Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le monde du Cristalior: Tome 1 : Cristalia
Le monde du Cristalior: Tome 1 : Cristalia
Le monde du Cristalior: Tome 1 : Cristalia
Livre électronique386 pages5 heures

Le monde du Cristalior: Tome 1 : Cristalia

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

A l’aube du XXIe siècle, Farrell Lyon, un jeune homme de dix-huit ans est dirigé malgré lui vers un destin hors du commun. Il va découvrir que le monde dans lequel il vit renferme de nombreux secrets et que les humains ne sont pas les seuls à le peupler. Qu’une civilisation bien plus évoluée se cache dans la temporalité de ce monde. Une grande menace approche pour faire plier l’humanité et nul ne pourra y réchapper. Venez vivre avec lui, la trépidante aventure de l’ordre des Gardiens dans le Monde du Cristalior.
LangueFrançais
Date de sortie18 sept. 2015
ISBN9782312035604
Le monde du Cristalior: Tome 1 : Cristalia

Auteurs associés

Lié à Le monde du Cristalior

Livres électroniques liés

Science-fiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le monde du Cristalior

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le monde du Cristalior - Julien Boutique

    cover.jpg

    Le monde du Cristalior

    Julien Boutique

    Le monde du Cristalior

    Tome 1 : Cristalia

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03560-4

    Remerciement

    Le monde du Cristalior ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans la précieuse aide que m’a fourni ma famille, mes amis et ma compagne, que ce soit par leurs conseils ou leurs temps accordés. Je tiens à les remercier et tout particulièrement : Marie Noël, Lucas Morcrette, Isabelle Liberton et Christine Romanowicz pour m’avoir aidé à perfectionner mon texte et ainsi qu’à Gérémy Agenor pour son talent.

    CHAPITRE UN

    Farrell Lyon

    Je vais vous narrer mon histoire. Mon histoire, bien qu’elle me soit tombée dessus, n’a rien d’une belle histoire d’amour, de fantaisie, ou encore une folle histoire d’aventure. J’aimerais qu’elle le soit et que tout cela ne soit jamais arrivé mais hélas, elle le fut…

    Avant de rentrer dans le vif de ce qui a bouleversé ma vie et celle de notre monde, je tiens à vous décrire la vie que je menais paisiblement et la vie que j’aurais pu avoir sans cette affreuse situation qui est sortie tout droit d’un cauchemar.

    Nous sommes dans l’ère du vingt et unième siècle. Nous avons échappé à la fin du monde prévue par les Mayas et au bug de l’an deux mille. Tous ces gens sont ridicules d’avoir cru à ces prédictions datant de plusieurs millénaires. La véritable fin du monde ne surviendra que des dizaines d’années plus tard, d’après une thèse que nul n’a encore évoquée.

    Je m’appelle Farrell Lyon, j’ai dix-huit ans et je suis en chemin pour réussir dans la vie. Je réside dans une région environnante de Bruxelles, loin des prétentieux de la capitale. Le seize janvier, j’avais entamé une carrière de combat libre. Vous me direz, ce n’est pas la meilleure des solutions pour conserver ma gueule d’ange mais les arts martiaux me passionnent depuis que je suis tout petit. Ayant pratiqué depuis mes six ans le taekwondo et le judo, je suis passé au krav maga il y a de cela quelques années et j’aimerais m’essayer à cette discipline aujourd’hui. Mon objectif : devenir le meilleur pour pouvoir protéger ma famille. Mon père, ayant subi un traumatisme durant son adolescence, m’a toujours poussé à devenir fort et à défendre les plus faibles et les personnes que j’aime. Je suis devenu une personne honnête et respectueuse. Je m’efforce chaque jour à rendre ce monde un peu meilleur. Nous tous avons le pouvoir de le faire mais rares sont ces personnes qui osent agir. Le monde a toujours été le théâtre de scènes de catastrophe et de ravage, et l’humanité ne déroge en rien à cette fatalité. C’est pourquoi, aujourd’hui, je vais lui prouver que je suis devenu l’homme qu’il a toujours souhaité et qu’il peut être fier de moi.

