Le shoe must go on
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À propos de ce livre électronique
Au fait, je m'appelle Chloé. Chloé Dubois. J'ai vingt-huit ans - et un sale caractère, jusqu'à ce que j'aie pris mon premier café du matin. J'aime les cupcakes et le rose. Je suis une fan finie des chaussures et des Post-it. Sérieux. Ne jamais sous-estimer la puissance d'un Post-it. Ça colore la vie ! Ça peut même la changer…
Je travaille comme conseillère de mode dans une boutique super chouette du centre-ville, Le Walk-In. J'adore mon boulot, même si ce n'est pas le plus prestigieux, et puis, ça paie mes propres chaussures ! Côté famille, je ne m'étendrai pas sur le sujet : j'ai une mère. Et une mère déçue de ma non-carrière et de ma non-vie amoureuse. Une mère qui sera enfin fière de moi le jour où j'atteindrai ses objectifs…
Je ne pensais jamais vivre ce fameux jour où je la satisferais, mais tadam! Concours de circonstances oblige : je me retrouve parachutée à New York pour la Fashion Week (un défilé de chaussuuuures !) et j'ai un amoureux qui a passé le test du Salaudmètre !!!!!!!!!
Vlan dans les dents, maman !
Caroline Langevin
Caroline craint l’ennui plus que tout. Elle occupe donc ses journées (qui doivent décidément contenir plus de vingt-quatre heures !) à travailler, à étudier, à tricoter, à pinterester sa maison, à passer du temps avec ses amis et sa famille, à rêver et à écrire. D’abord éducatrice de la petite enfance, Caroline excelle dans l’art d’imiter différentes voix lorsqu’elle raconte des histoires aux tout-petits. Un jour, elle a décidé de relever un autre défi : capter l’attention d’un lecteur adulte. Elle plonge dans l’écriture de son premier roman, Le shoe must go on, un savoureux mélange de souvenirs personnels douteux de sa vingtaine et de scènes humoristiques sorties tout droit de son imagination déjantée. Cette expérience lui fait prendre conscience du plaisir qu’elle éprouve à écrire et sème une certaine inquiétude autour d’elle : désormais, nul n’est à l’abri de devenir un personnage caricatural dans son prochain bouquin! Malgré cela, son entourage se réjouit de sa nouvelle passion. D’abord parce qu’il découvre des facettes inédites de Caroline, mais surtout parce que, quand elle écrit, elle se tait finalement un peu !
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Aperçu du livre
Le shoe must go on - Caroline Langevin
— DONC, VOUS ALLEZ ÊTRE SEULE ?
— Non, non. Mon rendez-vous ne tardera plus.
La serveuse lève les yeux au ciel et repart en soupirant bruyamment sa condescendance envers ma personne. Du haut de ses pas plus de vingt ans – et de toute l’expérience qui vient avec –, elle est bien placée pour me juger, évidemment. Qu’est-ce qu’elle peut bien savoir des rendez-vous manqués ? Non pas que le mien le soit. Ce n’est pas parce que je suis assise, seule, dans un restaurant, depuis près d’une heure, que ma date ne se pointera pas. Et, comme je suis arrivée légèrement en avance, il n’a qu’une quarantaine de minutes de retard. Pour être sincère, je sais que la serveuse n’a pas tort. Mais pas question d’être honnête avec elle ! Ça ne fait pas partie de ses fonctions de me juger ainsi. Ou peut-être que si ? Je n’ai jamais fait d’études en restauration.
Si on était dans un soap américain, mon rendez-vous n’aurait pas pu venir parce qu’il aurait eu une attaque subite du cœur ou de tout autre organe. Plongé dans un coma artificiel, il se réveillerait plusieurs jours plus tard, complètement perdu, mais toujours fou d’amour pour moi. Dans la vraie vie, c’est un peu différent. J’ai été invitée dans ce resto par un quasi-inconnu, et, de toute évidence, il ne se montrera pas. C’est la première fois que ça m’arrive et ça me donne envie de vomir. J’ai beau vérifier mes textos toutes les quatre secondes, aucune nouvelle.
