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Le Trésor perdu des Rothschild: Un polar historique à la Belle Epoque
Le Trésor perdu des Rothschild: Un polar historique à la Belle Epoque
Le Trésor perdu des Rothschild: Un polar historique à la Belle Epoque
Livre électronique242 pages3 heures

Le Trésor perdu des Rothschild: Un polar historique à la Belle Epoque

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À propos de ce livre électronique

Chef-comptable à la banque Rothschild, Eugène Ravier a été victime d’une tentative de meurtre. Atteint d’une balle à la tête, il a perdu la mémoire. A l’hôpital de Berck où il passe sa convalescence avec sa famille, il s’interroge : qui lui a tiré dessus ? Que veulent les individus qui ont tenté de l’enlever ? Le confond-on avec un ancien insurgé de la Commune de Paris ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur éclectique d’une vingtaine de romans policiers, historiques ou fantastiques, Jean-Christophe Macquet inaugure la collection Belle Epoque qui fait revivre l’ambiance des stations balnéaires du début du XXe siècle, l’époque des bains de mer, de la technologie triomphante et des aventures rocambolesques. Jean-Christophe Macquet travaille à Etaples, près du Touquet, là où il a situé l’action de ce roman.
LangueFrançais
Date de sortie2 mars 2021
ISBN9782491114275
Le Trésor perdu des Rothschild: Un polar historique à la Belle Epoque

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    Aperçu du livre

    Le Trésor perdu des Rothschild - Jean-Christophe Macquet

    Image de couverture

    Chez le même éditeur

    Le Charlemagne, 35 années de rallye dans l’est du Nord, de Gilles Guillon

    Les rouleurs de Barbieux, de Philippe Waret

    La Folle de la rue Guyale, de Michel Bouvier

    Aux sans foi errants, de Pierre Saha

    La Bible des estaminets 2019, de Gilles Guillon

    Gilles Guillon

    BP 11287

    59014 Lille Cedex

    gilles.guillon4@orange.fr

    ISBN numérique : 9782491114275

    BP 11287

    59014 Lille Cedex

    gilles.guillon4@orange.fr

    © Gilles Guillon 2019

    Reproduction, même partielle, interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

    Du même auteur

    L’Anneau de la Myère (Éditions PPP 1997, réédit. Ravet-Anceau 2005)

    Gérard de Waben (Éditions Écrit(s) du Nord 1999, réédit. Ravet-Anceau 2006)

    Ignis Plaga (Éditions Écrit(s) du Nord 2001, réédit. Ravet-Anceau 2010 sous le titre L’Homme à la tête de lion)

    L’Armée de la lune (Éditions Henry 2002)

    L’Intrus (Éditions Henry 2003)

    Les Mystères de Quentovic (Éditions Henry 2003)

    Le Sang de la Gorgone (Éditions Henry 2004)

    Werewolf (Éditions Henry 2005)

    Comédie médicale, suivi de La passion selon Saint Œil et de Sports et dépendances (Éditions Henry 2006)

    Le Fantôme du vestiaire (Éditions Henry 2007)

    Le Vampire du stade Bollaert (Ravet-Anceau 2008)

    Menaces sur l’Enduro (Ravet Anceau 2009)

    La Vierge noire (Éditions Henry 2010)

    Les Carnets du major Tomasson (Ravet Anceau 2011)

    Rapt à la flamande (Ravet Anceau 2012)

    Le Mystère de Saint-Wulmer (Éditions Henry 2013)

    Dans l’œil du cyclope (Pôle Nord Éditions 2014)

    Un Américain sur la côte d’Opale (Pôle Nord Éditions 2015)

    Mandoline vs Neandertal (Atelier Mosesu 2016)

    Le Secret de la biche anglaise (Arthémuse, 2018)

    L’Orient éternel (Arthémuse, 2019)

    Échec à Raspoutine (GG, 2019)

    Chapitre 1

    Mardi 23 mai 1871, Paris, IXe arrondissement

    La Commune vivait ses derniers jours. Depuis la prise du fort d’Issy le 9 mai par les armées du gouvernement installé à Versailles, l’étau se resserrait sur la capitale. Le dimanche 21 mai, alors que les troupes du général Douay pilonnaient le saillant du « Point du jour », au sud-ouest des fortifications qui entouraient la ville, un dénommé Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées de son état, monta sur le bastion 64 et leur cria que la partie comprise entre la porte de Saint-Cloud et la porte d’Auteuil avait été désertée par ses défenseurs.