    – Alors mon petit, tu veux devenir boxeur professionnel ? Ton professeur de krav maga m’a dit que tu étais un phénomène. Ton père m’a lui aussi affirmé que tu étais le meilleur et que je ne serai pas déçu. Je vois là que tu as pratiqué des sports de défense depuis ton plus jeune âge. Ainsi que du krav maga depuis maintenant trois ans… C’est bien beau tout ça mais tu viens me trouver sans aucune expérience en combat libre et tu crois que l’on va t’amener ton titre sur un plateau d’argent ? Ici, ce ne se sont pas les petits caïds des rues que tu retournes en deux secondes d’un revers. Ici, ce sont des durs qui vont te mettre sur la touche en moins d’une minute. Comprends tu, gamin ? Tu devrais passer par un entraîneur pour prouver ta valeur avant de venir me voir. Je ne peux pas t’accepter ainsi, cela m’est impossible, me disais Emmanuel, le directeur des organisations de combat libre.

    – Laissez-moi prouver ma valeur aujourd’hui, j’ai la capacité nécessaire pour vous impressionner tout de suite. Si vous ne m’acceptez pas aujourd’hui, c’est un futur champion que vous regretterez dans l’avenir. Que cela vous coûte un peu de votre temps, juste le temps d’un combat, laissez-moi affronter l’une de vos machines de combat et je vous prouverai que vous avez fait le bon choix !

    – Pour avoir des frais d’hospitalisation au cul, non merci !

    – Je vous promets qu’il n’en sera rien, au pire, je serais K. O et ne reviendrai plus vous déranger et, au mieux, vous gagnerez un combattant. Vous ne le regretterez pas.

    Le directeur se cala dans son siège pivotant et prit le temps d’y réfléchir. Il me fixa droit dans les yeux pendant une longue minute puis reprit :

    – Alors toi, tu as des couilles mon garçon, et j’aime ça ! Il en faut pour pouvoir rentrer dans la cage. Mais attention à toi : j’en ai vu plus d’un parler comme tu le fais à présent et je peux t’assurer qu’ils en sont ressortis avec des dents en moins, m’assura-t-il avec un grand sourire qui pouvait dévoiler des trous dans sa dentition. Bon, c’est d’accord. Va enfiler des gants et un protège-dents, je ne voudrais pas que tu laisses tes dents sur mon ring. Tu vas affronter un poids léger du nom de Ricardo, il s’entraîne justement aujourd’hui dans notre salle. Il va pouvoir goûter à de la chair fraîche, je te préviens, il n’est pas réputé pour sa tendresse. Es-tu sûr de vouloir l’affronter ?

    – Je suis prêt comme jamais !

    – Tu es confiant, peut-être un peu trop à mon goût… Bon, trêve de bavardage, je veux voir plus de combat !

    Nous descendîmes au sous-sol. Là, une grande salle m’attendait avec des gradins et au centre, un ring muni de hautes barrières grillagées. La cage ! Elle pouvait sembler froide et inhospitalière, mais elle ne produisait en moi qu’une sensation de victoire et de réussite imminente.

    Je n’étais pas un fan de violence, loin de là. Tout ce que je faisais, c’était prouver ma valeur. Me prouver à moi-même que j’en étais capable, que je pouvais être le plus fort.

    Ricardo, un métis grand et sec, m’attendait impatiemment sur le ring. Il dégageait une certaine force qui ne donnait pas l’envie de se frotter à ce genre de gars, un visage dur orné de cicatrices qui témoignaient qu’il en avait bien bavé dans la vie. Il m’adressa un sourire presque sadique. On lui avait sûrement donné comme consigne de m’en faire voir de toutes les couleurs pendant ce round, histoire de me montrer que ma place n’était pas ici. Un autre homme se tenait près de lui, petit, trapu, l’homme qui allait faire respecter les règles. Vu son sourire à lui aussi, je pariais déjà que les règles ne seraient pas en vigueur aujourd’hui.

    – Alors te voilà mon grand. Rentre et prouve-moi que tu ne me fais pas perdre mon temps.

    Le champion s’est approché et m’a soufflé :

    – Tu vas regretter ce moment pendant les prochains jours…

    Il ne m’intimidait en rien et je me disais que c’était lui qui allait avoir du mal à s’en remettre.