— Vous voulez que j’ouvre votre bouteille de vin pendant que vous attendez encore ?
Retour de la maudite-serveuse-aux-grands-airs-qui-doit-bien-se-douter-que-si-j’avais-une-bouteille-elle-serait-déjà-ouverte. Ma date m’avait précisé qu’elle l’apporterait.
— Oh ! C’est trop gentil de votre part, mais c’est mon petit ami qui se charge du vin.
— Je croyais que c’était votre premier rendez-vous ? Que vous attendiez un inconnu ?
Moi et ma grande gueule ! C’est ma faute si elle se mêle de mes affaires ! C’est moi qui lui ai dit en arrivant que j’attendais un bel inconnu aux cheveux bruns…
— Bien sûr que non ! C’est que Mike et moi, on s’est rencontrés de cette manière, et dans ce même restaurant. Chaque fois qu’on y revient, je l’appelle mon bel inconnu, comme le soir de notre première date.
Merde ! Mike… Je suis nulle pour inventer spontanément des noms de mec chouettes…
— Vous savez, madame, il n’y a pas de honte à se faire poser un lapin. Si vous voulez, je peux vous faire préparer un repas à emporter. Pour une personne…
Elle est douée, la petite. C’est tout un art d’être aussi cruelle poliment.
— Si on me posait un lapin, je m’en ferais des bottes, ma belle !
Avec un sens du timing inespéré, mon cellulaire émet un bip. J’y jette un bref coup d’œil – intérieurement désespérée ! Sortez-moi d’ici, ça presse !
— Oh ! (Je m’exclame beaucoup trop fort ! Je dois prendre une voix plus naturelle pour terminer ma phrase.) Mike a été retenu à l’hôpital pour opérer un enfant d’urgence. Une question de vie ou de mort… Voilà pourquoi il n’a pas pu me joindre avant pour m’en avertir. Finalement, je vais passer une commande à emporter.
La serveuse semble statufiée. J’ai réussi à lui fermer le clapet ! Je profite de mon avantage pour la narguer à mon tour :
— Un repas pour deux, bien sûr. Ah, la vie avec un chirurgien… Vous savez ce que c’est… Mais non, suis-je bête ? Comment pourriez-vous savoir ? !
Et toc ! La serveuse est K.-O.
C’est idiot, je le sais très bien. J’aurais pu me lever et partir, tout simplement. Sans justification. Mais ç’a été plus fort que moi. Je n’avais jamais été abandonnée à un rendez-vous. C’est plutôt insultant… Et me voilà maintenant en train d’hésiter – à voix haute, naturellement : est-ce que Mike aimerait mieux la brochette de poulet ou celle au bœuf ? Honte à moi !
Pendant que mon repas est préparé en cuisine, la serveuse ne me quitte pas du regard. Je ne sais pas si elle a cru mon histoire. De toute façon, je ne remettrai plus jamais les pieds ici ! Elle me donne ma commande en silence au moment où mon téléphone sonne. Le dieu des cellulaires a pitié de moi ce soir…
— Salut, chéri. Oui, oui, j’arrive dans quelques minutes. Tu as du vin au frais ? Super !
— Ben voyons ! De quoi tu parles ?
J’attends d’être sortie du restaurant et que la porte soit complètement fermée avant de répondre à mon amie Valérie. En réalité, ma réponse est un mélange de soupirs et de gémissements.
— Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Je viens de m’inventer une vie pour clouer le bec à une pimbêche ! T’as faim ? J’ai deux repas à emporter. Je t’ai pris une brochette de bœuf. En fait, j’ai pris une brochette de bœuf à Mike le chirurgien…
— Mike le chirurgien ? ! ? Sérieux ? OK, rejoins-moi. J’ai du vin au frais ! Je t’attends.
