Mini Collection 1 à 6

Par Myriam Plante

Les histoires de la Mini Collection de Myriam Plante mettent en vedette un ou deux personnages qui font, ou feront partie de l'univers qu'elle est en train de créer avec ses mots. Chaque petite histoire s'attarde sur un moment décisif de la vie de chacun de ces personnages.

Les 6 histoires de ce petit recueil numérique sont reliées au roman La quête de Marianne.

1. Alexander
Alexander Anderson est un jeune garçon muet de 10 ans. Conscient de la déception qu'il représente pour son père, et rejeté par ses frères, il décidera de les quitter pour répondre à l'appel de la mer et chercher du travail sur un navire.

Fasciné depuis toujours par les histoires racontées par les marins, il commencera sa propre aventure en n'ayant d'autre choix que d'imposer sa présence à un équipage choisi au hasard.

2. Henry
Henry de Courval a 17 ans lorsqu'il monte à bord d'un navire pour la toute première fois, dans le but d'aller rencontrer des marchands qui désirent acheter des caisses de thé. Élevé dans une famille riche, il est conscient qu'il ne connaît pas grand-chose du monde qui l'entoure.

Lors du voyage de retour, il s'engagera dans un étrange combat contre le capitaine du navire, un homme rustre et méprisant, et finira par rêver de devenir lui-même capitaine plutôt que de prendre la relève de son père comme propriétaire de la plantation de thé familiale.

3. Flint et Cal
Flint et Callan Hulligan sont deux frères jumeaux qui n'ont pas grand-chose en commun. À 13 ans, Flint décide de tenir tête à leur père, tandis que Cal se serait contenté de regarder cet homme violent s'en prendre à leur mère sans intervenir.

Bientôt, Flint découvrira le terrible secret caché par son frère, et se sentira investi de la responsabilité de le protéger, mais surtout, de protéger les autres de lui.

4. Beanedich
Beanedich Sohr va bientôt avoir 16 ans, ce qui signifie, selon les traditions de l'île nordique de la Lvistuanie, qu'il devra se soumettre à une cérémonie de passage à l'âge adulte.

Tourmenté par les choix décisifs qu'il aura à faire lors de cette cérémonie, il finira même par douter de sa capacité à aimer Leevia, qu'il fréquente depuis quelques années, et à qui il refuse tout simplement de faire de la peine.

5. Vincent
Vincent Berthelot est un homme rêveur qui a toujours vécu seul. Il croit que sa vie paisible est bien remplie, jusqu'au moment où il rêve à une sirène, et en tombe amoureux.

De plus en plus possédé par le désir de trouver des preuves de l'existence des sirènes, il s'installera dans un petit village côtier appelé Port-d'Attaches et partira à l'aventure, en se mettant en danger pour la toute première fois de sa vie.

6. Jimmy et Marguerite
Jimmy Gagné, qui est presque né orphelin, a 9 ans lorsqu'il déménage chez son grand-père Elphéas. Il commence alors une nouvelle vie dans un petit village côtier paisible appelé Port-d'Attaches, où il espère arriver à se faire des amis de son âge.

Il fera bien vite la rencontre de Marguerite Delisle, une jeune fille différente que les adolescents du village surnomment l'extraterrestre. Grâce à cette magie toute simple qu'est l'imagination, les deux enfants deviendront bientôt inséparables.

• Langue: Français
• Éditeur: Myriam Plante
• Date de sortie: 18 oct. 2024
• ISBN: 9782981950369

Myriam Plante

Myriam Plante est née à Chibougamau, dans le Nord-du-Québec, mais habite maintenant à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec. Depuis qu'elle sait ce qu'est une histoire, elle en invente plusieurs dans sa tête. Depuis qu'elle sait ce qu'est un livre, elle veut écrire et publier les siens.

Aperçu du livre

Droits d’auteur – 2019-2024 Myriam Plante

Tous droits réservés

ISBN : 978-2-9819503-6-9

Introduction

Les 6 premiers livres de ma Mini Collection ont été publiés individuellement, en tant que vrais livres en papier, tout au long de l’année 2019. J’ai décidé de les rassembler dans un recueil numérique, pour que les gens qui ont lu La quête de Marianne puissent les apprécier en plus grand nombre.

