À Morgarten, l’union fait la Suisse
«La bataille a fait rage pendant plusieurs heures, les adversaires, acharnés, ont utilisé toutes les armes à leur disposition. Et les deux camps se sont séparés sans qu’un vainqueur se soit dégagé… » Il ne s’agit pas d’un résumé d’époque mais du compte rendu des discussions qui ont agité le 16 mars 2015 le Conseil des États, la chambre haute de la Confédération helvétique réunie pour préparer les célébrations du 700e anniversaire de la victoire de Morgarten. Une bataille fondatrice livrée près de cette bourgade du sud de Zurich où le 15 novembre 1315, si l’on en croit la définition du Petit Larousse, « les Suisses des Trois-Cantons résistèrent aux troupes du duc Léopold Ier d’Autriche, et assurèrent ainsi leur indépendance ».
Pour l’UDC, principal parti de droite suisse, aucun doute: Morgarten marque l’accession à l’indépendance de la Confédération, comme Marignan (1515) marque le choix de sa neutralité. Mais pour le socialiste Hans Stöckli, membre éminent du Conseil des États, les deux batailles confortent au contraire « la fermeture et l’isolation de la Suisse ». Positive, négative, ces deux visions n’ont en fait rien de très nouveau. Depuis le XIXe siècle, et surtout entre les années 1930 et les années 1960, Morgarten a servi de « couteau suisse » historique: symbole à la fois du combat de David contre Goliath, de l’indépendance du pays vis-à-vis des menaces extérieures Le poids de la bataille dans l’histoire en fait tout naturellement un bel enjeu pour les scientifiques, entraînés, parfois malgré eux, dans les récupérations politiques. , résume ainsi Olivier Meuwly, coauteur d’un livre sur l’affaire (voir bibliographie).
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