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Satires
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Livre électronique118 pages1 heure

Satires

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À propos de ce livre électronique

Extrait : "Pour tous rimeurs, habitants du Parnasse, De par Phébus il est plus d'une place : Les rangs n'y sont confondus comme ici, Et c'est raison. Ferait beau voir aussi, Le fade auteur d'un roman ridicule, Sur même lit couché près de Catulle ; Ou bien Lamotte ayant l'honneur du pas, Sur le harpeur ami de Mécénas : Trop bien Phébus sait de sa république, Régler les rangs et l'ordre hiérarchique ; Et, dispensant honneur et dignité, Donne à chacun ce qu'il a mérité."

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• Policier
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie24 sept. 2015
ISBN9782335091274
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    Satires - Ligaran

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    EAN : 9782335091274

    ©Ligaran 2015

    Le Bourbier

    (1714)

    Pour tous rimeurs, habitants du Parnasse,

    De par Phébus il est plus d’une place :

    Les rangs n’y sont confondus comme ici,

    Et c’est raison. Ferait beau voir aussi

    Le fade auteur d’un roman ridicule

    Sur même lit couché près de Catulle ;

    Ou bien Lamotte ayant l’honneur du pas

    Sur le harpeur ami de Mécénas :

    Trop bien Phébus sait de sa république

    Régler les rangs et l’ordre hiérarchique ;

    Et, dispensant honneur et dignité,

    Donne à chacun ce qu’il a mérité.

    Au haut du mont sont fontaines d’eau pure,

    Riants jardins, non tels qu’à Châtillon

    En a planté l’ami de Crébillon,

    Et dont l’art seul a fourni la parure :

    Ce sont jardins ornés par la nature.

    Là sont lauriers, orangers toujours verts ;

    Séjournent là gentils faiseurs de vers.

    Anacréon, Virgile, Horace, Homère,

    Dieux qu’à genoux le bon Dacier révère,

    D’un beau laurier y couronnent leur front.

    Un peu plus bas, sur le penchant du mont,

    Est le séjour de ces esprits timides,

    De la raison partisans insipides,

    Qui, compassés dans leurs vers languissants,

    À leur lecteur font haïr le bon sens.

    Adonc, amis, si, quand ferez voyage,

    Vous abordez la poétique plage,

    Et que Lamotte ayez désir de voir,

    Retenez bien qu’illec est son manoir.

    Là ses consorts ont leurs têtes ornées

    De quelques fleurs presque en naissant fanées,

    D’un sol aride incultes nourrissons,

    Et digne prix de leurs maigres chansons.

    Cettui pays n’est pays de Cocagne.

    Il est enfin, au pied de la montagne,

    Un bourbier noir, d’infecte profondeur,

    Qui fait sentir très malplaisante odeur

    À tout chacun, fors à la troupe impure

    Qui va nageant dans ce fleuve d’ordure.

    Et qui sont-ils ces rimeurs diffamés ?

    Pas ne prétends que par moi soient nommés.

    Mais quand verrez chansonniers, faiseurs d’odes,

    Rogues corneurs de leurs vers incommodes,

    Peintres, abbés, brocanteurs, jetonniers,

    D’un vil café superbes casaniers,

    Où tous les jours, contre Rome et la Grèce,

    De maldisants se tient bureau d’adresse,

    Direz alors, en voyant tel gibier :

    « Ceci paraît citoyen du bourbier. »

    De ces grimauds la croupissante race

    En cettui lac incessamment coasse

    Contre tous ceux qui, d’un vol assuré,

    Sont parvenus au haut du mont sacré.

    En ce seul point cettui peuple s’accorde,

    Et va cherchant la fange la plus orde

    Pour en noircir les menins d’Hélicon,

    Et polluer le trône d’Apollon.

    C’est vainement ; car cet impur nuage

    Que contre Homère, en son aveugle rage,

    La gent moderne assemblait avec art,

    Est retombé sur le poète Houdart :

    Houdart, ami de la troupe aquatique,

    Et de leurs vers approbateur unique,

    Comme est aussi le tiers état auteur

    Dudit Houdart unique admirateur ;

    Houdart enfin, qui, dans un coin du Pinde,

    Loin du sommet où Pindare se guinde,

    Non loin du lac est assis, ce dit-on,

    Tout au-dessus de l’abbé Terrasson.