En fait, je ne sais pas si c’est mieux de lire ces petites histoires avant de lire La quête de Marianne, ou après. Je pense que d’une manière ou d’une autre, elles devraient enrichir votre lecture, et vous aider à mieux connaître mes personnages.

Parce que c’est ça, le but des livres de ma Mini Collection : présenter des personnages qui apparaissent ou qui vont apparaître dans certaines de mes œuvres, et s’attarder sur un moment important de leur vie. Dans ce cas-ci, les personnages que vous vous apprêtez à rencontrer se retrouvent tous dans le roman La quête de Marianne, et plusieurs d’entre eux seront de retour dans une série de romans que je suis en train de planifier. Ces histoires se déroulent dans un monde similaire au nôtre, à différentes époques.

Sur ce, je vous laisse faire la connaissance d’Alexander, Henry, Flint et Cal, Beanedich, Vincent, et Jimmy et Marguerite...

Bonne lecture!

1. Alexander

Ce matin-là, le jeune Alexander Anderson s’était levé tôt pour nettoyer le plancher de la boutique de son père avec un balai et de l’eau savonneuse, comme il le faisait presque chaque matin. Son père n’insistait pas pour qu’il le fasse aussi souvent. Il ne lui donnait jamais vraiment d’instructions : il voulait seulement que sa boutique soit propre.

En fait, le père d’Alexander préférait essayer d’ignorer autant que possible son fils aîné, auquel il avait transmis son prénom et son nom bien avant de découvrir qu’il était muet. Le médecin qui l’avait examiné ne leur avait donné aucune explication. Il avait simplement déclaré qu’Alexander ne pouvait pas parler, et qu’il ne parlerait jamais.

Comme Alexander ne parlait pas, son père était persuadé qu’il ne pensait pas non plus, et que sa tête était complètement vide. Il ne lui adressait jamais la parole, sauf quand il y était contraint pour lui exprimer des directives ou des réprimandes. Quant à ses jeunes frères, ils préféraient se tenir loin de lui, de peur d’être contaminés et de devenir muets à leur tour. Ils ne voulaient surtout pas que leur père cesse de leur parler et les mette à l’écart.

Ce matin-là, donc, le jeune Alexander s’appliquait à nettoyer le plancher de la boutique tandis que son père consultait des documents, debout derrière le comptoir. La porte s’ouvrit, faisant tinter la clochette qui annonçait la présence d’un client. Alexander leva aussitôt les yeux, ravi. L’homme qui venait d’entrer portait un épais manteau brun en mauvais état, et des bottes de cuir qui avaient elles aussi connu des jours meilleurs. Des cheveux gris sales émergeaient du foulard bleu foncé qui était noué sur sa tête. C’était un marin, sans aucun doute. Peut-être même un pirate!

Un large sourire illumina le visage du jeune garçon.

Seulement deux types de clients fréquentaient la boutique de son père. Des marins qui voulaient faire estimer la valeur d’objets rares, précieux ou inusités qu’ils avaient trouvés, acquis, ou peut-être même volés lors de leurs voyages; et de riches collectionneurs qui cherchaient à acheter, ou simplement à admirer, les objets les plus rares, précieux ou inusités qu’ils pouvaient trouver dans toute la ville de l’Isle Perneault.

Les riches laissaient Alexander indifférent, même s’il aurait sans doute dû les envier. En revanche, les marins le fascinaient avec leurs histoires de pays lointains, de gens différents, de couchers de soleil sur un océan plat et brillant comme un miroir, et de tempêtes féroces en mer. Son père écoutait toujours les histoires des marins d’une oreille distraite, mais Alexander, lui, d’une certaine manière, ne vivait que pour entendre ces histoires. Il ne parlait pas, mais il savait écouter mieux que quiconque.

