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Je suis toujours en vie: Autobiographie
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Livre électronique393 pages5 heures

Je suis toujours en vie: Autobiographie

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À propos de ce livre électronique

Une quête au bonheur sous forme de témoignage suite à un burn-out au travail.

« Et voilà ! J’ai signé mon sixième arrêt ! Pas de mort, je vous rassure ! Sinon je ne serais pas en train d’écrire ceci. Mon sixième arrêt de travail consécutif… Que m’est-il arrivé ? Que s’est-il passé ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Où vais-je ? D’où je viens ? Voilà tout ce qui trotte dans ma tête depuis maintenant six mois. Six longs mois à ne pas comprendre. Quoi ? Pourquoi ? Est-ce moi ? Est-ce quelqu’un d’autre ? Est-ce mon métier ? Est-ce ma vie ? Est-ce mon destin ? Alors j’ai cherché des réponses à mes questions, et je cherche encore… »

Jenny, petit bout de femme d’un mètre soixante, au sourire ravageur et communicatif semble tout réussir dans la vie et se sens épanouie. Mais un jour, alors âgée de trente-deux ans, elle se retrouve clouée au lit dans l’incapacité physique d’en sortir. Elle comprendra quelques mois plus tard que c’était un Burn-out qui a entraîné une dépression sévère. Se posant tout un tas de questions sur la maladie, sur elle-même et sur le sens de sa vie, elle nous partage dans ce récit authentique, ses recherches de réponses, sa psychothérapie et sa quête du mieux-être et du bonheur, au rythme des hauts et des bas de la maladie.

Plongez-vous dans le récit bouleversant de Jenny Colin !
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie20 mai 2021
ISBN9791023618907
Je suis toujours en vie: Autobiographie

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    Je suis toujours en vie - Jenny Colin

    COLIN-JeSuisToujoursEnVie-COUV-3.jpg

    Jenny Colin

    Je suis toujours en vie !

    4 novembre 2017

    Voilà, c’est la fin des vacances de la Toussaint. J’ai été malade pendant dix jours, je suis encore bien fatiguée mais il va falloir continuer à tenir debout jusqu’aux vacances de Noël.

    Je me suis fait une promesse hier : ne plus passer des heures, des soirées et des week-ends entiers à travailler (préparer mes cours, faire mes corrections, remplir tous les papiers administratifs, etc.). Résultat des courses : 5h passées aujourd’hui à préparer deux cours pour lundi ! Je n’en peux plus… est-ce que c’est moi qui ai un problème ou est-ce que tous les profs ont le même problème ?

    Depuis un an, j’ai rejoint deux groupes sur Facebook, des groupes de partage et d’échange entre profs d’anglais. On y trouve beaucoup de ressources toutes plus originales et intéressantes les unes que les autres mais surtout on peut faire part de ses doutes et de ses craintes et y trouver du soutien, de l’aide… ou pas ! Oui, il arrive que ça chauffe un peu parfois. Nous n’avons pas tous les mêmes méthodes ni les mêmes convictions et la vérité c’est qu’on est quand même très souvent à cran à cause de la fatigue et de la pression. Cela dit, cela crée des débats plutôt animés et tant que ça reste dans le respect de chacun, c’est plutôt intéressant voire constructif.

    Tout ça pour dire qu’il y a quelque temps, j’ai fait part de mon ras-le-bol sur l’un des deux groupes :

    « Hi all! Y en a-t-il parmi vous qui arrivent à profiter pleinement de leurs week-ends sans rien faire pour le boulot ? Neuf ans que j’enseigne, neuf ans que je passe une grande partie de mes week-ends à bosser… Il faut dire que j’ai un gros défaut : je suis perfectionniste. Mais quand même, est-ce que ça s’arrête un jour ? »

    Ce post a généré cinquante-huit commentaires, pas très encourageants, bien que réconfortants dans le sens où ils m’ont prouvé que je n’étais pas la seule à ressentir ce désespoir. Des profs ayant plus de vingt ans d’expérience commentaient que rien n’avait changé depuis le début de leur carrière, ils travaillent toujours autant. Certains ont commenté qu’ils préféraient rester travailler dans leur établissement tous les soirs après les cours pour pouvoir profiter de leurs week-ends. Malheureusement, ce n’est pas possible pour tout le monde et certainement pas pour moi : maman célibataire et soucis de santé qui m’épuisent énormément.

