Les disparues
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Marie-Andrée Valin-Giglio fait de l’écriture une démarche réfléchie, portée par le désir de partager des expériences et des émotions. À travers ses récits, elle saisit des instants de vie, ouvrant une fenêtre sur les questionnements intimes de chacun, et invitant à une exploration des chemins et choix personnels.
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Aperçu du livre
Les disparues - Marie-Andrée Valin-Giglio
Le thé
Une image contenant vaisselle, récipients pour boire, Plats et corbeilles, intérieur Description générée automatiquementLa cabane
« Je vais te raconter une histoire. »
C’est ainsi que le vieil homme accrocha l’attention de l’enfant qui s’ennuyait et dont l’esprit errait avec le bruit de la mer comme fond de rêve. Assis dans un coin de l’unique pièce qui composait leur habitation, le jeune garçon, d’une douzaine d’années, enroulé dans une djellaba sans âge, s’amusait avec un morceau de bois.
La petite cabane était adossée à un énorme rocher et faisait face à l’océan. Par les jours de mauvais temps, ils avaient l’impression que les grosses vagues blanches iraient finir leur course au pied de la minuscule habitation. Mais la plage de sable blanc, si large, engloutissait leur élan bien avant.
L’unique pièce de cet antre troglodyte très rudimentaire dissimulait dans un des angles, un fouillis qu’on devinait être un couchage ; au-dessus, une espèce de panier trônait et des vêtements tentaient de s’en échapper. L’autre angle subissait un étrange encombrement : des récipients en plastique d’un bleu cru, une caisse en bois vieilli par le temps, une barrique avec ses cercles rouillés, tout cela contenait le nécessaire pour cette vie d’ermite que ces deux personnages semblaient mener.
En face de l’unique porte, un fauteuil en bois, plein de chiffons, sur lequel était assis, les jambes repliées, l’habitant de ce lieu incongru. Devant lui, une petite table, encombrée elle aussi par des petites boîtes, un bocal de sucre et un minuscule fourneau surmonté d’un ustensile roi : une théière. À ses pieds, un sac bien défraîchi portait la provision de charbon. Le jeune garçon, lui, occupait l’espace compris entre le couchage et la porte. Un tas de sacs de jute servait de siège à son fauteuil improvisé.
La pénombre qui régnait dans la cabane était animée par une petite flamme sortant d’une seringue montée sur un camping-gaz. Si mince fût-elle, la langue de feu qui naissait de l’aiguille se tortillait dans tous les sens, sensible au moindre souffle de l’air marin. Cela créait une ambiance d’introspection, propice pour ramener des histoires enfouies dans la mémoire, et voulant resurgir du passé.
Sur la plage déserte, les vagues rapportaient souvent du lointain d’étranges déchets, leur reflux les abandonnait là, peut-être pour vivre un autre destin ! Entre quelques récipients venus de je ne sais où et des objets hétéroclites qu’on dirait sortis d’un autre monde, le jeune garçon pouvait imaginer leur origine et leur inventer une histoire à chacun. Pour l’heure, c’était ce morceau de bois qui occupait toute son attention. Il l’avait trouvé sur la plage, et ce reste de branche difforme gardait son aspect dur et luisant. L’esprit rêveur du garçon se disait que ce petit morceau d’arbre avait dû faire bien du chemin avant d’être abandonné là par une vague plus forte que les autres.
Tout concentré sur son œuvre, le garçon, à l’aide d’un petit couteau, enlevait de minces pellicules de son précieux matériau, et vu ses efforts, cela semblait ne pas être chose facile. Non seulement dur, le bois se montrait aussi très glissant, et la lame, pouvant ripper, devenait dangereuse. Au-dehors, les vagues continuaient à mener un vacarme assourdissant quand elles s’abattaient contre les rochers au pied de la dune. Et, à l’inverse, elles chuchotaient quand leurs paquets d’eau mouraient sur la plage dans le dernier souffle de leur écume. À l’intérieur de la cabane, seul le crissement du couteau sur le bois se faisait entendre.
Aussi quand le Vieux commença à parler, cela fit sursauter le garçon absorbé par son œuvre naissante. Sorti brutalement de sa rêverie, il lui avait fallu un petit laps de temps pour revenir dans la cabane. Le silence dans lequel les deux protagonistes pouvaient rester durant des heures avait fini par installer une espèce de torpeur dans laquelle l’esprit de chacun se perdait, pendant que les mains seules s’activaient.