Un jour, un vieux marin qui n’avait plus qu’un seul œil était entré dans la boutique. Alexander s’était aussitôt demandé comment serait sa vie si, comme ce marin qui ne pouvait voir qu’à moitié, il pouvait, lui, prononcer des demi-paroles. Il avait aussitôt chassé cette pensée étrange : peut-être que s’il pouvait parler et questionner les marins sur leurs aventures, ceux-ci seraient moins enclins à les lui raconter.

– Salut, mon p’tit gars... T’es d’bonne humeur, dis donc! lui dit l’homme au manteau brun d’un ton jovial.

Le sourire d’Alexander s’agrandit alors qu’il hochait vigoureusement la tête. L’homme ricana.

– Puis-je vous aider, monsieur? demanda alors le propriétaire de la boutique.

L’homme au manteau brun s’approcha de lui.

– Ouais... C’est vous, Alexander Anderson?

Le père du jeune Alexander hocha la tête.

– Un vieil ami à moi m’a dit d’venir vous voir, dit l’homme en s’approchant du comptoir.

Alexander restait concentré sur son nettoyage méticuleux du plancher, mais il écoutait avec une attention soutenue la discussion qui avait lieu entre son père et le marin.

– J’ai... acquis cette dague, commença ce dernier, et mon vieil ami m’a dit qu’vous en aviez une semblable ici... C’est vrai?

– J’en avais une, c’est exact. Mais quelqu’un me l’a achetée le mois dernier, précisa son père.

– Ah! lança le marin, déçu. Mais vous pouvez p’t’être m’aider quand même. On m’a dit qu’elle a été faite par... enfin, par un artiste, par une sorte d’artiste forgeron, vous voyez? Mais d’autres m’ont dit qu’son travail était rare, mais souvent imité... Vous voyez d’qui j’veux parler?

– Oui, oui... Giami.

– Et vous pouvez m’dire si c’est bien lui qui l’a faite? C’est c’que vous faites ici, n’est-ce pas?

Aucune réponse ne vint. Alexander jeta un coup d’œil en direction du comptoir. La dague dont il était question était un long couteau très fin, dont le manche était doré, et décoré de plusieurs pierres rouges qui scintillaient. Son père était en train d’examiner l’objet avec une loupe.

– Hum... C’est un peu difficile à dire, dit-il enfin, mais je crois qu’il s’agit bien d’une œuvre de Giami, oui.

– Ah! s’écria l’homme d’un air joyeux. Excellent!

– Je peux vous l’authentifier officiellement, mais cela prendra un moment.

– Non, non, ce s’ra pas nécessaire!

– Ça le sera si vous désirez me la vendre.

Le marin secoua la tête en reprenant sa dague.

– Non, non, merci... Je voulais seulement votre avis. Bonne journée à vous!

L’homme déposa quelques pièces de monnaie sur le comptoir, sans même demander s’il fallait payer quelque chose pour simplement avoir l’avis du propriétaire des lieux.

Quand il se retourna pour quitter la boutique, son regard tomba sur le jeune Alexander.

– T’as quel âge, mon p’tit gars? lui demanda-t-il.

Alexander lui sourit. Il appuya le manche de son balai contre l’intérieur de son coude, puis lui montra ses dix doigts. L’homme fronça les sourcils.

– Timide, hein? Quand même, t’as l’air travaillant, j’connais plein de capitaines de navires qui seraient bien contents d’t’avoir à bord!

Les yeux verts d’Alexander s’écarquillèrent, tentant de rivaliser avec la taille de son sourire. Le marin ricana, ébouriffa les cheveux noirs bouclés du jeune garçon d’une main, puis sortit de la boutique et s’éloigna d’un pas joyeux. Derrière le comptoir, son père grommela quelque chose en hochant la tête, puis revint à la lecture de ses documents.

Le jeune garçon termina de nettoyer le plancher de la boutique, plus heureux que jamais. Il ne cessait de repenser à ce que l’homme lui avait dit. Disait-il la vérité? Est-ce qu’il pourrait, lui, devenir un marin, même s’il n’avait que 10 ans? Cette idée lui plaisait beaucoup. Oh, il était travaillant, oui, et il était même prêt à travailler encore plus fort qu’un adulte, et sans être payé, si cela pouvait lui permettre d’être engagé sur un grand navire, et de voyager.

