Le Novae Terrae
()
À propos de ce livre électronique
À l'aube des temps, la naissance de Luisù Sazanùs, un être issu du premier Vampire de l'histoire, était sur le point de faire basculer le monde entier dans le chaos.
Cette menace a résolu sa mère, humaine mais également l'une des plus puissantes Sorcières que la Terre ait jamais portée, à créer une relique dans laquelle elle a enfoui le plus éminent de tous les pouvoirs, afin d'éviter que sa progéniture ne s'en serve contre l'humanité.
Elle fonda également l'ordre des Éternels afin de veiller à la sécurité de cet objet tant convoité. Ils décidèrent par la suite de confier sa préservation qui leur revenait à un seul homme, un Chasseur, qui serait aussi chargé de lutter contre les descendants de Luisù, bien décidés à atteindre les objectifs de ce dernier.
Mais l'ombre d'une autre menace plane, en la personne d'Eleonore, une créature qui n'est pas du genre à abandonner facilement…
Bloodwitch Luz Oscuria
Littéraire dans l'âme et rédactrice web depuis 2005, ce qui fait d'elle une pionnière dans l'univers du blogging, Bloodwitch Luz Oscuria écrit en réalité depuis qu'elle sait tenir un stylo. Elle a choisi la voie de l'indépendance pour publier ses romans dont le premier a vu le jour en décembre 2013, et elle propose également ses services en tant que correctrice professionnelle depuis 2019. Ses récits proposent des univers très variés, du fantastique au thriller en passant par le drame et la fantasy. Véritable touche-à-tout qui aime se poser des défis qui la sortent de sa zone de confort, elle se retrouve toujours là où on ne l'attend pas. Ainsi, alors qu'elle se dit plus à l'aise dans la rédaction au passé et à la troisième personne, en 2019 elle a publié deux thrillers écrits au présent et à la première personne. Et alors qu'elle préfère écrire des histoires longues, elle a publié deux nouvelles en 2022 et 2023. Perfectionniste, elle reprend certains de ses textes depuis 2024 afin d'en proposer une nouvelle version, retravaillée de fond en comble, tout en continuant de donner vie à de nouveaux récits, tant pour enrichir sa bibliographie que pour son site web, l'Antre de Bloodwitch, sa première vitrine qui permet de découvrir sa plume puisqu'il contient des extraits de chacun de ses livres.
En savoir plus sur Bloodwitch Luz Oscuria
Les Souvenirs Oubliés Le Prêtre et le Carillonneur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPour l'amour d'une rose Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Le Novae Terrae
Livres électroniques liés
Ascension Vampirique Amour Et Sang Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSo I'm a Spider, So What? (Francais Light Novel) : Tome 5 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Lien Du Sang (Les Liens Du Sang-livre 5) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa reine rouge Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’Héritier des Dragons: Théa Grove, Chasseuse de Vampires, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationExécution à Hollowmore Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes nouvelles aventures d'Aiden Mills Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCet humain s'avère être ma Luna Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNamaor: Derrière le voile Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFlammes Jumelles: Le Lien Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUnnamed Memory (Francais Light Novel) Tome 2 : La reine sans trône Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProphétie magique: Série sasha urban, #6 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIncandescence ( Les Liens Du Sang-Livre 4) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSoraya Vamp 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes contes interdits - Le vilain petit canard Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Je suis la Luna du fils de mon ex Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Lune Dansante (Les Liens Du Sang - Livre Un) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa démone nocturne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationArtiste et extralucide: Volume 12 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThe crystal witch - Tome 1: L’éveil de la magie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSexe Avec Un Vampire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe sort des elfes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBhampair : 3 - Chaos: Bhampair, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'idéal existe-t-il ?: Manikhaïos Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThe Faraway Paladin : Le garçon de la cité des morts Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Credo du Murmureur 3/3: Le Credo du Murmureur, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSang Souillé (Les Liens Du Sang-Livre 7) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDévorance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Baiser Bleu Cobalt: Une Romance Paranormale Dans l'Univers de la Sorcière Égarée: Les Vampires d'Emberbury Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fantasy pour vous
Les Sœurs Slaughter: FICTION / Science Fiction / Steampunk, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTreize nouvelles vaudou Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5La médium réticente: Série sasha urban, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Quête Des Héros (Tome 1 De L'anneau Du Sorcier) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'alpha froid a un faible pour moi Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Le sortilège de la lune noire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Diable Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Contes et légendes suisses Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa marque des loups: Métamorphose Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Fille qui voit: Série sasha urban, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Marche Des Rois (Tome 2 De L'anneau Du Sorcier) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le grimoire d’Alice Parker Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Destin Des Dragons (Tome N 3 De L'anneau Du Sorcier) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Récupérer la Luna Blessée Tome 1: Récupérer la Luna Blessée, #1 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Luna Rejetée Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Ces noms mythiques qui nous connectent à l’univers Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAprès l'annulation de mes fiançailles, j'ai épousé un alpha d'une tribu rivale. Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Gloire de la famille : la mariée sorcière d'Alpha Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’Attaque de l’Alpha: Des Lycans dans la Ville, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFeinte paranormale: Série sasha urban, #5 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Destin d'Aria Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChroniques d'un Dragonnier: Témoignage d'une exploration inédite via l'hypnose Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOui Omega,Jamais Faible Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Roi Alpha est obsédé par moi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFantasy Art and Studies 7: Arthurian Fantasy / Fantasy arthurienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationExécution à Hollowmore Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationForcée d'être Merveillée avec l'Alpha Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCompagne prédestinée dans mes rêves Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Un Démon et sa Sorcière: Bienvenue en Enfer, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Le Novae Terrae
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Le Novae Terrae - Bloodwitch Luz Oscuria
Prologue : L’Origine du monde
Àl’origine du monde , on raconte qu’il était un Vampire qui ne correspondait pas à la description que l’on connaît aujourd’hui. En effet, Aleksis Sazanùs, le premier Vampire de l’Histoire, n’avait pas les crocs que l’on se serait attendu à voir chez lui. On dit qu’il entretint une longue et belle romance avec une humaine, et qu’il ne se rendit compte qu’à ses dépens que celle-ci lui cachait bien des choses quant à ses facultés. Car cette humaine était aussi une Sorcière aguerrie, et elle s’était toujours bien gardée de lui faire savoir toute l’étendue de ses aptitudes.
