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Connaissance des Pères de l'Église n°175: Grégoire de Nysse
Connaissance des Pères de l'Église n°175: Grégoire de Nysse
Connaissance des Pères de l'Église n°175: Grégoire de Nysse
Livre électronique134 pages1 heure

Connaissance des Pères de l'Église n°175: Grégoire de Nysse

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À propos de ce livre électronique

« Dans les discours sur Dieu, la recherche porte-t-elle sur l'essence, c'est “le moment de se taire”, mais porte-t-elle sur quelque énergie bonne dont la connaissance descend jusqu'à nous, c'est alors le moment de “dire ses puissances”, de “proclamer ses merveilles”, de “raconter ses oeuvres”, c'est le moment de recourir jusqu'à ce point du discours ; mais pour ce qui est au-delà, il ne faut pas permettre à la création de franchir ses limites propres, mais se contenter de ce qu'elle se connaisse elle-même. Car, à mon avis, la création ne se connaît pas encore elle-même, elle n'a pas non plus compris ce qu'est l'essence de l'âme, ce qu'est la nature du corps, l'origine des êtres […]. Si donc la création ne se connaît pas elle-même, comment racontera-t-elle ce qui est au-dessus d'elle ? C'est donc “le moment de se taire”, car sur ces sujets mieux vaut le silence. Mais c'est le “moment de dire” par quels moyens notre existence progresse vers la vertu, dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

S. Grégoire de Nysse, Homélie VII, 8 sur l'Ecclésiaste, SC 416, p. 385-387.
LangueFrançais
ÉditeurNouvelle Cité
Date de sortie4 sept. 2024
ISBN9782375826768
Connaissance des Pères de l'Église n°175: Grégoire de Nysse

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    Connaissance des Pères de l'Église n°175 - Collectif

    UN ASPECT MAJEUR DE L’ŒUVRE THÉOLOGIQUE DE GRÉGOIRE DE NYSSE : LE THÈME DE LA TRINITÉ

    Madame Le Professeur Marie-Anne Vannier, m’a invité à rédiger un article de référence, destiné à être publié dans la Revue Connaissance des Pères de l’Église et portant sur l’œuvre théologique de Grégoire de Nysse. Vu l’ampleur de cette œuvre, force est de se limiter. Il convient d’éviter le genre de la présentation du contenu de chacune des œuvres en fonction de l’ordre de publication ou bien en fonction d’un regroupement selon le genre littéraire ; l’article prendrait des dimensions démesurées. Il semble plus judicieux d’opter pour une présentation en fonction de centres d’intérêt majeurs d’une œuvre vaste qui ne manque ni de souffle ni d’originalité. Or, à coup sûr, c’est le thème de la Trinité qui occupe le plus de place dans cette œuvre : non seulement le Contre Eunome, si volumineux, s’étend sur ce thème, mais d’autres œuvres abordent cette question. Il me semble judicieux de retenir cet aspect avec diverses harmoniques. En effet, cet aspect est un centre de perspective qui procure des ouvertures sur d’autres questions de fond de la doctrine commune de l’Église, telle qu’elle est exposée par Grégoire de Nysse.

    Le plan retenu est articulé tout d’abord en fonction de la progression de la controverse entre Eunome et Grégoire de Nysse dans les Contre Eunome I à III et la Réfutation de la Profession de foi d’Eunome. Mais vu que dans d’autres œuvres figurent aussi des considérations complémentaires, nous en ferons état dans la mesure où elles apportent un éclairage original.

    Circonstances historiques qui ont conditionné l’œuvre de Grégoire de Nysse

    I. La question de la théologie trinitaire : circonstances historiques

    Les circonstances historiques ont amené Grégoire de Nysse à s’engager dans les controverses trinitaires de son temps. Plusieurs œuvres théologiques de sa part s’inscrivent dans ce contexte. Après avoir décrit rapidement ce contexte, nous étudierons de façon plus détaillée l’important traité intitulé Contre Eunome (avec des renvois éventuels à d’autres œuvres consacrées au même thème).

