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Prenez la parole, votez !: Le parcours d’un Gilet jaune, des ronds-points aux urnes
Prenez la parole, votez !: Le parcours d’un Gilet jaune, des ronds-points aux urnes
Prenez la parole, votez !: Le parcours d’un Gilet jaune, des ronds-points aux urnes
Livre électronique178 pages2 heures

Prenez la parole, votez !: Le parcours d’un Gilet jaune, des ronds-points aux urnes

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À propos de ce livre électronique

« Prenez la parole, Votez ! » est le premier livre d’un Gilet jaune sur le mouvement qui bouleverse la France depuis le 17 novembre 2018.
Au départ, Benjamin Cauchy est un français tout à fait ordinaire. Il a un travail, deux enfants, une pension alimentaire ; il paie ses impôts ; remplit son devoir de citoyen en allant voter etc. S’il a eu des engagements politiques étant jeune, la vie l’en a éloignés et il mène une existence paisible et tranquille à Toulouse.
Début octobre, il s’inscrit sur un groupe Facebook « Blocage Toulouse 17 novembre » presque par hasard. C’est le début d’une aventure collective et personnelle incroyable où sans aucun calcul, il va devenir l’un des principaux portevoix des Gilets jaunes dans les médias.
Fort de cette médiatisation et de ses convictions politiques, il veut que le combat des Gilets jaunes débouche sur des solutions politiques et non sur l’anarchie. Après une tribune dans le JDD, il est reçu par le Premier ministre. En vain.
Il s’engage alors dans le parti Debout la France auprès de Nicolas Dupont-Aignan pour qui il avait voté en 2017.
LangueFrançais
Date de sortie24 avr. 2019
ISBN9782312066127
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    Prenez la parole, votez ! - Benjamin Cauchy

    cover.jpg

    Prenez la parole, votez !

    Benjamin Cauchy

    Prenez la parole, votez !

    Le parcours d’un Gilet jaune,

    des ronds-points aux urnes

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Directeur de Collection : Claude Fournier

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-06612-7

    À mon père, aux Gilets jaunes

    et tous ces héros anonymes du quotidien.

    Préface

    Les évangiles (Jean, I) évoquent un certain Nathanaël à propos duquel Jésus aurait dit : « Voici vraiment un bon Israélite en qui il n’est point de malice. »

    Le lecteur aura maintes occasions de le vérifier, notamment lors de son incroyable face à face avec Édouard Philippe, au cœur de la crise, Benjamin Cauchy est un homme plein de malices, au sens de ruses et d’habileté.

    En revanche, il n’y a aucune « méchanceté » chez le citoyen Cauchy.

    Benjamin Cauchy en est même l’archétype qui a toujours payé ses impôts, joué le jeu et respecté les règles. Tout en lui se situe aux antipodes de cette morale paradoxale du bon plaisir individuel, érigé en horizon indépassable par notre classe dirigeante.

    Nulle trace chez le célèbre Gilet jaune de ce cynisme à peine dissimulé qui forme trop souvent la marque de fabrique des politiciens.

    Benjamin n’est pas le gendre parfait mais c’est le Gilet jaune idéal. Benjamin Cauchy pourrait, comme des centaines de milliers de ses camarades, dire « les Gilets jaunes, c’est moi ».

    S’il siège au Parlement européen en juin prochain, ce ne sera pas « Mister Smith au Sénat » mais un représentant authentique de ce mouvement social pas comme les autres qui est né sur nos ronds-points. Ni riche, ni pauvre, ni inculte, ni sur-diplômé, ni extrémiste, ni tiède, ni résigné, ni exalté, Benjamin Cauchy est un parfait condensé des Gilets jaunes du début.

    17 novembre 2018. Une date que rien ne semblait distinguer des jours ordinaires et qui pourtant a déjà marqué l’Histoire de France.

    À l’origine, un simple projet de taxe sur les carburants. Une taxe de plus qui joue le rôle de la goutte de trop qui fait déborder le vase d’une immense colère rentrée. Le degré de plus qui transforme une grogne en mouvement pré-révolutionnaire.

