Tais-toi petite poupée
Par Alain Lessard
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À propos de ce livre électronique
Sarah a tout perdu. Son enfance, son corps, son âme.
C'est à travers des yeux d'enfant, d'adolescente, puis de jeune femme que se déroule le poignant récit de Sarah à qui l'on a tout volé, mais qui tente de résister envers et contre tous.
Tais-toi petite poupée est le second roman d'Alain Lessard. Dans un style percutant et révoltant, il dénonce toute la noirceur de l'âme humaine afin que ne s'éteignent jamais les petites Sarah de ce monde.
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Aperçu du livre
Tais-toi petite poupée - Alain Lessard
Première partie
Papa, mon beau papa…
I
Bonjour. Je m’appelle Sarah, j’ai quatre ans presque et demi et ma maman a décidé qu’elle n’aimait plus mon papa. C’est pour ça que tu vas habiter ici maintenant, Sassou. Tout le monde le sait : les parents, quand ça va pas bien, ils donnent plein de cadeaux pour que notre bouche reste fermée.
Mais faut pas que tu aies peur, je t’aime quand même. C’est pas de ta faute, tu choisis pas qui va t’acheter ! Je suis contente que tu sois ici parce que tu es un très joli ourson et que tu me diras pas plein de choses méchantes comme les petits garçons et les petites filles à la garderie. Tu sais c’est quoi une garderie, toi ? J’imagine que non, tu es bien trop petit pour savoir. Maman et papa disent que c’est pour que j’apprentisse plein de choses dans ma tête et pour avoir des amis. Mais moi, je les crois pas. Tu sais pourquoi ? Je pense que c’est parce qu’ils veulent se reposer de moi quand ils ne savent plus quoi faire. C’est pas facile être une bonne grande fille et ça arrive que je fais des choses que j’ai pas le droit. Même si je crie très fort le matin avant de partir, ils disent que c’est pour mon bien. Je sais que c’est des menteries et que c’est pour me punir de pas toujours être fine.
Demain, je veux que tu viennes avec moi à la garderie. Tu vas voir toi aussi comment c’est là-bas. Et quand on va revenir, on va être deux à le dire à maman et papa, alors ils auront pas le choix. Ils vont appeler la gardeuse et dire que je vais être absente pour toujours.
Mais c’est plate, parce que ça sera pas plus mieux ici. Depuis que maman veut jeter papa dans la poubelle, c’est plus drôle du tout d’être une enfant. Je comprends pas pourquoi elle veut le jeter parce que j’ai appris qu’il faut jeter juste ce qui n’est plus bon et papa, il est encore très bon. Quand j’ai dit ça à maman, elle m’a répété la même chose que d’habitude : je suis encore trop petite pour comprendre. Et même si je lui dis que c’est pas vrai et que j’ai presque autant d’années que tous les doigts de ma main, elle m’envoie jouer dehors parce que c’est des choses qui se règlent entre grands.
C’est pas juste du tout ! Je sais pas pourquoi maman n’aime plus papa. Moi, je trouve que c’est presque tout le temps un super papa. Il fait tout plein de choses que j’aime. Il me donne toujours des noms drôles qui me font rire. Parfois, je suis sa grenouille ; ça c’est quand on joue à courir dehors. Quand je m’amuse à me maquiller et à me déguiser en madame importante, il m’appelle sa princesse. Le soir, avant de faire dodo, je suis son ange parce qu’il dit que je le rends le plus heureux des papas. Mais ce que j’aime le plus, c’est quand je deviens sa petite coccinelle d’amour, juste à cause que ça veut dire qu’il me serre dans ses bras et me donne des bisous sur le bout de mon nez. Ça me chatouille beaucoup et j’ai la chair de pouille, mais je me sens bien parce que les bras de mon papa sont chauds et personne peut venir me faire mal quand il me serre très fort.
Sarah s’empara de son ourson et l’appuya contre elle, souhaitant avec un fol espoir propre aux enfants que la peluche la consolerait aussi bien que son père. Constatant que son désarroi demeurait toujours aussi présent, elle continua ses confidences, les yeux humides.
Mais depuis quand même un peu pas mal de temps, mon papa est pas heureux parce qu’il est triste. Comme je t’ai dit il y a tantôt, maman a décidé qu’elle ne l’aimait plus. Moi, je le savais parce que maman ne mettait plus sa bouche sur celle de papa. Et ça, Sassou, ça trompe pas. Les grands font ça quand ils s’aiment, je l’ai vu dedans la télé. Je pense que plus ils s’aiment, plus ils collent leur bouche ensemble longtemps.
