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Cauchemars
Cauchemars
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Livre électronique181 pages2 heures

Cauchemars

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À propos de ce livre électronique

Karim, jeune artiste mélancolique, quitte sa ville natale Farah avec une étrange sensation de déchirement. Durant le voyage, ses souvenirs ressurgissent : une histoire d'amour perdue, une rencontre mystérieuse avec Nadine, ses blessures familiales, ses rêves contrariés. Entre passé et présent, rêve et réalité, Cauchemars explore les méandres de l'âme d'un homme en quête de sens, d'amour et de lui-même. Un roman intimiste, poétique et profondément touchant.

LangueFrançais
ÉditeurAbdelkrim Benhissoune
Date de sortie24 mars 2025
ISBN9798230407836
Cauchemars
Auteur

Abdelkrim Benhissoune

Benhissoune Abdelkrim est né en 1971 à Tiflet. Écrivain et artiste peintre, il explore la vie à travers plusieurs formes de langage, toujours guidé par la même quête : toucher le vrai. Ses textes naissent de l'écoute du monde, de l'observation des silences, des blessures et des beautés invisibles. Il écrit comme on respire : pour rester vivant. Ses poèmes, souvent empreints de douceur, de lucidité et de tendresse, parlent de l'humain tel qu'il est, sans masque.  

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    Aperçu du livre

    Cauchemars - Abdelkrim Benhissoune

    Par

    Abdelkrim Benhissoune

    Note de l’auteur

    J’ai écrit Cauchemars alors que j’étais encore jeune, à une époque où l’écriture n’était pas un projet mais une nécessité, presque une urgence de l’âme. Je portais en moi un monde dense de rêves, de blessures, de souvenirs et de questions sans réponse. Ce roman est né dans cette solitude féconde, entre les pages de mon histoire personnelle et les chemins flous de l’imaginaire.

    Ce n’est pas une œuvre parfaite. C’est une œuvre vraie.

    Elle porte la trace de mes vingt ans, de mes élans, de mes doutes et de ma foi en la vie, malgré tout.

    Aujourd’hui, après tant d’années, je choisis de le partager, non par nostalgie, mais par fidélité à celui que j’étais — et que je suis encore, quelque part. Si ces pages touchent ne serait-ce qu’un seul cœur, alors j’aurai eu raison de les laisser vivre.

    Abdelkrim Benhissoune

    Chapitre I

    Le car, tant attendu, arriva enfin à la gare, les voyageurs se bousculaient devant les deux portes pour avoir une place assise, puisque c’était le seul car qui parcourait le trajet Rabat Ajdir, en passant par Farah, une petite ville située à quelques kilomètres de la capitale, et il ne faisait que deux voyages par semaine. Karim, et avec beaucoup de difficultés, trouva une place dans le fond du bus, à côté d’un vieil homme d’une soixantaine d’années, plutôt c’était le vieillard qui l’avait invité à s’installer près de lui, c’était cet homme-là qui lui avait réservé cette place, puisque le car était comble, puisque tous les sièges étaient occupés. Il y avait même quelques passagers qui s’asseyaient dans le passage étroit entre les sièges. 

    Le véhicule démarra, toussota, cahota, puis commença à ramper sur le bitume de la gare, parmi la foule des gens qui n’avaient pas de chance de faire part de ce voyage.

    En se donnant du mal aux côtés en tournant le tronc, la tête, le cou et les épaules, Karim regardait par la vitre derrière lui, essayant vainement de distinguer, parmi la foule, dans l’agitation de la gare, son frère Driss pour un adieu, pour un au revoir, ou peut-être pour un ultime regard à sa ville natale, comme s’il allait partir à jamais. Cependant, ce n’était pas la première fois qu’il prenait ce car, il le faisait depuis bien plus de deux longues années, seulement cette fois, il se sentit déchiré, c’était avec beaucoup d'amertume qu’il allait quitter Farah, cette ville à laquelle il tenait amoureusement, surtout après un long congé de maladie qui dura six mois. 

    La ville s'éloignait à grand pas, tous ces paysages qu'il contemplait souvent au crépuscule, auparavant, et ces arbres qui longeaient la route, qui couraient sur les deux bords de la route, semblaient voyager eux aussi, mais dans la direction opposée, vers Farah!