Il n’avait rien à faire d’une dague dorée, ni même d’un immense coffre rempli d’argent. Pour lui, le plus merveilleux des trésors serait de pouvoir se joindre aux marins pour vivre avec eux de formidables aventures en mer, et dans des pays lointains.

Alexander rangea son balai dans un petit placard, puis il entrouvrit la porte de la boutique, sans faire tinter la clochette, et versa lentement le contenu de son seau dans la rue. Il le rangea ensuite dans le placard, et en referma la porte.

Comme il estimait que la boutique était déjà suffisamment propre, il sortit à l’extérieur, après avoir jeté un dernier regard à son père, qui de son côté se souciait bien peu des allées et venues de son fils aîné. S’il avait besoin d’aide au cours de la journée, il demanderait à un autre de ses fils de lui porter assistance, et celui-ci accepterait avec joie. Tant que la boutique était propre, Alexander était libre de faire ce qu’il voulait. Il lui arrivait même parfois de ne rentrer à la maison qu’à la tombée de la nuit, sans avoir partagé un seul repas avec son père et ses frères.

Une fois dans la rue, il se retourna et leva les yeux sur l’enseigne de la boutique avec un sourire amer. En lettres dorées un peu fades sur un panneau bleu foncé, on pouvait lire les mots « Alexander Anderson & Fils ».

Alexander avait déjà entendu son père raconter que son propre père s’appelait aussi Alexander, et que la boutique lui appartenait bien avant qu’il ne la lègue à son fils aîné. Le jeune garçon en avait déduit que la boutique avait peut-être changé de vocation au cours des années, puisque son enseigne n’indiquait nullement ce qui se passait à l’intérieur, mais qu’elle devait toujours avoir appartenu à un homme appelé Alexander Anderson, et que ce Alexander Anderson se faisait un devoir de n’avoir que des fils, d’appeler son aîné Alexander, et de lui léguer un jour la précieuse boutique, peut-être uniquement dans le but de ne pas avoir à retoucher ou à remplacer l’enseigne.

Mais lui, en naissant muet, il avait gâché cette importante tradition familiale! Il était évident que son père ne lui léguerait jamais sa boutique; elle irait à l’un de ses frères, et l’enseigne devrait soit être changée, soit demeurer inexacte jusqu’à ce qu’un autre Alexander Anderson en devienne propriétaire.

Le jeune garçon fit la moue, puis commença à s’éloigner dans la rue, dans laquelle les passants commençaient à passer.

De toute façon, se dit-il, il ne voulait pas posséder la boutique de son père, ni aucune autre boutique d’ailleurs. Nettoyer le plancher à l’eau savonneuse, passer le balai dans les coins et sous le comptoir, et épousseter les étagères et les divers objets qu’elles contenaient étaient des activités qui lui plaisaient, mais Alexander n’avait jamais pris le temps de se demander ce qu’il aimerait faire quand il serait plus grand, et bien sûr, personne ne le lui avait jamais demandé non plus.

Ce matin-là, le marin au manteau brun lui avait mis une idée nouvelle en tête, et le jeune garçon en était aussi heureux que bouleversé.

– Tiens donc, viens ici, toi! s’écria une femme vêtue d’une robe gris pâle d’un ton amical.

Il s’agissait de madame Audry, la marchande de fruits. Elle avait pitié d’Alexander depuis qu’elle avait vu trois garçons plus vieux se moquer de lui et lui lancer des pierres, et depuis ce jour-là, elle lui offrait souvent un fruit lorsqu’elle le voyait passer devant son étal.

Le jeune garçon n’aimait pas la pitié, mais il aimait les fruits. De plus, Audry était très gentille, et elle lui rappelait un peu sa mère.

Il s’approcha d’elle avec un sourire.

– Je parie que tu t’en vas te promener au port, hein? lui demanda-t-elle.

Alexander hocha la tête avec empressement. La dame ricana doucement.

– Une si belle journée, j’aimerais bien aller marcher près des