    Alors que les Français les plus riches et les plus pollueurs se voient gratifiés d’une baisse d’impôt, les plus modestes de nos concitoyens qui n’ont d’autres choix que de polluer avec leur véhicule diesel sont mis à contribution pour sauver la planète. Ces quelques centimes d’impôts supplémentaires seront spontanément mis en regard de la suppression de l’ISF.

    Cet inique « en même temps » fera converger ras-le-bol fiscal et haut-le-cœur social. Cette France invisible, muette et, en apparence, résignée va brutalement sortir de son lit.

    Plusieurs millions de Benjamin Cauchy prennent soudain conscience que le fait de traverser dans les clous et de payer leurs impôts, non par peur du gendarme mais par civisme, était considéré par ceux d’en haut comme une preuve de faiblesse, d’absence de caractère voire de pure jobardise.

    Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas la valeur humaine des Français d’en haut comparée à celle de ceux d’en bas qui sépare les premiers des seconds.

    Bien des patrons du CAC 40 et nombre de Ministres sont des personnes formidables. Nul doute que sur les fameux ronds-points, on croise aussi d’odieux personnages. La feuille d’impôt ne fait pas l’homme.

    Mais dorénavant, l’éthos, les mœurs, l’appréciation portée sur ce qui se fait et ne se fait pas, de ce qui est bien ou mal opposent l’Hexagone des bobos et des privilégiés et la désormais célèbre France périphérique, repérée avec une formidable prescience par Christophe Guilhy.

    Presque partout dans le monde occidental, la géographie, mais aussi le sentiment d’appartenance, séparent désormais ceux qu’un historien anglais, David Goodharth, a appelé les « anywhere » et les « somewhere ». En France, le drapeau des uns (européen) n’est plus celui des autres (le tricolore). Les ambitions comme les préoccupations des premiers (allez au bout de ses désirs, faire de sa vie une œuvre d’art ou plus prosaïquement, changer de coach sportif, télécharger sa dernière série sur Netflix ou réserver sur Internet son prochain séjour en famille sous une yourte en Mongolie) sont étrangères à celles de seconds (tenir le choc financièrement mais aussi ne pas craquer moralement, offrir un Mc Do aux enfants pour leur anniversaire ou mettre un peu de sous de côté pour se payer une paire de lunettes). Les aspirations collectives des uns (rembourser la dette, faire l’Europe, transformer le pays en start-up toujours plus ouverte et en finir avec les archaïsmes français) sont diamétralement opposées à celles des autres (conserver les services publics de proximité, empêcher les entreprises de mettre la clé sous la porte et, au fond, rester une nation fière). « Nous n’avons pas les mêmes valeurs » disait une publicité de mon enfance. Deux Frances, celle du centre et celle des périphéries, semblent ne plus habiter le même pays.

    Benjamin Cauchy ne prétend pas être meilleur que ses concitoyens les plus aisés ou les plus diplômés. Mais, contrairement, à la plupart d’entre eux, il est viscéralement attaché à « ce pays » comme se plaisent à dire les élites. « Ce pays », en fait, c’est le nôtre. Benjamin Cauchy est profondément et irrémédiablement Français. À ce titre, il est un peu le descendant de D’Artagnan et de Cyrano. Notre homme ne dédaigne ni les honneurs, ni la gloire, à condition bien sûr que l’une et l’autre servent une certaine idée de son pays et la querelle de l’homme.

    Le bon sens de Benjamin est celui d’un père de famille, divorcé, cadre dans les assurances, ayant les pieds sur terre et qui aspire à transmettre à ses enfants une patrie où il fera bon vivre. C’est cet ancrage dans ce réel qui résiste dans les deux sens du terme qui fait tant défaut à nos classes dirigeantes. Ce serait pourtant instruire un bien mauvais procès à nos ministres ou à nos PDG que de le reprocher, comme on l’entend hélas trop souvent, de ne pas prendre le métro ou de ne pas connaître le prix de la baguette.