    Il plongea sa main dans son sac qu’il avait mis au dessus de sa tête dans le filet à bagages, et en sortit La Cathédrale de haine. Il en lisait quelques lignes, quelques pages, ou bien il faisait semblant de lire. Il s’efforçait de le faire pour échapper à ses rêvasseries et à ses idées bizarres, pour échapper à ses propres cauchemars, mais  la nuit commençait déjà à s’étendre imperceptiblement, comme une araignée tissant sa toile en tirant un fil très fin au début de son ouvrage et, peu à peu, l’obscurité dominait le temps, l’esprit et tout l’espace, et, en conséquence, on ne pouvait distinguer que, très difficilement, quelques silhouettes d’arbres ou de maisons à l’horizon à peine tracé par la lueur d’une lune paresseuse encore cachée derrière les collines lointaines.

    Tenant mollement, dans sa main droite, le roman ouvert sur ses genoux, fatigué, Karim s'adossa à son siège, inclina un peu sa tête en l’appuyant contre la paume de sa main gauche, en laissant ses cheveux effleurer la vitre près de lui, puis plongea dans son passé lointain, en traversant son passé le plus récent, en passant par ces paysages, ces maisons, ces collines et ces arbres isolés l’un de l’autre, en repassant par ce maudit dimanche, le jour fatal où il avait rencontré Nadine.

    Si seulement vous pouviez voyager à travers ses souvenirs, vous trouveriez ce jour là bien tracé dans sa mémoire, vous trouveriez les moindres petits détails. Il rencontrait toujours son visage partout où il allait, vous trouveriez son coin préféré: la forêt avec le torrent et les chants des oiseaux. Vous trouveriez tous ses actes, toutes les scènes qu'il avait vécues, vous trouveriez même tous ses souvenirs là-bas, dans son asile préféré.

    Là-bas, un petit ruisseau, traversant une forêt de part en part et caressant les racines d’eucalyptus, semblait couler vers l'infini. Non seulement que l'eau ressemblait à un serpent qui rampait lentement mais sûrement pour arracher l'âme à une proie inconsciente de son destin imminent, mais aussi à la longue chaîne qui faisait tourner la roue de la vie.

    Dans sa succession dans le temps et dans l'espace, et à chaque fois qu'elle se heurtait contre des pierres ici et là, l'eau semblait parler. Elle murmurait en langue tropicale à tous ceux qui auraient le don de prêter bonne écoute, mélancoliques ou joyeux, assis sur un rocher au bord de l’eau, ou sur un tronc d'arbre considéré comme un pont sur cette parcelle du ruisseau qui, à cause de la rapidité de l’eau qui augmentait sa vitesse  à son approche, ressemblait à un torrent qui formait de petites cascades et composait, avec les chants de trois ou quatre sortes d'oiseaux, une belle musique exotique, bercée par le petit vent de l'après-midi.

    Ce jour-là, ce dimanche fatal, balançant ses pieds nus au passage rapide du torrent un peu froid, Karim, et à chaque frôlement de l'eau, ressentit comme un courrant électrique qui ébranlait tout son corps, terminé par des images réapparaissant devant ses yeux, sur cette mousse - innocente dans sa blancheur - tourbillonnante, créée par la force du torrent. Les unes après les autres, les scènes embarrassantes de ses souvenirs méprisables se poursuivaient comme dans un long-métrage... Rares étaient celles qui marquaient des moments heureux durant tout ce quart de siècle écoulé. En plongeant dans ses souvenirs, Karim se heurta à Rime, cette charmante fille qui l'avait comblé d'amour durant des mois, au moins, c'était ce qu'il croyait, mais elle l'avait fait souffrir trois longues années par la suite, du jour de la rupture jusqu'au moment où il se grattait la mémoire dans la forêt et dans le car près du vieillard. Elle était tout pour lui, il croyait en leur amour, un amour bien orné de fleurs de toutes les couleurs, de paroles pétillantes et de lettres qu'il gardait encore quelque part dans sa chambre, peut-être comme souvenirs de ces éternels huit mois d'amour, mais sûrement des preuves de sa naïveté et de sa sottise... oui, précisément deux cents quarante neuf jours comme il les comptait encore et toujours dans sa tête. C'était elle qui lui avait choisi Rimka comme surnom, elle disait que c'était plus beau que Karim, et lui, il s'en était habitué. Même ses amis l'appelaient Rimka.

    Cher amour, tu es artiste, et Rimka te va très bien comme prénom d'artiste, et puis, ça rime avec mon prénom disait-elle...Oh! Comme c'était merveilleux, mais triste et douloureux !... Ce n'est pas vrai, elle ne peut pas me quitter comme ça, sans raison... se disait-il.