    Pourtant, je culpabilise un peu de me plaindre de passer mon temps à travailler 7j/7 car j’ai commencé ma carrière d’enseignante en Angleterre en 2008 où les enseignants ont 22h de cours par semaine et obligation d’être présents dans l’établissement tous les jours de 8h45 à 15h30 même quand ils n’ont pas cours. Ils doivent assister et participer à une moyenne de trois réunions par semaine, soit le matin avant les cours, soit l’après-midi après les cours. Et bien sûr, qui dit réunion, dit préparation pour y aller et encore plus de travail à faire à la suite de chacune d’elles. Un véritable cercle vicieux. En outre, aux cours, aux obligations de présence et aux réunions viennent s’ajouter les « duties » où à tour de rôle, selon un planning bien déterminé, les enseignants sont « de garde » pour surveiller les élèves dans la cour pendant la récréation, la pause méridienne, la sortie d’école et les heures de colle. Et comme si cela ne suffisait pas, lorsqu’un prof est absent et que vous, vous avez une heure de libre dans votre emploi du temps, on peut vous demander de remplacer ce prof et vous n’avez pas le choix de refuser. Autant dire qu’il est impossible de prévoir « aujourd’hui pendant mon heure de libre, je ferai mes corrections ». Non. Il y a toujours des imprévus. Et ce n’est pas tout ! En Angleterre, si vous avez le malheur d’être absent pour quelque raison que ce soit, vous devez tout de même envoyer vos cours par mail (ou les donner à la personne qui s’en occupe dans l’établissement si l’absence est prévue) afin qu’un autre prof puisse dispenser vos cours à votre place. Je ne vous explique pas le calvaire pour moi, prof de français (langue étrangère), de préparer des cours qu’un prof qui ne parle pas un mot de français puisse dispenser… Trouvez l’erreur… Et c’est sans dire que quand un prof ne peut pas se rendre au travail c’est en général qu’il est cloué au lit, donc préparer 7 heures de cours entre 7h et 8h quand on est cloué au lit, pour qu’ils puissent être envoyés par mail avant 8h30, croyez-moi, bien des fois j’ai préféré aller en cours et faire de la garderie tant qu’on me laissait agoniser sur ma chaise… Triste vérité.

    Ayant été formée en Angleterre, je ne peux m’empêcher de comparer les systèmes scolaires français et britanniques. Je suis régulièrement ce qui se passe en Angleterre et surtout au travers du site TES (Times Educational Supplement) qui publie un journal hebdomadaire avec toute l’actualité en termes d’éducation. Récemment, cet article est paru :

    ‘When teachers spend more time on planning than the teaching, we know we have a problem’.

    Colin Harris

    1 st November 2017 at 16:55

    Pour ceux qui ne comprendraient pas l’anglais : quand les enseignants passent plus de temps à préparer leurs cours qu’à les dispenser, c’est qu’il y a un problème

    Cet article, comme beaucoup d’autres, m’a interpellé. Je l’ai partagé sur les deux groupes Facebook que j’ai cités précédemment et là encore : plus de 100 « j’aime ».

    Selon l’article, voici ce qui pose problème en ce qui concerne la quantité de travail :

    Teachers are teaching far too much. Each hour in front of the class brings another hour preparing and responding to it.

    In teaching, we seem to invent meetings for the sake of it. And of course, each meeting must be essential, well-planned in both content and the staff who should be there.

    Why are we creating so much data, and with it, the spreadsheets that haunt our dreams? What happened to a professional opinion?

    We plan more for it to be analysed by management, rather than the needs of the pupils themselves. This means that we lose teacher spontaneity, creativity and ad hoc decision-making. When teachers spend more time on planning than the teaching, we know we have a problem.