Elle était éperdument éprise de lui, mais lui ne voulait pas d’elle à ses côtés. Qu’à cela ne tienne, elle usa de ses pouvoirs afin d’hypnotiser Aleksis, et elle parvint à ses fins sans difficulté. Elle était au courant de sa nature vampirique, et elle savait qu’il avait donc besoin de sang humain pour se nourrir. Toutefois, son amour pour lui était tel qu’elle lui sacrifiait chaque jour une partie du sien pour qu’il s’abreuve. L’appétit du Vampire était si avide qu’il faillit assassiner sa compagne à plusieurs reprises, et l’envoûtement aidant, il s’en voulait beaucoup à chaque fois que celle-ci se mettait à agoniser.
Durant les journées, le Vampire vaquait à ses occupations, car le soleil ne lui faisait aucun mal. Et pendant ces heures-là, la Sorcière tenait son échoppe d’herboristerie, toujours très fréquentée par ses semblables humains. Ceux-ci lui rendaient surtout visite pour lui quémander des plantes qui leur permettaient de guérir leurs maladies plus ou moins graves. Dans de plus rares cas, on venait lui acheter des philtres d’amour, voire des sortilèges pour magnétiser quelqu’un.
Craignant que son compagnon n’apprenne qu’elle maîtrisait beaucoup plus de capacités qu’elle ne voulait bien le montrer, elle répondait toujours la même chose aux badauds qui lui en demandaient trop : « Je ne connais point ces sortilèges de Sorcières, je n’en suis point une moi-même. » Mylena Zetùnova protégeait ses compétences de cette manière, de sorte que bien peu de gens connaissaient sa nature réelle. Elle était intelligente, et elle était ainsi passée maîtresse dans l’art de camoufler ses secrets, aussi elle n’avait confié toute l’étendue de ses dons qu’à celles et ceux qui devaient vraiment le savoir.
De cette union entre ce Vampire hypnotisé et cette Sorcière maligne naquit Luisù Sazanùs, le premier Vampire muni d’une paire de crocs de l’Histoire. En constatant la présence de ces canines démesurément longues dans la bouche de son bébé dès sa naissance, Mylena se posa mille et une questions, et craignant les agissements futurs de cet enfant, elle décida de le renier, puis de l’abandonner. Le père n’eut pas son mot à dire à ce sujet. Il comprit sa décision lorsqu’elle lui expliqua les visions qu’elle eut au moment de la naissance de leur fils. Des visions qui lui permirent de prendre conscience que Luisù deviendrait une grande menace pour le monde. Une décision radicale s’imposait afin de l’empêcher de nuire, et la Sorcière n’eut donc d’autre idée que de se débarrasser de lui.
Mais pour des raisons on ne peut plus obscures, Luisù survécut à cet abandon. Et il comprit très vite que les humains dont sa mère faisait partie n’étaient qu’une race inférieure à la sienne, qui était immortelle du fait de sa nature à demi vampirique. Avide de pouvoir, il se convainquit que le moment venu, il serait capable de dominer le monde. Et pour ce faire, il entama une croisade contre les humains. Il commença à les massacrer les uns après les autres, sans que quiconque ne puisse l’en empêcher.
De son côté, le père de Luisù se rendit compte que son fils n’était pas mort, et qu’il tentait de prendre le contrôle absolu sur la planète, que lui-même possédait depuis toujours. Devant la menace que son rejeton commençait à devenir, il transmit le pouvoir que son sang lui avait donné, en le faisant boire à une jeune femme qu’il trouva au hasard de ses pérégrinations. Cette femme se nommait Eleonore, et il jura de la protéger de tout danger, afin que sa race ne disparaisse pas. Puis il confia Eleonore à une servante de la cause des Vampires sans crocs, une femme nommée Maria-Theresa. Bien qu’elle ne semblait pas avoir la carrure de protéger quiconque à cause de sa frêle apparence et sa petite taille, son mari, Igor Rostadov, était un noble Roumain ambitieux. Aleksis se l’était mis dans la poche en le métamorphosant lui aussi en Vampire sans crocs, de nombreuses années plus tôt.
La Sorcière, quant à elle, dut aussi admettre que son fils Luisù avait survécu à son abandon, car il décimait tellement d’humains qu’elle n’eut d’autre choix que d’accepter l’évidence. Elle fit tout son possible afin de l’empêcher de nuire encore davantage à ce monde et à ses habitants qu’elle chérissait tant. Elle dut prendre le temps d’une profonde réflexion pour mettre un stratagème au point, mais elle trouva tout de même une idée.
De ses manipulations magiques, elle créa le Novae Terrae, une sphère à la transparence parfaite, dans laquelle elle réussit à enfermer les secrets qui entouraient la naissance de Luisù, pour que les humains ne puissent jamais connaître l’existence des Vampires. Elle y intégra aussi ses propres pouvoirs afin que Luisù ne puisse pas en prendre possession, ainsi que la faculté pour ses semblables à elle d’assimiler le sang que les Vampires sans crocs leur faisaient boire pour les métamorphoser en Vampires à leur tour. La Sorcière s’en voulait tellement d’avoir conçu une telle menace pour le monde qu’elle se promit que plus aucun Vampire ne pourrait voir le jour, qu’il ait des crocs ou non. Elle avait réalisé que les humains seraient en danger si de telles créatures venaient à s’attaquer à eux, et étant elle-même humaine, elle refusait de se faire à cette idée que les mortels seraient toujours en danger.
Toutefois, elle commit une grave erreur. En effet, les Vampires sans crocs devaient faire boire leur sang aux mortels pour les rendre Vampires eux-mêmes, Mylena le savait très bien, et c’est pour cela qu’elle avait bloqué cette relation de cause à effet. Mais Luisù n’était pas tout à fait conçu dans le même moule, et du fait de la présence de ses crocs, il ne procédait pas de la même manière pour faire de ses victimes humaines des Vampires. C’était lui qui buvait leur sang, il devait juste s’arrêter avant de les tuer, et c’est par ce moyen que ses victimes pouvaient devenir comme lui. De cela, la Sorcière Mylena n’en avait pas conscience. Elle ne put donc l’en empêcher, et là était son erreur.
