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Le Musée Vincenzo Vela de Ligornetto
Le Musée Vincenzo Vela de Ligornetto
Le Musée Vincenzo Vela de Ligornetto
Livre électronique163 pages1 heure

Le Musée Vincenzo Vela de Ligornetto

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À propos de ce livre électronique

Le Musée Vincenzo Vela, la plus importante maison d’artiste conservée en Suisse, est l’une des plus intéressantes d’Europe du point de vue historique et culturel. La demeure abrite la quasi-totalité des originaux en plâtre du sculpteur tessinois Vincenzo Vela (1820–1891). Né à Ligornetto, Vela fut un éminent représentant du réalisme en sculpture et un ardent défenseur – à Milan et à Turin – des causes du Risorgimento, vaste mouvement qui visait à l’unification de l’Italie. Au sommet de sa notoriété, Vela fit construire dans son village natal une magnifique maison-atelier où, de retour au pays, il présenta les modèles en plâtre grandeur nature de ses chefs-d’œuvre dans une salle d’exposition expressément aménagée à cet effet. Dans le respect des dernières volontés de son père, Spartaco Vela légua, en 1892, la propriété des lieux à la Confédération suisse. Ouvert en 1898, le musée a été restauré entre 1998 et 2001 sur un projet de l’architecte Mario Botta. Le Musée – où sont également conservés des archives et des documents scientifiques – organise régulièrement des expositions temporaires, des activités de médiation culturelle, des colloques, des conférences et des concerts.
LangueFrançais
Date de sortie26 avr. 2021
ISBN9783037976722
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    Aperçu du livre

    Le Musée Vincenzo Vela de Ligornetto - Marc-Joachim Wasmer

    Marc-Joachim Wasmer

    Le Museo Vincenzo Vela à Ligornetto

    Canton du Tessin

    Introduction

    Vincenzo Vela (1820-1891), un sculpteur tessinois au service du Risorgimento

    Lorenzo Vela (1812-1897)

    Spartaco Vela (1854-1895)

    La villa Vela : maison d’artiste et musée

    Le Museo Vincenzo Vela aujourd’hui

    Annexes

    Glossaire

    Notices biographiques

    Vincenzo Vela : éléments biographiques

    Bibliographie sélective

    Crédits photographiques, l’auteur, informations

    Un regard renouvelé sur un art oublié Gianna A. Mina

    Introduction

    Ligornetto se situe dans la vaste plaine du Mendrisiotto, la partie la plus méridionale du canton du Tessin qui, d’un point de vue géographique, appartient déjà à la Lombardie. Le village, situé au carrefour d’une intersection routière, se trouve à l’ouest de l’axe nord-sud (autoroute A2, sortie Mendrisio, direction Stabio/Varese). Rien ne saurait distinguer Ligornetto des bourgades environnantes, si ce n’est une imposante villa historicisante qui, juchée sur une hauteur, attire tous les regards. La bâtisse, qui date des années 1862-1865, présente une élégante façade, et se caractérise par une grosse tour-lanterne centrale. Construite au cœur d’un vaste parc, cette demeure cossue était autrefois l’atelier et la résidence de Vincenzo Vela (1820-1891), la plus importante maison d’artiste encore conservée en Suisse. Elle abrite aujourd’hui le Museo Vincenzo Vela, géré par l’Office fédéral de la culture.

    Actif entre la Suisse et l’Italie, représentant majeur du vérisme (voir le glossaire p. 77), le sculpteur Vincenzo Vela connut une grande renommée au XIXe siècle. Accédant à la notoriété au cours du Risorgimento, soit les années qui virent l’unification de l’Italie, il présenta au grand public – à son retour de Turin en 1867 – les originaux en plâtre de la quasi-totalité de ses œuvres dans une salle de sa maison-atelier expressément conçue à cet effet. Conformément à la volonté de son père, son fils Spartaco Vela (1854-1895) légua par testament la propriété des lieux à la Confédération suisse en 1892, à condition que celle-ci en fasse un musée ou une école, destinés à la collectivité. Ouvert au public en 1898, le musée a été remanié à plusieurs reprises, la dernière intervention ayant été menée entre 1997 et 2001 sur un projet de l’architecte Mario Botta.

    Outre ses modèles en plâtre et ses moulages originaux, la collection du musée compte des dessins et des maquettes en terre cuite et en plâtre de Vincenzo Vela ; des sculptures et des peintures du frère de l’artiste, Lorenzo Vela (1812-1897) ; ainsi que des peintures, des dessins et des céramiques de Spartaco Vela. Une bibliothèque, des tableaux et des dessins d’amis lombards et piémontais de cette dynastie d’artistes, ainsi qu’une collection de photographies anciennes unique en Suisse, complètent le grand œuvre de la famille Vela.

    Vue du Museo Vincenzo Vela depuis le sud, 2019.

    Vincenzo Vela (1820-1891), un sculpteur

    tessinois au service du Risorgimento

    Les chiffres romains en caractères gras indiquent le numéro des salles d’exposition. Pour s’orienter, nous renvoyons au plan du rez-de-chaussée figurant dans le rabat arrière du guide.

