Pommes d'amour à Pont-l'Abbé: Les enquêtes gourmandes d'Arsène Barbaluc - Tome 11
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À propos de ce livre électronique
Prenez un don Juan, une compagne possessive, un enfant différent des autres, des femmes délaissées, des maris jaloux, un gendarme opiniâtre, une beauté fatale… Ajoutez une poignée d’indices et une pincée de mensonges, puis aupoudrez le tout de quelques faux-semblants avant de laisser mijoter, et vous obtenez une affaire criminelle à faire trembler Pont-l’Abbé et le pays bigouden.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Christophe Chaplais, né en 1965, partage son temps libre entre la Bretagne et la côte catalane. Après plusieurs années d’absence, il reprend les enquêtes d’Arsène Barbaluc, son héros favori, qui allie gastronomie et affaires criminelles.
Intrigue aux petits oignons, personnages à la sauce aigre-douce, rebondissements entre la poire et le fromage… Rien de tel pour vous concocter des suspenses qui ne manquent pas de piment.
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Aperçu du livre
Pommes d'amour à Pont-l'Abbé - Christophe Chaplais
I
STEGT FLÆSK ET GALETTE BIGOUDÈNE
— Tu ne vas pas encore te mêler de ce qui ne te regarde pas, râla Magali Krommel inquiète.
Elle désignait à Arsène Barbaluc la une du Télégramme de Brest : « Le tueur de Pont-l’Abbé court toujours. » La jeune femme acheta quelques magazines au point presse de l’aéroport de Brest-Guipavas avant de se diriger vers la porte d’embarquement.
— Je vais à Pont-l’Abbé pour mon livre. Juste pour mon livre. Je te rappelle que si je n’avais pas pris cet engagement depuis plusieurs mois, je serais avec toi dans l’avion pour Copenhague. À quelle heure arrives-tu ?
— J’ai à peine cinquante minutes d’attente à Charles-de-Gaulle, puis deux heures de vol. Le temps de passer la douane, de retrouver mon frère qui m’attendra à l’aéroport, je serai chez mes parents aux environs de 23 heures, je pense, calcula la jeune femme.
— Tu leur donneras le bonjour et tu souhaiteras un prompt rétablissement à ton père.
Ils s’embrassèrent. Avant de disparaître dans le couloir, Magali Krommel se retourna.
— Ne manque pas notre rendez-vous à Charles-de-Gaulle ! Et ne sois pas malade, tu es tout pâle.
Arsène Barbaluc n’était pas près d’oublier. Lui et Magali avaient fermé pour trois semaines leur restaurant L’Assiette du terroir situé sur les quais à Brest. Des jours de vacances attendus depuis longtemps. Initialement, ils avaient envisagé de s’autoriser quelques jours de repos chez eux, dans leur maison de Porspoder, avant de s’envoler une grosse semaine pour Rome. Prévus de longue date, ces congés avaient été bouleversés à la fois par les problèmes de santé du père de Magali, mais aussi par la carrière naissante de Barbaluc en tant qu’auteur. Depuis longtemps, sa compagne poussait Arsène à écrire un livre sur ses bonnes adresses et ses recettes du terroir. Entre son passé d’inspecteur gastronomique et les fournisseurs qu’il faisait travailler pour leur établissement, il possédait un savoir, un réseau et un répertoire incomparable. Arsène Barbaluc s’était donc lancé avec l’aide de sa complice, ancienne cheffe étoilée, dans l’écriture d’un guide qui, sans être exhaustif, était des plus complets. Au fil des pages, il communiquait l’adresse de tous les producteurs de salaisons, de viandes, de légumes et de fruits… mais aussi les viticulteurs qui proposaient des produits authentiques, de qualité, assurant leur production sans chimie. Il listait également toutes les spécialités de terroir connues et inconnues du grand public, n’hésitant pas à communiquer leur secret de fabrication et les recettes pour les réussir. Surfant sur la vague du combat contre la malbouffe et l’intérêt enfin grandissant du bio, mais aussi sur son nom qui faisait encore référence dans le petit monde de la gastronomie, Arsène Barbaluc n’avait eu aucun mal à trouver un éditeur.
