Croatie : Le défi des frontières: L'Âme des Peuples
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À propos de ce livre électronique
Il était une fois une de ces jeunes nations nées de l’éclatement sanglant de l’ex-Yougoslavie. Un pays dont les racines puisent dans les tréfonds de l’Empire austro-hongrois et auquel ses dirigeants successifs n’ont cessé de promettre un avenir radieux.
La Croatie a tant à offrir. Destination de villégiature prisée des touristes, elle reste l’un des poumons de cette Mitteleuropa qui inspira tant d’écrivains et de peintres. Mais voilà : renaître après la guerre d’indépendance puis rejoindre l’Union européenne ne s’est pas fait sans compromis. C’est ce morceau d’histoire que ce récit plein d’humanité s’efforce de raconter.
Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. Écrit par un grand reporter, vétéran du tragique conflit des Balkans, il lève le voile sur ce que la propagande nationaliste occulte et sur ce que la volonté de convergence européenne néglige.
Un grand récit suivi d'entretiens avec Slavko Goldstein (1941, l'année la plus tragique), Zarko Puhovski (Notre système politique bloque le désir de changement exprimé par le bas) et Snjezana Banovic (La crise, une chance de forger une culture postmoderne en Croatie).
Un voyage-confession pour mieux cerner ce qu’être Croate veut dire aujourd’hui. Et donc mieux le comprendre
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- "(...) Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités (...). A chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
- "Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir." - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Grand reporter au quotidien français La Croix, spécialiste des questions internationales, François d’Alançon a notamment couvert les Balkans, un autre visage de l’Europe qui l’a toujours captivé.
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Aperçu du livre
Croatie - François d'Alançon
AVANT-PROPOS
Pourquoi la Croatie ?
La Croatie, ses îles, sa nature, la richesse de son patrimoine culturel, un paradis sur terre célébré par Cassiodore, Dante et George Bernard Shaw. Vous avez lu ces descriptions idylliques dans la littérature touristique et, c’est vrai, rarement un aussi petit pays n’a concentré autant de beauté sur son territoire. Certains le savent depuis longtemps, ceux qui ont connu le pays d’« avant », celui des car-ferries de la Jadrolinija et les complexes hôteliers de la côte dalmate transformée en Californie socialiste. J’ai retrouvé dans un album quelques images de ma première incursion au « pays des Slaves du Sud ». Piran, été 1989. Les maisons de pêcheurs, le campanile et les vieux palais vénitiens. La statue de Giuseppe Tartini, violoniste et compositeur italien. Un plongeon matinal dans les eaux de l’Adriatique. Le bonheur méditerranéen, pimenté par le charme désuet d’une « Yougoslavie » en déliquescence silencieuse, de l’autre côté de la frontière.
Vingt-quatre ans plus tard, la Croatie entre dans l’Union européenne. Nenad Popovic m’accueille dans sa maison en Istrie. Voix grave, éraillée par les cigarettes et le café, le fondateur des Éditions Durieux¹ déploie son érudition dans une longue dissertation sur l’histoire croate. Pendant plus de deux décennies, cet humaniste polyglotte a publié les nouveaux talents de la génération post-yougoslave. « Nous tous ici, nous avons eu l’expérience d’être un peu exclus, un peu à part dans l’arrière-cour de l’Europe. On nous a décrits tour à tour comme les champions du nazisme avec les Oustachis, du communisme avec Tito et du nationalisme avec Tudjman. J’espère que les Croates trouveront dans le cadre européen la possibilité de forger une identité civile, privée... enfin ‘normale’. »
Entre-temps, il y a eu la guerre. La Croatie indépendante est née dans la douleur. Le 19 mai 1991, les Croates se prononcent à 90 % en faveur de l’indépendance de leur république. Le scrutin est toutefois boycotté par l’importante minorité serbe de Croatie, principalement rassemblée dans la « Krajina » et en Slavonie orientale. Le 25 juin 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance. Pendant plus de six mois, de juillet 1991 à janvier 1992, la guerre se concentre sur le territoire croate.