À partir de ce moment, tous les humains à qui le premier Vampire sans crocs tentait de transmettre ses pouvoirs se retrouvaient à mourir mystérieusement. Et chaque fois, cela arrivait quelque temps après qu’il leur ait fait boire son sang, sans qu’il ne puisse se douter des raisons de ce résultat. Et il en fut de même pour Eleonore, la dernière humaine qu’Aleksis put faire Vampire avant que la Sorcière ne bloque le processus de métamorphose. Elle aussi était victime de cette malédiction, qu’elle ne s’expliquait pas non plus.
La Sorcière, quant à elle, avait conscience que du fait de sa nature de mortelle, elle finirait par rendre son dernier souffle, et qu’elle ne pourrait donc pas protéger indéfiniment le Novae Terrae qu’elle avait créé. Ainsi, elle instaura un ordre qu’elle nomma les Éternels, afin de prendre soin de cet objet et de s’assurer qu’il ne tombe jamais entre de mauvaises mains. Elle leur confia donc le Novae Terrae, et elle leur demanda de partir loin pour le cacher. Mais Luisù n’avait pas dit son dernier mot. Bien qu’il ne retrouvât les premières traces laissées par sa mère que plusieurs siècles après sa disparition, il apprit l’existence du Novae Terrae, et il se jura de mettre la main dessus.
La Sorcière ne connut jamais de sa vie l’existence d’Eleonore qui, du haut du château de Bran, en Roumanie, ne comprenait pas pourquoi tous les humains à qui elle donnait son sang périssaient peu après. La malédiction la frappait elle aussi, elle ne pouvait donc pas multiplier ses semblables, et elle était donc incapable de lutter contre les Vampires avec des crocs.
Car Luisù, qui n’était pas affecté par les manipulations magiques de la Sorcière, s’était constitué une véritable armée. L’un de ses descendants eut vent de la puissance de la lignée des Basarab, et comme Luisù cherchait un moyen d’étendre l’emprise sur le monde des Vampires avec des crocs, il parvint à entrer en contact avec l’imposant prince valaque Vlad II, et il réussit à le convaincre de devenir lui aussi un Vampire.
Pour l’anecdote, Vlad II faisait partie de l’ordre du Dragon depuis 1431. L’ordre du Dragon est un ordre de chevalerie qui a été fondé en 1408 par le roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg, aux côtés de sa seconde épouse, Barbe de Cilley. Après son arrivée dans cet ordre, Vlad II reçut le surnom « Dracul », qui signifie « le Dragon ». Avant sa disparition en 1447, il fit don de sa condition de Vampire à son fils Vlad III, afin que celui-ci puisse rejoindre à son tour la guerre contre les humains qui durait depuis déjà des siècles. À partir de ce moment, la réputation d’empaleur de Vlad III prit toute son ampleur. En effet, il se plaisait à user de ses pouvoirs de Vampire pour semer le chaos sur son chemin, et cela dura jusqu’à sa mort, qui eut lieu par décapitation en 1476. Auparavant, en 1457, il fit ériger la citadelle de Poenari, non loin du château de Bran où s’était établi un autre noble, Igor Rostadov, quelques années plus tôt.
C’est à cette époque que les Éternels, devenus conscients de leur incapacité à lutter à la fois contre les Vampires avec des crocs et ceux qui n’en avaient pas, décidèrent de limiter le contrôle du Novae Terrae, en n’autorisant qu’un seul homme à pouvoir l’utiliser. Ils décidèrent que cet homme, qu’ils appelleraient « Chasseur », serait voué à protéger l’objet face aux Vampires qui descendent de Luisù, pendant qu’eux-mêmes continueraient de combattre les Vampires sans crocs.
Ils choisirent de nommer Chasseur un membre de la famille Wlidùcious, et ils décidèrent de le cacher quelque part où personne ne pourrait deviner où il se trouve, à savoir au plus près de l’une de leurs pires menaces : sous les fondations de la citadelle de Poenari, la bâtisse de Vlad III l’Empaleur, qui était la prochaine cible des Éternels. En parallèle à la formation du premier Chasseur de l’Histoire, ils continuèrent leur quête, et ils se retrouvèrent au château de Bran où les attendait Igor Rostadov, le noble roumain et Vampire sans crocs qui l’avait érigé.
Les Éternels décidèrent d’engager leur Chasseur dans cet affrontement, bien que lutter contre les Vampires sans crocs ne faisait pas partie de ses attributions. À leurs yeux, cela ferait une bonne occasion pour lui de se faire la main. En effet, il s’agissait de son premier véritable combat à mort, et les Éternels en profitèrent afin que leur Chasseur puisse vaincre Igor, en 1459, ce qui obligea sa femme Maria-Theresa à fuir avec Eleonore. Sans réfléchir, elles prirent la direction du Sud, et elles s’établirent quelques décennies plus tard en Espagne, hors de la portée des Éternels et de leur Chasseur qui ne se rendirent même pas compte de leur fuite.
Quant à Luisù, dans sa quête du Novae Terrae, il se heurta au Chasseur de Vampires en 1470, ainsi qu’aux Éternels qui furent créés par sa mère et qui se joignirent à ce combat particulièrement difficile. Après un combat sans merci, Luisù perdit la lutte, et c’est Vlad III qui prit sa suite, jusqu’à ce qu’il se fasse lui-même occire par les Turcs quelques années plus tard, en 1476.
Les éliminations causées par les descendants de Luisù continuèrent au fil des siècles, jusqu’à l’aube des années 2020. Ces crimes attirèrent peu à peu l’attention des médias, qui évoquèrent de plus en plus ces disparitions inquiétantes et ces trouvailles de cadavres vidés de leur sang, notamment celles de mineurs. Car la progéniture de Luisù s’attaquait principalement aux plus jeunes, parce qu’ils sont l’avenir de l’homme. De plus, les Vampires ont besoin de sang humain pour se nourrir, et ils ont une préférence toute particulière pour celui des jeunes enfants, qui est le plus pur.
Les Vampires sans crocs ont eux aussi besoin de sang pour se sustenter, mais comme ils ne possèdent pas de canines acérées, ils doivent user d’autres astuces depuis la nuit des temps. Auparavant, ils tranchaient des parties aléatoires du corps de leurs victimes pour pouvoir s’en abreuver. Depuis peu, ils commencent à se diriger vers d’autres options, telles que les banques alimentaires, en plus de s’en prendre aux animaux errants. Ces découvertes sont répétées dans les médias, sans pour autant que les auteurs de ces articles ne puissent préciser l’origine de la mort de ces animaux, qui reste donc encore bien mystérieuse.