    Quand la cloche sonna, mon cœur s’arrêta le moment d’une seconde pour analyser la situation. Le géant se ruait déjà sur moi avec fureur. Me mettant en garde, je vis au ralenti ses poings arriver au niveau de mon visage. Une série de coups essayaient d’atteindre ma tempe et mes côtes. Je contrai chaque coup, esquivant et bloquant ses coups de marteau. Quand il comprit que j’étais plus rapide et plus habile que lui, il adopta une nouvelle stratégie qui consistait avant tout à détruire ma garde. Les coups pleuvaient et je pouvais voir sur ce visage en sueur des yeux remplis de colère et de haine. Quand ses enchaînements étaient repoussés, je changeais de garde pour recevoir la prochaine volée. Toutes mes années d’apprentissage me servaient excellemment. Je restais calme malgré la montée d’adrénaline. Je pouvais analyser le moindre de ses faits et gestes et ainsi les anticiper sans difficulté et lui s’épuisait de seconde en seconde. Il n’utilisait que la violence de même qu’une belle précision, je devais le reconnaître, mais l’art du combat est tout autre chose et lui ne l’avait pas compris. Après une minute d’esquive éprouvante, je percevais du mécontentement et de la déstabilisation dans son regard. Il n’avait sûrement pas l’habitude que l’on lui résiste aussi longtemps sans le moindre mal. Le moment que j’attendais survint en une fraction de seconde. Un trou béant apparut dans sa défense, tout son flanc droit se dévoila et sans perdre de temps, je lui assignai un coup de tibia ravageur. Il n’eut même pas le temps de contrer. Cela parut le surprendre et j’en profitai pour attaquer. La donne allait changer. Je dévoilai mes armes et allais lui montrer qui était le plus fort dans ce combat. Mes coups étaient précis et destructeurs lui arrachant au passage sa sueur et il laissa échapper des gouttes de sang. Il contra mes assauts une fois sur deux et ceux qui passaient lui infligeaient toujours plus de déstabilisation. Je sentais que chacun de mes gestes l’affaiblissait petit à petit. Il tenta une prise pour me mettre au sol mais je fus plus rapide et j’atteignis sa tempe. Il manqua de peu le K. O mais il reprit vite sa posture de défense. Seulement, ce fut trop tard. Je lui décochai un crochet qui l’envoya voler au tapis pour de bon. Il s’écroula enfin au bout de cette deuxième minute de combat intense.

    Le petit bonhomme me regardait avec ses petits yeux mesquins.

    Le directeur me dévisageait aussi, stupéfait, avec de grands yeux étonnés, passant de moi à l’homme à terre.

    – Je n’ai jamais vu Ricardo tomber de cette manière. Oh non, jamais… me lança-t-il avec une voix remplie de joie et de stupeur.

    Mon garçon, je sens qu’une grande carrière t’attend.

    Effectivement, je m’en étais sorti indemne, bien que mes bras et mes cuisses étaient couverts d’hématomes et de rougeurs. Mais mon adversaire, lui, gisait sur le sol de la cage, inconscient. Emmanuel m’invita cette fois-ci dans ses bureaux pour festoyer. Lui qui, quelque minute plutôt, voulait me faire déguerpir le plus vite possible, souhaitait à présent s’entretenir avec moi devant un bon verre de scotch.

    C’est ainsi que je me suis retrouvé en compagnie des entraîneurs de combat libre, à boire toute la soirée.

    Le témoin de la scène n’arrêtait pas de décrire ce duel époustouflant et de vanter mes mérites à ses amis et tous me prédisaient une carrière des plus remarquables.

    Vers deux, trois heures du matin, quand la beuverie tira à sa fin, je pris congé de mes nouvelles connaissances. Ne voulant pas réveiller mon père vers cette heure aussi tardive, je décidai de rentrer à pied, bien que mes jambes aient été mises à l’épreuve bien des heures auparavant.

    L’alcool me permit de masquer la douleur et je me mis en quête de mon chez-moi Certes, ce n’était pas la porte à côté, je devrais mettre pas moins de deux heures pour y arriver, mais une marche matinale ne me dérangeait en rien. Nous étions jeudi et rares sont ceux qui traînaient dans les rues en semaine. J’arpentais les allées bétonnées fraîches et sombres, en coupant à travers les lotissements et les quartiers moins chics. Je ne craignais pas de rencontrer des jeunes ou ces bandes de caïds qui cherchaient une victime dans la nuit. De plus, mon combat avait augmenté l’estime que j’avais de moi-même.

    Je me dis que, même sous l’emprise d’un très bon scotch de dix-sept ans d’âge, je ne craignais rien des éventuels voyous.