    « Sale traitre, à cause de lui c’est foutu », songea le sergent Ernest Lantier en crachant sur le sol.

    Il se disait également qu’un capitaine de frégate versaillais du nom de Trève, le bien-nommé, caché dans une tranchée en compagnie des fantassins du trente-septième de ligne, trouvant louche que la batterie fédérée placée face à eux, restait muette et ne répondait pas à la canonnade, décida d’aller jeter un œil. Il sortit de son trou, escalada le rempart, s’y promena durant un quart d’heure, et constatant qu’il n’y avait personne, redescendit et rendit compte. Les Versaillais investirent les fortifications et progressèrent jusqu’à la ligne de chemin de fer de la « petite ceinture ». Malgré la défense héroïque des Parisiens et l’installation de barricades pour bloquer la progression des troupes de ligne, ces dernières s’emparèrent de près de la moitié de la ville en deux journées.

    Ernest Lantier regarda la poignée d’hommes qui l’accompagnaient. Ils étaient noirs comme des ramoneurs et le bleu de leurs uniformes de gardes nationaux avait laissé la place à un gris morbide. Les tuniques ressemblaient davantage à des guenilles et la plupart ne portaient plus de képi. Le rouge de la bande des pantalons ne rivalisait même plus avec le sang qui tachait les vêtements. Ils provenaient de différentes légions correspondant aux arrondissements de Paris, corps de troupes décimés désorganisés, dont les hommes encore valides se regroupaient comme ils le pouvaient.

    Malgré cela, tous avaient fière allure et tenaient fièrement leurs fusils Chassepot, prêts à ouvrir le feu à la vue du premier pantalon rouge des troupes versaillaises.

    Outre le garde Félix Percheval qui tenait une quincaillerie du côté de la place d’Italie, derrière les abattoirs de Villejuif, l’escouade se composait de Léonce Bellanger, ouvrier typographe de son état, Edmond Grandin négociant en vin, Jules Morel ouvrier à l’usine de chaussures Godillot, et Alfred Grignon seul véritable militaire de profession avec Lantier. La petite troupe avait pris position rue Sainte-Cécile, derrière une barricade de fortune composée davantage de vieux meubles éclatés que de pavés. La nuit venait de tomber mais le ciel reflétait les nombreux incendies qui embrasaient Paris. Des rues entières, des monuments comme le palais des Tuileries, celui de la Légion d’Honneur, le Ministère des Finances, la Cour des Comptes, le Conseil d’Etat et bien d’autres, brûlaient.

    Après avoir pris part à la prise de Montmartre et commis de nombreuses atrocités, les troupes de la cinquième armée du général Clinchant occupaient une partie du IXe arrondissement de Paris. Face à elles, la compagnie à laquelle appartenait Lantier avait tenté de tenir la solide barricade de la rue Cadet, mais celle-ci venait de tomber, brisée par les tirs d’artillerie et un assaut sanglant. Avec la nuit, la ligne de front s’était stabilisée rive droite, le long d’un axe partant de la Porte de la Chapelle à la gare du Nord en passant par les rues Cadet, Drouot et Lafayette, le long de l’avenue de l’Opéra jusqu’au Palais Royal. Il n’était pas exclu que les Versaillais tentent un dernier coup de main avant un assaut d’envergure dès le lendemain matin.