Chapitre 1 : L’épopée des Chasseurs
En 1474, quatre ans après avoir éliminé le noble Igor Rostadov, le seul Vampire sans crocs à leur connaissance à vouloir faire main basse sur le Novae Terrae qu’ils devaient protéger, les Éternels poussèrent leur Chasseur, depuis les fondations de la citadelle de Poenari, à s’attaquer au prince valaque qui l’avait fait bâtir, Vlad III. En effet, ce Vampire constituait alors la principale menace pour le Novae Terrae. Le Chasseur prit donc son courage à deux mains, et il tenta d’assassiner Vlad III. Mais il échoua, et à cause de cette défaite, il fut obligé de fuir la Roumanie, par peur des représailles.
Il choisit de partir vers le nord, et il traversa l’Ukraine jusqu’à atteindre la Pologne, profitant ainsi des discordes entre ces différents pays pour passer inaperçu. Seulement, arrivé en Pologne où la guerre de Treize Ans avait pris fin tout juste cinq années plus tôt, ce qui laissa une empreinte indélébile sur le territoire, le Chasseur eut grand-peine à camoufler le Novae Terrae. Il l’avait en effet emporté avec lui, comme les Éternels le lui avaient demandé. Il devait le protéger coûte que coûte.
Il patienta donc dans l’ombre jusqu’à l’issue du conflit, et il partit alors en quête d’un autre objectif que les Éternels lui avaient imposé, celui de se trouver une femme pour donner naissance au futur Chasseur qui prendrait sa suite. Il fallait que la lignée des Chasseurs perdure après lui. Et il parvint à avoir ce fils, en 1478. Le premier Chasseur de l’Histoire vécut même assez longtemps pour pouvoir confier lui-même le Novae Terrae à cet enfant une fois celui-ci assez grand pour comprendre ce qu’il devait en faire. Et c’est en possession de cet objet que ce fils, dont le père n’eut pas assez de temps avant la mort pour lui donner la moindre explication à son sujet, quitta précipitamment la Pologne.
Bien sûr, les Éternels le suivirent. Cependant, ils se tinrent à une distance qui se fit de plus en plus respectable avec les années. Leur objectif était en effet de s’écarter peu à peu des Chasseurs, de leur donner davantage d’autonomie dans leur protection du Novae Terrae, ainsi que dans la chasse aux Vampires munis de crocs. La seule chose sur laquelle les Éternels ne levèrent pas le pied, hormis leur propre lutte contre les Vampires sans crocs, ce fut de s’assurer que le Chasseur continuait de toujours bien protéger le Novae Terrae. Ainsi, plusieurs générations de Chasseurs se succédèrent, de plus en plus autonomes, en Pologne tout d’abord, puis en Allemagne, où naquit Stanislas Wlidùcious en 1902.
Un grimoire fut tenu afin de consigner toutes les péripéties qui entouraient le Novae Terrae, sur une idée du premier Chasseur de l’Histoire. Cet ouvrage était censé rester dans le plus grand secret, mais dans les années 1940, le dictateur allemand Adolf Hitler s’intéressait de près à tout ce qui avait trait au paranormal, et il découvrit son existence. Bien avant cela, il s’était procuré un exemplaire du manuscrit de Voynich, qui attisa sa curiosité au plus haut point. Il s’agit d’un vieil écrit du XVe siècle, dont découla par la suite le fameux « Necronomicon », rédigé par la main de celui qui fut surnommé « l’Arabe dément », connu sous le nom Abdul AlHazred. Son étude du manuscrit de Voynich eut pour effet de développer chez le Führer en devenir un intérêt grandissant pour les sciences occultes.
Et c’est ainsi que, de fil en aiguille, Hitler apprit l’existence du grimoire des Chasseurs, et il entreprit de partir à sa recherche. Ainsi, en 1933, il envoya la branche SS secrète de la société Thulé, créée le 17 août 1918 par un certain Rudolf Von Sebottendorf, à la recherche des Chasseurs qui en étaient les auteurs. Après des années de recherches, ces détectives lui rapportèrent que ces Chasseurs étaient de la lignée de la famille Wlidùcious, et Hitler partit donc en quête des descendants de cette famille. Rapidement, il découvrit qu’un dénommé Stanislas Wlidùcious vivait précisément en Allemagne, et il décida de le convoquer.
La femme de Stanislas, Elisabeta, reçut ainsi une missive estampillée du sceau du Chancelier, qui les invitait, elle et son mari, à venir à sa rencontre. Celui-ci accepta de le rencontrer, curieux de connaître la raison pour laquelle un homme aussi important qu’Adolf Hitler voulait échanger avec eux. Mais le jour de la convocation du couple, lorsque Hitler commença à évoquer l’existence du grimoire des Chasseurs, Stanislas se raidit. Bien entendu qu’il avait eu vent de cet ouvrage ! Lui-même y avait même déjà ajouté de précieuses lignes depuis qu’il l’avait récupéré de son propre géniteur. Il y avait consigné les détails de tous les combats qu’il avait menés jusqu’alors, contre divers Vampires munis de crocs acérés, qui étaient tous des descendants de Luisù Sazanùs, le premier Vampire avec des crocs de l’Histoire. En, effet, comme son père et les autres Wlidùcious avant lui, Stanislas était né pour prendre la suite dans la protection du Novae Terrae, ainsi que dans la lutte face aux Vampires munis de crocs.
Quand, durant l’entretien avec Hitler, Stanislas comprit des paroles de son interlocuteur que celui-ci voulait mettre la main sur le grimoire des Chasseurs, il échangea un regard entendu avec sa femme Elisabeta. Hitler ne devait pas savoir qu’ils conservaient cet ouvrage chez eux, et d’un commun accord à travers leurs yeux, ils se refusèrent d’en parler. Néanmoins, le Chancelier était plus malin qu’il ne le montrait. Il remarqua qu’ils lui cachaient des choses, et il tenta de les amadouer en leur promettant une place de choix au sein de son gouvernement. Alors qu’Elisabeta gardait le silence, surprise et embarrassée par une telle proposition, Stanislas ne pensait qu’au devoir qui pesait sur ses épaules. Il refusa donc tout net ce qu’Hitler leur offrait. Ce dernier, connu pour être colérique à juste titre, entra dans une fureur si intense que le couple dut prendre la fuite à toute vitesse. Comme il faisait nuit, ils ne rencontrèrent pas une grande difficulté à se camoufler, en passant par les rues les plus sombres afin de rentrer chez eux.