Le 18 novembre 1991, Vukovar tombe après trois mois de siège et de bombardements par les milices serbes appuyées par l’Armée populaire yougoslave (JNA). En France, une lecture aveugle renvoie dos à dos agresseurs et agressés. L’Europe, jusque-là largement indifférente et ignorante, se réveille pour la sauvegarde de Dubrovnik, encerclée et bombardée par l’armée fédérale yougoslave entre octobre 1991 et mai 1992. La guerre de conquête et l’idéologie du nettoyage ethnique de Slobodan Milosevic poursuivent leurs ravages en Bosnie-Herzégovine. En Croatie, le conflit se transforme en guerre de position jusqu’à la reconquête de la Slavonie occidentale puis de la Krajina en 1995. Bilan : entre 14 000 et 16 000 morts du côté croate. Près de 550 000 réfugiés.
Entre 1995 et 2008, j’ai parcouru les décombres du monde « ex », de Sarajevo à Belgrade en passant par Pristina et Podgorica. Split et Dubrovnik servaient de stations de transit aux humanitaires, militaires et journalistes basés en Bosnie. La Croatie résistait au bourrage de crânes nationaliste grâce à des voix indociles comme l’hebdomadaire Feral Tribune, critique cinglant de l’establishment nationaliste croate : le parti HDZ de Franjo Tudjman, l’Église catholique et les profiteurs de guerre. Des images me remontent à la mémoire, les fragments d’une harmonie cachée ou perdue, captée au milieu des figures imposées du reportage. Un retour de Sarajevo en suivant la Neretva jusqu’à la mer scintillante en direction de Split. La profondeur du traumatisme à Vukovar, la « cité des âmes perdues ». Une soirée à Cavtat, l’ancienne Épidaure, magique de paix limpide, au printemps 1999, pendant les frappes de l’Otan contre la Serbie. « Ici, c’était l’Europe, aujourd’hui, ce sont les Balkans... Per omnia secula seculorum ! » lâchait, en forme de boutade, Don Branko Sbutega, flamboyant représentant de la communauté croate des bouches de Kotor, en m’accueillant dans sa maison de Dobrota, un jour de printemps 1997.
Les blessures les plus profondes ne sont pas les plus visibles. Une génération vieillie par la guerre a mis du temps à comprendre que les années perdues ne reviendraient pas. Les réfugiés sont repartis chez eux ou se sont durablement installés. Au début des années 1990, les responsables du pays promettaient de construire un État, des institutions, de faire passer le pays de « l’autogestion socialiste » à la « démocratie de marché ». La tâche n’est pas terminée... Le changement de système a creusé les différences sociales, créé de nouvelles inégalités et, surtout, l’insécurité économique. Chômage persistant et marginalisation sociale ont accompagné les restructurations et les privatisations. Pendant quelques années de croissance, entre 2000 et 2008, les Croates ont rapidement embrassé les attributs de la modernité mondialisée : banques, distributeurs automatiques de billets, centres commerciaux, vêtements de marque, voitures neuves achetées à crédit : trop court pour surmonter les traumatismes de la guerre et les incertitudes de la transition. Depuis, la récession s’est chargée de modérer leurs ardeurs consuméristes.
Bonheurs et malheurs d’un pays courant d’air. Vieux baroudeurs des bousculements de l’histoire, sans illusion sur leurs élites politiques, les Croates répondent avec pragmatisme aux exigences de leur nouvel environnement. Dans ce pays de 4,2 millions d’habitants, guerre ou paix, tout se passe dans l’intimité. En famille. Entre amis. Entre voisins. Chacun s’adapte, à la mesure des moyens, petits ou grands, conférés par son réseau personnel. Beaucoup de jeunes aspirent à un emploi sûr dans le secteur public. S’il le faut, vieil atavisme migrateur, ils iront chercher du travail ailleurs, en Europe, ou plus loin, aux États-Unis, en Australie ou au Canada. Chacun se concentre sur sa sphère privée. La recherche de la prospérité est à ce prix.
Les Croates partagent avec les peuples de l’Europe du Sud-Est l’expérience d’une modernisation chaotique. La Seconde Guerre mondiale, l’effondrement du régime communiste, la disparition violente de la Yougoslavie, la transformation des frontières, les déplacements de population