Aussi, quand on mange à la table, on parle pas. Avant, on parlait beaucoup. Oui, la preuve, c’est que la grosse aiguille de l’horloge faisait presque tout un tour avant qu’on finisse et c’est long ça. Je le sais parce que des fois maman me dit que je dois attendre tout ça avant le début de mon dessin animé le plus meilleur et c’est long, ça aussi. Tu comprends ? On dirait qu’ils mangent plus vite pour s’en aller à une autre place dedans la maison. C’est plate, moi j’aime ça parler. Ma grande sœur aussi. Elle s’appelle Mélodie. On joue pas souvent ensemble, elle est trop vieille. Elle est dans l’école de l’autre côté de la grosse rue de là où je vais. La rue est tellement grosse qu’il y a un monsieur qui suit les enfants pour pas qu’ils se perdent dedans. Mélodie dit qu’elle a huit années, mais je suis pas sûre que c’est pas une menterie, parce qu’elle aime ça jouer à la grande. Des fois, elle essaie de mettre des choses dans ma tête qui sont même pas vraies et je suis pas contente parce qu’elle rit, après. Mais c’est ma sœur et on a été toutes les deux dans le bedon de maman, alors je l’aime quand même.
Je suis fatiguée parce que mes œils veulent fermer. C’est dur que maman et papa n’ont plus d’amour dans eux parce que moi j’ai pas des câlins comme avant. C’est pas drôle du tout…
Avant mon dodo, je veux te faire voir quelque chose que j’ai dessiné. Oui Sassou, moi j’aime beaucoup ça faire des dessins. Regarde le tout plein de crayons de couleur que j’ai. Tout le monde de ma famille dit que je suis bonne. C’est vrai parce que mes dessins sont beaux. Je trouve que ça fait bouger les aiguilles de l’horloge plus vite, mais je comprends pas pourquoi.
Je sais que tu voudrais les voir tous, mais pas maintenant, peut-être demain. Je veux juste que tu voies celui que j’ai dessiné il y a tantôt. J’étais triste, maman est encore partie travailler et j’aurai pas mon histoire ni mon bisou de bonne nuit. Papa, il est dans le salon et il a de l’eau qui sort de ses œils. Non, non, non, pas ses œils qu’il faut dire, Sassou. Ses… yeux. C’est papa qui m’a dit ça un peu de temps avant aujourd’hui. Yeux, yeux, yeux. Il m’a dit que si je disais souvent le mot, il allait entrer plus vite dans un des tiroirs dedans ma tête. J’espère que tous les mots que j’apprends prennent pas trop de place, sinon je sais pas ce que je vais faire. Si c’est comme de vrais tiroirs, je vais être obligée de faire souvent le ménage parce que les miens sont toujours pleins de choses.
J’ai de la peine de voir mon papa triste. J’ai été me coller sur lui pour que l’eau arrête de mouiller ses joues, mais je comprends pas, il y en avait encore plus. Je lui ai dit que je l’aimais beaucoup et je lui ai fait un gros câlin parce que d’habitude, ça marche. Il m’a flatté les cheveux. Les autres fois, j’aimais ça, mais cette fois-ci, Sassou, il flattait toujours à la même place sur ma tête. On dirait que c’est pas papa. Mon vrai papa, il m’aimait et il avait la bouche qui souriait vers en haut. Je veux mon papa d’avant.
Regarde, Sassou. Tu vois mon dessin ? Ici c’est moi et c’est la main de mon papa qui est dans ma mienne. Il est grand, hein ? Pour ses œi… yeux, je prends mon crayon qui a la couleur qui ressemble le plus beaucoup au ciel entre les nuages. C’est qu’ils sont très très beaux ! Je me suis dessinée debout sur une chaise pour que mon papa me voie parce qu’il regarde ma maman. C’est elle, ici, avec la robe rouge. On voit pas son visage parce qu’elle est de dos et elle s’en va loin de nous…
II
Confortablement assis dans son véhicule, un homme faisait mine d’être absorbé par la lecture d’un roman. Il s’était stationné le long d’une rue achalandée, question de passer inaperçu. Quelques instants plus tôt, il avait remercié le ciel en stationnant sa voiture dans un des seuls espaces vacants, exactement à l’endroit où il le souhaitait. Une vue parfaite sur la cour de récréation d’une école s’offrait à lui. Une fillette en particulier monopolisait son attention.