En plus de sa capacité à développer rapidement une haine sans limites pour ceux qui lui résistent, comme le couple Wlidùcious à cet instant précis, Hitler était profondément antisémite. Son but ultime était de prendre le contrôle total sur son pays, mais aussi sur les pays voisins. Et alors qu’il devait se concentrer sur les lois de Nuremberg, qui devaient entrer en vigueur à peine deux ans plus tard, peu après la première d’une longue série de lois qui dissociait les Juifs des Allemands, il accepta de ratifier l’accord Haavara. Cet accord devait permettre aux Juifs allemands de mettre le cap vers la Palestine, au prix de toutes leurs richesses qui reviendraient à l’état allemand. C’était un moyen pour Hitler de garder les ressources allemandes au sein du pays, et en même temps de bouter les Juifs en dehors de son territoire. Malgré ce contexte, il s’est tout de même résolu à envoyer quelques-uns de ses sbires à la poursuite de Stanislas et Elisabeta, au cas où ceux-ci tenteraient de prendre la fuite sans lui donner ce grimoire qu’il voulait.
Des gardes prirent donc position devant leur maison, et ils se mirent à attendre le retour de leurs cibles, tout en menaçant quiconque s’approcherait de là. Quand, au détour de la rue quelques mètres plus loin, Stanislas et Elisabeta se rendirent compte que leur demeure était surveillée, ils n’eurent d’autre choix que de rebrousser chemin. Seulement, ils n’avaient aucune affaire avec eux, et surtout, le grimoire des Chasseurs se trouvait dans le grenier de leur maison, au milieu des affaires de jeunesse de Stanislas qui prenaient la poussière dans cette pièce depuis bien des années. Ils devaient trouver un moyen de récupérer ce précieux objet, ainsi que le Novae Terrae qui se trouvait au même endroit.
Les Éternels, qui se cachaient depuis plusieurs siècles déjà, mais qui restaient malgré tout assez proches des Chasseurs pour s’assurer que le Novae Terrae était bien en sécurité, se rendirent compte que Stanislas était en difficulté. Depuis des centaines d’années, ils s’étaient juré de ne rentrer en contact avec les Chasseurs qu’en cas d’extrême nécessité. Le moment était arrivé pour eux d’aller à la rencontre du Chasseur de cette époque. Stanislas ne comprit pas de suite qui étaient ces êtres mystérieux, qui camouflaient leur visage sous de grandes capuches sombres, et qui venaient se présenter à lui au détour d’une rue tout aussi obscure que les autres.
Il faut dire que l’apparence de Stanislas en imposait, et peu de gens se seraient permis de lui adresser la parole. À moins de ne pas avoir peur de sa très grande taille et de ses larges épaules, ou de son épaisse moustache brune qui soulignait des yeux bleus perçants. Sa femme, Elisabeta, faisait bien plus fluette à ses côtés. Cependant, les yeux noisette qui surmontaient des lèvres pulpeuses délicatement colorées en ce rouge éclatant qu’elle a choisi d’arborer ce jour-là montraient une certaine volonté de ne pas se laisser intimider.
— Nous sommes les Éternels, s’éleva une voix féminine presque caverneuse face au couple Wlidùcious.
Stanislas écarquilla les yeux. Pour avoir consulté en long et en large le grimoire des Chasseurs à plusieurs reprises, et pour en avoir lui-même ajouté de nombreux paragraphes, il ne savait que trop bien ce que le terme « Éternels » signifiait. Et bien qu’il ait pris le temps d’expliquer à Elisabeta l’importance de protéger le Novae Terrae ainsi que le grimoire des Chasseurs, il l’avait laissée dans l’ignorance totale au sujet des Éternels, de sorte qu’elle ne comprenait pas qui ils étaient. Il faut dire qu’il ne les avait jamais rencontrés lui-même jusqu’à ce jour, lui non plus. Ainsi, Elisabeta savait que son mari était un Chasseur de Vampires, et qu’il fallait protéger autant le Novae Terrae que le grimoire des Chasseurs, mais elle ne comprenait rien à la scène qui était en train de se dérouler devant ses yeux.
— Vous êtes en difficulté, continua l’Éternel sur le même ton, faisant fi du regard incrédule d’Elisabeta. Nous sommes venus pour vous aider.
Stanislas était un homme de bon sens, il savait en son for intérieur que ces gens étaient bien des Éternels, et il n’hésita pas à accorder sa confiance à ce groupe qui se présentait à lui. Il informa donc les Éternels sans attendre qu’il craignait pour la sécurité du Novae Terrae et qu’il avait besoin de leur aide. L’Éternel qui avait parlé lui répondit qu’ils savaient déjà que le Novae Terrae se trouvait chez lui, et il lui annonça qu’ils étaient allés le chercher avant de venir à sa rencontre. Stanislas, pour toute réponse, soupira de soulagement. Un vif sentiment de panique l’avait traversé quand il a remarqué la présence des soldats devant la maison qui renfermait cet objet qu’il devait pourtant protéger au péril de sa vie. C’était même un sentiment qui le poursuivait encore à cet instant, tant et si bien qu’il ne voyait plus que dire face à ces Éternels qu’il ne pensait pas rencontrer un jour.
Savoir le Novae Terrae en sécurité était son objectif le plus cher, et rien ne l’aurait affolé davantage que de voir cette sphère en danger. Et pourtant, il ignorait ce que cette boule intrigante contenait, elle restait un mystère pour lui, comme pour tous ses prédécesseurs. Il avait pris tout le temps nécessaire pour lire le grimoire des Chasseurs dans son intégralité, dans l’espoir de lire à quoi servait le Novae Terrae. Mais aucun de ses ancêtres n’avait décrit clairement pourquoi il avait été conçu, par qui, et encore moins à quoi il était voué. Néanmoins, tous témoignaient de son importance capitale, et de la menace que représentaient pour lui les descendants d’un certain Luisù Sazanùs.