    Les rues étaient calmes et bien éclairées, j’eus grand-peine à progresser rapidement avec ma vision doublée. Pourtant, l’aube faisait son apparition et je n’étais même pas encore arrivé chez moi. Je regardais ma montre accrochée à mon poignet : cinq heures. Je me décidai à apprécier la vue qui se levait devant moi. Un magnifique spectacle de couleur ocre se dévoila. Dans ces rares occasions où je songeais à notre monde, et je me disais que nous ravagions petit à petit cette magnifique planète. Nous devrions plutôt cultiver cet amour pour la préserver. L’aube se leva et avec elle, la ville s’éveilla.

    Une heure après, j’arrivai enfin à mon domicile, ne faisant aucun bruit pour ne pas dévoiler ma présence. J’espérais me glisser dans mon lit en toute discrétion, sachant que mon paternel aurait sûrement piqué une crise de me savoir de retour si tard. Je retirai soigneusement mes chaussures, empruntai le corridor jusqu’aux escaliers quand j’entendis du bruit dans la cuisine. La porte s’ouvrit doucement et la silhouette de mon père apparut me demandant de venir déjeuner avec lui.

    – Alors, comment s’est passé ton rendez-vous ? Vu l’heure à laquelle tu rentres, je devine qu’il s’est plutôt bien passé, non ? Tes sœurs et moi nous sommes beaucoup inquiétés tu sais. Tu aurais pu nous prévenir, non ? J’allais te sonner avant d’aller au travail afin de savoir si je devais ou non appeler la police pour leur signaler une disparition.

    – J’ai remporté ce combat papa ! répliquai-je pour détourner son attention. Tu avais raison, il ne voulait pas me prendre donc je lui ai proposé de me laisser monter sur le ring, selon tes conseils avisés, et je l’ai battu ! J’ai battu son champion !

    – Incroyable, je savais que tu allais réussir cet épreuve mon fils ! Et pour la suite, tu as fêté ta victoire je suppose ?

    – Le directeur m’a proposé de rester avec eux pour fêter l’événement. Je dois y retourner cette après-midi pour signer mon contrat. Il se peut que je rentre encore tard ce soir car il veut me présenter à ses champions, bien que j’ai déjà familiarisé avec un.

    – J’espère qu’il ne te gardera pas rancune.

    – En tout cas, il doit au moins m’en vouloir pour le mal de crâne que je lui ai infligé.

    Et tous deux, nous éclatâmes de rire.

    – Moins fort ! s’exclama ma plus jeune sœur de quinze printemps, vous voulez vraiment réveiller toute la maison ? Vous n’êtes pas les seuls dans cette fichue baraque !

    – Surveille un peu ton langage ! s’exclama mon paternel avec un air plus sérieux.

    J’avais hérité des beaux yeux bleus de mon père ainsi que de sa chevelure ténébreuse. Le seul aspect que j’avais tenu de ma mère était malheureusement mon plus grand défaut : une petite taille. Je mesurais à peine un mètre septante ce qui me chagrinait quand j’étais en face de mon père, qui lui faisait un mètre nonante-cinq.

    – Allez, cesse de rêvasser Farrell ! Va dormir si tu veux être en forme cet après-midi.

    – Oui, tu as raison papa. A tout à l’heure, bonne journée.

    – Fais de beaux rêves, me dit-il avec un sourire.

    En montant les escaliers, je pris le médaillon pendu à mon cou où reposait le portrait de ma tendre mère, l’embrassai et lui souhaitai une agréable journée.

    Mon sommeil fut agité par des apparitions étranges, deux hommes floutés que je pouvais à peine percevoir dans un espace confiné et sombre. De grands flashs de lumière apparaissaient parfois bleus, verts ou rouges ou encore violacés qui m’aveuglèrent. De belles couleurs jouaient au-dessus de ma tête. J’avais envie de les rejoindre, de danser avec elles, de me joindre à elles mais j’étais retenu au sol, incapable de bouger, le souffle emprisonné. J’étais en train de suffoquer… Je me réveillai en sueur, découvrant que ma couverture avait valsé loin de mon lit et que mes draps étaient emmêlés.

    Oh, ces cauchemars… me dis-je. Toujours et encore les mêmes. Cela faisait plusieurs mois que je rêvais de cette scène à croire qu’elle m’avait marqué. J’avais sans doute regardé quelque chose qui était resté gravé dans mon esprit. Ça et une cité située dans les airs ravagés par les flammes. Un spectacle abominable, des personnes se jetant dans le vide. Ces deux songes revenaient parfois troubler mes nuits. Je promenais mon regard vers mon horloge et elle m’indiqua 14h01.

