Lettres Portugaises: Premium Ebook
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À propos de ce livre électronique
Les lettres qui suivent, débordantes de passion et de la douleur causée par l’abandon, furent écrites par une religieuse portugaise qui se nommait Mariana Alcoforado. Elles sont adressées à un jeune officier, élégant et noble, dont elle tomba amoureuse. Et comme il est écrit dans la préface, "ce qui augmente encore le charme de ces lettres, c’est que l’on reconnaît sans peine qu’elles ne furent pas écrites en vue d’une publication. Oh, non ! ces élans, ces tristesses, ces aveux, ces plaintes amères, n’ont rien d’apprêté. Ce sont les cris d’une âme loyale et tendre, et le lecteur s’intéresse bien vite à tant d’amour mêlé a tant de désespoirs !"
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Avis sur Lettres Portugaises
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Aperçu du livre
Lettres Portugaises - Mariana Alcoforado
Lettres Portugaises
Mariana Alcoforado
Traduction par
Gabriel de Guilleragues
Table des matières
NOTICE SUR LA RELIGIEUSE PORTUGAISE
NOTE BIBLIOGRAPHIQUE
PREMIÈRE PARTIE
AU LECTEUR
LETTRE PREMIÈRE
LETTRE II
LETTRE III
LETTRE IV
LETTRE V
DEUXIÈME PARTIE
AU LECTEUR
LETTRE PREMIÈRE
LETTRE II
LETTRE III
LETTRE IV
LETTRE V
LETTRE VI
LETTRE VII
NOTICE SUR LA RELIGIEUSE PORTUGAISE
Vers 1663, il entra dans la politique de Louis XIV de secourir le Portugal contre l’Espagne, mais il le secourut indirectement ; on fournit sous main des subsides, on favorisa des levées, une foule de volontaires y coururent. Entre cette petite armée, commandée par Schomberg, et la pauvre armée espagnole qui lui disputait le terrain, il y eut là, chaque été, bien des marches et des contre-marches et peu de résultats, bien des escarmouches et des petits combats, parmi lesquels, je crois, une victoire. Qui donc s’en soucie aujourd’hui ? Mais le lecteur curieux qui ne veut que son charme ne peut s’empêcher de dire que tout cela a été bon, puisque les Lettres de la Religieuse portugaise en devaient naître ¹. »
Cette guerre, qui dura jusqu’en 1668, et dans laquelle triompha le Portugal, est, en effet, bien oubliée ! Les Lettres portugaises, au contraire, ont eu depuis lors vingt éditions, et leur grand succès ne semble point épuisé. Évidemment, cela tient surtout à l’accent de sincérité de l’auteur. La pauvre religieuse de Beja a peint avec tant de chaleur, avec une émotion si communicative, l’état de son cœur blessé, ses défaillances, ses espoirs éphémères, sa passion persistante, ses déceptions nombreuses et si cruelles, ses colères si légitimes, que l’on relit volontiers une correspondance dont les pages, ardentes et touchantes à la fois, restent jeunes parce qu’elles sont absolument vraies.
Ce qui augmente encore le charme des lettres de Mariana Alcoforado, c’est que l’on reconnaît sans peine qu’elles ne furent pas écrites en vue d’une publication. Oh, non ! ces élans, ces tristesses, ces aveux, ces plaintes amères, n’ont rien d’apprêté. Ce sont les cris d’une âme loyale et tendre, et le lecteur s’intéresse bien vite à tant d’amour mêlé a tant de désespoirs !
Quelques lignes suffiront pour résumer le drame intime qui a donné lieu aux Lettres portugaises.
En 1661, Noël Bouton de Chamilly, comte de Saint-Léger (plus tard marquis de Chamilly), prit du service en Portugal. Il était alors âgé de vingt-cinq ans ². — À la même époque, un couvent de la ville de Beja, dans la province d’Alentéjo, abritait la religieuse franciscaine dont le jeune capitaine français devait, hélas ! troubler si profondément la vie.
Notre héroïne, qui appartenait à l’une des meilleures familles du pays, a raconté elle-même que ce fut du haut d’un balcon de son couvent qu’elle vit pour la première fois M. de Chamilly, et un critique très-érudit, M. Eugène Asse, a eu, croyons-nous, raison de penser qu’elle l’aperçut sans doute à l’occasion d’une sorte de revue ou d’entrée triomphale, à Beja, des troupes franco-portugaises.
Quoi qu’il en soit, M. de Chamilly, ayant de son côté remarqué la charmante religieuse, pénétra dans le couvent à plusieurs reprises ; il sut se faire écouter de l’infortunée Marianna, qui, jusqu’à sa dernière heure, chercha vainement à maudire le brillant officier dont l’abandon, si brusque et si complet, avait brisé son cœur trop confiant.
Ajoutons que le marquis de Chamilly épousa, en 1677, la fille de Jean-Jacques du Bouchet, seigneur de Villefix, — sans se préoccuper le moins du monde de la religieuse de Beja ; — et qu’il devint, en 1703, maréchal de France, « en récompense de ses glorieux services ».
Il n’y a là rien, après tout, de bien neuf ni de fort original ! — Un officier, élégant et noble, a occupé ses loisirs, dans une petite ville, à séduire une jeune fille crédule et d’une rare beauté. Puis, s’étant empressé d’oublier ses serments, dès son départ du pays, il s’est marié sagement à une riche héritière. Quoi de plus naturel ? Cela ne se voit-il pas tous les jours ?
Et comme, en dehors de ce péché de jeunesse, le maréchal de Chamilly, vaillant homme de guerre, n’a eu aucune faute grave à se reprocher, ses contemporains, Saint-Simon en tête, ont été d’accord pour lui rendre hommage : « C’était le meilleur homme du monde, le plus brave et le plus plein d’honneur. »
Voilà qui est dit à merveille ! Heureusement, pour venger la mémoire de Marianna, les femmes se sont liguées, et pas une lectrice n’a pardonné encore au marquis de Chamilly ses mensonges amoureux et sa coupable légèreté, — disons mieux : sa trahison !
Il faut lire avec attention ces lettres neuves et éloquentes, à cause de leur simplicité mène. Que d’exquise tendresse, que de douleur profonde ; et aussi, comme au souvenir des douces heures — « jamais disparues, — la pauvre délaissée se ranime d’une façon touchante, oubliant soudain, pour un instant trop court, l’ingratitude, la perfidie de son amant !
Amour,