— Tu sauras que Mike aussi avait du vin au frais pour moi !
— …
— Euh… OK… j’arrive !
Chez Valérie, une coupe bien pleine m’attend. C’est à ça qu’on mesure la vraie amitié, non ?
J’ai d’abord droit à un gros câlin réconfortant, puis Valérie s’installe confortablement avec son repas et me tend la coupe.
— Bois !
Je l’écoute.
— Maintenant, raconte-moi.
— Bah, je me suis inscrite à un site de rencontres…
— QUOI ! OK… BOIS !
Je l’écoute.
— Pourquoi ?
— Parce que je m’ennuyais ?
— De quoi ? T’es la célibataire que je connais qui rencontre le plus d’hommes.
Alors je lui explique.
Un soir, il y a plusieurs semaines, je n’avais rien à faire. J’étais sortie courir (… marcher…) autour du lac. À mi-chemin, je m’étais assise sur un banc. C’était une de ces soirées encore un peu chaudes d’automne.
Même si je n’avais rencontré personne d’intéressant depuis un petit moment, l’idée de m’inscrire sur un site de rencontres me paraissait absurde. Surtout à mon âge ! Et ça ne me ressemble pas du tout. Mais, comme je n’avais rien de mieux à faire…
En réalité, c’est ma copine Léa qui m’a convaincue de m’inscrire. Elle avait cru que Facebook était l’endroit idéal pour rencontrer, mais elle s’était vite lassée de voir défiler des photos de bébés, encore et encore, et de mariage et de pur bonheur, et de ils-vécurent-heureux-jusqu’à-la-fin-des-temps. Ça l’avait complètement démoralisée et confortée dans l’idée que les célibataires se devaient de rester entre eux. Elle s’était donc inscrite sur un site de rencontres. Elle avait d’abord eu quelques dates sans intérêt, puis avait commencé à discuter avec un certain Gabriel. Pendant trois semaines, elle nous a cassé les oreilles à propos de son mystérieux Roméo. Il était tout ce qu’elle avait toujours cherché chez un homme, semble-t-il. Évidemment, je l’avais mise en garde. C’était peut-être un vieux pervers. Mardi dernier, ils sont donc allés prendre un café. À la suite de quoi, Léa est débarquée chez moi, les yeux brillants. Comme ceux d’une ado qui aurait rencontré le chanteur du boy band de l’heure. On n’avait toujours pas eu l’occasion de rencontrer son prince charmant, mais il semblait tellement parfait pour elle !
Même si je ne m’attendais pas à dénicher aussi le match idéal sur un site de rencontres, ça m’avait paru amusant. Le slogan du site annonçait : « Vous trouverez l’amour en quelques clics ! » Faux, archifaux ! Il en fallait bien plus que ça juste pour s’inscrire ! En plus, j’avais eu l’idée – vraiment mauvaise – de le faire sur le petit écran de mon cellulaire.
Tandis que les coureurs motivés passaient devant moi, je m’étais attaquée à la première étape : la fiche descriptive. Choisir une photo, indiquer mon nom et quelques détails sur moi a été très simple, mais, une fois arrivée à l’encadré qui demandait de parler de moi, j’ai bloqué. Pas facile de se vendre sans en avoir l’air. Dans la vie, j’arbore le look j’ai-pris-trois-heures-pour-me-préparer-pour-que-ça-ait-l’air-de-s’être-fait-en-quinze-minutes. Comment atteindre la même perfection avec des mots ? Après plusieurs essais, j’ai réalisé que, comme je n’étais plus à l’école, il n’y avait rien de mal à jeter un œil sur la fiche de la voisine… histoire de m’inspirer un peu.
Puisqu’il y avait des milliers de filles sur ce site, j’ai simplifié ma recherche en visitant le top 50 des fiches les plus regardées. Étant nouvelle dans le domaine, et naïve, j’étais convaincue qu’elles seraient les plus intéressantes. Erreur ! Ce qu’elles avaient de plus intéressant, c’était leurs photos de profil et leurs décolletés intenses.