À ce sujet, il y avait également bien peu de renseignements. Le premier Chasseur de l’histoire avait relaté dans le grimoire sa lutte sans merci face à ce Luisù Sazanùs, aux côtés des Éternels dont il n’avait donné qu’une définition très sommaire. D’eux, il avait juste précisé qu’ils étaient ceux grâce à qui il était devenu le premier Chasseur de Vampires, et qu’ils l’avaient formé au combat pour protéger le Novae Terrae, qu’ils lui confièrent dès lors qu’ils le sentirent prêt. Stanislas avait interprété de cette lecture que les Éternels étaient en quelque sorte des guides.
Mais il avait compris aussi que ces mêmes Éternels s’étaient peu à peu éloignés des Chasseurs au fil des siècles, pour au final ne plus être évoqués du tout dans le grimoire par les derniers Chasseurs avant lui. Lui-même n’avait par ailleurs pas du tout eu le loisir d’écrire à leur sujet, puisqu’il ne les avait encore jamais rencontrés. Jusqu’à ce jour. Et ils tombaient à pic, car s’ils n’étaient pas intervenus cette nuit-là, le grimoire des Chasseurs ainsi que le Novae Terrae auraient fini par être trouvés par les soldats d’Hitler. Ils auraient forcément fouillé sa maison, et ils seraient tombés dessus. Le chef allemand aurait peut-être eu les capacités grâce à ses agents de comprendre ce qu’était cette sphère, il serait sans doute arrivé une véritable catastrophe s’il avait pu mettre la main sur cet objet.
L’un des Éternels qui étaient placés derrière celui qui avait parlé à Stanislas s’avança. Dans ses bras, il tenait le grimoire des Chasseurs, qu’il lui remit. Peut-être était-ce en gage de leur bonne foi, pour que Stanislas leur accorde sa confiance. En tout cas, le Chasseur interpréta ce geste ainsi, et il remercia avec politesse l’Éternel qui venait de lui tendre le grimoire tout en le récupérant, à la fois ravi et soulagé de le revoir.
L’Éternel ne répondit pas à ses remerciements, malgré leur sincérité. Ils étaient connus pour parler peu, ils ne disaient toujours que l’essentiel, et ils restaient de fait profondément mystérieux aux yeux de Stanislas. Il était pourtant leur allié le plus proche, le seul parmi les humains en réalité. Le Chasseur, qui voulait profiter de cette rencontre pour en savoir davantage, leur posa plusieurs questions à la volée, mais aucune n’obtint la moindre réponse. Il eut beau insister, rien n’y fit. Jusqu’à ce que l’Éternel qui était le seul à lui avoir adressé la parole jusque-là se remette à communiquer, pour une longue tirade qui demeurera son unique diatribe, le tout prononcé d’une voix monotone à en mourir.
— Chasseur, commença-t-il, ne perds pas ton temps en interrogations futiles. Nous devons te mettre toi aussi en sécurité, il en va de ta vie, et de la protection du Novae Terrae, que nous allons garder pour le moment. Tu dois quitter l’Allemagne. L’un des nôtres t’attend en France, à Lille. Rends-toi là-bas, il t’y retrouvera et te cachera jusqu’à ce que la guerre soit terminée. Tu ne verras plus aucun Éternel ensuite, mais nous ne serons jamais loin. Nous te surveillons, tout comme nous avons surveillé tes ancêtres, pour nous assurer que le Novae Terrae reste en sécurité. Tu n’as pas besoin d’en savoir davantage, tes aïeux ont raconté ce que toi et tes descendants devez savoir à travers les pages du grimoire. Ne pose pas de questions, nous n’y répondrons pas.
Stanislas comprit alors que toute tentative pour obtenir des réponses à ses nombreuses interrogations se solderait par une absence totale de réponse. L’Éternel ne lui donna aucun autre choix que d’écouter et de faire ce qu’il lui demandait. Partir et quitter l’Allemagne, se rendre en France, pays qu’il ne connaissait que du peu qu’il en avait appris à l’école. Laisser toute sa vie derrière lui, alors que cela faisait plusieurs générations que les Wlidùcious s’étaient établis en Allemagne. C’était lui réclamer un sacrifice immense, et pourtant il était nécessaire. Stanislas le comprenait, même s’il ne l’acceptait pas.
Il jeta un œil vers sa compagne. Elisabeta était restée muette jusque-là. Il était préoccupé de savoir ce qu’elle pensait de la situation, et de ce qui les attendait. Serait-elle prête à le suivre dans son voyage vers la France ? Il n’en doutait pas. Mais dans quel état d’esprit ? Il ne connaissait pas la réponse à cette question, et c’était précisément ce qui l’inquiétait le plus à cet instant précis. Elle sentit le regard de son compagnon sur elle, mais il ne le lui rendit pas. Quand elle agissait ainsi, cela signifiait qu’elle ne dirait rien, mais qu’elle n’en pensait pas moins non plus.
Stanislas reporta ses yeux vers l’Éternel qui avait parlé, et il hocha la tête en guise d’approbation aux paroles qu’il venait d’entendre. Il connaissait la loyauté de ses ancêtres depuis leurs écrits dans le grimoire, il ne pouvait se permettre de remettre en cause la raison pour laquelle lui, Stanislas Wlidùcious, était venu au monde. Car les Chasseurs, outre leur mission de protection du Novae Terrae, devaient également assurer leur propre pérennisation. Il était dès lors de leur devoir de se trouver une femme, puis de donner naissance à un fils, qu’ils le veuillent ou non. Les Chasseurs ne devaient disparaître sous aucun prétexte, c’était là l’un des enseignements les plus importants qu’il avait compris grâce au grimoire.
Elisabeta et Stanislas n’eurent donc pas leur mot à dire, et ils se contentèrent de suivre les directives données par les Éternels. Elisabeta n’avait toujours prononcé aucun mot tandis que le couple se mit en mouvement pour préparer sa fuite. Et ce n’est que trois longues années plus tard qu’ils posèrent les pieds en France. Comme les Éternels le leur avaient ordonné, ils avaient mis le cap vers Lille.
Finalement, leur établissement sur place se fit de la plus simple des manières, lorsque Stanislas bouscula par mégarde une femme dans les rues de la ville, alors qu’il cherchait un logement disponible avec sa compagne. Stanislas s’excusa immédiatement auprès de la personne qu’il venait de pousser. Pour toute réponse, celle-ci lui intima, ainsi qu’à Elisabeta, de la suivre. Ils ne comprirent pas tout de suite qu’ils venaient de tomber précisément sur celle qui devait les prendre en charge.