    We mark too much, for the satisfaction of senior leaders and parents. Research shows the most effective form of marking is the engagement and debate with the pupil in real-time.

    In regards to the curriculum, we’ve spent far too much time reinventing the wheel. Why is it considered bad practice to do what we did last year if it works?

    Far too much of a teacher’s continued personal development is irrelevant to them. Do Year 6 teachers need to know how a Reception class works?

    Let’s not forget form-filling. We write down too much at the detriment of face-to-face time.

    Je ne vais pas tout traduire car certaines choses ne s’appliquent pas ou peu au système français, pour les raisons que j’ai citées précédemment. Je vais tout simplement mettre le doigt sur ce qui m’interpelle et me concerne actuellement en tant qu’enseignante en France :

    « Les enseignants ont bien trop d’heures de cours. Chaque heure devant la classe entraine une autre heure pour la préparer et y répondre. » L’article est gentil, moi j’ai passé 5h à préparer deux cours aujourd’hui, ce qui fait déjà 2h30 par cours et ça ne comprend pas le temps de « réponse » à chacun d’eux. Et sans vouloir en rajouter, dans mon établissement chaque cours dure 55 minutes, donc même pas une heure complète, alors faites le calcul : 2h30 de préparation pour 55 minutes. Cela doit faire du moins deux à l’heure en termes de vitesse ! (Oui, les maths et moi ça fait deux donc je préfère inventer mes propres calculs, ils parlent à tout le monde en général !) Pas étonnant que je sois débordée avant même d’avoir commencé ! Oh dear! Oh dear! Oh dear!

    Le problème de la quantité de réunions auquel font face les enseignants britanniques ne s’applique pas au système français. D’ailleurs, j’ai toujours du mal à comprendre comment il est possible qu’il manque toujours des profs aux différentes réunions en France, parfois même la moitié de ceux qui y étaient attendus… Et comme diraient les élèves « ça passe crème » ! Croyez-moi chez les anglais, ça ne passerait pas crème du tout, ça ne passerait pas tout court ! Même pas en crème anglaise !

    Le problème de l’administratif est différent en France et en Angleterre. Encore une fois, il y a bien plus de papiers, formulaires et bulletins à remplir en Angleterre qu’en France. Cela dit, en Angleterre tout est informatisé, ce qui est loin d’être le cas en France, donc au final, en termes de temps passé à tout compléter, cela revient pratiquement au même. En France, on avait les notes et les bulletins trimestriels. Ça fonctionnait. Mais même si les choses fonctionnent, qui dit nouveau ministre, dit nouvelle réforme. Alors on a réformé. Enfin…, nous, les profs, on l’a subie la réforme ! Maintenant, on a les notes, les bulletins et le LSU ! Et oui, veuillez accueillir le Livret Scolaire Unique ! Maintenant, il faut évaluer par compétences et rentrer tout ça sur un site. « Évaluer par compétences ?????!!!! » Ah ! Vous aussi ça vous fait cet effet « WTF » ? Je vous rassure, ce n’est peut-être pas du chinois pour moi, mais ça reste du japonais !

    Le seul truc que j’ai retenu (et je vais me faire taper sur les doigts mais tant pis je balance tout !) c’est qu’en fin de cycle 4 (5èmes, 4èmes, 3èmes) il faut que toutes les compétences soient validées. Et croyez-le ou non, j’ai effectué mon année de stage l’année dernière (2016-2017) après avoir obtenu le CAFEP, et on nous a clairement dit que de toute façon, que nous validions ou non les compétences de nos élèves, elles seraient toutes validées à notre place pour tous les élèves en fin de troisième, parce que sinon cela voudrait dire que l’école n’a pas fait son travail. Qu’est-ce que ça peut me mettre hors de moi ce genre de chose. On nous demande de passer des heures à remplir le détail de compétences avec commentaire personnel pour chaque élève, pour au final nous dire que quoique l’on remplisse, tout sera validé en fin de cycle. Je passe en mode ‘élève’ : « Vous êtes sérieux les gars ?! »