    La Crépinade

    Le diable un jour, se trouvant de loisir,

    Dit : « Je voudrais former à mon plaisir

    Quelque animal dont l’âme et la figure

    Fût à tel point au rebours de nature,

    Qu’en le voyant l’esprit le plus bouché

    Y reconnût mon portrait tout craché. »

    Il dit, et prend une argile ensoufrée,

    Des eaux du Styx imbue et pénétrée ;

    Il en modèle un chef-d’œuvre naissant,

    Pétrit son homme, et rit en pétrissant.

    D’abord il met sur une tête immonde

    Certain poil roux que l’on sent à la ronde ;

    Ce crin de juif orne un cuir bourgeonné,

    Un front d’airain, vrai casque de damné ;

    Un sourcil blanc cache un œil sombre et louche ;

    Sous un nez large il tord sa laide bouche,

    Satan lui donne un ris sardonien

    Qui fait frémir les pauvres gens de bien,

    Cou de travers, omoplate en arcade,

    Un dos cintré propre à la bastonnade ;

    Puis il lui souffle un esprit imposteur,

    Traître et rampant, satirique et flatteur.

    Rien n’épargnait : il vous remplit la bête

    De fiel au cœur, et de vent dans la tête.

    Quand tout fut fait, Satan considéra

    Ce beau garçon, le baisa, l’admira ;

    Endoctrina, gouverna son ouaille ;

    Puis dit à tous : « Il est temps qu’il rimaille. »

    Aussitôt fait, l’animal rimailla,

    Monta sa vielle, et Rabelais pilla ;

    Il griffonna des Ceintures magiques,

    Des Adonis, des Aïeux chimériques ;

    Dans les cafés il fit le bel esprit ;

    Il nous chanta Sodome et Jésus-Christ ;

    Il fut sifflé, battu pour son mérite,

    Puis fut errant, puis se fit hypocrite ;

    Et, pour finir, à son père il alla.

    Qu’il y demeure. Or je veux sur cela

    Donner au diable un conseil salutaire :

    « Monsieur Satan, lorsque vous voudrez faire

    Quelque bon tour au chétif genre humain,

    Prenez-vous-y par un autre chemin.

    Ce n’est le tout d’envoyer son semblable

    Pour nous tenter : Crépin, votre féal,

    Vous servant trop, vous a servi fort mal :

    Pour nous damner, rendez le vice aimable. »

    Avertissement

    POUR LE MONDAIN ET LA DÉFENSE DU MONDAIN

    Ces deux ouvrages ont attiré à M. de Voltaire les reproches non seulement des dévots, mais de plusieurs philosophes austères et respectables. Ceux des dévots ne pouvaient mériter que du mépris ; et on leur a répondu dans la Défense du Mondain. Toute prédication contre le luxe n’est qu’une insolence ridicule dans un pays où les chefs de la religion appellent leur maison un palais, et mènent dans l’opulence une vie molle et voluptueuse.

    Les reproches des philosophes méritent une réponse plus grave. Toute grande société est fondée sur le droit de propriété ; elle ne peut fleurir qu’autant que les individus qui la composent sont intéressés à multiplier les productions de la terre et celles des arts, c’est-à-dire autant qu’ils peuvent compter sur la libre jouissance de ce qu’ils acquièrent par leur industrie ; sans cela les hommes, bornés au simple nécessaire, sont exposés à en manquer. D’ailleurs l’espèce humaine tend naturellement à se multiplier, puisqu’un homme et une femme qui ont de quoi se nourrir et nourrir leur famille élèveront en général un plus grand nombre d’enfants que les deux qui sont nécessaires pour les remplacer. Ainsi toute peuplade qui n’augmente point souffre, et l’on sait que dans tout pays où la culture n’augmente point, la population ne peut augmenter.

    Il faut donc que les hommes puissent acquérir en propriété plus que le nécessaire, et que cette propriété soit respectée, pour que la société soit florissante. L’inégalité des fortunes, et par conséquent le luxe, y

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