Néanmoins, cette agitation ne pouvait être un hasard, et alors qu’ils entrèrent chez la mystérieuse femme, Stanislas s’en fit la remarque. Elisabeta n’avait toujours pas soufflé mot de ce qu’elle pensait depuis leur rencontre avec les Éternels en Allemagne. Elle n’avait en effet jusqu’ici ouvert la bouche que lorsqu’elle y avait été obligée. Le dialogue était rompu entre elle et Stanislas, au grand dam de ce dernier, qui s’était rendu compte que son silence au sujet des Éternels en était le principal responsable. Le couple ne se disputait même pas, il n’échangeait juste plus du tout.
Ils s’installèrent donc dans la maison de cette femme qui devait les accueillir, quelques années après avoir quitté l’Allemagne, en 1936. Elle était elle-même une Éternelle, elle parlait donc aussi peu que ses semblables. Mais elle prit tout de même le temps d’annoncer au couple qu’elle faisait partie des leurs, et qu’elle était une des rares parmi les Éternels à s’être ouvertement mêlée aux humains. Néanmoins, elle ne retirait jamais la capuche qui couvrait la majeure partie de son visage, comme les autres Éternels. Les jours suivants, Stanislas tenta de profiter des longues soirées dans la maison, ce seul moment dans la journée durant lequel son hôtesse était présente, pour lui soutirer quelques renseignements au sujet des Éternels. Mais à aucun moment elle n’accepta d’y répondre, et Stanislas ne put savoir qui étaient précisément les Éternels.
Les jours qui suivirent, il ajouta quelques lignes dans le grimoire des Chasseurs pour signaler ces échanges presque silencieux avec cette Éternelle, et sa surprise de ne pouvoir lui soutirer quelque information que ce soit. Il avait le choix de ne rien écrire à ce sujet, mais il tenait à ce que ses descendants soient au courant que les Éternels ne pliaient jamais, et qu’ils refusaient même systématiquement de donner la moindre information les concernant lorsque, par chance, on pouvait les rencontrer. Il ajouta à ses observations que dès lors qu’un Éternel parlait, pour le peu qu’il disait, les Chasseurs n’avaient aucune autre alternative que d’écouter, et d’exécuter les ordres. Quand il referma le grimoire après y avoir rédigé cette dernière précision, il eut le sentiment du devoir accompli, non pas pour lui, mais pour ceux qui prendraient sa suite.
Les mois passèrent, et n’en pouvant plus de rester sans faire quoi que ce soit dans la maison, Stanislas décida de se trouver un emploi. Les temps étaient durs, les nazis approchaient de la ville, où ils prirent finalement place à l’aube de juin 1940. Les quatre années qui se succédèrent furent particulièrement difficiles à vivre, que ce soit pour Elisabeta et Stanislas, mais aussi pour l’Éternelle qui les accueillait chez elle. À plusieurs reprises, elle dut les cacher dans son sous-sol, car les soldats passaient par son domicile pour vérifier si rien ne leur paraissait inhabituel. Elle ne pouvait laisser le Chasseur se faire repérer, et ils durent continuer de vivre ainsi durant ces quatre longues années.
L’été 1944 débuta sous les bombardements pour la région. Les lignes de chemin de fer devinrent inactives, les coupures de courant se firent légion, et les habitants furent confinés chez eux. Dès le 21 juillet, les arrestations se firent de plus en plus nombreuses, à Lille comme dans ses alentours. Des fusillades avaient même lieu à chaque jour qui passait. À partir du 30 août, la situation se renversa, et les soldats du dictateur Adolf Hitler commencèrent à quitter les lieux. Le 4 septembre 1944, Lille retrouva enfin son calme.
Elisabeta et Stanislas survécurent à l’occupation allemande. L’Éternelle, quant à elle, disparut durant l’un des jours les plus sombres de l’été qui venait de se terminer, dans des circonstances qui restèrent obscures, ce qui laissa le couple Wlidùcious livré à lui-même dans sa maison. Cette Éternelle était si maligne qu’il était peu probable pour eux qu’elle se soit fait attraper par les nazis. Cependant, elle ne reparut jamais, et le Chasseur et sa femme ne surent jamais ce qu’il advint d’elle.
Durant l’Occupation, pour que leurs origines de l’Est ne soient pas percées à jour, l’Éternelle avait trouvé des noms de substitution à Elisabeta et Stanislas. C’est ainsi qu’ils commencèrent à se faire appeler Jeanine et Léon Cervois, de sorte qu’ils purent camoufler d’où ils venaient précisément. Bien sûr, ils ne gardèrent pas ces noms une fois la guerre terminée, ils reprirent leur véritable patronyme ainsi que leurs prénoms dès qu’ils le purent. Par chance, personne ne les avait dénoncés aux Allemands, ils furent donc en mesure de passer à travers les mailles du filet avec une facilité déconcertante. Les épreuves qu’Elisabeta et Stanislas traversèrent tout au long de cette période permirent à leur couple de devenir plus fort encore qu’il ne l’avait jamais été jusque-là.
Et c’est tout aussi simplement que Stanislas put se présenter aux houillères du Pas-de-Calais dès leur ouverture, en 1946. L’année précédente, le couple donna naissance au fils tant espéré par Stanislas, celui-là même qui devait prendre sa suite pour protéger le Novae Terrae, qu’il venait de se voir remettre par les Éternels à l’issue d’une ultime visite. Ils nommèrent cet enfant Paskal.
Son père lui confia le Novae Terrae, ainsi que le grimoire des Chasseurs, en 1962. Et comme si sa vie avait été aussi bien tracée qu’une partition, il se trouva une compagne au début des années 1970, une femme avec qui il eut un fils en 1979, un fils qu’ils nommèrent Tomasz. Cependant, alors que tout semblait facile pour les Wlidùcious, Paskal et son épouse disparurent dans des conditions mystérieuses en 1982, alors que leur petit garçon n’avait que 3 ans. Avant que la police n’arrive pour récupérer Tomasz afin de le placer à l’assistance publique, les Éternels passèrent par là et dérobèrent le Novae Terrae qui se trouvait dans ses affaires. Un tel objet ne devait surtout pas tomber dans n’importe quelles mains, et il était hors de question de le laisser à un enfant si jeune.