Deux choix s’offraient donc à moi : être créative et inventer ma fiche moi-même, ou prendre une nouvelle photo de moi avec un décolleté intense. Réflexion faite, j’ai décidé de créer ma fiche !
Au fait, je m’appelle Chloé. Chloé Dubois. J’ai vingt-huit ans, un sale caractère en me réveillant, et ce, jusqu’à ce que j’aie pris mon café. La cafetière est donc ma première destination du jour. J’aime les cupcakes avec une montagne de glaçage, les chaussures, plus particulièrement les escarpins, et le rose. La vie est tellement plus belle avec du rose.
J’adore mettre du vernis à ongles et aussi les noms qu’on leur donne – jaune canicule estivale, rose premieboutiqn mal à entretenir une conversation seule. J’adore écouter la radio, surtout dans ma voiture, en chantant à tue-tête.
J’ai (trop) longtemps été en couple et j’ai présentement envie d’être égoïste. De penser à moi. Je suis parallèlement fan des chaussures et de la série télévisée Sex and the City. J’aime que tout sur moi fitte. Je suis une fille de kits – mais pas comme Creton dans La petite vie. Ainsi, en voyant la couleur de mes chaussures, vous pouvez deviner celle de mes dessous.
Je suis une passionnée, dans tout ce que je fais. J’ai certains côtés obsessionnels-compulsifs – mais ça se remarque à peine. Tout est en ordre chez moi, excepté ma voiture, qui est un mélange de walk-in sur roues et de tiroir dans lequel on entasse la paperasse inutile. Ou utile ! J’ai parfois l’impression que, si on déplace une chose, le monde ne tournera plus rond, ce qui rend la cohabitation complexe. D’ailleurs, je suis maintenant la colocataire d’un gentil minou que j’ai baptisé Gallo. Pour être honnête, ce n’est même pas mon chat, mais celui des voisins. Il a probablement un autre nom dans sa « vraie » maison… Depuis quelques années, il s’est pris d’affection pour moi et passe la majorité de son temps ici, à réclamer de l’amour. Ce qui me va parfaitement. Ben oui ! Je suis le genre de fille tellement pas prête à s’engager avec quelqu’un qu’elle n’est même pas capable de s’acheter son propre chat. C’est juste plus facile d’emprunter celui du voisin quand j’ai besoin de câliner. Je ne sais pas si je pourrais faire la même chose avec un amant ?…
Je travaille comme conseillère de mode dans une boutique super chouette du centre-ville, Le Walk-In. Ce n’est pas le boulot le plus prestigieux, mais j’adore aider mes clientes à trouver le look parfait. Sans compter que ça paie mes factures… et mes propres chaussures !
Côté famille, je ne m’étendrai pas sur le sujet. Si ma vie était une pièce de théâtre, on entendrait les gens quitter la salle avant l’entracte, embarrassés d’être témoins de nos réunions familiales. Résumons ça à : j’aime ma famille… surtout quand je ne la vois pas !
Je ne dirais pas que je cherche le grand amour, mais quelqu’un avec qui j’aimerais partager ma vie. En attendant, je profite des hommes qui passent dans mon lit et je souhaite en secret que l’un d’eux soit assez intéressant pour me donner envie de le revoir plus loin qu’un troisième rendez-vous. Ensuite, on avisera. Jusqu’à présent, ça ne m’est jamais arrivé ! Pour plusieurs, je suis le prototype de la « fille facile ». Pour moi, ça n’a pas de sens, je suis juste une « fille à la sexualité assumée ». Je me fiche pas mal de ce que les autres disent ou pensent. Les histoires d’un soir n’ont rien de gênant. Ce sont simplement des histoires.