« Tu vois, fils, du temps où il y avait encore du monde par ici, la vie se déroulait différemment. Les itinérants et leurs troupeaux venaient s’approvisionner en eau et profitaient pour se reposer de leurs longues traversées. Les marchands faisaient un détour, non seulement pour vendre leurs fins de stock, mais surtout ils s’installaient pour attendre quelques rares bateaux que le vent du désert avait annoncés. Tout en restant au large, des bâtiments, rarement les mêmes, mettaient quelques canots à l’eau. Avant que le soleil ne soit bien haut, quelques hommes débarquaient de gros ballots, des grandes caisses de marchandises dont personne ne savait vraiment la provenance. Mais chacun supposait que la majeure partie de ces livraisons provenait le plus souvent de la contrebande. »
Le Vieux s’arrêta un instant, peut-être pour attiser la curiosité du gamin, peut-être aussi parce qu’il s’était réellement replongé dans cette époque qui l’avait beaucoup marqué. Toujours est-il que son souffle devenait plus rapide et ses yeux brillaient étrangement dans la pénombre.
Il reprit :
« Les hommes ramenaient à terre des denrées de toutes sortes, un bric-à-brac de choses souvent inconnues. Parfois, ils déchargeaient des rouleaux de soie ou de coton de toutes les couleurs. À d’autres moments des caisses contenant des bijoux finement sculptés, des cauris, du tabac, des parfums, du thé, du sucre. Ils déversaient des objets venant de l’autre bout d’un autre monde : des bibelots et des accessoires de cuisine en écaille, des mules de femmes garnies de pompons colorés, des souliers blancs à rosettes semblant sortis de la page d’un livre interdit. Des costumes européens ridicules et inutiles étaient exposés, cherchant un client assez fou pour oser s’affubler d’un tel accoutrement.
Enfin, ces commerçants débarquaient sur cette plage tout ce qu’ils avaient pu négocier, échanger ou voler pendant leurs perpétuelles pérégrinations dans les contrées les plus reculées. Au-delà du désert, les fournisseurs connaissaient bien les trafiquants qui pouvaient aller jusqu’aux limites des dunes, apporter les denrées les plus nécessaires comme les plus incongrues. Parfois encore arrivait une cargaison de fusils, de cartouches et de boissons interdites. Bien sûr, le plus souvent, ces choses-là n’étaient pas du tout destinées aux habitants de cette région trop ignorants et trop pauvres pour prétendre à ce genre d’articles. Elles transitaient loin du circuit officiel et seules quelques miettes restaient dans le campement. »
Préparation du thé
Pendant que le vieil homme parlait, un tout petit fourneau chauffait une théière. Celle-ci présentait un gabarit peu commun, on l’aurait dit sortie d’une ménagère d’enfant. Assortie à l’ensemble, elle trônait, minuscule sur le fourneau adapté à sa taille, son émail manquant par endroits, elle avait l’air aussi vieille que son utilisateur. Le charbon incandescent crépitait de temps en temps comme pour assurer sa puissance au petit ustensile chauffé à blanc qui, lui-même, transmettait sa chaleur au liquide qui, lentement, finissait par bouillir.
L’ébullition faisait glouglouter l’eau ; comme un appel discret, le vieil homme plongea sa main dans l’une des boîtes cachées sous la table de fortune. Elle contenait les feuilles de thé séchées, avec délicatesse il en sortit une pincée qu’il jeta du bout des doigts dans le récipient fumant. Avec autant de concentration, il rajouta une seconde pincée ; pour parfaire l’opération, avec une petite cuillère, il déposa délicatement deux doses de sucre. Voilà ! les ingrédients allaient pouvoir donner ce qu’ils avaient de meilleur. Bien sûr, il manquait les feuilles de menthe qui rafraîchiraient le tout, mais l’eau avait été très absente cette année !
Il ne restait plus qu’à attendre quelques minutes, et à un certain signal, détectable par lui seul, le maître de thé, l’oreille attentive et l’œil aux aguets, apprécierait l’aboutissement de la préparation. Au bout d’un temps indéterminé, où pas une parole ne vint perturber le chant du thé, l’initiateur de l’évènement se prépara à sortir la théière de sur le fourneau. Pour ne pas se brûler, à l’aide d’un pan de sa djellaba, il souleva avec précaution l’ustensile bouillant et le déposa sur un galet plat qui assurait à merveille son rôle de « desserte particulière ». Le galet, lisse et plat, lui avait été offert par la mer, ne craignant pas la chaleur, il constituait une protection improvisée pour la vieille table en bois. Un parfum âcre et sucré à la fois se dégagea de la théière et subtilement, remplit l’espace. Ainsi cette petite vapeur odorante, bien que discrète, préparait les occupants à la dégustation imminente du breuvage. Celui-ci frémissait déjà, impatient d’aller vers sa mission : recentrer l’énergie de chaque buveur tout en les maintenant en communion.
L’attente que le précieux liquide fût à point pour être servi paraîtrait des siècles pour celui qui viendrait d’ailleurs. Mais dans cette cabane, deux individus, de générations opposées, assis en silence