    Quatrième point cité dans l’article : « Les cours sont bien plus préparés dans le but de répondre aux critères des inspecteurs et du système que pour satisfaire les besoins réels de chacun des élèves. Ceci implique la perte de spontanéité et de créativité de l’enseignant ». Encore une triste vérité et celle-ci est bien plus réelle en France qu’en Angleterre. En effet, je rajouterais qu’en France il n’y a aucune liberté pédagogique et j’en ai énormément souffert l’année passée lors de mon année de titularisation et j’y reviendrai plus tard.

    Cinquième point : « Nous notons beaucoup trop pour satisfaire les attentes de la direction et des parents. La recherche prouve que la manière la plus efficace d’évaluer est l’investissement et l’argumentation constructive avec l’élève en temps réel. » Alors là, le problème est bien pire en France qu’en Angleterre puisqu’en Angleterre il n’y a pas de notes mais uniquement des « niveaux » correspondants à des compétences très claires et très précises. Compétences ? J’ai dit : « compétences » ??? Oui, oui, mais j’ai ajouté « très claires et très précises ». Il nous manque juste ce petit détail en France ! J’y reviendrai, mais qu’est-ce que ça peut m’agacer aussi cette attitude de « on veut faire comme les anglais » ! Alors soit on fait tout comme les anglais, soit on ne fait rien, mais si on prend la moitié des choses ça n’a absolument aucun sens.

    Sixième point : « En ce qui concerne les programmes, nous avons passé bien trop de temps à réinventer la roue. Pourquoi considère-t-on que ce soit mal faire que de refaire ce qui a été fait l’année passée si ça fonctionne ? » Moi, j’ai tout simplement envie de dire : « Pourquoi faire des réformes dans le seul but de faire des réformes ? Pourquoi faut-il faire des changements qui n’ont aucun sens ? Pourquoi je me retrouve à enseigner des matières dont je n’ai jamais entendu le nom avant et dont je ne suis même pas sûre de bien comprendre le contenu ? » Oui, oui, en plus de l’anglais, j’enseigne l’Accompagnement Personnalisé, la Méthodologie et l’Approfondissement. Et quand j’ai insisté sur le fait que je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi en tant qu’enseignante de ces matières lors d’une réunion pédagogique, et qu’on a tenté de me l’expliquer, je me suis vite rendue compte que je faisais déjà toutes ces « matières » dans mes cours d’anglais, quand et si nécessaire, en fonction des capacités, du niveau et des besoins de chacune de mes classes et de chacun de mes élèves. Alors pourquoi compliquer les choses en imposant de « nouvelles » matières à des horaires et jours précis et à intervalles réguliers ? Pourquoi suis-je obligée de faire de la méthodologie une fois par semaine alors que certaines classes en ont besoin deux fois par semaine et d’autres une fois par trimestre ? La réponse : « Parce que le changement c’est bien ». Ah oui, et c’est bien pour qui ? Parce que ça ne fait de bien ni à mes élèves, ni à moi en tout cas ! Et je ne vous raconte même pas le bureau des pleurs sur les groupes Facebook en ce qui concerne l’AP (Accompagnement Personnalisé) ! En fait, on m’a expliqué : « Les profs voulaient la paix, mais on les a mal compris, alors ils ont reçu l’AP ! » Blague pourrie, digne de la réforme et j’assume mes dires.

    14 juin 2018 (7 mois plus tard…)

    Et voilà ! J’ai signé mon sixième arrêt ! Pas de mort, je vous rassure ! Sinon je ne serais pas en train d’écrire ceci. Mon sixième arrêt de travail consécutif… Que m’est-il arrivé ? Que s’est-il passé ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Où vais-je ? D’où je viens ?

    Voilà tout ce qui trotte dans ma tête depuis maintenant six mois. Six longs mois à ne pas comprendre. Quoi ? Pourquoi ? Est-ce moi ? Est-ce quelqu’un d’autre ? Est-ce mon métier ? Est-ce ma vie ? Est-ce mon destin ?