Mais je n’ai inscrit rien de tout ça dans ma fiche, bien entendu ! J’ai opté pour un mélange de banalités avec une touche d’humour bien personnelle. Le résultat ne m’a pas trop plu, mais je suis passée à la deuxième étape. J’ai cliqué sur « beau-brun-25-30-ans ». Surprise, j’ai vu apparaître dans la première page de sélection trois de mes anciennes dates. J’ai perdu un bon moment à aller lire leur fiche en me marrant devant leurs mensonges avant de me rappeler que tel n’était pas le but du site. Je me suis donc replongée dans mes recherches. Certains étaient plutôt mignons, je l’avoue. Mais ils étaient probablement plus doués pour draguer dans les bars, où les conversations peuvent être limitées.
Au bout d’un moment, prise de frissons (de froid, pas d’excitation), j’ai abandonné mon banc et mes recherches. Si les sites de rencontres étaient idéaux pour Léa, il en allait bien autrement pour moi. Aucune fiche n’avait retenu mon attention. J’ai donc rangé mon cellulaire dans ma poche et je me suis légèrement étirée (un banc de parc, ça donne des courbatures !) avant de reprendre ma marche non dynamique. Un beau brun est alors passé devant moi en joggant. Il s’est retourné pour me regarder, s’est arrêté, puis est revenu vers moi.
— Salut ! Tu allais courir ?
— Euh, ouais ?
— Tu serais d’accord pour finir le tour du lac en marchant ? On pourrait le faire en discutant ?
Woww ! Vraiment séduisant, ce gars-là ! Finalement, les sites de rencontres m’avaient peut-être permis, dans un sens, de rencontrer un bel inconnu. En affichant mon sourire le plus charmant – je sais qu’il l’est, j’ai passé des heures à le perfectionner devant un miroir ! –, j’avais mimé quelques étirements supplémentaires.
— Pourquoi pas ? C’est vrai que parler en courant, ce n’est pas évident… pour certains. Je reprendrai ma course plus tard.
On avait donc marché, puis il m’avait invitée à prendre un verre et je m’étais félicitée de ne pas avoir couru. On s’est fréquentés pendant quelques semaines et il était vraiment sympa, mais beaucoup plus sportif que moi. Il avait fini par s’en rendre compte…
— C’est donc comme ça que tu as rencontré ton joggeur ! s’exclame Valérie en vidant sa coupe de vin. Mais ça n’explique toujours pas comment tu as eu une date de site de rencontres, ce soir.
— Oh ! Eh bien, disons que j’ai fini par m’ennuyer de nouveau. C’est plutôt amusant au fond.
— Tu as rencontré quelqu’un d’intéressant, alors ?
— J’ai dit amusant, Val ! J’ai rencontré des gens… amusants !
— Et un salaud !
— En fait, je ne l’ai toujours pas rencontré, puisqu’il n’a même pas daigné se pointer ! !
Valérie nous ressert à boire. Elle est ma meilleure copine et je lui révèle tout. Si j’avais encore l’âge d’acheter des médaillons best friends forever, c’est à elle que j’en offrirais un. Ça serait vraiment sweet de vous raconter que nous sommes amies depuis l’enfance, que nous avons tout partagé en restant toujours unies, mais la vérité est bien différente ! En réalité, il y a six ans, nous nous sommes rencontrées de façon pour le moins unique ! Dans une boutique du centre-ville, au même moment, nous avions jeté notre dévolu sur la même magnifique paire de chaussures. Comprenez-nous bien, elle était tout simplement ma-gni-fi-que ! Et en solde ! Et il n’en restait qu’une paire ! S’ensuivit alors une certaine résistance de chacune des parties à se séparer de sa fabuleuse trouvaille. Qui sait si nous serions amies aujourd’hui si une autre cliente n’était pas intervenue à ce moment-là pour nous aviser qu’elle avait vu une paire identique dans une autre boutique, non loin de là ? Le destin n’avait donc pas prévu de crêpage de chignon, ce jour-là. Depuis ce drôle d’incident, liées peut-être par notre amour des chaussures, nous sommes devenues inséparables.