Sorti en septembre, Le Catalogue de la gourmandise avait reçu un bon accueil et les ventes étaient au-dessus de ses espérances. Arsène Barbaluc avait eu le droit à plusieurs papiers et quelques interviews dans la presse généraliste, mais aussi dans les colonnes des médias spécialisés. Le sachant très occupé avec son restaurant, son éditeur avait promis de ne pas trop le solliciter pour les différents événements littéraires ou gastronomiques, mais lui avait imposé d’être au prochain Salon du livre à Paris, et surtout à celui du livre et de la gastronomie qu’il organisait chaque mois de novembre dans une ville différente. Après Beaune, Cognac, Collioure puis Sarlat, l’édition 2023 se tiendrait à Pont-l’Abbé, capitale du pays bigouden. Il était difficile à Arsène Barbaluc de refuser alors qu’il ne vivait et travaillait qu’à une petite heure de route.
Arsène Barbaluc patienta jusqu’à ce que l’avion de Magali décolle, avant de rejoindre sa vieille Volvo Amazon. Il soupira. Un peu ours et soucieux de sa tranquillité, il n’aimait pas particulièrement être mis en avant. Cela lui était même désagréable. Il n’avait aucune envie de passer quatre jours assis derrière une table à faire la promotion de son livre. Si seulement Magali avait pu l’accompagner comme cela avait été imaginé, la situation aurait été différente ! Les journées auraient coulé plus rapidement. Ils se seraient retrouvés pour le déjeuner et au moins le soir ils auraient été ensemble.
En ces premiers jours de novembre, la météo était exécrable. Depuis trois jours, une pluie drue ne cessait de tomber, grossissant les cours d’eau qui menaçaient de déborder. Déjà, certains champs dans la campagne finistérienne n’étaient plus que d’immenses flaques boueuses. Il s’arrêta dans Brest pour acheter du paracétamol et des pastilles pour la gorge avant de prendre la bi-route
. Il était temps qu’il arrive à Pont-l’Abbé. Quelques kilomètres de plus, et bercé par le ronronnement du moteur et la douce chaleur de l’habitacle, Arsène Barbaluc se serait assoupi. En descendant de voiture, il frissonna et releva la capuche de sa parka. L’hôtel des Dentellières
, situé sur le quai Saint-Laurent, était une longue bâtisse construite sur quatre niveaux dont le dernier étage s’abritait sous un toit d’ardoises quelque peu moussues. Elle faisait face à la rivière Pont-l’Abbé en aval du pont habité. Le rez-de-chaussée était constitué de l’accueil encadré d’un côté par la salle de restaurant et de l’autre par le bar. À cette heure, proche de l’apéritif, les habitués avaient pris d’assaut le comptoir. Les discussions allaient bon train et le sujet majeur était les deux femmes, toutes deux habitantes de Pont-l’Abbé, qui avaient été assassinées. Derrière sa banque, Soizic Eyremont était satisfaite. Entre les participants au Salon du livre et de la gastronomie et les journalistes qui suivaient l’enquête, elle affichait complet. Elle se tourna vers Arsène Barbaluc. Elle pouvait avoir une petite cinquantaine d’années, les cheveux bruns en queue-de-cheval laissant apparaître un joli visage parsemé de taches de rousseur, éclairé par des yeux bleus pétillant de malice.
— Chambre numéro 20, lui annonça-t-elle. Vous avez l’escalier et l’ascenseur sur votre droite.
— Merci, Madame.
— Bonjour, c’est à vous la Volvo 123 GT ? lui demanda un adolescent qui paraissait avoir grandi trop vite et qui ressemblait trait pour trait à sa mère.
— Oui…
— C’est un modèle de 1968. Son quatre cylindres de 1,8 litre, grâce à un carburateur double corps, dégage un couple de 15,5 mkg et développe 100 ch Din et…
— Arrête, Malo ! lui commanda sa mère. Tu importunes Monsieur.
— Mais pas du tout. Comment se fait-il que tu connaisses tout cela ?
— La 123 GT fait partie de la famille des Volvo 120, appelée aussi Amazon. Elle est la première voiture de série équipée de ceintures de sécurité. Elle a été produite à six cent soixante-sept mille exemplaires, récita le gamin sans répondre à la question d’Arsène Barbaluc.
— Excusez mon fils, Monsieur. Il est… Il n’est pas comme les autres.
— Il n’y a pas de mal. Il m’a surtout l’air d’un garçon passionné par les voitures.
