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Jean-Charles Naouri, prince déchu de la distribution

Les nuits sont courtes quand on joue sa survie. Les nuits sont noires quand, au creux du ventre, on sait que le combat est déjà perdu. Jean-Charles Naouri, le fier et insatiable patron du groupe Casino, a gagné tellement de batailles. Pourquoi pas cette dernière? Encore un instant, monsieur le bourreau. Après tout, il lui suffirait d’imaginer l’un de ces montages financiers baroques dont il a le secret, de peaufiner un tour de passe-passe comptable diabolique comme il les aime tant. Il lui suffirait de décrocher une nouvelle ligne de crédit providentielle; ses frères d’armes à la tête des grandes banques françaises l’ont si souvent aidé, sauvé. Et puis dans la caste des inspecteurs des finances, cette élite secrète de la République, on se serre les coudes. Souvent. Presque toujours. Plus aujourd’hui. Jean-Charles Naouri a tourné et retourné les chiffres mais n’a pas trouvé le trou de souris dans lequel s’engouffrer pour s’échapper et sauver son empire. Sauver sa tête.

Ces dernières semaines, Naouri s’est claquemuré dans son austère bureau du siège parisien de l’entreprise, travaillant nuit et jour. Dents serrées, visage fermé, la bouche en lame de couteau. Seul au milieu d’une armée de janissaires composée d’avocats d’affaires, de banquiers, de consultants spécialisés en gestion de crise, de communicants, tous grassement rémunérés et – donc – totalement acquis à sa cause. Pendant longtemps, il lui suffisait d’acheter à prix d’or tout ce que Paris comporte de conseillers en tous genres pour déstabiliser l’adversaire. Mais, là aussi, ça ne marche plus. Bruno Le Maire ne le prend plus au téléphone. Et le patron ne s’est même pas déplacé le 15 juin à Bercy au Ciri, le comité interministériel de restructuration industrielle, pour une première réunion de discussions entre les financiers du groupe et les créanciers pressés.

En ce début d’été, se joue le dernier

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