    Alors j’ai cherché des réponses à mes questions, et je cherche encore…

    Aux mois de septembre et octobre 2017, après une rupture amoureuse difficile, je me suis mise à faire des rêves étranges. Des rêves dont je me souvenais dans les moindres détails à mon réveil. Alors, j’ai commencé à me demander si mon inconscient n’était pas en train d’essayer de m’ouvrir les yeux sur mon mal-être. Par chance, je suis tombée sur un groupe d’interprétations des rêves sur Facebook. Ce n’est certes peut-être pas l’endroit le plus qualifié en la matière mais j’ai eu la chance de tomber sur quelqu’un de très compétent en termes d’interprétations des rêves et je suspecte cette personne d’être psychologue ou du moins d’avoir eu une formation en psychologie. En effet, elle ne se contentait pas d’interpréter mes rêves mais elle les analysait de manière à me faire comprendre qu’il y avait un mal-être derrière tout ça et que le seul moyen d’en guérir, c’était de le reconnaître et de l’accepter. Cette personne a interprété une dizaine de rêves pour moi, et les mêmes choses ressortaient constamment. Pourtant, pour moi, tous ces rêves n’avaient absolument rien d’identique et je me demandais même d’où ils sortaient !

    Puis, je suis tombée malade. Un rhume, je suppose. On soigne le rhume. Non, ce n’est pas ça. Grosse fatigue. « La fatigue ce n’est pas une maladie » me dit-on. OK, je l’entends bien, mais qu’est-ce que j’ai alors ? Je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond ! On fait une prise de sang. Manque de fer. Vertiges, crises de spasmophilie, bouffées de chaleur… Arrêt de travail d’une semaine. Traitement pour remettre le taux de fer à la normale. Je reprends le travail. Ça ne va toujours pas. J’essaie, mais je n’arrive plus à avancer. Je suis épuisée. Je voudrais savoir ce qu’il m’arrive. Pourquoi mon corps me lâche ? Ce n’est pas le moment ! Ce ne sont pas encore les vacances de la Toussaint ! Il faut que je voie un médecin. Pas de rendez-vous avant la semaine prochaine ! Je ne peux pas attendre, je vais tomber. Au secours ! S’il vous plaît, aidez-moi ! Dites-moi ce qu’il m’arrive ! Je vais voir un médecin qui reçoit sans rendez-vous. C’est normal que ça n’aille pas mieux, il faut au moins trois semaines avant que le taux de fer commence à remonter. De nouveau en arrêt… Je tremble, je pleure, j’essaie de dormir, je n’y arrive pas, je suis à bout de force… Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Puis les vacances de la Toussaint arrivent. Mais pour moi, ça ne fait aucune différence, à part m’enlever la culpabilité de ne pas être au travail, de ne pas pouvoir assumer mes responsabilités, de ne pas être présente pour mes élèves. La routine est toujours la même : fatigue, tremblements, bouffées de chaleur, vertiges rythment mes journées. Je me couche de bonne heure : « Endors-toi vite, demain ça ira mieux ». Mais demain n’arrange rien. Mon corps me lâche… et quand le corps lâche, le moral s’en va vite avec.

    Reprise après les vacances de la Toussaint. Ah non ! Pas de reprise pour moi. Retour chez le médecin. Encore un autre ! Je ne peux pas encore attendre dix jours pour voir mon médecin traitant ! Je vais voir un médecin qui reçoit sans rendez-vous. Encore un arrêt. Encore de la culpabilité. Alors je puise dans le peu d’énergie qu’il me reste, mais surtout dans mon mental de guerrière (qui me fera défaut comme je le constate aujourd’hui !) et je me mets en fonction « tout va bien, garde le sourire, regarde droit devant toi, l’adrénaline te fera tenir ». Ça fonctionne une semaine, dix jours. Puis c’est de nouveau la chute. Je vous épargne la suite, vous avez compris le schéma qui a continué jusqu’aux vacances de Noël.