Tout comme moi, Valérie est célibataire. Elle vient de mettre un terme à une longue relation. Son petit ami avait un gros défaut : sa famille. Qui ne vivait pas sur une île lointaine, au fin fond du Pacifique, sans accès au téléphone, à Internet ou à toute autre forme de communication. Vous la trouvez cruelle ? Vous avez peut-être raison, mais la voilà tout de même célibataire.
Valérie est le prototype parfait de la belle grande rousse, sauf que ses cheveux finissent toujours attachés en queue de cheval plutôt que de voler au vent avec élégance. Elle a parfois un sale caractère, et pas seulement en se réveillant. Elle sait ce qu’elle veut ; par contre, son orgueil beaucoup trop grand pour son mètre-cinquante-quatre-et-un-demi-centimètre la bloque parfois. Elle aime l’argent et, si elle pouvait en obtenir sans travailler, elle opterait pour cette solution. En attendant d’épouser un homme riche et de vivre en femme-trophée (je blague), elle travaille comme serveuse dans un restaurant du centre-ville. Elle déteste ce boulot. Elle en déteste vraiment tous les aspects. L’endroit, le décor, ses horaires, son salaire et ses collègues. Elle s’en fiche, car elle sait qu’elle partira tôt ou tard.
Valérie est une grande voyageuse. Elle ne reste jamais en place bien longtemps et c’est ainsi depuis la fin du secondaire. Tandis que tous les autres finissants planifiaient leurs études et leur avenir, Valérie, elle, avait passé les derniers mois de l’année à s’organiser une fabuleuse année sabbatique. Le lendemain de la remise des diplômes, son avion avait décollé pour le Pérou. Adorant découvrir de nouveaux horizons, elle était revenue un an plus tard. Elle avait trouvé un boulot acceptable… et un amoureux qui l’était un peu moins. Lorsqu’elle en avait eu plus que marre, elle avait tout largué et s’était acheté un billet d’avion pour je ne sais où. C’est son pattern. On a parfois l’impression qu’elle tente de vivre comme les autres, mais, quand les difficultés de la vie prennent le dessus, elle s’enfuit plutôt que de les affronter.
Cette fois, elle a battu des records en occupant le même emploi pendant près de deux ans, à son retour d’Irlande. Ça me brise le cœur, mais je me doute bien que sa prochaine « fuite en avant » se fait imminente. Cette idée m’angoisse, car l’annonce de ses départs fait chaque fois l’effet d’une bombe. Impossible de s’y préparer. Même si pendant son absence le monde continue de tourner, elle me manque atrocement.
Valérie est d’une sincérité désarmante. La plupart des gens détesteraient ça, mais moi, j’adore. Avec elle, j’ai toujours droit à la vérité. Néanmoins, elle sait choisir les mots pour dire doucement de dures réalités. C’est pourquoi je me tourne souvent vers elle pour raconter mes super et moins super aventures.
— Où se trouvent donc les hommes idéaux, dis-moi ?
— Déjà tous pris ! C’est bien connu, les hommes idéaux sont mariés.
— Et les hommes presque idéaux, eux ? Ça pourrait m’aller ! Le problème, c’est que les sites de rencontres ne s’adressent qu’aux célibataires.
— C’est le but, non ? Les gars en couple ont une solide raison de ne pas s’inscrire aux sites de rencontres : ils ont déjà quelqu’un dans leur vie.
— Oui, mais certains d’entre eux fréquentent la mauvaise fille – et ils ne le savent pas. Parfois, ils n’osent pas la laisser. Résultat : les bons gars sont pris, et les bonnes filles comme moi restent seules. La solution idéale, ce serait des chasseurs de têtes ! que j’explique avec le plus grand sérieux.
— Des chasseurs de têtes ?