    – Déjà ! m’esclaffais-je.

    J’ai rendez-vous dans deux heures et j’ai encore un tas de préparatifs à faire ! Puis, je m’arrêtai quelque secondes sur mon bonsaï, petit d’une vingtaine de centimètres. Cet être était d’une beauté magnifique mais dur à garder en vie. Il faut toujours bien s’occuper des choses que l’on aime pour qu’elles ne nous quittent pas. Cette règle valait également pour les humains bien sûr.

    Je pris une douche et un dîner copieux et partis dans les rues de Laeken. Je devais revoir mon ami Hanken qui est illustrateur, le seul parmi une bonne cinquantaine à vouloir publier mon roman, « A la recherche de mon monde ». Il faut dire que l’industrie du livre est impitoyable et en chute continue face à la télévision et le progrès d’Internet. Mais j’avais persisté et avait rencontré Hanken lors d’une soirée lecture. Nous étions devenus amis et il a accepté de m’aider sur ce projet. Mon portable sonna et c’était justement lui.

    – Qu’est-ce que tu fiches mon vieux ? Tu devrais être là depuis au moins une bonne heure ! Je te rappelle que j’ai d’autres rendez-vous après toi. Je vais devoir les repousser grâce à toi, ça me fera un petit moment de répit, comme d’habitude. Je te remercie de te soucier de moi Farrell.

    – J’arrive tout de suite mon pote, c’est toujours un plaisir de contribuer à ton bonheur. Sur ces mots, je raccrochai. J’étais arrivé devant son cabinet. Il avait acheté un étage entier dans les avenues commerciales de la capitale. Cet homme n’avait pas encore vingt-cinq ans qu’il était déjà plein aux as.

    Comme d’habitude, sa charmante secrétaire, Amandine m’accueillit. Son sourire vous mettait de bonne humeur le matin et ses yeux pétillants vous invitaient à la suivre jusqu’au bout du monde. Enfin bref, c’était cette impression qu’elle me faisait. Hanken le savait bien, il aimait bien me faire attendre avant de le recevoir afin que je puisse profiter un instant de la compagnie de la belle demoiselle. Mais cette fois-ci, j’étais directement attendu.

    – Ah, monsieur Lyon ! Il vous attend dans son bureau. Le pauvre se repose sur son sofa. Essayez tout de même de ne pas trop le réveiller, m’admit-elle avec un sourire ironique.

    – Je n’y manquerai pas ma chère. J’espère ne pas vous avoir donné plus de boulot que ce bougre ne vous en donne déjà.

    – Oh, je n’ai dû reporter qu’une dizaine de rendez-vous mais j’ai l’habitude. L’esclavage devrait bientôt être révolu dans cette ère de nouveautés.

    – Oh oui, je suis sûr que bientôt, ce seront les robots qui travailleront à notre place. Nous pourrons nous la couler douce toute la journée, ne serait-ce pas magnifique ?

    – Mettez-vous à l’œuvre dès maintenant alors, que mes migraines disparaissent…

    – C’est toujours un plaisir de vous voir miss Didi. Lui adressai-je en prenant l’ascenseur.

    Le clin d’œil charmeur qu’elle me renvoya me mit d’excellente humeur.

    Arrivé à l’étage désiré, je pris la troisième porte sur la droite et je rentrai dans le bureau de mon ami après m’être annoncé. Je le trouvais bien évidemment allongé sur son sofa.

    – Alors, c’est comme ça que l’on travaille ? m’exclamais-je.

    – C’est comme ça que l’on attend les retardataires. Comment vas-tu Farrell ? Houlà, je vois que tu as de sales marques sur tes bras… Est-ce que tes sœurs t’auraient encore martyrisé ?

    – Pas cette fois mais elles le font toujours autant, c’est certain. Elena voudrait faire de la lutte ou du catch et elle me prend pour exemple. Et comme punchingball par la même occasion… Mon père est contre ce principe. Il est très protecteur, comme à son habitude, mais il cédera aux caprices de ses petites princesses… C’est un boxeur qui m’a fait ça.

    – Ah vraiment ? Oui, je me souviens de ton ambition pour ces cages. Tu as été jusqu’au bout de ton idée ?

    – Oui et j’ai battu un de leur champions, ce qui m’a valu un contrat avec le DDC de la confédération des combats libres de Belgique. Je signe aujourd’hui.