    L’enfant prodige

    Vincenzo Vela naquit à Ligornetto le 3 mai 1820 ; fils de Giuseppe Vela, un petit agriculteur, et de Teresa Casanova. À neuf ans, il entama son apprentissage de tailleur de pierres dans les carrières de Besazio, faisant tout de suite preuve d’une très grande adresse. Son frère aîné, Lorenzo, ne s’y trompa pas et, en 1832, il fit venir Vincenzo à Milan où celui-ci travailla bien vite comme tailleur de pierres à la Fabrique du Dôme, tout en étudiant à l’Accademia de Brera et à la Scuola d’Ornato. Influencé par la peinture de Francesco Hayez et par la sculpture du Toscan Lorenzo Bartolini, son style s’orienta vers un réalisme marqué s’opposant au classicisme aride des épigones de Canova. Cet élève exceptionnellement doué remporta de nombreux concours, devenant rapidement une figure de référence pour toute une nouvelle génération d’artistes. En 1842, après avoir remporté une médaille d’or à Venise, il termine ses études et s’installe à son compte.

    Premiers succès à Milan

    Enrico Gamba, Portrait de Vincenzo Vela, vers 1857, pastel sur papier.

    Tout de suite après sa première commande, à savoir le Monument à l’évêque Luvini (VIII) pour la nouvelle mairie de Lugano qui lui valut un grand succès à l’exposition de Brera en 1844, Vela termina les monuments funéraires de Maddalena Adami-Bozzi à Pavie et de Cecilia Rusca à Locarno vers 1845-1846 (XX). Dans l’art funéraire italien, ces deux groupes de sculptures marquèrent un tournant : pour la première fois, les personnages en deuil, normalement représentés comme des figures allégoriques, sont sculptés avec une immédiateté touchante. Ils présentaient en effet le visage des membres de la famille des défuntes, revêtant leurs habits de tous les jours.

    Vincenzo Vela, Giuseppe Maria Luvini, Évêque de Pesaro, 1844, plâtre de la statue de Vincenzo Vela à Lugano 1895.

    Bien qu’à partir de ce moment, ce genre ait constitué l’une des clés de son activité créatrice, Vela se confronta également à des thèmes et des genres plus séculaires, comme par exemple le portrait. C’est ainsi qu’il réalisa en 1846 pour le duc Giulio Litta, La prière du matin (XXI), une sculpture de genre où le sujet religieux ne sert que de prétexte. Du fait de l’effet réaliste produit par cette jeune femme agenouillée et vêtue d’une chemise de nuit, cette œuvre fut considérée par le plus grand nombre comme un chef-d’œuvre, même si des critiques soupçonnèrent rapidement que le sculpteur avait utilisé directement les moulages en plâtre du modèle et de l’étoffe – ce que l’auteur avait effectivement fait – contrevenant ainsi aux codes académiques. Toutefois, avec son naturalisme inégalé jouant sur les valeurs picturales, le rendu raffiné de la physionomie et du doux modelé – qui, en même temps que la dimension narrative, évoque les figures d’un musée de statues en cire – l’œuvre conjugue des canons de composition établis, d’anciennes traditions picturales avec des contenus contemporains. Vela combla tout de suite le goût d’une élite influente, composée des représentants libéraux de la noblesse lombarde et d’une haute bourgeoisie en pleine ascension, unies dans le but commun d’opposer une résistance farouche au pouvoir de l’occupant, la monarchie honnie des autrichiens qui gouvernait depuis le congrès de Vienne de 1815. L’idée de l’art selon Vela, dont le style vigoureux s’opposait aux conventions et aux pratiques de la vieille école, devint bien vite le manifeste culturel des Milanais. Ainsi, lettrés et mécènes qui avaient longtemps attendu sa venue, courtisèrent le jeune prodige.

    Vincenzo Vela, La prière du matin, 1846, plâtre original.

    Spartacus, héros des opprimés

    Grâce à la commande d’un collectionneur, le duc Antonio Litta, en vue de la réalisation d’une sculpture de grand format, Vela se rendit à Rome en 1847 muni d’une bourse d’étude. Il venait de concevoir le modèle de son Spartacus (non conservé), lorsqu’il décida de s’engager et de prendre part à la guerre du Sonderbund dans les rangs de Guillaume Henri Dufour, voir portrait de 1849 (II) ; tandis qu’en mars 1848, il participa comme volontaire à la guerre d’indépendance des Lombards contre l’Autriche, qui se termina dans le sang. À cette occasion, Vela, fervent républicain, gagna l’amitié et le respect de l’ensemble des Milanais, ainsi qu’une réputation d’artiste-patriote politiquement engagé.

    Son colosse de marbre sculpté durant l’hiver 1849-1850 (VII, voir ill. p. 8) fut dévoilé au bon moment et marqua le dépassement définitif des canons formels du classicisme. L’esclave héroïque qui brise ses chaînes pour mourir en homme libre, devint donc le symbole de la révolte nationale. Le «vérisme» de Vela devint ainsi le vecteur du Risorgimento italien, enflammant les esprits comme cela fut aussi alors le cas avec les opéras de Giuseppe Verdi.

    Turin ou l’espoir de l’Italie

    Vela le révolutionnaire devint rapidement un personnage gênant pour l’occupant. Quand, en 1852, il refusa d’occuper une chaire à l’Académie, une proposition visant à dompter les velléités des opposants, Vela dut regagner sa patrie, où il se lia d’amitié avec de nombreux réfugiés. Quelques mois plus tard, il émigra à Turin, ville libre et libérale. À Turin, cœur de l’unification de l’Italie, il put compter sur de nouvelles commandes et étendit son influence au-delà des frontières.

    Le succès ne tarda pas à arriver, la célébrité de Vela s’expliquant par les nombreuses commandes de sculptures publiques et privées ainsi que par son activité de professeur à l’Accademia Albertina, une charge que lui conféra en 1856 le roi Victor-Emmanuel II. Fait rare : au cours des quatorze années suivantes, Vela eut l’opportunité de diffuser son style dans un milieu artistique à l’époque plutôt périphérique, en faisant école.

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