les parents qui doivent, s'ils désirent une autre modalité de garde, démontrer que cette formule n'est pas à l'avantage de l'enfant. Certains États, comme la Californie, qui a été le premier État à expérimenter cette présomption favorable à la garde partagée, en 1979, ont toutefois rebroussé chemin après quelques années pour privilégier par la suite le cas par cas.

    Dans différents pays²¹, plusieurs groupes de pères militants réclament encore cette présomption automatique de partage 50 %-50 %, souvent dans le cadre de campagnes dramatiques, mais des juges et intervenants sociaux insistent pour prendre pour balise le meilleur intérêt de l'enfant et considérer chaque cas comme unique.

    Toutefois, un consensus assez généralisé se dégage, reconnaissant les parents comme étant habituellement les mieux placés pour prendre les décisions concernant ces enjeux post-rupture, si émotifs et personnels. Si les parents le souhaitent, leur entente sera entérinée par le tribunal. Comme nous le verrons dans les témoignages, plusieurs parents s'en tiennent à une entente à l'amiable. L'accroissement du nombre de gardes partagées s'est traduit par une hausse du nombre de jugements lui reconnaissant force de loi, même si plusieurs conjoints de fait continuent d'appliquer ce modèle sans demander l'homologation du tribunal²². Le Service de médiation à la famille du Centre Jeunesse de Montréal rapporte qu'en 2007, 45 % des dossiers fermés comportant une entente entre les parents se sont conclus par une garde partagée²³. Selon certains médiateurs familiaux, le nombre de parents optant pour cette modalité de partage, tout statut légal confondu, atteindrait 70 % à 80 % de leur clientèle, ce qui dépasse de beaucoup les statistiques officielles. Il ne s'agit pas ici d'une étude quantitative rigoureuse, et je ne voudrais pas me mériter le reproche d'A. Sauvy qui nous rappelle que : « Le chiffre est un être délicat qui, soumis à la torture, se plie au moindre de nos désirs ». Tout en restant prudents, nous pouvons constater une nette progression de cette réalité.

    Avantages

    Présence dans le quotidien

    Cette présence des parents dans le quotidien de l'enfant constitue l'un des avantages majeurs invoqués par les tenants de la garde partagée. Ils soulignent que c'est la formule qui ressemble le plus à la famille d'origine. Cette présence régulière et soutenue favorise le maintien de liens significatifs avec les deux parents, ce qui constitue l'un des facteurs déterminants de l'adaptation de l'enfant. De plus, une recherche longitudinale canadienne souligne que, quelle que soit son évolution au cours des années suivant la séparation, la garde partagée semble favoriser le maintien des relations à long terme entre l'enfant et ses deux parents²⁴.

    Partage des responsabilités

    Bien qu'en alternance, chaque parent peut pleinement actualiser son rôle dans l'ensemble des tâches et des responsabilités qui lui incombent et non seulement comme parent de fin de semaine. Ainsi, la santé, le soutien scolaire et le développement global de l'enfant ne reposent pas sur un seul parent. On évite la dichotomie « un parent soignant ou parent principal » et « un parent absent ou secondaire ». La garde partagée est une manifestation spécifique de la coparentalité²⁵. Ce partage, issu d'une vision plus égalitaire, a l'avantage d'éviter la surcharge et, habituellement, le contrôle excessif de l'un ou de l'autre, quoique certains pièges existent.

    Gain de temps libre

    Le gain de temps libre n'est pas à négliger. Il n'est pas surprenant que les mères soulignent plus souvent cet avantage : le point de comparaison est encore aujourd'hui la garde à plein temps assumée par la mère. Or, ce modèle traditionnel créait bien souvent des mères exténuées et des pères absents.

    Plusieurs médiateurs constatent que, dans le rythme effréné qui caractérise nos sociétés actuelles, dans lesquelles les deux membres du couple sont habituellement sur le marché du travail et doivent concilier exigences professionnelles et familiales, la garde partagée devient parfois une solution de survie! Cette alternance peut réduire le stress en offrant un moment de répit à chacun. Et nous pourrions présumer qu'en ayant l'enfant à leur charge à temps partiel seulement, les parents ont plus d'énergie et d'amour à lui consacrer en formule condensée. De plus, le temps libre peut parfois faciliter la reprise en main de la vie personnelle. Pour apporter quelques bémols, je dois ajouter que j'ai, par contre, rencontré des mères, mais aussi des pères, qui affirmaient qu'égoïstement ils préféreraient avoir leurs enfants à plein temps avec eux, mais qu'ils ne voudraient pas les priver ainsi de l'autre parent !

    On ne peut toutefois passer

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