    – Mes félicitations mon vieux ! J’espère que je n’aurai pas à venir te voir combattre comme un animal dans ces rings. J’ai toujours trouvé ça très barbare.

    – Oh que si ! Tu devras venir, et m’encourager en plus, quel dommage pour toi.

    – Me voilà dans de sales draps.

    Bon voici les notes de ce trimestre. Comme tu peux le voir, les chiffres sont en hausse et on démontre une vente de plus de… thaladamdam… Il fit durer le suspens quelques secondes.

    – Un joli total de deux mille cent quarante-six livres vendus rien que pour cette année ! Tu commences à avoir du succès mon pote.

    – Mais c’est vraiment génial ! Si j’avais su que ça marcherait aussi bien, je t’en aurais parlé plus tôt ! Et moi qui osais à peine t’en parler à l’époque…

    – Et moi dont ! Si des personnes friandes de littérature continuent à découvrir ton livre, je te promets une très belle année.

    – Tout est parfait. Si tu pouvais m’envoyer tout ça à mon adresse, ce serait super… Je suis vraiment désolé mais il faut que je file. Je dois aller signer mon contrat. On s’appelle pour se faire une bouffe ?

    – OK, nickel monsieur Lyon, bonne journée.

    – A toi aussi mon vieux.

    15h 16. Je devais me dépêcher pour arriver à l’heure. J’avais déjà retardé quelqu’un, pas besoin d’en retarder d’autres. Une fois le tram emprunté, me voilà dans les locaux, à l’heure. Le bâtiment était un peu sordide, pas vraiment le genre d’endroit où on aurait l’idée de s’attarder. Il me faisait penser à une vielle usine d’assemblage.

    – Les terrains d’entraînement se trouvaient ici, m’expliqua le directeur. Il me raconta qu’il avait une firme de combattants à son nom depuis maintenant trois générations. C’était son grand-père qui avait commencé à entraîner un champion. Depuis, l’affaire s’était agrandie. Emmanuel était fier de me présenter ses dix-sept boxeurs en titre.

    Je me croyais presqu’au temps de l’apogée romaine, à nous imaginer en gladiateur. Nous nous distinguions de la foule par notre brutalité et notre maîtrise au combat. Il me présenta à toute l’équipe et en particulier aux entraîneurs.

    – Ce seront tes principaux mentors. Ils ont élevé plus d’un champion jusqu’à la gloire. Alors, avec tes performances plus qu’admirables, ils te dresseront sur le sommet du podium, j’en suis certain. Je remarquai l’attitude de Ricardo à mon égard. Tandis que tous me félicitaient pour ma victoire, lui m’envoyait des regards haineux et ne m’adressa pas une seule fois la parole.

    – Ne t’en fais pas pour lui, il est comme ça avec tout le monde. Il ne supporte pas la défaite et il faut dire que se faire battre par un gars sans expérience comme toi n’arrange en rien la situation, me rassura Miguel.

    Ensuite, ce fut le moment de remplir mon contrat. Quelques heures de formalité et de paperasse. Il n’avait pas l’air d’apprécier toutes ces démarches mais m’a affirmé qu’il préférait le faire lui-même, traiter directement avec son boxeur plutôt que de laisser ce travail à un tiers.

    Après vint la soirée. Les coachs et quelques combattants se réunirent dans l’un des salons et tous m’accueillir avec une dose massive de scotch bien serré. Quelque chose me disait que je n’en aurais pas fini de sitôt avec ces réunions arrosées.

    Emmanuel me tint à l’œil toute la soirée. Il était toujours à me relancer dans la conversation ou à m’applaudir pour mon exploit de la veille. Il semblait très accueillant mais quelque chose me dérangeait dans son regard. Je le trouvais bien trop attiré par moi, trop curieux. J’ai beaucoup étudié le comportement humain durant mon apprentissage. Le regard est extrêmement important lors d’un combat ou d’un conflit ainsi que l’attitude. La sienne me mettait en garde contre quelque chose mais je ne discernais pas encore quoi. Je n’arrivais pas à déceler le danger potentiel. Il était sûr que ces gars savaient mettre de l’ambiance. Je ne vis pas les heures défiler, il fut trois heures du matin en un clin d’œil. J’annonçai mon départ à cette heure tardive. Certains voulurent me raccompagner mais je déclinai l’offre avec politesse, ne leur faisant pas confiance pour la plupart. Trop saoul pour rouler correctement,

    Emmanuel insista pour qu’Alsons me raccompagne. Ce dernier était le seul à n’avoir rien consommé de toute la soirée, hormis de l’eau. Il semblait réticent à vouloir me reconduire mais son patron lui ordonna de le faire. Il s’exécuta et proposa de me raccompagner avec un sourire forcé. Je trouvais la scène étrange mais le scotch qui cuvait dans mon estomac ne me prévint d’aucun danger. Je préférai ne pas rentrer à pied et perdre ma journée du samedi par la même occasion.