Tu sembles bien triste, ma petite poupée. Toute seule à la balançoire. Les autres enfants s’amusent ensemble, mais ne daignent même pas te jeter un regard.
Pourtant, c’est toi la plus jolie entre toutes. Tes beaux cheveux blonds qui flottent dans le vent, bien plus insouciants que les traits de ton visage. Et tes yeux que je ne peux pas percevoir clairement à cette distance. Tes petites épaules frêles semblent porter tout le poids du monde. Comment est-ce possible à ton âge ? Au fait, quel âge as-tu ? Quatre ou cinq ans ?
Ta peau si blanche, presque diaphane, te donne un air si pur. Vais-je un jour savoir si elle est aussi douce que mon imagination me le laisse croire ? Encore aujourd’hui, tu portes ta belle robe fleurie à travers laquelle je peux deviner ta petite culotte. Est-elle blanche ? Avec des motifs ?
J’aimerais pouvoir te prendre par la main et t’emmener avec moi, mais je ne peux pas, on me verrait. Pas tout de suite. Tu accapares mon esprit. Tu hantes doucement mes jours et mes nuits. Tu occupes mes fantasmes les plus fous. Je t’imagine, ton beau visage d’ange complètement offert et soumis. Tes petits doigts me touchant tellement maladroitement que j’en frissonnerais d’une exquise impatience. Te diriger pour que tu fasses ce qui me plait, car tu ne connais rien à tout ça. Il ne faut pas trop que j’y pense, il me démange de me caresser. Mon sexe, tendu comme la corde d’un arc, menace d’exploser. Tu m’excites, ma petite poupée, tu m’excites à m’en donner mal aux couilles.
Détachant quelques instants son regard de la fillette, il lorgna avec un dégoût non dissimulé deux enseignantes déambulant dans la cour.
Comment peut-on être attiré par des femmes comme elles ? Affreusement grandes. Raisonnables même lorsqu’elles se disent passionnées. Elles sont répugnantes, toutes de sales putes avec leur visage hideux camouflé par du maquillage. Et qu’espèrent-elles en tirer sinon capturer dans leurs filets pervers de pauvres imbéciles charmés par leurs faux attraits de sirènes. J’ai mal au cœur à l’idée qu’il y en ait d’assez sots pour croire en ces sordides façades de sorcières.
Mais pas toi, ma belle. Tu ne deviendras jamais comme elles. Tu n’auras rien à craindre, je t’en empêcherai. Personne ne t’empoisonnera. Tu seras mienne, rien qu’à moi.
Envahi par des remous grandissants de souvenirs d’enfance, violents rappels d’un passé qui n’avait de cesse de s’imposer à lui, il sombra, englouti par tous ces fragments de mémoires qui entachaient son esprit.
— Maman, est-ce que tu m’aimes ?
— T’as encore besoin d’attention, c’est ça ? Tu n’es plus un enfant, tu as sept ans. Agis comme un grand.
— Mais moi, je voulais juste que tu me prennes dans tes br…
— Ce que tu peux être fatigant quand tu t’y mets ! Les minoucheries, c’est pour les petites filles. Si t’arrêtes pas de m’achaler avec ça, c’est ton père qui va s’occuper de toi. À coups de ceinture, ça va peut-être mieux rentrer dans ta tête.
— Non, je veux pas…
— Alors, ferme-la et reste tranquille, sinon tu sais ce qui t’attend.
— Je veux pas retourner dans la cave dans le noir !
— Faut croire que c’est pas encore assez pour que tu comprennes. Je sais pas ce qu’on va faire de toi, petit bon à rien.
— C’est pas vrai ! Je suis pas un bon à rien !
— Bon, ben arrête de brailler !
— Mam…
— Quand vas-tu enfin grandir ? Tu n’as plus la couche aux fesses pour tout le temps pleurnicher ! Tu vas ressembler à quoi, plus tard ?
— …
— Tu le sais pas ? Dis-le-moi !
— …
— Le vois-tu que t’es juste de la mauvaise graine ?
— C’est pas vrai, je le sais, bon !
— Alors ?
— Quand je serai grand, je vais être un vrai enfant…
Hagard, sous l’emprise de ses vieux tourments, il fut surpris de se trouver dans sa voiture
