Quand Le Silence Devient Révolution
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À propos de ce livre électronique
Dans de nombreux pays, les élections sont présentées comme l'expression de la volonté populaire. Mais lorsque les résultats sont écrits d'avance, que la peur muselle les consciences et que la résignation devient habitude, alors la démocratie n'est plus qu'un décor fragile.
Ce roman raconte l'histoire de Jonas, un jeune homme ordinaire, et de Aïcha, sa compagne, qui refusent d'accepter ce destin figé. Leur lutte, discrète mais déterminée, montre qu'il est possible de résister autrement : sans armes, sans violence, mais avec le pouvoir de l'idée, du courage et de l'unité.
À travers leur parcours, le livre met en lumière les dilemmes de la jeunesse africaine : rester silencieuse ou oser espérer, subir ou agir, partir ou bâtir ici. Il est une fresque à la fois politique et humaine, où l'amour se mêle à la résistance, et où la dignité devient l'arme la plus puissante.
Quand Le Silence Devient Révolution est bien plus qu'un récit de fiction : c'est une invitation à réfléchir sur la liberté, le pouvoir, et la capacité de chaque génération à inventer un futur différent.
MBIDA MBIDA CAMILLE
Mbida Mbida Camille est une voix éclectique de la littérature contemporaine camerounaise. Auteur prolifique, il puise son inspiration dans le tumulte des villes africaines et la beauté silencieuse de ses racines. À travers ses romans et chroniques sociales, comme Douala la nuit, Olive le jour ou Les Larmes de la République, il dépeint avec une lucidité saisissante les réalités politiques et humaines de l'Afrique centrale. Mais Mbida Mbida Camille est aussi un poète de l'âme (L'écho de ma terre), capable de transformer la nostalgie et l'identité en vers universels. Écrivain polyvalent, il refuse de se laisser enfermer dans un seul genre, explorant tour à tour le fantastique, la fiction politique et la poésie. Il écrit pour témoigner, pour émouvoir, et pour offrir à ses lecteurs une fenêtre ouverte sur un Cameroun aux mille visages.
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Aperçu du livre
Quand Le Silence Devient Révolution - MBIDA MBIDA CAMILLE
Prologue
La nuit était lourde , étouffante, comme si le ciel lui-même retenait son souffle.
Dans les rues désertes de la capitale, seules les affiches déchirées du président encore en place flottaient au vent, silhouettes fantomatiques d’un pouvoir qui se croyait éternel.
Chacun savait déjà ce que le lendemain annoncerait : une victoire éclatante, proclamée à grands coups de tambours officiels, célébrée par des foules contraintes. Une victoire sans surprise, parce qu’ici, depuis toujours, les élections n’étaient pas faites pour choisir, mais pour confirmer.
Pourtant, derrière les volets clos, les cœurs battaient autrement. Les murmures étouffés circulaient, les regards se croisaient, des espoirs naissaient dans le silence. Car quelque part, dans l’ombre d’une chambre à peine éclairée par une lampe vacillante, un jeune homme et une jeune femme traçaient sur une feuille de papier des mots interdits.
Ils n’avaient ni armes, ni armée. Rien d’autre que leurs rêves, leur intelligence, et l’amour qui les liait. Mais ils savaient une chose : même le plus puissant des régimes ne peut étouffer indéfiniment la voix d’un peuple.
Leur combat commençait cette nuit-là.
Un combat sans bruit, sans sang... mais pas sans courage.
Car parfois, le silence n’est pas résignation.
Parfois, le silence est déjà une révolution.
Partie 1 – L’illusion de la démocratie
Chapitre 1 : La nuit des résultats déjà écrits
La capitale semblait plongée dans une attente étrange, suspendue entre la peur et l’indifférence. Les rues étaient calmes, trop calmes, comme si chaque maison retenait son souffle. Les élections venaient d’avoir lieu deux jours plus tôt, et ce soir, le pays entier attendait l’annonce officielle des résultats. Mais en vérité, personne n’attendait vraiment. Tous savaient déjà ce qui allait se passer.
Jonas, assis sur le rebord de la fenêtre de sa petite chambre, observait la nuit noire qui enveloppait le quartier populaire où il vivait. De temps à autre, une moto pétaradait au loin, brisant le silence comme un rappel brutal de la vie qui continuait malgré tout. Dans la ruelle poussiéreuse en contrebas, quelques enfants jouaient encore, insouciants, leurs cris résonnant comme une provocation contre la gravité du moment.
À l’intérieur, la radio grésillait. Jonas l’avait réglée sur la chaîne nationale, la seule qui diffuserait les résultats. Une voix solennelle répétait les mêmes consignes, appelant la population au calme et à « faire confiance aux institutions ». Jonas se surprit à ricaner : quelles institutions ? Un régime qui depuis trente ans organisait des élections dont l’issue était connue d’avance ? Un Conseil constitutionnel composé de fidèles serviteurs du président ? Une armée qui ne protégeait pas la nation mais un seul homme ?
Il pensa à son père, qui lui avait raconté autrefois la première fois qu’il avait voté, plein d’espoir, croyant à un véritable changement. C’était il y a plus de vingt ans. Le père de Jonas avait vieilli depuis, brisé par les désillusions, la fatigue et la pauvreté. Aujourd’hui, il ne votait plus. « À quoi bon ? » répétait-il. Et ce soir encore, il n’attendait rien.