Ils lui laissèrent cependant le grimoire des Chasseurs, d’autant plus qu’il était gravé sur sa couverture du nom des Wlidùcious. Ce, afin que Tomasz en comprenne l’importance et qu’il en prenne connaissance dès lors qu’il serait en âge de pouvoir le lire. Les Éternels se retrouvèrent donc avec la garde du Novae Terrae, comme dans les premiers temps de leur existence, quand la Sorcière Mylena Zetùnova avait usé de sa magie pour créer leur ordre.
Chapitre 2 : Un humain et une Vampire
La nuit a pris possession des lieux depuis déjà plusieurs heures lorsque Tomasz se réveille en sueur, au bord de la panique. Pourtant, tout va bien, mais le jeune homme vient malgré tout de faire voler les draps de son lit autour duquel se trouvent deux petites tables de nuit ornées chacune d’une lampe de chevet. La nuit est suffisamment claire pour que, grâce à la grande fenêtre qui se trouve à la droite du lit, on puisse distinguer un cadre qui entoure la peinture d’une petite fille souriante, aux cheveux et aux yeux clairs, juste au-dessus de la tête du lit. À la gauche du lit se trouve la porte, à côté de laquelle le locataire des lieux a placé une armoire, dans laquelle se trouvent tous ses vêtements.
La maison dans laquelle vit Tomasz est spacieuse pour quelqu’un qui vit seul. En effet, à la sortie de la chambre, qui est déjà bien grande pour une pièce destinée à dormir, on trouve un salon à peine plus petit qu’elle. Et dans ce salon trône avec fierté une grande bibliothèque sur tout un pan de mur, remplie de boîtes de jeux vidéo de toutes sortes. Dans un coin de cette pièce de vie, un escalier mène à l’étage du dessus, qui fait office de débarras. À l’arrière du salon, on retrouve une petite cuisine qui forme comme un couloir. À l’une de ses extrémités, la porte d’entrée. De l’autre côté, une seconde porte qui mène droit à la salle d’eau, toute petite et munie juste d’une douche, d’un petit lavabo accolé à elle, et d’un cabinet encore à côté. Un petit couloir permet de rejoindre la chambre depuis la sortie de la salle d’eau, sans devoir repasser par le salon. Cet appartement, sous lequel se trouve un garage, a une configuration fort étonnante.
Mais retrouvons Tomasz, depuis son lit dans lequel il vient de se réveiller. Il a fait un rêve affreux, un véritable cauchemar en réalité. Il s’est retrouvé au sein d’une bataille meurtrière, entre des êtres encapuchonnés dont il ne pouvait distinguer les visages, et des Vampires assoiffés de sang qui les vidaient de leur substance vitale un à un. Quant à lui, il était au beau milieu de tout ce désordre, perdu comme un enfant, sans savoir que faire. Soudain, un vieux grimoire défraîchi est apparu comme par magie à ses pieds. Et c’est au moment où il s’est penché pour le prendre qu’il s’est réveillé en sursaut.
« J’ai déjà vu ça quelque part... »
Il sait que cet objet, ce livre, bien qu’il ne l’ait jamais lu, il l’a déjà vu quelque part. Mais où ? Il tâtonne pour trouver le bouton de sa lampe de chevet, posée sur l’une des deux petites commodes à côté de son lit. Quand il actionne enfin la lumière, celle-ci l’éblouit tant qu’il ferme les yeux. Il lui faut plusieurs secondes avant de s’habituer à cette lueur agressive qui perce la nuit si noire dans laquelle il était plongé jusque-là. Il regarde l’heure affichée sur son horloge, perchée au bout d’une ficelle elle-même accrochée à un simple clou planté dans le mur en face de son lit. Il est deux heures. À quoi bon tenter de se rendormir, sachant qu’il devra se lever dans à peine une heure ?
Car Tomasz commence son travail très tôt le matin. À quatre heures et demie, du lundi au vendredi, il doit être sur le pied de guerre, à l’arrière du camion qui ramasse les ordures des habitants des villes avoisinantes. Ce n’est pas un métier très reluisant, certes, mais il est capital pour la bonne tenue des environs. Et puis il le fait de bon cœur, notamment parce que ce travail lui permet de pouvoir rentrer chez lui pour le midi, après quoi il dispose de tout le restant de la journée pour faire ce qu’il veut. C’est la raison principale pour laquelle il a décidé de faire ce métier. Tomasz est éboueur depuis plus de quinze ans, et il connaît sa tâche sur le bout des doigts. Chaque jour, il y va avec autant de plaisir qu’il en revient.
La plupart des heures disponibles qu’il a dans l’après-midi, il les passe à jouer à des jeux vidéo, ou encore à refaire le monde dans sa tête. Il n’a pas de petite amie. Oh ! Il en a déjà eu ! Seulement, elles ne sont jamais restées avec lui bien longtemps. Il faut préciser que Tomasz n’est pas tout à fait ce que l’on pourrait qualifier de bel homme, quand bien même il est, du haut de ses quarante printemps, dans la force de l’âge. De plus, en grand solitaire, il estime qu’il n’a pas forcément besoin de vivre avec quelqu’un pour être heureux. Il se sent bien comme il est, avec ses jeux vidéo pour seule compagnie.
Après un soupir, à travers laquelle il exprime sa frustration de ne pas avoir pu dormir davantage, il se décide à quitter son lit. Le temps de se positionner sur ses pieds, et il se dirige vers sa salle d’eau. Une fois devant son miroir, juste en face de la porte, au-dessus du minuscule lavabo qui est entouré du cabinet d’un côté et de la douche de l’autre, il se regarde attentivement. À travers la glace, il détaille son visage émacié. Il est mal réveillé, ses yeux marron ne sont qu’à moitié ouverts, et ses cheveux mi-longs sont en bataille, ce qui laisse deviner les quelques intrus blancs qui s’y dissimulent. En voilà une semaine qui débute bien !
Tant bien que mal, il se prépare à se laver. Une fois nu, ce qui laisse à découvert des bras légèrement musclés qui entourent un torse un peu poilu, il enjambe la marche qui le sépare du bac de douche. Et tandis qu’il commence à faire