    La journée avait été terrible. Si Walery Wroblewski et ses hommes résistèrent courageusement à la Butte-aux-Cailles, tout comme Maxime Lisbonne au Panthéon, de nombreux quartiers avaient été perdus. Dombrowski était mort rue Myrrha. Les Versaillais se rendirent coupables d’innombrables exactions et d’exécutions massives. Le bruit avait circulé que Louise Michel avait été tuée lors de la prise de la barricade qu’elle défendait Chaussée Clignancourt mais laissée pour morte par les Versaillais, elle avait réussi à fuir et à regagner les lignes des troupes fédérées.

    Les habitants du IXe arrondissement se terraient chez eux, espérant que leur maison ne soit pas incendiée, ou avaient fui vers la partie Est de la capitale. L’étau se resserrait autour des derniers défenseurs de la Commune, coincés entre l’armée prussienne qui campait à l’Est et au Nord, et les armées gouvernementales qui, venant par l’Ouest, avançaient inexorablement.

    « Quel gâchis », lâcha Lantier. Le rêve de liberté, d’égalité et de fraternité qui venait de souffler sur la France, se désagrégeait brutalement dans le sang.

    Il se remémora la déclaration de guerre à la Prusse, presque une année plus tôt, le 19 juillet 1870. Il avait vécu la capitulation de l’armée française sous les ordres de Mac Mahon, à Sedan, et la capture de l’Empereur Napoléon III. Il était à Paris lorsqu’une armée allemande forte de 180 000 hommes mit le siège autour de la capitale. Il assista le 7 octobre au départ de Léon Gambetta en ballon dirigeable, pour gagner Tours et tenter de réorganiser de nouvelles armées pour combattre l’envahisseur. Cependant, peu de temps auparavant, Strasbourg était tombée et, un peu plus tard, le maréchal Bazaine avait rendu les armes à Metz.

    Alors que les armées françaises étaient mises en déroute, un peu partout, par les Prussiens, Lantier fut de ceux qui applaudirent le Comité central des vingt arrondissements de Paris lorsqu’il appela à la lutte à outrance et à la formation de la Commune le 6 janvier 1871. Il cria sa rage lorsque le 18 janvier, le roi de Prusse, Guillaume II, se fit proclamer Empereur d’Allemagne dans la Galerie des glaces du château de Versailles, et lorsque, dix jours plus tard, l’armistice fut signé. Un peu plus tard, la France perdit l’Alsace et la Lorraine.

    Les prémices d’une révolution commençaient à gronder dans le ventre de Paris. Le 10 mars, l’Assemblée décida d’aller siéger à Versailles et quelques jours plus tard, le 28, la Commune de Paris fut officiellement proclamée. La guerre était déclarée entre le peuple parisien et l’Etat français.

    Les incendies qui s’intensifiaient un peu partout, projetaient vers le firmament une lumière artificielle rougeoyante. On y voyait presque comme en plein jour. Ce fut Bellanger qui aperçut le premier plusieurs ombres suspectes à l’entrée de la rue.

    — Nous avons de la visite, sergent !

    — Les Versaillais ?

    — Non, je ne crois pas.

    Grignon prit le risque de se mettre à découvert en grimpant sur de vieilles armoires imbriquées les unes dans les autres.

    — Ce sont des civils qui tirent une charrette à bras.

    — Es-tu certain qu’il ne s’agit pas de Versaillais ?

    — Ils ne portent pas d’uniformes.

    — Combien sont-ils ?

    — Difficile à dire, on ne voit pas derrière la carriole, peut-être trois. En tout cas, il y a une bâche dans la charrette. Je ne sais pas ce qu’il y a dessous, peut-être des corps !

    — Tu penses que ce sont des nôtres ?

    — Je ne sais pas. Maintenant je les vois mieux.

    — Combien sont-ils alors ?

    — J’en vois bien trois.

    Félix Percheval se hissa à son tour auprès du garde pour mieux observer. Les arrivants s’arrêtèrent à une vingtaine de mètres de la barricade. Un espace large d’environ deux mètres leur permettait le passage, mais ils semblaient tergiverser à la vue des uniformes.