    A. Contextes politique, culturel, religieux

    ¹

    a. Contexte politique

    Le bref règne de l’empereur Julien (361-363) est marqué par des mesures vexatoires contre les chrétiens, entre autres par des lois scolaires : celles-ci visent à interdire à des maîtres chrétiens d’enseigner, sous prétexte qu’ils ne sauraient expliquer valablement les auteurs classiques du moment qu’ils méprisent les dieux que ces auteurs ont honorés.

    Valens (364-378) prend parti pour l’une des tendances issues de Nicée et veut contraindre les évêques à signer la formule du synode de Rimini (359) à l’occasion duquel l’empereur Constance fit adopter un symbole arianisant.

    À partir de 369, la persécution sévit dans toutes les provinces ; la Cappadoce en connaît les rigueurs, surtout en 371-372. Basile, frère de Grégoire de Nysse, évêque de Césarée, ayant impressionné l’empereur par sa forte personnalité, peut finalement garder son siège ; mais ailleurs, des évêques sont condamnés à l’exil.

    Le successeur de Valens est Théodose, choisi comme empereur d’Orient en janvier 379. Avec lui intervient un changement dans la politique religieuse, car il s’est rallié à la foi dite orthodoxe.

    b. Contextes culturel et religieux

    • Milieux non chrétiens : les milieux païens

    Julien l’empereur essaya de réformer et de revivifier le paganisme, en cherchant à réglementer le culte et à mettre en place un clergé zélé, pieux et charitable, capable de soutenir la comparaison avec le clergé chrétien. Il rédigea aussi un ouvrage, Contre les Galiléens, dans lequel il reprit les objections de Celse, de Jamblique, de Porphyre : il s’attaqua notamment à la divinité du Christ, se montrant méprisant pour la mort ignominieuse sur la croix et tournant en dérision les récits concernant la résurrection du Christ.

    • Milieux chrétiens hétérodoxes

    L’arianisme avait provoqué une crise de longue durée. À la suite du Concile de Nicée, un clivage très net court entre les nicéens qui défendent la consubstantialité entre le Père et le Fils et des groupes plus ou moins marqués par les thèses ariennes. Après la mort d’Arius, Aèce puis Eunome se font les porte-paroles du courant que l’on nomme l’« anoméisme », niant toute égalité et toute similitude entre le Père et le Fils : ce courant est aussi désigné par le terme « néo-arianisme ». Le groupe des « homéousiens » ou

    « semi-ariens » soutenait que le Fils est semblable au Père quant à la substance (omoiousios) et rejetait la thèse arienne de la création du Fils. Le groupe des « homéens » prône une conception enseignant que le Fils est semblable (omoios) au Père.

    Très vite se révélèrent des difficultés d’un autre genre : les pneumatomaques ou macédoniens niaient la pleine divinité de l’Esprit. D’un autre côté, l’apollinarisme commençait à s’affirmer. Nous aurons l’occasion de revenir de façon plus détaillée à ces questions, puisque plusieurs traités de Grégoire de Nysse abordent ces problèmes.