    Toute société est constituée d’une élite. Inévitablement, les avantages dont disposent les dirigeants les éloignent matériellement de la base. Là où le bât blesse, c’est que ces privilèges ne s’accompagnent plus d’obligations. Noblesse n’oblige plus. La fraude fiscale des plus riches est devenue massive tandis que l’État intègre ce chantage au départ dans ses politiques publiques. Le Français n’est pas jaloux mais il ne supporte pas l’injustice. La loi, notamment fiscale, doit être la même pur tous, petit ou grand. Or, tel n’est plus le cas.

    De même, la plupart des enfants de la classe dirigeante partent avec une longueur d’avance sur la ligne de départ de la réussite sociale ou professionnelle. Cela fut toujours le cas et le restera mais le problème est ailleurs.

    Mais ce qui caractérise notre époque et forme sans doute l’un des ressorts puissants de la mobilisation des Gilets jaunes, c’est l’actuelle calcification des classes dirigeantes. C’est peut-être et paradoxalement un peu moins vrai des enfants de l’immigration, ne serait-ce qu’en raison de leur proximité géographique avec les grands centres urbains où se concentrent richesse et pouvoir. Les gamins des « cités » peuvent encore emprunter l’escalier de service pour se hisser socialement. Isolés et en proie à une formidable autocensure, les rejetons de cette France des Gilets jaunes qu’incarne Benjamin Cauchy semblent ne plus croire à la possibilité même de faire un jour reconnaître leurs capacités par ceux d’en-haut. Un remarquable ouvrage, La République des Invisibles, témoigne des innombrables handicaps de départ cumulés par les enfants de ces nouvelles provinces perdues.

    Cette mobilité sociale n’est pas seulement importante sur le plan symbolique. Croire qu’il suffit de prélever des quotas de chanceux et de saupoudrer, ici ou là, quelques membres des minorités « visibles », au petit bonheur la chance, c’est l’erreur commise par les élites politiques et économiques françaises, entichées de discrimination positive. Outre le fait que cette importation heurte la tradition française de méritocratie, elle ne permet pas de renouveler la classe dirigeante. L’ascension sociale est pourtant vitale pour oxygéner le cerveau de l’élite, pour irriguer en sang neuf le sommet de l’État ou des entreprises, pour y apporter d’autre visions, d’autres approches, d’autres solutions.

    Au début, la vague jaune qui rendait visible cette France oubliée et pourtant majoritaire, semblait porter une promesse de renouvellement des classes dirigeantes. Grâce à cette mobilisation de masse, une nouvelle élite semblait pouvoir sortir des ronds-points. Benjamin Cauchy explique comment cet espoir a été rapidement douché. Le Mouvement a échoué à faire émerger des têtes, réellement légitimes. L’auteur le reconnaît avec beaucoup de franchise et d’humilité, le tri a, en fait, été opéré par le pouvoir médiatique.

    Le solide bon sens de Benjamin Cauchy lui procure un recul assez bluffant sur cette situation dont il a su tirer intelligemment profit. Benjamin a été un acteur, et pas des moindres, de ce mouvement mais il ne s’est laissé ni contaminé par le complotisme, ni grisé par la notoriété, ni découragé par les violentes attaques ad hominem, ni dévoré par le Mouvement jusqu’à en perdre tout sens commun.

    L’intérêt général, parlons-en justement. Sa croyance sincère dans la notion de bien commun me paraît être une autre qualité essentielle de l’auteur de Prenez la parole, votez !.

    Son ambition est nourrie de cette sève qui irrigue le corps national depuis sa fondation par nos anciens rois. La France est le pays qui résiste à tous les empires, à toutes les tentatives d’unifier le vieux continent, à la fois pour défendre ses intérêts mais aussi au nom d’une certaine idée de la justice, ce que Malraux appelait le bloc Michelet, et qui avait servi de pont entre l’écrivain fantasque, compagnon de route du communisme dans l’entre-deux guerres et le général hiératique et conservateur. Le mouvement des Gilets jaunes s’inscrit pleinement dans ce récit national : la France n’est pas seulement le pays des Jacqueries, pas uniquement cette nation au sein de laquelle la passion dominante est l’égalité, comme l’avait bien compris Tocqueville, c’est surtout un peuple forgé par un État ayant puisé sa légitimité dans la défense des petits contre les gros.