Jonas, lui, avait fait la queue le jour du scrutin. Il avait patienté sous le soleil brûlant, entouré de centaines d’autres citoyens venus remplir leur « devoir ». Mais il avait vu les urnes disparaître avant même la fermeture des bureaux. Il avait vu des militaires entrer, les visages fermés, et repartir avec des sacs pleins de bulletins. Il avait compris, une fois de plus, que tout cela n’était qu’un théâtre mal joué.
L’odeur de poisson grillé monta de la cour voisine, se mêlant aux effluves d’essence des motos-taxis qui circulaient encore. Jonas se leva, fit les cent pas. Il ne tenait pas en place. Une colère sourde bouillonnait en lui, mais il n’arrivait pas à la nommer. Ce n’était pas seulement de la frustration politique, non. C’était plus profond. C’était l’impression d’étouffer dans une cage invisible.
Il entendit frapper doucement à sa porte.
— Jonas, c’est moi, dit une voix familière.
C’était Aïcha. Elle entra sans attendre qu’il réponde. Ses yeux brillaient dans la pénombre, mais pas de joie. D’inquiétude. Elle posa une main sur son bras.
— Tu écoutes la radio ?
— Oui. Toujours les mêmes discours. On sait déjà ce qu’ils vont dire, non ?
— Évidemment, souffla-t-elle. Mais il faut écouter. Parfois, dans leurs mensonges, il y a des fissures.
Elle s’assit sur le lit, croisa les jambes. Jonas s’assit à côté d’elle, et ils restèrent un moment silencieux, bercés par la voix monocorde du présentateur. Puis, comme prévu, l’annonce tomba : le président sortant avait remporté une victoire écrasante, « avec plus de 87 % des suffrages exprimés ».
Jonas éclata d’un rire amer.
— 87 % ! Pourquoi pas 100 ?
Aïcha serra les poings.
— Ils pensent que nous sommes des idiots. Mais regarde autour de toi, Jonas. Les gens ne crient plus, ils ne sortent plus dans la rue. Ils encaissent. C’est pire que la colère. C’est le silence.
Ce mot résonna en lui comme un écho. Le silence. Oui, c’était cela, l’arme invisible du régime. On avait bâillonné les bouches, on avait écrasé les révoltes, on avait appris au peuple à se taire. Mais ce silence n’était-il pas aussi une force, un espace où pouvait se préparer quelque chose ?
La radio continua à déverser des chiffres, des louanges, des félicitations adressées au « Père de la Nation ». Jonas n’écoutait plus. Il fixait Aïcha, dont le regard était habité d’une flamme étrange.
— Tu sais, murmura-t-elle, un jour ça changera. Pas avec les armes, pas avec leur violence. Mais autrement.
— Comment ? demanda-t-il.
— Par des gestes simples. Par des actes que personne ne verra venir.
Jonas haussa les épaules.
— Tu crois encore à ça ? Moi, je n’y crois plus. Regarde autour de toi. La peur est partout.
— Oui, répondit-elle calmement. Mais la peur peut aussi changer de camp.
Ils restèrent longtemps à discuter, échangeant des idées, des rêves, des peurs. Jonas se surprit à imaginer ce que cela ferait si le peuple se levait, non pas pour se battre, mais pour dire non autrement. Une marche silencieuse, peut-être. Des mots jetés dans la nuit. Des chansons détournées. L’idée paraissait folle, irréalisable. Et pourtant, au fond de lui, une graine venait de germer.
Dehors, les enfants avaient cessé de jouer. Le quartier tout entier s’était figé, comme pétrifié par l’annonce officielle. On n’entendait plus rien, sauf les aboiements d’un chien errant. Jonas se leva, ouvrit la fenêtre. Le vent chaud de la nuit caressa son visage.
Il pensa à ses camarades de jeunesse, dispersés, certains partis en exil, d’autres engloutis par la misère. Il pensa à ses élèves, trop jeunes pour comprendre, mais déjà prisonniers d’un système qui leur volait leurs rêves. Il pensa à son père, assis sans doute sur le vieux banc en bois, écoutant la radio avec un fatalisme résigné.
Et soudain, il se fit une promesse silencieuse. Non, il ne voulait pas vieillir dans cette résignation. Non, il ne voulait pas que ses enfants connaissent le même bâillon que lui. Quelque chose devait changer, et s’il fallait être fou pour l’espérer, alors il accepterait cette folie.
Aïcha s’approcha, posa sa tête contre son épaule.
— Jonas, dit-elle doucement, tu es plus fort que tu ne crois.
Il ne répondit pas. Mais il savait qu’un jour, peut-être plus tôt qu’il ne l’imaginait, il lui faudrait passer de la colère au geste.
Cette nuit-là, alors que le président fêtait sa victoire dans un palais illuminé, un autre type de victoire naissait dans une petite chambre modeste : la victoire de l’idée, de l’espérance fragile mais tenace. Le pouvoir pouvait bien proclamer 87 %, 99 %, ou même 100 %. Dans le cœur de Jonas, un chiffre bien plus grand venait de prendre place : l’infini des possibles.
Et ce fut ainsi que, dans le silence de la nuit des résultats déjà écrits, commença une histoire que personne n’avait prévue.