— Ce n’est rien de le dire. Il a été diagnostiqué autiste Asperger, alors ses passions sont parfois obsessionnelles.
D’un signe de tête, Arsène Barbaluc fit signe qu’il comprenait.
— Avez-vous un parking ?
— Oui. Vous prenez sur la droite et vous passez sous le premier porche. Il doit rester encore quelques places.
Arsène Barbaluc regarda Malo dont le regard le fuyait.
— Cela te dirait de m’accompagner. Je crains de ne pas trouver mon chemin sans aide. Cela ne vous dérange pas, Madame ?
— Si Malo a envie, je n’y vois pas d’inconvénient.
— Je suis d’accord, assura le jeune garçon, un sourire au coin des lèvres qui dessinait sur sa joue gauche une petite fossette.
Ils coururent sous la pluie battante et s’installèrent. L’adolescent accrocha sa ceinture et posa ses mains bien à plat sur ses genoux. Ses yeux allaient de droite à gauche et semblaient noter tous les détails.
— Elle est très belle. Elle est totalement d’origine, affirma-t-il.
— Oh ! je crois que j’ai raté le porche, avoua Arsène Barbaluc qui jeta furtivement un regard à son passager.
— Ce n’est rien. Je vais vous guider, assura Malo semblant ne pas s’être aperçu de la supercherie.
Arsène longea la rivière, prit sur sa droite l’avenue de Kerarthur pour revenir sur la rue du Général-de-Gaulle, puis revint sur les quais. Cette fois-ci, suivant les indications du jeune garçon, il franchit le porche qui donnait sur le parking, à l’arrière de l’hôtel.
— Merci, Monsieur.
— C’est moi qui te remercie de m’avoir aidé.
La chambre était spacieuse et propre. Le lit semblait confortable, peut-être un peu trop mou. La décoration était quelconque, mais évitait le mauvais goût. La fenêtre donnait sur le quai et la rivière qui, sous l’effet conjugué de la pluie et de la marée, était bien haute. Sur sa gauche, en se penchant, Arsène Barbaluc pouvait apercevoir le pont habité. Il rangea ses quelques affaires ainsi que son ordinateur portable qu’il posa sur un étroit petit bureau. Il se passa de l’eau sur le visage. Il avait chaud et en même temps il frissonnait. Il avala un nouveau cachet de paracétamol et s’allongea. Il avait quelques minutes avant de se rendre à la soirée inaugurale du Salon du livre et de la gastronomie.
II
PETITS FOURS ET CRÉMANT DE LOIRE
Rue Rostropovitch, le centre culturel du Triskell, avec son toit en zinc et sa façade en verre encadré de montants jaunes, affichait un style résolument moderne. Dans le hall, un traiteur et son personnel s’affairaient pour préparer le vin d’honneur qui succéderait au discours. Arsène Barbaluc déambula dans la salle polyvalente où les stands des éditeurs et autres exposants étaient installés et attendaient de pied ferme les visiteurs qui ne manqueraient pas de se presser dès l’ouverture le lendemain matin. Quelques techniciens et monteurs terminaient les dernières finitions. Il suivit les petits panonceaux bleutés qui le guidèrent jusqu’à la salle de spectacle Violette Verdy qui était déjà occupée aux trois quarts. Il salua de la main Armand Drouval, son éditeur et organisateur du Salon. Grand et massif, celui-ci portait beau ses soixante-dix printemps avec ses cheveux blancs coiffés en arrière. Il agitait, avec force gestes théâtraux, ce qui devait être son discours, sous le nez d’un petit homme. Il paraissait surexcité… comme à son habitude. Arsène Barbaluc se laissa tomber sur l’un des fauteuils rouge orangé. Lui se sentait lessivé et aurait payé cher pour être ailleurs.
En attendant le début des festivités, Arsène Barbaluc se concentra sur le programme du Salon. L’ouverture au grand public aurait lieu le lendemain matin, samedi 9 novembre, jusqu’au mardi soir. Au-delà de la présence des auteurs de livres sur la gastronomie au sens le plus large du terme, son ami le chef Stéphane Santec du Caveau bigouden
donnerait des cours de cuisine chaque matin et chaque après-midi en complément des dégustations de ses spécialités. Arsène Barbaluc se régalait à l’idée de retrouver celui qui concoctait dans les cuisines de son ancien prieuré des plats mariant la cuisine traditionnelle de sa Bretagne natale et les saveurs qu’il avait découvertes lors de ses nombreux voyages en Asie.