    II. Du Dieu Un et de la Trinité

    Comme nous l’avons dit, une place assez considérable dans l’œuvre théologique de Grégoire de Nysse est occupée par les discussions autour de la doctrine trinitaire. La raison principale en est qu’Eunome, l’anoméen, avait publié plusieurs ouvrages relatifs à cette question, à savoir l’Apologie et l’Apologie de l’Apologie. Grégoire de Nysse a rédigé les Contre Eunome I à III pour répliquer à l’Apologie de l’Apologie et en plus, il a rédigé la Réfutation de la confession de foi d’Eunome, qui se situe dans le prolongement des ouvrages susmentionnés. Une première grande partie de cet article sera consacrée à un aperçu des questions préliminaires soulevées par Eunome : à savoir la possibilité de la connaissance de Dieu et la manière adéquate de parler du Dieu un et trine. Mais, de plus, Grégoire a mis au point quelques petits traités sur la question trinitaire : Ad Ablabium, quod non sunt tres dii ; Ad Graecos, excommunibus notionibus ; Ad Eustathium, de sancta Trinitate ; Ad Simplicium, de fide sancta² ; la Lettre 3 ; de plus, dans les écrits de théologie spirituelle, il renvoie souvent à l’action sanctifiante des trois Personnes de la Trinité. Ce grand nombre d’écrits s’explique par les controverses propres à un siècle profondément marqué par la lutte contre l’arianisme et par les discussions au sujet de la pleine divinité de l’Esprit. Cependant, compte tenu des perspectives ouvertes par Grégoire, des éléments théologiques provenant de traités complémentaires, axés sur la théologie spirituelle ou relevant de la sotériologie, seront mentionnés.

    PREMIÈRE PARTIE

    DIEU ET LE MYSTÈRE TRINITAIRE

    D’APRèS LE CONTRE EUNOME DE GRÉGOIRE DE NYSSE

    QUESTIONS PRÉALABLES

    A. UN TEXTE-PROGRAMME D’EUNOME SUR LA TRINITÉ

    [151] Tout l’exposé de notre doctrine acquiert sa pleine portée à partir de la substance (ousia) la plus élevée et la plus authentique et à partir de celle qui, tenant son existence de la première, devance, après celle-ci, toutes les autres substances et de la troisième, qui n’est égale en rang à aucune des deux autres, mais est subordonnée à la première, en raison de la causalité, et à la deuxième, en raison de l’activité par laquelle elle est devenue. Pour compléter tout notre exposé, il faudra évidemment inclure aussi les activités qui accompagnent les substances et les noms qui leur conviennent de par leur nature. [152] Et de nouveau, puisque chacune de ces substances est, selon sa dignité propre, radicalement simple et absolument une – et est perçue comme telle –, que les activités sont circonscrites par les œuvres et que les œuvres sont mesurées par les activités de ceux qui les ont produites, de toute nécessité les activités qui accompagnent chacune de ces substances sont aussi plus ou moins grandes, les unes occupant le premier rang, les autres le second. Pour le dire en un mot, elles atteignent un degré de différence aussi grand que celui qui est atteint par les œuvres. [153] Comme il n’est pas permis de dire que c’est par la même activité qu’il a fait les anges ou les astres et le ciel ou l’homme, quelqu’un qui nourrit des pensées pieuses dira qu’autant telles œuvres sont plus anciennes et plus dignes d’honneur que telles autres, autant aussi telle activité dépasse telle autre, car les mêmes activités produisent des œuvres identiques et des œuvres différentes révèlent des activités différentes³.

    Ce texte si dense fournit une bonne introduction à l’examen du débat entre Eunome et Grégoire de Nysse. Déjà une simple lecture attire l’attention sur les substances présentées dans un ordre scalaire, sur la différence entre ce qui est nommé « première substance », « deuxième substance » et « troisième substance », sur le degré de supériorité ou d’infériorité des substances, sur la portée du langage utilisé, sur le sens de produire, sur la différence en dignité des activités et des œuvres de ces substances. On devine aisément la diversité des sujets à discuter.

    B. DÉPLOIEMENT DES QUESTIONS RELATIVES À CE TEXTE-PROGRAMME CONNAISSANCE DE DIEU ET LANGAGE. POSSIBILITÉ DE LA CONNAISSANCE DE DIEU ET D’UN LANGAGE ADÉQUAT POUR PARLER DU MYSTÈRE DE DIEU

    Une connaissance exhaustive de la substance divine est impossible

    Le CE I contient plusieurs passages qui abordent les questions relatives à la possibilité d’une

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