    En repartant, Emmanuel m’asséna une grande claque sur l’épaule et me souhaita un bon week-end avec un sourire franc.

    Je me dis que celui-ci s’inquiétait juste pour son nouveau protégé et que le laisser repartir tout seul à pied était un risque.

    CHAPITRE DEUX

    Une rencontre inattendue

    Alsons conduisait rapidement. Malgré son état de sobriété, je le sentais stressé. Je pouvais voir du coin de l’œil son visage moite, des gouttes de sueur perlaient le long de sa nuque. Il fixait son regard droit devant lui sans m’adresser la parole. Ma tête vacillait mais je pouvais sentir que quelque chose ne tournait pas rond. Pour m’en assurer, je le questionnai.

    – Pourquoi ce comportement mon gars ?

    Houlà, mes phrases étaient plus ou moins compréhensibles. Ma tête tournait et j’avais du mal à trouver me mots. J’espérais que je sois encore en état de me défendre si quelque chose tournait mal. Je réfléchis à quelle sorte de situations je pouvais m’attendre et je n’en vis que quelques-unes. Est-ce que Emmanuel voulait se débarrasser de moi ? Il ne voulait vraiment pas de moi malgré mon potentiel. Pourtant, j’avais rempli un contrat avec lui, à moins que celui-ci ne fût un faux. Est-ce que Ricardo m’attendait pour me régler mon compte ? Toutes ces questions me trottaient dans la tête.

    – Il n’y a rien du tout, que vas-tu imaginer ? Tout va bien se passer, tu verras.

    Il se trahit et je sentis l’hésitation dans sa voix. Je le fixai à présent, prêt à envisager toutes les solutions. Je pouvais encore sauter de la voiture, quoique, à cette vitesse, j’aurai été traîné sur cent mètres. Blessé, il aurait eu le temps de revenir me chercher. De plus, je ne savais pas si mon état était vraiment propice à la course… Et pour ne rien arranger, je ne reconnaissais aucune des rues dans lesquelles nous nous étions engagés. Je crus que nous étions dans une allée de garage. Oui, c’était cela. Où étions-nous et que faisions-nous par ici ? Je tentai d’en savoir plus du mieux que je pouvais.

    – Que comptes-tu faire d’moi ? Et que f’sons-nous par ici ? Réponds-moi !

    Il s’arrêta net, ayant pour résultat de m’envoyer quelque peu dans le pare-brise. Il me regarda d’un air sombre, le regard de quelqu’un qui devait accomplir une basse besogne.

    Sans dire un mot, il sortit de la voiture et contourna le véhicule pour me rejoindre. J’eus le réflexe de me préparer à sortir les poings mais il fut plus rapide. Dès qu’il ouvrit la portière, je sentis ses grosses mains m’agripper par les épaules et me tirer à l’extérieur. Je me dégageai et lui envoya un coup de pied en plein visage et il le reçut pile là où je voulais l’atteindre. Je réussis à lui faire pisser le sang par le nez. Il m’asséna alors une série de coups et je finis par m’effondrer. Il me jeta dehors, tel un vieux sac poubelle. Je n’avais pas la force de l’affronter et il le savait.

    Il me regarda pendant quelque secondes, l’air apeuré. Fixant la pénombre qui nous entourait, il regarda de gauche à droite et s’arrêta sur une petite ruelle se trouvant entre les bâtiments de la rue adjacente. Les phares éclairaient le corps de mon ravisseur et un frisson le traversa. Il retourna prestement derrière son volant, me laissant à terre.

    – Pourquoi ? lui criais-je.

    – Tu comprendras très vite ! Un conseil : si tu veux vivre, suis la ruelle en face.

    Et enclenchant la marche arrière, il partit à toute allure. L’obscurité se faisait de plus en plus angoissante à mesure que les phares s’éloignaient. Bientôt, je me retrouvai dans le noir complet, hormis une source de lumière qui provenait du fond de la

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1