    Vacances ? J’ai dit « vacances » ? C’est quoi les vacances ? Moi, prof et maman célibataire, je n’ai jamais su ce qu’étaient des vacances. Les vacances ont toujours été pour travailler encore plus, toujours plus. « Ce n’est jamais assez » semble me répéter cette petite voix dans ma tête qui se prénomme « perfectionniste ».

    Mais cette fois-ci, c’est différent. Mon corps et mon esprit sont en conflit. Mon esprit me dit « Allez, vas-y, tu peux le faire, tu l’as toujours fait, pourquoi t’arrêterais-tu maintenant ? C’est dans la tête que ça se passe, alors vas-y, fonce ! » Et mon corps me dit tout simplement « Stop, tu vas finir par me tuer ».

    Je repense à mes rêves et aux interprétations qu’on m’en a faits. Je me dis que peut-être qu’il faudrait que j’aille voir quelqu’un. Un psychologue peut-être ? Mais c’est cher, je n’ai pas les moyens… On me parle alors du Centre Médico-Psychologique de la ville où les consultations ne sont pas payantes. Je prends rendez-vous.

    Je rencontre, dans un premier temps, une infirmière qui m’explique qu’elle va essayer de comprendre quel est mon problème et qu’elle fera ensuite un compte-rendu à un comité de médecins qui décidera de ce qu’il faut faire pour m’aider à aller mieux. L’infirmière est très gentille et rassurante. Moi, je pleure, je pleure, je pleure… Je ne comprends vraiment pas ce qu’il m’arrive. Pourquoi ai-je été une battante infaillible pendant trente ans et maintenant j’ai l’impression de n’être plus rien… de ne plus avoir ma place, d’être en train de disparaître, sans que personne ne s’en rende compte…

    Dès la première consultation, l’infirmière me dit : «Vous devriez voir avec votre médecin traitant, moi je ne fais pas de diagnostic mais je pense que vous faites une dépression ». Une quoi ? Une dépression ? Moi ? Ce mot que j’ai toujours détesté. Ce mot que j’ai toujours refusé que l’on associe à ma personne, à ce que je suis, à ce que je pense, à ce que je fais. Non, moi, je ne déprime pas ! Moi, j’ai le moral. C’est mon corps qui ne suit pas. Après plusieurs consultations avec mon médecin traitant et l’infirmière du CMP, je commence à accepter qu’une dépression n’est pas forcément un état psychique, mais aussi un état physique, ce qui serait le cas chez moi. On m’explique aussi que l’esprit et le corps sont liés : si l’un va mal, l’autre aussi. Et c’est un cercle vicieux. Mon corps va mal : je déprime ; et puisque je déprime : mon corps va mal. OK. Donc je ne suis pas sortie de l’auberge ! Et c’est reparti : Et pourquoi moi ? Et pourquoi ça ? Etc.

    03 août 2018 (2 mois plus tard)

    Publié sur Facebook :

    Ce monde n’a plus d’âme

    Ce monde n’a plus de cœur

    Ce monde me fait mal

    Ce monde me fait peur

    Où va-t-on ?

    À quoi bon ?

    C’est ça la vie ?

    Quelle déception !

    Que c’est triste !

    Que c’est douloureux !

    Sois fort !

    On te fera quand même tomber...

    Sois heureux !

    On viendra quand même tout gâcher...

    Bats-toi !

    Parce que t’as pas le choix

    Lâche l’affaire !

    La vie est un enfer

    Sèche tes larmes !

    Et ramasse tes armes !

    La vie est un combat,

    À base de coups bas

    Vraiment... C’est ça la vie ?

    C’est ça qu’tu veux pour ton fils ?

    C’est comme ça qu’tu veux qu’il grandisse ?

    Liberté, égalité, fraternité

    Mais où êtes-vous ?

    Y’a plus d’empathie, plus d’amour, plus d’humanité

    Mais qui êtes-vous ?

