Belgiques: Bruxelles (faits-divers)
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À propos de ce livre électronique
"Belgiques" est une collection de recueils de nouvelles. Chaque recueil, écrit par un seul auteur, est un portrait en mosaïque de la Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques, tantôt doux-amers, chacun de ces tableaux impressionnistes est le reflet d’une Belgique : celle de l’auteur.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Pascale Fonteneau (née 29 avril 1963, Fougères, Bretagne) est une journaliste et romancière active à Bruxelles depuis l’enfance. Diplômée en journalisme et communication (ULB), elle a cofondé Passa Porta, animé des festivals de cinéma et littérature, puis publié romans policiers (« Série Noire »), nouvelles, albums jeunesse, pièces radiophoniques et BD.
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Aperçu du livre
Belgiques - Pascale Fonteneau
Ailleurs, les livres aident souvent à comprendre le monde.
On y apprend des secrets d’État, on y côtoie des espions, des escrocs,
des militaires et parfois même des Martiens.
Ici, les histoires ne parlent que d’une chose : de nous.
Angèle s’est mise à chanter !
Schaerbeek
Avant le jour où son fils était venu le réveiller pour lui dire qu’« Angèle s’était mise à chanter », Grégoire Patou était un type bien. Un voisin idéal.
Un parent envié pour sa pondération et son enthousiasme.
Le vendredi, par exemple, devant l’école où il allait chercher ses enfants pour les amener à la piscine, Grégoire Patou arrivait un quart d’heure avant la sortie des élèves pour saluer les autres adultes présents (souvent plus nombreux en fin de semaine). Attentif aux projets discutés, il n’hésitait jamais à s’engager si nécessaire, comme pour la rénovation des jeux installés dans la cour de récréation. L’initiative avait été lancée un an plus tôt par un parent souhaitant voir ses enfants s’épanouir dans un environnement plus moderne, plus coloré. Souhaitant rallier d’autres parents à cette idée, des affichettes avaient été collées à la porte de l’école, ce qui avait permis à Grégoire Patou de rappeler à ses enfants l’importance des engagements personnels et, donc, de la nécessité de « donner avant de recevoir ». Même si cette notion était encore vague pour ses (jeunes) enfants, Grégoire Patou avait tenu à la formuler, tant elle correspondait à ce qu’il souhaitait leur transmettre.
Concernant la cour de récréation, la plupart des parents partageant les mêmes valeurs, un seul contact avec la direction de l’école avait suffi pour obtenir le financement du matériel et l’autorisation de venir faire le travail un samedi après-midi. Travail auquel Grégoire Patou avait (évidemment) participé, trop heureux de savoir ses enfants, Achille et Louise, scolarisés dans un établissement favorisant l’apprentissage et l’épanouissement des élèves. Très loin donc de l’école de son enfance qui ressemblait à une caserne.
Toujours à l’inverse de l’éducation reçue dans son enfance et de l’ambiance des dîners ou des fêtes de famille où la mécanique automobile était l’unique sujet de conversation, Grégoire Patou encourageait ses enfants à raconter les événements de leur journée. Grégoire Patou (enfant unique) aimait aussi entendre son fils aîné (sept ans) aider sa sœur (cinq ans) à déchiffrer les mots sur les panneaux publicitaires ou, le soir, sur la couverture des livres posés sur l’étagère de leur chambre ou près de leurs oreillers. Complicité dont Grégoire Patou se réjouissait car il y voyait la preuve du climat paisible dans lequel grandissaient ses enfants. Une donnée très importante pour lui.
Certes, l’éducation n’est pas une science exacte, mais, une fois la décision prise avec Solenne, son épouse, d’avoir des enfants, Grégoire Patou avait mentalement énoncé les grands principes d’un tel engagement. L’ensemble de ces règles faisait une sorte de constitution, dont l’article premier était de faire vivre sa famille dans un cadre agréable, loin du vacarme des moteurs et des grincements de tôles comme il les avait trop longtemps supportés. L’écoute de ses enfants et, plus tard, des choix qu’ils feraient, était un principe incontournable, comme le fait de ne jamais les humilier, contrairement à son père qui n’avait eu de cesse de dénigrer ses décisions, notamment le fait d’étudier la philosophie plutôt que la mécanique. Autre règle première : Grégoire Patou souhaitait voir ses enfants vivre dans le respect de la nature et de leur environnement, à l’inverse, là encore, des carcasses de voitures et des flaques de cambouis qui avaient fait office de jardin pour lui. Aussi, même quand ils étaient petits, par tous les temps, Grégoire Patou promenait ses enfants une ou deux fois par semaine au parc Josaphat où il aimait les voir courir sans danger vers les ânes et les canards. Les beaux jours, Grégoire et sa famille allaient aussi dans la forêt.
