Au bord du dernier soleil

Par MBIDA MBIDA CAMILLE

 

Au bord du dernier soleil est un roman poétique et profond qui explore la quête d'identité, le retour aux racines, et la réconciliation avec le passé. À travers le personnage d'Issa, lecteur est entraîné dans un voyage intime au cœur d'un village africain, où mémoire et présent s'entrelacent. Ce récit puissant mêle émotions, traditions et paysages vibrants, pour révéler la force des liens familiaux et la lumière fragile du pardon.

Un roman pour tous ceux qui cherchent à comprendre la complexité des origines et à embrasser la lumière après l'ombre.

• Langue: Français
• Éditeur: MBIDA MBIDA CAMILLE
• Date de sortie: 12 août 2025
• ISBN: 9798231941278

MBIDA MBIDA CAMILLE

    Mbida Mbida Camille est une voix éclectique de la littérature contemporaine camerounaise. Auteur prolifique, il puise son inspiration dans le tumulte des villes africaines et la beauté silencieuse de ses racines.   À travers ses romans et chroniques sociales, comme Douala la nuit, Olive le jour ou Les Larmes de la République, il dépeint avec une lucidité saisissante les réalités politiques et humaines de l'Afrique centrale. Mais Mbida Mbida Camille est aussi un poète de l'âme (L'écho de ma terre), capable de transformer la nostalgie et l'identité en vers universels.   Écrivain polyvalent, il refuse de se laisser enfermer dans un seul genre, explorant tour à tour le fantastique, la fiction politique et la poésie. Il écrit pour témoigner, pour émouvoir, et pour offrir à ses lecteurs une fenêtre ouverte sur un Cameroun aux mille visages.

Aperçu du livre

Préface

Il existe des lieux qui n’apparaissent sur aucune carte, mais qui vivent dans les plis de la mémoire.

Des lieux faits de lumière et de poussière, où chaque pierre semble avoir une oreille, et chaque arbre, une voix.

J’ai grandi en entendant ces voix — certaines claires comme l’eau d’un puits, d’autres voilées par le sable et les années. Elles parlaient d’ancêtres qui avaient marché jusqu’à la mer, de fleuves qui avaient changé de cours, de soleils qui s’étaient couchés sans jamais se lever ailleurs.

Ce livre est né de ces voix.

Il n’est pas un témoignage, pas tout à fait une fiction. C’est un rivage où s’échouent des souvenirs, réels ou inventés, que la marée du temps a polis jusqu’à les rendre méconnaissables.

Les personnages que vous rencontrerez ont peut-être existé. Peut-être pas.

Mais chacun porte en lui une vérité : celle d’un monde qui disparaît doucement, comme le jour qui glisse derrière l’horizon.

À ceux qui liront ces pages, je demande seulement ceci : avancez avec lenteur. Écoutez le silence entre les phrases. Regardez les ombres s’allonger. Car au bord du dernier soleil, il n’y a pas de fin véritable, seulement un ciel qui change de couleur.

-  MBIDA MBIDA CAMILLE

Résumé

Au crépuscule d’un empire colonial qui s’efface des cartes, un jeune homme métis, Issa, revient dans le village de sa mère au bord d’un fleuve rouge.

Il porte en lui deux héritages qui ne se parlent pas : la langue de son père, officier français disparu pendant la guerre, et celle de sa mère, griotte dont les chants racontent l’origine du monde.

Dans ce territoire où le sable avale les routes et où les anciens scrutent le ciel pour lire l’avenir, Issa cherche à comprendre ce qui a brisé sa famille.

Chaque rencontre — un vieux pêcheur qui parle aux étoiles, une femme qui veille sur un arbre millénaire, un enfant qui refuse de parler — le pousse vers une vérité plus vaste : la mémoire n’est pas seulement ce qu’on retient, mais aussi ce qu’on choisit d’oublier.

Introduction

Le soir tombait vite , comme s’il avait hâte de recouvrir le village.

Du haut de la colline, Issa voyait le fleuve s’assombrir, passant du cuivre au noir profond. Les pirogues rentraient en silence, leurs silhouettes glissant entre les reflets rouges du dernier soleil.

Il n’était pas revenu ici depuis vingt ans. Pourtant, rien n’avait vraiment changé. Les mêmes maisons d’argile, les mêmes toits de chaume, la même odeur de fumée mêlée à celle des mangues mûres.

Il descendit lentement, la poussière se soulevant sous ses pas. Les enfants s’étaient arrêtés de jouer pour le regarder passer, comme s’ils reconnaissaient en lui un visage ancien, oublié.

Au loin, un tambour frappait à intervalles réguliers, appelant les habitants vers la place du village. Ce son battait en lui comme un cœur trop vite réveillé.

Quand il atteignit la première maison, il sentit la lumière s’éteindre derrière lui. Le jour venait de mourir.

Et avec lui, quelque chose en lui s’ouvrait — une porte que ni le temps, ni l’exil n’avaient su fermer.

Partie 1: le retour

Chapitre 1 – La colline et le fleuve

Le dernier soleil du voyage

Le ciel s’étirait en un dégradé brûlant, où le rouge se fondait peu à peu dans l’ombre douce du crépuscule. Issa avançait lentement sur le chemin de terre qui serpentait entre les herbes desséchées, les talons de ses chaussures soulevant de fines poussières dorées que le vent emportait au loin. Cela faisait presque vingt ans qu’il n’avait pas foulé cette terre. Vingt ans depuis qu’il avait quitté ce village endormi au bord du fleuve, et vingt ans qu’il portait au creux de sa mémoire l’image trouble de ce dernier soir.

Le soleil descendait bas, juste au-dessus de l’horizon, comme un brasier fatigué prêt à s’éteindre. Cette lumière rougeoyante baignait le fleuve, le transformant en un miroir incertain où se mêlaient les reflets des arbres, des nuages lourds, et des rares pirogues qui rentraient au port. Il y avait quelque chose d’irrémédiable dans cette heure, un instant suspendu entre la fin du jour et le début de la nuit, où tout pouvait basculer.

Issa sentit un poids familier dans sa poitrine, un mélange de mélancolie et de nostalgie qui lui nouait la gorge. Le vent chaud portait des odeurs qu’il connaissait par cœur : le bois brûlé des cuisines, le fruit mûr tombé des manguiers, l’humidité du fleuve mêlée à celle de la terre rouge. Chaque souffle semblait lui raconter des histoires anciennes, des secrets murmurés par les générations qui l’avaient précédé.

Il s’arrêta un instant, face à ce fleuve qu’il avait tant rêvé depuis son départ. Ses eaux calmes glissaient lentement vers l’inconnu, portant avec elles les récits des hommes, des femmes, des enfants qui avaient vécu sur ses rives. Ce fleuve, puissant et silencieux, était le cœur battant du village, un témoin immuable des joies, des peines, des guerres et des amours.

Il se souvint de son enfance, quand il courait sur ces mêmes sentiers, libre et insouciant. Il se revoyait, petit garçon aux pieds nus, jouant avec les autres enfants au bord de l’eau, lançant des cailloux dans le courant et riant