    Je me sens si étrangère

    À ce monde, à cet enfer

    Mais que faire, de ce goût amer

    Qui m’envahit et génère

    En moi cette colère...

    Je n’aurai jamais d’réponse

    A toutes mes questions

    Je l’ai bien compris

    Il n’y a pas d’solution

    Je suis triste

    et désespérée

    J’ai le cœur qui crie

    de douleur

    Au secours !

    J’ai besoin d’amour !

    Ça n’existe plus, me dit-on,

    Chacun sa route, chacun son chemin

    Mais surtout,

    Chacun sa merde, chacun son destin

    Je refuse que ça s’passe comme ça !

    Je refuse de laisser faire ça !

    Je refuse de baisser les bras !

    Aujourd’hui, je dis non !

    Et vive la révolution !

    Mais je n’ai plus d’force

    Même si je m’efforce

    De continuer

    À espérer

    L’espoir fait vivre, parait-il.

    Mais s’il n’y a plus d’espoir,

    que se passera-t-il ?

    Je m’essouffle, je souffre,

    La vie est une souffrance

    La faute à pas-d’chance ?

    Voilà,

    mon cœur a parlé

    Sur ce,

    Je vous souhaite une bonne soirée

    Jenny

    15 septembre 2018

    Je n’arrive pas à croire que cela fait déjà trois mois que je n’ai rien écrit… Il faut dire qu’il se passe tellement de choses dans ma vie que je ne sais plus trop où donner de la tête.

    Je suis toujours en arrêt maladie, cela fait huit mois et demi maintenant. J’attends toujours la réponse pour ma deuxième demande de Congé Longue Maladie, la première ayant été refusée car cela ne faisait pas six mois consécutifs que j’étais en arrêt maladie (à quinze jours près !). J’ai donc renouvelé ma demande le 6 juillet dernier. J’ai reçu une convocation du rectorat pour une expertise médicale. J’ai pris rendez-vous en juillet, pas de consultation possible avant le 1er octobre ! J’attends…

    En attendant, je ne touche que la moitié de mon salaire depuis deux mois car « tout le monde était en vacances cet été ». Pas facile à entendre comme réponse quand on sait que l’on va crouler sous les dettes en attendant que les personnes compétentes reprennent leur poste pour gérer mon dossier. Et oui, nous ne sommes plus que des numéros de dossier ou de client dans cette société inhumaine. Enfin bon… c’est un débat que j’entreprends souvent et que je ne gagne jamais. Toujours la même réponse : « C’est comme ça, tu ne changeras ni les gens, ni le monde ». Et pourtant, j’aimerais tellement pouvoir le faire… Je vis ceci comme un réel mal-être, je me sens complètement étrangère à ce monde, à cette société, et c’est une des causes de ma maladie. Quelle maladie ? Je n’ai toujours pas obtenu la réponse. Et pourtant, j’ai vu un bon nombre de médecins ces derniers mois : généraliste, psychologue, psychiatres.

    Il y a deux mois, on m’a parlé de la Clinique de l’Anxiété, à Uzès, pas très loin de chez moi. J’ai fait quelques recherches sur internet et vu le peu (pour ne pas dire « l’inexistence ») d’amélioration de mon état de santé, j’ai décidé d’appeler pour demander un rendez-vous. Après tout, je n’ai rien à perdre. On m’a demandé le nom du médecin qui me suivait. J’ai donc donné le nom de ma psychiatre, Dr D. J’aurais préféré donner le nom de ma psychologue, j’ai l’impression qu’elle me connaît mieux que la psychiatre, qui me voit plus comme une patiente « malade » ayant besoin d’un traitement médicamenteux, que comme une patiente souffrant d’un mal-être nécessitant une thérapie psychologique (comme c’est le cas avec ma psychologue). Mais, les psychologues ne sont pas des médecins, je ne le savais pas.

