Guerres & Histoires

L’INFANTERIE SUISSE : LA CROIX, LA PIQUE ET LA MANIÈRE

Comme la sarisse macédonienne ou le pilum du légionnaire dans l’Antiquité, la pique qui distingue l’infanterie helvète des autres armées de la fin du Moyen Âge résulte d’une particularité politico-militaire. La Suisse, en effet, à la différence des principautés qui dominent alors l’Occident, n’est pas un État. C’est une confédération de communautés urbaines et rurales formée peu à peu, à partir de 1291, essentiellement en réaction contre la tentative de mainmise des Habsbourg, maîtres de l’ Autriche voisine.

De cette organisation politique originale, il résulte que les armées de la Confédération ne reposent pas sur la chevalerie, base des forces princières, mais sur les paysans et les bourgeois. Modestes, les premiers n’ont souvent pas les moyens d’un cheval et d’un équipement coûteux: ils se font donc fantassins et renoncent aux armures et armes sophistiquées en transformant leurs outils agricoles. Socs de charrue et autres faux deviennent les armes d’hast polyvalentes – en particulier les hallebardes (voir encadré p. 46) – avec lesquelles les Suisses bâtissent leur réputation, bien avant que la pique ne s’impose définitivement, au xve siècle.

Une arme d’hast est composée d’un fer tranchant et/ou d’une pointe montés sur une hampe de bois.

Faute d’une structure unique d’encadrement, l’indiscipline est répandue.

Un peu mieux dotés, les bourgeois peuvent se permettre des armes plus coûteuses, comme l’arbalète ou, plus tard, l’arquebuse. Ils fournissent aussi la plupart des cadres et des capitaines de piquiers, à l’instar du marchand de fer zurichois Hans Waldmann, réputé grand bagarreur, qui sert d’abord comme chef de mercenaires de l’évêque d’Augsbourg, en Allemagne, avant de devenir l’un des plus célèbres capitaines confédérés – il s’illustrera notamment à Morat en 1476.

La petite Suisse, un géant

Parce qu’elle est fondée sur le peuple des villes et des campagnes, et siècle, 50000 Helvètes sur une population de 250000 sont aptes à porter les armes, et 20000 peuvent être mobilisés en même temps – ce qui fait du nain démographique (le roi de France compte alors 11 millions de sujets) un géant militaire. Cette supériorité finira certes par s’effacer, mais périence aura alors rétabli l’équilibre. l’ex

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