Chaque après-midi, Armand Drouval avait organisé des tables rondes sur des sujets aussi variés que : « Un vignoble breton : hérésie ou réalité de demain ? », « Agriculture bio ou raisonnée ? » ou encore « Est-ce la fin de la grande gastronomie ? » Connaissant une majorité des participants, pour la plupart des spécialistes ayant pignon sur rue, certaines tables rondes s’annonçaient des plus animées. Enfin chaque soir, dans cette même salle, serait projeté un film grand public.
La programmation éclectique avait ainsi prévu La Grande Bouffe de Marco Ferreri, mais aussi Ce qui nous lie de Cédric Klapisch ainsi que Une affaire de goût et L’Aile ou la Cuisse qui amuserait certainement les plus petits et les anciens.
Sur l’estrade, le maire tapota sur le micro.
— Monsieur le député, Monsieur le conseiller départemental, Mesdames et Messieurs les élus, chers Pont-l’Abbistes, Mesdames et Messieurs, chers amis, cher Armand Drouval. Je disais cher Armand Drouval, car comment vous remercier publiquement d’avoir choisi la capitale du pays bigouden pour la dix-septième édition de votre Salon du livre et de la gastronomie…
Une dizaine de minutes plus tard, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le premier magistrat de la ville céda sa place à Armand Drouval.
— N’étant pas très rompu ni aux questions de protocole ni aux mondanités…
« Quel menteur ! » songea Arsène Barbaluc.
— … je me permettrai donc de faire un salut général, avec une mention particulière à Monsieur le maire et à son équipe pour le formidable accueil qu’ils nous ont réservé. Je ne vous cacherai pas ma joie d’être ici pour cette nouvelle édition. Le bon roi Henri IV disait : « Bonne cuisine et bon vin, c’est le paradis sur terre. » N’y voyez pas de ma part un rattachement aux royalistes. Républicain je suis, et républicain je resterai.
Interrompu par de nombreux rires, Armand Drouval se rengorgea de plaisir avant de poursuivre.
— Mais je dois reconnaître que ce monarque célèbre pour sa poule au pot n’avait pas tout à fait tort. En effet, même si les mentalités évoluent, il nous faut encore combattre les grandes chaînes de la malbouffe pour que chacun puisse avoir accès à une nourriture saine et de qualité. Même si les éleveurs qui se détournent de l’élevage intensif, les agriculteurs et les viticulteurs qui se tournent vers le bio sont de plus en plus nombreux, le combat n’est pas encore complètement gagné. Je pense aussi à ces restaurateurs qui ont leur propre jardin et qui proposent des légumes et des plantes aromatiques oubliés, mais aussi à cette nouvelle race de boulangers qui n’hésitent pas à travailler l’épeautre, le sarrasin ou des types de blés jetés aux orties faute de rentabilité. Qui peut se plaindre d’un gigot d’agneau élevé sous la mère et qui a gambadé dans les pâtures du Sisteronais ou dans les prés-salés du Mont-Saint-Michel ? Y a-t-il une seule personne se plaignant de la tendresse et du goût d’un cochon noir des Pyrénées, d’un bon bar de ligne ou d’une poignée de girolles revenues à la crème ?
Arsène Barbaluc soupira. Il avait mal à la tête et s’il le faisait avec talent, Armand Drouval s’écoutait comme toujours parler. Enfin, l’organisateur du Salon tourna sur son pupitre l’ultime page de son discours.
— … je vous souhaite à tous un bon Salon. Si vous me le permettez, pour finir une dernière citation : « Le jus de la vigne clarifie l’esprit et l’entendement. » Ainsi, comme l’a si bien dit François Rabelais, je vous invite à poursuivre cette soirée devant un verre qui nous est offert par la mairie de Pont-l’Abbé.