    En effet, un jour il l'attendait au rendez-vous, cependant, elle ne vint pas, mais elle envoya une lettre ,avec sa copine, lui disant qu'elle avait d'autres projets, que leur amour n'était qu'un badinage, et qu'après avoir bien réfléchi , elle décida de ne plus le revoir.. Point.

    De temps en temps, Karim s'arrachait du passé pour regarder autour de lui, vraiment, en tant qu'artiste, il était parmi la minorité des humains qui pourrait bénéficier au maximum des moments de calme et de douceur dans cet endroit paradisiaque. Dans cette forêt, le sol était couvert d'un vert tacheté de différentes couleurs ravissantes: le bleu clair des myosotis ou des véroniques, le vermeil des morgelines, le blanc des marguerites ou des trèfles, des violettes et plein d'autres fleurs sauvages cotisaient pour donner une clarté d'une beauté supplémentaire dans l'ombre des arbres s'élevant au firmament.

    Dès le début de ce printemps là, et même quelques jours de l'hiver précédant, quand il prévoyait qu'il ferait beau, Karim se réfugiait dans ce coin là, presque intact et loin du monde, non à cause de la distance qui ne dépassait pas les deux kilomètres, mais parce que, sauf quelques exceptions et très rarement, personne n'y allait. Ce n'était pas une solitude, ni un exil volontaire, c'était plutôt une rencontre avec soi pour quelques moments de l'après-midi, une sorte de désir brûlant qu'il fallait satisfaire, ce qui lui permettait d'une part de repenser les choses et d'évaluer sa propre personnalité, d'autre part, de savourer la vie à ses origines.

    Lors de son retour, ses pas étaient sensiblement lents, seul le vent qui augmentait son souffle, refroidissant l'air, le poussait à rentrer. Il avait complètement raison: qui pourrait s'empêcher de vivre le plus longtemps possible dans cet éden terrestre!?

    En s'éloignant de la forêt, il devenait comme ce petit qui, arraché à sa maman, voulait tout et ne voudrait rien. Il ne trouvait plus le pouvoir de respirer, il se sentit en conséquence étouffé et le souffle lui manquait peu à peu, pourtant, son regard ne laissait aucune seconde passer sans en profiter pour se désaltérer d'une soif incroyable de la nature et ses paysages. Il voulait tout introduire dans ses yeux, comme ce prisonnier qui n'aurait qu'une misérable demi-heure de récréation par semaine, ou ce condamné à mort qui faisait ses derniers adieux à la vie.

    Les champs de blé ondulés semblaient l'accompagner, les coquelicots dans toute leur rougeur flamboyante faisaient la révérence à son passage, et les quelques arbres isolés et éloignés l'un de l'autre s'agitaient comme par colère ou enchantement.

    Il regardait partout sauf en direction de la ville, en effet, Farah -où il naquit vingt cinq années et demie auparavant- n'était plus ce petit patelin parmi d'autres, ce bout de temps était parfaitement suffisant pour faire disparaître les groupements d'habitations sous le béton de la modernisation, et là bas, juste à la place de l'amandier, qui était pour Karim la seule ressource de la plupart de ses jeux durant toutes ses premières années d'enfance, s'élevait un poteau pour soutenir les fils électriques.

    Epatés par l'avantage de l'eau au robinet et la lumière au toucher, tous les habitants avaient échangé leurs lopins de terre contre des maisons de quelques dizaines de mètres carrés chacune. On ne voyait plus que des rangées de maisons et du goudron partout. Farah, la ville, s'élargissait au fur et à mesure que la terre fertile disparaissait.

    Il promenait alors ses yeux afin d'accomplir son inspection quotidienne, et même si le chemin était désert de tous ceux qui pourraient le côtoyer à ces instants romantiques, tout lui était normal, soudain, il s'immobilisa ; quelque chose en mouvement vint de traverser son champ visuel. Il fixa son regard à une vingtaine de mètres devant lui, un peu à droite du sentier qu'il suivait, un mouvement monotone d'une main surgissant derrière un arbre puis disparaissant instantanément, comme si quelqu'un essayait vainement et sans cesse de chasser une mouche -ou d'attraper un papillon- qui lui échappait et revenait survoler la même place, on aurait dit un maboul qui essayait de capter le vent!

    Cependant, cette main jetait nerveusement de petits cailloux s'occupant ainsi pour ne pas trop réfléchir, attirant en conséquence l'attention de tous ceux qui promenaient le regard partout...

    Il continua son chemin tout en fixant de l'œil ce mouvement

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