Soucieux des apprentissages académiques, Grégoire Patou avait offert une encyclopédie du monde animal à chacun de ses enfants. Assis à la table du salon, ils admiraient ensemble les photos et tentaient de retenir le nom de chaque espèce. Même si Grégoire Patou serait incapable de se souvenir du moment où l’idée lui était venue (peut-être suite au chapitre sur les animaux de la ferme), mais après avoir longuement réfléchi, puis avoir longuement discuté avec sa femme et lu sur Internet beaucoup d’avis de pédagogues persuadés (comme lui) des vertus de l’expérimentation, Grégoire Patou avait décidé de construire un poulailler dans son jardin et d’y accueillir des poussins qui, un jour, deviendraient des poules qui, un autre jour, leur donneraient des œufs qu’ils dégusteraient le dimanche au petit déjeuner. Témoignage formidable des cycles de la vie. Avant de lancer le projet, Grégoire Patou avait fait des plans et une provision de livres plus ou moins scientifiques pour associer ses enfants à une telle entreprise. Profitant d’une semaine de vacances scolaires, ils étaient allés acheter le bois nécessaire à la construction « de la maison des poules » dont ils avaient dessiné en famille les plans sur une feuille quadrillée dépliée dans le garage. C’est ensemble aussi, bien sûr, qu’ils avaient choisi sur catalogue les peintures (bio) pour décorer les murs et les accessoires (Achille avait tenu à leur construire une sorte de toboggan), ensemble toujours qu’ils étaient partis chercher les poussins, deux poussins que chacun des enfants avait baptisés. Ainsi, le poussin de Louise s’appelait « Biquette », malgré les railleries de son frère (ce qui avait permis à Grégoire de répéter les principes de tolérance), alors que le poussin d’Achille avait été nommé « Angèle », du nom de sa chanteuse préférée.
Aux yeux de Grégoire Patou, l’arrivée des poussins dans le poulailler (et tout ce qui avait précédé) correspondait aux fondamentaux à transmettre aux enfants, ce dont il avait tiré une discrète satisfaction. Voire un sentiment de fierté, brutalement balayé un jeudi matin quand Achille était venu réveiller ses parents pour leur annoncer qu’« Angèle s’était mise à chanter ». Sans le savoir encore, pour Grégoire Patou, ce matin-là fut le point de départ du grand basculement.
Auparavant, tout s’était plus ou moins déroulé comme prévu. Ainsi, sachant que les lois interdisaient désormais l’exposition et la vente d’animaux (vivants) sur les marchés bruxellois, même les marchés annuels d’Anderlecht et de Jette où, traditionnellement, les enfants des villes voyaient jadis les bêtes de la campagne ailleurs qu’à la télé, Grégoire Patou avait décidé d’aller chercher les poussins dans sa région d’origine. Une décision, comme un lien entre sa vie d’hier et celle d’aujourd’hui. Une décision dont il espérait surtout (en partie inconsciemment) qu’elle rafistolerait des liens familiaux qu’il aurait aimés plus harmonieux. Sans doute subsistaient en effet, tout au fond de la conscience de Grégoire Patou, des images cinématographiques de maison de famille où plusieurs générations se retrouvaient pour célébrer les grands événements autour d’un bon repas, puis s’embrassaient en se donnant des tapes dans le dos. Ce que les autres faisaient peut-être. Sans lui.
Même s’il ne regrettait pas d’être parti ni d’avoir étudié la philosophie, Grégoire Patou aurait aimé plus de reconnaissance de la part de ses parents, surtout de son père, qui n’hésitait jamais à moquer ses choix. Sous ces sarcasmes se cachait assurément la déception de ne pas avoir réussi à transmettre à son fils sa passion de la mécanique et, donc, d’avoir dû se résigner à l’idée que son entreprise ne serait pas reprise en ligne directe, mais, au-delà de cette amertume (légitime peut-être), son père déplorait surtout que son fils ait choisi un métier de « tapette ». À mille lieues des déconstructions contemporaines et des remises en question du patriarcat dominant, le père de Grégoire Patou n’avait pas digéré que son fils unique passe son temps le nez dans les bouquins plutôt que dans des moteurs à réparer