Tout ce beau monde se dirigea dans un joyeux brouhaha vers le buffet installé dans le hall. Arsène Barbaluc était toujours surpris de voir comment la majorité des humains se comportait dans de telles circonstances. Ils se précipitaient vers les tables et surtout restaient campés devant. À croire qu’ils ne mangeaient pas chez eux, ou pire qu’ils étaient d’une telle avarice que se gaver gratuitement était une aubaine à ne pas laisser passer. Il reconnut, parmi la foule qui se précipitait sur les gougères et les petits fours, plusieurs auteurs dont un Anglais qui, avec son guide annuel sur le vin, faisait la pluie et le beau temps dans sa spécialité. Une petite cour s’était formée autour de lui. Il est vrai qu’il était la
vedette du Salon… comme chaque année. Ne partageant les honneurs que lorsqu’un chef triplement étoilé était présent. Mais cette année, l’organisateur n’avait pas réussi à en attirer un seul.
— Alors ? Mon discours a dû te plaire ? l’interrogea Armand Drouval.
Sans attendre la réponse, il avait suivi un de ses régisseurs qui semblait débordé par un problème d’alimentation électrique sur certains stands. Il fendit la foule en disant à la cantonade « qu’il devait tout faire ». Une main amicale posée sur l’épaule d’Arsène Barbaluc le fit sursauter.
— Cela fait plaisir de te voir.
— Clay ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pourtant pas sur ton territoire.
Le lieutenant Clay Ajouba et Arsène Barbaluc avaient sympathisé lors d’un séjour de ce dernier à Quiberon où ils avaient démantelé ensemble une bande de maîtres chanteurs des plus retors.
— Et si ! Pour une petite année.
— C’est-à-dire ?
— J’ai enfin obtenu une mutation pour la Martinique.
— C’est Félixine et tes filles qui doivent être heureuses.
Le lieutenant Ajouba, originaire de la Guadeloupe, avait épousé une Martiniquaise. Jusqu’à maintenant, il avait mené brillamment sa carrière en métropole. Sa femme espérait depuis longtemps un retour dans les Caraïbes.
— Nous sommes tous les quatre ravis, mais en attendant mon départ on m’a demandé d’assurer la direction de la brigade de Pont-l’Abbé, expliqua le gendarme.
— Et tes femmes t’ont suivi ?
— Non, elles sont restées dans le Morbihan, nous n’allions pas changer les filles d’école et d’environnement pour quelques mois. Moi, je rentre à Quiberon quand je peux. En ce moment, je t’avoue que ce n’est pas souvent.
Un serveur passa avec un plateau proposant des coupes de crémant.
« Trop vert », pensa Arsène Barbaluc après avoir avalé une petite gorgée.
— C’est vrai qu’avec ce double meurtre, tu dois être plus qu’occupé. On ne peut pas dire que pour ton dernier poste dans l’Hexagone, tu sois particulièrement chanceux.
— C’est le moins qu’on puisse dire. Et quoi qu’on en dise, nous n’avons pas l’ombre d’un début de piste, avoua à mi-voix Clay Ajouba. On cherche à rassurer, à calmer les esprits, mais nous sommes en plein brouillard. La seule chose que nous savons, c’est qu’un même individu, mettant en œuvre le même processus et utilisant la même lame, a égorgé deux habitantes de Pont-l’Abbé.
Le lieutenant Ajouba avait le visage fatigué et les traits tirés.
— Je suis certain que tu vas réussir à mettre la main dessus, tenta de le rassurer Arsène Barbaluc.
— J’espère que tu as raison. Ce que je crains c’est que nous ayons affaire à un tueur en série et que nous ne soyons qu’au début de l’histoire. Avec toutes les conséquences qui accompagnent ce genre d’enquêtes. Les gens, surtout les femmes, ont peur et vivent dans la psychose. Le maire me disait que plusieurs habitantes de la ville avaient demandé à être accompagnées par la police municipale lorsqu’elles sortaient le soir…
Un homme, la tête rasée, au faciès anguleux adouci par des yeux de cocker, les interrompit.
— Excusez-moi, Lieutenant, mais j’aurais souhaité vous parler quelques instants. Je crois que j’ai quelques hypothèses intéressantes sur l’affaire à vous soumettre, déclara-t-il sur le ton de la confidence en cherchant à éviter que Barbaluc ne puisse saisir ses propos.
— Nous nous verrons demain, Constant. À la brigade, à 8 heures, je vous promets de vous accorder le temps que vous voudrez.
L’homme remercia le lieutenant Ajouba presque servilement avant de s’éloigner.
— C’est qui ce type ? demanda Arsène Barbaluc curieux.
— C’est un brave homme. Il n’y a pas si longtemps, Guillaume Constant était adjudant de gendarmerie dans la région