    — Je vais aller voir pourquoi ils ne veulent plus avancer, lança le sergent Lantier. C’est dangereux de rester au milieu de la rue avec les pantalons rouges qui traînent dans le secteur. Ils vont se faire tirer comme des lapins. Grandin, Morel et Grignon, vous venez avec moi.

    — Oui, sergent.

    Lantier et les trois gardes nationaux contournèrent la barricade et s’approchèrent en pointant leurs armes en direction des inconnus dont les casquettes vissés sur le crâne dissimulaient les visages. Les déflagrations dans le lointain empêchèrent les deux gardes restés sur la barricade d’entendre clairement ce que le sergent Lantier leur demandait. Il devait chercher à savoir ce qu’ils faisaient dans ce secteur particulièrement dangereux.

    — Et qu’est-ce que vous transportez ? réussirent-ils à comprendre.

    — Des cadavres de Parisiens que nous avons réussi à ramasser à la barbe de ces maudits Versaillais.

    Morel s’approcha et du bout de la baïonnette releva l’un des pans de la toile.

    — Qu’est-ce que vous racontez, il n’y a pas de corps là-dessous, il n’y a que des sacs ! C’est quoi cette histoire ?

    Un quatrième homme qui se tenait caché derrière la charrette, sortit de l’ombre un revolver à la main. Il tira à deux reprises, quasiment à bout portant, sur Morel qui s’écroula.

    Tout alla très vite. Des armes de poing apparurent comme par enchantement entre les mains des trois autres. Plusieurs coups de feu retentirent. Grignon réussit à enfoncer sa baïonnette dans le ventre de l’un des gars avant de s’écrouler sous les balles. Seul Lantier réussit à tirer et abattre l’adversaire qui lui faisait face, avant de bondir sur le côté de la charrette pour éviter d’être touché. Grandin n’eut pas cette chance et tomba au côté de Morel sur les pavés.

    Bellanger et Percheval ouvrirent le feu du haut de la barricade, avec leurs Chassepot, subissant à leur tour les tirs de l’homme qui se tenait embusqué. Il finit par être abattu tandis que Lantier achevait le dernier à coups de baïonnette. Seulement, sur la barricade, la dernière balle toucha l’ancien ouvrier typographe qui bascula en arrière, un trou rouge au milieu du front.

    Le sergent se précipita vers ses trois hommes inconscients qui gisaient au sol, examina les blessures, vérifia si les cœurs battaient encore, s’ils respiraient, avant de passer aux quatre assaillants dont il ramassa les revolvers.

    — Ils sont tous morts, Percheval. Je ne vois pas Bellandier ?

    — Lui aussi a été tué, une balle en pleine tête !

    Il s’attarda sur l’un des cadavres, cherchant à comprendre le sens de cette attaque.

    — Des espions qui voulaient franchir nos lignes ?

    — Non, je ne crois pas.

    Lantier se releva et se dirigea vers la charrette. Il dégagea la bâche d’un coup sec et découvrir un ensemble de sacs de toile. Il en ouvrit un. Il était rempli de petits lingots d’or. Le second qu’il ouvrit regorgeait de bijoux.

    — Incroyable !

    Il examina le sac et s’écria :

    — Regarde ce qui est écrit : « Rothschild Frères »

    Le sergent jeta le sac et s’écria :

    — Ces hommes ne sont pas des Versaillais, mais des pourris qui travaillaient pour ces salauds de banquiers, ces affameurs du peuple. Je suis certains qu’ils avaient pour ordre de faire sortir cet or de la ville, pour le compte des Prussiens ou pour qu’il ne tombe pas entre nos mains !

    — Non, je ne crois pas, Lantier. Si cela avait été le cas, ce trésor aurait quitté la ville il y a quelques mois, à la proclamation de la Commune. Non, c’est autre chose. Le siège de la banque Rothschild se trouve à un pâté de maisons d’ici, rue Laffitte. Ces hommes sont certainement des bandits qui ont profité de l’offensive des Versaillais et du chaos qui règne dans le quartier pour aller piller les coffres de la banque. C’est pourquoi tu as trouvé autant de bijoux.