    Une souveraineté qui s’est édifiée patiemment contre les gros de l’extérieur (le saint empire romain germanique, l’Angleterre, l’Allemagne et souvent une coalition européenne dressée contre nous). Une unité qui a été souvent été menacée par des gros de l’intérieur (les bourguignons ; les huguenots ; les robins ; les ligueurs ; les frondeurs ; les émigrés ; les cent familles ; les collabos ; les communistes, bref, l’éternel parti de l’étranger).

    Bien sûr, Benjamin Cauchy n’est pas le général de Gaulle, ni la Jeanne d’Arc des ronds-points mais il est assurément une sorte d’Astérix, un petit qui se dresse contre les importants. Or, les grands de l’heure prennent fait et cause pour les investisseurs contre les salariés, pour le CAC 40 et contre les PME mais aussi pour Bruxelles contre Paris. Le président Macron n’a-t-il pas signé récemment un traité aux termes duquel l’acquisition par Berlin d’un siège au Conseil de Sécurité devient l’une des principales priorités de la diplomatie française !

    L’histoire se répète et Macron, à l’instar d’autres souverains du passé, préfère servir des intérêts qu’il considère comme supérieurs à ceux de son peuple. Ses principaux adversaires ne sont pas les puissances rivales ou les concurrents commerciaux de la nation, ce sont les hommes et les femmes qui manifestent leur ire chaque samedi.

    Confronté à une situation pré-insurrectionnel avec cette marée fluo qui remontait les artères des grandes villes, le président Macron a opté pour une stratégie de double contournement. Une sorte de « en même temps » tactique.

    D’abord, pousser les Gilets jaunes à la faute. En multipliant les provocations verbales à leurs endroits, en ne prenant aucune mesure sérieuse contre les casseurs, en prenant le risque insensé de pousser à bout les manifestants, en les « nassant », le chef de l’État a essayé de dresser la majorité des Français contre les Gilets jaunes (et il n’y est pas totalement parvenu) et de fracturer le Mouvement entre jusqu’au-boutistes et modérés (en cela, son piège a parfaitement fonctionné).

    Ensuite, récupérer, recycler et, finalement, dépolitiser le Mouvement. Pour ce faire, Bernard Tapie, déjà coutumier du fait, a mis à la disposition de Gilets jaunes voulant monter leurs listes aux européennes, les moyens de son groupe de presse. Une opération, à l’évidence, téléguidée par l’Élysée qui espérait que de telles listes affaiblissent l’opposition électorale dure représentée par des partis déjà installés.

    La récupération a également pris la forme du grand débat qui a vu les 24 % de sa base électorale du premier tour, sous la houlette de maires dument briffés par les préfets, participer à une sorte de Macronthon. Les fans de Macron, généralement des épargnants aux tempes grisonnantes, furent invités à répondre aux questions qui leur étaient posées. Une grand-messe, soigneusement préparée, à laquelle les participants furent invités à prendre position : voulez-vous que votre champion continue ses réformes ou qu’il aille encore plus fort, encore plus vite et encore plus loin dans celles-ci ? Ce n’était pas « stop ou encore ? » mais « encore ? » ou « encore plus ? ».

    Cette cure par la parole, à quelques mois des européennes, était une opération extrêmement choquante voire anti-républicaine. En République en effet, le seul grand débat possible c’est l’élection.

    Le stade suprême de la démagogie macronienne a ensuite été atteint grâce au contournement de la France des ronds-points par la gauche, en particulier, en suivant la voie fléchée par la France insoumise. Notre héros du Nouveau Monde a en effet tenté de déplacer la fronde des Gilets jaunes sur le terrain de la démocratisation de la démocratie et de l’horizontalisation des

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