    La Clinique de l’Anxiété a donc envoyé un formulaire d’admission à ma psychiatre, le Dr D., et m’a mise sur liste d’attente. Entre temps, j’ai vu le Dr D. à deux reprises. Elle m’a dit qu’elle avait bien reçu le formulaire mais qu’elle ne savait pas où elle l’avait mis, qu’elle le chercherait… Pas facile à recevoir comme réponse, quand on est en pleine dépression, à la recherche d’un petit peu d’aide, de soutien et de compréhension. Encore une fois, j’ai bien compris que je n’étais qu’une patiente parmi tant d’autres, qu’un numéro de dossier, et non pas un être humain en souffrance… Bref !

    Par chance, deux mois après mon appel à la Clinique, je reçois un appel me proposant un rendez-vous le 10 septembre. J’étais ravie ! Enfin une petite lueur d’espoir ! J’ai lu qu’ils pratiquaient beaucoup l’hypnothérapie dans cette Clinique. J’ai un peu peur mais en même temps, aucune autre solution ne m’a aidée à aller mieux jusqu’à présent alors pourquoi pas, si c’est fait par des professionnels compétents ?

    Lundi 10 septembre, 15h. J’arrive à la Clinique de l’Anxiété. Je suis reçue par un homme dont je ne retiens pas le nom. Je remarque simplement qu’on le nomme « Monsieur » et non pas « Docteur ». Peu importe. Il me reçoit dans son bureau et me demande ce qui m’amène ici. Je reste muette quelques secondes, je ne sais pas trop par quoi commencer. Alors il m’aide, il me pose des questions, sur ma famille et mes relations avec les différents membres de ma famille. Puis on parle de mon arrêt maladie et des symptômes que je présente. Mon plus gros souci : les troubles du sommeil, pour moi la cause principale de tous mes soucis. Il m’a gardé une heure trente au lieu d’une heure. On a beaucoup parlé, j’ai eu un peu de mal à rester concentrer pendant si longtemps, il parlait beaucoup et assez vite, il faisait chaud, j’avais des gouttes de sueur sur le front et dans le dos… mais je n’ai pas fait de malaise.

    Après avoir cerné les grands traits de ma personnalité et de mon mal-être, il m’a dit : « Vous êtes une guerrière, vous vous battez sans arrêt. Sauf que la vie ça n’est pas un combat, il faut arrêter de vous battre tout le temps ». Plutôt réaliste comme portrait… En même temps, je ne comprends toujours pas pourquoi mon fonctionnement (me battre sans arrêt) a toujours porté ses fruits et a même largement contribué aux diverses réussites de ma vie, et maintenant, depuis trois ans, ça ne fonctionne plus.

    Je suis consciente que je n’ai plus de force, je n’ai plus cette énergie incroyable qui me permettait d’avancer voire même de courir même au milieu d’obstacles et d’embuches, j’étais comme invincible. Aujourd’hui, la moindre petite claque me fait tomber à terre. Du moins, c’est ce que je ressens, mais ce n’est pas forcément l’avis des médecins qui me suivent. Ils voient toujours en moi cette force. Moi j’ai l’impression que cette force est toujours là au fond de moi mais a du mal à se faire une place, elle est coincée entre mon épuisement physique et psychologique et mes idées noires assez récurrentes. C’est comme s’il y avait désormais deux personnes en moi alors qu’auparavant il n’y en avait qu’une : une qui me dit : « Continue à te battre, tu as toujours réussi, si tu le veux, tu peux et tu le sais, tu l’as prouvé maintes fois, rien ne peut t’arrêter », et une autre qui me dit : « A quoi ça sert de continuer à te battre, tu te bats depuis que tu es gamine, trente ans de combat et la guerre continue, à quoi bon ? C’est ça la vie ? Un perpétuel combat ? Tu vas continuer à souffrir comme ça avec des blessures de plus en plus graves pendant combien de temps ? La mort pourrait mettre un terme à toutes tes souffrances, et tu sais désormais pertinemment que ce combat qu’on appelle la vie ne cessera jamais et que tu seras de plus en plus faible, blessée, et que tu souffriras de plus en plus, et que tu arrives de moins en moins à supporter

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