    Dépité, Ernest Lantier referma soigneusement les deux sacs qu’il venait d’ouvrir et les recouvrit avec la bâche.

    — Que fait-on maintenant ?

    — Ramassons les corps de nos camarades et replions-nous. Si les pantalons rouges tentent un coup de main, je ne vois pas comment tenir cette barricade.

    — Et le magot ?

    — Nous l’emportons avec nous. Un vrai trésor de guerre, la Commune en aura bien besoin de cet or.

    — Si je peux me permettre, la Commune de Paris c’est terminé. Demain, tous les deux, nous serons probablement morts, déchiquetés par les obus ou éventrés à coup de baïonnettes. Ces raclures de Versaillais massacrent les prisonniers, hommes, femmes et enfants. Ils font couler le sang de français. Je donne encore trois jours à la Commune. Il n’y aura pas de quartiers !

    — Alors que proposes-tu ?

    — Cet or, ces bijoux, ce fric, appartiennent à ces salauds de bourgeois, terrés dans leurs hôtels particuliers depuis plusieurs mois, comme des rats, et qui n’attendent qu’une seule chose : que nous soyons tous morts pour sortir de leurs trous et pisser sur nos cadavres. Si nous rapportons le trésor à l’hôtel de ville, ils viendront le récupérer. J’ai une autre idée.

    — Je t’écoute.

    — Hissons les corps de nos pauvres camarades sur la charrette et emportons-les avec nous, ils nous serviront de laissez-passer pour franchir nos lignes, les redoutes et les barricades.

    — Où veux-tu que nous allions ?

    — Chez moi à Belleville.

    — Je ne comprends toujours pas où tu veux en venir.

    — Le sous-sol est truffé de galeries, de passages souterrains en tous genres, nous allons y planquer le magot. Ils ne sont pas près de le retrouver, les bourgeois ! T’es avec moi, Percheval ?

    Le Garde National hésita puis approuva :

    — De toute manière, demain nous serons morts et les ennemis de la liberté et du peuple auront gagné. Que cet argent, responsable de nos malheurs, disparaisse au plus profond de la terre !

    Chapitre 2

    Berck-Plage, avril 1884

    Eugène Ravier était né quinze jours plus tôt.

    Enfin, c’est une manière un peu particulière d’expliquer qu’il était sorti d’un coma qui avait duré une quinzaine de jours. Il était revenu à la vie comme un bébé, nu et innocent, découvrant le monde pour la première fois. Il ne marchait pas, ne parlait pas. Il avait tout à réapprendre, à redécouvrir.

    C’est ce que lui avait dit le médecin, après lui avoir soufflé son nom et son prénom et il n’avait aucune raison de ne pas le croire. De toute manière, il n’avait aucun souvenir de ce coma, du pourquoi, du comment, de sa vie auparavant, de qui il était. Eugène Ravier ne se rappelait même pas de la grave opération au cerveau que confirmaient les épaisses bandelettes qui lui serraient encore le crâne, et que déroulaient quotidiennement deux infirmières en cornette pour vérifier que tout allait bien. Après la période d’agitation tout à fait normale au sortir du coma, les questions posées au patient et l’absence de réponses avaient intrigué. Finalement il avait fallu se rendre à l’évidence, Ravier était amnésique.

    Il avait repris connaissance lentement, et il lui fallut du temps pour prendre conscience de son corps, en reprendre possession cellule après cellule, parcelle après parcelle. Retrouver toutes les voies entre l’esprit et la matière ne fut pas si simple, d’ailleurs s’il avait finalement retrouvé la parole, il ne marchait toujours pas. Pour le reste, tout allait bien, il mangeait, il buvait, il évacuait… Seulement, dans sa tête, c’était le vide, l’absence.

    Il avait entendu le docteur expliquer à

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